La lignée des Xaran se distingue par ses affinités avec l’équitation, son instruction et sa dévotion à Meingal et Tesso. Ces Prima Sanguis ont toujours été les alliés fiables d’un pouvoir fort et les chasseurs implacables de la traîtrise. Ils font d’excellents cavaliers dans l’armée et de redoutables officier dans la Doth’ka, assumant aussi de hautes fonctions dans la diplomatie et le conseil. Au Puy, on redoute leur sagacité. Mentir à un Xaran est chose fort difficile.
La génitrice de Rizzler s’occupe personnellement de lui jusqu’à ses trois ans. Son Clor d’Vlos est ensuite conduit par une prêtresse de Natha issu du sang des Xaran. Et c’est ainsi pendant les trois prochaines décennies, nul autre qu’un représentant des Xaran ou de l’un des six autres clans ne va entrer en contact avec lui. Il s’agit de modeler son jeune esprit conformément aux exigences des Prima Sanguis et de la culture originelle.
Son Clor d’Dormagyn est une épreuve que lui prépare le chef de famille, en concertation avec les prêtres de Teiweon. Il doit affronter deux femmes à mains nues tandis qu’elles sont armées, prendre la vie de l’une d’entre elle, condamnée à mort, et reconnaître celle qui appartient à sa lignée pour la soumettre à son sexe. Sous le regard des éminents dévots, Rizzler dans le plus simple appareil livre ce combat qui réclame un total abandon à l’instinct et un niveau de concentration hors norme. Il reconnaîtra aisément celle qu’il doit faire sienne, aura beaucoup de peine à crever les yeux de la danseuse de lame hérétique et fera finalement plier la femelle Xaran sous son jeune corps reptilien.
Les classes communes le jettent dans le grand bain d’Elda et Rizzler est sèchement confronté à la haine des siens. Pour la première fois, la majorité de ceux qui évoluent avec lui ne sont pas de son sang. Ceux-là n’accordent aucune importance au fluide qui alimente son coeur, ceux-là le regardent avec mépris et le conchient volontiers. En un éclair, Rizzler doit mobiliser tout l’enseignement dont il a eu le privilège de bénéficier pour ne pas rejoindre la sphère d’existence de La Voilée. A cette époque, il doit être le plus rusée des ilythiiri pour survivre. Ses compétences martiales trouvent rapidement leur limite et il doit se montrer capable de pénétrer les âmes, de leur imposer son charisme et sa vivacité d’esprit. Il lui faut s’entourer des bons et se garder d’un dédain ostentatoire à l’égard de ceux qui ne partagent pas ses origines. Il lui faut être juste, perspicace, intraitable, capable de peser mille fois plus lourd que sa lame avec le seul poids de son aura. Et il démontre ses capacités.
Au sortir de la cérémonie des idoles dédiée au grand Uriz, Rizzler sait qu’il veut rejoindre le rang et il est orienté vers les meilleurs instructeurs en tactique opérationnelle et stratégie militaire. Rizzler se destine au commandement et il lui faut lire et intégrer quantité d’erreurs commises par le passé sur les champs de bataille. L’histoire de son peuple est émaillée de mille cas concrets qu’il étudie avec passion et assiduité (encore aujourd’hui). Il doit aussi apprendre la langue des races impures qui se dresseront sur le chemin de ses futures troupes. Son Clor d’Beannaighil se joue sous le menton de Meingal. Les Xaran choisissent pour la plupart Tesso ou Meingal lors de la Cérémonie du Parrain et Rizzler évite le pas de côté. Il fait du Général son parrain et lui offre le sang frais de cent bêtes à cornes.
Un peu plus tard, Rizzler est intégré à l’escadron des Vengeurs Xaran. Sur leurs morgals, cette unité traque et pourchassent les ennemis du Puy. Et d’abord ceux qui ont trahi, les impies et les inconstants nés en Elda et qui ont l’outrecuidance de lever leur dague dans son dos. Rizzler étend encore son culte de l’excellence, n’excusant rien ni personne.
La bataille des Cendres le transforme encore. Ce qu’il vit là-bas s’imprime irrémédiablement en lui. Intégré au IVe Ost au grade de Kyorl, il s’illustre en selle sur son reptile. Le mouvement qu’il décide pour son unité et qu’il conduit avec brio lui vaut les faveurs de sa hiérarchie. Il se révèle un Prima Sanguis capable de mettre d’accord celles et ceux qui évoluent avec lui, rapidement. Son pragmatisme, la psychologie avec laquelle il traite ses subalterne en font quelqu’un d’intégré malgré la noblesse de son front. Et puis rares sont les Prima à rejoindre l’armée, eux qui peuvent aisément prétendre à un niveau de responsabilité et de privilège loin du péril de la guerre. Une qualité que le rang doit bien concéder à notre jeune chef d’escadron.
Cinq ans plus tard, en l’an 500:X, Rizzler est âgé de 193 ans et assume la fonction de Veldruk du Ve Ost. Son unité est mobilisé en appui du IVe Ost lors de l’important chantier de Sol’Dorn. A cette époque, Rizzler se nourrit de ces latitudes exotiques et passe beaucoup de temps avec les membres du C’rnos intégrés au Ve. Teiweon gagne en influence dans sa lecture du monde et il se met bientôt à recueillir et nettoyer les crânes de ses adversaires les plus prestigieux. Il les pend à l’envie à sa ceinture ou sa selle.
En l’an 600:X, Rizzler fait partie des Xaran qui défont les Baenfere dans leur tentative de coup. Les descendants d’Umbarion seront longtemps persécutés. Rizzler contribue à la tuerie de nombre de ces Prima avec amertume mais le fait sans hésitation aucune. Sa lignée et la stabilité du pouvoir priment sur toute autre considération. Un peu plus tard, son félin à pointes atteint les deux siècles d’existence et Rizzler peut enfin le chevaucher sur le théâtre opérationnel. C’est une grande fierté et un véritable accomplissement pour lui. Rare sont les cavaliers à pouvoir monter un tel prédateur avec maestria.
Après l’Uraal, il est mobilisé pour maintenir une présence active autours de Sol’Dorn et en Ithri’Vaan. A cette époque, Rizzler affirme ses appuis dans les rangs. Ses faits d’arme le rendent incontournable et lors de l’essor de Thaar il est nommé quatrième Streea Jabbuk. Son escadron de la mort est missionné pour retrouver celles et ceux qui quittent Sol’Dorn et s’installent au sud du pays estreventin en pensant ne plus avoir aucun compte à rendre au Puy. La renommée du Streea Xaran gagne du terrain durant cette période. Son nom rime avec effroi entre les tempes de ceux qui croient pouvoir s’en remettre à Tesso. Rizzler marche avec Le Menteur.
Officiant de façon exemplaire, s’adonnant à ses vices les plus profonds lors de ses échappées avec son escadron, Rizzler mène une existence qui lui sied et fait la fierté du chef de famille Vaadim. A 493 ans, notre cavalier d’élite fait honneur à son sang. Lors des deux prochaines guerres menées contre les hommes puis les elfes, le Ve Ost joue son rôle et Rizzler parvient à y survivre en tenant son rang. Les régiments sont galvanisés et portent leurs officiers comme jamais. Les victoires enchaînées sont la promesse de prochains triomphes. Uriz et Teiweon sont tous deux parmi les troupes.
Malheureusement, le Voile met un point d’arrêt à cet élan de conquête et notre officier est ramené à la Chambre Magmatique. L’instabilité politique qui frappe le Puy le meurtrit lui et son clan. Un peu plus tard, la dissolution du IVe Ost assombrit encore son âme. C’est intolérable. La colère d’Uriz qui déferle alors sur Eraison et reflue à Amblère plonge le premier Steea Jabbuk du Ve Ost dans une frénésie meurtrière qu’il n’a pas connu jusqu’alors. Il tue comme jamais il n’a tué. Et il se replie en l’an 8:XI avec une rage qui ne l’a jamais habité aussi intensément. Au même moment, la vague d’affranchissement décidée ensuite par le Triumvirat le submerge de bile. Ces anciens esclaves qui viennent de gagner des droits considérables vont affaiblir irrémédiablement le sang de sa race et il ne peut rien faire.
Ces dernières années précédant le repli sont peut-être celles où le souffle froid de Teiweon s’est fait le plus sentir contre sa nuque. A compter du jour où Haldren Baenfere est nommé à la tête du Ve, il lui faut redoubler de vigilance et de psychologie pour ne pas terminer vidé de ses entrailles. Les Xaran et les Baenfere sont des ennemis mortels et la tension qui règne alors entre les deux ilythiiri est terrible, contenue en partie grâce aux événements qui pressent à la guerre. Et puis Haldren est en pleine manœuvre politique, cette fonction de Senger lui sert de tremplin et il préfère remettre la vharc à plus tard. Rizzler est un élément pilier dans cette armée et s’en débarrasser maintenant retarderait ses plans. Un an plus tard, Alyriweën Na'Jihing succède à Haldren Baenfere et les deux Prima ne se recroiseront plus.
Siège de Sol’Dorn, an 16:XI. L’Obok Senger d'Thalack Rizzler sécurise le périmètre de la cité dans un rayon de cent kilomètres. Personne ne pourra s’opposer à la reprise de cette capitale névralgique et c’est dans l’ordre des choses. Rizzler siège à l’État-Major depuis près d’une décennie et le Karliik Glenn mène le siège avec l’assurance que le cinquième Senger évitera la moindre surprise à ses armées. L’officier Xaran apprécie Kerath’Elghinn. Il lui trouve tout ce qu’il faut pour marcher en tête de l’Eda Vengeur. Cette force de la nature est aussi convaincante que fascinante. Après la victoire, en étroite collaboration avec les services secrets, Rizzler et son Nest'ash d'Aphyon sont partie prenante de la purge dornienne. Les membres de la Seconde Doth’ka qui tomberont entre ses griffes finiront en charpie, Rizzler n’accordant aucun crédit à leur repentance désespérée.
An 18:XI, à la demande du Karliik Kerath’Elghinn et avec la bénédiction du Triumvir Diltree Xaran, Rizzler prend la fonction de Jatha'la Sargltin et conserve le commandement du Ve Ost. La campagne de Naelis s’initie donc avec un nouveau Prime Stratège, pleinement engagé dans la réussite des plans du chef des armées.