Almiens, votre exile est terminée. [Important]

1er jour, de la 1ère ennéade de Favrius.
Premier mois du Printemps – 18ème année du XIème cycle.
Dans la salle du trône.

Dix années étaient passées. Dix ans d’exil, pour celles et ceux qui, jadis, sous l’égide guerrière d’un fanatisme aveugle, levèrent leur hache au nom d’un fou, contre une couronne renaissante. Almis, l’étoile du Nord, l’Insoumise, fut le siège d’une guerre sanglante qui opposèrent des frères et des sœurs. De ce fratricide, naquit deux camps diamétralement opposés, et qui, pourtant, doivent aujourd’hui cohabiter. Il y avait ceux qui combattaient pour la couronne, pour le royaume, et ceux qui combattaient pour un faux prophète à l’esprit corrompu.

Le prophète fut vaincu, après un siège aussi dur que sanglant. L’on ne retrouva jamais le prophète déchu, ni son arme maudite. L’on retrouva une partie des prêtres fanatiques qui suivirent ses conseils et propagèrent sa fausse parole, et on les condamna à mort. Leurs mains furent tranchées, et ils furent emmurés vivant dans ce qui fut le Temple de Mogar, au tréfond des profondeurs d’Almis.

Quant aux Almiens, leur sort fut laissé à leurs propres choix. Ceux qui subirent l’ire tyrannique, furent tout simplement libérés. Toutefois, celles et ceux qui décidèrent de lever leurs haches contre la couronne, firent face à un choix : prêter serment à la couronne, et plier le genou, ou faire face au courroux d’un royaume unifié. Ceux qui refusèrent furent bannis des terres du Nord, et reconduis à la frontière avec les Wandres, pour une vie d’errance. Ceux qui ployèrent le genou, eux, furent bannis d’Almis pour une décennie seulement, et autorisés à revoir les murs de leur cité si, et uniquement si, leur comportement aura été exemplaire durant les dix dernières années.

Aujourd’hui prenait fin la décennie de bannissement. Nombreux furent les Almiens qui échouèrent à Lante, ou dans le Brissalion, et qui s’y firent oublier. Exemplaires, ou simplement eux-mêmes, ils allaient aujourd’hui obtenir le droit de retrouver les murs de leurs ancêtres, de retourner au cœur d’Almis la Perle du Nord, et d’œuvrer pour elle.

Harald était assis sur son trône. Sa couronne en or ornait son crâne, illuminant son visage buriné par toute une vie de guerrier. Sa gigantesque balafre traversant toute la largeur de son visage, plus blanche que le reste de sa peau, transcendait un peu plus que d’ordinaire, sans doute grâce à la clarté de la lumière des lieux. Cette clarté d’ailleurs, contrastait énormément avec le noir de jais de l’armure du souverain. Plastron, gantelets, jambières, tout de noir vêtu, il observait l’assemblée réunie en ce jour, pour cet édit royal qui, à coup sûr, symbolisait un nouveau chemin pour le royaume des Nains, qui ouvrait de nouveaux horizons. D’un geste de la main, l’on frappa trois coups sur les dalles du sol, et d’un coup d’un seul, on n’entendait plus que le bruit des respirations des Dawi rassemblés en ces lieux.

-  Dawi, ce-jour est à graver dans une pierre blanche, pierre qu’il faut porter haut au-dessus de nos fières épaules, afin que ses runes resplendissent sur un Zagazorn fort, uni et fier ! Mes frères et sœurs, vous ne le savez que trop bien : voilà dix années, notre couronne renaissante de ses cendres, ces cendres même que nous creusions pour retrouver cette même ville dans laquelle nous somme, affrontait un nouveau mal, après un Voile meurtrier. Dun Eyr, le fourbe, avait répandu sur Almis le poison nauséabond de sa folie meurtrière. Frères et sœurs combattirent les uns contre les autres, et à l’issu de cette guerre intestine, nombreux furent les Almiens à être bannis de leur antique cité, après avoir juré fidélité à une couronne nouvellement formée. Dix années de bannissement, afin de sonder leurs cœurs et leurs esprits, avant de les autoriser à retourner au cœur de cette roche dans laquelle ils naquirent, et qui vit naître leurs aïeux, et les aïeux de leurs aïeux, et leurs nobles ancêtres. Eh bien, aujourd’hui, cette période prend fin. Et je vous le dis, avec fierté, et avec forces : amis Almiens, vous avez prouvé votre valeur, et votre fidélité à la couronne et au Zagazorn tout entier. C’est en tant que votre souverain, mais aussi, en tant que votre frère, votre père, votre ami, que je prononce aujourd’hui, l’édit royal suivant : tout Almien ayant été bannis à l’issu de la guerre contre le fanatisme, pourra retourner au sein de la ville d’Almis, et y vivre en paix, dans l’unité du royaume du Zagazorn. Que cet édit soit envoyé dans toutes les cités du royaume, et que l’on aide les Almiens à retourner chez eux ! Réjouissez-vous, Dawi, bavettes, cognards et marmouses ! L’avenir est radieux, et nos jours sont heureux !

Un coup de bâton martela le sol, entérinant la décision du Roi. L’édit, préalablement rédigé et signé et scellé du sceau royal, fut immédiatement envoyé par corbeaux dans toutes les villes et hameaux du Zagazorn. Et Harald, heureux, retournait dans son bureau, prêt à œuvrer à nouveau pour l’avenir des siens, et du royaume des Nains.