Mais où est Wik? [Elghinn]

4ieme jour de la 1ere enneade de Verimios,
An 17, cycle XI.

Suite de "Le joyau de Thaar"
- Et là, tu vois je lui ai dit...

Le bruit des talons claquant vivement sur les pavés n'aurait normalement pas suffit à arrêter le passant au milieu de sa phrase. Certes, imaginer voir une Eldéenne tomber la tête la première sur les traitres pavés Thaari faisait partie de ces délicieux fantasmes en apparence irréalisable. Mais celle-là, armée de sandales à talon haut aux lanières nouées haut sur ses mollets ébènes aurait du être une bonne candidate. Mais, alors qu'elle passait devant lui d'un pas aussi séduisant que déterminé, elle jouissait de ce qui ressemblait à une chance insolente presque surnaturelle.

Mais ce n'était pas cela qui faisait tourner quelques regards. Son pas vif soulevait à chacune de ses enjambées une longue chevelure de neige et une robe blanche et légère, toge dont le drapé asymétrique laissait  l'épaule et la plus grande partie de son flanc droit nu. Sur sa jambe , de magnifiques scarifications Eldéennes s'étendaient de la hanche jusqu'à mi cuisse, envoutantes et inquiétantes. Dans son cou, ce qui ressemblait de loin à une marque d'esclave avait été déposée au fer rouge.


Il y avait de quoi être confus. Car contre cette longue jambe gracieuse et dénudée, battait le fourreau d'une épée. Des bijoux d'or ornaient ses membres, dont un ouroboros aux yeux d'émeraude enroulé autour de son bras, gauche. Un peu en retrait derrière elle, la suivaient des Eldéens en arme et un novice de Kiran, menés par une étrange guerrière en uniforme dont l'allure nonchalante et le regard rêveur contrastait avec l'épée à deux-mains qu'elle gardait à portée de main..

Mais surtout, surtout, qui que soit cette drow, elle portait la Griffe d'Argent à la main droite. Alors qu'elle escalada les marches du Palais d'argent comme si elle était chez elle, des passants la suivaient des yeux. Les siens brillaient d'une lueur féline et les femmes chargées de la protection de l'endroit la laissèrent passer après une vérification à peine esquissée. L'une suivant la conquérante à l'intérieur des lieux, l'autre laissant un regard lourd peser sur les passant en une tentative facilement compréhensible de disperser les curieux.

Depuis l'attaque et la mort de l'homme masqué qui servait de maître des lieux en l'absence de la véritable propriétaire, l'un des assistants anonymes de l'intendant avait été propulsé au rang de gestionnaire de crise. Quant à ce qu'il restait de la garde, privée de capitaine et de second, pouvait-on seulement encore appeler ça une garde ?

Le petit groupe pénétra les couloirs du palais d'argent. Ils avaient été en grande partie épargné par les combats, à moins que le personnel n'ait œuvré dur pour en masquer les conséquences avant que leur Maitresse ne revienne. Elle n'était pas revenue. A la place avançait cette autre drow concentrée sur son objectif: Le responsable des lieux. Derriere elle, la guerrière posait avec nonchalance un regard curieux sur tout ce qui l'entourait.

Le rez-de-chaussée, entouré d'immenses jardins, n'était qu'un dédale de salles de fêtes, de salons de réceptions et de communs nécessaire à l'entretien du train de vie des puissants. Les trois étages supérieurs étaient riches et fastueux à la mode vaanie, entretenus par des esclaves bigarrés. Les trois étages inférieurs n'étaient accessibles qu'à des esclaves croyant aux dieux sombres. Les deux populations cohabitaient paisiblement et ne pouvaient être différenciés. Partageant les même dortoir, tous portaient une simple toge blanche en soie, des sandales de cuir et un collier d'argent. A mieux y regarder, chaque collier était différent, orné et adapté selon son porteur. Seul détail apparaissant sur tous ces magnifiques fers, une boucle d'acier semblable à celles des animaux auxquels ont passait une laisse... ou une chaine.

...

Ce n'était pas la première fois que Shyn'tae se rendait en ces lieux. Pour être précis, elle y était venue exactement une fois. Elle avait été la "Phord'ur" disparue de Sol'dorn, la déserteuse cherchant protection auprès de la seule personne qui lui avait vraiment fait confiance. Elle n'était restée en ces lieux que quelques heures, et avait à peine eut le temps d'en découvrir la splendeur.  Mais il avait eu le temps de la fasciner. Elle s'était sentie petite. Pourquoi maintenant, alors que ses pas claquaient avec determination sur le sol, avait-elle la sensation grisante d'être dans son élément? Il y avait bien sûr cette petite part d'elle qui, effrayée, prétendait le contraire, qui se souvenait des conséquences de son dernier écart, de la douleur, qui voulait hurler qu'elle n'était pas à sa place. La sombre l'avait fait taire. Alors, ses vêtements comme son attitude en parfaite harmonie avec ce lieu, elle allait toujours plus loin. Si elle ne le faisait pas... qui pourrait l'arrêter?

Venant à la rencontre du petit groupe imprévu, un humain chétif à la peau brûlée par le soleil courrait à petites foulée dans le corridor. Lui, ne portait pas de toge ni de collier, mais un pantalon de toile vieilli et un gilet parfaitement entretenu. Arrivé à quelques pas de l'eldéenne qui s'était immobilisée, il retira le tout petit chapeau qui trônait sur sa calvitie précoce et se courba jusqu'à ce que son énorme nez frôle le pavé du palais. La peau grêlée, le muscle flasque et le fond de l’œil hésitant entre le rouge et le jaune c'est une voix étonnamment fluide et harmonieuse qui s'échappa de sa grande bouche. Étrangement étant donné son allure générale, ses dents étaient d'un blanc à faire jaunir la neige.

- Bonjour, auriez-vous l'obligeance de bien vouloir accorder quelques mot au modeste gardien des clefs que je suis devenu au service de ce palais sans maître ? On me prénomine Salik. On m'a dit que le Puy regorge de merveille mais je n'imagine pas qu'il puisse exister plus scintillant joyau que l'attention que votre gracieuse personne voudra bien m'accorder le temps de me révéler la raison de sa présence en ces lieux.
- Tu es chanceux, Salik... Je suis généreuse,  je compte t'accorder un peu plus que quelques mots. L'amusement transpirait de la voix de la noire elfe. "J'espère que tu sais exactement pourquoi je suis ici. Commençons par s'installer plus confortablement, je suis certaine que tu peux trouver un meilleur écrin qu'un corridor pour ce"scintillant joyau"."  

L'humain au visage grêlé se redressa en réajustant son ridicule fez rouge. Son sourire lumineux s'inclina deux fois de plus mais ses lèvres ne cessèrent de s'agiter en se retournant vers un couloir qui menait au grand escalier.

- Bien évidemment, très noble dame. Je ne compte plus ni les chambres ni les salons qui composent ce palais grandiose. Je vous proposerai bien également des thermes, mais si l'idée est plus originale, j'ai peur qu'elle ne soit mal reçue. Enfin... Savez-vous que ce palais est plus vieux encore que le Joyau ? Le grand cyprès près de la serre à l'extérieur a été planté le jour du baptême de Thaar. N'est-ce pas stupéfiant de circuler dans un tel lieu ? Six siècles d'histoires nous contemplent. Ou était-ce sept ? Non six. Et je ne parle même pas des oeuvres d'art du troisième sous-sol. "

Tout en continuant à marcher, il décrivait tantôt une sculpture, tantôt les douleurs de son genou, tantôt une pièce créée par la maîtresse des lieux. Il ne semblait pas vraiment avoir besoin de respirer pour tenir le rythme de sa logorrhée tout en marchant à grands pas. La drow, quant à elle, hésitait entre admiration et désabusement. On lui disait parfois qu'elle parlait trop. Clairement, elle avait trouvé son maitre.

Suivant les préférence de son hôte quant au type de pièce qui lui serait agréable, il finit par pousser la porte de leur destination, s'effaçant pour laisser les eldéens se maître à l'aise, toujours sans cesser de déblatérer. D'ailleurs, tout cela lui rappelait la Capitaine de la garde. Il regrettait tellement sa mort qu'il avait demandé à l'une de ses connaissance de faire un portrait d'elle. Une telle beauté méritait d'être immortalisée... Et puis une bretteuse de son talent, vous vous rendez bien compte ! Une ancienne gladiatrice de Sol'Dorn qui s'était retrouvée au service de Griffe-Argent dans de mystérieuses circonstances lors desquelles elles avaient bien failli s'entre-tuer. Et en parlant de Griffe-Argent... " N'est-ce pas le bijou de notre noble maîtresse que je vois sur votre main ? "

Il s'écoula quelques secondes de silence avant que la drow assise sur le rebord d'une méridienne ne réponde. Sa main droite, ornée des griffes d'argent, était posée sur sa cuisse gauche recouverte de soie blanche. Sa posture droite, les jambes croisées, elle offrit à tous un instant de silence aussi délicieux que bienvenu. La majorité des hommes d'arme étaient restés à l'extérieur, où ils faisaient ce que les gardes font, et ce que Shyn'tae avait toujours eu du mal à faire: Attendre. Ne restait que la guerrière à l'épée à deux main et le jeune drow encapuchonné. Aucun des deux ne s'étaient assis, la premiere parcourait la pièce en silence, observant la moindre babiole ou détail des murs avec un intérêt dérangeant. Le second s'était placé derrière la méridienne qu'occupait la chef de cette cohorte sans ôter la capuche de sa bure aux couleurs de Kiran.

- Ca l'est en effet." répondit-elle finalement avec neutralité. Elle se pencha en avant et reprit presqu'aussitôt, son regard perçant posé sur lui. "Elle me l'a confiée. J'ai entendu les plus dérangeantes rumeurs depuis mon arrivée à Thaar. Où est Wik? Que s'est-il passé ici? Qui sont les responsables? Soyez concis, du moins autant que vous vous en estimez capable."

- Une œuvre d'une grande finesse. Je me demande si ce n'était pas précisément cette griffe qu'elle portait le jour où elle m'a recruté " sourit l'humain en préparant tout un service à thé ainsi qu'une narguilé sur une desserte avant de l'apporter sur la table basse près de laquelle l'eldéenne s'était installée. " J'ai peur qu'elle n'entre dans une colère noire en voyant ce que leurs si nobles Altesses ont fait à ceux qui devaient prendre soin de ce palais. Il n'y a rien de plus impressionnant que de voir ces griffes recouvertes de sang... Mais pardonnez mon emportement belle dame. Nous avons nous aussi eu notre lot d’ignobles ragots. " Durant quelques instants, le cliquetis de l'étain et du zinc remplaça la voix fluide de Salik, concentré sur sa tâche.

Les tapis particulièrement doux et moelleux  recouvraient le sol de la pièce qui avait tous les airs et le confort d'un salon utilisé quotidiennement. Le long des murs, deux braseros attendaient discrètement qu'on les allument alors que l'atmosphère était déjà douillette. Un troisième, beaucoup plus petit, venait visiblement d'être allumé et quelques grains d’encens y avaient été déposés. Une odeur capiteuse, épissée et chaude. Là, un meuble débordait de livres reliés de cuir. Ici, un rideau entrouvert laissait apercevoir une alcôve creusée et aménagée pour accueillir plusieurs statuettes que les plus fervents n'auraient aucun mal à reconnaitre comme des icônes des différentes divinités sombres. Au milieu de cette décoration eldéenne faisant la part belle aux tentures de soie et de velours, des étagères portaient diverses objets forgés et quelques boites marquetés. Des armes, mais également des statuettes, des animaux articulés et des œuvres beaucoup plus abstraites. Aucune peinture, aucune sculpture ni aucune autre œuvre ne portait le visage de la propriétaire ou d'un de ses proches.

Faisant attention à ne pas se prendre les pieds dans les coussins chamarrés qui entouraient la table basse et bordaient la méridienne, Salik apporta enfin le minimum de l'hospitalité à son hôte pour la servir à sa convenance : thé, alcool, eau et herbes à fumer. Un serviteur était passé quelques secondes plus tôt pour prendre ses ordres et les transmettre aux cuisines. Avec patience, l'Eldéenne se saisit de l'embout du narguilé pour le porter à la bouche. Pendant que son hôte continuait, elle inspira une longue bouffée, yeux clos, avant de d'en souffler le nuage. D'un geste et en silence, elle proposa l'ustensile aux deux autres occupants de la pièce qui l'avaient accompagnée. Malheureusement, absorbée dans l'examen d'une série d'objets artistiquement forgés, la drow à l'épée ne se rendit compte de rien.

- Voyons voir si je me souviens bien d'aussi douloureux évènements... Je n'étais pas moi même personnellement présent au palais. En vérité, je ne suis là que pour éviter que le palais ne se désœuvre d'ici le retour de sa Maîtresse et depuis la disparition de son Maître. " Le sourire qu'il adressa à Shyn'tae fut cette fois bien plus triste. " J'ai envoyé un message à Sol'Dorn pour l'ancien second de la Capitaine Wydrin, mais il ne m'a pas encore répondu non plus. Alors me voilà... Mais je digresse encore. Mille pardons et excuses. "

Il se plia en deux et rattrapa in extremis son ridicule chapeau avant qu'il ne tombe. Shyn'tae hésitait. Devait-elle lui dire? Peut-être plus tard, jugea-t-elle.

- Je disais donc...
- Tu parlais de douloureux évènements. Elle tira à nouveau gracieusement sur le narguilé.
- Oui, bien sûr. Si je me souviens bien. Le Guet a essayé d'obliger la ville à l'autarcie. La grogne montait dans les rues et la peur serrait le cœur des badauds. Vous n'êtes pas d'ici, aussi oserais-je ajouter qu'en notre aimée terre des cinq sens, le Guet est connu pour être à la solde des plus fortunés et plus facile à corrompre qu'une putain à la jambe de bois... Si vos douces oreilles me pardonnent ce raccourcis inique. Shyn'tae avait haussé une oreille. Pourquoi les putain à la jambe de bois seraient elles plus faciles à corrompre? La peur et la colère se partageaient donc les rues et enfermaient tous ceux qui avaient un minimum d'instinct de survie hors du chemin des hommes d'arme. On a vu passé une compagnie étrangère dans les Soieries. Des péninsulaires m'ont dit certains esclaves. L'accent vous comprenez... " Il secoua la tête. " Cette nuit là, des hommes ont tués plusieurs dizaines de membre de la corporation d'argent. Des forgerons. Des négociants en minerais. Des apprentis. Des caravaniers. Et leurs familles avec. Pauvres gens... Beaucoup d'autres ont été attaqués mais il ne faut pas s'en prendre inconsidérément à des forgerons. Les marteaux ne sont pas à prendre à la légère si vous voulez mon avis. Malgré tout, j'y ai perdu deux cousins et ma sœur. " ajouta-t-il sur le ton de la conversation, son débit de parole redoublant de plus belle.

Les oreilles droites sous sa lourde capuche, le jeune novice semblait toujours porter grande attention au récit de l'humain... Mais ses yeux ne quittaient plus l'étagère à quelques pas de lui. Voyant que la guerrière à l'énorme épée ne se gênait pas pour se promener, il fini par s'en approcher avec attention, laissant Shyn'tae les oreilles dressées vers leur hôte, toute à son exposé. Elle hochait régulièrement la tête pour l'encourager à continuer.

- On dit que c'étaient des gladiateurs. Mais on dit beaucoup d'inepties. L'amie d'une de mes petites cousines en a réchappé de peu et m'a dit qu'ils chantaient des chansons de l'étranger, mais elle ne connaissait pas l'origine exacte. Mais il ne faut pas être né mage pour additionner deux et deux. Humains. Pas Vaanis. Il n'y a pas douze royaumes qui ressemblent à cette description. La pauvre enfant... Elle était allée dormir chez une amie pour s'amuser en douce. Elle était dans la ruelle derrière sa propre maison lorsque ces monstres en sont ressortis peu avant le levé du soleil... Sans parler de la présence de nains dans cette affaire. Le voisin du prélats Liam, l'un des plus hauts dignitaires de la corporation, jurait avoir vu des nains à corne, mais il a l'habitude de tirer un peu trop sur le goulots. Remarquez que les nains... " Il opina une nouveelle fois d'un air entendu. " Ils ont peut-être fondés Thaar, mais de socle ils sont devenus boulets. Ils ne partagent ni richesse, ni temps ni espace, comme si nous n'étions pas bon à respirer le même air. Alors qu'ils aient fini par se comporter en simples meurtriers haineux ne m'étonnerait pas plus que ça. "

L'air de rien, et malgré sa bonhommie maintenue à grand peine, la main osseuse du petit homme s'était serré en un poings aux phalanges blanchies tandi que l'autre venait grater l'énorme nez qui rendait son profil si caractéristique. Ses mâchoires serrées vibrèrent, remachant un mot visiblement difficile à sortir, une rareté pour cet homme qui parlait comme tourne un moulin à aube.

- Je n'ai pas de preuves, mais grâce à quelques amis, j'ai la conviction que l'intendant Wik a été assassiné à l'arbalète. Son corps a été retrouvé près du bazar, dans une ruelle avec sa garde et plusieurs gladiateurs armés. Le guet à d'abord cru que c'étaient les gladiateurs qui étaient venu à bout des gardes mais ça ne fait pas sens. Ils avaient pour mission de protéger Wik, des hommes prêts à mourir pour leur devoir... Et qui n'avaient en dotation ni arc, ni arbalète. A la moindre occasion, ils se seraient repliés et auraient pris les coups à sa place. Les propriétaires de la rue ont dit avoir entendu de nombreux bruits d'impact et les murs ont été égratignés mais personne n'a entendu de cris. Ca ne peut être qu'un autre prince marchand pour s'en être pris à eux comme ça et aucun ne haïssait plus Griffe Argent que le roi des mille caves depuis qu'elle avait promis la Corporation d'Argent à qui lui apprendrait l'art des runes. Ce doux seigneur a aussi montré à plusieurs reprises qu'il méprisait l'ensemble du Conseil ainsi que tout ceux qui ne sont pas de sa race. Vous pouvez me croire, entre les marchands et notre bon intendant, j'en ai entendu de belles et bonnes. Bien sûr, le guet nous a seulement laissé savoir que Wik n'avait pas mis longtemps à mourir, et c'est tout ce que je lui souhaite. Depuis le Marché libre, il a fait preuve de tant de courage... "

Le petit homme soupira et se gratta la tête. Il n'était que rarement présent au palais avant l'attaque qui avait eu lieu, mais c'est l'intendant qu'il avait le plus souvent l'occasion de rencontrer, et ce depuis des années. Ce bougre lui manquerait...

- Je ne peux qu'imaginer ce que l'intendant a traversé mais je ne l'ai pas entendu se plaindre une seule fois. Il a continué à assister aux réunions du Conseil, à organiser le palais, la Corporation d'Argent. Seul. Il était le genre d'homme de l'ombre à agir de façon à ce que d'autres aient une bonne vie. Ces autres que les nains et les péninsulaires ont assassinés d'ailleurs... Dire que je pensais que les Princes Marchands auraient au moins la décence de faire taire leurs querelles pour protéger notre liberté... Mais vous n'êtes pas là pour écouter un imbécile tel que moi. Je voulais seulement dire que je l'estimais énormément.

- Tu n'es pas le seul." Enchaina-t-elle, pensive. L'absence de Wik pour l'accueillir ici avait été mauvais signe. C'était lui qui lui avait permis de revenir au Puy. Il avait été irréprochable. Que les ennemis de la reine souhaite s'en prendre à ses hommes de confiance avait une certaine logique… Mais auraient-ils pu choisir pire moment ? Cela rendait-il ces évènements plus… acceptables ? Tant de choses pourries…

- De plus, beaucoup de choses restent en suspend. Je ne sais pas pourquoi il a quitté le palais avec seulement quatre gardes et pas parmi les plus anciens, ça ne lui ressemble pas. Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé au palais d'ailleurs. Après coup, les gardes et les esclaves m'ont seulement appris qu'il était parti pendant l'attaque et que le corps de la Capitaine Wydrin n'avait pas été retrouvé. Personne ne l'a vue, ni au moment de l'attaque, ni après. J'ai bien peur de ne pas être le meilleur interlocuteur si vous voulez en savoir plus sur ce qui s'est passé entre ces nobles murs. Je peux vous proposer d'interroger Tesh'ka ou Jiph'ka. Elles sont totes les deux affecter aux étages privés de la Maîtresse. Jiph'ka était son tailleur personnel. Tesh'ka était... disons qu'elle assistait personnellement l'intendant Wik sur demande expresse de la Princesse d'Argent. "

Ainsi il y avait un espoir nota-t-elle: Il était improbable que Wik ait choisi de quitter la relative sécurité du palais pour se faire attraper dans une rue adjacente. Heureusement que Char'rak n'avait pas été celui qui avait entendu ce témoignage. Il y avait quelque chose d'insultant dans la manière dont les gens de la corporation avaient été traités. Shyn'tae venait à se demander si le complot était ailleurs. Qui voudrait pousser le Puy d'Elda à détruire Thaar? C'était la question qui avait agité sa nuit. Le Triumvirat allait avoir besoin de responsables, puis ensuite serait-il temps de trouver les coupables.

- Oui, vas les chercher. Shyn'tae passa ses deux jambes sur la méridienne, sa robe cascada sur le sol, laissant exposées une longue jambe ornée d'or, ainsi que son flanc ébène. Salik se courba une fois de plus et allait sortir lorsqu'elle ajouta, "Autre chose. Je veux la liste des ennemis de Krish Al'serat au conseil des princes marchands, une synthèse de leurs exploits et toute information utilisable contre eux."
- Hélas, noble émissaire, il n'y a que Wik et sa Maîtresse - Peut-être la Capitaine - pour connaitre les liens véritable qui unissent la Princesse à ses pairs du Conseil... Je peux essayé d'avoir quelques informations par quelques contrebandiers qui travaillaient pou elle et passer par écrit ce qui se dit au palais, mais la plus part des documents de ce palais ont été brûlés au moment de l'attaque pour éviter de servir contre elle. " s'excusa le serviteur avant de sortir. C'était un développement fâcheux mais compréhensible. Alors, le regard de Shyn'tae se porta sur le dos de la guerrière qui délicatement découvrait les articulations d'un petit dragon en métal.

- Maitre Dhalmael, pourriez-vous informer les prêtres de Tesso que l'envoyée du Puy souhaite s'entretenir immédiatement avec eux? Ici, au palais."
L'intéressée adressa un regard pensif à la drow aux griffe d'argent, puis hocha la tête avec nonchalance et quitta la pièce sans un mot. Convoquer des prêtres de Tesso... On ne pouvait pas affirmer que cela avait toujours été son rêve, mais l'idée lui plaisait.

Suivant la demande de l'envoyée d'Elda, alors que la mage s'exécutait, il ne resta plus que la diplomate et le novice dans le salon aux mille brocards. Sans desserrer les lèvres, le jeune homme s'était emparé du bibelot qu'il couvait du regard depuis quelques instants déjà. Il s'agissait d'un étrange objet, un cercle de métal auquel étaient accrochés plusieurs médailles plus ou moins épaisses et plus ou moins raides représentant des animaux aux couleurs chatoyante faites de différents aliages. Dans la plus fine, celle qui ressemblait à un gros chat vert, quelques bosses étaient perceptibles. Les mâchoires du jeune homme se serrèrent tandis que de lointains souvenirs affluaient à sa mémoire. La première fois où il était arrivé dans ce palais. Le visage goguenard de sa mère en lui tendant ce jouet pour bambin. Il pouvait s'en faire un bracelet à l'époque.

Une curieuse sensation lui creusait l'estomac sans qu'il ne parvienne à en saisir la provenance.

Aujourd'hui, l'objet tenait en entier dans sa paume. Sa main se referma, raide, et il s'obligea à respirer. La drow, le bras nu et la griffe d'argent posée sur le dossier de la méridienne et la tête au dessus, l'observait comme un chat, la mine pensive.

- Tu penses que l'un des deux peut avoir survécu ? " Shyn'tae se redressa légèrement. Son regard allait du jeune homme à ce qu'il tenait en main.
- Peut-être... Ca vaut le coup de tenter en tout cas. J'ai l'impression que le sort s'acharne... Elle soupira, son regard déterminé sembla un instant las. J'ai l'impression de voir tout le monde s'éteindre...
- Je comprends exactement... Moi, je vois tout mon monde s'éteindre et ce n'est pas une impression.
- Je suis désolée.

Les contours de la capuche frémirent, comme si les oreilles du jeune homme s'étaient brusquement redressées sous le voile. Cette eldéenne était décidément un soutien des plus inespéré. Dégageant un peu son visage en se retournant vers elle, le drow blanc sourit... d'un sourire étrangement enfantin. La tristesse et la reconnaissance se mêlaient sur ses traits et ses yeux sec n'en étaient pas moins rougis.

- Merci. Tu es la première à me le dire.

La drow lui lança un sourire mi triste mi amusé. "Le regard des dieux doit être sur nous."

Il tordit le nez, visiblement amusé mais indécis. Rire des dieux, les haïr ou continuer à les respecer malgré tout ? Difficile à choisir dans sa position et elle le savait mieux que quiconque. La référence à une lointaine discussion par delà la mer n'en était pas moins bien pensée. En quelques pas il était revenu près de la méridienne, l'objet aux breloques de métal tournant autour de son index.

- Merci de m'avoir permis de venir, d'ailleurs. J'ai beau savoir que tout ça est théoriquement à ma moi et ma soeur, j'aurais pas pu y venir seul et hors de question que Driz' s'en approche... Pas après qu'on ait appris que les Princes s'en étaient pris à... enfin à son sanctuaire ici... Je ne sais pas quoi faire de cet endroit pour le moment. " Il s'appuya sur le point le plus haut du dossier.  En retour, son interlocutrice haussa une épaule et l'oreille opposée.
- D'accord. Mais toi et Driz'na serez toujours les véritables Maitres de ces lieux...Tu ne m'en voudras pas si, en attendant, je fais vivre la légende de Griffe Argent?
- Pourquoi ? Tu as envie de devenir la reine de cette termitière ? Les Princes Rapaces t'attirent tant que ça ? "

La vérité, c'était que cette termitière était le premier endroit dans lequel il s'était senti en sécurité dans ce monde d'illusions... Et qu'aujourd'hui, elle n'était plus qu'une caisse éventrée dont les boyaux avaient été sortis par d'immondes raclures. Il n'aurait peut-être pas du venir. Le contact du jouet d'enfant qu'il pressait contre sa paume lui faisait battre le cœur plus fort en ce qui lui paraissait être une juste colère et lui donnaient un ton moqueur qu'aurait affectionné sa mère.

- Il est temps qu'elle revienne, je crois que certains se sont sentis un peu trop... invulnérable en son absence.
- Evite juste de trahir sa mémoire, où je viendrai personnellement te trancher la gorge.

Pour toute réponse, la drow sur la méridienne releva son genoux dénudé, exposant sa jambe noire dont les nu-pieds et les rubans de cuir accentuaient la longueur. "Tu sauras me retrouver..." Ses yeux aux iris carmins le suivaient, félins. Le jeune homme laissa courir sans gêne son regard sur la jambe qui s'offrait à lui, descendit jusqu'à son pied puis remonta avec une lenteur que d'autres auraient eu pour une sculpture ou une peinture. Un sourire appréciateur et sans artifice illuminait ses traits d'une perfection irréelle.

... Je t'attendrai. finit-t-elle avec malice. Lorsque le regard glissa jusqu'à sa hanche, elle se cambra peu à peu avec souplesse. La soie exposait juste ce qu'il fallait d'un flanc gracieux barré seulement par le fourreau simple et usé de l'épée que le prima Char'rath avait "consenti" à lui rendre. Elle savait qu'elle était belle et faisait donc partie de la deuxième catégorie de gens : ceux qui offrait leur corps à la vue quand le drow blanc les détaillait avec sa minutie habituelle. Mais avec elle, il y avait une sorte de jeu qui l'amusait toujours.
- D'ici là, que comptes-tu faire?"
- Te regarder encore un peu. " laissa-t-il tomber comme s'il s'agissait de la chose la plus banale du monde et non de la façon la plus éhontée de détourner l'attention de sa comparse.

Que ferait-il...? Que pouvait-il faire ? Que devait-il faire ? Le dernier ordre qui lui avait été donné tournait dans sa mémoire, lui coupant tout raccourci, toute chance de trouver une réponse rapide et toute faite. Alors quoi ? Il hèrerait ? A quoi allait-il servire ? Comment allait-il survivre ? Pourrait-il vivre à nouveau un jour ? Avec qui ? Pour qui ? Pour quoi ? Un tourbillon vertigineux lui ravageait le coeur quand il pensait à tout ça. Une angoisse aussi terrible que celle qu'il avait si longtemps ressentit de l'autre côté. Peut-être plus... Parce qu'à l'époque il avait un espoir auquel se raccrocher. Aujourd'hui il n'avait que l'immensité des possibles... Ravalant les battements de son coeur malade, il déplaça du bout des doigts le fourreau qui lui cachait la torsion légère du flanc dénudé. Elle ne fit rien pour l'en empêcher... Le regard qu'il lui lançait était comme une délicieux rayon de soleil rechauffant son corps.

- Juste un peu...Je préfèrerais que tu me regarde encore beaucoup... Un léger rire s'échappa du sourire solaire du jeune homme. La voix trainante de la demoiselle laissait paraitre l'étendue de sa deception. Elle leva la tête, exposant son cou altier marqué dans sa chair. Son bras orné d'or s'étendit, ses yeux parcouraient le corps caché du bel éphèbe presque trop parfait qui se penchait vers elle.

- Je suis à votre disposition, Emissaire, comme ceux qui vont nous rejoindre je suppose... " Il allait embrasser fougueusement le dessin soit-disant honteux qui tronait sous son oreille mais une voix l'interrompit, le poussant à reprendre une maigre distance en pinçant les lèvres de frustration... Bon sang, il aurait du se taire.

"Revenir ?... On risque de faire attendre Char'rath... Une sourire innocent s'était épanoui sur ce visage auquel Na'ri avait rendu la beauté. Elle prit alors un air pensif, celui du felin malicieux qui connaissait déjà la réponse à la question qu'elle allait poser.
- Ce serait vraiment dramatique, ne crois-tu pas ?

- Tu es d'une félonie, Felinë... " ricana-t-il en singeant un accent qu'ils ne connaissaient que trop bien avant de finir enfin le geste qu'il avait amorcé.

Le jeune homme ancra une morsure à la passion mal dosée sur l'emblème du C'nros, faisant frémir la magicienne. Les doigts du jeune drow se faufilèrent sous la douce soie pour saisir sa taille à pleine paume.

- Oh oui, vous savez si bien parler aux femmes, Maitre Tael'Chath ! ironisa-t-elle, avant que l'éclair de douleur aigue qui avait surgit au creux de son cou, le contact cru de cette main contre une peau que seule la fine étoffe masquait aux regards ne la pousse dans une seule et unique direction. Il lui rappelait un peu sa mere, ou en tout cas ce que Shyn'tae avait fantasmé qu'elle serait... En plus maladroit peut-être. Sa main aggripa le jeune homme et l'attira à elle sur le divan dans un geste dont l'enthousiasme était égal au sien. Hélas, le dossier de la méridienne l'empêchait de simplement s'approcher. D'un mouvement brusque un poil agacé, il la repoussa. Ses yeux pétillants ne la quittaient pas. Le temps de jeter au sol la bure à capuche dans laquelle il était empêtré depuis des ennéades, de tirer sur ses maudites bottes et il revenait vers elle.

- Je sais. La nature des Premiers Sangs n'est que perfection. " rit-il, le sourire gourmand. " Mais je ne te pardonnerai pas de limiter mon talent avec les femmes à de simples paroles. "

La chaleur qui remontait le long de sa peau l'aiguillonnait plus que de raison et par Isten ce que ces nuits solitaires avaient été longues depuis sa sortie du temple. Ce nouveau corps était bourré de désagréments imprévus. Une vrai plaie ! Alors ces désagréments, il voulait les transformer en avantages le plus souvent possible.

En s'appuyant d'un main sur le dossier, il passa par dessus pour retrouver la silhouette lascive de la noire elfe, revenant couvrir son col et ses épaules de mille attentions brouillonnes et enflammées, laquelle ne fit absolument rien pour tempérer ses ardeurs. Il lui avait échappé trop de fois, à trop d'occasion pour qu'elle se comporte autrement. Lui au dessus d'elle, elle ne retira son cou à sa bouche que pour plaquer ses lèvres sur les siennes en un baiser aussi flamboyant qu’insatiable. Il le lui rendit en un combat enflammé et lâcha sa dextre pour explorer avec avidité la peau dissimulée par la toge blanche. La main blessée se posa sur le dos d'albâtre, l'autre détacha la chainette qui retenait sa robe à la hanche avant de le saisir à son tour, le caresser, le griffer, le parcourir.

La légère brulure des ongles de la belle le fit frissonner des pieds à la tête. Il lui répondit d'un bref regard animal avant de fondre de nouveau sur ses épaule, poussant vivement sa bretelle sans utiliser ses doigts. Passionné, le touché franc et rude d'Elghinn ne connaissait pas la tendresse. Elle miaula, ou rit avec enthousiasme, il aurait été difficile de l'affirmer avec certitude. Ses longues mains caleuses n'étaient pourtant pas déformées. Son corps d'éphèbe dépourvu de la moindre cicatrice contrastait avec ses manières brutales. Dans ce corps à corps, il semblait vouloir partir en guerre. Elle, son corps dansant avec la souplesse suave d'un chat à la recherche de caresses se sentait hésiter entre l'excitation que la fougue du jeune homme provoquait en elle et la conviction croissante que cette flamme masquait un manque d'experience flagrant.

Brusquement, sa paluche blanche s'empara du poignet de Shyn'tae pour rabattre sa main faible sur l'accoudoir au-dessus de sa tête. Parfait. Elle pouvait apprécier cela. De l'autre, il remonta pour s'emparer de la fine courbure de son sein mis à nu. Il malaxait ce sein comme un boulanger préparait sa pate, et sa langue agissait avec une précipitation qui lui donna le sentiment qu'il était attendu ailleurs. Entre ses jambes, supposa-t-elle. La main droite de la demoiselle abandonna la peau de son amant pour se poser sur la main qui travaillait sa poitrine. Sa langue vint à la rencontre de celle qui fouillait sa bouche, et, lente, la caressa pour la calmer. Elle fut la première à rompre le baiser.

- Doucement... fais monter le desir... Ecoute mon corps... Sa main mélé à la sienne reprit les caresses, plus sensuellement, plus delicatement aussi. Il suivit le mouvement mais une certaine surprise passa dans son regard. Ce fut elle qui reprit l'initiative de l'embrasser mais cette fois leurs lévres s'effleurèrent, les mouvements de la sombre volontairement ralentis. joue avec mes envies... comme ca...

Cette fois, le jeune homme ne put réprimer un léger rire.

- Là c'est toi qui joue avec les miennes. " souffla-t-il sur sa joue avant de saisir le lobe de son oreille pour jouer tout le long du cartilage jusqu'à la pointe, attentif à mêler caresses et morsures sans briser le charme. "Les notres..." Il s'attaquait ainsi sans vergogne à la plus grande faiblesse de l'eldéenne qui dut s'interrompre pour soupirer, prise d'un frisson.  La main sur sa poitrine suivait toujours ses instructions à la lettre " Pourquoi vouloir être si lent, alors qu'il y a tellement plus fort ? " Son corps se cambra un moment pour caresser étroitement celui de la belle tandis que l'une de ses jambe glissait contre sa cuisse avec une avidité non dissimulée. " Tu as peur que je ne sois pas à la hauteur ? "

Le bassin de sa partenaire se souleva pour glisser contre sa peau, puis ce fut au tour de ses jambes de caresser les siennes, de glisser contre ses fesses. Son corps dansait entre ses bras, elle exposa pour lui les rondeurs qu'il avait dévoilé, comme milles promesses d'un désir dévorant. Cette fois ci, c'est elle qui éclata de rire.
- Aucun de nous deux n'a quoi que ce soit à démontrer... Lui chuchota-t-elle d'une voix suave... ".. Plus fort.. ce n'est pas forcément mieux... Seulement un autre outils à ta disposition. La lenteur, la douceur... intensifient les sensation, prépare le corps au plaisir... Ses lévres se posèrent contre son cou, qu'elle humecta de caresses de sa langue, puis le mordilla, déclenchant une trainée de frisson. Chaque changement infime était étrangement visible sur la peau d'ivoire du jeune homme. "La frustration aiguillonne le désir... N'aimes tu pas sentir ce désir couler en toi comme un feu ennivrant ? De sa main elle guida la sienne sur la pointe d'un sein, pour le pousser à la pincer, la travailler. Elle gémit à ses oreilles, approbatrice. Lui la regardait différemment. Attentif. Consciencieux mais légèrement moins présent. Il réfléchissait.

- La force est intense... Mais elle finit par émousser le plaisir... Alors il faut frapper au bon moment... Quand ta cible est prête... Tu comprends ca.... n'est ce pas? Ses mots entrecoupés par une respiration rendue laborieuse par l'excitation étaient encourageants, voluptueux, suggestifs.

Comprendre n'était pas le mot. Il n'y avait jamais pensé. Il se fichait du désir. On lui avait bien expliqué qu'il était le prémisse au plaisir, mais de ça, il en avait à revendre. Le faire encore augmenter n'aurait été qu'une torture dont il n'avait pas besoin. Tout ça n'avait aucun intérêt si cela devenait laborieux au lieu d'être agréable. Hélas, il fallait croire que Shyn'tae n'était pas ainsi. C'était peut-être l'âge, ou elle était simplement différente... Une phrase entendue il y a longtemps lui revint en mémoire. Là ou l'homme fini, la femme ne fait que commencer. Il aurait put y penser davantage, mais voilà, il avait bien d'autre chose sous les yeux et bien d'autres leçons en tête. Alors s'il ne comprenait pas trop ce qu'elle lui chantait avec la force et le fait de frapper au bon moment il avait ses sensations pour le guider. Il se concentra plutôt sur ce souffle de plus en plus difficile qui l'émoustillait tant.

- Pas le moins du monde. " gronda-t-il avant que ses lèvres ne descendent sur le buste de l'eldéenne, sa main s'aventurant bien plus bas.

Shyn'tae faillit éclater de rire, et soupira à la place. Il aurait été inconcevable de se dérober, et de plus... elle devait bien admettre que cette fougue débridée avec quelque chose de profondément excitante. C'était ce qu'il voulait? Elle supposait pouvoir ne pas être en reste.

Peut-être même était-ce exactement ce qu'il lui fallait. La petite voix interieure de si souvent bon conseil lui fit remarquer qu'elle aurait du être rassasiée par ses récents ébats avec Modeste. Mais c'était la théorie. En pratique, cela faisait des semaines que la drow attendait de se jeter sur cet adorable jeune mâle.

L'heure était à la satisfaction de cette abominable frustration.

- Aucune importance.

Ses cuisses dénudées enserrérent soudainement les hanches d'Elghinn pour l'attirer à elle, déclanchant un rire qui fut de bien courte durée.  La main noire qui jusque là se contentait de caresses entreprit de le débarasser précipitament de ses vêtements. Sa chemise fut la première à voler, dévoilant le soleil de peau noire qui enveloppait sa hanche, portant ses rayons de sa taille jusque sous la toile de son pantalon particulièrement serré. Les gestes brouillons se débatirent avec les pans de la robe de la sombre pour l'en extraire sans déchirer le tissus, la portant si nécessaire pour garder avec un plaisir non dissimulé la ceinture sensuelle qu'elle lui offrait.

Enfin débarassé de ce tissus qui entravait sa vue, il sourit, soudain immobile. Son regard embué de désir s'éclaircit un instant, focalisé sur les lignes de ce corps souple avec l'intensité que d'autres n'offraient qu'à des oeuvres d'art. Son index assuré suivit le bord du collier pour descendre sur le renflement du sein comme s'il voulait d'un coup en tester la fermeté et le grain de peau alors qu'il s'était déjà acharné dessus durant de longs instants. Ses doigts montèrent en ligne droite jusqu'à la pointe de sa poitrine, s'y arrêtant pour remarquer l'effet qu'y produisait son contact méticuleux, les oreilles tendues comme celles d'un chat intéressé. Si Shyn'tae avait pu en douter une seule seconde auparavant, il était dorénavant clair que le beau mal s'était pris de passion pour sa poitrine. Avait-elle déjà grossi? Elle n'en avait pas l'impression, il faudrait qu'elle demande à Na'ri. Mais ce serait pour plus tard. D'un joyeux miaulement, elle récompensa les attentions de son amant curieux. Il était adorable.

Puis, aussi soudainement qu'il s'était arrêté, il sembla se réveiller et fondit de nouveau sur elle. Sa bouche remplaça ses doigts, suscitant un nouveau miaulement de surprise autant que de contentement, les libérant pour l'ouvrage qu'il pensait le plus important. Les ongles du jeune homme remontèrent des genoux aux hanches de la jeune femme avant d'obliquer à l'intérieur de ses cuisses. Un brasier brûlait dans les yeux de la magicienne. Il la sentit frémir, cambrée, volontairement offerte, les doigts fins de sa main valide s'acharnaient sur ce pantalon serré, trop maladroitement alors que les lèvres, les dents du jeune homme honoraient ses seins, l'un après l'autre.

Il était un peu brut, nota-t-elle, mais pourquoi pas.

Par contre le pantalon resistait. Voilà ce qu'elle avait oublié. On avait toujours besoin d'un couteau, et surtout lorsqu'on en avait pas sous la main. Tant pis, sans compter qu'il aurait été dommage de le poignarder là par accident : Ce serait légèrement difficile à expliquer.

-Tu veux pas... porter des jupes... plutôt ? Elle étouffa un gémissement
- J'y penserai. " gronda-t-il en dégageant soudain ses mains sans considération pour l'état d'avancement de la belle. D'un geste dépourvu de douceur, il obligea ses jambes à le lâcher.

Il se releva prestement, le pied toujours sur le bord du canapé tandis qu'il défaisait sa ceinture et les lacets de ses dernières frusques. Le sourire qu'il adressa alors à la jeune femme rayonnait comme le soleil. Son expression si proche du célèbre sourire séducteur de Zaahrian ne connaissait ni hésitation, ni sérieux, seulement une bonhomie légère et gourmande qui sous-entendait tellement en une caracole bien trop éhontée pour être prise au sérieux.

- Un sarong noué sur l'avant avec de jolis motifs rouges ? " Dans un claquement sec, la ceinture venait de glisser hors des passants, faisant bailler le pantalon sur ses hanches. " Ou tu préférereais peut-être une jupette de gladiateur avec des lanières de cuir et une ceinture de force ? " Délassé, il ne fallait plus qu'une pichenette pour que glisse vêtement qui ne laissait plus de place à l'imagination quant à l'état d'excitation de son porteur.

- Il faudra essayer. L'un... Son amante s'était subitement redressée, ramenant son corps dénudé à lui pour donner un coup de langue sombre sur son torse blanc. La pichenette, elle la donna sans hésitation, et il fut enfin libre, et elle retomba alors sur le divan. Les courbes graciles et parcourues de cicatrices de la sorcière se dévoilaient aux yeux du jeune mâle. Son regard malicieux le suivait des yeux. - L'autre Prenant peu à peu une pose allanguie, elle ondoya devant lui sans le quitter du regard, alors que son expression prenait peu à peu des accents langoureux, ses lévres entrouvertes l'invitant à la plus compléte luxure, son torse avenant, sa taille si fine qu'elle donnait à ses hanches une ampleur séduisante.... et tout le reste... Elle l'imagina un instant portant une des robes du tailleur, une de celles qui auraient convenu à une femme encore moins doté qu'elle en buste. Cela n'était pas comique. Il serait sans aucun doute beau aussi comme ca.

Car beau, il l'était, et cela tout aussi nu qu'habillé.

Dommage qu'il soit un peu brut parfois, comme à cet instant. Mais cela ne voulait rien dire, murmura la voix un peu irrationnelle de l'espoir. Et puis y avait-il vraiment d'autre façon de verifier ?

Ses muscles roulant avec régularité sous sa peau dépourvue de cicatrice, l'éphèbe repris appui sur le divan en s'emparant d'une des jambes de la noire dame qui faisait tout pour l'inciter à la prendre toute entrière. De la cheville à l'aisne, il dévora de baisers gourmands cette jambe aussi longue que frémissante pendant que son autre main venait flatter sa hanche, remonter sur sa taille pour la serrer avidement. Il s'assura de quelques coups de langue que le désir de la belle ne s'était pas enfuit, et elle le rassura aussitôt. Alors il se redressa, à genoux entre ses cuisses. Soutenant son genou d'une main, alors qu'elle s'appuyait sur l'autre pour soulever son bassin, comme au desespoir d'enfin le trouver.

L'oeil du jeune homme luisait d'une soif de luxure qui ne cachait sa profondeur que par un léger voile de charme bravache.
Le sien randu brumeux par un désir assumé qui appelait à une lubriscité sans borne.

C'était maintenant.

Un claquement sec retentit sur leur gauche. Ils tournèrent la tête et se figèrent de concert.

La porte venait de glisser entre les doigts de celle qui venait de la franchir pour s'écraser sur le mur de pierre. Dans l'encadrure, suivit d'un garde éberlué, une grande drow au visage iradiant d'une beauté farouche malgré son âge incertain, à la silhouette entretenue et à l'abondante crinière blanche les regardait fixement. Son maintient nonchalant et ses yeux orangés exaltaient une assurance peu commune pour une esclave dont le cou était horné d'un colier d'argent aussi fin que de la dentelle, mais en l'occurence, elle n'avait pas l'air de savoir quoi penser ou plus encore, quoi dire.

La drow allongée sur le divan, le genoux toujours maintenu par l'éphèbe et le corps arqué en une posture impudique laissa ses yeux glisser sur le corps de l'esclave avant que finalement leurs regards ne s'arrêtent l'un sur l'autre, assurance nonchalante contre abandon et désir. Le sourire de Shyn'tae grandit alors qu'elle l'imaginer sans peine diriger le palais: Elle aurait pu faire parfaitement illusion.

Nous.. hmm… vous attendions."Les oreilles de la sorcière s'aplatirent légèrement. Les quelques mots auraient du signifier une toute autre chose que le sens qu'ils semblaient avoir, sa voix aurait du porter un peu plus. Elle avait l'impression de ressembler à une adolescente prise sur le vif d'une expérience maladroite.

"Ca y ressemble un peu, et se faire un peu gronder par une cette dame là ne serait pas si déplaisant."

Était-ce vraiment la chose la plus adéquate à penser en pareille circonstance. Et pourquoi pas, ajouta-t-elle intérieurement.

- C'est un honneur, Maîtresse. " répondit la nouvelle venue en restant d'un sérieux sans faille. " Voulez-vous que je ferme la porte ? "

Si Shyn'tae avait eu l'air un peu confuse un instant auparavant, la réponse de l'esclave sembla la laisser délicieusement sans voix. Wik, ils étaient là pour poser des questions sur Wik, se rappela-t-elle quelque part dans le brouillard. Sauf que cette remarque des plus raisonnable tentait vainement de se faire remarquer devant l'image de l'esclave assurée et séduisante. Elghinn sentit sa partenaire frémir, hésiter, et tirer un peu comme si elle voulait maladroitement qu'il aille de l'avant et la sorte ainsi de ses dilemmes. Mais qu'aurait-il put dire ? Que devait-il faire ?! Son esprit était bloqué sur ces deux questions devant l'improbabilité d'une situation qui n'aurai jamais du se produire dans aucun univers normalement constitué. La stupeur l'avait passablement dégrisé et aussi raide que soit son dos, ce n'était plus autant le cas du reste de son anatomie.

D'un coté comprendre les évènements déplaisants qui avaient eu lieu ici... De l'autre dire simplement oui. D'un coté le devoir, de l'autre... D'une certaine façon, peut-être pouvait-ce être vu comme un interrogatoire? La sorcière s'imagina la tête lovée entre les cuisses de l'esclave. Il était possible que cela ne l'empêche pas de parler, du moins pas si elle s'y prenait de la bonne façon. Et puis... même en ne bâclant rien, ce ne serait pas si long. Les évènements avaient plus d'une ennéade, que changerait une heure de plus ? Si Wik était mort, il n'avait rien à y faire, s'il était vivant, il y avait peu de chances qu'il choisisse de mourir à cet instant parce qu'elle avait pris le temps d'interroger de manière approfondie une esclave du palais avec Elghinn.

Shyn'tae avait gardé la bouche ouverte. Puis, en quelques instants, l'esclave la vit devenir malicieuse. Pourquoi ne pourrait-elle pas seulement profiter un peu? Elle était libre.

- Oui! Enfin... Vous êtes... tu es?
- Tesh'ka, Maîtresse. " se présenta-t-elle en se courbant docilement avant d'aller fermer la porte sur le visage du garde qui n'en avait pas perdu une miette. Ses yeux orangés revinrent sur le duo en quelques seconde. " Concubine de de l'Intendant. "

La supposée maîtresse s'inquiéta un instant de ressembler à une adolescente maladroite et excitée. Il y eut un court silence avant que ses oreilles ne s’aplatissent, frémissantes, et qu'elle ne se retourne vers l'individu qui était le propriétaire des lieux. Il avait laissé filé ses jambes pour qu'elle se repose sur le tissus, mais l'empêchait inconsciemment de les resserrer. Elle dut attirer son attention pour qu'il repose enfin les yeux sur elle mais ses mains la tenait toujours dans cette position compromettante tandis qu'elle l'interrogeait du regard. Avait-il blêmit ?

Réfléchir n'était déjà pas facile pour lui quelques minutes plus tôt, mais là, ça devenait mission impossible. Deux... Une autre ? Deux ? En même temps ? Maintenant ? Mais...

Une vague glapissement passa les lèvres d'Elghinn lorsqu'il tenta de prononcer un mot. Shyn'tae haussa une oreille curieuse.

Le jeune homme qui roulait des mécaniques avait grandement perdu de sa superbe. Ses mains lâchèrent tout à fait les jambes de celle qui l'avait aguiché au point qu'il en oublie sa résolution de ne pas se faire reconnaitre. Il ne se cachait pas pour autant. La nudité ne le gênait pas, au contraire, il était particulièrement fier de ce corps, jusqu'au moindre de ses attributs. Mais étrangement, il se sentait un peu... fragile tout à coup. Une jambe replié sous lui et un pied sur le sol, toujours tourné vers Shyn'tae, il s'assit là ou il était pour se passer une main sur l'oreille et en tirer le lobe en un geste tendu.

- Tu voulais pas enquêter ? Puis... Je n'ai jamais... " Ce n'était pas si facile à dire. Pourquoi ? Il ne savait pas exactement. Mais son regard se posa successivement sur la femme en toge blanche et sur la magicienne. L'esclave avait avancé de quelques pas lents et chaloupés pour laisser à ses nouveaux maîtres l'occasion de délibérer. Shyn'tae s'était à son tour redressée commeun miroir de la posture du jeune mâle. Sa nudité ne cachait rien des cicatrices que les victoires comme les défaites avaient laissé sur son corps, tout le contraire du corps lisse de celui qui aurait du être son amant à l'heure qu'il était. Elle lui sourit, hocha la tête et, sur une impulsion peut-être maladroite, se pencha vers lui jusqu'à ce qu'il sente la chaleur de ses lévres non loin de son oreille. Sa voix portait encore en elle les douces notes du désir charnel.

- Ne te sens pas forcé, ni géné... On aura tout le temps de le faire plus tard. Elle se retira lentement, les rubis de ses yeux dans les siens. Elle pouvait voir le blanc de son cou et de ses oreilles tourner au rouge carmin mais ses mots aussi rassurants que dégradants avaient piqué une sorte de fierté timide dans son regard. Et regarder est aussi un plaisir. Parce que tu m'a donné des envies. ajouta-t-elle soudain à voix haute avant de lui jeter une oeillade effrontée et de se retourner, pétillante, vers l'esclave.

Elghinn regarda l'esclave avancer, puis la magicienne qui venait de se tourner, et ne put retenir un soupire de capitulation. C'était une sorte de retour à la case départ en somme. Soit. Il semblait qu'elle se soit mis en tête qu'il fallait qu'il apprenne sans même lui donner une chance. C'était une occasion pour ne pas être pris une seconde fois au dépourvu avec la prochaine qu'il déshabillerait... C'était ce qu'il s'efforçait de penser en tout cas. Et la prochaine fois il trainerait moins ! Ses entrailles grondaient d'envie alors pourquoi refuser ?

Oui, il aurait préféré que ce soit celle avec laquelle il avait suivi ce jeu si intriguant tout au long de leur voyage et qu'il avait appris à estimer. Celle dont il voulait se souvenir et dont il avait maintes fois observer le corps quand elle ne le regardait pas. Mais elle n'était pas particulièrement intéressée par lui finalement. Le lui dire ne lui traversa même pas l'esprit. Son regard avait l'air à ce point aimanté par l'esclave qu'il se demanda même un instant si n'importe qui aurait fait l'affaire ou s'il y avait quelque chose de particulier avec cette femme aux yeux oranges.  

- Tesh'ka... viens t'asseoir, il parait que tu peux nous en dire sur les évènements qui ont secoué le palais. de la main, elle avait indiqué la place qu'elle avait laissé sur le divan en se rasseyant.

Dans son dos, le jeune homme posa ses deux mains sur ses épaules sombres et commença à les masser sans un mot. Elle s'appuya doucement contre lui. Ses doigts légèrement déformés par des cales guerrières étaient sa seule imperfection physique.

D'un mouvement dont la fluidité ne pouvait être due qu'à une grande habitude, l'esclave défit les attaches de sa toge et la laissa glisser au sol le long de sa silhouette d'encre entretenue avec soin. Un tatouage représentant une femme nue aux cheveux rouges, aux yeux noirs et aux ailes déployées apparu sous sa poitrine. Ses plumes aux couleurs vives soulignaient la courbe de ses seins. Les jambes de la belle se terminaient en volutes mystiques descendant autour de son nombril percé d'une obsidienne et jusqu'à son bas-ventre. Autour de ses hanches et jusqu'à ses genoux, un filet blanc aux mailles larges était son dernier vêtement et ne cachait rien de ce qui se trouvait en-dessous. Elle le dénoua sur son dernier pas. Shyn'tae sentit un bref hélant de jalousie la parcourir à ces formes féminines qui constrataient tant avec sa silhouette.

De plus près, on pouvait voir que son collier représentait une complexe dentelle de ronce qui lui enserrait le cou. L'objet interdisait tout espoir de pouvoir l'embrasser sans sentir le contact du métal sous ses lèvres. Shyn'tae se demanda à quoi ressemblerait la sensation. Elle aurait le temps d'essayer. Le regard orangé de la femme croisa celui de la maîtresse sans le soutenir et s'abaissa sur les jambes noires si proches des siennes maintenant qu'elle était assise au bout du divan. Elghinn n'avait pas perdu une miette de son manège si bien qu'il ne s'aperçut que lorsqu'elle commença ses caresses que la main noire de sa partenaire s'était glissée jusqu'à sa cuisse blanche.

- J'étais avec l'Intendant, dans ses appartement, le soir où le prince a attaqué. Je ne sais pas pourquoi, ni comment les gardes sont venu à bout des attaquants. Je suis restée dans les étages inférieurs. " Posant la main sur la jambe que avait repliée en se retournant, l'esclave descendit doucement pour ramener son pied délicat vers son propre giron. Elle ne l'avait pas interrogé du regard, gardant ce faux aplomb d'esclave qui connait son métier. Concentrée sur son ouvrage, elle entreprit de masser chaque orteil, chaque once de la voute plantaire jusqu'au talon de la magicienne ainsi que sa cheville. L'Eldéenne frissonna aux efforts de l'esclave et hocha la tête son regard attentif posé sur elle, comme pour l'encourager poursuivre. Ses cheveux effleurèrent le torse du jeune mâle, ses doigts évoluaient avec douceur le long de la face interieur de ses cuisses. " La Capitaine Wydrin est arrivée. Elle était en arme mais elle n'était pas blessée. Elle nous a appris que les portes avaient été passées. Les gardes se massaient dans le couloir, ils étaient bien une dizaine, les plus anciens des gardes du palais. Elle a discuté un moment avec Wik pendant que je préparais les affaires nécessaires à un voyage sans retour et ils sont repartis ensemble quelques minutes plus tard. Le dernier ordre que j'ai reçu était de taire ce que j'avais entendu, Maîtresse. " La belle lui offrit son second pied d'un mouvement délicat en se laissant aller un peu plus contre Elghinn. Dressant la tête, elle lui adressa un bref regard qu'il ne sut interpréter et poursuivit.

- Mais ni Wik ni le capitaine Wydrin ne sont revenus... " Graduellement, la main de Shyn'tae était remontée le long de la peau satinée qui gisait sous ses doigts jusqu'à cette tentatrice entrecuisse. Son attention restait concentrée sur l'esclave dont l'expert massage parvenait à la détendre malgré les jours particulièrement houleux qu'elle avait essuyé auprès d'un certain prima. Il n'était pas entierement exclu qu'elle n'ait pas prété attention à ce qu'elle faisait, mais le jeune homme, lui, ne pouvait en manquer une miette. "Donc nous allons avoir besoin de cette information, Tesh'ka." murmura-t-elle d'une voix aussi douce que de la soie tandis que, tout près de son oreille, le souffle ample d'Elghinn lui avouait une lente détente. Etait-ce cela qu'elle entendait par plus de douceur et de temps ? Attendre le bon moment ? Il l'intéressait encore ? " C'est un ordre. Au moment où elle apporta cette menue précision destinée à enlever des séduisantes épaules de l'esclave la responsabilité de la decision, l'index de Shyn'tae avait finalement trouvé le membre du jeune mâle.
- Je ne me souviens pas des mots exactes. " acquiesça docilement l'esclave en se courbant respectueusement. Son attention fut momentanément attirée par l'apparition d'une main blanche qui, passant sous le bras inerte de la mage, venait de remonter lentement sur sa poitrine. Elle murmura sa satisfaction en retour et son majeur sembla découvrir qu'il pouvait assister son index dans son entreprise. Elle pourrait s'habituer à ce genre de choses." La Capitaine semblait croire qu'ils n'avaient que peu de chance de réussir à repousser les assaillants, et même que ça tiendrait du miracle. Elle était très tendue et a demandé à l'Intendant de préparer ses affaires pour quitter l'endroit couvert par les meilleurs membres de la garde. " Elle tenta de retrouver les mots de ce début de conversation, mais la mémoire, bien qu'excellente ne pouvait réussir au pied levé un tel tour de force. Son massage se transformait peu à peu en caresse le long des jambes de la maîtresse, qui les lui offrit d'un seduisant mouvement en retour. Elle n'était pas obligée, se fit elle la remarque... Mais ce n'était pas une obligation, bien au contraire.

Les cheveux blancs d'Elghinn avaient fini par couler en large mèches sur son épaule alors qu'il s'attelait à contenter le haut de son corps aussi bien que l'esclave se dédiait au bas... Il était conscient de l'écart de leurs talents que sa concentration vacillante amplifiait encore, assiégée qu'elle était autant par ses sensations que par ses efforts d'observation. "Je ne sais plus lequel, mais ils ont aussi dit quelque chose sur le fait que le palais était épié depuis quelques temps et qu'il y avait des intruts sur les toits. Wik a grogné quelque chose sur le fait qu'ils ne devaient pas craindre les Princes Marchands parce que... Enfin nous sommes voisin au Joyau. Du toit, un ennemis pourrait faire des dégats, du repérage ou s'infiltré là-bas alors - évidemment - il est surveillé et protégé. Et Wydrin a eu l'air encore plus tendue, elle a dit que c'était un Prince Marchand et que vue ceux qui étaient sur le toit, il y en avait sans doute un autre de mêlé à tout ça. "

Tendus, les délicats pieds de la sorcière effleuraient la peau noire de l'esclave avec douceur pendant qu'elle reflechissait à ce qu'elle venait de lui réveler. L'intendant et la capitaine découvrant que le palais était en danger, l'ignorance quant à l'étendue du complot. Comment une fuite aurait-elle pu leur paraitre plus sûre, alors même qu'ils savaient les toits surveillés ? Et par qui avaient-ils d'ailleurs été ainsi espionnés ? Wik était mort criblé de carreaux d'arbalètes dans une ruelle. Une mort étonnament stupide compte tenue de ce qu'il aurait du savoir. Avait-il à ce point manqué de chance, ou cela cachait-il quelque chose d'autre ? Et où était passé Wydrin... Car elle ne faisait pas partie du groupe qui avait suivi Wik dans le traquenard.

Shyn'tae soupira profondément, entre les mains des deux autres, elle se détendit aussi visiblement que sa main délicate et experimentée aidait Elghinn à se tendre. Les doigts du jeune hommes avaient finis par se concentrer sur les courbes de la magicienne, laissant ses lèvres seules prendre leur place sur ses épaules et dans son cou. - Trouver ce que Wydrin a fait. Pourquoi Wik serait allé mourir seul. Une Erreur ?
- ça lui ressemble pas. " L'oreille droite de Shyn'tae s'agita, elle appuya sa nuque contre l'épaule du mâle pour caresser sa machoire de ses lévres noires. Il se retint de s'en emparer d'un geste impérieux, se contentant de lui jeter son envie au fond des yeux.

- Et si quelqu'un avait vu plus en détail ces mysterieux arpenteurs de toiture... Ses orteils eux arpentaient l'interieur d'une cuisse si douce. Interprétant le geste comme l'ordre silencieux qu'il n'était pourtant pas, l'esclave bascula vers l'avant, à quatre pattes sur le divan. Ses caresses montant toujours plus haut, sa bouche rejoignit la main du jeune homme, l'effleurant sur la soie noire.
- Si les gens d'ici n'en savent pas plus. Peut-être les... gardes du Joyau ? " souffla Elghinn au creux de son oreille, s'accrochant courageusement à leur conversation.
- Ils sont partis avec une cassette. L'Intendant mettait régulièrement des documents à l'intérieur. " articula distinctement l'esclave tandis que sa main trouvait une partie de ce corps féminin encore plus sensible à ses talents. Le sujet de ses attentions poussa un miaulement de contentement et, ajustant sa position, l'incita à plus. " Dans le couloir, l'Intendant a crié. Il semblait s'opposer à quelque chose, mais je n'ai pas compris quoi. "

Shyn'tae se tut un instant. Il devenait évident que l'esclave n'en saurait pas plus. Alors, son regard parcourut ses courbes, puis glissa d'elle jusqu'aux arrêtes de la machoire du jeune mâle.
- On pourrait se concentrer un peu, maintenant ? ronchonna-t-il. L'oreille de la drow lui chatouilla le cou. Son sourire grandit.
- Concentrons-nous... C'est une bonne idée. Aussi souple qu'un félin, la sorcière se retourna à quatre patte. Tesh'ka glissa à bat du divan pour la laisser bouger à son aise mais Elghinn resta figé de surprise... Et de frustration au vu de ce qui brillait dans son regard. Allonge-toi... Le jeune homme mis quelques seconde à comprendre l'ordre. Puis, il jeta un coup d'oeil à l'esclave qui ne s'était pas éloignée et, non sans venir voler un baiser passionné à la magicienne dans une tentative veine de cacher son trac, obtempéra docilement. Un sourire carnassier aux lévres, le visage de jais descendit sur sa victime. Le souffle de Tesh'ka sur sa peau la fit frissonner : L'esclave savait exactement quoi faire pour l'encourager dans son entreprise.

Plus tard...

Allongé sur le tapis, les bras en croix, Elghinn respirait profondément, un vague sourire aux lèvres. Plus tard, lorsqu’il repenserait à tout ça, il prendrait sûrement la mesure de la leçon qu’il venait de recevoir et de ce qu’il pouvait encore apprendre sur les arts et les plaisirs. Mais pour l’heure, paupières closes mais l’oreille aux aguets, il se sentait seulement bien… Et fatigué. Habituellement, c’est lui qui prenait les rennes. S’adapter ne demandait pas moins d’effort… Et obéir non plus à sa grande surprise. Pas avec deux femmes en même temps en tout cas. Ses dernières bravades avaient été prononcées et ses dernières forces exploitées jusqu'à la dernière once. Il ne restait qu’une envie de dormir difficilement répressible, une détente cotoneuse dans laquelle les raisons premières de leur venue reprenaient doucement place sans que les angoisses dues à sa survie précaire ne reviennent le hanter.

- Tu veux vraiment chercher ce qui leur est arrivé... A Wydrin et à Wik je veux dire ? “ finit-il par demander sans ouvrir les yeux, sa voix grave inhabituellement rauque. Les informations s'annonçaient assez difficile à rassembler.

Juste au dessus de lui, des membres, bras et jambes, dégringolaient du divan dans un ensemble qu'il avait mis quelques secondes à interpréter. Seul un des pieds était chaussé des sandales de la sorcière, il devait donc lui appartenir. Il y eut du mouvements, et alors le minois de cette dernière apparu, appuyée contre une cuisse ébène. Quand il était question de plaisir, Shyn'tae avait depuis longtemps décidé qu'elle ne laisserait personne en arrière.
- Oui... Wik s'est sacrifié... C'est forcément pour une raison... Et puis... La drow laissa trainer le silence. Sa main pendant dans le vide effleurait le torse du jeune mâle qui en souriait d'autant plus. Il semblait à la limite de se mettre à ronronner. je sais pas... Je ne me sens pas capable de... passer outre. Etait-ce par curiosité, parce qu'elle pensait devoir quelque chose à la reine, à ces gens ? Si elle restait ici à occuper cet endroit, oui, elle leur devrait quelque chose, décida-t-elle. Les cheveux d'Elghinn frissonnèrent contre le tapis tandis qu'il acquiesçait.

- Je ne sais pas si j'aurai la patience d'aller jusqu'au bout, mais l'idée me plait. " Une main se leva courageusement pour venir caresser la joue de la magicienne et la cuisse sur laquelle elle était posée. Il ouvrit enfin les yeux. " Ils ont toujours été gentil avec moi, peu importe mon apparence. "

A moitié sous la méridienne, le petit l'anneau de métal aux pendeloques bigarées qu'il avait ramassé un peu plus tôt sur l'une des étagère laissaient les reflets de ses différents aliages luirent au rythme des braseros. Le regard de sa partenaire suivait les jeu des couleurs, brillant. Un demi sourire appaisé ornait son visage.
- Qu'est ce que c'est ?
- Quoi ? " Elghinn suivit le regard de la magicienne pour tomber sur l'objet. " Ah... " Les pendentifs cliquetèrent les uns sur les autres lorsqu'il le ramassa pour le tendre à la jeune femme. " C'est un jouet . " A un anneau étaient passé plusieurs formes creuses aux reliefs complexes. Un fauve. Un rapace. Un crocodile. Un morgal. Un dragon aux ailes déployées. Chacun fait d'un aliage à la couleur différente. De petites traces d'impacte étaient imprimées dans le métal et l'objet cliquetait à chaque mouvement. " Ma mère l'a fait pour moi peu après ma naissance. C'est une des dernières choses qu'elle ait forgé. " Il sourit sans trop savoir ce qu'il était sensé ressentir en cet instant précis. " Tu dois me trouver sentimental. "

Après un instant, Shyn'tae déglutit et finit par secouer légèrement la tête avant de poser la joue sur la cuisse de l'esclave. Une méche blanche glissa sur son visage rêveur. Elghinn l'en écarta doucement, se demandant un instant s'il avait dit quelque chose. Mais il interprêtait sûrement mal sa détente.

- Il est beau... J'aime beaucoup le fauve.
- Vu comme il est mâchonné, je crois que moi aussi.

Il groussa un peu. Elle ferma les yeux un long moment avant de pousser un long soupir à peine audible. "Je ne me souviens pas en avoir eu un comme ca." Tant de questions brulaient ses lévres, un malaise sourd écrasait sa poitrine. C'était dommage, elle n'avait aucune envie de gâcher ce moment, il était bien trop agréable. Et pourtant.

Il fronça les sourcils. Il avait beau tenté de se convaincre qu’il se faisait - comme d’habitude - des idées, elle lui paraissait étrange. Pour tenter de la dérider, il avait remarqué que la plupart des gens étaient heureux qu’on s’intéresse à eux. Lui y compris d’ailleurs. C’est donc avec la plus grande candeur qu’il l’interrogea, la main toujours à quelques centimètres du visage sombre, posée contre le divan.

- Ah bon ? Ils étaient comment les tiens ? “

Son aînée fronça les sourcils, puis tendit la tête pour caresser de sa joue, puis des lévres les doigts joueurs du jeune mâle.
- Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de cette époque. On me les a pris, pensa-t-elle. Mais était-ce vrai, ou seulement la conséquence du temps qui passe ? "Ca ne se passait pas très bien avec ma mère. C'était une prêtresse d'Uriz." C'était un fait que ce fameux temps aurait du rendre indolore. Etonnament ce n'était pas le cas. Elghinn lui semblait surpris. Deception, gâchi, revolte et la sensation persistente du temps perdu. Devrait-elle la revoir ? Que lui dirait-elle ? Peut-être avait-elle rejoint Teiweon et était-ce inutile de se poser la question, à moins que cette dernière reflexion ne soit qu'une façon de ne pas avoir à essayer. "Toi... Tu es proche d'elle?

Une décharge désagréable tendit le dos du jeune homme. Le jouet roula à nouveau sur le tapis sous le divan. Il pensa un instant à se relever et se rhabiller, mais quelque chose de nouveau dans le regard de Shyn'tae le poussa à ne pas tourner le dos tout de suite.

- Ouais. on peut dire ça. " soupira-t-il en se relevant sur les coudes pour voler un baiser à la magicienne avant de s'étendre à nouveau, l'oeil terne. Elle le suivait du regard, regrettant déjà d'avoir parlé. " Avant qu'elle devienne Triumvir je l'étais bien plus. Après il y avait tous ces abrutis et ces menteurs. ça l'a changée. " Il remua un peu la tête, comme pour chasser des pensées indésirables, et sourit à Shyn'tae qui faillit détourner le regard. C'était à son tour de sentir ressurgir un malaise qu'elle avait reussi à chasser pendant si longtemps. "Tu aurais du lui dire. Si tu l'avais fait, tout aurait été peut-être différent." La douleur grandit. Est-ce qu'elle devrait lui dire la verité à lui, faute de l'avoir dit à sa mère ? Etait-ce lâche, ou même utile ? Etait-ce vraiment le moment ? Ses oreilles baissées frémirent, secouées d'un tic nerveux que le cadet ne comprit pas.

"Ce n'est pas la première fois que tu te dis que ce n'est pas le moment."

" Pendant longtemps, nous avons combattu côte à côte. Il n'y avait pas de jouet, de confort ou de hiérarchie. Elle était la seule personne qui comptait... Enfin avec T'Challa, mais ma mère racontait bien mieux les histoires. "

La voix du jeune homme sortit la sorcière de ses ruminations. Elle s'y raccrocha telle une bouée, sa dernière répartie allegeant le poids logé dans sa poitrine.

- J'aime bien T'Challa. Elle est belle, redoutable... A qui cette phrase s'appliquait-elle réellement ? Krish avait semblé à Shyn'tae avoir toujours , et devoir être toujours là, une force sur laquelle compter. Decouvrir ses faiblesses n'avait en rien diminué l'admiration qu'elle avait eu pour elle, au contraire : Quel mérite aurait eu quelqu'un qui en aurait été dénué ? Mais la jeune Eldéenne ne connaissait en réalité presque rien de celle qui se trouvait réellement derrière l'avatar, les sortilèges de cet enfoiré d'architecte et l'image qu'avait forgé le pouvoir. Elle haussa une oreille, sa curiosité piquée. Elle n'avait pourtant aucune envie de risquer briser ce moment.
- Et caline aussi... Mais je veux bien croire qu'elle ne soit pas la plus douée en histoires. Vous imaginer combattre ensemble... La drow tendit le bras pour caresser delicatement le torse du jeune homme. "Ca doit être superbe."

Un éclat de rire passa les lèvres du drow blanc avec toute sa franchise et son innocence habituelle. Elle s'imaginait sans doute une geste épique sans même s'étonner que le corps qu'elle était en train de caresser ne portait pas la moindre marque.

- Maintenant ça le serait, je te l'accorde. On chasse quelques fois avec mère, quand elle a un peu de temps et qu'elle accepte de s'éloigner de son architecte. Elle, moi, T'Challa et un couteau. Franchement, ça a de la gueule même si c'est pour de faux. " Sa main remonta le long du bras qui pendait jusqu'à lui pour caresser distraitement les ruban de cheveux blancs. " Mais quand on se battait vraiment pour survivre, je n'aurais pas été à ton goût, crois moi. tout était différent à l'époque, moi le premier. "

-  Je te crois... Mais... Ses doigts continuaient à dessiner sur la peau du jeune homme, sa jambe caressait la peau chaude mélée à la sienne. Elle frissonna doucement au contact de la main de l'esclave qui effleurait les rondeurs de ses fesses. .. avoue que ca ne peut qu'attiser ma curio...

La porte s'ouvrit soudainement. Shyn'tae comme l'esclave se redressèrent en un instant.

- Felinë! Voici une manière bien originale de te préparer au conseil... " Le prima Char'rath Tael'chath fit son entrée, son regard profondément condescendant posé sur les trois jeunes drows. "Toi. Tu t'apelles Tesh'ka n'est-ce pas? Alors, les compétences de Félinë sont-elles au moins acceptables dans ce domaine ?"
- Sûrement plus que les vôtres, vieil homme. " Elghinn n'avait pas laissé à l'esclave le temps de prononcer un seul son. Relevé sur un coude, exposé sans crainte des regard, il offrait un sourire aussi charmeur que rayonnant à l'intrus. De toute façon, foutu pour foutu, il n'avait plus de raison de baisser la tête.

Le prima releva la tête, l'air étonné. Pour la première depuis peut-être le début du voyage, il sembla vraiment s'interesser à Elghinn. Ce ne fut que lorsqu'il eut terminé qu'il s'adressa au jeune homme d'une voix forte, les deux femelles momentanement oubliées.
- Vous vous aventurez sur un terrain dangereux, jeune novice... Nul ne pourra jamais affirmer que le prima sanguis Char'rath Tael'chat recule devant un défi, même aussi laborieusement amené que celui là."
- Je croyais qu'il fallait préparer le conseil ? murmura avec innocence et incrédulité une Shyn'tae fascinée par la tournure que prenaient les évènements.
- La politique humaine n'est rien devant la fierté d'un prima, Felinë.
- Ouais bah la fierté des primas vaudrait pas grand chose si elle était défendue maintenant. " continua le jeune homme avec cette lueur mordante dans le regard. " On vous a pas attendu. C'est un peu facile d'arriver quand tout le monde est déjà fatigué. "
Tous les regards se tournèrent vers le jeune homme.
- C'est un bon argument, glissa Shyn'tae d'une voix aussi chantante que malicieuse. Le prima sanguis fronça un sourcil en direction de la demoiselle avant toute réplique.
- Je comprends que vous préferiez reculer pour l'instant. Sachez que lorsque vous vous sentirez prêt, je le serai moi aussi. Félinë, es-tu aussi trop fatiguée pour accomplir ton devoir ?

La cible de sa répartie se redressa, s'extrayant ainsi des douces caresses de Tesh'ka. Elle s'étira langoureusement, exposant son dos curvé comme sa taille si fine, puis se releva félinement et ramassa sa robe d'une main.
- Je sais que vous saurez fort bien me garder éveillée... Elghinn, on se retrouve demain pour continuer, d'ici là on essaye tous deux d'en savoir plus ?
- Bien, émissaire.

Et là dessus, la sorcière se franchit le seuil de la porte d'une démarche aussi confiante que chaloupée, du haut de ses talons, la robe à la main, suivie par le regard des plus interessés du prima. U²ne fois les deux importants personnages disparus, Elghinn se laissa glisser à nouveau sur le tapis. Un long moment de silence s'étira avant que sa voix assoupie ne s'élève à nouveau.

- Tesh'ka ?
- Oui, Maître ?
- Tu sais faire les massages ?
- Je ne suis pas une experte, mais je peux délasser les muscles fatigués.
- Tu peux t'occuper de mes jambes, je crois que j'arriverai plus jamais à me lever. " Des bruissement de tissus et quelques ombres à la périphérie de sa vision lui apprirent que l'esclave se levait doucement. Elle se mit au travail sans une hésitation. " Après on ira inspecter les appartements de Wik. Et ce soir, je te veux dans ma chambre. " termina-t-il dans un soupir de contentement.
- Bien, Maître. "