Nombre de messages : 261 Âge : 34 Date d'inscription : 21/08/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 30 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
Sujet: Zofia Marger [terminée] Dim 23 Aoû 2020 - 20:04
Possessions & Equipements : Une armure que l'Ordre Hospitalier lui a payé, une épée et une dague offertes par son oncle. Elle possède aussi une jument, Crin blanc, qu’elle chérit beaucoup.
Apparence :
Taille :1m70
Couleur des yeux :Noisette
Les deux choses qui détonent lorsque les gens croisent Zofia dans une foule de péninsulaire du Sud sont sans nul doute sa grande taille et sa carrure, lègues physionomiques de ses arrière-grands-parents qui trahissent des origines nordiques. Pourtant, lorsqu’elle s’adresse à vous de sa voix douce malgré son physique imposant, son accent est bel bien celui du Sud. En effet, Zofia est née et a grandi dans la cité de Chiard. Le très léger bronzage de sa peau témoigne de son métier à voyager et procurer des soins et de son adolescence passée à aider son père à conclure des échanges commerciaux au port de la ville. Bien sûr, vu ses origines, la guérisseuse restera tout de même bien pâle comparativement à certains. Il arrive à Zofia de tresser sa chevelure brune, particulièrement avant une mission avec l’Ordre ou un évènement nécessitant une tenue élégante, mais jamais vous ne la verrez arborer des bijoux ou des habits flamboyants. Le seul bijou que vous pourriez voir briller à son cou est une amulette de Sainte Aliénor, lègue précieux de sa mère guérisseuse et prêtresse de Néera elle aussi. Malgré ses balafres au visage, résultat d’un combat violent qu’elle préfère taire, Zofia possède cette douceur et compassion dans les yeux qui la rendent invitante, une étrange combinaison qui peut en surprendre plusieurs vu sa capacité à manier l’épée.
Personnalité :
Bâtit physiquement pour défendre, les coups d’épée de Zofia peuvent être redoutables et pourtant, sous cette armure se cache un cœur d’une grande bonté. C’est sans nul doute ce combat intérieur entre son talent pour le maniement des armes et son don de guérison qui l’a poussé à rejoindre, il y a de cela quelques années, les rangs de l’Ordre Hospitalier de Sainte Aliénor. En effet, grâce à l’enseignement de sa mère guérisseuse et prêtresse de Néera elle aussi, Zofia sait user de magie vitaliste. Malgré ses connaissances en combat et l’usage destructeur qu’elle aurait pu choisir d’employer avec sa magie, sa mère lui a aussi enseigné l’importance de la compassion et c’est pourquoi Zofia n’a jamais usé de sa magie pour blesser, mais plutôt pour guérir, une qualité tout aussi utile. Il est très rare de l’entendre hurler de colère, mais n’hésite jamais à user de tact et de patience pour trouver un compromis, un talent développé grâce à ses années au port à marchander avec son père et ses clients. Si Zofia possède cette douceur et cet air posé qui lui ait particulier, elle n’en reste pas moins capable de se faire entendre par ses pairs lorsqu’il le faut. En effet, la discipline et l’ordre lui importent beaucoup. De plus, bien qu’elle n’émane pas une nature agressive, elle sait être ferme. En tant que femme sachant manier l’épée et portant l’armure, Zofia a goûté de nombreuses fois à de mauvais traitements, spécialement de la part de la gent masculine. Sa cicatrice au visage en est la preuve. Malgré ce traumatisme encore douloureux, la résilience de la guérisseuse lui a permis de ne pas baisser les bras et de continuer à procurer des soins et défendre les missionnaires. En effet, s’il y a bien une chose qu’elle a aussi apprise au sein de sa carrière en tant que femme portant l’armure, c’est bien de ne pas perdre son temps à répliquer à toutes les remarques grossières qu’on peut lui faire et à se concentrer plutôt à prouver sa valeur aux bonnes personnes. En effet, la prêtresse prend sa fonction au sérieux et déteste perdre du temps. C’est probablement cette passion et ce dévouement qui lui ont permis de répandre son nom. Toutefois, on reproche souvent à la guérisseuse d’être un peu trop idéaliste et c’est peut-être parce qu’elle n’hésite jamais à tendre la main aux plus démunis que l’Ordre Hospitalier de Sainte Aliénor a allumé une flamme en elle. Jusqu’à maintenant, Zofia s’en ait toujours tiré sans coups de poignard dans le dos malgré sa confiance parfois trop aveugle envers les autres.
Capacités magiques :
Le focalisateur de magie de Zofia est cette amulette de Sainte Aliénor donnée par sa mère. Lorsqu’elle doit guérir, c’est dans cet objet qu’elle focus toute son énergie pour soigner les blessés. Il suffit qu’elle se concentre, pose son amulette sur la blessure en question et les plaies ouvertes ou les os cassées se répareront. Plus la blessure est complexe, plus cela demandera de l’énergie et du temps à Zofia. C’est pourquoi la guérisseuse doit malheureusement faire un trie lorsqu’elle se retrouve dans une situation où les blessés sont trop nombreux pour ses capacités et celles de tout autre guérisseurs. Si Zofia est plutôt douée pour réparer les tissus, arrêter des hémorragies et rafistoler des os éclatés, elle a des lacunes pour tout ce qui touche à la guérison des maladies. Elle peut y parvenir, mais ce n’est pas sa spécialité. Pour parer cela, sa mère lui a plutôt enseignée à mélanger des herbes et des huiles pour atténuer la souffrance d’un malade. Zofia trimballe d’ailleurs avec elle un petit herbier et des notes de sa mère ainsi que les siennes qu’elle consulte souvent lorsqu’elle traite une maladie.
Histoire
Perdue dans ses pensées, la jeune fille joue avec le nouveau cadeau de sa mère. Chaque fois que ses doigts frôlent l’amulette, un sourire se dessine sur ses lèvres et Zofia ne peut s’empêcher de se rappeler les heures passées avec sa mentore à panser des blessures et à errer en forêt, en quête de plantes médicinales. En lui tendant l’amulette de Sainte Aliénor, elle lui avait soufflé que sa petite fleur n’est plus une enfant, mais une adulte, fin prête à expérimenter avec sa propre magie vitaliste. Elle lui a aussi demandé de ne pas oublier de toujours prier Sainte Aliénor, car c'est grâce à elle et à leurs prières que toute la famille a été sauvée de l'obscurité du Voile. Et qu'avec la nouvelle Lune, le futur reste trop incertain pour ne pas demander protection. Si sentir l’icône religieuse sous ses doigts lui procure de la joie, Zofia ne peut s’empêcher de se rappeler cette lueur de tristesse et de regret dans les yeux de sa mère lorsqu’elle lui avait tendu son présent. Sa fille s’était empressée de lui annoncer qu’elle ne comptait tout de même pas mettre fin à ses séances avec elle et que même le guérisseur le plus aguerri se devait de rafraîchir ses connaissances. Cette réplique avait arraché un léger sourire à sa mère. Et puis, son père s’était empressé de lui rappeler que le premier devoir d’une jeune fille nouvellement adulte est de marier un homme respectable. Ses doigts se serrent sur son amulette; la dernière chose que Zofia souhaite est de décevoir son paternel. Pourtant, son cœur se tord dès qu’elle s’imagine enchaînée à cette vie qu’il semble déjà lui avoir tracée. Zofia n’est pas dupe. Elle sait très bien quel homme respectable son père a en tête et comment cette union serait un bénéfice pour ses affaires.
-Tu penses encore à Dacien, c’est ça?
Une main lui tapote la joue et Zofia s’empresse de la repousser. Elle darde un regard agacé dans celui de son frère aîné qui arbore un grand rictus amusé. Oui, en quelque sorte, mais ce n’est pas exactement ce que Rainier croit. Dacien Beron est le fils d’un riche marchand et cet excellent parti dont Zofia soupçonne son père de vouloir la marier. Elle soupire et son visage s’adoucit :
-Oui, mais...Je ne sais pas Rainier. C’est compliqué. Je ne veux pas décevoir père et j’ai confiance en lui. L’idée de quitter Chiard pour une nouvelle vie ne déplaît pas non plus. Seulement, qui soignera les blessures de mon bagarreur de frère si je deviens Madame Beron? réplique-t-elle en lui ébouriffant les cheveux.
L’éclat de rire de Rainier explose dans les rues de la ville.
-Rappel-toi que mère est en partie responsable de tes talents de guérisseuse alors je resterai entre de bonnes mains.
Zofia secoue la tête, un brin agacée par son aîné, mais incapable de ne pas sourire à sa réplique.
-Bon allez. Il est tard et il faut rentrer. Nous devrions passer par notre raccourcie, dit-elle en pressant le pas. -Pour ma part, je ferais bien un arrêt à la taverne. Nous avons travaillé dur, tu sais. Toute cette marchandise à compter et expédier avec père. -Ah oui j’aurais dû savoir qu’utiliser ta tête te demanderait autant d’effort. -Tu vois, c’est exactement parce que je me fais malmener par ma petite sœur que j’ai besoin d’une pinte. Je dois noyer ma douleur.
Zofia n’a pas le temps de répliquer qu’elle remarque une ombre surgir au bout de la ruelle et s’écrouler, plein nez, sur le parvis. Elle s’avance, mais son frère la retient d’emblée.
-Attends, qui sait ce qui s’est passé. C’est peut-être dangereux. -Dangereux ou pas, cette personne est peut-être blessée. Et puis, j’ai mon frère aîné pour me défendre.
Évidemment, elle blague puisque leur jeu d'épée avec leur oncle ont démontré qu'elle peut très bien s'en sortir. Elle se défait de l’étreinte de Rainier pour se poster près du corps visiblement masculin et armé. Malgré la lumière parcimonieuse, elle remarque le type d’armure, qu’elle a déjà vu sur les soldats de métier de Missède qui pullulent au port. Un filet marron s’échappe sur le sol et Zofia comprend qu’elle doit agir vite. Elle n’attend pas et retourne l’individu sur le dos. Après un soupire et un doux « adieu à mon ambrée », son frère décide de l’aider. L’homme pousse un grognement et Zofia le rassure, tout en balayant son corps du regard, en quête d’une blessure; une auréole rougeâtre se forme sur son épaule, tout près de la faiblesse de son armure. On semble aussi l’avoir roué de coups au visage. Nerveuse sans sa mère pour la guider, sa main se porte naturellement à son amulette, tandis que l’autre appuie sur la plaie pour calmer l’hémorragie. Il faut faire vite. Elle canalise son énergie avec une prière, d’un ton plus ou moins assuré. Elle sent sa magie vitaliste envelopper sa main et bientôt, le souffle du blessé se stabilise. Il pousse un faible merci tout en scrutant une Zofia encore sous le choc d’avoir réussi sans sa mentore près d’elle.
-Vous m’avez sauvé. J’ai bien cru que la dague bien placée d’un de ces truands allait m’achever. Je vous aurai donné des pièces, mais ces voleurs m’ont arraché ma bourse. Si j’étais vous, je retournerais vite chez vous. Ces forbans rôdent encore et ils sont dangereux. -N’ayez crainte pour nous, Monsieur, dit Rainier. Ma sœur s’est occupée de votre blessure, mais je doute que vous puissiez vous rendre jusqu’à votre baraque. Laissez-nous vous aider.
Le soldat finit par tendre la main et son frère s’empresse de l’empoigner pour qu’il puisse se relever. Zofia regarde son amulette avec un sentiment de fierté et de joie qu’elle n’a jusque là jamais ressenti. Tout sourire aux lèvres, elle remercie Aliénor et aide son frère et l’homme à se diriger vers les baraques.
***
-Aidez-moi! J’ai mal!
Zofia ne compte plus les gémissements ni les crie de douleurs des malades perçant ses oreilles. La maladie et la famine font rage depuis des mois en Missède, alimentant ainsi les attaques et pillages dans les villages. Mais bien que la guérisseuse sent ses forces lui manquer de plus en plus vu les rations maintenant coupées, elle refuse d’abandonner les malades et les blessés. Si elle a offert ses services à l’Ordre, c’est pour sauver des vies. Un foulard couvrant son nez et sa bouche, elle sillonne donc d’un pas rapide les rangées de dépouilles et de malades jusqu’aux plaintes de l’homme en détresse. Victime d’un raid de brigands, ce village a besoin des missionnaires de l’Ordre. Lorsque la guérisseuse s’accroupit près du jeune homme, sa mâchoire se serre; pas plus de 16 ans et le teint trop pâle, le jeune tient ses tripes d’une main tandis que l’autre s’agrippe à la manche de la guérisseuse. Il plante un regard suppliant dans celui de Zofia, qui sait déjà qu’il est trop tard. Elle baisse son foulard et lui sourit doucement. Elle murmure ensuite une prière à Sainte Aliénor pour qu’il quitte ce monde en paix. Lorsqu’il pousse son dernier souffle, elle frôle ses yeux de ses doigts pour les fermer. À contrecœur, Zofia fait signe à deux hommes s’occupant de charger les cadavres dans une charrette pour qu’il puisse faire de même pour le nouveau mort. Sans plus attendre, elle se relève et passe au prochain blessé. Elle connaît la routine et comprends que ce genre de sacrifice doit être fait. Elle aurait certes eu les capacités pour sauver ce jeune homme, mais sa magie n’est pas infinie et la gravité de sa plaie ne lui permettait pas.
Des jours s’écoulent et les neuf missionnaires de l’Ordre Hospitalier parviennent à stabiliser la situation au village, une nouvelle victoire qui redonne un peu d’énergie à la guérisseuse pour continuer. Malgré les greniers presque vides de nourritures, le petit seigneur du village tient absolument à les remercier avec une maigre part de leur réserve, que les missionnaires ne peuvent malheureusement se permettre de refuser vu la situation. Ils ont une mission à honorer. Les provisions refaites et sa jument sellée, Zofia et ses pairs reprennent leur pèlerinage.
Après une longue chevauchée d’une journée, ils décident de faire campement pour la nuit et de se reposer. Sauf Zofia, qui refuse de dormir plus de trois heures et préfère monter la garde en cas d’attaque. Si au début son épée a surpris et mis mal à l’aise ses comparses de voyage, ils ont vite remercié les talents d’armes de Zofia lorsqu’elle les a défendus contre les brigands et les créatures parsemant les routes et forêts de la péninsule.
Des heures s’égrainent et un craquement dans les bois supplante soudainement le bruit de l’aube, la réveillant en sursaut. Non! Elle s’est assoupie! Zofia porte instantanément la main au pommeau de son épée, prête à attaquer. Des voix et des hennissements qui se rapprochent dangereusement lui parviennent en écho et Zofia s’empresse d’éteindre le feu maintenant bas. Des brigands? Possible. La guérisseuse sent la peur lui étreigner la gorge dès qu’elle aperçoit les silhouettes au loin ; ils lui semblent plus nombreux et bien armés, un combat qu’elle ne peut s’assurer de gagner. Zofia craint alors que ce soit plutôt des déserteurs, quelque chose qui peut être bien pire qu’une bête ou de la canaille. Elle réveille aussitôt ses compagnons pour qu’ils sellent leur monture et déguerpissent pendant qu’ils le peuvent encore. Elle s’assure de laisser les autres missionnaires à l’avant et fermant la marche, elle pousse à son tour son cheval au galop.
***
Assise à la fenêtre d’une auberge, Zofia fixe l’extérieur, l’air absent et les traits tirés. Elle ignore depuis combien de jours elle est restée au lit. Trois? Peut-être sept? Un brouillard trop épais à percer lui enveloppe la tête depuis l’attaque et tout ce qu’elle parvient à faire, c’est de survivre.
-M’dame Marger. Je vous ai apporté une soupe. Vous devriez manger. Il faut aussi que je change vos bandages au visage et celui à votre épaule.
Des huit autres missionnaires qu’elle, Célestin est le seul survivant. Terré dans un buisson, le jeune herbaliste s’est épargné les coups d’épée brutaux et la violence des déserteurs qui les ont rattrapés. Il est le seul qui a pu sauver la guérisseuse lorsque les derniers sont partis avec tout ce qu’ils avaient, la laissant pour morte. Zofia a tenté de défendre ses pairs et elle-même. Par la parole en premier en tentant d’expliquer leur mission et ensuite, par son arme. « N’expose jamais le dos. C’est une faiblesse » et « Ne quitte jamais le tranchant et la poigne de l’épée de ton ennemie des yeux », tous deux des conseils que son oncle lui a bien ancrés en tête lorsqu’ils s’exerçaient à la lame. Et pourtant, malgré tout, elle a échoué. Elle a échoué dès que l’épée d’un déserteur a enlevé la vie du septième missionnaire et que deux d’entre eux ont ensuite plaqué la guérisseuse déjà blessée au sol pour lui graver le visage à tout jamais. Ils auraient pu faire bien pires, mais Célestin s’est armé de courage et a planté une dague dans la gorge des deux individus sur elle. Après un éclat de rire, les autres déserteurs ont décidé que c’était assez et se sont éclipsés avec tout ce qu’ils pouvaient.
Elle s’extirpe de sa contemplation un instant pour regarder la soupe. Elle n’a pas faim, mais elle sait qu’elle doit se nourrir pour retrouver ses forces. Pendant qu’elle plonge la cuillère dans le bol et qu’elle la porte à sa bouche, elle entend Célestin écraser des herbes avec un mortier.
On frappe à la porte, faisant sursauter Zofia qui échappe presque sa soupe sur le plancher. L’herbaliste pose une main sur son épaule et une voix que la guérisseuse reconnaît d’emblée malgré les années retentit derrière la porte en bois :
-Zofia, c’est moi. Laisse-moi entrer.
Un étau serre le ventre de la guérisseuse; elle n’a pas envie que son oncle la voie dans cet état et encore moins qu’il alerte le reste de la famille. Pourtant, elle souffle :
-Célestin, ouvre-lui s’il te plaît.
Son besoin criant de voir un visage familier est plus fort. Ça ne l’empêche pas de détourner la tête dès que la porte s’ouvre, cachant le plus possible sa blessure à la joue gauche.
-Laissez-nous, je vous prie, jeune homme.
Le ton autoritaire de son oncle la fait sourire un peu et des larmes roulent sur ses joues. Allez, elle doit se ressaisir. Elle renifle et essuie ses yeux, pendant qu’elle entend l’herbaliste fermer la porte derrière lui. Du coin de l’œil, elle voit Thomas s’asseoir sur le lit en face d’elle. Elle n’ose pas se retourner, plutôt émotive et détestant le laisser transparaître devant son mentor.
-Allons, c’est comme ça que tu salue ton vieil oncle?
Zofia ne peut s’empêcher alors de le fixer et un déluge s’écoule de ses yeux sans qu’elle ne puisse le retenir plus longtemps. Son oncle s’empresse de la prendre dans ses bras. Il a beau être de nature stricte et froide, d’aussi loin qu’elle se rappelle, Sergent Thomas Marger a toujours été d’une douceur exemplaire avec sa nièce. Zofia s’excuse et son oncle lui tapote le dos en secouant la tête :
-Tu n’as pas à t’excuser ma petite. Ce sont ces sales déserteurs qui s’excuseront en braillant comme des veaux si je les retrouve et que je les embroche.
Zofia sourit à travers ses larmes.
-Pendant que tu combattais une fièvre, ton ami l’herbaliste a envoyé à ton Ordre une missive expliquant ce qui s’est passé. J’ai eu ensuite la chance de rencontrer la haute prêtresse de Sainte Aliénor, qui a eu vent de tes exploits avec l’Ordre Hospitalier. -Mes exploits? Les sept autres missionnaires qui m’accompagnaient sont morts parce que je n’ai pas pu les défendre, souffle-t-elle.
Son oncle se décolle et plante son regard dans celui de Zofia, l’air sérieux :
-Zofia, si je devais m’en vouloir pour tous les hommes que j’ai menés sur les champs de bataille et qui ont péri sous une lame ennemie, je serais bien misérable. L’herbaliste a déjà dit à vos supérieurs que tu as sauvé tes compagnons à maintes reprises auparavant. Et ça ne compte pas pour rien!
Il détache alors une bourse à sa ceinture pour prendre la main de Zofia entre les siennes et la refermer sur les pièces.
-L’Ordre Hospitalier de Saint Aliénor m’a bien fait savoir que cet argent qu’ils te donnent servira a t’acheter une bonne armure. Sous les bons conseils de ton ancien mentor, bien sûr, lance-t-il avec un clin d’œil. J’ai aussi la tâche de parfaire ton entraînement pendant que tu te rétablis. Tu pourras ensuite retourner procurer tes soins et défendre les autres missionnaires.
Encore sonnée et baignant dans l’incompréhension, la guérisseuse fixe la bourse. Son oncle lui sert l’épaule.
-Ils ont besoin de moi alors, dit-elle. -Bien sûr qu’ils ont besoin de toi! Allez, maintenant mange. Ton plat est sûrement froid et tu dois reprendre des forces. Nous avons un peu de routes à faire jusqu’à Chiard. -Jusqu’à Chiard? -Jusqu’à Chiard oui. Je suis certain que ta mère et ton frère veulent te voir. Et je refuse de laisser ma nièce se languir dans cette auberge.
Zofia n’ose pas demander pour son père. Combien d’années n’avait-elle pas mis les pieds dans la demeure des Marger? Sa mémoire lui fait défaut. Tout ce dont elle se souvient c’est de la douleur qui lui a piqué le cœur lorsque la déception et la colère s’étaient peintes sur le visage de son père dès qu’elle lui avait annoncé qu’elle souhaitait guérir plutôt que de se marier. Elle peut encore sentir les poignards dans ses yeux lui transpercer l’être, comme si c’était hier. Et Rainier? Elle espère que cette camaraderie qui les rend si proches ne s’est pas dissipée avec les années. Les lèvres de Zofia se redressent d’un sourire à l’idée de serrer à nouveau sa mère dans ses bras. Avec un regain d’énergie, elle mange avec plus d’appétit.
-Ah! Revoilà la Zofia que j’ai toujours connue. Une boule d’énergie! Je vais chercher l’herbaliste pour qu’il s’occupe de tes blessures, dit-il en planquant un baiser sur le front de la guérisseuse.
HRP:
Dernière édition par Zofia Marger le Sam 10 Avr 2021 - 15:02, édité 14 fois
Zofia Marger
Humain
Nombre de messages : 261 Âge : 34 Date d'inscription : 21/08/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 30 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
Emballé, c'est pesé ! Une femme forte nous rejoint ce soir !
Code:
[Métier] : Guérisseuse au sein de l’Ordre Hospitalier de Sainte Aliénor
[Sexe] : Féminin
[Classe d'arme] : Corps à corps / Magie
[Alignement] : Loyal Bon
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
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T'sisra en bikini :
Aegden Orian
Ancien
Nombre de messages : 1252 Âge : 6 Date d'inscription : 17/08/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 410 ans Taille : 2m Niveau Magique : Non-Initié.
Possessions & Equipements : Une armure que l'Ordre Hospitalier lui a payé, une épée et une dague offertes par son oncle. Elle possède aussi une jument, Crin blanc, qu’elle chérit beaucoup.
Apparence :
Taille :1m70
Couleur des yeux :Noisette
Les deux choses qui détonent lorsque les gens croisent Zophia dans une foule de péninsulaire du Sud sont sans nul doute sa grande taille et sa carrure, lègues physionomiques de ses arrière-grands-parents qui trahissent des origines nordiques. Pourtant, lorsqu’elle s’adresse à vous de sa voix douce malgré son physique imposant, son accent est bel bien celui du Sud. En effet, Zophia est née et a grandi dans la cité de Chiard. Le très léger bronzage de sa peau témoigne de son métier à voyager et procurer des soins et de son adolescence passée à aider son père à conclure des échanges commerciaux au port de la ville. Bien sûr, vu ses origines, la guérisseuse restera tout de même bien pâle comparativement à certains. Il arrive à Zophia de tresser sa chevelure brune, particulièrement avant une mission avec l’Ordre ou un évènement nécessitant une tenue élégante, mais jamais vous ne la verrez arborer des bijoux ou des habits flamboyants. Le seul bijou que vous pourriez voir briller à son cou est une amulette de Sainte Aliénor, lègue précieux de sa mère guérisseuse. Malgré ses balafres au visage, résultat d’un combat violent qu’elle préfère taire, Zophia possède cette douceur et compassion dans les yeux qui la rendent invitante, une étrange combinaison qui peut en surprendre plusieurs vu sa capacité à manier l’épée.
Personnalité :
Bâtit physiquement pour défendre, les coups d’épée de Zophia peuvent être redoutables et pourtant, sous cette armure se cache un cœur d’une grande bonté. C’est sans nul doute ce combat intérieur entre violence et guérison qui l’a poussé à rejoindre il a de cela quelques années les rangs de l’Ordre Hospitalier de Sainte Aliénor. En effet, grâce à l’enseignement de sa mère mage, Zophia sait user de magie vitaliste. Malgré ses connaissances en combat et l’usage destructeur qu’elle aurait pu choisir d’employer avec sa magie, sa mère lui a aussi enseigné l’importance de la compassion et c’est pourquoi Zophia n’a jamais usé de sa magie pour blesser, mais plutôt pour guérir, une qualité tout aussi utile. Il est très rare de l’entendre hurler de colère, mais n’hésite jamais à user de tact et de patience pour trouver un compromis, un talent développé grâce à ses années au port à marchander avec son père et ses clients. Si Zophia possède cette douceur et cet air posé qui lui ait particulier, elle n’en reste pas moins capable de se faire entendre par ses pairs lorsqu’il le faut. En effet, la discipline et l’ordre lui importent beaucoup. De plus, bien qu’elle n’émane pas une nature agressive, elle sait être ferme. En tant que femme sachant manier l’épée et portant l’armure, Zofia a goûté de nombreuses fois à de mauvais traitements, spécialement de la part de la gent masculine. Sa cicatrice au visage en est la preuve. Malgré ce traumatisme encore douloureux, la résilience de la guérisseuse lui a permis de ne pas baisser les bras et de continuer à procurer des soins et défendre les missionnaires. En effet, s’il y a bien une chose qu’elle a aussi apprise au sein de sa carrière en tant que femme portant l’armure, c’est bien de ne pas perdre son temps à répliquer à toutes les remarques grossières qu’on peut lui faire et à se concentrer plutôt à prouver sa valeur aux bonnes personnes. En effet, Zophia prend sa fonction au sérieux et déteste perdre du temps. C’est probablement cette passion et ce dévouement qui lui ont permis de répandre son nom. Toutefois, on reproche souvent à la guérisseuse d’être un peu trop idéaliste et c’est peut-être parce qu’elle n’hésite jamais à tendre la main aux plus démunis que l’Ordre Hospitalier de Sainte Aliénor a allumé une flamme en elle. Jusqu’à maintenant, Zophia s’en ait toujours tiré sans coups de poignard dans le dos malgré sa confiance parfois trop aveugle envers les autres.
Capacités magiques :
Le focalisateur de magie de Zofia est cette amulette de Sainte Aliénor donnée par sa mère. Lorsqu’elle doit guérir, c’est dans cet objet qu’elle focus toute son énergie pour soigner les blessés. Il suffit qu’elle se concentre, pose son amulette sur la blessure en question et les plaies ouvertes ou les os cassées se répareront. Plus la blessure est complexe, plus cela demandera de l’énergie et du temps à Zofia. C’est pourquoi la guérisseuse doit malheureusement faire un trie lorsqu’elle se retrouve dans une situation où les blessés sont trop nombreux pour ses capacités et celles de tout autre guérisseurs. Si Zofia est plutôt douée pour réparer les tissus, arrêter des hémorragies et rafistoler des os éclatés, elle a des lacunes pour tout ce qui touche à la guérison des maladies. Elle peut y parvenir, mais ce n’est pas sa spécialité. Pour parer cela, sa mère lui a plutôt enseignée à mélanger des herbes et des huiles pour atténuer la souffrance d’un malade. Zofia trimballe d’ailleurs avec elle un petit herbier et des notes de sa mère ainsi que les siennes qu’elle consulte souvent lorsqu’elle traite une maladie.
Histoire
Perdue dans ses pensées, la jeune fille joue avec le nouveau cadeau de sa mère. Chaque fois que ses doigts frôlent l’amulette, un sourire se dessine sur ses lèvres et Zofia ne peut s’empêcher de se rappeler les heures passées avec sa mentore à panser des blessures et à errer en forêt, en quête de plantes médicinales. En lui tendant l’amulette de Sainte Aliénor, elle lui avait soufflé que sa petite fleur n’est plus une enfant, mais une adulte, fin prête à expérimenter avec sa propre magie vitaliste. Elle lui a aussi demandé de ne pas oublier de toujours prier Sainte Aliénor, car c'est grâce à elle et à leurs prières que toute la famille a été sauvée de l'obscurité du Voile. Et qu'avec la nouvelle Lune, le futur reste trop incertain pour ne pas demander protection. Si sentir l’icône religieuse sous ses doigts lui procure de la joie, Zofia ne peut s’empêcher de se rappeler cette lueur de tristesse et de regret dans les yeux de sa mère lorsqu’elle lui avait tendu son présent. Sa fille s’était empressée de lui annoncer qu’elle ne comptait tout de même pas mettre fin à ses séances avec elle et que même le guérisseur le plus aguerri se devait de rafraîchir ses connaissances. Cette réplique avait arraché un léger sourire à sa mère. Et puis, son père s’était empressé de lui rappeler que le premier devoir d’une jeune fille nouvellement adulte est de marier un homme respectable. Ses doigts se serrent sur son amulette; la dernière chose que Zofia souhaite est de décevoir son paternel. Pourtant, son cœur se tord dès qu’elle s’imagine enchaînée à cette vie qu’il semble déjà lui avoir tracée. Zofia n’est pas dupe. Elle sait très bien quel homme respectable son père a en tête et comment cette union serait un bénéfice pour ses affaires.
-Tu penses encore à Dacien, c’est ça?
Une main lui tapote la joue et Zofia s’empresse de la repousser. Elle darde un regard agacé dans celui de son frère aîné qui arbore un grand rictus amusé. Oui, en quelque sorte, mais ce n’est pas exactement ce que Rainier croit. Dacien Beron est le fils d’un riche marchand et cet excellent parti dont Zofia soupçonne son père de vouloir la marier. Elle soupire et son visage s’adoucit :
-Oui, mais...Je ne sais pas Rainier. C’est compliqué. Je ne veux pas décevoir père et j’ai confiance en lui. L’idée de quitter Chiard pour une nouvelle vie ne déplaît pas non plus. Seulement, qui soignera les blessures de mon bagarreur de frère si je deviens Madame Beron? réplique-t-elle en lui ébouriffant les cheveux.
L’éclat de rire de Rainier explose dans les rues de la ville.
-Rappel-toi que mère est en partie responsable de tes talents de guérisseuse alors je resterai entre de bonnes mains.
Zofia secoue la tête, un brin agacée par son aîné, mais incapable de ne pas sourire à sa réplique.
-Bon allez. Il est tard et il faut rentrer. Nous devrions passer par notre raccourcie, dit-elle en pressant le pas. -Pour ma part, je ferais bien un arrêt à la taverne. Nous avons travaillé dur, tu sais. Toute cette marchandise à compter et expédier avec père. -Ah oui j’aurais dû savoir qu’utiliser ta tête te demanderait autant d’effort. -Tu vois, c’est exactement parce que je me fais malmener par ma petite sœur que j’ai besoin d’une pinte. Je dois noyer ma douleur.
Zofia n’a pas le temps de répliquer qu’elle remarque une ombre surgir au bout de la ruelle et s’écrouler, plein nez, sur le parvis. Elle s’avance, mais son frère la retient d’emblée.
-Attends, qui sait ce qui s’est passé. C’est peut-être dangereux. -Dangereux ou pas, cette personne est peut-être blessée. Et puis, j’ai mon frère aîné pour me défendre.
Évidemment, elle blague puisque leur jeu d'épée avec leur oncle ont démontré qu'elle peut très bien s'en sortir. Elle se défait de l’étreinte de Rainier pour se poster près du corps visiblement masculin et armé. Malgré la lumière parcimonieuse, elle remarque le type d’armure, qu’elle a déjà vu sur les soldats de métier de Missède qui pullulent au port. Un filet marron s’échappe sur le sol et Zofia comprend qu’elle doit agir vite. Elle n’attend pas et retourne l’individu sur le dos. Après un soupire et un doux « adieu à mon ambrée », son frère décide de l’aider. L’homme pousse un grognement et Zofia le rassure, tout en balayant son corps du regard, en quête d’une blessure; une auréole rougeâtre se forme sur son épaule, tout près de la faiblesse de son armure. On semble aussi l’avoir roué de coups au visage. Nerveuse sans sa mère pour la guider, sa main se porte naturellement à son amulette, tandis que l’autre appuie sur la plaie pour calmer l’hémorragie. Il faut faire vite. Elle canalise son énergie avec une prière, d’un ton plus ou moins assuré. Elle sent sa magie vitaliste envelopper sa main et bientôt, le souffle du blessé se stabilise. Il pousse un faible merci tout en scrutant une Zofia encore sous le choc d’avoir réussi sans sa mentore près d’elle.
-Vous m’avez sauvé. J’ai bien cru que la dague bien placée d’un de ces truands allait m’achever. Je vous aurai donné des pièces, mais ces voleurs m’ont arraché ma bourse. Si j’étais vous, je retournerais vite chez vous. Ces forbans rôdent encore et ils sont dangereux. -N’ayez crainte pour nous, Monsieur, dit Rainier. Ma sœur s’est occupée de votre blessure, mais je doute que vous puissiez vous rendre jusqu’à votre baraque. Laissez-nous vous aider.
Le soldat finit par tendre la main et son frère s’empresse de l’empoigner pour qu’il puisse se relever. Zofia regarde son amulette avec un sentiment de fierté et de joie qu’elle n’a jusque là jamais ressenti. Tout sourire aux lèvres, elle remercie Aliénor et aide son frère et l’homme à se diriger vers les baraques.
***
-Aidez-moi! J’ai mal!
Zofia ne compte plus les gémissements ni les crie de douleurs des malades perçant ses oreilles. La maladie et la famine font rage depuis des mois en Missède, alimentant ainsi les attaques et pillages dans les villages. Mais bien que la guérisseuse sent ses forces lui manquer de plus en plus vu les rations maintenant coupées, elle refuse d’abandonner les malades et les blessés. Si elle a offert ses services à l’Ordre, c’est pour sauver des vies. Un foulard couvrant son nez et sa bouche, elle sillonne donc d’un pas rapide les rangées de dépouilles et de malades jusqu’aux plaintes de l’homme en détresse. Victime d’un raid de brigands, ce village a besoin des missionnaires de l’Ordre. Lorsque la guérisseuse s’accroupit près du jeune homme, sa mâchoire se serre; pas plus de 16 ans et le teint trop pâle, le jeune tient ses tripes d’une main tandis que l’autre s’agrippe à la manche de la guérisseuse. Il plante un regard suppliant dans celui de Zofia, qui sait déjà qu’il est trop tard. Elle baisse son foulard et lui sourit doucement. Elle murmure ensuite une prière à Sainte Aliénor pour qu’il quitte ce monde en paix. Lorsqu’il pousse son dernier souffle, elle frôle ses yeux de ses doigts pour les fermer. À contrecœur, Zofia fait signe à deux hommes s’occupant de charger les cadavres dans une charrette pour qu’il puisse faire de même pour le nouveau mort. Sans plus attendre, elle se relève et passe au prochain blessé. Elle connaît la routine et comprends que ce genre de sacrifice doit être fait. Elle aurait certes eu les capacités pour sauver ce jeune homme, mais sa magie n’est pas infinie et la gravité de sa plaie ne lui permettait pas.
Des jours s’écoulent et les neuf missionnaires de l’Ordre Hospitalier parviennent à stabiliser la situation au village, une nouvelle victoire qui redonne un peu d’énergie à la guérisseuse pour continuer. Malgré les greniers presque vides de nourritures, le petit seigneur du village tient absolument à les remercier avec une maigre part de leur réserve, que les missionnaires ne peuvent malheureusement se permettre de refuser vu la situation. Ils ont une mission à honorer. Les provisions refaites et sa jument sellée, Zofia et ses pairs reprennent leur pèlerinage.
Après une longue chevauchée d’une journée, ils décident de faire campement pour la nuit et de se reposer. Sauf Zofia, qui refuse de dormir plus de trois heures et préfère monter la garde en cas d’attaque. Si au début son épée a surpris et mis mal à l’aise ses comparses de voyage, ils ont vite remercié les talents d’armes de Zofia lorsqu’elle les a défendus contre les brigands et les créatures parsemant les routes et forêts de la péninsule.
Des heures s’égrainent et un craquement dans les bois supplante soudainement le bruit de l’aube, la réveillant en sursaut. Non! Elle s’est assoupie! Zofia porte instantanément la main au pommeau de son épée, prête à attaquer. Des voix et des hennissements qui se rapprochent dangereusement lui parviennent en écho et Zofia s’empresse d’éteindre le feu maintenant bas. Des brigands? Possible. La guérisseuse sent la peur lui étreigner la gorge dès qu’elle aperçoit les silhouettes au loin ; ils lui semblent plus nombreux et bien armés, un combat qu’elle ne peut s’assurer de gagner. Zofia craint alors que ce soit plutôt des déserteurs, quelque chose qui peut être bien pire qu’une bête ou de la canaille. Elle réveille aussitôt ses compagnons pour qu’ils sellent leur monture et déguerpissent pendant qu’ils le peuvent encore. Elle s’assure de laisser les autres missionnaires à l’avant et fermant la marche, elle pousse à son tour son cheval au galop.
***
Assise à la fenêtre d’une auberge, Zofia fixe l’extérieur, l’air absent et les traits tirés. Elle ignore depuis combien de jours elle est restée au lit. Trois? Peut-être sept? Un brouillard trop épais à percer lui enveloppe la tête depuis l’attaque et tout ce qu’elle parvient à faire, c’est de survivre.
-M’dame Marger. Je vous ai apporté une soupe. Vous devriez manger. Il faut aussi que je change vos bandages au visage et celui à votre épaule.
Des huit autres missionnaires qu’elle, Célestin est le seul survivant. Terré dans un buisson, le jeune herbaliste s’est épargné les coups d’épée brutaux et la violence des déserteurs qui les ont rattrapés. Il est le seul qui a pu sauver la guérisseuse lorsque les derniers sont partis avec tout ce qu’ils avaient, la laissant pour morte. Zofia a tenté de défendre ses pairs et elle-même. Par la parole en premier en tentant d’expliquer leur mission et ensuite, par son arme. « N’expose jamais le dos. C’est une faiblesse » et « Ne quitte jamais le tranchant et la poigne de l’épée de ton ennemie des yeux », tous deux des conseils que son oncle lui a bien ancrés en tête lorsqu’ils s’exerçaient à la lame. Et pourtant, malgré tout, elle a échoué. Elle a échoué dès que l’épée d’un déserteur a enlevé la vie du septième missionnaire et que deux d’entre eux ont ensuite plaqué la guérisseuse déjà blessée au sol pour lui graver le visage à tout jamais. Ils auraient pu faire bien pires, mais Célestin s’est armé de courage et a planté une dague dans la gorge des deux individus sur elle. Après un éclat de rire, les autres déserteurs ont décidé que c’était assez et se sont éclipsés avec tout ce qu’ils pouvaient.
Elle s’extirpe de sa contemplation un instant pour regarder la soupe. Elle n’a pas faim, mais elle sait qu’elle doit se nourrir pour retrouver ses forces. Pendant qu’elle plonge la cuillère dans le bol et qu’elle la porte à sa bouche, elle entend Célestin écraser des herbes avec un mortier.
On frappe à la porte, faisant sursauter Zofia qui échappe presque sa soupe sur le plancher. L’herbaliste pose une main sur son épaule et une voix que la guérisseuse reconnaît d’emblée malgré les années retentit derrière la porte en bois :
-Zofia, c’est moi. Laisse-moi entrer.
Un étau serre le ventre de la guérisseuse; elle n’a pas envie que son oncle la voie dans cet état et encore moins qu’il alerte le reste de la famille. Pourtant, elle souffle :
-Célestin, ouvre-lui s’il te plaît.
Son besoin criant de voir un visage familier est plus fort. Ça ne l’empêche pas de détourner la tête dès que la porte s’ouvre, cachant le plus possible sa blessure à la joue gauche.
-Laissez-nous, je vous prie, jeune homme.
Le ton autoritaire de son oncle la fait sourire un peu et des larmes roulent sur ses joues. Allez, elle doit se ressaisir. Elle renifle et essuie ses yeux, pendant qu’elle entend l’herbaliste fermer la porte derrière lui. Du coin de l’œil, elle voit Thomas s’asseoir sur le lit en face d’elle. Elle n’ose pas se retourner, plutôt émotive et détestant le laisser transparaître devant son mentor.
-Allons, c’est comme ça que tu salue ton vieil oncle?
Zofia ne peut s’empêcher alors de le fixer et un déluge s’écoule de ses yeux sans qu’elle ne puisse le retenir plus longtemps. Son oncle s’empresse de la prendre dans ses bras. Il a beau être de nature stricte et froide, d’aussi loin qu’elle se rappelle, Sergent Thomas Marger a toujours été d’une douceur exemplaire avec sa nièce. Zofia s’excuse et son oncle lui tapote le dos en secouant la tête :
-Tu n’as pas à t’excuser ma petite. Ce sont ces sales déserteurs qui s’excuseront en braillant comme des veaux si je les retrouve et que je les embroche.
Zofia sourit à travers ses larmes.
-Pendant que tu combattais une fièvre, ton ami l’herbaliste a envoyé à ton Ordre une missive expliquant ce qui s’est passé. J’ai eu ensuite la chance de rencontrer la haute prêtresse de Sainte Aliénor, qui a eu vent de tes exploits avec l’Ordre Hospitalier. -Mes exploits? Les sept autres missionnaires qui m’accompagnaient sont morts parce que je n’ai pas pu les défendre, souffle-t-elle.
Son oncle se décolle et plante son regard dans celui de Zofia, l’air sérieux :
-Zofia, si je devais m’en vouloir pour tous les hommes que j’ai menés sur les champs de bataille et qui ont péri sous une lame ennemie, je serais bien misérable. L’herbaliste a déjà dit à vos supérieurs que tu as sauvé tes compagnons à maintes reprises auparavant. Et ça ne compte pas pour rien!
Il détache alors une bourse à sa ceinture pour prendre la main de Zofia entre les siennes et la refermer sur les pièces.
-L’Ordre Hospitalier de Saint Aliénor m’a bien fait savoir que cet argent qu’ils te donnent servira a t’acheter une bonne armure. Sous les bons conseils de ton ancien mentor, bien sûr, lance-t-il avec un clin d’œil. J’ai aussi la tâche de parfaire ton entraînement pendant que tu te rétablis. Tu pourras ensuite retourner procurer tes soins et défendre les autres missionnaires.
Encore sonnée et baignant dans l’incompréhension, la guérisseuse fixe la bourse. Son oncle lui sert l’épaule.
-Ils ont besoin de moi alors, dit-elle. -Bien sûr qu’ils ont besoin de toi! Allez, maintenant mange. Ton plat est sûrement froid et tu dois reprendre des forces. Nous avons un peu de routes à faire jusqu’à Chiard. -Jusqu’à Chiard? -Jusqu’à Chiard oui. Je suis certain que ta mère et ton frère veulent te voir. Et je refuse de laisser ma nièce se languir dans cette auberge.
Zofia n’ose pas demander pour son père. Combien d’années n’avait-elle pas mis les pieds dans la demeure des Marger? Sa mémoire lui fait défaut. Tout ce dont elle se souvient c’est de la douleur qui lui a piqué le cœur lorsque la déception et la colère s’étaient peintes sur le visage de son père dès qu’elle lui avait annoncé qu’elle souhaitait guérir plutôt que de se marier. Elle peut encore sentir les poignards dans ses yeux lui transpercer l’être, comme si c’était hier. Et Rainier? Elle espère que cette camaraderie qui les rend si proches ne s’est pas dissipée avec les années. Les lèvres de Zofia se redressent d’un sourire à l’idée de serrer à nouveau sa mère dans ses bras. Avec un regain d’énergie, elle mange avec plus d’appétit.
-Ah! Revoilà la Zofia que j’ai toujours connue. Une boule d’énergie! Je vais chercher l’herbaliste pour qu’il s’occupe de tes blessures, dit-il en planquant un baiser sur le front de la guérisseuse.
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Sujet: Re: Zofia Marger [terminée]
Zofia Marger [terminée]
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