Ceci est notre terre ! [Important pour la faction]

6ème jour de la 9ème ennéade de Favrius.
Premier mois du Printemps – Année XVIII du cycle XI
Dans la salle du trône de Kirgan, la cité aux innombrables merveilles.

Comme l’hiver laissait place au printemps, qui réchauffait les terres de ce monde, délivrait la faune et la flore de la rigueur d’un hiver tenace, réchauffant les corps engourdis par deux longs mois d’un froid parfois si glacial, au Nord de ce continent, le mois de Favrius allait bientôt laisser sa place au mois de Bàrkios, second mois du Printemps. Cette saison, disais-je, était le symbole de la renaissance, du renouveau. Les fleurs reprenaient possession des prairies, les plantations grandissaient, symboles d’espoirs et de futures récoltes que les agriculteurs espéraient prolifiques, nombreuses, profuses, afin de remplir les moulins et les greniers qui, ensuite, permettront au peuple du nord de vivre et survivre dans le futur hiver à venir.

Les bois, quant à eux, s’animaient d’une vie renaissante. Les bourgeons se transformaient en fleurs, les fruits, quittaient leurs gangues originelles dans le but d’être bientôt cueillis. Les bois, les buissons, se paraient de leurs plus beaux atours, signe d’une vie revigorée et vivifiée par une chaleur rayonnante. Les animaux sortaient de leurs terriers, de leurs lentes hibernations et de leurs vies hivernales passée au fil de l’eau. L’Oliya se remplissait à nouveau des poissons, et la chaîne alimentaire reprenait son fonctionnement plein et entier.

Ce cycle saisonnier, ces cycles de la faune et de la flore, n’étaient pas bien différents de ce que vivaient les Nains du Zagazorn, à ceci prêt que la durée n’était point la même. Deux Grands-Rois passèrent sur le trône, ces dix dernières années. Deux cités survivantes au désastre du Voile, s’entraidèrent, permettant de faire renaître Kirgan de ses cendres, et de nettoyer Almis de sa fange. De ces deux cités, naquirent à nouveau le pouvoir, et l’ésotérisme. De quatre cités ensuite, naquit le renouveau de tout un royaume, avec une nouvelle couronne, et une nouvelle. L’économie des fils de Mogar, des Dawis du Zagazorn, retrouva un nouvel essor, et une nouvelle évolution. Les clans se reformèrent, les runes se ravivèrent de mille éclats. Le royaume qui fut jadis glorieux, puissant, riche, développé, et dirigé par un souverain tout puissant, renaissait de ses cendres comme le phénix, sous la poigne des Dawis, la tutelle des Grands-Rois, et la bénédiction des divinités.

L’Hiver sombre, glacial, provoqué par le Voile, avait ainsi duré bien des années. Le printemps, naquit ensuite, et nul doute qu’il durerait encore bien des années avant de laisser sa place à l’été. Mais jour après jour, petit à petit, les Nains arpentaient le chemin d’un avenir baigné d’un soleil radieux.

La température était douce. En guise de torche, la pièce était éclairée par des runes de lumière, qui créeraient non pas une lumière rougeoyante, mais une aura d’un blanc doux et soyeux. Cette paix lumineuse feutrée était troublée ça et là par de grands et épais cierges, veillés et allumés par des disciples et des prêtres de Heidum, le gardien du pont. Autour du tombeau, de petites runes créent une lumière bleutée pulsant à la manière d’un cœur battant, éclairant par intermittence le socle gravé représentant de manière héroïque celui qui était enterré là : Hardrek Poing-De-Fer.

Un dawi se trouvait là. Engoncé dans une magnifique tunique couleur carmine, cintré par une épaisse ceinture taillée dans un cuir de bélier tanné et parsemée ça et là de boutons d’or et de fil d’argent, le dawi avait fière allure. Sur ses épaules se trouvait une magnifique et épaisse fourrure brun sombre, typique du pelage des Beärogs, créatures rares et ô combien dangereuses. A sa main droite, un sceptre d’or et de diamants, symbole d’autorité, et sur son crâne, une couronne faite d’or et sertie de diamants. Ce nain, c’était Harald.

Il avait fait mander l’ensemble de ses conseillers, et des dawis importants de la cité. Ses ordres furent simples : le Grand-Roi avait une annonce à faire, qui changerait le destin des Dawis du Zagazorn. Mais avant, il avait ressenti le besoin de rendre visite à celui qui, en plus d’avoir été son prédécesseur, et le premier souverain des Nains après le Voile, avait été ce qui se rapprochait le plus d’une figure paternelle pour Harald, depuis la perte de son propre père, voilà des décennies maintenant.

Se recueillant durant de longues minutes, il entendit peu à peu le brouhaha qui provenait de la salle du trône toute proche. A mesure que ses prières se murmuraient, le tumulte s’élevait, et Harald comprit qu’il était temps alors de faire son apparition, et son discours. Déposant alors une main sur le socle de ce magnifique tombeau, Harald fit enfin demi-tour, et alors qu’il sortait du mausolée, deux gardes royaux l’escortèrent.

Son apparition dans la salle du trône, fit taire soudainement le brouhaha et les discussions qui s’entremêlaient. Les yeux les moins habitués s’étonnèrent alors de voir Harald dans une telle tenue seyante, lui qui, d’ordinaire, portait encore et encore son épaisse armure de plate. Pourtant, le sujet de cette cour de ce jour, nécessiterait qu’il porte cette preuve de force, mais Harald avait préféré une tenue qui, si elle ne transpirait point l’aspect guerrier de sa personnalité, révélait toutefois l’immensité de son pouvoir, réhaussé par sa couronne.


Harald vint se placer jusque devant son trône, et alors qu’il y posa son royal séant, fit signe à tout le monde qu’il était temps d’écouter.

- Fiers cognards, fières bavettes, frères et sœurs Dawis, je vous remercie d’être venus aussi rapidement jusqu’au cœur de ce royal palais. Vous n’êtes pas sans savoir que notre royaume se dresse de nouveau fièrement, au Nord de ce continent de Miradelphia. Nos frontières sont solides, et sûres. Les temples se remplissent de nouveau de prêtres et de fidèles. Girdon, le Ripailleur, pose lui-même un œil confiant sur les cultures et les élevages de notre glorieux royaume, tandis que le grenier du Zagazorn, et son poumon vert, s’enorgueillissent de leurs nouveaux nés, de leurs nouvelles semailles, de leurs nouvelles cimes luxuriantes. D’ores-et-déjà, les bienfaits de notre entente avec le peuple d’Anaëh apparaissent au grand jour, alors que leurs plus talentueux agriculteurs, et leurs plus érudits des herboristes, oeuvrent en symbioses avec les clans d’agriculteurs, d’éleveurs, de chasseurs cueilleurs, et de bûcheron, afin que nos immenses chantiers et que notre population renaissante, puisse bénéficier de ressources primaires qui, au lieu d’épuiser le sol, lui garantisse une sauvegarde et un développement durable, pour toutes les générations à venir. Il posa sa voix enfin, laissant un silence calculé, afin que ses propos puissent être compris dans leur juste importance. Et d’ailleurs, j’ai l’honneur de vous informer que le royaume sylvestre, et le royaume du Nord, sont de nouveaux alliés, et que des accords ont été signé, et que des serments ont été échangés. Le Lörn, terre éternelle de notre peuple, est ouvert aux Elfes qui, dorénavant, y possèdent un droit de pèlerinage. Conscient que cette nouvelle information pouvait provoquer quelques réactions pour les anciens les plus réfractaires notamment, Harald posa une nouvelle fois le discours, et dardant un regard acéré, passa l’entièreté de la salle au crible. Molgrunn, antique et noble cité renfermant le renouveau du savoir runique de notre monde, est en cours de sécurisation, tout comme la voie y menant. Deux forts furent construits par Glumtol Barbe-De-Fer, chargé de cette royale mission et actuelle Voix de Thanor. Ainsi sécurisée, cette noble cité va pouvoir croître, et gageons que Yaron le Scribe, et que les Jumeaux, regardent avec une œil bienveillant les travaux qui se déroulent dans le profondeurs de la cité, et nous permettent de retrouver l’ancienne Grandsalle des Scriberunes, afin de sauver le savoir qui n’aura pas été détruit lors de l’Ire du Père des Batailles.

Ces nouvelles furent accueillies par des réactions majoritairement heureuses. Les Nains étaient heureux, satisfaits de voir que ces dernières années, les plus difficiles depuis un âge, étaient belles et bien derrières eux. Et l’avenir allait assurément être brillant. Les Nains œuvraient avec hardiesse et vaillance, menés qu’ils étaient par les divinités, et par leur souverain.

- Nos cités, enfin, s’emplissent de nouveaux commerçants, s’enrichissent de nouveaux accords, et de nouvelles voies. La cité Humaine d’Oësgard, compte le premier comptoir Nain, d’ores-et-déjà fonctionnel. Pas plus tard que cette ennéade, j’ai reçu personnellement la missive d’une noble de Fernel, désireuse de réaliser du commerce avec nous. Le seigneur de Laval, au terme de tractations à Oësgard, au sein de notre comptoir, propose d’ouvrir à notre commerce, ce que les Humains nomment la voie en or, une voie commerciale traversant le Sud et le Médian de la Péninsule, desservant d’innombrables cités, comprenant des centaines de milliers d’acheteurs potentiels. Nouvelle pause. Ce renouveau, cette renaissance, nous permet de panser nos plaies, mais surtout, de tourner nos regards vers ce qui nous fut si cruellement arraché : notre propre terre. Et je parle du Septentrion, de la Nérania et du Nivor. Ces territoires nous furent violemment arrachés, mais grâce au courage de nos pères, de nos ainés, de feu le Grand-Roi Hardrek Poing-de-Fer, nous pouvons maintenant reconquérir ce qui nous appartient. Ne voudriez-vous pas, mes frères et sœurs, revoir les anciennes mines du Septentrion alimenter les forges et les Hauts-Fourneaux de nos forgerons, dans des cascades de métaux, de minerais et d’alliages dont la qualité époustouflante, illumine notre royaume depuis des cycles, et des cycles ? Ne voudriez-vous point arpenter les sentes de la Nérania en paix ? Voir renaître les hameaux emportés par la peste verte, et la malédiction des engeances ? Ne voudriez-vous point croquer dans les poissons du Nivor ? Vous chauffer l’hiver grâce à la tourbe des marais du Sud-Est d’Almis ? Moi, je le souhaite de toute ma Braise-Vie ! Et aujourd’hui, alors que notre peuple renaît, alors que nos richesses se développent, alors que les Nains sont prêt… Il est l’heure de reprendre nos terres.

Les plus convaincus acquiescèrent à chaque parole du souverain. Les plus craintifs, arborent un visage grave alors que se dessine en leur esprit, la volonté de Harald qui apparaît de plus en plus clairement. Quelques-uns, plus réservés, ou foncièrement contre, n’osent s’exprimer, ou indiquent simplement, d’un mouvement de tête, leur désaccord avec la politique présentée. Toutefois, ces derniers s’étaient fait moins nombreux au fur et à mesure des ennéades. Au départ, certains croyaient que cette envie de reconquête était un héritage de Hardrek qui s’imposait à l’esprit de Harald, par respect pour le défunt souverain. Il était effectivement à noter que Hardrek avait nommé Harald chef de l’état-major des armées royales, et qu’ainsi, l’organisation et les plans de la reconquête, devaient naître de son esprit, et de son expertise. Il était donc logique que des nains et que des naines, voient cette reprise de projet d’un mauvais œil. Mais l’énorme travail accompli par Harald, avait prouvé à plusieurs de ces réfractaires, qu’il n’était pas simplement un militaire et un guerrier, ni le chien de guerre de feu le souverain Poing-de-Fer. Cette reconquête n’était point pensée dans le but de s’assurer un passage vers le monde du Dessous, pour satisfaire une hargne guerrière… Mais pour le futur de tout un peuple. Alors, nombreux étaient ceux qui, aujourd’hui, soutenaient et attendaient cette reconquête… Qu’ils soient bénis aujourd’hui.

- La reconquête des territoires perdus aura bien lieu. Car aujourd’hui, j’ordonne, par ordre royal, que les cités du royaume entament dès à présent une économie de guerre. Que les armées de nos cités soient dès demain renvoyées à l’entrainement. Que nos clans de guerriers soient placés sous la bannière du Zagazorn. Que les clans de mercenaires placent leurs haches et les épées au service du Zagazorn, car ainsi l’ordonne l’honneur des Nains ! Que les forges rougeoient jour et nuit, pour équiper nos armées. Que les ingénieurs construisent armes de guerres et logistique civile et militaire. Que nos ressources soient utilisées afin de préparer cette campagne longue et haletante. Que les prêtres bénissent les récoltes, enhardissent les guerriers, et protègent les marmouses et les bavettes enceintes, car notre peuple renaît. J’ordonne la création d’un conseil royal qui, dès à présent, comptera les gardiens et les voix de nos cités, et les premières haches, les ongaraz de nos villes. Et enfin j’ordonne la constitution d’une armée royale, et l’innovations de nouvelles technologies de combat en montagne, et la création d’un état-major royal que je dirigerais moi-même. Que toutes les cités soient informées dès à présent ! Que les gardiens de ces cités soient prêts à se rendre pour Kirgan dès que j’en donnerais l’ordre. J’ordonne la préparation de la reconquête des territoires perdus. Que les divinités nous protègent et vous bénissent, et que les anciens nous honorent de la victoire en attendant de festoyer avec nous dans le monde du Dessous ! Baruk !

Les jeux sont faits.