L'odeur du ragoût maison [Harald et Dardusorg] [Cloturé]

4ème jour de la 2ème énnéade, Verimios, premier mois d'été
An 18 du XIe Cycle
Lante

Maison de la cheffe de clan

Une douce odeur de ragout flottait dans l'air de la maison. La cuisine d'Alwine lui manquait. Certes le chef de Thanor n'était pas mauvais, mais la bonne cuisine faite avec amour par sa belle-soeur était bien mieux.
La Thane entra sans bruit, en suivant les éclats de rire des enfants qui étaient avec leur mère en cet instant. A l'heure qu'il était, Leif, son frère, devait être encore en train de travailler dans son bureau. Bryn entra dans la cuisine en proposant son aide. Ce ne fût pas la joie qui manqua dans les yeux de ses neveux et nièce qui lui sautèrent dessus en lui couvrant le visage de baisers et le corps de câlins.
Ses trois marmots lui avaient manqué. Il avait été décidé avec Leif qu'ils ne viendraient pas pour le pacte, il y allait avoir beaucoup de monde, beaucoup de fête et pas assez de distraction pour les enfants.

- Je sais que ce n'est pas ton rôle, mais comment va notre Reine? dit-elle en rigolant.

- Elle se languit de ton râgout! Ca sent bon! Bryn attrapa une cuillière et essaya de s'approcher de la casserole.

- NON! Tu n'es pas un enfant, je ne vais pas te faire la chasse quand même...

Devant la mine d'enfant triste de la thane, Alwine éclata de rire et se saisit de son torchon en l'agitant dans tout les sens.

- PSCHIII PSCHIII PSCHIII!!!

La Thane reposa la cuillière en souriant et s'enfuia vers le salon pour retrouver les marmots dans la bataille d'oreiller, elle attrapa au passage le petit Ragnar qui voulait entrer dans la cuisine.

- BANDE DE GOBELINS PUANT! JE VAIS VOUS OXIR A COUPS DE CHATOUILLES!!!

Levant les bras au dessus de sa tête, elle prit une démarche sacader de monstre. En faisant l'imbécile avec ses neveux, elle se demanda comment Harald avait été avec ses enfants. Bryn les connaissait jeune adulte, mais pas bavette. Il n'était pas l'heure de penser à cela, mais plutôt de profiter de sa famille et des petits plats cuisiner par sa belle-soeur.
Les enfants lui sautaient dessus et essayait de la faire basculer sur le sofa, par Iktor qu'il était devenu fort. Il fallait que Bryn considère l'entrainement de ses canailles, s'ils le désiraient. Ce n'était pas dans ses attentions que de les forcer à rejoindre la garde, mais elle serait ravit d'avoir un jour sa petite Astrid à ses côtés sur le champs de bataille, criant après son frère de lui en laisser de ces culs verts.
Cette pensée l'a ramena au fait que le lendemain, elle devrait aller entrainer sa bleusaille, l'arrivée d'Harald dans quelques jours devait être grandiose.

Salutations, je souhaite m'entretenir avec Leif Odomar, je suis attendu

J'apporte aussi un balluchon pour votre thane, de la part de mon clan. Où puis-je le lui laisser?

La Virnée scintillante de mille feux entre les vaguelettes provoquées par le courant du fleuve, véritable bonheur pour les yeux, frétillante de vie fluviale et d’une animation commerciale qui, avec l’arrêt de l’économie de guerre, et avec les nombreuses ouvertures et négociations commerciales, voyaient une nette augmentation du trafic fluvial permettant de remonter des marchandises et autres denrées de Thanor jusqu’à Kirgan. Ce fleuve, Harald l’avait suivi depuis sa capitale, jusqu’à la cité portuaire, voilà plusieurs jours, afin de s’entretenir de plusieurs choses importantes auprès des Haut-Conseillers de l’importance cité économique.

Une fois que ses obligations furent traitées, solutionnées, Harald reprit la route, un peu plus tard dans l’ennéade. Chevauchant son fidèle bélier du Zagazorn, fière et robuste créature capable de gravir les falaises les plus escarpés, et de galoper à des vitesses vertigineuses dans les vastes plaines du Brissalion, Harald se rend vers la cité qu’il avait servi toute sa vie, jusqu’à il y a peu encore, avant qu’il n’abandonne son rôle de Gazanundi pour devenir le Grand-Roi du Zagazorn. Bien-sûr, il était retourné à Lante, dans le Brissalion et dans le Lörn, une fois élu Roi.

Il y était retourné voilà plus d’un mois, pour y rencontrer Artiön Laergûl, souverain des cités d’Anaëh. Au cœur du Lörn, ils entérinèrent définitivement l’accord selon lequel Elfes et Nains étaient dorénavant des voisins pacifistes et même alliés. Les Elfes s’engageaient – mais c’était d’ores-et-déjà le cas depuis les premiers accords auparavant encore – à enseigner leurs savoirs et savoir-faire en matière d’herboristerie, d’agriculture et d’écologie durable, afin que les Nains, aux chantiers gigantesques, puissent les alimenter en matières premières sans risquer de détruire la faune et la flore. Oh, les Nains étaient bien plus en phase avec leur environnement que ne le sont les Humains ou les Drows. Mais, à côté des Elfes et de leurs maitrises diverses, ils étaient des chérubins jetant les ressources par-dessus les balustrades.

En échange, les Nains offraient un libre accès à tous les Elfes, jusqu’aux forêts du Lörn, afin qu’ils puissent faire acte de pèlerinage. Cet accord avait été le premier en faveur des relations Elfico-Naines. L’invitation du souverain aux grandes oreilles durant le serment de fidélité royal, fut un second geste, une seconde main tendue, qu’ils parvinrent à saisir.

Le Brissazlif ouvrait alors la trouée du Kirgion et de la Virnée vers le fameux Brissalion aux champs agricoles si développés, si nombreux, si bien entretenus, et si bien maîtrisés, qu’ils ressemblaient à une marée d’or luminescente. Les épis de blés, d’orges et de céréales se mouvaient sous les caresses du vent de la même manière que l’onde des vagues s’avancent à la surface des océans. Paisibles et fiers, forts et robustes, les champs du Grenier du Zagazorn s’étendaient aux pieds de la cohorte royale menée par Harald. Toutes et tous à dos de Béliers, Harald et une dizaine de gardes royaux, dont son fils, Baldwin.

Quatre jours de voyage furent suffisants pour permettre à la cohorte militaire d’arriver enfin en vue de Lante. Poussiéreux, malpropres, mais fiers et forts, ils entrèrent au cœur de la cité commerciale et militaire. Les soldats de Lante s’inclinèrent respectueusement, frappant leurs plastrons devant l’arrivée du Roi qui portait sa traditionnelle et légendaire armure de plate couleur noire de jais. Dans les rues du cœur de Lante, poilus et bavettes s’agglutinèrent pour saluer le retour de celui qui était issu du pays. Harald, ayant combattu toute sa vie dans les Plaines et dans le Lörn, ayant commandé un des bataillons d’infanterie lourde, légendaire infanterie parmi les plus implacables du monde, était devenu Ongaraz de la cité, puis, son gardien. Toutes et tous, ici, connaissaient Harald personnellement, ou lui vouaient une sorte d’immense respect révérencieux. Descendant de sa monture, Harald poursuivit sa visite à pied, entouré de sa garde incrémentée de quelques éléments militaires Lantais, y compris quelques officiers.

Ils visitèrent fort Hardrek. Prévenus de l’arrivée du Roi, les officiers, sous l’égide du conseil de Lante – puisqu’il n’y avait toujours pas de Gazanundi – s’attelèrent à rassembler des éléments de toutes les unités Lantaises. Ils étaient là, droits comme des bâtons, présentant leurs armes selon leurs spécialités. Harald les passa en revu avec une immense fierté qui manqua presque de lui tirer une larmichette. Lui qui était soldat de formation et de Braise-Vie, descendant de quelques-uns des plus grands guerriers du Brissalion, il savait apprécier de genre de spectacle.

Les heures passèrent, et le temps du repas de midi était déjà bien entamé. Après avoir passé les troupes en revue, avoir serré quelques pognes et donné quelques accolades, Harald pu penser maintenant à lui. Le Grand-Roi était à Lante, cela, tout le monde le savait. Mais maintenant qu’il s’était montré, qu’il avait présenté ses hommages, qu’il avait fait honneur aux soldats, aux civils et aux nanillons, l’heure était au repas, et à la visite de celle qui était dorénavant sa liée, sa première-bavette : Brynhild.

Aussi se dirigea-t-il vers la fameuse loge, constamment gardée par deux gardes Lantais. Ils furent relevés, renvoyés au cœur de fort Hardrek, non sans recevoir quelques accolades de la part de Harald, leur offrant un grand honneur. Déposant son heaume poussiéreux au creux de son bras gauche, deux gardes royaux prirent place devant la porte. Harald toqua trois fois, et entra. Sa couronne de Mogarium rayonna dans le vestibule, reflétant les derniers rayons du soleil alors qu’il entrait dans l’ombre de la demeure de sa liée, suivi par son fils.

Là, face à lui, se trouvaient quelques bavettes et quelques jeunes nains, les yeux ronds, la mine haute, l’œil chancelant de fierté qu’une larme pourrait chasser à tout moment. Un nain, plus âgé, dans la fleur de l’âge, se trouvait non loin, aux côtés de Leif que Harald reconnut. Baldwin, son fils, se plaça un peu en retrait après avoir fermé la porte. L’armure de plate de couleur noire de jais de Harald, et celle couleur blanche et or et Baldwin, étaient poussiéreuses, mais toujours impressionnantes.

« Baruk mes braves ! Pardonnez mon retard ! Lante est en ébullition depuis mon arrivée voilà déjà deux bonnes heures ! Voici mon fils, Baldwin ! Nous sommes honorés d’être reçus chez vous. Nous avons faim ! Que Girdon nous pardonne d’avoir manqué l’heure du repas, nous laverons cet affront pour sûr ! »

Il avait beau être le Roi, Harald n’était pas le thane de cette loge. Il y était invité, et il ne pouvait pas ordonner que l’on prépare un repas pour lui et son fils, même si le clan était celui de sa moitié. Son regard se posa sur le Dawi à la barbe tressée, et au baluchon bien fourni. Qui était-il ?

En effet, Grühm a bien fait de me donner ces statistiques. Pardonnes moi, la comptabilité n'est hélas pas mon fort ... Je pars transmettre ces documents ainsi que ton contrat à l'Enclave de ce pas. Et merci encore de m'avoir accordé de ton temps Maître Leif.

Baruk! D'où venez vous guerriers? Je n'ai jamais vu de telles armures, et vu la poussière vous avez bien voya...

Mes plus plates excuses mon roi, je ne t'avais pas reconnu. Je vais me retirer et te laisser te reposer. Longue vie à toi et à ta liée, mon clan s'est permis de vous apporter un present honorant pacte.

Dardusorg, embarqué dans la petite foule, se trouvait dans l'entrée du bâtiment principal avant même qu'il ai eu le temps de répondre. Si quelqu'un lui aurait dit que ce matin là il allait représenter son clan pour une affaire de grande importance, rencontrer le Haut Roi du Zagazorn, rencontrer son épouse (qui s'avère être Thane qui plus est) et être emmené à une table pour partager un repas avec eux, inutile de dire qu'il aurait pour réponse un fou rire.

Je... je vous assure, je ne souhaite en aucun cas vous être de trop.... Je suis... venu... voir Maître Leif, au sujet des finances de mon clan. Crin D'Acier, nous sommes des alchimistes arrivé à Lante depuis relativement peu, et avions besoin d'un comptable depuis déjà bien assez longtemps

Harald devint soudainement attentif

Je me nomme Dardusorg Crin D'Acier, alchimiste elixirologue. Et je ne veux pas être en trop à votre table, bien que ce serait un honneur de vous rejoindre.  

Pendant ce temps, Brynhild avait ouvert le baluchon en jute, et commençait à vider son contenu : cones d'encens, savons parfumés, bougies, plusieurs poches remplis de poudres de couleurs variées  et une boite en bois contenant divers flacons d'huiles aromatiques. Des produits ayant fait jadis lé réputation et fortune du clan d'alchimistes maintenant amoindrie. L'on pouvait sentir des parfums de sève et d'écorce, d'épices et de fleurs avec l'occasionnel note de musc émanant de cet ensemble multicolore.

L'alchimiste avait un sentiment de fierté d'avoir pu apporter en mains propre le present du clan, d'autant plus que son Thane lui donnait de plus en plus de travail clanique ces derniers temps, alors qu'il avait déjà du pain sur la planche avec ses propres recherches. Ce moment des plus inattendue lui permettant du moins de souffler un peu, et de se changer les idées. Discuter avec la royauté était plutôt la bienvenue, a comparé aux heures à soit, être à l'échoppe à devoir servir des umgis trop proche de leurs monnaie soit, être dans son bureau à l'atelier à devoir jongler entre superviser les apprentis et avancer ses travaux.

Dardusorg, se tenant à son baton de marche, à court de souffle, avait aperçu la guerrière curieuse quand à l'usage des fioles et poudres colorées.

Excuses moi Thane Brynhild, les fioles contiennent des huiles aromatiques utilisées pour des massages. Leurs propriétés font qu'elles détendent et hydratent la peau. Et ces poudres sont différents sels que l'on trouve en Haute Virnée, au Nord du Brissalion et dans la Vallée du Nérania, où mon clan est originaire. Nous pensons que ces modeste cadeaux vous apporterons un peu de répits et de confort lors de vos rares moments de calme.

L'alchimiste avait retrouvé son calme après cette courte explication. Après tout, il n'est ni Thane, ni guerrier, alors s'entretenir avec des dawis avec de tels rôles dans la société. D'autant plus que son voisinage majoritairement non nain lui avait quelque peu déteins dessus.

L'imcompréhension de Dardusorg était palpable. Il était là et ne savait plus où se mettre d'être invité de manière impromptue au repas du roi et de sa tresse. Sa gêne était telle qu'il commença à parler de manière décousu en explicant la raison de sa présent en ces lieux. Et il se présenta enfin au milieu de la confusion, un Crin D'Acier? La naine jeta un regard à son roi, un regard entendu. Ils en avaient parler quelques jours auparavant, avant son départ de Kirgan pour rentrer à Lante. Peut être était-ce un signe envoyé par Iktor, et que cette rencontre était prévu par les dieux. Il fallait agir avec des pincettes, la mission était dans ses prémices et il ne fallait pas se porter préjudice, sans doute Harald, lui en parlerait pendant le repas, ou elle le convirait à venir dans son bureau pour en discuter avec le roi.

Cela étant dit, l'heure était à la boustiffaille, et la naine pressait tout le monde à l'intérieur avec un sourire satisfait. Elle voulait satisfaire sa curiosité et jeta un oeil dans le sac de jute, ce n'était des bijoux ou des armes comment ils avaient pu se voir offrir en présent de mariage, il s'agissait d'un cadeau plus personnel, plus privé, à utiliser à deux. Très... humain car ce n'était pas une tradition naine que de s'octroyer un moment de relaxation autour d'un bain. Encens, bougies, savons... elle se remémora un pas si lointain souvenir de ses périgrinations en Péninsule à rougit légèrement.
Sans doute l'alchimiste le remarqua vu qu'il vint lui annoncer que les fioles étaient des huiles aromatiques utilisées pour des messages de par leur fonction de détente. Hum... la naine esquissa un sourire en levant les yeux au ciel. Elle avait bien une idée de quand les utiliser mais ce n'était ni le lieu ni le moment.

- ... Nous pensons que ces modeste cadeaux vous apporterons un peu de répits et de confort lors de vos rares moments de calme.

- Très certainement en effet, mais l'heure n'est pas à la détente! Je meurs de faim et je sens cette odeur de ragoût depuis plusieurs heures... abréger ma souffrance!!

La naine venait enfin de poser un pied dans la maison et neveu Ragnar l'attendait à côté de la porte. Il semblait impressionner par l'armure noir de jaie d'Harald, mais surtout il ne semblait pas réaliser avoir entendu parler du roi, et d'Harald et de réaliser à ce moment précis qu'il s'agissait de la même personne. Il regarda sa tante de manière interloquer et serra fort la cuisse de sa tante, comme s'il voulait se cacher. Elle le prit dans ses bras pour le regarder droit dans les yeux et lui demander ce qui n'allait.

- C'est vraiment le roi?

- Oui c'est lui! Il te fait peur?

- Il a une grosse armure toute noire... c'est jolie.

La naine ne pu s'empêcher de rire et de lui embrasser le front en lui promettant qu'il était gentil et que l'autre barbe en armure était Baldwin, le fils de Harald.

- Je serais comme ça un jour?

- Barbu? oui! Guerrier? Tu verras ce que tu veux être.

-Dis? je peux me mettre à côté de toi?

Aldwine avait placé les nains autour de la table, plaçant le roi en bout de table et entendant son fils, fit se déplacer Astrid pour que la thane et le petit Ragnar puisse s'asseoir ensemble et que la cheffe de clan soit à côté du roi. Bryn à la droite du roi, Baldwin à la gauche. Dardusorg avait été placé entre Leif et Baldwin. Aldwine avait hérité de la place en face du roi, la place la plus proche de la cuisine, son royaume, laissant les trois enfants sur le banc de leur tante.
La maison était cosy, chaleureux, convivial et surtout habitué à recevoir du monde. Seul le bout de la table avait des chaises, le reste était des bancs. L'odeur du ragoût enveloppait la pièce de manière insoutenable.

- Harald, Baldwin, comment fût votre voyage? Pas trop fatigeant? Dit la Thane coupant des tranches de l'énorme pain qui trônait devant elle.

L’arrivée de Brynhild fut comme une puissante lueur agréable d’un soleil chaud et réconfortant au travers d’une aération naturelle au plus profond d’une mine. Le Grand-Roi et son fils étaient entrés dans la petite placette, furent accueillis par la famille de Brynhild et un nain s’apprêtant à partir d’ici. La thane, elle, arriva, et n’usa que de quelques mots pour faire entrer tout le monde dans le but de prendre ce fameux repas dont les volutes dépassaient les fenêtres. C’était là un des aspects qui avait fait chavirer le cœur du guerrier devenu Roi, et plus âgé que Brynhild de plus de 60 années.

Sa force tranquille. Le charisme de Brynhild qui fait que tout le monde la suit en à peine quelques mots, quelques phrases prononcées d’une voix ferme mais sans férocité. Son visage ensuite, harmonieux bien qu’anguleux, comme tous les visages Dawi, et la lueur de son regard. Impressionnante, elle l’était. Et Harald l’adorait pour ça.

L’accolade du frère de Brynhild fit sourire le Grand-Roi, qui, pour la première fois depuis des lustres, pouvait profiter d’un moment avec sa nouvelle famille. Puis vint le tour de son fils… Et vint l’ordre d’Aldwine, que tout le monde passe à table.

L’instant était amusant, à n’en point douter. Le Grand-Roi du Zagazorn, ancien dirigeant de la Cité de Lante, ancien capitaine et Ongaraz, ayant combattu toute sa vie contre quelques-unes des menaces les plus importantes connues du monde Dawi… Se faisait commander par nulle autre qu’une bavette responsable de la maisonnée. Et Harald demeurait silencieux, souriant, et attentif. Lorsque Dardusorg parvint à ressembler ses esprits, et qu’il se présenta, Harald lui offrit l’accolade. Le nain était donc un alchimiste et spécialiste en élixirs… Deux compétences, deux métiers, que Harald recherchait avec une envie dévorante, depuis de nombreuses ennéades. Depuis ce conseil où lui et T’sisra s’étaient entretenus sur les tactiques à entreprendre… Pour reconquérir la Nérania et l’Almion. Brynhild et Harald s’entendirent sans rien dire, d’un signe de tête.

S’installant, Harald passa à proximité de Brynhild sa douce, qui avait auparavant eu la charmante attention de passer sa tendre pogne dans le cou du souverain, avant de déposer un baiser sur sa joue. Un signe d’affection qui, s’il était bien venu, et tout à fait apprécié, pouvait faire jaser quelques langues pendues. Les nains étaient, après tout, un peuple très pudique. Les témoignages d’affection étaient rares en public. Mais ici, ils étaient en famille !

Passant aux côtés de Brynhild qui tenait le jeune Ragnar, Harald lui offrit un petit crépage de cheveux, passant sa lourde pogne gantée d’acier sur le crâne touffu du petiot, avant de poursuivre sa route, jusqu’à la place qui était la sienne. Brynhild à sa droite, Baldwin à sa gauche, et la tablée dévoilée devant lui… Et la reine de maisonnée, Aldwin.

Brynhild découpait de grandes et épaisses tranches de pains brun, très nourrissant et parfait pour éponger la sauce de cuisson de ce repas qui mijotait depuis des heures. Baldwin en avait l’eau à la bouche ! La jeune barbe ayant chevauché en tête de colonne tout du long pour éclaircir la voie, mangeant plus de poussière du Brissalion que quiconque parmi la cohorte. Son armure autrefois blanche et or, n’était plus que poussière couleur brunâtre de la terre d’où elle avait été arrachée.

« Le voyage fût plaisant, oh oui ! Revenir dans les plaines du Brissalion est toujours un énorme plaisir. Je vois que depuis un an, les Lantais n’ont eu de cesse que d’œuvrer aux récoltes, le conseil a dû y veiller ! Les champs ressemblent à une vaste mer d’or. » dit Harald.
« Pas une seule bestiole sur notre chemin ! Depuis la migration des Gobelins, ça n’est plus une surprise. Par contre, je ne me suis toujours pas habitué à voir mon père être alpagué de partout ! Deux heures, juste pour rejoindre Fort Hardrek ! On aurait cru qu’Ikthor lui-même attendait Harald aux portes du fort ! » Rajouta Baldwin, fier comme un coq !
« Que veux-tu mon fils ! C’est là mon rôle de Grand-Roi. J’ai été élu par les thanes, leur rendre visite et les honorer, est à la fois une attribution, et un grand honneur pour moi. Après tout, ne suis-je point Roi parce qu’eux m’auront porté jusqu’à cette couronne ? »

Baldwin acquiesça, grimaçant d’une mimique de compréhension alors qu’il ne s’habituait pas encore tout à fait de voir son paternel, ancien mogarite convaincu, soldat puissant, implacable, sanguinaire au combat, faire preuve d’autant de réflexion et de philosophie.

« Et toi ma liée, comment s’est passé ton voyage ? Ton clan se porte bien ? La visite de Dardusorg m’invite à penser que les Odomar ont beaucoup de travail ! D’ailleurs, Dardusorg, j’aurais à discuter avec toi aujourd’hui, si tu en as le temps, et après ce repas succulent dont les odeurs me rendent fou ! Par Girdon, que ça sent bon ! »

Il frappa la table de son avant-bras ganté d’acier – doucement pour ne pas détruire le mobilier – et ris d’un rire gras tout à fait sincère. Vivement la bière !

Dardusorg s’assit donc aux côtés de Leif, et savourait chaque instant : il se trouvait à la table du roi, du Thane d’un des clans les plus connus et respectés, avec un repas succulent et de la bonne compagnie. La scène était des plus surréalistes, mais non déplaisante ; après tout, ce n’était pas Grûhm, son Thane, qui était présent, mais Dardusorg !

Il commençait enfin à se sentir à l’aise dans ce groupe, bien qu’il soit la personne la moins à sa place. L’alchimiste accompagna le rire du roi quand aux voluptés enivrantes du plat à venir, et ses nerfs se calmaient grâce à l’atmosphère conviviale que dégageait cette famille. Le Zagazorn était entre de bonnes mains semblerait-il, un roi conscient qu’il jouit d’un pouvoir immense, mais que ce pouvoir se paie d’une responsabilité sans égal.

Bien sûr, je n’ai pas d’obligations avant la mi après-midi. Des travaux pratiques sur le raffinement d’ichor, vous comprenez. Si je peux me le permettre : c’est à quel sujet ?

Sa curiosité brûlait telle la braise vie d’un nouveau né, comme si elle s’était éveillée d’une hibernation de plusieurs cycles. Ça ne devait pas être un sujet militaire, ou bien économique, son clan lui était méconnu jusqu’à présent. Les services alchimiques peut être ? Le Haut Roi a accès aux meilleurs éléments de toute la région tout de même, non ?

Les vapeurs commençaient à monter à la tête du barbu, ce qui invoquait son appétit déchaînée et suscitait une nouvelle curiosité.
Dardusorg se tourna vers Aldwin, au bout de la table et essuyant la poussière de son monocle lui dit

Si je peux me  permettre : qu’allons nous manger ? L’odeur est tout bonnement sublime. Il fit brièvement une grimace, et se rendit compte qu’il parlait comme un de ses clients, dans l’Enclave lantaise….
Je suis désolé, je penser que vivre avec des umgis commence à me déteindre dessus…

Aldwine

Aldwine était pimpante, et qui ne le serait dans sa position? Le roi était à sa table, et sa petite famille était réunit. Elle n'avait jamais avouer à Brynhild à quel point elle la considérait comme une soeur, mais c'était son sentiment. Bien qu'elle l'adorait, elle avait eue peur que cette naine si forte et si respecter passe sa vie seule. Elle avait été enchanté de découvrir que la petite friponne avait fricoté depuis un petit moment déjà avec Harald, et bien avant qu'il ne devienne roi. Elle avait vu arriver la correspondance, mais ne s'était jamais dit qu'il pouvait s'agir de ce genre de lettre.
Avoir tout ce monde à table la rendait heureuse, elle s'en voulait de ne pas être aller au serment, mais ce n'était pas possible. Aldwine voulait en apprendre plus sur son beau-frère. Et le peu qu'elle avait aperçu depuis son arrivée l'avait conforter dans l'idée qu'ils étaient fait pour être ensemble. Les petits gestes affectueux n'étaient pas passé inaperçu à ses yeux aiguiser de romantique.
Bryn coupait le pain, elle avait apporter la grosse marmite sur la table, il lui manquait que la bière fraiche à apporter.

- ... Si je peux me le permettre : c'est à quel sujet?

L'alchimiste semblait s'être détendu et répondit au roi.

- Une mission qui requiérerait vos possible talents. Mais nous en parlerons  après le repas dans mon bureau. Ajouta la thane avec un sourire.

Il semblait que Brynhild allait avoir du travail, Aldwine devrait mettre la main et la pâte et préparerait des petits encas et se mettrait à préparer de la viande séchée au cas ou un départ s'annonçait. Elle observa sa thane toucher la main ganté de son roi pour lui demander gentiment de les retirer pour manger.

- Si je peux me permettre : qu'allons nous manger? L'odeur est tout bonnement sublime. Je suis désolée, je pense que vivre que des umgis commence à me déteindre dessus.

- Il n'y a pas de mal à ça! Il s'agit d'un ragoût de mouton, je le mijote depuis hier soir. Je sais que Bryn adore que je lui en fasse, je pensais que ça plairait à notre roi de goûter ce que sa liée apprécie.

- Tu n'étais pas obligée de te donner tant de mal...

- Ca me fait plaisir que de cuisiner, tu le sais bien. Leif pourrais tu servir?

- Je m'en charge, Harald?

Aldwine, fit le tour de la table afin de servir de la bière fraiche au adulte, commençant par le roi et son fils. Elle sourit à sa belle-soeur en passant, constatant une petite étincelle dans son regard.
Brynhild distribua le pain à ses neveux et sa nièce, et fit passer leur bol à remplir par leur père.

- Tout le monde, bon appétit!

Tout le monde plongea sa cuillière dans le ragoût odorant et ferma la yeux en l'enfournant dans leur bouche. Un délice de saveur emplit leur papille faisant pousser un soupir de plénitude gustatif.

- Pour te répondre Harald, j'ai fais un très bon voyage, j'étais heureuse de revoir ces plaines et mes remparts favoris. Avez-vous voyager au travers du Zagazorn Dardusorg?

La jovialité et la bonhommie de Harald faisaient plaisir à voir. Baldwin appréciait grandement cet aspect de son paternel, qui n’existait que depuis quelques années. Depuis que Harald avait accédé aux positions de commandements, et de politique. Depuis l’an 10, il n’avait eu de cesse que de gravir les échelons. Ongaraz de la cité de Lante durant deux ans, finalisant la construction de l’Hunzrung-Langk, il fut élu par le Thryng, le conseil des anciens, comme Gazanundi, le gardien des plaines, le dirigeant de Lante, du Lörn et du Brissalion. Puis, enfin, après la mort de feu Hardrek Poing-de-Fer, il avait été élu Groman-Rik du Zagazorn. Au cours de ces années, il avait appris la tempérance, la patience, la diligence, et la capacité à ne réfléchir non plus seulement la hache et l’épée, mais aussi par le vélin et la plume.

La question de Dardusorg trahissait une curiosité grandissante, et un intérêt puissant. Harald eut un petit sourire satisfait. Dardusorg était bel et bien un érudit. La curiosité était presque une valeur commune à ces nains qui cultivent l’esprit durant toutes leurs vies. La curiosité fait se poser des questions, chercher des réponses, construire les informations. Cette curiosité allait être un atout crucial dans l’étude des Engeances.

Mais voilà, Harald avait beau être le Grand-Roi du Zagazorn, ici, il n’était qu’un invité. En bout de table, il n’était point décideur de quoi que ce soit. Lorsque Brynhild répondit, imposant une discussion après le dîner, Harald inclina la tête et fit un signe de la main en direction de Brynhild puis Dardusorg, indiquant dans un langage ténu, indicible, que la cheffe des lieux avait parlé.

Discrètement, Brynhild toucha les pognes gantées d’acier qui reposaient sur le bois de la tablée. Nul besoin de dire quoi que ce soit, Harald avait compris. Inclinant encore la tête doucement, Harald retira ses gantelets avec douceur, conscient qu’un geste brusque sur une lanière de cuir pourrait envoyer valser toutes les écuelles et les denrées sur la table. Harald se leva, et dans un coin de la pièce d’à-côté, posa ses gantelets avec une extrême délicatesse. Puis, il revint à sa place, juste à temps pour pouvoir être servi en premier, et recevoir le « bon appétit » de la douce Aldwine.

« Bon appétit tout le monde ! Aldwine, merci d’avance pour ce succulent repas ! »

Heureux, souriant, Harald entreprit de commencer à manger, mais il offrit une oreille très attentive à la future réponse de Dardusorg. Avait-il voyagé ? Et si oui, jusqu’où ?

Harmonie. C'était le mot qui décrivait le mieux l'ambiance général qui planait dans cette modeste demeure naine. Ce n'était pas gagner d'avance que toutes ses personnes se retrouvent au même endroit. Certes de nombreuses connexion existaient entre chacun d'eux sans qu'aucun de leur fil ne se croisent. Pourtant si Brynhild n'avait pas rougit en touchant par inadvertance la main du futur roi du Zagazorn par une tardive soirée de travail dans le fort de Lante, ce moment n'existerait pas.
Les dieux se jouaient du destin de leurs sujets, les bénissant de manière quelque peu ironique. Il était un peu trop facile, ou un peu trop prévisible qu'un alchimiste se tienne dans le jardin de la guerrière au même moment que le roi, son époux, arrive en visite pour préparer une expédition d'importance qui requérait justement les services d'un alchimiste.
Il n'y avait que deux solutions, le hasard faisait bien les choses, ou les dieux bénissaient leur expédition.

Tout se déroulait parfaitement dans cette salle à mangé. Les enfants étaient attentifs à ce qu'ils faisaient, sans doute car ils avaient compris qu'ils étaient en présence du roi. Roi qui était leur oncle par l'extension de Bryn, sans doute étaient-ils trop jeune pour comprendre ce double titre dans leur vie.
Brynhild souriait gentiment au roi lorsqu'il revint à table et lui lança un regard tendre avant de se refocaliser sur leur invité de dernière minute. Dardusorg était enfin à l'aise avec la tablée et il s'étendait sur ce qu'il l'amenait dans la maison. Décidément il était le nain de la situation.

- ... Lors de tes voyages et campagnes militaires, es-tu déjà allé en dehors du Zagazorn Brynhild ? J’avoue n’entendre que des rumeurs et désinscriptions exagérées.

Brynhild manqua de s'étouffer d'étonnement. Si on lui avait dit que quelqu'un oserait vraiment lui poser la question un jour. Elle n'avait pas tout raconter à sa famille, ni même à Harald.
La thane toussota et attrapa son échope et bu quelques gorgées pour se calmer.

- Tout dépends des rumeurs et des descriptions que tu as entendu et de qui tu les entendu. Mais oui j'ai voyagé en dehors du Zagazorn pendant plusieurs années. J'ai parcouru du nord au sud la Péninsule en faisant des contrats de mercenaire. L'expertise d'une lame naine se vends à bon prix... Mais ne faites pas ça les enfants. La naine se tourna vers le petit Ragnar et lui essuya la joue qui avait de la sauce. Devenir mercenaire par voyager. Je vous souhaite de voyager, les voyage forme la jeunesse et ouvre l'esprit.

La thane n'irait guère plus loin dans ses explications, elle ne voulait pas repenser à certains de ses contrats. Elle avait fait des massacres dans l'armée de Lante, mais les mercenaires n'étaient que des brutes épaisses, prête à vendre femme et enfants pour quelques pièces d'or. Tuer était plus un besoin vital qu'un recours de dernière minute.
Brynhild avait quitter le domicile familiale car elle recherchait de l'aventure pas du meurtre. Est-ce la honte qui l'avait empêcher de revenir pendant de long mois? Oui. Elle tenait à sa fierté et nous voulait pas rentrer et voir son père en étant honteuse d'être partie car il avait raison. Ils avaient eut leur différent et ce n'était pas la manière de les réglés. La naine avait prit sur elle, et louait ses services que pour les causes qu'elle pensait bonne, bien qu'aucune des intentions des humains ne l'étaient. Ils étaient pour la plupart qu'en quête de richesse, de vengeance et de jouissance.
Elle esquissa un sourire mentale en se rappelant l'huluberlu qui lui payait à peine deux pièces d'or pour aller kidnapper la fille d'un noble local car elle le pensait éprit de lui. La pauvresse avait seulement posé son regarde sur lui car il avait des la salade sur les dents. Elle ne connaissait même pas son nom.

- Mais dites m'en plus sur les rumeurs... j'aime découvrir les péripéties qu'on m'attribut, d'autant que certaines furent partager avec Harald. En prononçant son nom, elle lui lança un regarde tendre et posa sa main sur la pogne de son roi. Et les rumeurs me traitant de tyran lors des entrainements au fort ne compte pas évidement... Qui ne sait jamais plaint de son instructeur et de sa rigidité?!

La naine manga une cuillère de son ragout quand Ragnar prit la parole.

- Harald, il fait quoi un roi au juste? Et dawi Dardusorg, qu'est ce que vous faites en tant qu'alimiste? Je connais le métier de mon père, de Bryn, mais ça fait quoi un achimite?

L'honnêteté d'un enfant était vivifiante au point que la naine éclata de rire sans se retenir. Le repas n'allait certainement pas être aussi détente qu'elle l'avait prévu.

Une telle scène de famille, de repas, de considération et de partage, était en réalité très commune au sein du peuple du grand Nord. Les mères aimant leurs enfants, les liés dont les cœurs battent à l’unisson, la famille qui brille par les liens du sang, des émotions, par les souvenirs partagés et par le plaisir d’être ensemble.

Mogar, le Père des Batailles, le fils né de l’affrontement de deux entités surpuissantes et qui aura forgé son peuple à son image, a créé les Dawis avec une profonde asymétrie dans le genre de ses représentants. Il né en effet plus de mâles que de femelles, plus de poilus que de tresses. Cette asymétrie créa bien rapidement une spécificité dans les mœurs naines : le respect porté pour les naines du Zagazorn.

Elles qui portent la vie, elles qui sont peu nombreuses, elles qui endurent de terribles grossesses douloureuses et difficiles, et des accouchements autrement plus difficiles encore, provoquant régulièrement des mutilations, ou des décès ; les naines sont très respectées. Leurs voix sont souvent décisives, que ce soit chez les Naines Gromtrommi ou chez les pleines adultes, possédant les compétences et les connaissances d’un métier ou d’un artisanat. A l’instar de la société Elfique, les nains, et les naines, sont égaux en tous points. Heureux tout de même sont les nains trouvant grâce aux yeux d’une bavette.

La réaction de Brynhild fit sortir Harald de sa rêverie. Une douce rêverie d’ailleurs, pour celui possédant d’atroces souvenirs ensanglantés des multiples batailles auxquelles il aura survécu… Et de quelques massacres perpétrés au nom du Groman-Rik ou au nom de Mogar. Que signifiait-donc cette stupeur qui manqua presque de la faire s’étouffer ?

La réponse ne tarda point à venir : la liée du souverain avait été mercenaire pour d’autres commanditaires que les Nains. Si le mercenariat n’était point mal apprécié – quoi que le fait de faire louer ses compétences ou ses savoirs était quelque peu mal venu parfois – exercer un tel métier en-dehors des frontières Naines était une tout autre paire de pogne. Les nains étaient fiers. Fiers de leurs origines, fiers de leurs savoirs, de leurs expertises, de leurs artisans, de leurs compétences. Ils étaient les meilleurs ingénieurs du monde, les meilleurs artisans du monde, les meilleurs guerriers du monde… Et voir la moindre de ces connaissances, de ces savoirs, ou de ces compétences, utilisées pour d’autres individus que les nains… Certains nains avaient été bannis de leurs clans pour moins que cela !

Harald fut donc étonné, d’une certaine manière. Cette partie de la vie de sa liée, il n’en connaissait rien. Ses yeux se firent ronds, sa mâchoire s’arrêta de faire son office… La stupeur était sincère.

Lorsque Brynhild commanda aux petits nanillons de ne point devenir mercenaire, Harald ressentit une furieuse pulsion. Une pulsion de son ancienne vie, de celle où il n’était qu’un guerrier d’exception, adepte de la guerre, de la bataille, du sang et de la violence. Un temps où il avait mérité son surnom de « Barbe-Sanglante ». Il aurait voulut frapper la table, et darder un regard ardent dans ceux de ces bambins, pour leur faire comprendre qu’une lame naine n’appartient qu’aux nains, et aux nains seuls.

Mais il n’était plus – ou presque plus – comme cela. Il était plus réfléchi, plus prompt à la pensée qu’à la fureur du combat. Alors, il se contenta simplement de regarder les jeunes nains, et d’incliner sa tête afin d’appuyer les propos de sa liée, sans pour autant ouvrir la bouche.

Mais vint bien rapidement le moment où les enfants font ce qu’ils font le mieux : poser des questions. Deux questions en l’occurrence, l’une pour Harald, l’autre pour Dardusorg. Un peu désarçonné, Harald passa une serviette déjà sale sur ses lèvres, et tenta une réponse…

« Heum… Eh bien, jeune Dawi, un Roi, c’est un peu comme le thane d’un clan : il veille sur les plus jeunes, il écoute les plus vieux, et il dirige tout le clan en donnant des ordres, en aidant les siens, et, parfois, en les punissant quand ils se déshonorent. Sauf que le Roi fait ça pour tous les clans de tout le Zagazorn tout entier. »

Espérons qu’il ait été ni trop adulte, ni point assez.

Ragnar écoutait avec grande concentration tout ce qu'il se disait autour de lui. Il avait l'habitude d'être dans l'observation la plus total et était extrèmenet frustrer de ne pas comprendre ce qu'il se passait autour de lui. Certes, il restait comme tout les marmots de son âge, bougeon, pleins d'énergie et prompt à faire toutes les bêtises qui se présentaient à lui, mais il aimait prendre des temps de solitudes avec un livre. Bryn avait cesser de compter les fois ou elle le trouvait cacher sous son bureau à lire des parchemins qu'elle avait reçu. Peut être serait-il sa relève un jour...

La naine avait sentit se tendre son compagnon, il avait prit un peu de distance. Il semblait qu'il y allait avoir une discussion entre eux plus tard. Brynhild n'avait pas a se sentir mal de cette situation, certes elle n'avait pas parler de cette période de sa vie à son cher et tendre, mais elle n'avait pas à se justifier. Elle n'en était pas fière, mais elle avait eut ses raisons de le faire.
Elle envoya doucement sa main sur celle du roi pour la caresser doucement en lui envoyant un sourire, espérant l'attendrir le temps du repas.

Les deux nains expliquèrent ce qu'il faisait dans la vie sous le regard perplexe de nainallion qui semblait plus concentré que jamais à comprendre ce qu'il se disait.

    -Haaaa donc Dardusorg est comme maman? Il crée du bonheur dans sa cuisine et Harald est comme Brynhild! Trop cool!

Ragnar plongea sa cuillère dans son ragoût avec une expression de joie intense sur le visage. C'était comme s'il venait de comprendre le monde entier d'une manière toute à fait inattendu.

    - Mais non il ne fait pas comme Maman, le reprit Astrid. Il fait des potions, comme dans les contes qu'on lit!

    - Bah Maman aussi fait des potions! Elle fait de super soupe en hiver!

La Thane ne pu s'empêcher d'éclater de rire. Le petit dernier de la famille pensait que sa mère était alchimiste parce qu'elle cuisinait bien. Sans doute cela rendrait heureuse la mère de famille qui était en permanence au foyer à s'occuper de sa maison. Rendant ses tâches du quotidien plus extraordinaire qu'elle ne le pensait. Ce marmot ne manquait pas d'imagination.

La guerrière reprit leur conversation initial alors que les deux se chamaillait et que le dernier ne prêtait aucune attention si ce n'est à son assiette.

    - Ma foi, je ne crois pas être considéré comme un tyran par mes troupes, quoi qu'il faudrait que je leur demande, cela pourrait être drôle de découvrir leur point de vue sur leur cheffe... C'est important une bonne relation entre guerriers, cela scelle une victoire ou une défaite, mais si parfois la victoire est amère...

Le visage de la naine s'assombrit un instant, repensant à ses trois cousins qu'elle avait perdu sur ce pic dans la neige et om leur corps reposeront éternellement.

Ah, la position du chef. Elle est aussi révérée qu’elle est crainte, aussi désirée qu’elle est détestée. Les chefs en place, une fois fatigués par toutes ces prises de décisions, par tous ces choix à faire, en tranchant parfois contre la majorité, ont hâte de rendre leurs responsabilités à quelques nains plus jeunes, plus prompts à relever les combats du quotidien, et ceux qui relèvent de l’exception. Les jeunes, eux, regardent avec envie, respect, et une pointe de jalousie – parfois – ces anciens qui font l’objet de contes, de légendes, et de récits au coin du feu pour rassurer les marmots devant un bon feu, lors des rigoureux hivers du Nord.

Harald connaissait bien cette position. Depuis des années maintenant, il avait enchainé les commandements et les responsabilités, passant de sergent à Grand-Roi du Zagazorn, au cours d’une vie d’exception, faite de combats, de défis… Et d’atroces pertes.

Aussi souriait-il face à l’innocence et la candeur de ce nanillon. Mais bien vite, le souverain plongea à nouveau son épais tarin dans son assiette, sa popotte, qui lui faisait tant envie. Il savait ce à quoi Brynhild faisait allusion, en parlant de victoires amères… Mais que pouvait-il faire de plus ? Les cousins étaient morts… Mais leurs Braises-Vies festoyaient dans le monde du Dessous, aux côtés des divinités. Dans l’honneur, et la fierté. Et le Col des Hardis, où se trouve dorénavant un épais et puissant fort militaire, leur est totalement dédié.

Alors, il continua de manger, avec appétit. Car après tout, l’expertise de la marmiton était juste… Succulente.

-Haaaa donc Dardusorg est comme maman? Il crée du bonheur dans sa cuisine et Harald est comme Brynhild! Trop cool!

Un grand sourire se dessina alors sur les lèvres de l’artisan, ce petit dawi se posait déjà de bonnes questions, et ce malgré l'absence des premiers poils au menton ! Il ira loin, qu’importe quel chemin Mogar lui fera prendre.
La dernière fois qu’un apprenti lui avait présenté un tel regard, il y a fort longtemps, était du jeune Hokkar, où il posait la moindre question et tentais de comprendre chaque détail… c’était il y a tellement longtemps… Tiens tiens, serait-ce que Dardusorg Crin D’Acier, Maître alchimiste et précepteur du clan, se faisait-il vieux ? Cela remontait à bien des années, d’avant le Voile et ses horreurs, avant Lante et ses habitants, avant cette nouvelle vie et son potentiel.

Mais, comment expliquer que la cuisine et l’alchimie sont pas la même chose ? Plutôt, comment lui dire… ?

   

-Et bien, comment te dire… ?  C’est pareil, sans l’être. Il y a beaucoup de similitudes entre la cuisine et l’alchimie, c’est même la meilleure façon de l’expliquer. Après tout, ta maman mélange des ingrédients en suivant une recette secrète, et le résultat est quelque chose de super, qui est meilleure que si tu ne faisais aucun mélange. Une source de soupe, ;ou un arbre à rotis, ça n’existe pas. Ce que je fais en alchimie, c’est presque pareil : je mélange des ingrédients en suivant une recette secrète, et je fabrique des potions. La différence est que les ingrédients que j’utilise, sont très spéciaux. Certains ingrédients sont des épices rares, d’autres des plantes de tous les jours. J’ai déjà mélangé de la mauvaise herbe avec de la boue et un peu de bave de crapaud, et j’ai fabriqué une pommade qui soigne les coupures et les rides. Mais, cette boue est pas n’importe quelle boue ; c’était de l’argile que l’on trouve sur les rives de l’Oliya après de fortes pluies. La mauvaise herbe avait été séchée dans mon laboratoire avec des outils très particulier, et la bave de crapaud était d’un crapaud rare et spécial que l’on trouve sous des rochers dans les forêts les plus sombres.

Mon travail d’alchimiste est de la cuisine, mais avec des ingrédients extrêmement spécifique, que l’on trouve que dans certains endroits ou que l’on doit préparer avec des outils très particuliers.
Je travail même sur une potion très spéciale : pour aider d’autres parents à avoir des enfants super comme toi. Mais, vu que personne n’a fait de recette avant que je travail dessus, je dois travailler encore plus pour trouver les bons ingrédients et savoir comment utiliser les bons outils.

Ce que fais ta maman est super, et comme l’alchimie, requiert un savoir faire qui prends des années, si non des générations à perfectionner. L’alchimie, prends encore plus d’années à maîtriser. Cela fait même des cycles avant d’arriver à faire ce que l’on sait faire aujourd’hui. Mais, je fais partis de quelques alchimistes qui ne veulent pas perfectionner ce qu’on sait déjà faire, mais de découvrir d’autres ingrédients, d’inventer d’autres outils et de fabriquer de toutes pièces de nouvelles recettes pour aider tout le Zagazorn et tous les nains.

Mes potions sont magiques, et peuvent rendre la vie de tous les jours meilleure. Mais la cuisine de ta maman permet de faire l’impossible : On ne peut rien faire avec le ventre vide et la gorge sèche.
Tout roi et reine le sait, d’où ton super repas avec ta super famille. Maintenant fini mange avant que ce soit froid, j’ai peur que ta maman s’énerve parce qu’on parle au lieu de finir nos assiettes.

Dardusorg fit un clin d’œil au jeune dawi aux yeux étincelantes, et se mit à manger de plus belle. La conversation était agréable, la compagnie d’autant plus. Mais le ragoût qui se trouvait devant lui était digne d’un roi. D’ailleurs, c’était le cas, son souverain se trouvait pas très loin de lui.

Crains par certains, adulé par d’autres, mais surtout respecté car la tradition l’exige et que le Zagazorn a connu une ouverture avec l’extérieur apportant or et ressources.
Dardusorg garda le sourire et la bonne humeur tout le long du repas, d’autant plus lorsque les jeunes visages posaient encore des questions sur son travail, son clan, sa famille etc. Et que les thanes échangeaient de leurs journées, les entraînements, les rumeurs circulant dans leurs clans respectifs. Même le fils du roi, qui semblait plus réservé parlait du voyage de retour, de la poussière assombrissant la visibilité donnant un air d’explorateur dans les terres stériles. Ces échanges d’histoires et expériences prirent la majeure partie du repas, car à la surprise de Dardusorg, la marmite était vide, les ventres remplis et même les jeunes nains énergétiques étaient au ralenti tellement la digestion les fatiguaient.

L’invité de dernière minute se tourna vers son souverain timidement.

   

- Mon roi, si je ne m’abuse, il me semble que tu souhaitais me parler de quelque chose en rapport avec mes compétences. Je suis malheureusement attendu un peu plus tard cette après midi mais j’ai bien deux heures devant mois si jamais tu as besoin de moi.

L’attention était totale, malgré l’agréable poids se trouvant dans son estomac, la curiosité a un appétit qui ne serai jamais comblé.

Que voici un repas des plus habituels, pour le peuple Nain. D’aucun dirait que ceci était largement devinable, tiendrait même du cliché ; d’autres penseraient qu’il ne s’agit que de fables et de mensonges, de choses largement enluminées et enjolivées afin de faire de ce peuple troglodyte, un peuple miraculeux aux valeurs pleines d’honneur, et de courage.

Pourtant, c’était bel et bien la vérité. Les Nains appréciaient la bonne nourriture, et leurs repas étaient bien souvent pleins de sens, d’odeurs, et de textures différentes. La viande rouge côtoyait les produits issus du poulailler, et étaient agrémentés de sauces toutes plus exquises les unes que les autres. Sauce à la bière, sauce aux morilles, aux champignons des champs, des bois ou au frongol, sauce au poisson, sauce au poivre, au vin, à la liqueur… Bref, l’arsenal culinaire nain était aussi large et varié que les légendes qui avaient cours à ce propos dans le reste du monde.

Mais une chose était peu connue du monde extérieur : chez les Nains, mâles et femelles étaient égaux. Que dis-je ! L’existence naturelle d’une dissymétrie de genre – il naît plus de mâles que de femelles chez les Nains – avait créé, déjà avant Voile, une dissymétrie dans l’importance des êtres. Les naines – bavettes, tresses – étaient souvent protégées. Cela ne signifiait point qu’elles étaient cloitrées dans les cuisines, oh ça non ! Elles étaient en première ligne, comme les mâles. Elles étaient thanes, elles étaient des décideuses, des meneuses. Mais leur plus faible nombre, expliquant donc une faible fertilité et un faible taux de naissance – quoi que celui-ci augmentait depuis la politique de Hardrek et le Serment de fidélité royal de Harald – leur rendait une aura impressionnante. Leurs paroles étaient très respectées, leur existence bénie des familles, et leur personne, placée en haute estime.

Harald avait donc la tête emplie de bien des pensées. Il pensait à sa liée, et au fait qu’elle ait mise sa lame au service d’autres nations. Il pensait à son fils, avec lequel il avait passé un voyage agréable. Il pensait au Zagazorn, surtout… Et à ce qui l’amenait ici, à savoir, chercher l’aide des Elfes.

Aussi, lorsqu’il fut repu, lorsqu’il bu la dernière gorgée de bière, et lorsqu’il avala la dernière miche de pain, Harald, le ventre plein, tourna une oreille attentive mais néanmoins en pleine digestion, vers l’alchimiste, invité surprise de ce repas familial.

« En effet maître Alchimiste. Suis-moi. Nous emprunterons le bureau de Brynhild. »

Harald se leva alors, mais le monde semblait tourner soudainement bien vite. Un léger grondement se fit entendre, provenant de sa gorge, comme un moyen de faire de cette onde, une perche pour le ramener sur la terre de ses ancêtres. Une fois fait, Harald se jeta un godet de bière dans le glissoir, histoire de se remettre de cette émotion qui fut celle du levé bien rapide après une ripaille bien grasse.

Bien vite, il rallia le bureau de Brynhild, avec Dardusorg sur ses talons. Son premier regard fut pour le fauteuil confortable… Sur lequel il posa son fessier fatigué. D’un geste de sa pogne nue – puisqu’il avait posé son gantelet d’acier avant le repas – il indiqua une autre assise à Dardusorg, avant de commencer.

« Bien. Maître Crin’D’acier, je ne crois point en la providence. Ta rencontre n’est autre qu’un signe des divinités, pour moi. J’arrive tout juste de la cité portuaire de Thanor, où j’ai tenu conseil, et informé de ma décision d’aller chez les Elfes, en quête de savoirs sur… Les Engeances de Brisséa. » Dit-il, incisant sur le nom de ces créatures mortelles, comme pour capter un peu plus encore l’attention de l’alchimiste. « J’ai ordonné le lancement d’une vaste étude sur le sujet. Un fortin militaire va être construit sur les ruines de ton ancienne loge clanique, si tu es d’accord. De cette base, nous reconstruiront quelque chose de solide, d’où partiront nos unités pour capturer des sujets vivants, et morts, afin de les étudier. Certains des meilleurs maîtres runistes vont nous rejoindre, et vos compétences seraient des plus précieuses. Je vous offre de venir avec moi jusqu’au trône blanc du Roi Elfe des cités d’Anaëh. Je compte solliciter l’aide de leurs militaires et de leurs érudits. Nous ne connaissons rien de ces créatures… Mais les Elfes, eux, connaissent tout de la puissance créatrice de la nature, et surtout, leur académie est la plus ancienne de ce monde. Acceptes-tu de m’accompagner ? »

Ainsi, la barbe à la tunique tâchée suivi son roi après avoir salué la tablée, et avoir remercié l’hôte pour ce repas des plus délicieux. Harald marchait d’un pas décidé, voire pressé. La conversation qui allait suivre devait être d’une importance capitale, si ce n’est d’un intérêt notable aux yeux du monarque.

Tout ceci restait étrange pour Dardusorg ; il n’est qu’un simple alchimiste. Grand percepteur au sein de son clan, elixirologue chercheur de métier. Mais être prit à part par le Haut Roi du Zagazorn, voila quelque chose habituellement réservé aux thanes les plus influents.

Le duo monta à l’étage et entra dans le bureau de la thane guerrière, et l’alchimiste s’assit en réponse à l’invitation du roi.

Lorsque Harald finit son explication, un silence se fit avant que Dardusorg puisse enfin réagir.

Ses cheveux étaient hirsute suite à nom des terrifiantes créatures qui hantent les territoire ruraux de la Nérania, les pupilles dilatée comme si son système était exposé à une quelconque substance psychotrope. Son souffle, ralenti comme sous le choque d’une attaque brutale, son cœur reprenait un rythme de tambour de guerre wandrais et une goutte de sueur se faisait voir descendant son front et coulant sur sa joue gauche.

Enfin, Le raffineur pris sa flasque de sa ceinture, retira le capuchon en argent, prit une généreuse gorgée de ce fluide ambré, et referma le contenant. Puis après une longue inspiration, Dardusorg dit :

- Tu souhaites capturer des créatures capable de décimer des unités d’élites entières afin de les étudier, vivantes, pour ainsi percer le secret, aujourd’hui inconnu, sur le processus et source de leur création et/ou transformation depuis d’humbles dawis, si l’on croit les rumeurs à leur sujet ?
Pour cela, tu es à la recherche d’artisans et savants ayant les compétences nécessaires pour assurer leur chasse, capture, transport et recherches, et souhaites faire construire une forteresse dissimulée dans les ruines d’Ald Bargorl , qui est aujourd’hui infesté de kobolds aussi pathétique qu’ils sont nombreux ?

Le barbue reprit une nouvelle gorgée d’alcool nain.

Mais avant cela, tu me proposes d’aller en plein cœur du royaume elfique pour négocier le partage d’informations au sujet des mêmes engeances ayant contribué à la chute de ma loge ancestrale ?

Harald fit un geste de sa tête.

La seule et unique chose qui puisse me permettre d’accepter une telle proposition, mon roi, est d’ordonner à mon thane de me laisser te suivre. Il ne fait qu’ajouter du travail et, en ce moment, je suis quelques peu débordé…

Mais, pour répondre à ta requête : OUI.
Ce serait un honneur sans pareil, et une joie sans fin de t’accompagner voir le monarque elfe. Ainsi que de contribuer à mieux comprendre, si ce n’est retirer les engeances de Brisséa de nos terres.
De plus, je doute que Grühm s’oppose à la possibilité de nettoyer Ald Bargorl de ces affreux kobolds…. Je dois aller le voir justement sur le retour à l’enclave, et peux donc lui transmettre une missive de ta part dans les plus brefs délais, si cela te convient.

Dardusorg se pinçait le bras discrètement à de nombreuses reprises, à telle point qu’il y avait une petite tâche de sang sur sa manche. Dans sa jeunesse, il rêvait d’explorer des grottes inconnues, et forêts lointaines uniquement pour rapporter dans un laboratoire personnel des échantillons à étudier.

Mais cette sensation qu’il ressentait n'était pas que de l’excitation et de la joie, il y avait aussi de la peur. De la peur de décevoir, décevoir son Thane, décevoir son clan, son roi, sa nation. Mais aussi, de faire face à un monstre des plus redoutables… ainsi que revoir les cendres de sa vie passée.

Que serait un repas nain aux yeux du restes du monde? Surement un orgie de bière et de viande au milieu de cri de nain partageant sur leur expérience de pioche à la mine. Mais il n'était rien de cela. Lors de ses voyages, Brynhild avait apprit à ses dépends, la drôle image que les longues jambes se faisaient des nains. Quel bande de gueux ceux là. Pour le moindre humain, le nain était grassouillet, alcoolique, graveleux, couvert de crasse et se lavant qu'une fois par an, avare et jaillissant des entrailles de la terre. Quel dommage pour eux, Bryn était tout l'inverse du tableau si élogieux qu'ils dépeignaient. Elle était musclée, amatrice de bon spiritueux, élégante, plus propre que la plupart d'entre eux et n'hésitait pas à donner de la nourriture aux enfants qui mendiaient dans les rues poisseuses des villes qu'elle visitait. Beaucoup d'entre eux ignoraient même que les nains possédaient des bains publiques.

Notre scène reflétait l'exact opposé des clichés. Une famille joyeuse, mangeant un repas conquocté avec amour durant des heures, des enfants pleins de vies, propres, et des adultes discutant de choses et d'autres, mais pas la mine. Chacun dans cette pièce avait sa spécialité, le comptable, l'alchimiste, la guerrière, le roi et le soldat.
Le repas touchait à sa fin, et le roi voulait assouvir sa curiosité avec l'alchimiste. Il se leva et partit en direction du bureau de la naine, ce qui surprit les habitants de la demeure qui se demandèrent rapidement comment il pouvait connaitre les lieux vu qu'il n'était jamais venue. Aldwine jeta un regard suspicieux et malicieux à sa thane, qui rougit légèrement en levant les yeux au ciel.
Brynhild finit son godet rapidement, et les suivit, posant sa main sur l'épaule de sa belle-sœur en signe de remerciement. Le petit couloir qui menait au bureau semblait tanguer pour le roi, mais elle ne dit rien, il était vrai que la bière brasser par le cousin Grydir avait pour tradition de creuser dans la caboche comme un nain dans du granite, fort et vite. Cependant les effets se dissiperaient rapidement avec la digestion en cours.
Quand ils rentrèrent dans le bureau, étonnement, celui-ci sembla bien plus petit, il y avait rarement plus de deux personnes dans ce bureau, la plupart du temps, les conseils se tenait dans la grande maison du clan à deux maisons de là.
Le roi déposa son royal joufflu sur le fauteuil de la cheffe de clan et invita l'alchimiste à s'assoir dans le fauteuil face à lui, la thane alla s'appuyer sur le rebord de fenêtre, croisant les jambes et les bras, et écoutant ce que le roi avait à dire. La thane connaissait déjà les tenant et les aboutissant de cette réunion, et l'arrivé inopiné de l'alchimiste, la pièce manquante de leur puzzle, était bénéfique pour leur projet de conquête. Le plus de l'histoire était l'histoire du clan de l'alchimiste, il venait de là bas, la passion, le souvenir et la nostalgie ne pouvait que le pousser à les rejoindre dans leurs quêtes. Et c'était sans compter sur la gloire et l'opportunité d'une vie.

L'envergure du projet sembla assommé le nain pendant quelques instants. Plusieurs gorgés de spiritueux plus part, il était à même de s'expliquer.

- ... Je dois aller le voir justement sur le retour à l’enclave, et peux donc lui transmettre une missive de ta part dans les plus brefs délais, si cela te convient.

- Ne serait-il pas plus simple qu'on aille le voir pour en discuter avec lui directement? Il ne peut refuser une visite du roi et cela ne ferait que renforcé le prestige de votre clan. La naine prit sa respiration après avoir regardé dehors. En effet, c'est une quête dangereuse, mais qui peut nous apporter beaucoup plus que de perte. Je ne te mentirais pas, il y a aura des morts et des blessés. Ce sera une tâche difficile et sans doute te faudrait-il un apprentis pour t'aider à la tâche. Nous te fournirons ce dont tu as besoin pour tes recherches.

La naine se rappela de ses propres préparations, Il fallait qu'elle demande au naine de son clan de préparer de la viande séchées en quantité. Les dieux seules savent le temps qu'ils leurs faudrait pour construire le fort, et comment le ravitaillement se déroulerait. Les Kobolds étaient loin d'être bête, il fallait créer un paterne variant des trajets des livraisons pour éviter aux convois d'être attaqué. Voir les plans avec un architecte, ce qu'ils aillent faire étaient dangereux et la sécurité et le mot d'ordre de la première naine du Zagazorn.

Moins de dix années séparaient les deux nains qui se toisaient tout en se respectant. Moins de dix années, bien moins que ce qu’il fallait pour compter un fossé d’une génération naine. La chose était bien différente avec Brynhild, laquelle était plus jeune de soixante-six ans. Un peu moins de deux générations naines séparaient les deux liés… Et pourtant, en cet instant, ils étaient plus unis que jamais. Sur la même longueur d’onde. Deux bras armés de la même phalange militaire.

Mais Dardusorg, lui, semblait tel le jeune barbe candide, inexpérimenté, face à l’ancien distillant savoirs et expériences. Devant ce que Harald avait à dire, il était resté là, pantois, à la fois admiratif et inquiet. Mais finalement, après quelques instants silencieux, son accord est manifeste, tout comme sa motivation. Et son envie. L’envie d’un savant, la curiosité d’un érudit. La chose était entendue, il ne restait plus qu’à savoir comment la faire savoir au thane du clan de l’alchimiste.

L’idée de Brynhild était en effet pleine d’honneur, et tout à fait sensée. Oui, Harald pourrait imposer cette visite, usant de sa notoriété, de son pouvoir, et de sa stature. Mais une très courte réflexion suffit en son esprit, pour qu’il refuse cette initiative. Il était harassé, poussiéreux, transpirant, et surtout, il avait encore fort à faire pour finaliser le départ pour le trône blanc de la cité d’Alëandir. Il devait rester ici, dans ce bureau gracieusement prêté par sa liée, avant de passer sans doute plusieurs heures dans le palais de Lante, celui qui fut, il y a encore pu, sa demeure, lorsqu’il était Ongaraz,, puis Gazanundi.

« Ce serait plus simple, en effet. Mais j’ai malheureusement beaucoup de choses à terminer aujourd’hui. Je vais rédiger une missive, et y apposer le sceau de la couronne de Kirgan. Si je ne doute point de toi, Maître Crin d’Acier, j’apprécierait de voir comment ton thane se comporterait, face à une missive royale, qu’il n’attendait en aucun cas. Sa réaction serait fort instructive, à n’en point douter ! Et tu reviendras, dès que tu le pourras, m’informer de sa réponse. Ou Brynhild, si je ne suis point là. »

Et sur ses propres mots, Harald commença immédiatement à rédiger une courte missive, sur un vélin qui se trouvait par ici. Nul doute que Brynhild s’en trouverait fort surprise, face à l’attitude dont il venait de faire preuve. Et par l’aisance qui était la sienne, dans ce bureau qui n’était point le sien. Mais Harald était Roi. S’il n’avait point l’audace, ni le besoin de le montrer devant sa liée – elle qui partageait alors ses décisions, ses doutes et ses réflexions – il devait le faire devant autrui.

Une fois la missive réalisée, il y appose son sceau, et une griffe caractéristique, avant de la tendre à l’alchimiste.

C’est en inclinant sa tête que la barbe au poil rêche prit la missive, et la rangea avec son herbe à pipe : en sécurité sur sa personne.

Dardusorg était encore dans le processus de se calmer face à la demande de son roi, il allait après tout aller voir les mystérieuses terres elfiques, loin, bien loin du Brissalion, de son bureau, de ses congénères.

Par la barbe d’Ikthor, Thane Grühm Crin D’Acier recevra cette missive dans les plus brefs délais ! Je doute qu’il y aura une longue attente pour recevoir sa réponse

Il allait partir à nouveau en expédition, et en dehors du Zagazorn cette fois. Jusqu’en Anaëh, jusqu’à la capitale elfique, jusqu’au trône Blanc. Les dieux devaient effectivement bénir cette rencontre, ainsi que cette quête. Les travaux qui seront accompli suite à cet échange pourront non seulement permettre de mieux aborder la menace des engeances, mais surtout de pouvoir de nouveau réunifier la totalité du Zagazorn, retrouver la stabilité d’antan, de reconstruire tout ce que le Voile avait détruit.

Cette missive, ce simple bout de cuir représentait tellement aux yeux de Dardusorg : pouvoir servir sa nation, son roi, et permettre au clan de retrouver ses terres ancestrales.

Bien, maintenant que cette missive est rédigée, je crois qu’il est temps pour moi de reprendre la route. Mon roi, ce fut un honneur et un privilège de faire ta connaissance. Mes connaissances ainsi que mon savoir-faire et à ta disposition. Brynhild Odomar, encore merci pour ton accueil, tu as honoré ma personne tout comme mon clan en ce jour. S’il te faut la moindre chose, n’hésite pas à venir à la loge Crin D’Acier. Nos services seront à la hauteur de toute demande. Que l’Ours nous guide et que les Flots nous épargnent !

Avec son sérieux rétablie, la barbe salua une dernière fois son hôtesse et souverain et se dirigea vers l’entrée pour reprendre le reste de ses biens et apporter l’ordre au reste de son clan.

Brynhild avait l'habitude de devoir débattre des heures durant pour finir par avoir une décision finale. Alors pour une fois que les choses se décidaient rapidement et pour le bien de tous, c'était une bénédiction des dieux. Des énnéades durant, ils avaient recherché un alchimiste prêt à se joindre à eux pour leur expédition, aussi rapidement et de manière tout à fait impromptu.
Elle regarda, arborant un sourire de surprise amusé, le roi attraper un vélin et écrire sa lettre au chef de clan de Dardusorg. Harald était son lié, il pouvait usé de son bureau comme bon lui semblait, mais l'aisance avec lequel il le fit était des plus hilare. Sa plume grattait de manière frénétique sur le vélin, inscrivant dans l'histoire l'implication naissance de Dardusorg dans la légende à venir du roi Harald.
Dardusorg semblait abasourdit par sa matinée. Il était tombé sur le roi et son fils, se retrouvait engager dans une quête alors qu'il n'était venu que pour voir un comptable. Beaucoup d'émotion pour une journée ordinaire d'un dawis.

- Si ton thane se pose des questions, qu'il n'hésite pas à me joindre si Harald est déjà repartit. Je serais ravie de lui rendre visite.

Harald tendit la missive au dawis qui l'a rangea à l'abris, tremblotant et ému. Il quitta la pièce d'un pas rapide, saluant le roi et la thane et partit vers l'entrée ou il croisa Alwine et Leif qui l'escortèrent à la porte de la loge.

- Eh bien, si l'on m'avait dit ce matin que l'on résoudrait notre problème d'alchimiste si rapidement, j'aurais cru à une facétie des dieux...

La thane s'approcha de son roi, et lui déposa un léger baiser sur la joue, l'enlaçant tendrement. Plusieurs énnéades qu'elle ne l'avait pas vu, elle sentait son corps en manque de sa proximité. Elle enfonça sa tête dans le creux du cou d'Harald, picotant sa figure de poil dru.