La comédie en coulisses (Shyn)

8ieme enneade de Verimios,
L'arène des sablons.

après La comédie Vaani


Après l'entraînement, X'Andarin s'était dirigé au vestiaires sans parler à personne, gardant le même caractère peau de vache qu'aux jeux. Par contre, Il y avait une chose, a laquelle il avait développé un penchant certain lors de son séjour hivernal en Péninsule. L'eau chaude et la vapeur... Aussi s'était t'il sans vergogne approprié d'office le sauna le temps de faire ses exercices de refroidissement. C'est qu'on se les caillait encore et il n'avait déjà pas beaucoup de temps pour tout organiser avant son redépart en Péninsule.

Il avait tant à faire. A prévoir. Et l'alchimiste qui ne lui avait pas encore livré son matos, et les frères de Lyrah qui faisaient royalement chier. Et les gamins du Gerboir, eux, au moins, ne le décevaient pas. Des purs produits des rues Vaanies, débrouillards et rapide à la détente.  Que Shyn'Tae vinsse le voir ne l'étonnait pas du tout. Le contraire eût été plus étonnant.

- Toc toc toc. Elle avait glissé la tête par l'embrasure de la porte, et aussitôt, sans attendre de réponse, elle s'était glissée dans la salle d'eau, la démarche aussi féline que son sourire. Eveil pendait à son coté. D'un geste souple, elle referma la porte derrière elle.

Qu'elle ferme la porte derrière elle ne lui fit que lever un sourcil, pendant qu'il travaillait ses muscles d'épaules sans se soucier, pour le moment, de sa nudité. Qu'est ce qu'elle lui voulait bordel?

Shyn'tae soupira. Sorcière, gladiatrice, esclave, diplomate, négociante en tissus et maintenant actrice. Heureusement que personne ne s'attendait à ce qu'elle soit la révélation dramatique de l'année. C'était une véritable mascarade, la drow avait beau jouer les bravaches, elle se demandait ce qu'elle faisait ici. Il suffisait de faire semblant, se répéta-t-elle une fois de plus et peut-être ferait-elle quelque chose de potable. D'autres y arrivaient bien, ce qui signifiait qu'elle pouvait essayer. La drow adorait essayer.

Et voilà que Dante s'était pointé au milieu de ce projet absurde. Savait-il que Cécilie logeait avec elle ? Savait-il que son père était en vadrouille à Thaar avec deux félins à pointe et une douzaine de gardes d'élite pour on ne savait quelle raison? Savait-il qu'il était un âne ?

Tant de questions, si peu de réponses.


- Un peu d'intimité. se contenta-t-elle de chantonner d'un ton joueur. Les autres croiraient peut-être des choses, elle n'en avait cure. Les prunelles dépareillées se plissèrent de méfiance.

- Non.Fut sa seule réponse à la demande d'intimité de la sombre.
- Trop tard, la porte est déjà close. La drow se débarrassa de sa robe pour s'asseoir de l'autre coté de la pièce, occupant tout le banc dans le sens de la longueur. Elle avait gardé son fourreau à la main. Une fois installée, elle poussa un profond soupir de contentement et s'allongea, une jambe repliée. Son regard carmin était posé, curieux, sur l'humain et elle ne prononça d'abord pas un mot.

Dante avait toujours détesté se faire regarder comme une pièce de viande, comme elle en ce moment. Elle avait aussi son épée  dans la main. Ca sentait l'entourloupe.

- qu'est-ce que tu veux?.demanda t'il sèchement
- Je me demandais pourquoi tu étais ici ? C'est Diolanda qui est venu te chercher ?
La drow s'était détendue sur le banc, son bras pendu par la gravité tenait la lame dont l'extrémité s'était reposée  sur le sol de bois. La nonchalance de la sombre aurait pu faire croire qu'elle était inoffensive. Il ne la surnommait pas petit chat pour rien, plus elle était détendue en cet instant précis, plus il était méfiant même s'il ne le montrait pas, ils se connaissaient trop l'un l'autre.

-qu'est-ce que tu me veux?. Répéta l'humain d'une voix de plus en plus neutre tandis qu'il allait chercher une serviette pour se couvrir le cul. Il n'avait pas cherché à la voir pour une bonne raison, elle pourrait sérieusement nuire ses projets sans le vouloir. En ce moment, elle était curieuse et avait la possibilité de tout faire foirer. Ce qu'ils faisaient de leur peau ne concernaient personne... Per.son.ne! Il y eut un petit silence alors qu'elle le suivait des yeux. Son corps aux si nombreuses cicatrices entièrement exposé ne cachait rien à la femelle.

- Je pourrais retourner la question. C'est vraiment un hasard? Tu ne savais pas que je me trouvais ici avant de te faire recruter par Diolanda ?.

Diolanda... Non mais faites le rire. Ce n'était pas lui qui allait lui dire comment prononcer le nom d'un autre. Il se couvrit le corp par réflexe, cachant la marque au fer rouge d'esclave de Zhak'Bar sur sa cuisse, avant d'aggripper une autre serviette pour se couvrir le torse, y dissimulant discrètement son karambit au passage. Ne faire totalement confiance à personne, ce jeu du chat et de la souris l'indifférait totalement...Une fois couvert, il s'installa sur la banquette  à l'exact opposé de la pièce, la vapeur dissimulant à moitié la sombre et sa nudité. Il rajouta de l'eau sur les braises. Il ne retraiterait pas, ca lui ferait trop plaisir

-Ce monde merdique tourne pas autour de ta personne... C'était un coup nous deux, ca se reproduira pas. Trouve toi un autre étalon. Oh et si tu pouvais fermer ta gueule aussi... Je me repose et j'ai rien à te dire.

L'homme se retient de rouler des yeux. C'est que la sombre a une petite tendance a toujours penser que Cécilie est la cause de toutes ses conneries et plans extravagants, a t'il l'impression.  Bon, si ca peut lui faire plaisir, même si en ce cas précis, elle est particulièrement dans le champ. Et même si l'un dans l'autre n'ont aucuns liens, cette diversion est prise au vol par l'humain qui regarde le sol, faussement sombre, la Bête souriant dans les profondeurs de son âme.

color=cyan] -Rien. Shyn'Tae Va'Enre... Pourquoi tu viens me faire chier avec ca quand je travaille? Tu te prends pour la conseillère conjugale? C'est quoi ta prochaine étape?[/color] Il relève des yeux verts forêt et de terre riche vers la sombre. Aller chouiner dans ses jupes pour qu'elle vienne me punir? Tu peux juste pas te mêler de tes affaires des fois? Si t'étais pas venue foutre la merde. On serait bien.

Un silence évocateur se fait entendre quelques instants dans la petite pièce brûlante. Les oreilles pointues de la fine noiraude se sont tendues, son index toujours posé sur ses lèvres charnues qu'un petit sourire orne.

- Comment tu fais pour être... Elle se taitt un instant de plus, une colère aussi soudaine qu'insoutenable s'est emparée d'elle. Elle l'aurait plutôt bien cachée si ses oreilles n'avaient pas fait des leurs. Pour Shyn'Tae, il est probable que l'humain se joue d'elle, mais... quelle différence ? Attentif, connaissant les expressions auditives de la drow, il tient son terrain. Manifestement, elle ne le connait peut-être pas aussi bien qu'elle le croyait. Les prunelles foncissent encore un peu.

-Erren...

Sur le sol de bois est posé une brosse, sur laquelle le bout du pied gracieux de la noirelfe s'est posé il y a quelques minutes déjà. Son gros orteil s'y appuit un peu plus fort un instant, avant de le soulever et de délicatement passer dessous. L'air de rien elle ne le quitte pas des yeux et, l'air de rien, la réciproque est vraie.

Soudain, propulsé d'un coup de pied. L'objet bondit vers l'homme. Il mérite de prendre pour tous les autres. Son espoir est cependant déçu, la grande main aux doigts agiles attrappant le projectile en plein vol avant qu'il, avec toujours ce sourire fendant, ne commence à se brosser le bras avec l'instrument, chaque poil étant comme un fil de fer sur sa peau. Il faut quand même se frotter un peu, sinon, le sauna ca sert à rien. La voix grave s'élève dans l'air humide d'un ton provocateur. Le but est simple. Pendant qu'elle est en colère, elle ne penserait pas à poser de questions. Elle comprendra peut-être quand son plan sera complété. S'il ne crève pas avant.  

Allons petit chat. La vérité blesse? Tu te sens frustrée? Alors vas-y!  
- Vas-y quoi ? Shyn'tae se penche souplement en avant. "Rien de nouveau. Je l'ai déjà dit, la seule chose à laquelle ta bouche est bonne apparement, c'est à embrasser Irulan. Pour le reste, il faudrait mieux la fermer." Agitant l'index, elle ne semble pas prêtre à faire cesser sa loghorrée verbale. "Tant de certitudes assénées en permanence alors que tu ne sais rien. Avec des grands mots bien sûr. Tu veux sa liberté, mais en même temps il faut qu'elle soit celle que tu imagines. Tu parles comme si je vous avais séparés... J'ai du mal à te croire assez stupide pour y croire. Tu te sens capable de lui faire confiance plutôt? Je ne sais pas ce qui t'es arrivé, et je m'en tape, mais tu vois, ton pire ennemi, c'est dans un miroir que tu pourras le trouver.

Il se relève, de toute sa superbe, les prunelles ne changeant pas d'éclat. Elle a raison et tellement tort à la fois. Ca ne l'irrite même pas en fait. Elle ne peut pas savoir. Il sait déjà tout ce qu'elle lui assène de cet air convaincu, elle ne lui apprend rien de nouveau.

Ils doivent avoir l'air brillant ainsi dans la pièce à la chaleur étouffante. Elle, flambant nue et s'en foutant. Lui, les serviettes disséminées sur son corp et sa brosse toujours à la main lui enlevant de sa prestance, il a l'air d'un roi des chiottes. Cette idée renforce étrangement son sourire moqueur. Comment peut t'on avoir l'air crédible en serviettes, armé d'une brosse ou toute nue?

Etrangement, il ne ressent aucun plaisir à devoir faire fâcher. Ce n'est pas ce qu'il souhaite, mais c'est ce qu'il doit faire. Il aimerait bien mieux en discuter autour d'un ragoût. Lui demander ce qu'elle a vécu et comment, lui dire ce qu'il compte accomplir en agissant apparemment comme un pur imbécile. mais il ne peut pas lui dire. Quand même, il s'aperçoit qu'il n'a aucune envie d'ailleurs de créer de la peine chez la drow, ni de la colère. Il la préfère nettement souriante et rieuse. Ca le distrait.