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 [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald

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Louise de Fernel
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Louise de Fernel


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MessageSujet: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeLun 22 Mar 2021 - 12:54


2ème jour des festivités
Salle du Trône, vers 18 heures



La fête bat toujours son plein et pourtant, au milieu de ce joyeux brouhaha, Louise a eu besoin de prendre un peu de temps pour elle-même. Bien entendu, elle a eu l’opportunité de discuter avec beaucoup de personnes, de manière fort agréable et courtoise, toujours, mais il n’en demeure pas moins que c’est très éprouvant pour la jeune femme. Tout cela sort de son quotidien à Fernel, un quotidien fait de liberté de mouvements, de libres pensées et de devoirs auxquels elle s’astreint sans broncher, bien loin de toutes ces réjouissances qui n’en finissent pas. Elle s’est éclipsée quelques instants, pour marcher un peu, suivie par deux gardes en armure, le temps de sortir de cette atmosphère un peu oppressante de bruit, d’odeurs lourdes et de conversations animées. La vie est Fernel est calme et douce, et elle a l’impression d’être immergée dans un torrent depuis l’avant-veille…

Quoiqu’il en soit, après avoir effectué une petite promenade en solitaire – ou presque – elle réintègre la salle du trône, toujours aussi animée, toujours aussi bruyante. Tout le monde discute, tout le monde boit, chante et danse, il y a aussi une odeur de tabac qui flotte un peu partout, quelques pipes sont allumées, dispersant une odeur particulière et forte qui n’est pas déplaisante. Et au milieu de tout ce petit monde, il y a une personne qui est – enfin – seule. Louise regarde un peu tout le monde, pour s’assurer que personne n’est sur le point de se lever pour le rejoindre puis s’avance en silence, saisissant au passage une chope de bière transportée par un serviteur qui l’observe avec de grands yeux ronds, pleins de surprise.

On ne prête pas tellement attention à cette silhouette drapée de rouge qui porte une chope de bière à l’aide de ses deux mains, elle ne fait, après tout, qu’agir en invitée en emportant une boisson et en déambulant dans la salle du trône au milieu des autres convives.

On prêtera pourtant un peu plus attention à ce qu’elle fait lorsqu’elle s’arrête devant sa cible, s’inclinant avec grâce avant de tendre la bière le plus naturellement du monde, pour dire ensuite de sa voix douce :

- Votre Majesté…Auriez-vous quelques instants à me consacrer, s’il vous plaît ?

Une demande formulée avec un sourire même si elle est un peu intimidée. C’est la toute première fois qu’elle demande une audience à un roi, ce n’est pas rien, après tout…
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeLun 22 Mar 2021 - 14:20

Les festivités étaient réussies. Comment Harald pouvait-il le savoir, autrement que via l’incroyable facture qui s’allongeait d’heure en heure ? Et bien tout simplement par le spectacle. Il existe en effet quelques indicateurs qui témoignent de la réussite – ou non – d’un banquet nain.

Tout d’abord, le nombre d’invités, quoi que même les nains conviendraient que ce critère soit partagé sur tout le continent. Puis, vient le nombre de chopes, chopines, verres et carafes vides, renversées, échouées ou brisées. Cela indique que nombreux furent les invités qui trinquèrent ensemble, échangèrent, burent, certains jusqu’à plus soif. Et puis, on regarde le nombre d’assiettes vides, parachevées par des tonnes de tranches de pains pour achever les sucs et les sauces. Et puis, on regarde… Le nombre d’inconscients. Car il est commun chez les nains de s’endormir ou de choir là où on se tient lorsque l’alcool triomphe finalement de vous, ou lorsque l’envie d’une sieste se fait plus forte que l’envie d’éveil. Surtout chez les nains les plus âgés.

Mais Harald n’avait pas invité tout ce petit monde uniquement pour pouvoir s’offrir un mariage de qualité, et offrir aux siens et aux invités, des festivités d’anthologies. Le soixante-huitième Grand-Roi du Zagazorn voulait faire de cet évènement un symbole politique fort. En se liant ainsi à une jeune bavette, Brynhild Odomar, Harald envoyait un message fort : les nains devaient procréer. L’amour devait se dévoiler, et les unions devaient se nouer sous l’égide des dieux, car le Zagazorn avait besoin d’augmenter sa natalité, et sa population.

Mais un second message politique avait été envoyé, via cette incroyable quête ô combien tragique, mais aussi ô combien épique : la quête du Mogarium. Métal précieux, rarissime, ne se trouvant que dans quelques filons dans les plus profonds abysses rocheux des monts du lointain Nord, doté de capacités physiques hors du commun, ce métal a été découvert par les nains voilà 11 000 ans déjà. Et la maîtrise artisanale du petit peuple du Nord, issue des cadeaux de Mogar par le biais d’un des fils de la première forge, Smedan le forgeron, était si grande et si exceptionnelle, qu’il fut le seul à pouvoir être capable de miner, extraire, travailler et forger le Mogarium. Et encore à l’heure actuelle, les nains sont les seuls à pouvoir se vanter de la sorte.

De mémoire de nain, on compte une création en mogarium par demi-siècle, tant les filons sont rares, et n’offrent que de faibles quantités de minerais. Mais la couronne des Rois, la fameuse création millénaire qui fut perdue, retrouvée, mais endommagée par l’éruption volcanique de Kirgan, avait été reforgée. Et Harald la portait sur le crâne en ce moment même. Il s’était coiffé lui-même de cette création lors du mariage, devant un parterre d’invités ébahis et stupéfaits. Harald envoyait là son second message politique : les nains sont forts, puissants, et riches.

Alors forcément, il fallait faire face aux conséquences que provoqueraient tous ces messages politiques. Et aujourd’hui, Harald n’avait pas eu beaucoup de temps pour lui, ou pour son épouse. Sa matinée avait été bien remplie, par un conseil politique secret aux décisions lourdes de conséquences. Et l’après-midi, beaucoup furent les invités qui voulurent un peu de son précieux temps.

Alors, une fois libéré, Harald s’était attablé à la table royale. Il avait mandé bières, herbes à pipe et une écuelle de viande avec cette succulente sauce aux champignons et au miel. Et il mangea lentement, prenant son temps afin de savourer tout cela, avant que la soirée ne fasse battre à nouveau les tambours d’un festin alcoolisé. Il mangea avec appétit, but sa bière avec avidité… Et puis il se laissa aller à observer les environs.

Jusqu’à-ce que, quelques minutes après, une humaine ne fasse son apparition. C’était Louise de Fernel, la châtelaine qui, la veille, avait offert de sublimes présents qui, bien que simples, étaient forces de grands messages de stabilité et de prospérité. Harald n’avait pas oublié le minois de cette châtelaine, qui dégageait une certaine prestance, bien qu’elle ne soit, pour le Roi nain, qu’une humaine parmi tant d’autres. Après tout, pour lui, les humains n’étaient bons que pour le commerce tant ils étaient avides de fortune, d’or, et de profits. Leur nature imparfaite faisait d’eux des clients parfaits, dans le sens où ils s’arrachaient à prix d’or les produits qui venaient du Zagazorn et qui jouissaient d’une aura légendaire. Mais les imparfaits n’étaient points de bons partenaires politiques : leurs guerres intestines, leurs complots, leurs empoisonnements, n’en faisaient point des êtres de confiance. Aussi Harald prenait-il toujours ces Umgis avec des pincettes.

Se saisissant de la chope, Harald fit un geste de tête à Louise en réponse à la salutation révérencieuse qui lui fut offerte, et il leva ladite chope, avant de la porter à ses lèvres pour y goûter un peu. Puis enfin, il répondit :
- Tout à fait, mais vous devrez m’accompagner dès lors que je quitterais ma tablée, ce qui devrait se faire incessamment sous peu. Répondit-il dans un Oliyan de qualité, mais à l’accent aussi tranchant qu’un rasoir. Après une telle journée, j’aurais bien besoin de dégourdir mes guiboles. Et il n’est pas utile de me donner de ces titres pompeux que vous autres Péninsulaires appréciaient. Nous les nains nous appelons par nos prénoms, ou par le qualificatif de maître suivi du nom du clan. Ou par notre titre, « Grand-Roi », par exemple. Je ne suis point une majesté pour qui que ce soit, car cette couronne ne se trouve sur mon crâne que grâce à la bénédiction des divinités, et par la confiance des miens. Que puis-je pour vous ?

Demanda-t-il enfin, se servant une autre gorgée de bière, et indiquant à Louise un siège laissé vacant. L’heure serait bientôt à la balade, mais avant, Harald voulait s’entretenir avec Louise ici, au cœur de cet évènement d’une grande importance.
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeMar 23 Mar 2021 - 14:31


Cela ne se voit pas, cela ne s’entend pas mais sous le velours de ce corsage carmin bat un cœur qui n’a probablement jamais battu aussi vite qu’en cet instant. C’est que le moment est d’importance pour Louise et que cela sera sans doute sa seule opportunité de rencontrer le Grand Roi du Zagazorn en personne, sans devoir passer par les lettres et les corbeaux. Elle prend donc place sur le siège que le souverain lui désigne et le laisse parler, comme elle le fait avec tout le monde, sans songer un instant à l’interrompre.

Ce n’est que lorsqu’il aura terminé de s’exprimer qu’elle répondra, de cette voix douce et posée qui est la sienne, les deux mains jointes sur ses genoux.

- Je me déjugerais totalement si je me permettais de vous appeler autrement. La couronne qui orne votre front ne peut que rappeler, à tout le monde, que vous n’êtes pas le premier venu, surtout pour nous, les étrangers de Péninsule. De plus, je ne fais pas partie de votre peuple, je vous prie donc de m’excuser si je suis malhabile ou maladroite, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre à votre propos. Toutefois, si cela vous déplait, je vous appellerai comme bon vous semblera.

Directe et honnête. Nul doute qu’un discours pareil tenu à Diantra lui vaudrait sans doute les moqueries ou quelques réactions houleuses mais Louise est ainsi. Un sang vif qui s’exprime sans artifice. Et si Harald a un tant soit peu de jugement, il saura que Louise ne lui a aucunement manqué de respect. C’est même tout le contraire.

Quand il demande en quoi il peut lui être utile, Louise esquisse un sourire aimable.

- A dire vrai, je ne suis pas venue vous déranger pour vous demander quoi que ce soit.

Elle regarde l’assemblée un instant, puis ses mains, avant de reporter son attention sur le Roi.

- Je suis venue parce que j’ai jugé que c’était le bon moment, parce que vous étiez tout seul et que je pense que je n’aurai pas d’autres occasions de vous remercier de vive voix, sans passer par des intermédiaires ou par des lettres.

Là aussi, elle est très honnête et très directe, une fois de plus. Elle sait très bien où se trouve sa place dans la hiérarchie péninsulaire : tout en bas de l’échelle. Parce qu’elle est une femme non mariée et qu’elle n’est que châtelaine. A cérémonie égale, en Péninsule, elle serait reléguée au fin fond de la salle, en compagnie des personnes de petit sang et de petit rang, bien loin derrière les Ducs, les Marquis, les Comtes et les Barons. Et elle ne pourrait même pas songer un instant à rencontrer le petit Roi. Cela n’a pas été le cas ici et c’est bien ce qui justifie la présence de Louise tout près d’Harald. Un remerciement.

- J’ai été reçue et traitée avec dignité par vous-même et par votre peuple. Vous n’avez eu que d’aimables attentions envers mes hommes et moi-même en faisant preuve d’élégance dans l’agencement de nos appartements, vous n’avez fait aucune distinction entre le Duc, la Baronne et la châtelaine que je suis. Nous n’avons manqué de rien, j’ai découvert des tas de choses, j’ai pu me promener dans les limites fixées et admirer ce que je pouvais admirer. Je rentrerai à Fernel avec de merveilleux souvenirs et des images somptueuses que je me ferai une joie de raconter…Je voulais vous remercier pour tout cela alors…

Un sourire

- Merci.
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeMar 23 Mar 2021 - 17:19

Une fois n’était pas coutume, mais l’instant était historique. Quoi que, depuis le début de cet évènement, depuis le début des festivités, de ce serment de fidélité, de nombreuses choses s’étaient déroulées, et revêtait cette aura de la petite histoire, au cœur de la grande. L’histoire avec un grand « H » s’écrivait dans une trame continue, et s’enorgueillissait de petites histoires qui allaient et venaient, et qui, dans une certaine globalité, faisaient de ces trois jours, une exception unique, au travers des onze cycles derniers cycles d’histoire.

De mémoire d’Elfes, de Nains, et encore plus d’Humain, on n’avait jamais vu tel rassemblement d’êtres si différents, sous la montagne du Kirgion. Kirgan, capitale, cœur du pouvoir royal au Zagazorn, n’avait jamais accueilli autant d’Humains et d’Elfes, ô grand jamais. Et encore moins des seigneurs, des Rois étrangers. En cela, Harald, avait fait fort.

Mais le soixante-huitième Grand-Roi du Zagazorn ne s’était pas arrêté là. Il avait fait transformer des ailes entières du palais royal, afin de s’adapter aux mœurs et dimensions physiques des Humains de Péninsule et de Naélis, mais aussi – et surtout – à celles des Elfes d’Anaëh. Jamais on n’avait vu les Nains du Zagazorn tendre ainsi une main vers les autres peuples. Et jamais non plus, depuis le Voile, où la tendance était plutôt inversée.

Et ce n’est pas fini. Car Harald avait autorisé une certaine liberté de mouvements de ces invités, une liberté, y compris au cœur de la capitale, et des terres, d’ordinaires fermées toutes les deux aux pas des étrangers. Nul Humain, nul Elfe, n’aurait pu être autorisé à dépasser les enclaves commerciales de Thanor et de Lante, autrement qu’en ces jours-ci.

Et ces étrangers avaient vécu un serment de fidélité. Et ces étrangers avaient vécu un banquet royal. Ils foulaient la pierre de la salle du trône de la renaissante Kirgan, ils levaient leurs yeux sur la couronne des Rois, en Mogarium, seule création qu’ils ne pourraient jamais observer, réalisée dans ce précieux métal. Ce métal, aux propriétés exceptionnelles : indestructible, impossible à travailler autrement que dans les célèbres hauts-fourneaux de Kirgan et de Thanor, impossible à transpercer ni à rayer… Exceptionnel, disions-nous.

Et cette couronne trônait sur le crâne de Harald, ancien Gazanundi de Lante, ancien capitaine de régiment d’infanterie lourde de Lante. Lui qui, au travers de dizaines de batailles et d’affrontements, avait risqué sa vie pour les siens et son peuple, avait manqué de rejoindre le Mogankordum lors de sa grave blessure au combat, avait maintenant abandonné sa célèbre armure de plate de couleur noire de jais, pour une tunique de soie, de laine, de fourrures et de fils d’argent, et la couronne d’un pouvoir grandissant. Son visage, buriné par plus d’un siècle et demi de travail, était tourné vers la châtelaine, très jeune, en comparaison. Ses mires acérées détaillèrent l’attitude de la jeune femme, dont les mots trahissaient un courage ardent, un cœur pur… Transcendant avec la nature imparfaite de sa race.

Plus de 140 ans séparaient ces deux êtres. Cette existence – si éphémère en comparaison de la durée de vie des Elfes mais si longue par rapport à celle des humains – se traduisait dans le regard du souverain : il savait sonder l’âme et le cœur de ses vis-à-vis, bien que l’âme et le cœur des humains soient, à son avis, et selon les dogmes de sa religion, bien moins doués de confiance, d’honneur et moins digne de parole.

Mais voilà, Louise de Fernel semblait être faite dans le moule de l’Humain, mais sa braise-vie – ou plutôt son âme chez les Humains – ressemblait à celle d’une personne bien différente de son enveloppe charnelle. Sa façon de s’adresser à Harald était bien à-part, en comparaison de celles des autres humains. Et puis, de tous… Elle était la seule à s’exprimer ainsi pleinement, et à exprimer de tels remerciements.

Terminant une chope, Harald s’essuya la barbe d’un revers de coude. Et puis, il posa ses coudes sur la table, et regarda à nouveau Louise, sans rien dire. Quelques secondes durant, Harald repensait à ce que la châtelaine venait de lui dire, de lui offrir. Des remerciements. Quelque chose de simple, en soi, mais un signe d’honneur chez les nains. Remercier son hôte, lui rendre hommage, lui rendre honneur, étaient des us et coutumes très ancrées chez les nains, l’honneur étant la valeur centrale de toute cette société clanique et méritocratique.
- Tout le plaisir est pour moi, Louise. Dit-il simplement, de sa voix grave et rocailleuse. Quel hôte serais-je, si je traitais mes invités avec dédain. Vos remerciements m’honorent. Et puis, il passa ses deux épaisses pognes dans une étoffe servant de torchon et de serviette, et il se lève, indiquant à Louise de lui emboiter le pas. Suivez-moi, je vous prie.

Et puis, il avança. De sa démarche assurée, Harald prit la direction… De l’aile royale. Interdite aux non-nains, exceptionnellement autorisée ce matin aux souverains Nakor et Artion, voici qu’en cet instant, Harald y pénétrait, accompagné de Louise, juste derrière lui. Dépassant les gardes qui frappèrent leurs plastrons, Harald poursuivit tout droit durant plusieurs dizaines de mètres. Le corridor, gravé de sagas, de scènes diverses, et éclairés de torches, s’ouvrait de temps à autres sur des salles très grandes et hautes de plafonds, comme des bibliothèques et des salles d’études et de travails.

Et puis, au bout de ce long couloir, la voici : la crypte des Rois. Créée au tout début du règne de Harald, cette crypte n’avait qu’un but : honorer les Rois qui régneraient après le Voile. Car, avec la destruction de Kirgan lors de l’Ire de Mogar, ce n’était pas seulement une ville qui fut anéantie. Ce n’était pas, en plus d’une ville, la Grandsalle des Scriberunes, qui fut détruite. Tout cela fut anéantie, en plus de l’ancienne crypte des Rois, qui contenaient les caveaux et tombeaux des souverains Nains depuis la chute d’Ankorong, et depuis la création de la capitale, au quatrième cycle.

Cette crypte, disais-je, avait été la toute première construction ordonnée par Harald lui-même, en début de règne. Lui que l’on surnommait « Barbe-Sanglante » depuis des décennies, en raison de son rituel macabre qu’il réalisait au milieu des mêlées et des champs de bataille – tremper sa barbe dans le sang de ses ennemis – brillait déjà depuis le début de son règne par sa propension non pas à détruire, et à faire saigner, mais à construire, et à préserver. En moins d’une année, Harald avait ordonné que soient construits de nouvelles loges au cœur de Kirgan, avait surveillé lui-même les travaux de la cité et son agrandissement, avait ordonné la construction de deux forts militaires sur la route de Molgrunn ainsi que les défenses de celle-ci. Et, surtout, il avait renoué les liens avec les Elfes, et le commerce avec les Humains. Nul doute qu’il ne méritait plus son surnom de « Barbe-Sanglante » mais cela ne dépendait point du lui.

Et la voici, cette crypte. En bas d’un escalier aux larges marches, elle débutait par un tombeau, et pas des moindres : celui de Hardrek Poing-de-Fer, soixante-septième Grand-Roi du Zagazorn, et premier souverain après le Voile. Celui qui avait réunifié le Zagazorn tout entier sous une seule bannière, qui avait reprit Almis par deux fois et qui avait combattu les fanatiques de Dun Eyr. C’était lui qui avait repris Kirgan des années après le Voile, alors que, de Général des armées royales, il était devenu le Roi de Lante, cité qui accueillit la majorité des flots de réfugiés. Son tombeau, grand, large, chichement décoré, était accessible : deux lourdes portes pouvaient s’ouvrir. Et Harald, les entrouvrit, et laissant Louise entrer, les referma derrière eux.

Le tombeau se dressait là, solide, mais froid comme la pierre. Un nain y était gravé, dans des dimensions notables, et qui renfermait une grande hache entre ses mains. Partout autour, des meubles, des torches, des runes aussi, qui éclairaient la scène, et qui permettaient aux visiteurs de rendre un dernier hommage au souverain qui, depuis longtemps déjà, avait rejoint les Derniers Halls, et qui festoyait avec ses ancêtres, avec ses prédécesseurs, et avec les divinités elles-mêmes… Mogar y comprit.
- Vous parliez d’images, de paysages, de choses, qui jamais ne quitteraient votre mémoire. Vous parliez de merveilles, que vous ne vous priverez point de conter. Voici un autre lieu de grande importance : la crypte des Rois. Et là, devant vous, se trouve le tombeau de feu Hardrek Poing-de-Fer, mon prédécesseur. C’est lui qui a réunifié le royaume après les affres du Voile. Mon peuple lui doit tant. Son tombeau, et cette crypte, ont été les premières choses que j’ai ordonné en tant que Roi, lorsque j’ai été élu par mon peuple. Dit-il, avant de garder un silence aux profondeurs abyssales, seulement troublé par le crépitement des braséros et des torches. S’avançant, le souverain passa sa main au-dessus du couvercle du tombeau, et passa ses doigts caleux sur la sculpture d’une hache… Et il invita Louise à faire de même, d’un geste de sa main libre. Vous sentez ? Demanda-t-il, en se retirant pour laisser la place à Louise. Sans doute avez-vous pu observer un nain plus âgé que les autres, hier, et se déplaçant avec une canne. D’ailleurs, ils étaient deux : Haldin Barbedrue, et Yggdar Frappe-Rune. Ce dernier est un forgerune émérite, capable de forger, au cœur du métal, des runes d’une puissance insoupçonnée. Sous ce couvercle, se trouve une de ses créations, qu’il aura offert au Grand-Roi avant sa mort : une hache d’arme forgerunée. Ce que vous ressentez, c’est la puissance de la magie renfermée à l’intérieur. Le monde connaîtra des apogées, et des déclins, mais jamais la magie de ces runes ne parviendra à s’estomper.

Les savoirs liés aux runes étaient farouchement, jalousement, violemment gardés. Nul étranger ne devait jamais être initié aux arts des runes magiques. Savoir qu’elles existaient constituait déjà une information en soi, et beaucoup de nains – surtout les runistes – souhaiteraient que cette magie ne soi même pas connu par son nom. Harald n’avait rien dit d’extraordinaire : tous avaient pu voir les deux cannes forgerunées de Yggdar et Haldin durant la soirée de la veille, et Nakor avait eu la maladresse de s’exprimer à voix haute à ce propos.

En retrait, Harald laissait le temps à Louise de s’imprégner de ces lieux. Elle voulait de l’exceptionnel, et semblait si prompt à remercier ce que la vie lui offrait, que Harald avait été sensible à cet état d’esprit. Aussi voulait-il voir ces étincelles dans le regard de Louise. Il ne lui faisait point confiance outre mesure – n’était-elle point humaine et mal-faite après tout, comme l’indiquaient les textes religieux – mais elle avait eu le courage d’honorer le Grand-Roi de ces terres par des remerciements, et un témoignage sincère. Un témoignage que Harald voyait avec tout l’honneur de la chose.
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeMer 24 Mar 2021 - 21:49


A-t-elle été un peu trop directe ? C’est un moment un peu difficile que ce silence qui suit ses paroles et qui précède les mouvements étranges du roi. Il termine sa bière et pose ses coudes sur la table pour la regarder droit dans les yeux. Elle se sent bien petite, et elle sent aussi le rouge lui monter aux joues, avant de baisser un peu la tête, gênée. Elle ne voulait pas se montrer désobligeante, elle voulait juste remercier et déjà dans son esprit elle cherche une petite phrase polie pour s’en aller et échapper à ce regard posé sur elle mais le souverain en décide autrement. Son cœur rate un battement lorsqu’il l’appelle par son prénom. A-t-elle bien entendu ? Il vient bien de l’appeler Louise ? La confusion apparaît sur ce visage jeune et rouge. Oui, elle a bien entendu et cela ne s’arrête pas tellement là, puisqu’il lui demande de la suivre. Il avait juste avant précisé qu’il désirait se dégourdir « les guibolles » donc elle ne dit, elle le suit.

Elle s’était imaginé une petite discussion rapide dans un couloir, avec tout plein de gardes partout, occupés à vérifier qu’elle ne présente pas de menace pour le Roi. Peut-être une conversation, au grand maximum, sur un petit banc, visibles de tous, aussi prend-t-elle la direction d’un couloir, sans même réfléchir avant de constater que le roi s’écarte de cette direction et s’en éloigne même diamétralement. Il se dirige vers cet endroit qui est interdit et elle le rejoint, d’un pas souple, en train de triturer ses mains, vraiment perplexe. Dépassant la grande porte puis les gardes qui viennent de frapper leur plastron en signe de respect, elle ouvre bien grand – tout grand même – les yeux afin de ne rien perdre de ce qu’elle voit, même s’il n’est évidemment pas question de ralentir le pas afin de tout voir de plus près. Non. Il s’agit de suivre et de garder une attitude digne, même si l’émerveillement se lit sur son visage. C’est magnifique et totalement majestueux, elle pourrait rester sans doute des heures à tout contempler, détailler, observer, pour en garder un souvenir tangible, une esquisse posée sur ses parchemins mais elle n’en a pas le temps.

Il y a pourtant des gravures remarquables, dans ce long corridor qu’ils arpentent dans un silence seulement troublé par l’écho de leurs pas se répercutant sur les parois gravées. Il y a des choses extraordinaires, éclairées à la lumière des torches, des lueurs douces qui vacillent sous l’effet d’un léger courant d’air, donnant soudain l’illusion que les gravures se mettent en mouvement, dansant à chaque petit souffle…Quel spectacle…Et que dire de ces vastes salles devant lesquelles ils ne s’arrêtent pas, lui permettant d’apercevoir ici une grande salle de travail, là-bas une bibliothèque…Tout ce savoir réuni en un seul lieu…Il doit y avoir tant de chroniques ici ! Tant de savoirs enfouis et jalousement gardés, comme le lui a si bien fait comprendre Braämh ce matin même ! Un savoir qu’ils refuseront de partager, cela va sans dire, elle le sait bien mais la curiosité naturelle de Louise, ce désir de savoir et d’apprendre, inextinguible, lui fait tendre un peu le cou pour mieux voir les grandes tables faiblement éclairées, les centaines de rouleaux qu’elle devine empilés sur de vastes étagères, les livres, inestimables et précieux, qui contiennent toute l’histoire d’un peuple, ses récits légendaires et ses exploits ! Que cela serait passionnant de pouvoir lire, observer tout cela mais outre le fait que cela serait probablement interdit, il y a de plus la barrière de la langue et de l’écriture qu’elle ne maîtrise pas du tout. C’est à peine si elle parvient à prononcer quelques mots en Khazalide…

Louise ne sait pas très bien où ils se rendent et elle n’ose pas tellement poser la question de crainte de troubler l’harmonie plutôt apaisante qui règne ici, une paix qui tranche singulièrement avec le brouhaha persistant de la salle du trône. Il y a dans ce corridor, dans ces escaliers qui mènent à une nouvelle pièce, une paix totale, seulement troublée par le bruit de leurs pas et par les crépitements secs des torches. Au bas des marches, Louise ne dit toujours rien. Elle observe le roi pousser la porte puis répond à son invitation silencieuse, le cœur battant à tout rompre. Qu’est-ce que cela signifie ? Quel est cet endroit ? Pourquoi avoir été si loin ? Cela n’a pas tellement de sens pour la châtelaine, elle qui ne s’estime guère très importante.

Quand le roi ferme les portes, elle laisse ses yeux s’habituer à la pénombre coupée par de douces lueurs issues de braseros disposés aux quatre coins de la pièce. Une pièce vaste. Une pièce…

- …

Elle ne dit rien non pas parce qu’elle n’a rien à dire mais parce que cela serait sans doute totalement déplacé de le faire. Il s’agit d’une crypte. Il n’y a que dans ces endroits là qu’il règne une telle atmosphère de dévotion et de prière, un souvenir permanent des défunts élevés au rang de légende, de petits objets leur ayant appartenu disposés à la vue de tous afin de se souvenir des bons moments, comme cette pipe placée sur un petit piédestal, ces petits objets de la vie quotidienne…Louise reste là, debout, à regarder en silence, sans oser bouger.

Il y a des autels, des statues disposées sur eux, de part et d’autre d’un impressionnant gisant qu’elle contemple enfin. Si la châtelaine se sentait toute petite face à Harald dans la salle du trône, c’est bien pire ici face à cette statue en majesté qui regarde droit devant elle, une hache à deux lames dans ses mains, représentant sans nul doute possible un roi dans toute la force de l’âge, nimbé de sa puissance, auréolé de gloire. Le visage est dur, sans compromission, imposant le respect d’entrée de jeu. Les paroles prononcées par Harald, dans le silence religieux et sacré de cet endroit, lui font presque l’effet d’une petite claque qui la sort de sa rêverie.

Ainsi donc, elle est dans la crypte des rois, près du tombeau du prédécesseur de l’actuel souverain. Le nom d’Hardrek Poing-de-Fer lui est connu, seulement parce qu’elle l’a lu dans une des petites chroniques disponibles à Fernel. C’était un nom au milieu de pages jaunies et vieillies par les années, juste un nom, rien de plus, et voilà que le nom vient de se muer en portrait, un portrait qu’elle ne quitte pas du regard, tandis qu’Harald explique et raconte, sans s’interrompre. Elle note l’extraordinaire respect avec lequel il parle de ce roi disparu, elle comprend tout de suite à quel point il a été important pour le peuple Nain aussi écoute-t-elle avec la plus grande attention. Elle l’observe, toujours silencieuse, caresser du bout des doigts la sculpture de cette hache avec une dévotion toute religieuse.

Lorsqu’il l’appelle, elle approche bien sûr, regardant le roi, puis le tombeau, la hache, les mouvements qu’il a effectué sur la pierre sculptée avant de poser sa main à son tour, après un petit instant d’hésitation.

Louise craint les effets de la magie. Elle en a une peur bleue depuis sa mésaventure de Thaar, elle l’associe à quelque chose de déplaisant. Ici, à Kirgan, elle a du prendre sur elle un nombre incalculable de fois, devant Nakor, devant Radwëdh, devant beaucoup de gens. La magie, elle la perçoit par un prisme de souffrance qui ne pourra pas s’estomper rapidement. Pourtant, cette magie-là, celle qu’elle perçoit sous ses doigts, est différente. Elle n’est pas agressive ou envahissante, elle est juste là, stagnant sous la pierre et pulsant en ondes douce jusqu’à son épiderme. La châtelaine se surprend à suivre les courbes et les contours du bout de ses doigts, littéralement fascinée par ce qu’elle ressent.

- Des runes…des runes magiques ?

Elle connait les nécromanciens. Elle connait les Mages des Ombres. De très près. Mais ça là…ça…C’est totalement différent. Louise a l’impression que la pierre elle-même est en vie. Une pierre qui pulse doucement à un rythme inconnu, qu’elle ne comprend pas. Un sourire de ravissement s’affiche sur son visage, avant qu’elle ne retire elle-même ses doigts de la pierre sculptée, de crainte de paraître trop envahissante ou irrespectueuse. La châtelaine croise ses mains sur le devant, digne et discrète, encore sous le choc de ce qu’elle vient de ressentir.

- C’est…Je ne savais pas que cela existait…J’ai bien vu en effet ces personnes dont vous parlez mais…

Elle regarde un instant ailleurs, quelque peu gênée.

- …Je pense qu’ils auraient peut-être préféré que nous les Humains ne soyons pas présents. Ils ne nous ont rien dit mais parfois un regard en dit bien plus qu’un long discours.

Et le regard d’Yggdar Frappe-Rune parlait pour lui, hier soir. De gros sourcils froncés en permanence, un air bougon et renfrogné, il fait sans doute partie de ces Nains qui auraient volontiers bouté les étrangers hors de la salle du trône. Par prudence, Louise ne s’en est pas approchée. Un choix judicieux si on part du principe qu’il possède une canne magique, comme le laisse entendre le roi Harald. A nouveau un petit silence s’installe alors, tandis que Louise jette encore un regard sur le gisant puis sur le souverain.

- C’est un endroit sacré, un endroit dans lequel vous célébrez et honorez vos défunts. Je suis très sincèrement honorée d’être ici…Nul doute que j’aurai de quoi raconter, pendant de longues ennéades, tout ce que je viens de voir, vivre et ressentir en ces lieux mais…

Elle regarde ses mains, ses petits doigts qui viennent de ressentir tant de choses fabuleuses puis demandent, de sa voix douce :

- Pourquoi m’avoir menée ici ? C’est un endroit cher à votre cœur, je le sens, tout comme il doit être cher à ceux de votre peuple. J’imagine qu’il n’y a probablement que peu d’endroits aussi sacrés que celui-ci à Kirgan…Je suis une Humaine et nous ne nous connaissons même pas…ou alors très très peu, et uniquement par petits courriers.

Louise relève ses grands yeux noisette sur le souverain. De grands yeux plein d’étincelles de joie et de fierté aussi. De grands yeux qui se posent sur les parois, sur les statues, sur les petits objets rappelant le défunt, sur les pierres sculptées, cette couronne d’or et de joyaux qui luit subtilement sous les torches allumées ici et là.

- Personne ne voudra jamais me croire si je raconte cela. Tout cela.

Elle montre la pièce d’un petit geste de la main.

- Parce que tout le monde sait à quel point le Zagazorn conserve jalousement ses secrets, à quel point il a peiné à s’ouvrir au monde. Et le Grand Roi du Zagazorn en personne aurait montré le sanctuaire de ses prédécesseurs à une toute petite châtelaine de Péninsule ? Il lui aurait fait sentir cette extraordinaire magie courant sous la pierre, la magie d’une hache enterrée avec son propriétaire, comme cela, pour rien ? Personne ne le croira jamais…

Elle a un sourire triste en énonçant cette pragmatique assertion qui n’est que le reflet d’une certaine vérité. Elle sait très bien que peu de gens sur ces terres ou ailleurs croirait une telle chose. Si ici elle est traitée avec égard et respect, sur le même pied d’égalité que la baronne d’Oesgard ou même le Duc d’Erac, il n’en est pas de même en Péninsule, très loin de là.

- D’où je viens…Les gens comme moi n’ont pas d’importance. Leur parole n’a pas de poids. Nous ne comptons pas ou peu. Qui croirait qu’une châtelaine ait pu recevoir un tel honneur ? Personne chez moi ne voudra jamais y croire, c’est une certitude…
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeJeu 25 Mar 2021 - 12:34

Harald ne disait rien, mais observait tout. Il avait dit beaucoup de choses, sans toutefois dévoiler ni secrets ni informations importantes. Il avait tendu une main, encore une, vers une représentante du peuple qui, de tous – mais à l’exception des Drows – était le moins digne de confiance. De par leurs origines, les Humains, les « Umgis », sont des êtres imparfaits qui n’auraient jamais dû prendre vie. Mogar, le Père des Nains, aura en effet forgé les Nains dans l’acier le plus dur et le plus pur, mais les scories – ces déchets de forges produits à force des coups de marteau sur une enclume – produits ce travail, durent bien être évacués. Cette évacuation fut faite, et l’erreur survint : les scories furent jetées dans les vents astraux, et la vie fut insufflée, alors que le Père ne le voulait point. Nés sans être désirés, nés des imperfections purgées de l’acier, les Humains étaient créés imparfaits, indignes.

Et Harald, dans une certaine mesure, partageait ce ressenti. En tant que membre d’un clan de guerrier séculaire, résidant depuis toujours au cœur du Brissalion, il avait vu les Humains dans l’Enclave de Lante, dans les quartiers commerçants. Il avait entendu les rumeurs, les rapports, les nouvelles, de ces affrontements qui naissaient entre différents seigneurs. Il avait écouté les récits des voyageurs effarés qui, se rendant au Nord, étaient passés au beau milieu de charniers, devant des potences aux longueurs insoupçonnées desquelles pendaient des dizaines de cadavres déjà dévorés par les corbeaux. Tout cela, à cause d’une trahison. Tout cela, à cause d’un calice empoisonné. Tout cela, parce qu’un seigneur désirait se venger d’un autre, prendre les terres de son voisin, se soulever contre son suzerain pour des raisons plus ou moins obscures. Oui, Harald avait entendu beaucoup de choses au cours de son existences. Cent-soixante-huit années, durant lesquelles de nombreux seigneurs Humains étaient nés, et étaient morts, vivant leurs vies éphémères comme si rien ni personne ne devait leur survivre.

Alors, oui, il était méfiant. Il n’était pas en confiance, il n’était pas rassuré. Que ce soit homme ou femme, cette race toute entière était peu digne de confiance et d’honneur.

Toutefois, il était le premier à savoir que l’individu pouvait, parfois, s’échapper du carcan de la race. Lui-même, avait appris à s’ouvrir au monde en quelques années, alors que, lorsqu’il était encore simple capitaine de régiment, il aurait été le Mogarite le plus violent, et aurait massacré sans aucune raison quiconque n’était pas un Nain. Il en avait fait du chemin. Tout comme T’sisra Hazkalkol qui, née au Puy, était devenue une Naine à part entière, et cela grâce à la bénédiction de deux Rois successifs.

Alors, pourquoi Louise ? Pourquoi cette petite châtelaine dont les terres étaient inconnues de l’esprit du souverain du Nord, voilà encore quelques semaines seulement ? Pourquoi elle, simple jeune femme ?

A cause du titre, puisqu’elle était tout de même une châtelaine ? Non. Chez les Nains, les titres n’ont aucune valeur, sinon l’honneur qui se trouve derrière. Chez les Nains, diriger un régiment, diriger une cité, diriger le royaume, ne se fait ni par les liens du sang, ni par l’héritage, mais par le mérite. Par l’élection des thanes du royaume, ou d’une cité, ou par la nomination d’un être par un autre, suite à des faits d’armes, ou des faits honorifiques.

A cause de son statut de femme donc, qui pourrait émoustiller le mâle régnant ici ? Non. Car les unions entre nains et humains étaient réprouvées, détestées, bannies, dans cette partie du monde. Et Harald n’avait jamais eu d’yeux pour les humaines. Il n’en n’avait eu que pour deux bavettes : sa première liée, puisse-t-elle festoyer dans les Derniers Halls, et sa nouvelle liée, Brynhild Odomar.

Alors, pourquoi ? Pourquoi permettre à la jeune femme de voir tant et tant, et vivre tant et tant, de ressentir tant et tant, sans que qui que ce soit de par chez elle ne puisse jamais ni la croire ni l’entendre ?
- Votre réflexion est trop Humaine, Louise. Répondit-il finalement. Sa voix, rocailleuse, abimée par les multiples cris qu’il avait lancé au cours de sa vie, et abimée également par une soirée de la veille ô combien épuisante de par les cris, les rires, les fumées et les boissons, résonnait dans ce tombeau comme une voix d’outre-tombe. Grave, aux tonalités de bariton, elle prenait d’autant d’ampleur et de profondeur que les parois renvoyaient l’échos de cette voix royale. Vous, les Humains, ne voyez que par ce qui coule dans les veines de certains qui furent choisis, ou qui furent suffisamment prompts à s’abaisser pour ramasser un pouvoir rester vacant. Vous n’accordez de valeurs qu’à ceux qui se targuent d’être plus hauts que vous. Mais le paysan qui nourrie le seigneur, à la force de ses bras, de sa bèche et de son courage, n’est-il point plus couvert d’honneur que celui qui attend sur un trône vide ? Poursuit-il, alors qu’il tentait de faire comprendre à la très humaine Louise, comment le très Nain Harald pensait, et donc, à lui faire comprendre la réponse qu’elle attendait pour sa question. Ne réfléchissez plus comme réfléchissent les Humains, mais pensez plutôt comme ceux qui se trouvent ici : les Nains. Ici, point de titre, point de terres. Nous ne nous élevons qu’au mérite et à l’honneur. Vous les Humains, vous monnayez votre fidélité, et votre loyauté, et vous abandonneriez jusqu’aux rangs de vos armées sitôt l’adversaire reconnu comme trop fort, ou sitôt les caisses vides. Ici, chez nous les Nains, l’honneur est au-dessus de tout. Jamais ô grand jamais un Nain n’irait rompre les rangs devant un ennemi trop fort, ou parce que l’or ne coule plus. Car l’appelle du peuple, l’appelle des frères, surpasse tout. L’honneur commande des sacrifices que les plus fervents croyants de vos religions ne pourraient souscrire, ni même deviner. Alors, Louise. Il pause, conscient que sa diatribe chauvine pouvait être mal interprétée, mais aussi qu’elle pouvait provoquer des sentiments contradictoire, peut-être même une honte, chez la châtelaine. La honte d’être Humaine, sans doute. Vous êtes ici, parce que de tous les Humains qui sont ici, et qu’il m’ait été donné de rencontrer au cours de ma longue vie, vous êtes la première à avoir remercier un nain, pour le seul fait d’être ici. Qui remercierait quelqu’un pour simplement le fait d’avoir fouler un sol ? Vous, vous l’avez fait. Vous êtes restée à votre place, et vous avez fait preuve d’honneur et d’humilité. Et ainsi êtes vous récompensée.

Voilà, les choses étaient dites. Maintenant, Louise pouvait répondre, ou simplement profiter de l’instant, ou poser une question. Et puis, tout à l’heure, ils iraient dehors afin de respirer l’air des montagnes.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeSam 27 Mar 2021 - 7:18


La profondeur de la voix du roi Harald n’est pas sans lui en rappeler une autre, une autre qui se fait entendre à l’oreille de ceux qui sont sur le point de mourir, à l’autre bout du monde, là-bas, en Estrevent. Une voix grave et rocailleuse qui vous prend aux tripes. Et cette impression de profondeur est encore amplifiée par cet écho lourd et puissant du tombeau dans lequel ils se sont face tous les deux.

- Quelle autre réaction aurais-je pu donc avoir, en étant Humaine ?

Sa voix à elle est douce, une voix qui ressemble à un petit murmure d’enfant dans cette grande pièce, en comparaison de celle d’Harald. Louise en a conscience, elle a un sourire léger en prononçant ces mots, puis en baissant la tête, pour regarder ses mains jointes devant elle, sur sa jolie jupe de velours. Cette conversation n’est pas sans lui rappeler celle qu’elle a eue ce matin même avec Braähm Main-Ferme. Elle ne peut s’empêcher de penser que Nakor lui a suggéré de passer outre ses défiances pour envisager Tsira Do’ath d’un œil différent. Sans succès pour l’instant. Aussi, quand elle entend le Roi parler de la sorte de son peuple à elle, elle en ressent comme une tristesse toutefois teintée de compréhension. On ne peut attendre des autres ce que l’on n’est pas en mesure d’offrir soi-même, selon elle. Et concernant les Drows, le travail sera long, très long, en souhaitant qu’aucun autre incident ne vienne plus la perturber et que le nom honni de Khalinas Do’ath ne soit plus qu’un mauvais et lointain souvenir.

Alors comment convaincre le Roi que les Humains ne sont pas tous tels qu’il les décrit ? La châtelaine relève la tête pour le regarder, lui le souverain à la couronne de légende. Elle ne peut pas. Elle ne peut pas parce qu’elle sait, au fond d’elle, que l’Histoire des Humains ne lui apportera aucun crédit, elle sait que l’Histoire de la Péninsule ne pourra que donner raison à tous ceux qui ont la sagesse d’en rester loin. Alors le mieux qu’elle puisse faire, ce n’est pas de parler de la Péninsule. C’est parler de ce qu’elle connait bien tout en gardant envers lui, et surtout envers ces lieux sacrés, une respectueuse considération.

- D’où je viens…Je ne suis personne. A peine plus que l’Homme qui se lève aux aurores pour faire du pain. A peine plus que la femme qui part avec un ballot de linge à la rivière, celle qui coule depuis les flancs des Mont-d’Or, pour laver ses draps. Aux yeux de mon suzerain direct, je ne suis personne. Parce qu’il pense de cette façon que vous me décrivez. A son niveau de pouvoir, je ne suis rien de plus qu’une femme non mariée qui dirige de toutes petites terres, un être obscur dont il s’est même moqué. Vous avez raison quand vous dites que pour l’écrasante majorité des nobles gens de Péninsule, le sang est tout, la virilité fait loi, les alliances prestigieuses et la survie de sa terre par rapport à celle de son voisin sont des priorités absolues. Cela nous a mené à des conflits sanglants, des guerres d’une violence inouïe…Oui…Nous sommes cruels. Vindicatifs. Violents. Et probablement peu dignes de confiance tant nous sommes prompts à planter des couteaux dans le dos de ceux qui nous gênent…Je ne chercherai pas à vous faire changer d’avis sur ce point parce que cela serait totalement inutile. Notre histoire abonde d’exemples qui soutiennent vos propos…Braämh Main-Ferme pense à peu de chose près de la même façon que vous.

Elle inspire profondément et soupire, avant de regarder la grande statue du précédent souverain et s’en rapproche à nouveau, les mains toujours nouées sur le devant. Comme d’habitude, elle se déplace en silence, un silence tout à fait adapté à l’endroit, dans une marque de respect sincère.

- Pourtant, comme partout en ce monde, il existe des exceptions. Quelqu’un vous a-t-il déjà décrit les Monts d’Or ?

Elle tourne la tête vers le Roi et lui sourit. Dans ses grands yeux noisette, les flammes des braseros et des torches distillent une lueur dorée qui intensifie son regard, un regard qu’elle reporte sur la statue.

- J’imagine que non…Alors je vais le faire pour vous. Pour que vous sachiez qu’il existe loin d’ici un endroit où on peut ressentir la paix que j’ai moi-même ressentie ce matin, en compagnie de Maître Braämh, lorsque j’ai vu le soleil se lever sur vos montagnes.

Louise ferme les yeux un bref instant en imaginant comment doit être Fernel à cette heure, tout comme elle l’a fait ce matin, en songeant à ses chevaux et à sa terre bien-aimée.

- A cette heure, le crépuscule doit s’annoncer en mes terres…Le soleil, celui que j’ai vu ce matin inonder de lumière les montagnes du Zagazorn, doit probablement teinter d’ocre et de pourpre les sommets enneigés. Il doit probablement y avoir des petits enfants assis dans les talus, près de nos champs, qui sont occupés à regarder le grand astre disparaître entre les branches des chênes, en se racontant des histoires et en pestant sans doute parce que leur mère les appelle pour qu’ils rentrent…Il doit y avoir, tout autour du château, des palefreniers qui courent avec les petits poulains nés en mon absence, tout comme dans le bourg le bruit de la forge doit se faire entendre, en écho sur les parois des murs d’enceinte…Et tout cela se passe aux pieds des montagnes, des montagnes que j’aime parce qu’elles rappellent à quel point nous sommes tous petits, comment elles seront là bien longtemps après nous…Je leur dois la protection de mon peuple, nous leur devons un environnement sûr. Fernel doit tout à la montagne tout comme au travail de ceux qui y habitent. Et c’est là que moi, la châtelaine, j’interviens.

Un autre sourire, perceptible sous la lumière dorée.

- Si pour mon suzerain je ne suis rien, pour ces gens je suis tout. Je suis celle qui apporte du pain et qui soigne, qui réconforte et qui les défend. Toujours. Tout le temps. Rien ne me plaît plus que de prendre mon cheval au petit matin et de galoper dans mes terres. Les gens savent que je fais cela. Et ceux qui ont des besoins, des demandes, se dressent sur mon chemin, m’arrêtent, me parlent, demandent…Quand je rentre au château, c’est souvent pour aider moi-même aux écuries, à curer les sabots des chevaux, à rentrer de la paille, à nettoyer les stalles…Les autres membres de la noblesse péninsulaires trouvent mes manières étranges. Ils me prennent sans doute pour une paysanne, parce que je ne reste pas assise sur mon pliant à broder des motifs sur des coussins en grande tenue.

Louise a un autre sourire, plus large cette fois.

- Et vous savez pourquoi j’agis comme cela ?

La châtelaine se tourne vers Harald.

- Parce qu’à mon sens, comme vous le disiez très justement, le paysan qui nourrit le seigneur, à la force de ses bras, de sa bèche et de son courage, est plus honorable que celui qui attend sur un trône vide. J’ai un profond respect pour mon peuple et l’inverse est également vrai. Parce qu’ils savent que je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’ils vivent bien. Devrait-il y avoir une armée complète de Drows enragés devant les portes du bourg, je serais sans aucun doute en première ligne à défendre leurs vies.

A ces propos, elle a un petit sourire résigné.

- Même si je n’ai pas d’épée, pas d’armures, rien. Je serai quand même là. Parce que c’est ce que fait le loup. Il défend sa meute, il en prend soin, il veille sur tous les membres, surtout sur les plus faibles et n’en laisse aucun sans défense…On m’appelle parfois la Louve, parce que j’agis comme cela tout le temps.

Les paroles chauvines du Roi ne la blessent pas. Elle y a répondu avec son cœur et son ressenti, sans remettre en question celui du souverain. Peut-être a-t-il perçu, dans les paroles de son invitée, que non, tous les Humains ne sont pas des monstres avides d’or et de gloire. Et si ce n’est pas le cas, peut-être que ses prochaines paroles le lui en apporteront confirmation.

- J’ai remercié parce que c’était la première évidence. Je sais reconnaître ma chance et voir quand je jouis d’un réel privilège. Et fouler votre sol en est un. Rien ne vous obligeait à nous inviter, nous les Humains, à ces festivités...D’abord Thanor, cette surprenante cité, que m’ont racontée mes hommes…Les piliers sculptés…les armures…les habits…les petites habitudes ! J’ignorais tant de choses, avant d’arriver en Zagazorn. Tant de choses…J’ai appris, un peu, depuis Thanor jusqu’à Kirgan, et arrivée ici…J’ai vu. J’ai ressenti. Et tout ce que j’ai pu voir m’a semblé merveilleux. Une autre culture qui s’ouvre. Et je suis là pour participer à cette ouverture…C’est un privilège exceptionnel de pouvoir le faire…Apprendre à connaître les autres est une de mes lignes de conduite. C’est en agissant comme cela qu’on grandit…Du moins c’est ainsi que je perçois le monde, même si cela m’a parfois coûté très cher.

Elle regarde un instant ailleurs puis regarde à nouveau ses mains, pensive.

- J’ignore énormément de choses concernant votre peuple mais je ne demande qu’à apprendre. Parce que j’ai un immense respect et une volonté sincère de vous connaître. Connaître votre histoire, vos coutumes, vos légendes ! C'est dans ma nature...Être ici, Roi Harald, c’est probablement le plus beau cadeau que vous puissiez me faire et j’en étais déjà bien satisfaite. Alors…Je me sens désormais honorée d’être dans ce sanctuaire, d’être là, à vous parler, vous le Grand Roi du Zagazorn. Soyez certain que jamais je n’oublierai ce cadeau. Jamais.
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeSam 27 Mar 2021 - 11:34

La réaction, ou plutôt, les réactions de Louise, créèrent des sentiments troublés, en l’esprit du souverain. S’il avait déjà pu mesurer d’une certaine manière, l’éloignement psychologique et l’outrageuse différence qu’il existait entre Louise de Fernel, et la conception générale que Harald se faisait des Humains, le discours animé de Louise, éveilla son esprit et le rendit… Perplexe.

Il avait déjà entendu ce genre de choses, ce genre d’arguments, ce genre d’envolées lyriques basées sur des sentiments merveilleux et des ressentis sincères, sur de l’émerveillement intarissable. Il avait déjà fait face à l’inattendu chez une personne dont la race était loin d’être celle des Dawis : T’sisra Do’Ath, nommée par feu Hardrek Poing-de-Fer « Hazkalkol », « la sombre guerrière impétueuse », et honorée par deux souverains successifs de l’appellation d’amie des nains.

Et pourtant, n’étaient-ils point plus éloignés encore que Harald et Louise en ce jour ? Harald n’avait-il point passer sa vie à honnir les Drows du plus profond de son cœur ? N’avait-il point passer au fil de sa hache plusieurs ressortissants à la peau sombre, aux oreilles grises ? N’avait-il point tenu moults discours au cours de sa vie, sur la nécessité de pourfendre ces créatures dans l’œuf, de les passer au billot, de les brûler afin que rien ne subsiste ?

Mais il avait fait face à T’sisra lors de la fameuse et désormais légendaire expédition de Molgrunn. Il l’avait vu se défaire des Engeances, se battre comme une diablesse contre toutes les créatures qui se jetèrent sur l’expédition. Il avait vu la magie de nécromancie à l’œuvre, tuant de manières les plus atroces, ces créatures infernales, et puis ensuite, suturant les plaies les plus béantes et sauvant la vie de Dawis pourtant voués à mourir en l’absence de runistes de vie. Au cours de cette expédition, qui dura plus d’un mois, Harald avait eu le temps de… Changer. Ou tout de moins d’apprendre, aidé qu’il était par Grimeldha Long-Nez, une graverune exceptionnelle et à l’esprit incroyablement ouvert pour une maître des runes.

Aujourd’hui, la situation se répétait, dans une moindre mesure. Louise et Harald ne tiraient point la lame ensemble, ils ne pourfendraient aucun adversaire ici-bas, ils ne partiraient point à la redécouverte d’une cité antique disparue depuis cinq cycles. Il s’agissait d’une humaine, heureuse d’être ici, tenant un discours ô combien honorifique sur l’attitude du Grand-Roi, et sur le Zagazorn tout entier. Entre les mots de la châtelaine, entre son attitude, ses pas lents et sans bruits, Harald décelait un certain potentiel, et une âme pleine d’honneur.
- Et vous apprendrez, Louise. Si vous en avez la patience. Je ressens chez vous une chose que les Dawi nomment un « honneur d’âme », si je puis le traduire correctement du Khazalide.

Harald fit une pause après cette traduction sans doute légèrement erronée. Le Khazalide était sans doute la langue la plus difficile de tout le continent. Les consonnes s’enchaînant, claquant entre quelques voyelles atténuées et sifflées, les « R » roulant tels des tambours assourdissants, mettaient en difficultés les jeunes Dawis qui, pourtant, devaient apprendre leurs langues maternelles. Alors pour des étrangers, cette langue ressemblait davantage à une forteresse sans pont levis, sans herse, sans portes, qu’il faudrait gravir sans piton ni piolet.
- Vous parlez de vos montagnes avec la même douceur qu’une naine parlant des siennes. Suivez-moi.

Rouvrant les grandes portes, Harald laissa passer Louise, avant de reprendre la direction du couloir. Les escaliers furent gravis, et le long corridor de l’allé se dévoila à nouveau, dans l’autre sens. Mais cette fois-ci, Harald s’arrêta avant la fin, et il se tourna vers sa droite à lui – et sans doute la droite de Louise aussi à moins qu’elle ne soit occupée à regarder tout autour d’elle. D’un geste de la main, il indiqua le mur du corridor, gravé d’une immense scène épique sur plusieurs mètres de longueur, et sur toute sa hauteur.
- Vous l’avez sans doute remarquée à l’allé : voici une gravure que nous nommons une « saga ». Commença-t-il, sa pogne à la paume tournée vers le haut décrivant un mouvement vertical pour souligner la hauteur, puis horizontal, pour souligner la longueur de l’œuvre d’art. En confiance, Harald n’était tout de même point pleinement convaincu, car Louise demeurait une humaine… Aussi se garda-t-il de dire à Louise que le mot Zagazorn signifiait littéralement « la terre des sagas ». Pourquoi ? Car le Khazalide devait demeurer secret pour tous les autres peuples. Celle-ci a été créée il y a peu, la cité étant en reconstruction. Mais son origine, elle, remonte à plusieurs cycles dans le passé. Il s’agit d’un épisode de la Guerre Séculaire des Vermines, durant le deuxième cycle. A cette époque, les Nains devaient faire face aux centaines de milliers de Gobelins et de Kobolds, ces créatures souterraines perfides et qui ne méritent point de vivre. Elles désiraient s’établir en colonies, et nous prendre nos souterrains sous nos montagnes. De nombreux héros se distinguèrent, des Rois dirigèrent les attaques et défendirent leur peuple. Cette saga raconte l’ultime résistance d’un groupe de nain mené le premier fils du Roi de l’époque. La légendaire raconte que plus d’un millier de Gobelins et de Kobolds déferlèrent sur les Nains qui n’étaient plus qu’une trentaine, et qu’ils parvinrent à massacrer l’entière colonie de vermines. L’ont dit également que le fils du Roi fut tué en dernier, et que, avant de rendre son dernier souffle, il aura pourfendu le dernier Gobelin, libérant les souterrains pour le reste de notre peuple. D’aussi loin que les nains existent, nous avons toujours dû nous battre contre les autres, et contre notre environnement. Onze cycles d’expertise martiale.

Le souverain était fier, car, outre sa couronne sur le crâne, il était le digne descendant d’un clan de guerriers séculaires qui, depuis plus d’un cycle, défendait le Brissalion et le Lörn contre tous les ennemis venant du Sud.

Il continua ensuite sa route. Finalement, Harald et Louise finirent par ressortir du corridor, et se retrouvèrent à nouveau dans la salle du trône. Les gardes royaux, tout de plate vêtus et resplendissant de par l’or et le blanc de leurs armures, frappèrent leurs plastrons à nouveau. Ensemble, souverain et châtelaine traversèrent la salle du trône, Harald saluant ceux qui frappaient leurs plastrons, ceux qui l’invectivaient de « Baruk » forts et fiers, et ceux qui tentaient simplement de lui offrir pintes et pichets.

Ils ressortirent de la salle du trône. Encore une fois, les multiples gardes en faction frappèrent leurs plastrons, et, lorsqu’ils sortirent même du palais souterrain, deux gardes se détachèrent sans qu’aucune parole ne fut dite, afin de suivre le Grand-Roi des ces lieux. Harald menait la danse. D’un pas assuré, il mena Louise jusqu’au-dehors de la cité troglodyte, mais, au lieu de s’arrêter sur un des bancs de pierres devant la cité, il se tourna vers sa gauche, et entama de gravir un des grands escaliers qui permettait de gravir la cité. La randonnée était plutôt ardue, quand bien même les marches étaient larges et longues, et permettaient de prendre des appuis corrects afin de poursuivre l’escalade. Tel un gigantesque colimaçon, les détours de l’escalier permettaient de gravir la montagne et, vingt-cinq minutes plus tard, Harald, Louise et les deux gardes, arrivèrent à un terrain plat. Un terrain construit de la main des nains qui aplanirent l’endroit afin d’en faire un lieu de repos. Très haut, il était offert aux affres du vent, mais ce soir, ceux-ci s’étaient étrangement calmés. Mais le spectacle ne se trouvait point ici, non.

Harald se plaça au bord du précipice, et croisa ses mains dans le dos. Il n’y avait rien à dire, rien à faire. Car le spectacle qui se jouait maintenant devant Louise parlait pour tout le monde. Devant elle se jouait un spectacle qui des générations de Nains auront appréciés, observés, et vantés.

La montagne dans laquelle était creusée Kirgan, était la plus haute du Kirgion. Région vallonée enclavée entre des pics montagneux à l’Est, au Nord et à l’Ouest. Si le sommet de ladite montagne se trouvait bien plus haut encore, cette espèce de cours aplanie se trouvait à une altitude insoupçonnée, qui permettait de voir au-dessus de la plupart des pics les plus au Sud, de Basse et Haute Virnée. Ainsi, au loin, le paysage du Zagazorn se déployait entre les roches froides de ces régions montagnardes.

Et le voici, le spectacle que Harald voulait montrer. Braähm et Louise purent apprécier un lever de soleil. L’heure était maintenant au crépuscule de ce second jour de festivités. D’ici, il était possible d’observer le Brissalion, et même, les forêts denses du Lörn. Juste au-dessus des frondaisons rocailleuses, se dévoilaient les champs du Brissalion. De cette distance, les nombreux champs, et les plaines, ressemblaient à une mer d’or sans vents ni vagues. Au milieu de cette étendue d’or, se trouvait un point grisâtre : la cité de Lante, berceau de Harald. Jusqu’à-ce qu’apparaisse le clou du spectacle.

Au travers du ciel nuageux perça un épais et flamboyant rayon de soleil. L’astre lumineux, berceau de la vie car permettant que tout vive et que tout pousse, inonda le Brissalion tel le phare éclairant une infime partie circulaire d’une brume maritime. L’or semblait couler à flot depuis ce trou dans le ciel, et, au milieu de ce faisceau, une pointe rougeâtre perça, se transformant en un rose éclatant cerclé d’orange et de rouge. Un spectacle impressionnant, un cadeau de la nature. C’était comme si les divinités elles-mêmes éclairaient de leurs faisceaux, le grenier du Zagazorn. Le temps semblait comme suspendu dans cette atmosphère intemporelle, divine et… Incroyable.
- Vous m’aviez dit que ce matin, maître Main-Ferme vous aura accompagné lors d’un lever de soleil. Et bien, voici, du plus haut point atteignable au Kirgion, le coucher de cet astre qui nous offre l’illumination du Brissalion. Il tend sa pogne droite, ferme son poing et pointe de l’index la direction du Sud-Est, selon les points cardinaux, droit devant lui, selon la direction. Derrière ces pics rocheux se trouve Thanor, dont vous venez via la route que vous voyez en contrebas et qui longe le fleuve de ces lieux. Il relève le doigt, et pointe pile au Sud, droit devant lui. Et voici le Brissalion, ce champ d’or que les divinités éclairent pour nous. Je suis né là-bas, au milieu des champs, et j’ai servi dans les armées de la cité dont vous observez une fumée faiblarde. Plus au Sud d’ici, cette masse verdâtre, c’est le Lörn, puis les Wandres, que vous ne distinguez point. Ce spectacle que vous voyez, vous êtes la seule étrangère à l’avoir jamais observé, depuis la création de mon peuple par le Père. Personne n’étant point un Nain, n’aura jamais mit les pieds aussi haut dans les monts du Nord. Et personne après vous n’y mettra jamais les pieds non plus. Vous qui appréciez cela par chez vous, dans vos petites montagnes, j’espère que apprécierait encore plus le spectacle, depuis ce point de vue-ci, sur les plus hauts sommets de ce monde.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 14:54


« Un honneur d’âme ». Louise rougit jusqu’à la racine des cheveux. Une chance que cela ne soit pas trop visible dans la douce pénombre de ce sanctuaire. Quoiqu’il en soit, ces paroles prononcées d’une voix grave lui vont droit au cœur. Elle sourit largement et baisse la tête, gênée et contente à la fois. Elle ne répond rien, toutefois, elle le laisse mener la danse, se contentant de jeter un dernier regard à cette fabuleuse pièce qu’elle quitte enfin, sur les talons du roi Harald.

Les mots qu’il a choisis trottent dans son esprit. Un honneur d’âme. De la patience pour apprendre…Oui sans doute. De la patience, beaucoup de patience. Les Nains sont farouches et conservent jalousement leurs savoirs. Elle le sait. Pour autant, elle ne sera jamais indélicate et ne forcera jamais les choses pour apprendre tout ce qui est utile de savoir à leur propos. Elle laissera le temps décider pour elle. Le temps et la patience donc. Quoiqu’il en soit, elle a plus appris en deux jours qu’en deux ans, à leur contact.

Les Nains ne sont pas intéressés par le rang, cela ne signifie rien pour eux. Un souffle honnête et courageux a bien plus de valeur à leurs yeux que n’importe quel titre ronflant de la noblesse péninsulaire. Louise regarde ses mains, soudain submergée par une tristesse qu’elle ne peut pas vraiment contrôler. Ici, elle aurait pu aimer librement le seul homme qui règne encore en son esprit et en son cœur. Un homme qui n’est pas noble. Un homme qui n’est rien du tout aux yeux de ses pairs. Un homme qu’elle n’aurait jamais pu épouser sans perdre Fernel, sans qu’on lui retire toutes ses prérogatives de châtelaine et seigneur. Que seraient devenus les gens… ? Les Fernelois ? Un autre aurait pris sa place, aurait sans doute eu du mal à comprendre toutes ces personnes qu’elle connait si bien…On l’aurait dépouillée de tout, on l’aurait sans doute contrainte à l’exil. Parce qu’il n’est pas de sang noble…Au Zagazorn, leur histoire aurait pu avoir un avenir. En Péninsule…Tout était fichu d’avance…Pourtant, c’est un homme bon. Il n’aurait jamais fait le moindre mal à qui que ce soit…Il l’a aidée. Soutenue. Mais cela n’aurait jamais été suffisant…C’est tellement injuste. Certes il est parti sans dire au revoir, il a juste laissé une lettre vague qui ne dit rien du tout, mais elle sait qu’il est un homme bon et que s’il est parti, c’est sans doute parce qu’il y a été contraint. S’arrêtant dans le couloir, elle lève un regard humide sur cette saga dont parle le Roi, tâchant de ne plus songer à ce grand homme au regard doux qui l’a tellement fait souffrir…

Une saga qui évoque des choses des événements d’une toute autre époque. Elle s’en approche d’ailleurs, continuant d’écouter le Roi Harald, concentrée. Des Gobelins. Des Kobolds. Elle a une moue contrite en murmurant :

- Nos terres aussi ont souffert de l’invasion de cette vermine…On les évoque parfois en chanson…

Evidemment, cela n’a rien à voir avec toutes ces luttes menées par les Nains. Onze cycles d’histoire martiale…Cela remonte à si loin dans le temps que Louise en perd le compte. Elle en ressent une profonde humilité, à dire vrai. Elle se sent comme un petit enfant devant une leçon magistrale, elle doit sans doute avoir l’air d’une enfant, les grands yeux noisettes posés sur les sculptures, et cela même si elle est parée de tous les atours d’une femme. D’ailleurs elle pose le bout de ses doigts sur le collier qu’elle porte, en ayant le sentiment de porter, à son cou, un peu de cette histoire des Nains qui se déroule devant ses yeux depuis son arrivée au Zagazorn. Elle serait bien volontiers restée des heures à tout regarder de plus près mais le roi s’éloigne déjà, pour sortir du couloir et regagner la salle du trône ainsi que tous les invités. Les gardes frappent à nouveau sur leur plastron de métal, signalant ainsi à tout le monde le retour du Roi parmi l’assemblée. D’ailleurs, certains des invités saluent le souverain en soulevant leurs bières avant de regarder Louise, puis de se regarder. La châtelaine a bien conscience que sa présence aux côtés du roi, de retour ensemble de ce couloir-là, va probablement faire jaser. Elle était d’ailleurs sur le point de saluer et de regagner sa place mais le roi en décide une fois de plus autrement. Il trace sa route, comme si la conversation n’était pas encore terminée. Louise le rejoint donc, gardant toujours un pas de distance pour lui laisser la préséance, comme elle le ferait sans le moindre doute en Péninsule.

Elle a un regard pour les présents, les Péninsulaires assis là-bas et notamment ses hommes. Aymeric, Tristan, Philippe sont assis et observent leur Dame évoluer en compagnie du roi, les yeux agrandis par la surprise. Enguerrand lui, encore un peu vert de ses excès de la veille, a la bouche ouverte de stupeur. Les quatre hommes de Fernel les suivent tous les deux des yeux, sans comprendre, sans rien dire, puis, quand Louise et Harald seront hors de vue, commenceront une conversation très animée.

- Elle parle avec le Roi ? C’est quoi cette grande porte ? Où était-elle ???
- Et surtout où vont-ils, tous les deux ? C’est très irrégulier !
, dit Tristan en regardant la porte derrière laquelle ils venaient de disparaître.
- La Louve est sortie du bois, messieurs. Tout simplement.

Aymeric, Philippe et Tristan se tournent d’un seul mouvement vers Enguerrand qui vient de prononcer cette dernière phrase, le plus tranquillement du monde. Le maître d’armes a un sourire – pas très vaillant compte tenu de son état – et ajoute, tout en sirotant son verre d’eau claire :

- Vous n’étiez pas à Thaar. Moi, je sais, parce que j’ai tout vu. Notre Dame a changé. Et elle change encore. Bien fol serait celui qui voudrait s’en prendre à elle. Elle est féroce, Messieurs. Féroce et fûtée. Vous feriez bien de vous en souvenir.
- Mais comment… ?
- Elle a appris de la plus rude des façons. En perdant tout. Et en le regagnant petit à petit…Et ce qu’elle a gagné est trempé dans l’acier désormais. Figurez-vous que…


Laissons Enguerrand raconter Thaar, les chevauchées au soleil qui lui ont tanné le cuir et séché les lèvres, la cauchemardesque traversée vers la cité des sens durant laquelle elle a pris soin des chevaux et dominé ses cauchemars, les événements de Thaar…Rejoignons Louise et Harald qui sont à l’instant en train de grimper un immense escalier, sans dire un mot. Louise a l’habitude des montagnes, bien sûr, mais il y a une différence entre grimper de telles distances en braies et chemise ample et les grimper en robe au corsage très près du corps, un corsage d’épais velours rouge, un tissu lourd et encombrant. Alors Louise prend son temps. Heureusement, elle porte de fins souliers de cuir souple. Une chance.

Après de très longues minutes d’ascension, le roi Harald cesse sa progression et avance sur une plateforme, s’arrêtant au bord d’un précipice qu’il regarde d’un air tranquille. Louise, elle, reprend son souffle, les joues toutes rouges, l’œil luisant, une mèche un peu défaite sur son front. Enfin arrivée à son tour, elle inspire et expire profondément, avant de se recomposer une attitude digne, tout en se demandant intérieurement comment les deux gardes ont pu grimper si haut, avec sur l’échine probablement la moitié de leur poids en métal et sans ressentir le moindre essoufflement.

Elle approche à son tour et a un petit mouvement de recul. Mine de rien ils sont haut, vraiment très haut et elle préfère ne plus regarder le vide mais ce qui se trouve devant elle. Et là…

- Hooooo…

Louise est sensible aux ambiances et à la beauté des paysages, des choses, des gens. Au cours de son long périple qui l’a menée à travers toute la Péninsule, sur toutes les routes poussiéreuses et les chemins de terre, jusqu’à la cité de Thaar, elle a regardé, elle a observé en silence, s’attardant souvent sur les paysages qui s’offraient à elle. Là un vallon couvert d’herbe grasse au vert tendre, un vallon agrémenté d’arbres et de bétail qui paissait en paix sous un tranquille ciel bleu, là une forêt dense et brillamment éclairée par un soleil resplendissant, là l’envolée d’oiseaux rares, les villes, les champs, la mer…Tout cela a rempli son imagination de visions enchanteresses qui agrémentent ses rêves. Mais ça…ça !

Les doigts qu’elle avait auparavant posé sur le collier d’or et de rubis se posent à présent sur ses lèvres tandis qu’à ses pieds se dévoile un paysage à couper le souffle. Le visage de la châtelaine se tourne vers tous les endroits mentionnés par Harald et elle observe, sans ciller, toute cette majestueuse beauté qu’aucun humain avant elle n’a contemplé. L’or pourpre d’un astre déclinant et versant ses dernières forces sur le Zagazorn teinte le Brissalion indiqué par le Roi. Il règne l’harmonie d’une journée qui prend fin, une journée encore éclairée par les derniers rayons d’un soleil qui a brillé sans discontinuer, une journée qui semble se résigner à prendre fin, en douceur, tandis que peu à peu les ombres apparaissent en grandissant. Les montagnes lui semblent encore plus belles, somptueuses, sous la lumière crépusculaire.

La châtelaine se sent toute petite. Toute petite et immense à la fois, c’est une sensation bien curieuse qu’elle ressent là, une sensation qui lui met le cœur en joie et lui donne envie de pleurer, tout en même temps. On ne pleure pas en public, jamais, on se contente de manifester sa joie par un petit sourire poli et une petite exclamation sincère. Cela étant, on parle ici de Louise. Et Louise ne fait jamais rien comme les autres, parce qu’elle laisse parfois parler son cœur bien avant sa raison, surtout quand ce cœur est malmené et mis à l’épreuve. Ici, l’épreuve est de taille car Harald vient de lui offrir quelque chose d’unique et d’incomparable. Un nouvel instant magique, un cadeau qui aux yeux de la châtelaine est totalement inestimable. Elle se trouve en un endroit où aucun humain avant elle ne s’est dressé ni se tiendra probablement plus après elle. Un endroit d’où elle perçoit le Zagazorn en son entier ou presque, au sommet. Et il lui vient soudain l’idée que jamais elle ne pourra aller plus haut.

Sous les doigts, un sourire apparait, un sourire qui s’élargit, avant que, furtivement, elle essuie une larme qu’elle espère discrète, du revers de la main.

- Je n’ai jamais rien vu de tel…Je me sens comme un petit enfant devant le plus beau des cadeaux…

Un petit rire la secoue, avant qu’elle n’essuie rapidement une seconde larme, tout en riant. Des larmes de joie, en fait.

- Roi Harald, votre royaume est fabuleux. Tout comme cette vision que vous m’offrez…

La chatelaine se tourne alors vers le souverain et s’incline avec respect, sincèrement, avant de se redresser, les yeux luisant.

- J’ai été honorée comme le serait une reine en mon pays. J’espère pouvoir vous rendre ce que vous venez de m’offrir un jour ou l’autre. Sachez que si d’aventure vous désirez arpenter les terres de  Péninsule et découvrir mon modeste château ainsi que mes terres, je tâcherai de vous montrer tout ce qui fait ma joie et ma fierté, comme vous venez de le faire en montrant cette incroyable vue…le sanctuaire…la saga…Vous ne pouviez m’offrir plus beau cadeau, Roi Harald. Vous ne pouvez imaginer à quel point mon cœur danse, en cet instant précis…Il danse de joie et de stupeur, d’émerveillement et de gratitude.

Elle regarde à nouveau le paysage, le vent du soir balayant ses boucles maintenues par ce cercle de métal agrémenté de feuilles de chêne qu’elle arbore depuis le début de la journée.

- Magnifique…
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Harald Barbe-Sanglante
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MessageSujet: Re: [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald    [Une union royale] Un roi et une châtelaine | Harald  I_icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 19:37

Oui, ce royaume était merveilleux. Fabuleux. Majestueux. Niché aux confins du Nord-Ouest du continent de Miradelphia, séparé du reste du monde par une contrée sauvage que d’aucun nomme les Wandres, le Zagazorn était aussi majestueux qu’il était unique, secret, caché.

Qui pouvait savoir qu’ici haut dans cette partie du monde s’étaient jouées d’innombrables batailles ? Qui pouvait se douter que ces majestueuses montagnes, les plus hautes de tout le continent, cachaient quelques-unes des créatures les plus ignobles, les plus dangereuses et les plus mystiques de ce monde ? Qui se doutait, au-delà des frontières du Zagazorn, que les Nains faisaient quotidiennement face à des menaces qui, si elles se trouvaient en d’autres territoires, auraient tôt fait d’anéantir toute vie ?

La vie en Zagazorn avait toujours été rude, violente même. Gobelins et Kobolds, Beärog et Kroak, Holwern et abominations diverses, et, depuis le Voile, Berserker et Engeances de Brissea, étaient quelques-unes des menaces qui planaient au-dessus des crânes des poilus et des bavettes. Doté d’une météo naturellement froide et difficile, les températures au Zagazorn n’atteignaient que très rarement des pics de chaleurs, sauf en été, dans les contrées du Lörn et du Brissalion, où la chaleur pouvait être accablante. Les marais mitoyens avec les Wandres pullulaient alors de nuisibles volants qui piquaient par centaines les peaux tannées des Dawis, qui devaient se défendre comme ils le pouvaient.

Mais toutes les menaces et difficultés de ce monde n’étaient rien en comparaison des cadeaux qu’offraient les terres du Zagazorn. Les champs du Brissalion, ses élevages, ses agricultures, brasseurs et taverniers, cultivaient cette partie du pays qui était appelée le « Grenier du Zagazorn » et qui permettait de nourrir les ventres les plus affamés. Les forêts du Lörn étaient somptueuses, bien que bien moins fortes qu’avant la guerre qui vit leur conquête face aux Elfes. Et les montagnes recelaient des trésors légendaires, inestimables. Oui, Harald était fier d’être le souverain de cette partie du monde.
- Ce genre d’actes ne demande ni contrepartie, ni remboursement. Il en va uniquement de l’honneur. Toutefois, j’accepte votre invitation. Qui mieux qu’un Nain pourrait apprécier les rocs de vos contrées, je vous le demande ! Il eut un petit rire, car sa question se voulait en réalité rhétorique. Dansez, et rêvez. Après tout, les célébrations d’un serment de fidélité n’ont-elles point ce but ? Restez ici autant qu’il vous plaira. Et, en temps et en heure, je me rappellerais à vous afin de venir visiter vos terres. A tout à l’heure Louise.

Et il offrit une légère inclinaison du buste, en plus d’un coup d’avant-bras sur celui-ci, avant de reprendre le chemin de la descente. D’un geste, il indiqua aux gardes de rester ici, lui, descendrait seul. Il valait mieux surveiller Louise, point pour l’empêcher de commettre quoi que ce soit, non. Les rayons déclinants du soleil pouvaient signifier l’apparition de créatures féroces, et la mort d’une châtelaine aussi loin dans le Nord serait du plus mauvais effet.
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