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| La chance du ferronnier | Gendry | |
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Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: La chance du ferronnier | Gendry Lun 8 Fév 2021 - 13:20 | |
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Huitième ennéade de Bàrkios, An XVIII, Cycle XI Fernel Le mois arrive à son terme. Il est temps pour la chatelaine de prendre le pouls de la situation dans son bourg, et notamment de se rendre auprès de Gendry Adkin, le ferronnier. Elle lui a laissé un mois pour apprendre les us et coutumes de Fernel, apprendre à connaître les habitants et à se faire sa place, comme elle le lui a conseillé. Louise est ainsi. Elle laisse sa chance à tout le monde, à chacun de gérer cette chance comme bon lui semble. Le déplacement au Zagazorn l’a tenue éloignée de ses terres pendant de très longs jours mais désormais elle peut se consacrer entièrement à sa seigneurie puisqu’aucun déplacement d’importance n’est prévu à court terme. C’est donc vêtue d’une robe simple tombant jusqu’à ses pieds, de la laine bleue aux larges galons argentés, emmitouflée dans une cape légère et courte, qu’elle sort du château, sans arme, sans escorte. Elle pourrait passer pour une habitante tout à fait ordinaire si elle n’avait au front ce cercle de métal orné de feuilles de chênes stylisées entourant une chevelure impeccablement tressée et nouée sur la nuque. Elle sort, descend la rampe d’accès principale pour traverser le grand corral intérieur pour parvenir dans le bourg. On la salue, on lui parle et comme toujours elle répond, attentive. Les gens de Fernel savent garder leurs distances et la respecter tout autant qu’ils savent très bien qu’elle ne refusera jamais de les écouter. Recevoir leurs petites doléances s’ils en ont. Ecouter les petits malheurs, les grands bonheurs…Tout cela lui réchauffe le cœur, elle se sent utile. Les Fernelois lui rendent toute ces attentions par de petits gestes, de petits cadeaux parfois, pour son anniversaire par exemple. La vie est paisible ici. Hormis la venue de quelques étrangers vite repartis, il ne se passe jamais rien de bien fou dans les petites rues pavées de ce petit bourg du Nord. Aussi Louise délaisse-t-elle, pour une fois, sa ceinture de cuir et sa dague, ce qui surprend quelque peu les habitants. Pourtant, sous ce sourire gentil se cache des desseins qu’elle ne confie à personne. Et dans ce geste apparemment désintéressé d’oublier sa dague au château se cache autre chose, une demande qu’elle formulera uniquement si Gendry accepte de rester à Fernel. Elle ne compte pas lui mettre la pression, elle va d’abord vérifier que tout va bien pour lui, s’il est satisfait et s’il désire rester. Le vrai travail pourra alors commencer. C’est donc le plus tranquillement du monde qu’elle entre dans la seule et unique forge de Fernel – pour l’instant – cherchant le nouveau venu du regard. - Monsieur Adkin ?
Elle avance, curieuse, comme à son habitude. Bien sûr, elle aurait pu le faire venir au château mais Louise veut se rendre compte en personne de l'état d'esprit du ferronnier dans son environnement habituel et quotidien.
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Lun 8 Fév 2021 - 14:30 | |
| C'est long, un mois, on a le temps de dormir une cinquantaine de fois. Quand c'est dans une auberge, ça n'est pas désagréable, encore moins quand c'est la personne qui dirige le lieu qui paie. Mais c'est de l'argent jeté par les fenêtres, selon moi. Ceci étant, qui serais-je pour conseiller utilement la damoiselle de Fernel ? Et c'est son argent, après tout. Je peux faire des économies en attendant et un sou est un sou.
Toujours est-il que cette période n'est pas la plus heureuse pour moi et je vis la cohabitation forcée dans l'unique forge de Fernel comme une punition, ou un purgatoire. Ce n'est pas que Gontrand, le maréchal-ferrant, soit contraire. De tous les nordiens, c'est probablement le plus sympathique et le moins... rude et c'est un excellent travailleur du fer, qui mérite assurément son titre de maréchal ferrant. Même s'il était le seul du métier dans le coin, il était et reste compétent. Mais partager une forge n'est jamais une partie de plaisir. Gontrand est un lève-tôt et un couche-tôt, et de mon côté, je ne compte pas mes heures et peux avoir envie de finir tard, même si débuter tôt ne me rebute pas. Gontrand abat du travail à la chaîne et à ses yeux je suis un finasseur, un gars qui va trop dans le détail quand ça n'est pas forcément nécessaire. Un bon artisan a besoin de bons outils bien affutés, pas forcément sans griffures. Moi, je prends le temps de rendre un outil comme neuf... quand j'ai la chance d'en réparer un.
C'est l'autre souci, actuellement. Ceux qui viennent faire ferrer leurs chevaux vont voir Gontrand et c'est normal, il est le maréchal-ferrant. Mais ceux qui doivent faire réparer les outils vont aussi vers Gontrand et ne daignent m'expliquer leurs besoins qu'une fois que Gontrand les a envoyés vers moi qui suis vu, au mieux, comme un apprenti, au pire, pour ce que je suis : Un étranger. Au final, des commandes "pour moi", soit directement adressées à moi, sont venues quasi essentiellement de la seigneurie. il a été demandé au "ferronnier masqué" de réparer armes et armures de la délégation partie sur les terres naines pour un mariage royal. Damoiselle Louise de Fernel ne m'a fait aucun retour sur son travail pour l'heure, et si aucun retour il n'y a, c'est qu'aucun souci il n'y a, donc que mon travail convenait. Je n'ai rien fait d'ostentatoire. J'ai remis armes et armures à neuf et ai gravé les armes de Fernel dessus. Quelque chose de joli et discret en somme, et qui convient bien pour une délégation diplomatique, du moins le pensais-je. Je suis plus intéressé par le côté pratique de la chose. J'aurais pu mettre une sculpture en fer d'un chêne sur l'épaule, c'eut été du plus bel effet, mais le porteur de l'armure se serait rasé la joue à chaque fois qu'il aurait tourné la tête, et là n'est pas le but. L'effort pouvait être fait pour le casque, mais en général c'est la première chose qu'on retire et c'est l'élément d'armure qu'on déteste porter, et c'est vrai pour moi aussi. Cela donne vraiment l'air bête, le port d'un casque, même pour ceux qui ont une tête qui sait porter des couvre-chefs, ce qui n'est pas mon cas.
Peu de commandes, du temps, alors je me suis servi de quelques lingots que j'avais emmené avec moi de Scylla pour réfléchir à une création ; pas artistique du tout, ultrafonctionnelle, en fait. Et alors que je peaufine les derniers détails de son "invention" imaginée lors du long déplacement de Scylla vers Fernel, j'entends une voix féminine qu'il me semble reconnaître. Et dès que visuellement, j'identifie mon interlocutrice comme étant Louise de Fernel, je me redresse vivement, quasi au garde-à-vous, m'essuie les mains, remet ma tenue en ordre et tousse pour m'éclaircir la voix.
- Damoiselle de Fernel ? Que me vaut l'honneur ?
Le mois n'est pas encore écoulé, alors va-t-il y avoir des récriminations sur mon travail pour elle. Cela serait douloureux vu qu'elle est quasi la seule à avoir passé commande auprès de moi. Ou alors une nouvelle commande ? Ce ne serait pas pour me déplaire. Ou a-t-elle décidé de me virer de Fernel car je ne m'y suis pas intégré ? C'est le souci avec les solitaires comme moi. Ils ne posent pas problème, et en général c'est bien vu, mais ils sont transparents et n'ont donc personne pour parler en leur nom. Et le seul surnom qu'on m'a trouvé jusqu'ici, c'est "Le Finasseur", bref pas le surnom le plus glamour qui soit, et même plutôt négatif si on y réfléchit. "Pinailleur" aurait été pire encore, mais "Le Consciencieux" était bien plus classe. BON SANG, mais pourquoi suis-je toujours aussi nerveux avec cette femme ? Sans doute qu'elle sourit trop. Ou alors est-ce parce qu'elle est la femme avec qui j'ai le plus parler dans ma vie, après ma mère ?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Lun 8 Fév 2021 - 15:29 | |
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La châtelaine pose un regard direct sur le ferronnier qui semble aussi raide qu’un bâton. Il s’époussette, il remet de l’ordre dans sa tenue, il essaye de paraître présentable, ce qui amuse un tantinet Louise. Il ne la connait pas assez, il saurait qu’elle s’en fiche bien de son apparence. Ce n’est pas pour cela qu’elle lui a offert sa chance. Elle incline poliment la tête pour le saluer avant de déambuler dans l’endroit, les mains sagement nouées sur le devant, le nez en l’air, à tout regarder de plus près, comme elle en a le droit.
- Je viens m’enquérir de votre santé et voir si Fernel vous plaît toujours.
Elle avise dans un coin quelques vieux morceaux de ferraille, abandonnés en un petit tas. La châtelaine saisit l’un d’entre eux et l’observe un instant, avant de le déposer et de reporter son attention sur le ferronnier, avec un sourire poli.
- Je n’ai pas oublié notre arrangement, voyez-vous et je tiens toujours mes promesses.
Elle approche de lui regarde ce qu’il était en train de faire.
- Je n’ai pas eu l’opportunité de vous donner un retour de votre travail. Sachez que personne n’a pu admirer votre talent, au royaume du Zagazorn, tout simplement parce que nos armes ont toutes été confisquées par mesure de précaution.
Louise a un sourire rêveur. Il est heureux pour la diplomatie que cela ait été le cas d’ailleurs. Sinon Othar seul sait ce qui aurait pu advenir à cette réception…Si Louise affiche en permanence un calme et une retenue digne, seul deux ou trois personnes en ce monde savent ce qu’il en est, sous la couche de glace qu’elle affiche. Un cœur ardent, une ambition monstrueuse, une envie d’en découdre avec quiconque lui barrera la route.
- C’est très regrettable parce qu’à titre personnel j’ai beaucoup aimé la finesse de vos réalisations.
Elle cherche un endroit où s’asseoir, du regard et ne trouve rien. Elle reste donc debout.
- Alors, Monsieur Adkin, comptez-vous rester parmi nous ?
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Lun 8 Fév 2021 - 16:00 | |
| - Au moins vous avez pu les identifier et les récupérer à la fin de la réception royale, c'était un peu l'intérêt du poinçon servant à les identifier.
Pour le reste, il n'est pas déçu car il n'espérait rien comme publicité de ce séjour chez les nains. C'est un peu comme si un ébéniste espérait voir son travail sur du chêne admiré par ici. Pour le reste, il ne va pas déranger la Damoiselle avec de menus détails.
- Tout ce qui arrive ici est assez conforme à mes attentes, que ça soit dans le positif ou le négatif. Votre information était exacte, votre maréchal-ferrant est une crème mais mon analyse était fondée, deux hommes de métier ne sont pas faits pour œuvrer sur la même forge.
Voyant qu'elle observe son travail, qui ressemble à un étrange cube, il prend le soin d'expliquer.
- Une idée qui avait germé dans mon esprit et que j'ai peaufinée lors de mes temps libres.
Donc, du temps libre il a eu, c'est que les commandes n'ont pas couru, ou alors du travail simple pouvant être abattu rapidement. Et voyant qu'elle s'y intéresse, ou du moins est-ce l'impression qu'il lui donne, il explique
- Les chaudrons, assiettes, couverts et tasses dont on se sert pour les déplacements occupent une place monstrueuse et font un boucan dingue à chaque soubresaut, j'ai imaginé un système qui permet de nourrir une petite escouade de six hommes, ce qui dans l'absolu correspond à votre délégation.
Il ouvre sa "boîte en fer", relativement fine et qui a deux poignée et pose le couvercle, qui recouvrait toute la boîte, à côté de la boîte.
- Voilà, avec l'extérieur de la boîte, vous avez une première casserole à poser sur le feu, avec l'autre boîte une autre casserole à peine plus petite. De quoi faire une potée et faire chauffer de l'eau pour boire du chaud, par exemple ou séparer deux plats. A l'intérieur, six assiettes en fer, six tasses, six bols, certes rectangulaires mais qui au final enserrent le tout et évitent que ça bouge à l'intérieur. Et une petite boîte pour les couteaux, une pour les fourchettes et une pour les cuillers. C'est là que je dois finaliser, en ajoutant du bois au manche. Il y aura moyen d'ajouter deux trois couverts en bois, pour touiller la nourriture. J'ai mis vos armes sur le couvercle, car je l'ai prévu pour vous. Vous voyagez beaucoup et je me dis qu'un objet simplet et utile ne serait pas du luxe pour les jours où vous ne pourriez séjourner dans une auberge
Du Gendry tout craché. Il n'a rien à faire alors il imagine quelque chose qui pourrait servir et qui est sans prétention. Et effectivement, ça occupe l'espace d'un panier, sans plus. Il manque les manches des couverts et les couverts en bois, c'est tout. Il hausse les épaules.
- Faut que je le finisse, mais vous avez ainsi une idée de ce que je préparais. Pour le reste, on en est toujours au même point, ma Dame. Ma santé n'a pas bougé même s'il me plairait de trouver une bonne herboriste. J'ai profité de mon temps pour visiter les alentours et repérer les terrains de chasse. J'ai même ramené deux trois gibiers à l'auberge, ce qui a fait plaisir. Et nulle crainte, on m'a informé qu'il ne fallait pas déranger les loups. Et quant au fait de rester ici, comme à mon arrivée, cela reste lié au fait de pouvoir posséder ma propre forge. Même s'il n'y a pas eu de commandes importantes pour jauger mon travail, je pense avoir montré que je connaissais le métier et pour quelqu'un de mon âge, j'ose imaginer que c'est suffisant.
Puis je paierai mon achat, et si partir je devais, il faudrait d'abord que je revende, et ça, c'est une garantie pour que je m'installe un moment, quand même. Mais cette forge "à moi", j'y tiens. Un solitaire reste un solitaire. Je ne doute pas que je suis perçu ainsi par ici. J'ai mangé seul, je n'ai pas été causant bien que rarement malpoli, j'ai préféré passer mon temps dans les bois ou dans ma chambre quand je n'étais pas à la forge. Les gens d'armes n'ont eu aucun souci avec moi et je n'ai été pris dans aucune bagarre ni suspecté d'aucun vol. Pour un étranger, c'est pas si mal. Si le purgatoire touche à sa fin, ça n'est pas plus mal et il attend donc avec une impatience qu'il parvient encore à contrôler la suite.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Mar 9 Fév 2021 - 12:58 | |
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- J’aime les idées nouvelles. Ce sont elles qui font avancer les choses, souvent dans la bonne direction et vers le renouveau.
Louise esquisse un sourire espiègle, fugace, mais bien présent.
- Et j’aime entendre ces nouvelles idées. Ne soyez jamais gêné de les proposer.
Visiblement, il n’est pas farouche ou embarrassé à l’idée de développer ses suggestions devant elle. Elle l’observe tandis qu’il explique les choses avant de reporter son attention sur ce qu’il présente, de l’air le plus tranquille du monde, très intéressée par la proposition. En effet, elle a beaucoup voyagé et il n’est pas impossible que de tels voyages se reproduisent à moyen terme. Donc elle écoute, notant l’astucieux support, les assiettes, et les couverts, habilement compilés et rangés dans un petit coffre, infiniment plus pratique que toute la vaisselle trimballée dans des sacs. La châtelaine a un sourire et touche à tout, en soulevant les ustensiles, la vaisselle, avant de tout replacer soigneusement, sans dire un seul mot pendant quelques secondes.
Ce serait pratique, comme il le souligne, pour les voyages durant lesquels les auberges manquent. La route du Nord est assez peu pourvue d’établissements de ce genre et il est toujours appréciable de manger correctement en voyage. La châtelaine sourit avant de le regarder.
- Peaufinez votre projet. Cela m’intéresse grandement. J’aurais apprécié avoir un tel ustensile lors de mon périple vers l’Estrevent.
Le nombre de nuits passées dehors, dans les étables ou dans les sous-bois, sans manger correctement…Elle a perdu beaucoup de poids pendant ces mois difficiles et elle en garde encore les traces. Du coup, un objet tel que celui-là pourrait potentiellement améliorer ses déplacements.
- Nous avons un guérisseur au village. Il pourra vous aider, j’imagine.
Elle se tait un instant, écoutant avant de reprendre, du même ton :
- Il semble donc que vous désiriez rester. Peut-être est-il temps, alors, de vous installer définitivement en ces murs et de vous choisir un domicile près de la nouvelle forge.
Louise regarde un instant ses ongles avant de lever un regard lumineux vers Gendry. Les moyens ne manquent plus à Fernel, depuis les échanges commerciaux établis avec le Zagazorn. Glumtol avait grassement payé ses commandes et Louise a pu investir une partie de ces fonds dans un investissement à long terme. Une seconde forge. Une n’est pas suffisante pour ses projets…
- J’écoute les gens de Fernel. Ils sont mes yeux. Et ce qu’ils ont vu m’a confortée dans ma première impression.
Elle replace sa petite cape correctement, petite silhouette toute fine, avant de dire, d’une voix assurée.
- Y allons-nous ? A moins que vous ne préfériez demeurer ici, avec Gontrand ?
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Mar 9 Fév 2021 - 18:56 | |
| - Mais, ma Dame, je le fabrique pour vous. Je n'en ferai pas à la chaîne, ça prend du temps, mine de rien, et j'espère bien être occupé différemment, une fois que je serai accepté par ici.
A Scylla, je n'avais pas à courir après la clientèle, elle venait d'elle même. Une fois une réputation construite, les choses deviennent simples, pour peu qu'on justifie ladite réputation. Ici, je n'en ai aucune, de réputation. Mais comme j'avais du temps de libre et que je devais un remerciement pour que le paiement de ma chambre à l'auberge, autant utiliser ce temps intelligemment.
- Pareil, ça m'aurait bien plu d'avoir ça pour mon voyage de Scylla à ici. Mais je ne compte pas voyager à nouveau, même si la démonstration est faite que les voyages sont utiles.
Quand elle lui parle d'un guérisseur, il hausse sommairement les épaules.
- Je préfère une herboriste, à choisir. Mais s'il fabrique lui-même lotions et potions, je pourrai m'en contenter.
C'est que s'il a emmené avec lui de la lotion pour 3 mois, ben il tombe doucettement sur les réserves. Et les guérisseurs, il s'en méfie. Combien lui ont prédit des choses qui ne sont pas arrivées. Et combien lui ont promis des améliorations jamais venues ? Les herboristes ont l'avantage de ne rien promettre, elles tentent un remède puis le peaufine s'il fonctionne ou non. Et ici, il lui faut une simple lotion qui hydrate sa peau. Les maladies de peau, heureusement, sont assez courantes et il n'est pas compliqué d'imaginer qu'un homme travaillant dans une forge ait la peau qui chauffe et s'assèche, n'est-ce pas ? Le souci est que ce fameux guérisseur pourrait vouloir vérifier qu'il s'agit bien de ça et il est hors de question que je me dévête.
Mais entretemps, elle a dit un mot étrange. Plus qu'étrange même.
- Autre forge ?
Non mais elle vérifie ses ongles après avoir balancé une telle information ? Elle ne réalise pas à quel point c'est important pour moi ? N'ai-je pas été assez clair à ce sujet ? Ah la... euh... comique... Mouais, on va éviter de le dire à voix haute. Finalement, là, je la vois bien plus jeune. Ce petit côté enfantin et ce regard lumineux m'amuse. Diantre, c'est que sa seigneurie est heureuse ? Je ne peux m'empêcher de sourire, amusé.
- Je ne vous imaginais pas joueuse !
Instantanément, je réalise que j'ai été bien familier avec elle et fait un pas de recul en baissant la tête, en guise d'excuse. Certains seigneurs décapitent des gueux pour moins que cela. Mais elle ne semble pas m'en tenir rigueur ou alors elle le cache bien. Et alors qu'elle repart, je range rapidement mes outils, mon cube et fait place nette.
- Je passe reprendre ça dès que j'en ai fini avec notre Seigneurie.
C'est que trimballer mes outils nous ralentira, et que j'aurai l'air bien con, parce que quoi qu'on en dise, ça pèse un âne mort, tout ça. Pièce par pièce, ça va encore, mais tout ensemble, outre le fait que ça soit encombrant, ben c'est lourd.
- Je vous suis, ma Dame. Et désolé de vous avoir fait attendre, mais respecter le lieu de travail de son hôte est prioritaire dans le monde des artisans. Si on ne se témoigne aucun respect, on ne mérite aucun respect.
C'est qu'il a des valeurs, le Gendry. Et le respect du travail en est une que son père adoptif lui a inculqué. Si tu veux être respecté, sois respectable est une devise que devraient suivre tous les gens du monde, et pas seulement les forgerons. Lui n'a rien vu des yeux de Fernel, aussi se dit-il qu'il doit surtout s'agir d'une formule propre à la noblesse.
- Dites, pendant que j'y pense et pour ne pas vous déranger dans vos précieuses occupations, serait-il possible d'avoir un sauf conduit seigneural. C'est que j'aime sortir chasser et que désormais il me faudra faire ma propre tambouille, c'est qu'on prend goût au luxe quand on peut en bénéficier. Enfin bref, c'est histoire que je puisse revenir à Fernel après avoir attrapé mon casse-croûte sans avoir à espérer que ceux qui montent la garde me connaissent. A ma dernière sortie, j'ai dû attendre la relève avant de pouvoir rentrer en ville. Je présume qu'à force ils me connaîtront, mais en attendant ça me facilitera grandement la vie.
Il aimerait bien être d'une compagnie agréable pour sa Dame mais ça n'est pas évident pour lui. L'est pas doué pour les conversations et ne s'estime pas intéressant. Puis quel sujet aborder ? Parfois, mieux vaut aller au plus simple.
- J'ignore comment vous faites. Je veux dire, moi, j'ai juste un poste de travail. Je dois gérer les commandes, m'assurer de l'arrivage de la matière première, gérer les priorités, les mécontents et c'est pour un tout petit commerce. Vous, vous devez gérer tout un territoire, des soldats, les problèmes qui nous dépassent et retombent sur vous. Avec en prime, j'imagine, tous les ennuis liés à la vie à la Cour. J'avoue que je serais dépassé. Je n'y entends rien en diplomatie, en arts guerriers, en représentation et que sais-je. J'ai déjà du mal à exister en tant que moi, puis en tant qu'artisan du fer. Alors je n'ose imaginer quand on est seigneur d'une terre où des centaines de vies dépendent de vous. C'est quoi, votre secret ?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Mer 10 Fév 2021 - 10:34 | |
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Joueuse, elle ne l’a pas toujours été. Ecrasée par le poids des responsabilités pour lesquelles elle n’a pas été optimalement préparée, elle a pris des décisions étranges, fait des choix contestables. Elle a agi en fonction des attentes des autres et non des siennes, ce qui l’a totalement perturbée, au point de perdre toute conscience de sa dignité. Jamais elle n’aurait auparavant laissé transparaître un semblant de familiarité. Jamais. Désormais, elle s’adapte. Elle reste elle-même, adaptant juste son discours en fonction de la personne qui lui fait face. Un pécore ? Elle parlera avec des mots simples. Un Roi ? De la dignité, de la douceur, de la souplesse et du respect. Un artisan qui a besoin d’être rassuré ? De l’humour et un peu de joie de vivre. Elle garde le même masque mais il s’est nuancé au fil du temps. Louise estime qu’elle peut, de temps à autre, se permettre une frivolité de ce genre, d’autant qu’il est plutôt sympathique, Gendry. Elle ne répondra à sa remarque que par un sourire amusé, observant dans le même temps qu’il a de lui-même compris qu’il avait été un peu familier avec sa Dame. Et pourtant…Joueuse, elle l’est, désormais. Le monde ne sait juste pas encore à quel point.
- Je suis du même avis que vous concernant le respect, Monsieur Adkin. On ne peut recevoir que ce qu’on donne. Le respect est une valeur qui m’est chère. Je suis heureuse de voir que nous partageons ce point de vue.
Elle le précède, sortant de la forge de Gontrand avec un léger sourire satisfait. Gendry la rejoint assez vite et les voilà à déambuler dans les petites ruelles du bourg, elle regardant droit devant elle et saluant parfois les gens qui ôtent leur bonnet à son passage, lui à ses côtés. Il pose des questions, dont une lui fait hausser un sourcil avant qu’elle ne se tourne vers lui.
- Personne n’a de sauf-conduit en ces murs. Je n’en délivre pas, ce n’est pas mon rôle.
Elle reporte son attention sur la ruelle et explique, de sa voix douce.
- Mon rôle est de faire en sorte que chacun ici soit en sécurité et en santé. En échange de ma protection, des services sont demandés. Personne n’a de traitement de faveur. Si vous voulez que l’on vous reconnaisse…
Un sourire espiègle à peine perceptible.
-…faites en sorte de vous faire connaître. Mes gardes sont disposés tout autour des murailles d’enceinte, et au château. Parlez avec eux, proposez vos services, spontanément. Vous verrez que vous pourrez entrer et sortir comme bon vous semble. Je vous ai laissé tout le temps nécessaire pour y parvenir, Monsieur Adkin.
Une réponse sans appel, dite d’une vois douce et pourtant ferme. Une bifurcation et l’arrivée dans un quartier un peu plus reculé, moins animé, si ce n’est le bruit des marteaux s’abattant sur des planches, des cris, des hommes au travail, face à une construction en chantier. Le toit est posé, il ne reste que l’intérieur à aménager. La châtelaine s’arrête devant ce qui sera dans quelques jours la nouvelle forge en ayant une pensée pour tout ce qui l’a conduit à obtenir ceci et que le ferronnier ignore, évidemment. Elle est contente, elle observe le tout, les mains croisées sur le devant, digne et polie.
- La passion, Monsieur Adkin. Voilà mon secret. La passion en toutes choses et en tout temps.
Elle reporte son regard noisette sur son compagnon de route et lui montre la forge d’un geste de la main. Non, il ne peut pas savoir. La Cour ducale, elle la fuit. Ce serait être en contact avec le Duc et elle n’en a pas la moindre envie. Louise est un être de feu se cachant sous d’impeccables manières et ce feu-là, elle le met au service de son peuple. Ce peuple qui est le seul à recevoir son affection sincère et désintéressée.
- J’imagine que c’est également quelque chose que nous partageons, vous et moi.
Il pourra voir que tout est prévu pour qu’il puisse se mettre au travail dans d’excellentes conditions. Un foyer de pierre est en construction au centre de l’établissement aux murs de pierre également. Une imposante cheminée s’élèvera vers ce trou visible dans le toit de planches, autour duquel s’activent plusieurs charpentiers. Une cuve a également été creusée, cerclée de pierres qui s’élèveront pour former un petit bassin d’eau claire dans lequel il pourra refroidir le métal forgé. Plus loin, il peut voir deux hommes coudre d’immenses pièces de cuir à l’aide de grosses aiguilles, des pièces qui seront ajustées sur un mécanisme de souffle qui aidera à aviver les flammes. Louise fait un pas de côté pour laisser passer deux hommes portant des caisses remplies d’outils de qualité. Tout est mis en place pour Gendry, selon la volonté de Louise qui a payé tout cela grâce à l’or obtenu dans des échanges commerciaux avec le seigneur de Thanor.
- Tout sera prêt dans trois à quatre jours, peut-être cinq.
Elle laisse Gendry observer les choses et sourit en coin, attendant de voir si tout lui convient, pour l’instant.
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Mer 10 Fév 2021 - 18:33 | |
| La discussion prend un tour étrange pour moi et je passe rapidement de l'excitation à une petite déception. Le discours sur le respect me convient, je me sens respecté dans mes valeurs, mais ces valeurs me semblent rapidement bafouées.
- Vous refusez de faire des sauf-conduits ? Fort bien, c'est votre droit, l'administration fait partie de vos prérogatives et non des miennes. Mais respecter l'autre implique de respecter son fonctionnement. Gontrand est un couche-tôt et grand bien lui fasse, je n'ai pas à lui imposer mes horaires quand je travaille sur sa forge. Et sauf votre respect, vous n'avez pas à m'obliger à me fondre dans l'image que vous vous faites des ferneliens, ma Dame.
J'interromps ma marche pour la fixer à mon tour, sans agressivité et peu conscient de l'impact que mes yeux trop clairs peuvent avoir, car j'avoue que ce n'est pas mon regard qui a le plus intrigué. Avant mon masque, personne n'en avait rien à faire de mes yeux, et après, c'est le masque qui a intrigué. Et généralement, je ne reste pas suffisamment en face des gens que pour qu'ils aient le temps de détailler autre chose que le masque ou le collier.
- Je ne suis pas un animal social. Vous ne me trouverez quasi jamais dans une réunion commune, sauf si j'y suis fermement invité, ou dans une taverne à partager une cervoise, ou dans un lupanar à admirer des danseuses ou que sais-je. Je ne cours pas les marchés pour croiser de jolies célibataires. Je discute le temps nécessaire en général, pour vous je fais un réel effort. Si j'ai choisi un métier solitaire, ça n'est pas pour rien. Vous avez voulu que je fasse des efforts, j'en ai fait. Vous m'avez contraint à six ennéades de cohabitation, je m'y suis plié. Si des gens veulent me parler, je les accueille, si pas, je m'en passe et je vis très bien ainsi. Je ne cherche pas compagnon ou compagne, je ne cherche pas d'amis. Je cherche à faire mon travail, en dérangeant le moins possible. Je travaille seul. Je chasse seul. Je suis un animal solitaire qui tente de me rendre utile. Vous ne me changerez pas. Et si le prix de cette solitude est que je doive attendre des heures et perdre une journée de travail parce que tous les gardes ne me connaissent pas, il en sera ainsi. Je ne courrai pas les murailles pour me présenter à vos gardes, parce que j'estime qu'ils ont mieux à faire. Et parce que j'en ai pas envie. Ce sera ainsi aujourd'hui, ce sera ainsi pour les prochains cycles si je vis jusque là.
Douceur et fermeté ne fonctionnent visiblement pas forcément avec moi. Si elle espère faire de moi un animal social, qu'elle oublie cette idée de suite. Et il m'a semblé nécessaire de faire cette mise au point. Je ne poserai aucun problème pour payer une taxe ou mettre une commande de la seigneurie en priorité, quitte à négocier si j'ai une autre commande prioritaire, telle une réparation d'outil qui bloque un chantier, ou passer par Gontrand pour voir s'il peut, exceptionnellement, m'aider. Je ne suis pas contraire, j'ai conscience des réalités, mais ça s'arrête là. Sur la question des passions, je m'adoucis, bien que j'estime ne pas avoir été agressif.
- J'aime bien ce que je fais, oui, mais c'est à peu de choses près la seule chose que je sais bien faire. Si j'avais grandi ailleurs, peut-être serais-je aujourd'hui soldat, ou marin, ou érudit, ou prêtre qui sait. Simplement, il s'avère que l'homme qui m'a élevé était forgeron et que j'ai eu du plaisir dans la ferronnerie. Quand on grandit avec pour musique le chant du marteau frappant le fer, il est normal je pense qu'on soit attiré par le travail du fer. Mais j'ai trop peu connu d'autres métiers que pour réellement parler de passion. J'ai le sentiment qu'une passion, il faut l'avoir abandonnée et y revenir pour savoir le manque que c'était. Mais j'avoue humblement qu'arriver ici, quand j'ai pu faire chanter le fer à nouveau, j'ai souri. Alors, peut-être que oui, c'est la passion.
Arrivé sur les lieux, je suis plus que surpris de voir l'avancée des travaux et j'ignore comment le vivre, car des milliers de questions se bousculent dans mon esprit.
- Nul doute que ces artisans connaissent leur métier et que la forge sera fantastique et moderne. Le lieu de vie est plus que convenable aussi. Seulement, et pardonnez ma question, mais il est bizarre que vous ayez entamé des travaux sans connaître le budget que je pouvais placer dedans. J'avoue sans honte que j'aurais eu du mal à trouver des artisans qualifiés aussi rapidement et que tout ceci m'impressionne positivement, mais voyez-vous, par exemple, ayant mes propres outils, je n'en aurais pas commandé d'autres qu'il faudra sans doute adapter à ma main. Bon, pas tous, évidemment, mais plus le travail demande de la finesse et plus l'outil doit être adapté à la main.
Je réalise que je suis trop technique et reviens sur un sujet qu'elle doit maîtriser aussi bien que moi.
- J'ai vendu mon ancienne forge, j'avais en prime quelques économies, je ne suis pas sans moyen. Je ne suis pas riche pour la cause. Alors, certes, je comptais investir dans une forge mais je comptais en négocier le prix et m'adapter, aussi pour pouvoir payer les taxes, investir dans les minerais, les prospections éventuelles et... Ma Dame, j'apprécie l'effort, vraiment, mais j'aurais préféré être consulté pour que je puisse au moins vous donner une gamme de prix. Je... Je regarde la forge avec des étoiles plein les yeux parce qu'elle est fantastique, et je la regarde avec douleur parce que j'ignore si je pourrai la payer. Et je vous avoue que si elle ne me plaisait pas autant, ça aurait pu poser problème. Quoi que... J'avoue aussi que je ne suis pas regardant sur la beauté, la qualité prime pour moi. Et ça, pu...rée, c'est de la forge.
Je ne peux retenir un sourire.
- Vous avez été conseillée par les Nains ?
Bon sang, si elle explose mon budget, je vais galérer et finir endetté. Chose que je me suis interdite. L'enthousiasme de la Dame de Fernel est plaisant, mais dangereux. Je devrais l'engueuler d'avoir fait un projet pareil sans m'interroger sur mon budget. Je devrais l'embrasser pour la magnifique forge qu'elle fabrique. Et comme j'ai les deux sentiments, au final je ne fais rien. Quoi que l'embrasser, certainement pas, je fuis les contacts physiques. Et l'engueuler encore moins, je finirais pendu, et forger en étant pendu, paraît que c'est pas simple...
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Jeu 11 Fév 2021 - 10:34 | |
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- C’est mon droit en effet, je ne vous le fais pas dire. Et pour votre gouverne, les gens de ce bourg et de ma seigneurie sont des Fernelois. Pas des Ferneliens.
Louise inspire profondément et regarde le ferronnier sans détour.
- Je ne vous ai jamais demandé, que je sache, de vous lier d’amitié avec quiconque. Je sais moi-même à quel point avoir de vrais amis relève de l’impossible. Je vous ai demandé de vous faire connaître, la nuance est importante. Je n’ai pas non plus demandé à ce que vous correspondiez à une image que je me fais de mes gens. Vous vous méprenez. Et vous vous oubliez, Monsieur Adkin.
La voix claque, sèche et désagréable.
- Tout comme je ne vous ai contraint à rien, je vous ai offert le choix. Vous avez toujours eu le choix. Rester ici en apprenant les us et les coutumes de ma seigneurie, avant de vous y installer définitivement ou reprendre votre route. J’offre sa chance à quiconque fait montre d’un peu de bonne volonté et ne vient pas ici en terrain conquis. Parce que ce terrain est le mien. Et que je ne tolère aucune extravagance quand il s’agit de remettre ma parole en question, suis-je claire ?
Elle ne bouge pas, elle reste parfaitement immobile. Il est rare qu’elle s’exprime de cette façon mais elle ne se démonte pas pour autant.
- Vous agirez comme bon vous semble, vous serez soumis aux mêmes règles que les autres. Pas de sauf conduit, pas de traitement de faveur. Peut-être que lorsque vous devez attendre deux heures dans la neige en hiver avant qu’un garde de nous reconnaisse, vous changerez de discours. En attendant, les choses sont ainsi et je changerai pas d’avis.
Tout comme il estime ne pas avoir été agressif, elle l’estime tout autant, sa fierté de sang noble lui remontant à la gorge. Elle a laissé du temps, elle lui a offert le gîte, le couvert, l’opportunité d’apprendre et de se faire une place, il en a décidé autrement, à sa guise. Cependant, qu’il ne vienne pas demander des choses qu’elle n’accordera pas, après avoir été très claire à ce sujet.
- Vous êtes un solitaire, je comprends. Cependant, ce n’est pas parce que vous agissez de la sorte que vous ne serez pas soumis à mes règles. Je ne pense pas avoir été déplaisante. Un peu de gratitude aurait été la bienvenue, plutôt que vos paroles acerbes.
Elle regarde la forge, le visage fermé, le regard fixe. Aussi douce et aimable qu’elle soit, elle n’en oublie pas pour autant qui elle est et, sincèrement, recevoir cela comme paroles alors qu’elle a fait pour ce ferronnier ce qu’elle n’a jamais pu faire pour personne en la ville la heurte profondément.
- La forge est à moi pour l'instant. Comme tout ce qui s’élève en ces murs. Vous en aurez l’usage, vous y serez logé gratis, en échange de quelques services rendus envers moi et mes hommes. Vos bénéfices personnels resteront vos bénéfices personnels sur tout le reste. Je ne suis pas de ces seigneurs qui saignent leurs peuples. Au contraire, je suis de ceux, rares, qui écoutent, parlent, offrent et reçoivent en échange des remontrances pour avoir été prévenants.
Louise redresse son col.
- Voici ce que je vous offre, Monsieur Adkin. C’est à prendre ou à laisser. Si vous décidez de rester, la forge et le petit logis annexe seront prêts sous peu. Vous travaillerez ici, pour moi en priorité, tout en vous permettant de faire des affaires et du bénéfice personnel tout en respectant mes règles. Peut-être qu’avec le temps, ceci vous appartiendra en propre, comme il en a toujours été ici. Le contrat me semble plus qu’honnête envers vous et un échange de bon procédé qui respecte vos valeurs tout comme les miennes. Si vous décidez de vous en aller, je ne vous retiendrai pas, même si je regretterai sans doute vos talents.
Elle le regarde puis fait un pas de côté.
- A présent excusez-moi, comme vous l’avez précisé tout à l’heure, il se trouve que d’importantes obligations jalonnent mes journées.
Elle était venue avec une demande, maintenant elle s’abstient, attendant sa décision.
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Ven 12 Fév 2021 - 13:48 | |
| Je l'ai écoutée jusqu'au bout, jusqu'au moment où elle m'indique que comme je l'avais souligné, elle a des obligations qui jalonnent sa journée. Je l'ai écoutée parce que c'est ce que l'étiquette demande quand un seigneur s'adresse à nous, mais je ne la laisserai pas partir ainsi.
- Vous ne m'avez pas autorisé à vous parler franchement, je m'autorise ce droit, sauf votre respect.
Je ne suis pas convaincu que la tournure est la bonne, mais en gros, je vais lui parler ouvertement. Ce qui signifie aussi que ce que je vais dire risque de ne pas lui plaire. Au moins, je serai fixé.
- Je suis venu vous voir pour vous dire que je comptais prendre un commerce ici. Prendre un commerce. Je suis un artisan, pas un ouvrier. Si j'étais ouvrier, je vous aurais proposé de mettre mes bras et mes outils à votre service exclusif et bon sang, ce que vous proposez là ferait vibrer de bonheur n'importe quel ouvrier. Mais je ne suis pas un ouvrier, je suis un artisan. Soit vous ignorez ce qu'est un artisan et je pourrais vous le pardonner, soit vous savez ce qu'est un artisan et cela fait six ennéades que vous me mentez, dame de Fernel.
C'est violent comme accusation, mais j'estime être en droit de dire que je me sens bafoué.
- Un artisan, c'est comme un bourgeois. Dans mon cas un petit bourgeois. Cela prend des risques, cela s'engage financièrement. S'il perd, il perd tout, mais il assume. Un artisan, outre son métier, doit se débattre entre les taxes, les exigences de ceux qui donnent les ordres sur les territoires où il exerce, les commandes et les livraisons parfois hasardeuses. La vie d'ouvrier est plus simple, mais l'artisan est aussi un faiseur de richesse. C'est grâce à lui que l'argent circule, que parfois l'emploi se crée, que les innovations viennent. Le progrès est souvent le résultat du travail d'un artisan, parce que lui est obligé de se renouveler, d'inventer. C'est une force pour une cité, une région, une communauté. Et s'il est prêt à s'investir ainsi, c'est pour une seule et unique chose : la propriété. La propriété, c'est avoir quelque chose à soi. On connait le prix de sa possession, on sait combien de gouttes de sang et de sueur on a versé pour avoir ça. Et on peut transmettre quelque chose de concret à nos enfants. Vous avez vos titres de noble, nous, nous avons nos propriétés. Si vous m'enlevez ça, ma Dame, vous m'enlevez ma passion, ce qui me motive à me lever le matin, ce qui me pousse à réfléchir à quoi faire le soir. Un ouvrier n'aurait pas songé à ma boîte de voyage, simplement parce qu'à lui, on demande de faire des armes et qu'il s'arrête à cela.
Tiens, finalement, la passion, je l'ai, je pense.
- votre cité est magnifique, bien gérée, les soldats sont bons, vous respectent et vous faites donc de l'excellent travail. Mais hormis les ébénistes, avez-vous beaucoup d'artisans ? Ou des artistes autres que ceux du bois ? Des inventeurs ? Votre cité est-elle une cité qu'on vient visiter des pays voisins pour ses arts, sa beauté, son ingénierie ? Vous attirerez des ouvriers, et sans doute d'excellents ouvriers, peut-être les meilleurs, avec votre politique de taxes basses et la mise à disposition de bons outils, même excellents si je prends mon cas. Et c'est franchement mieux que d'autres cités j'imagine. Mais avec les meilleurs ouvriers, vous ne ferez que copier ce qui se fait ailleurs. Avec des artisans, vous pourriez améliorer, voire créer. Imaginons, par exemple, qu'on ait ici un souci avec un dragon. Je suis travailleur du fer, je suis prêt à mettre ma forge à disposition pour fabriquer une arme tueuse de dragon. Mais seul, je n'y arriverai pas. Avec un artisan ébéniste, on pourrait songer à un arc géant, par exemple. Un ingénieur pourrait nous apprendre la force qu'il faut pour tirer une flèche qui tuera un dragon. Un architecte pourra dresser un plan. Je saurai fabriquer la flèche sanguinaire et votre ébéniste le bois. Mais l'architecte est un artisan, l'ingénieur aussi. Un tavernier doit imaginer une carte qui attire le monde dans sa taverne, il doit trouver les meilleus alcools. Parce que sinon, il perd ce qu'il a mis des années à gagner. La dynamique, elle est là. En me privant de la propriété, vous aurez des armes fonctionnelles. Mais, ma Dame, vous n'aurez que ça. Pas la boîte de voyage. Pas l'arme tue-dragon. Sans artisans, un jour vous n'aurez plus de chenaies car vous aurez tout exploité sans réfléchir au fait de renouveler les forêts. C'est pour cela que les artisans sont importants. Un bon ouvrier vaudra toujours mieux qu'un mauvais artisan, je suis le premier à le dire. Et c'est bien que vous investissiez, mais...
Gendry, bon sang, elle a déjà mille et une raisons de te pendre, ferme-la !
- Quand un artisan fait le choix de s'installer, je comprends que vous vouliez tout faire pour le garder. J'imagine qu'à Scylla, ils ne sont pas ravis de m'avoir perdu, même s'ils ont récupéré un autre car j'ai vendu ma forge, ils ignorent s'il sera comme moi un artisan, ni comment il travaille. Mais ne le faites pas en le privant de ce qui fait qu'il brûle à l'intérieur. Je suis un étranger, vous voulez des garanties ? Fort bien, on peut en discuter. On peut, par exemple, imaginer une co-propriété. Vous avez une part dans la forge et il me faut vous la racheter par mon travail. J'achète ma part actuelle avec des sous. Disons, par exemple, la moitié des frais engagés. Vous, ça vous fait une rentrée, que vous pourrez investir dans une école de recherche sylvicole, ou une école d'art, ou de combat, ou une auberge de luxe qui attirera les riches des alentours, une maison close si ça vous dit, ou toute autre utilité que je n'imagine même pas. Et on décide que pour l'autre moitié, je la rachète par mon travail. Un pour cent de la forge représente une ennéade de travail ? Cela vous garantit qu'il me faille rester 50 ennéades avant d'être pleinement propriétaire. Moi, j'ai une vraie perspective, je peux inventer malgré tout, attirer des clients. Le fait d'avoir des commandes de la seigneurie reste rentable et pour moi, ça fait des clients, et pour vous, puisque j'abats le travail attendu. Je décide si j'ai besoin d'un ouvrier ou pas, je prends les plus gros risques. Vous avez le pouvoir de me chasser, propriétaire ou pas. C'est vrai partout et aussi ici. Cela vous offre une garantie. Je ne peux pas vraiment partir, vous avez votre "ouvrier". Je représente une menace ou un danger ? Vous pouvez me chasser. La force n'est pas de mon côté.
Cela, il pourrait le comprendre.
- Mais, que tous les dieux m'entendent, ne prenez pas à un artisan son droit à la propriété si vous ne voulez pas qu'il s'éteigne. Un artisan est un investisseur, il sait comprendre les réalités. Laissez-le être investisseur, c'est ainsi que vous tirerez le meilleur de lui-même. Parce que là, vous m'offrez le plus bel outil de travail dont je puisse rêver et ma première envie, c'est de partir. Alors que visiblement, vous souhaiteriez que je reste, pas moi Gendry mais moi le ferronnier, et je souhaite m'installer ici, parce que ce que j'ai vu me plait. Et notre mésentente vient juste du fait qu'à un moment, on s'est mal compris. Alors, ma Dame, j'espère que vous me pardonnerez d'avoir parlé franchement, mais si on ne vous explique pas ce qu'est un artisan et pourquoi un étranger viendrait s'installer ici, les choses ne changeront pas. C'est parce que je vous respecte que je vous ai parlé irrespectueusement, même si cela peut sembler bizarre de prime abord.
La copropriété, et elle a un ferronnier. En prime, elle récupère de l'argent. C'est pas malhonnête, comme proposition.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: La chance du ferronnier | Gendry Lun 15 Fév 2021 - 13:35 | |
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Louise fait des efforts. Vraiment. Elle a été à l’écoute, elle a offert le gîte, le couvert, elle lui a laissé du temps, l’opportunité de se faire une place sans que cela ne lui coûte rien, elle a construit, à ses frais, une forge abritant ce qui se fait de mieux et en retour, que reçoit-elle ? Il l’accuse de mentir ? Son sang se retire de son visage et il faut tout l’empire qu’elle a sur elle-même pour retenir sa main. Il mériterait à tout le moins une bonne gifle et un bon coup de pied au cul, celui-là, pour venir ainsi exiger – à peu de choses près – des choses d’un seigneur.
Il y a des règles à respecter et un certain bon sens dont semble dépourvu Monsieur Adkin, sur le coup.
- Je n’ai pas besoin de vous pour me rappeler comment gérer mes biens.
La réplique est sèche, la voix est glaçante et le regard est à la semblance d’un autre, totalement inconnu de Gendry. Un regard par en-dessous qui n’annonce rien de bon du tout.
- Et je n’ai pas besoin qu’un homme jauge ma capacité à faire des affaires ou me fasse la morale avec des tirades mélodramatiques.
Elle approche, d’un pas souple, si proche de lui qu’il pourra sentir son parfum. Un parfum d’huile précieuse qui vient de loin. Louise est petite, elle est fine, paraît toute délicate dans sa petite robe de laine mais il n’en est rien. Rien du tout. Cette apparente fragilité est en réalité sa meilleure arme. Une arme forgée par tous ces hommes qui se sont moqué, qui l’ont abusée et sur lesquels elle prendra, un jour ou l’autre, sa revanche. S’il a un minimum d’instinct il saura que la Dame ne plaisante pas et qu’il serait plutôt avisé de la fermer le temps que l’orage passe.
- Par contre, j’ai besoin de gens comme vous, c’est probablement la seule et unique raison qui fait que je ne vous envoie pas dans mes geôles faire la connaissance de mon Intendant, pour m’avoir parlé de cette façon totalement inappropriée. Il a une façon qui n’appartient qu’à lui de rappeler à ceux qui me déplaisent que celle qui commande ici, c’est moi.
Elle inspire ostentatoirement l’odeur du ferronnier, avant de sourire, de toutes ses dents et de dire, dans un souffle :
- Remettez encore une fois mon autorité et mon droit le plus strict en question devant mes gens et vos heures seront petitement comptées, j’espère m’être bien fait comprendre.
Louise le regarde. Elle a quelque chose de dérangeant dans les yeux, quelque chose de dangereux souligné par un sourire qui n’a absolument rien de sympathique. Puis tout s’apaise. Elle s’éloigne déjà, comme si rien ne s’était passé.
- Revenez dans quatre jours, nous aviserons. Bonne journée, Monsieur Adkin.
Point de demande supplémentaire. L’avertissement est très clair. La réponse à sa demande tout autant. Elle n’a pas dit non, ce qui est déjà en soi une bonne chose pour le ferronnier. A lui d’apprendre, à présent, l’art de parler à un seigneur dans un premier temps, puis de revoir sa façon de parler à Louise, dans un second temps. La châtelaine, elle, se dirige vers les remparts intérieurs et les hourds, afin de suivre l’avancement des choses mises en place le matin même par Aymeric, le capitaine de sa garde, et Enguerrand, son fidèle maître d’armes. Déjà, l’incident passe au second plan pour Louise, bien plus inquiète par ce qu’il se trame potentiellement là dehors que par les états d’âme de l’artisan. Question de priorité.
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