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| A l'horizon de la tourmente. | |
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| Sujet: A l'horizon de la tourmente. Jeu 9 Sep 2021 - 17:42 | |
| Quatrième jour de la Cinquième ennéade de Karfias, An Dix-Neuf du Cycle XI, Kirgan, Salle du Trône
Kirgan, la cité des rois du peuple nain. On la disait grandiose, ses statues gigantesques imposant un respect solennel à quiconque pénétrait en ces murs, on la disait fourmiller de vie, cœur battant d’un royaume ayant connu la pire des horreurs et pourtant toujours l’antre des secrets les mieux gardés du pays. Une beauté comme on en voit qu’une fois dans une vie en somme ! C’est ce qu’Athanase aurait pu observer, admirer et applaudir si le bougre n’avait pas eu les yeux bandés tout du long.
Ainsi le voilà, lui et son interprète, aux côtés de la Dame de Fernel, tous trois attendant patiemment devants les portes de la salle du trône. En ce jour l’avenir de deux des plus puissants royaumes de ce monde s’écrirait au rythme des palabres et négociations des prochaines minutes. De quoi donner le vertige à beaucoup d’hommes et de femmes, mais certainement pas au Grand Chancelier ni au roi Harald Barbe-Sanglante. Car ces deux là, pour sûr, sont de ceux se devant de garder la tête froide en toutes circonstances.
- Ma Dame, souffle le Grand Chancelier à l’oreille de Louise en se penchant lentement vers, c’est le jour le plus important de toute votre vie. Ainsi que de la mienne aussi. Tâchons de faire bonne figure et ne nous accordons aucun faux pas. Conclut-il avec une tape douce et amicale dans le dos de la châtelaine, bien que son faciès de marbre ne laisse filtrer rien d’autre qu’une sérénité indéfectible.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Dim 12 Sep 2021 - 12:27 | |
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Quelques-jours plus tôt, un messager était accouru. Haletant, pestant dans sa barbe alors que le cliquetis son armure résonnait dans les longs et hauts couloirs qui fourmillaient sous la montagne, ce messager aux prunelles dilatées et aux mires rougies par l’effort et la fatigue, était passé par tous les efforts qu’un Nain pouvait produire, pour réussir à rejoindre le plus rapidement possible la salle du trône. Un corbeau, en provenance de Thanor, était arrivé. Il portait le sceau de la Voix du conseil… Il était annonciateur d’un augure dont personne n’aurait su dire si elle était de joie… Ou de peine. Funeste, ou encourageante. « Les Humains s’en viennent ! » Lui dit-on alors. « Une délégation officielle envoyée par les Humains, pour discutailler avec toi Grand-Roi, car les mânes des deux martyrs s’en viennent eux-aussi, pour réclamer vengeance ! Ils arriveront à Thanor dans trois jours, avec la ferme intention d’entamer de pourparlers. » Renchérit-on ensuite, avant que le messager, enfin délivré de son message – qu’il tendit à Harald qui n’était point satisfait d’un simple résumé – sentit quitter le poids de deux monde sur sa propre caboche. Un poids qu’il offrit à Harald, lequel était déjà accablé par le poids des responsabilités. « Ainsi soit-il. Que l’on prépare leur arrivée. Qu’Ikthor veille sur nos couennes, et que l’Ancien nous conseille en ces heures troubles. Et, s’il le devenait nécessaire... Puissent les divinités nous guider vers la guerre... »Tout était prêt. Conformément à l’édit royal, la délégation avait été désarmée, contrôlée, sécurisée, et ramenée jusqu’à Kirgan la Capitale, le Joyau sous les Montagnes, pour être présentée devant celui qui, depuis un peu moins de deux ans, avait été élu par tous les Thanes du Zagazorn. Tous les Thanes, conseillés par leurs anciens, éduqués par leurs aïeux, et tributaire d’un héritage et d’une mémoire remontant jusqu’aux débuts de ce monde, placèrent en Harald Barbe-Sanglante, la responsabilité d’un royaume, la clé de leurs Braises-Vies, et, ce faisant, la confiance d’un peuple réunifié. C’était grâce à ses mérites, à ses actions, à ses efforts, à ses réussites mais aussi à ses défaites, que le peuple Nain tout entier s’était placé derrière lui, l’élevant jusque sur le trône de Kirgan, après la mort du Roi réunificateur, Hardrek Poing-de-Fer. Depuis, il avait relancé le commerce interne et externe, poursuivi les grands travaux de l’ Ungordrinin,, sécurisé des ententes cordiales mais aussi prolifiques avec les Elfes – via des savoirs échangés – et il avait également participé à la reconstruction du royaume de Naélis – encore en cours – tout en augmentant drastiquement la renommée de la couronne, en faisant reforger le fameux mogarium. Et enfin, il avait convié plusieurs dirigeants de ce monde à sa propre cérémonie le liant à Brynhild, un « mariage » comme diraient les humains. Roi Elfe, Roi Naélisien, quelques nobles Péninsulaires, et une foultitude de Nains, se retrouvèrent autour d’une même tablée durant trois jours et trois nuits… Un acte historique, visant à montrer au monde que les Nains étaient forts et puissants, et à montrer à son peuple qu’eux aussi devaient procréer. Mais aujourd’hui, à cause des actes lâches et impardonnables d’un noble suderon à l’honneur inexistant et à l’autorité affaiblie, tout risquait d’à nouveau voler en éclat. Car la guerre menaçait… Deux nains furent exécutés, un soldat… Et un runiste. Gardien des savoirs antiques, maître dans l’art des runes, art jalousement gardé par tous les Nains depuis 11 000 ans, il fut massacré, son corps démembré et souillé… Alors qu’il avait défendu la vie de l’émissaire royal… Tout ça, parce qu’un noble n’avait pas su garder la paix à sa propre cours… Avec tout cela en tête, Harald s’était préparé à recevoir cette délégation Humaine. Le trône fut apprêté de fourrures confortables, car nul doute que le fessier du Grand-Roi allait devoir y siéger longtemps aujourd’hui. Une large tablée fut placée à quelques mètres devant le piédestal, et trois chaises y furent positionnées, dont une légèrement en retrait, celle du traducteur. Car Harald ne voulait que les deux émissaires face à lui, face à son regard, face à son aura. L’on ne disposa rien sur la table, sinon… De l’eau. Les braséros furent réapprovisionnés, les étendards époussetés, la couronne lustrée, les habits repassés, et les armures blanches et or des gardes royaux furent polies durant de nombreuses heures. Tout devait exalter le pouvoir, la puissance, la richesse… Et l’implacable force des Nains. Mais, un autre détail fut pensé… Une hache. Une imposante hache d’arme, trônant sur un râtelier horizontal. Au bois vernis, à la lame polie, ses armoiries gravées dans l’acier témoignaient de son utilité : il s’agissait ni plus ni moins que de la hache judiciaire du Roi. Celle-là même qu’il utilisait pour rendre la justice. Elle coupait les mains des voleurs, défroquaient les déshonneurs… Et décapitait les tueurs. Et, face à lui, deux défenseurs d’un tueur de nains allaient se présenter. Alors, c’est correctement drapé d’une tenue de velours rouge réhaussée d’une fourrure brune, sa couronne de Mogarum ceignant son crâne, et ses bijoux en place, que Harald ordonna… « Qu’ils entrent. »
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Lun 13 Sep 2021 - 17:37 | |
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Enfin s’ouvrent ces portes massives, enfin la délégation atteint le cœur du pouvoir en ce royaume des montagnes. Et Athanase s’avance, suivit de près par son interprète filant le péninsulaire et l’oliyan, ainsi que par la Dame de Fernel, tous trois forment la délégation envoyée par la Couronne. Le Grand Chancelier avance jusqu’à ce qu’il estime être une distance raisonnable afin de discuter en toute quiétude, il porte la main à son cœur et incline le buste comme le voudrait le protocole nobiliaire de la Péninsule. Ses yeux se fixent dans ceux d’Harald, siégeant sur son trône, ce regard qui ne le quitte plus s’éternise l’espace d’une seconde qui parait sans fin.
- Roi Harald du Clan Bris-Os, dit Barbe-Sanglante, fier et digne souverain des Nains et du Royaume du Zagazorn, la Couronne du Royaume béni de Néera, au nom de Bohémond de la maison Fiiram, vous salue. Déclame-t-il en se redressant pour planter à nouveau son regard dans celui du souverain nain. Quant à moi, je suis Athanase de Cley, Grand Chancelier du Royaume, porteur de la parole de la Couronne.
Athanase ne cille plus et n’a d’yeux que pour ce Roi sous la Montagne, il fait fit du monde qui l’entoure, puis, d’un geste lent désigne la Dame de Fernel de la main.
- Il m’a semblé comprendre que les présentations ne sont plus à faire. Nous, délégation diplomatique, avons souhaité faire honneur à vos traditions, ce pourquoi nous avons décidé d’emmener la Dame de Fernel, Ongrumthrong du Clan Barbe-de-Fer avec nous. L’homme marque une pause, pour la première fois depuis son entrée dans la salle du trône, son regard quitte celui d’Harald pour rejoindre celui de Louise, un instant seulement, car déjà il revient au monarque. Sachez que nous, quand bien même nous ne pourrions oser insinuer souffrir autant de la perte qui est la vôtre sans insulter votre peuple tout entier… Croyez-le bien, Roi Harald Barbe-Sanglante, la Couronne compatis. Plus encore, notre présence n’a en aucun cas le but ni de minorer cette atrocité ni de dépassionner cette perte ô combien douloureuse.
Ainsi le Grand Chancelier fait un pas de côté, passant une main jusque derrière Louise, effleurant son omoplate. D'un regard entendu et bienveillant il l'invite à saluer à son tour ce Roi qu'elle connait mieux que lui.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Lun 13 Sep 2021 - 19:56 | |
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Louise avait coulé un regard fatigué sur le Chancelier. Était-il nécessaire de lui rappeler toute l’importance du moment ? Certes non. Elle ne pense qu’à cela depuis l’instant où elle a compris que les rumeurs étaient fondées et que les conséquences pouvaient être absolument épouvantables et cela pour deux royaumes distincts. Deux peuples différents unis pourtant en un même sentiment de colère et de vengeance. Alors quand Athanase lui souffle à l’oreille que tout va possiblement se jouer ici, avec elle, Louise ne peut s’empêcher de reculer légèrement, incommodée. Cette démonstration magistrale de ce qui est l’évidence même ne fait que l’indisposer plus encore.
- Je le sais, Messire. Tâchons également de faire en sorte que ce ne soit pas le dernier, voulez-vous ?
Si le Chancelier affiche une relative sérénité, il n’est rien pour Louise. Elle est pâle, une pâleur accentuée par cette robe de velours bleu nuit qui tombe en doux drapé sur ses petits pieds rehaussés de chaussons de cuir souples. C’est la robe qu’elle portait au Conseil, la tenue est pratiquement identique. Elle passe ses mains sur les fourrures blanches qui ornent ses poignets avant de caresser du bout des doigts ce collier d’argent rehaussé d’une seule et unique pierre de lune. A son doigt, l’anneau sigillaire de Fernel. Dans ses cheveux librement épars sur son dos, cascadant en lourdes boucles noisette, le cercle de métal martelé et rehaussé de feuilles de chêne luisant sous les lumières. Point de coiffure compliquée, point de maquillage qui aurait de toute façon été inefficace. Des traits noirs marbrent sa peau sous chaque paupière, signes évidents que la châtelaine aurait besoin de plus de trois heures de sommeil par nuit.
La tape douce et amicale dans son dos la fait frissonner. Elle n’a pas besoin de sa commisération. S’il est ici, c’est parce qu’elle est présente et parce qu’elle a proposé son aide. Si elle n’avait pas été du voyage, il n’aurait jamais pu poser un orteil au Zagazorn. Il pourrait s’en souvenir avant de faire preuve de ce paternalisme condescendant qui lui hérisse les poils sous le velours. Pour Louise, ce geste n’a absolument rien d’amical, cela ressemble plutôt à ce geste qu’ont parfois les palefreniers pour une monture qu’ils vont envoyer dans la lice. Le salut d’un dresseur à la bête qui combattra pour lui. Horrible sentiment.
Pourtant, elle ne dit rien. Elle n’a qu’un seul et unique objectif et elle compte bien s’y tenir, coute que coute, quoi qu’en dise le Chancelier. Devant les portes fermées de la salle du trône, toutes ses pensées sont silencieusement adressées à ceux qui sont en cet instant même en train de labourer leurs champs, de nourrir leurs familles, à ces enfants qui jouent dans les chênaies, à son père, à son frère…Ces gens qu’elle a vu dans les rues de Diantra, qui chantaient, inconscients des réalités brutales d’une diplomatie fragile. C’est à eux qu’elle pense avant toute chose, avant cet homme qui se trouve à ses côtés, avant cet autre qui est aurait du devenir roi et qui n’est plus rien.
Et les portes s’ouvrent.
Louise prend une profonde inspiration avant d’avancer, un pas derrière ceux du Chancelier. Inévitablement, elle se focalise sur la silhouette assise sur son trône là-bas, le grand roi Harald en majesté, affichant toute la puissance du Zagazorn en un seul et unique bijou, cette couronne magnifique qu’il a reçue en cadeau à ses noces en cet impressionnant écrin qu’est la salle du trône de Kirgan. Elle a, un bref instant, un regard pour un coin de cette immense salle. La silhouette d’un gentilhomme aux grands yeux émeraude se rappelle à son bon souvenir, élégante et séduisante, avant qu’elle ne disparaisse, ramenant Louise à sa principale préoccupation.
Il est pénible pour Louise de se présenter ici, de cette façon, en ces circonstances, à Kirgan, un endroit qu’elle avait éminemment apprécié pour bien des raisons. Elle a l’impression d’être accusée à la place de celui qui est loin, en son palais, occupé sans doute à boire un verre de vin tout en profitant de tous ses privilèges de Pair du Royaume. Il suffit de voir la mine sombre du Roi, le décorum minimaliste et cette hache déposée là, bien en évidence. Louise a la désagréable impression d’assister à son propre procès, alors qu’elle n’a absolument rien fait.
Et toujours elle ne dit rien. Athanase s’exprime, elle le laisse agir. Lorsqu’il la présentera – inutilement -, la châtelaine aura un regard absolument indescriptible pour Harald avant de s’incliner à son tour, non pas en une révérence comme elle le ferait à la Cour de Diantra mais en un salut bien moins péninsulaire. Le poing sur son cœur, elle s’incline donc avant de se redresser et de regarder le Roi.
- Grand Roi Harald, je vous présente mes respects.
Elle reste un pas derrière le Chancelier et ajoute, de sa voix douce :
- Il est regrettable que nous nous retrouvions en de telles circonstances et, à l’instar de la Couronne, je compatis personnellement à la perte terrible subie par votre peuple.
La châtelaine ne dira rien de plus. Ce n’est pas elle qui mène les discussions, elle demeure donc légèrement en retrait.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Lun 13 Sep 2021 - 22:48 | |
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Les mires de Harald se posèrent sur ceux qui, maintenant, seraient son vis-à-vis pour les prochaines négociations, si négociations il devait y avoir. Dès lors qu’il les vit, il se comporta comme le fauve guettant sa proie, comme l’ours se camouflant aux tréfonds de sa grotte face à un visiteur un peu trop curieux. Ses pognes se posèrent sur les accoudoirs de sa royale assise, et ses bras s’élargirent pour finalement décrire un angle droit au niveau des aisselles. Il se fit donc plus gros, presque aussi hérissé qu’un lion, et sa barbe commença à se mouvoir sous les soubresauts de ses lèvres, alors qu’il semblait grommeler pour lui-même. Il posa d’abord ses mires sur Athanase, qui s’était trouvé en tête de cortège. Telle la flèche programmée par son archer, Harald ne décrocha pas du regard cet individu venu discutailler avec la parole d’un Roy Péninsulaire à peine en âge de procréer. Lui, avait l’outrecuidance de se dire l’éminent représentant du décisionnaire final de la Péninsule… Lequel n’avait pas daigner se présenter lui-même. Une insulte, une de plus… Il ne répondit rien aux propos du Grand Chancelier, sinon un silence accablant, et un regardant dardant de fureur… Mais ce regard n’était rien, en comparaison à celui qu’il allait poser sur la châtelaine. Lorsque celle-ci s’avança, et se révéla au souverain du royaume de sous la montagne, Harald ne pu en croire ses prunelles. Sa barbe se mit à trembler sous les assauts d’un grondement semblable à celui d’une montagne s’éveillant durant le Voile. Ses sourcils broussailleux se rabaissèrent, rapetissant ses yeux devenant presque mi-clos, dévisageant chaque aspect de cette peau satinée si fatiguée. Point de mot, mais ce regard en valait des milliers : la colère, la déception, l’incompréhension, la rancœur. Louise de Fernel, déclarée Ongrumthrong par la Voix de Thanor, amie des Nains, seule être humaine à pouvoir aller et venir librement entre les frontières du Zagazorn… Aujourd’hui présente aux côtés des agresseurs. Elle qui fut la seule à recevoir aussi rapidement cet honneur des mains du trop naïf Glumtol, retournait cet honneur contre ce peuple même qui le lui avait octroyé… D’ami des Nains, elle était devenue le guide, qui avait mené le loup jusqu’en la bergerie. Etait-il là, Glumtol ? Non, point encore. Aujourd’hui, en même temps que l’on scellerait le sort des deux royaumes, celui de Louise, et celui de Glumtol, allaient également trouver leurs épilogues en ce jour. La tête de Glumtol dépendait dorénavant des actes de Louise… Si l’humaine devenait le levier d’action pernicieux des imparfaits, des traîtres, des insignifiants Humains, grâce à l’honneur conféré par Glumtol… Ce dernier allait devoir en payer le juste prix en retour. « Et dire que cette vermine à pu poser ses mires sur le tombeau de Hardrek… Qu’elle soit maudite ! » Se dit-il à lui-même, cogitant alors qu’à son tour, Louise se présentait, et allait de son petit commentaire sur la situation. Qu’est-ce qui le retenait de saisir cette hache, là, tout de suite, maintenant ? De faire venir la garde, de faire venir les Nains, et devant toutes et tous, poilus et bavettes du Zagazorn, exécuter celui qui se présentait comme le représentant du Roy ? L’honneur. Jusqu’ici, la survie d’Athanase, mais aussi celle de Louise, n’étaient dues qu’au très stricte et très directif code d’honneur des Nains. L’on ne tue pas ses hôtes, on ne leurs envoûtes pas, on ne les empoisonne pas… Sauf si leurs vies mettent en danger celles des vénérables Dawis. « Une terrible perte, en effet. » Dit-il, d’une voix rauque et grave, sonnant dans cette salle comme un écho réverbéré sur la pierre, tel le couperet sur le billot. Ses prunelles allèrent d’Athanase à Louise, puis de Louise à Athanase. « Deux des nôtres sont morts, des mains d’un de vos nobles. Un noble qui respire toujours, lui. Un noble qui ne souffre aucunement de ses actes, lui. Griffon de Langehack, à cru bon d’assassiner un guerrier d’exception, et un des gardiens des savoirs antiques. Votre compassion n’a pas lieu d’être, pas tant que la justice n’aura pas été rendue. Y êtres vous seulement disposé, maître Chancelier ? Maîtresse Louise ? Où vos caquets jactent plus que vos caboches ne pensent réellement ? » Le ton était donné. Les Humains, en ce lieux, n’étaient plus maître de rien, aucunement. Et les titres, n’allaient point être reconnus. Seuls les actes compteraient désormais.
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mar 14 Sep 2021 - 12:58 | |
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Athanase hoche lentement la tête à mesure que s’exprime la colère folle furieuse de ce Roi Nain qui semble avoir tant de mal à se contrôler à la vue de la Dame de Fernel. Laquelle marchait alors sur une corde raide entre sa patrie et le Royaume des barbes, ça il se devait bien de le lui accorder.
- Hélas, Néera nous l’inculque, cette compassion. Cependant, Elle représente aussi les idéaux de justice structurant notre société, soutient la parole donnée et guide nos pas. C’est ainsi qu’en tant que Grand Chancelier du Royaume, membre du Conseil de Régence, par Sa grâce et au nom de la maison Fiiram, je porte cette parole de la Couronne jusqu’à vous. Il marque un arrêt, bombe légèrement le torse et reprend d’un ton ferme. Permettez-moi de réitérer mes propos, maître Bris-Os, nous sommes venus reconnaître céans cette ignominie dans l’unique but que justice soit rendue. Ainsi, si vous y êtes disposés, vous aussi, la Couronne mettra tout en œuvre pour que cela soit fait.
Le Grand Chancelier commence à marcher machinalement, deux pas à gauche, deux pas à droite. Son regard se perd dans le vague de temps à autre, cependant il revient à vite à Harald.
- Car voyez-vous, ce bon Sire de Langehack est venu présenter cette histoire à la Couronne. D’après ses propres enquêtes, le bougre a estimé, que les nains n’eurent rien à voir dans la tentative d’assassinat visant sa personne, ce pourquoi il fit relâcher Gunjar qui vous représente en nos terres. Athanase brandit l’index. À cela il ajoute que ce massacre a commencé alors que deux hommes se lançaient dans un duel, il affirme que les évènements sont allés de mal en pis alimentés par une panique toute fondée. Ainsi le Capitaine de sa garde, qui aurait voulu calmer les ardeurs de ces deux bougres dans leur bataille, finit sa vie fondu dans son armure sous la puissance des sortilèges de l’un des vôtres, il fut suivi de près par un certain Beaumont, un De Rodier ainsi qu’un De Guerinet. Après avoir nommé ces quatre morts, Athanase s’arrête tout net pour se planter face au Roi Harald. Vous m’accorderez qu’un incident diplomatique de cette envergure, impliquant deux des royaumes les plus puissants des contrées connues, à de quoi alarmer leurs couronnes respectives. La Dame de Fernel nous a bien fait comprendre à quel point votre peuple place l’honneur au-dessus de tout. C’est pourquoi je suis venu en ces lieux sacrés, afin que, d’une parole Royale à une autre, nous puissions asseoir cette justice. Le Chancelier tendit une main vers Harald paume ouverte vers le haut, un geste d’invitation qui en disait long. Roi Harald, qu’attendez-vous de cette justice ?
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mar 14 Sep 2021 - 15:39 | |
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Ah, la voici, cette éloquence typiquement humaine. Ce verbe, ces diatribes, ces mots façonnés par la langue d’un Chancelier sans doute un peu trop habitué à être écouté. Cet art oratoire, partagé par toutes les races, bien-sûr, mais autrement plus utilisée par les Humains, connus comme étant de fieffés menteurs, d’indignes personnages. Harald, qui avait passé toute sa vie du côté de Lante, avait eu l’habitude d’observer ce bagou, ces us verbaux, cette musicalité négociatrice. Il avait entendu les Humains parler encore et encore dans le but d’obtenir des accords, des ventes et des achats, au sein des Enclaves commerciales. En cet instant, il avait l’impression d’être face à un de ces commerçants et non face à un dirigeant. « Je suis au fait des évènements. Maître Günjär est revenue jusqu’à Lante, où nous nous sommes entretenus. Il m’a, effectivement, raconté ce quiproquo que naquit en ces contrées, qui conduisit à une tentative d’assassinat sur Griffon de Langehack, et sur les heurts opposants deux factions nobiliaires. Il m’a aussi dit, que Griffon avait planté au sol le soldat Lantais, malgré que celui-ci avait déposé ses armes, uniquement parce que notre runiste avait refusé de déposer sa tablette. Malgré des tentatives d’explications, lesquelles indiquaient clairement qu’un runiste était dans l’impossibilité d’abandonner son outil, sous peine d’un déshonneur dont vous ne pouvez imaginer l’ampleur, Griffon aura fait exécuter le soldat, puis le runiste, avant de mutiler son corps et de le décapiter au sol, sous les yeux de notre émissaire, alors que le runiste était déjà mort. » Appuya Harald, pour lequel raconter les évènements avec le prisme des nains était essentiel. Un rappel valait parfois mieux qu’un simple résumé subjectif, même si, là, deux versions subjectives s’opposaient entre-elles. « Asseyez-vous. » Sa pogne droite, directrice, ouverte vers le haut, indique la table et les deux chaises. En Khazalide, il exprima quatre mots, et bien vite – à peine trois ou quatre secondes plus tard – plusieurs nains et naines apparurent de la porte de droite – lorsque l’on se trouve face à Harald. Ils tenaient des chopes, des carafes, des plats, des assiettes et des plateaux, qu’ils déposèrent sur la table avec un professionnalisme que seule Louise pourrait reconnaître, puisqu’elle était la seule à avoir déjà été témoins de tout cela. Sur la table furent déposés des fromages provenant des régions du Zagazorn, de larges miches de pain de seigle et de pain aux céréales, des tranches de charcuteries diverse humant bon les épices et l’odeur salée typique de ces viandes-là. Il y avait des sauces chaudes, fromagères, aux poivres, aux champignons et aux frongols, ces champignons ultra nourrissants utilisés par les nains depuis les débuts du monde, et qui avaient cette puissance une fois en bouche, et qui nourrissait facilement les nains en à peine quelques bouchées. Il y avait, bien-sûr, de la viande. Beaucoup de viande. Rouge et blanche, cuite au cœur ou bien saignante, et des pommes-de-terre. Bref, un petit banquet – car il n’y avait ni musique, ni blagues, ni ambiance – mais il s’agissait là des traditions Naines qui se devaient d’être respectées. Surtout par le Roi. Lorsque tout fut prêt, installé, lorsque les couverts furent servis et la vaisselle arrangée, Harald se leva. Lui ne pouvait être servi sur son trône, là-haut, sur son piédestal. Et puis, de toute manière, un banquet, ça se partage. Certes, il n’avait point envie de discutailler avec cette engeance Humaine aux traits affreux, mais il n’avait pas le choix. Si les protocoles Humains réclamaient la distance liée aux rangs, ce n’était pas le cas chez les Nains. Lors des négociations, des banquets, des célébrations, et des fêtes diverses, même le Roi avait sa place à la table commune, loin de son trône, car il n’était pas Roi de droit divin. Il était seulement Roi par la confiance d’autrui. En sommes, jamais un Roi Nain ne se considèrerait comme supérieur à ses ouailles, à son peuple. Aux siens. Alors, il s’installa. Pile entre Louise et Athanase, de sorte qu’il n’ait qu’à tourner la tête légèrement à sa droite ou à sa gauche pour pouvoir les regarder pendant les palabres. La tablée était très large, impossible pour quiconque d’atteindre celui qui était en face de lui, sans devoir s’allonger de tout son long sur ladite table. Et encore, les couteaux, bien que suffisamment tranchant pour couper la viande, ne représenteraient point une menace pour l’épaisse couenne de Harald. Avant de manger lui-même, Harald se devait d’ouvrir le banquet. « Je ne sais pas quelles ont été les contenus de vos discussions avec Maîtresse Louise. Mais chez nous, en effet, l’honneur est placé au-dessus de tout le reste. C’est l’honneur qui m’a permis d’être élu, non point le sang. Nous ne reconnaissons point le sang que vous autres nommez « bleu ». Ici, tout est question d’honneur, de parole donnée, et de parole suivie. » Introduit-il, avant de reprendre, une mine toujours très sérieuse. « L’honneur me commande de vous nourrir, de vous garder en sécurité, et au chaud. Ici, le banquet est de mise pour chaque palabre, surtout lorsque les palabres revêtent une importance capitale. Mangez. Savourez les plats des miens. » Harald savait qu’il n’avait pas répondu à al dernière question du Chancelier. Quelle justice désirait-il ? Les Humains auraient tôt fait de le savoir. Pour le moment, Harald se contenta d’ouvrir le banquet. Piochant à pleines mains, il prit plusieurs cuisses de poulet, deux larges côtes d’un bœuf sans doute abattu le matin même et à la cuisson bien saignante, de grosses parts de pommes-de-terres confites dans le gras de la nourriture et les sucs de cuissons, et surtout… Deux grandes pintes de bière. Une bière noire, âpres, très forte en houblon et en goût, et une bière brune, plus légère, moins agressive. Il commença à manger avec appétit. Ses doigts gras saisissant la nourriture, sa bouche mastiquant ces tendres viandes. Mais ses mires regardaient très régulièrement cet Athanase, à la recherche d’une expression de dégoût, d’une expression de déception, ou quoi que ce soit qui pourrait lui paraître hautain. Finalement, après quelques minutes, il reprit la parole. « Que puis-je attendre de cette justice, me demandiez-vous, maître Chancelier ? » Rappela-t-il, avant de liper ses doigts les uns après les autres, et de les enfourner dans un torchon aux tâches déjà bien présentes. « La paix. » Dit-il. « Une tête. » Renchérit-il. « Des accords. Termina-t-il. « Voilà de quoi nous allons parler. Et nous allons en parler, assurément. Avez-vous confiance en ce noble, Griffon de Langehack ? Pensez-vous qu’il vous ait tout dit ? » Avait-il tout dit…
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mar 14 Sep 2021 - 20:09 | |
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Le Grand Chancelier écoute, comme auparavant il hoche la tête au fur et à mesure de l’explication que lui sert le Roi Harald. Et si rien ne transparait d’ordinaire sur son expression toujours aussi figée, il ne peut s’empêcher un rictus agacé alors que ses pensées vont à la diatribe du langecin qu'il a encore en mémoire. Voilà quelques « menus détails » que le faquin s’était bien gardé de mentionner. Il semble que ce ne soit pas seulement ses missives qui soient « laconiques », comme disait l’autre. Cependant qu’Harald fait entrer plats et boissons, Athanase coule un regard à la Dame de Fernel, sans un mot en revanche. Elle qui l’a côtoyé jusque-là sait d’instinct que l’homme est profondément agacé d’être mis au fait de tels détails aujourd’hui et en ce lieu, plus encore s’ils s’avèrent véridiques.
Invités, Athanase comme la Dame de Fernel s’installent de part et d’autre d’Harald. Seul l’interprète reste debout planté derrière le Grand Chancelier.
- Par les Cinq, Aldébaran, asseyez-vous et bectez, n’allez pas déshonorer notre hôte, souffle le chancelier à l’homme qui s’exécute, bien que mal à l’aise, à Kirgan faites comme les nains, sacrebleu.
Ainsi ils mangèrent doucement, burent avec modération, mais s’il y a bien une chose que ce repas apporta au Grand Chancelier, ce fut bien un brin de réconfort, car ce repas, s’il n’avait pas l’apparence des plats raffinés du Palais, faisait exploser en son palais à lui des saveurs extraordinaires. Toujours de marbre, on pouvait tout de même interpréter dans l’appétit du chancelier une appréciation certaine de cette attention gastronomique. Cependant, alors qu’Harald répondait enfin à la question, la seule vraie question, Athanase essuya lentement ses doigts, redressant le dos et se faisant roc comme à son habitude.
- Hélas, sa parole prévaut sur celles de bien d’autres bonnes âmes honorables. Il marqua une pause tout en terminant d’essuyer ses doigts. Parlons franchement. Un nouveau silence s’installa puisque l’interprète, surpris de voir le chancelier casser les codes, n’avait pas traduit, mais Athanase, d’un simple regard, lui fit reprendre son travail en commençant par se répéter. Parlons franchement. Nous tenons en haute estime la parole donnée, de par notre foi et les dogmes qui nous furent transmis voilà des générations, la parole donnée n’est pas une chose prise à la légère en nos contrées non plus, surtout au sein de la noblesse. Cependant, toutes les forêts comptent leurs nids de vipères, je ne vous apprends rien. Chaque peuplade, chaque royaume à ses moutons noirs. Quant à savoir si la Couronne fait confiance au Marquis, et bien… Elle a entendu sa parole, mais s’il s’avère que certains… « Détails »… Furent omis, cela risque de soulever certains questionnements qui mèneront à des enquêtes diligentée par la Couronne elle-même.
Athanase commença par se masser la nuque, puis, appuyant les coudes sur la table, il se pencha pour apercevoir Louise.
- Laissez-moi vous compter ma rencontre avec la Dame de Fernel. Je dois bien l’avouer, c’est un nom que je ne connaissais même pas il y a peu. Cependant, nous reçûmes une missive de sa part concernant ses liens étroits avec votre peuple. Et je vous l’avoue, sa volonté d’aider à l’apaisement entre nos royaumes sonna telle une douce musique à mes oreilles, quand bien même il n’était du goût de tous d’inviter une châtelaine de son rang, j’ai insisté. Le regard qu’il coula à Louise était on ne peut plus sincère. Les liens que nos royaumes partagent sont rares, bien que naissant pour des êtres dotés longévité si grande que la vôtre, ils restent tout de même précieux. Mais, la Dame de Fernel saura expliquer bien mieux que moi et ma verve de cour, ce que son cœur cache au fond.
Le Grand Chancelier se tût sur ces simples mots, jetant son dévolu sur l’un des nombreux fruits trônant sur la table.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mer 15 Sep 2021 - 14:57 | |
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Elle avait encaissé beaucoup de choses ces derniers jours. Le dédain, le mépris, l’indifférence. Le manque de sommeil, une tristesse infinie et une rage au cœur qu’elle ne pouvait apaiser à aucun moment. Il n’y a personne à qui parler, Enguerrand étant resté à Thanor pour veiller sur les hommes et sur le bateau. Louise a vécu des moments de solitude absolue en territoire hostile sans seulement avoir de quoi se distraire quelque peu l’esprit, comme une bouteille de vin ou une passe d’arme. Bien sûr, il y a eu quelques courtes discussions avec le Chancelier mais il lui est impossible de librement se confier à lui. Elle ne lui fait pas confiance, pour bien des raisons initiées par son expérience des hommes. Oui, Louise a tout supporté sans dire un seul mot, sans faire un seul pas de travers, pas même un regard pour tous les Dawis qui se contenaient, eux aussi, face à cette délégation péninsulaire minimaliste. Elle a tout enduré sans se plaindre ou seulement l’évoquer. Mais ce regard là…le regard du grand roi Harald sur elle, à l’instant où elle s’avance…
C’est de la haine, semble-t-il. Une haine qu’il ne cherche même pas à cacher, la dévisageant comme si c’était elle qui est la cause de tout ceci. C’est un sentiment difficile à supporter pour une personne telle que cette châtelaine qui a toujours laissé sa chance à tout un chacun en ce monde, à fortiori quand ce sentiment émane d’un Dawi pour lequel elle a le plus grand des respects. Elle sait. Elle comprend tout ce que ce regard signifie sans même qu’il ne dise quoi que ce soit. Elle connait parfaitement la valeur que les Nains accordent à l’honneur et aux yeux d’Harald, en cet instant, elle n’est rien de plus qu’une traîtresse qui a permis au potentiel défenseur d’un assassin de venir plaider sa cause au Zagazorn…Louise connait les risques, elle y pense depuis bien des jours mais la cause pour laquelle elle est présente est bien plus grande qu’elle. Que le Chancelier. Ou même le Grand Roi Harald. Alors, la châtelaine se mord l’intérieur de la lèvre tout en gardant la tête haute et le regard droit fixé sur lui. Il n’est absolument pas question qu’elle baisse les yeux et qu’elle affiche quoique ce soit qui puisse passer pour un regret ou un remord. Elle est ici de son plein gré et pour une excellente raison. Tout ce qu’elle espère, c’est que le roi l’entendra. Du moins si on lui laisse l’opportunité de parler.
Cependant, ainsi qu’il l’a été maintes fois souligné par le passé, Louise n’a pas la parole. Elle n’est la Parole de personne et à peine la bienvenue en ces lieux alors lorsque le roi Harald demande d’un ton glacial s’ils sont tous deux disposés à rendre justice, son regard glisse vers Athanase. Le Chancelier, fidèle à lui-même, se perd en circonlocutions et pirouettes sémantiques pour avancer ses propos. Des propos que Louise écoute avec la plus grande attention, avant de regarder ailleurs. Peu importe comment le Chancelier avance la chose, elle n’a pas beaucoup d’estime pour le seigneur de Langehack. Cet homme mentait, elle en est absolument convaincue mais une conviction n’est pas une preuve. Son discours au Conseil puait la condescendance, elle a vu les regards qu’il jetait au chevalier qui le suivait et toute sa suffisance de Pair qui est sûr et certain de se sortir indemne du bourbier dans lequel il a plongé tout un royaume. Le discours du Chancelier ne changera rien à son intime conviction.
La réponse du Roi l’intéressa bien plus car il apporte un éclairage sur les victimes de ce déplorable incident et sur des détails que le seigneur de Langehack s’était bien gardé de partager. Louise ne peut d’ailleurs s’empêcher de lorgner un mur de la salle, sa main se serrant convulsivement sur sa robe. Un geste qu’elle dissimule habilement en prenant place à table, toujours silencieuse, mais non sans rendre son regard à Athanase. Il pourra parfaitement comprendre qu’elle tout aussi agacée que lui, si ce n’est plus. Son intime conviction et son instinct ne l’ont donc pas trompée, une fois de plus.
Lorsque la nourriture arrive sur la table, un sentiment curieux l’étreint. Le Roi vient prendre sa place tout en se servant à boire et à manger. Louise en fait donc de même, s’emparant d’un seul et unique champignon, d’un peu de fromage et de pain, ainsi que de cette bière plus claire, ne se risquant guère à réitérer l’expérience de l’autre breuvage, bien trop amer pour elle. Cela semble peu en regard de ce que mange le roi mais elle a l’estomac noué. Elle fait de son mieux pour faire honneur au banquet offert, avant toute autre chose. Le pain a un gout merveilleux, tout autant que ce petit champignon qu’elle mange du bout des doigts, avec – enfin – un sourire. Ce repas offert ressemble, sur le fond, à ceux qu’elle offre à quiconque se présente à Fernel pour autant qu’il ne manifeste pas d’intentions hostiles même si sur la forme les siens sont très nettement moins fournis, évidemment.
Il la distrait également, du moins quelques instants, de ce qu’elle vient d’apprendre et de ce qu’elle entend. Mastiquant consciencieusement de minuscules bouchées, Louise écoute sans se permettre un seul instant d’interrompre. En son for intérieur, elle fulmine littéralement. Des questionnements…Des enquêtes…diligentées par la couronne. Envers l’un de ses Pairs…Allons, allons…A crime égal, elle serait morte, probablement exécutée pour grave manquement à la paix du Royaume. Le Marquis, lui, s’en sortira avec une simple mercuriale et à la limite une petite tape sur les doigts et une petite pénitence publique. Certains grands nobles de Péninsule sont corrompus à ses yeux et ils se protègent les uns les autres. C’est l’éternelle histoire du pot de terre contre le pot de fer et cela l’écœure à un point qu’elle ne pensait pas possible d’atteindre. A ses yeux, la parole du plus humble de ses palefreniers a bien plus de valeur que celle de ce fat suderon persuadé de sa toute-puissance. Non, décidément, elle ne l’apprécie pas beaucoup. Il lui faut énormément de maîtrise d’elle-même pour ne pas laisser paraître sa colère. Il mériterait une très sévère correction pour un tel acte ainsi que pour avoir menti aussi éhontément.
Lorsque le Chancelier se penche pour parler d’elle, elle a le nez dans la mousse de sa bière. Elle essuie cette mousse du revers de ses doigts, toussant pour se donner une petite contenance, avant de déposer la pinte sur la table et de poser ses mains sur ses cuisses. Elle n’a pas un regard pour le Chancelier, elle n’en a que pour le roi, même s’il la méprise certainement en cet instant où elle prend la parole.
Le Chancelier avait dit que ce serait le jour le plus important de toute sa vie. Il n’a probablement pas idée à quel point cela est vrai. Pour la première fois, la voix d’une petite châtelaine du Nord se fera entendre dans une discussion diplomatique au résultat incertain. Elle n’aura probablement pas d’autres occasions que celle-ci de pouvoir délivrer son message alors elle inspire profondément avant de dire, de sa même voix douce :
- Messire de Cley décrit mon intervention de manière tout à fait juste, Roi Harald. J’ignorais absolument tout des événements survenus à Langehack si ce n’est par le biais de rumeurs persistantes. Ce n’est qu’en arrivant à la Capitale que j’ai compris…J’ignorais si tout cela était vrai, si tout ce que j’entendais était fondé…Alors, c’est vrai, j’ai écrit au Conseil afin de lui apporter mon aide. J’y ai vu le Marquis de Langehack exposer sa version des faits, les rumeurs étaient donc bien en deçà de la vérité.
Un moment qu’elle ne risque pas d’oublier, tout comme celui qui se déroule en cet instant, dans la salle du trône de Kirgan. Un bref instant, elle a un regard pour ses mains, et plus particulièrement pour cet anneau qui orne sa main droite. Le sceau de Fernel. Elle le caresse du bout des doigts, avant de reprendre, toujours de sa voix douce :
- Je savais très bien qu’il serait absolument impossible pour un Péninsulaire de pénétrer ici sans mon aide. Apporter la parole de la couronne est le rôle de Messire de Cley. Il représente cette couronne et je l’ai aidé, oui. Pas pour tenter d’amoindrir les faits et actes survenus à Langehack, il semble établi que nous sommes tous d’accord pour reconnaître leur exceptionnelle gravité. Je ne suis pas ici pour défendre un noble seigneur de Péninsule qui n’a pas su faire régner l’ordre et la discipline chez lui. Je suis ici pour une tout autre raison, la seule à avoir motivé ma lettre au Conseil. Je suis ici pour porter moi aussi un message, un message qui ne sera peut-être jamais entendu si je ne le transmets pas maintenant.
Elle coule un regard pour Athanase avant de continuer :
- Je suis châtelaine de Péninsule et Amie des Nains. En ces temps troublés et incertains, c’est peut-être le rôle le plus difficile à tenir, surtout face à vous, Roi Harald, car vous ne voyez en moi que cet homme resté là bas en son palais, un homme qui a éteint la braise-vie de valeureux Dawis et anéanti une source de savoir unique. Sans doute même ne voyez-vous qu’une misérable traîtresse qui a conduit un représentant péninsulaire en ces lieux sacrés pour mieux vous embobiner. A vos yeux, les Humains sont sans doute d’affreuses créatures indignes de la moindre confiance. Il m’a suffi d’un seul regard de votre part sur ma personne pour le comprendre.
Contrairement au Chancelier, elle ne prend pas de gants. Elle est directe, honnête et sans détour, ainsi qu’elle l’est toujours. La flatterie, l’art onctueux des mots pesés, les fourberies polies n’ont aucun effet ici. Elle le sait très bien et cela lui convient parfaitement. Louise reste pourtant assise bien droite, les mains sur ses genoux, à peine plus grande que le Grand Roi Harald. Elle reste d’un calme absolu en prononçant ces paroles, sans un regard pour le Chancelier.
- Et pourtant je suis là. Parce que les intérêts de la Péninsule et du Zagazorn me tiennent à cœur. Je suis née en Péninsule et pourtant mon cœur bat ici, pour votre culture, votre savoir, vos traditions. Je suis une simple châtelaine du Nord, sans aucun autre prestige autre que celui que Glumtol a bien voulu me conférer, et vous m’avez traitée ici avec le même égard, le même respect qu’un de nos plus puissants Ducs. Ici, à Kirgan, j’ai trouvé ce que j’ai toujours cherché : le respect de celle que je suis, de qui je suis. Les Dawis, Grand-Roi Harald, sont ma seconde famille et rien ne m’est plus douloureux que de voir cet éclat dans l’œil de tous ceux que j’ai croisé depuis Thanor jusqu’à vos portes. Un éclat que je comprends et que j’accepte sans condition. Sauf peut-être celle-ci…
Louise inspire profondément avant d’ajouter :
- Le peuple, Roi Harald…Le peuple de Péninsule, qui ne fait jamais entendre sa voix, parle ici. Il ne veut pas d’un conflit initié par un seul homme qui a manqué de sang-froid et de discernement. Il ne veut pas de lutte, de sang et de feu. Le peuple du Zagazorn, j’en suis convaincue, ne le désire pas davantage. N’avons-nous pas tous souffert de la Longue Nuit, vous plus que les autres peuples ? Ne serait-ce pas le moment de dépasser cet événement dans lequel nous avons chacun perdu des braves pour tenter de construire quelque chose de plus durable…une paix ?
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mer 15 Sep 2021 - 16:02 | |
| Ah, alors, le Marquis n’avait pas tout dit. Lorsque Harald avait raconté les évènements vécus sous le prisme des Nains présents à Langehack, et racontés par le bon Günjär Porte-Bourse, le roc impénétrable Athanase de Cley s’était fissuré sous les assauts de l’information révélée, et qui, vraisemblablement, devait changer bien des perspectives dans sa plaidoirie. Pour la première fois depuis son arrivée devant le trône, Athanase montrait là un aspect « Humain », alors qu’il se montrait tout à fait déçu, surpris, et décontenancé par ces révélations. Une déception, et une décontenance, partagées par Louise de Fernel… L’heure du repas était donc bien venue, afin que tous puissent reprendre des forces, et entrevoir ces négociations sous un nouveau prisme : celui de l’objectivité. Harald mangeait avec appétit. Bien que très habitué aux palabres, aux langues qui claquent, aux caquets qui jactent, l’exercice avait toujours été plus difficile pour lui que celui de manier la Az, la hache comme disent les humains. Alors, boire, manger, déguster cette épaisse et longue tranche de poitrail fumé grillé sur la pierre, c’était un véritable délice. Et cette bière, ramenée depuis Thanor… Que du bonheur. Mais bien vite, cette petite bulle d’esprit et de bonheur fut à nouveau percée par les palabres officielles qui doivent être tenues ici-bas. « Toutes les forêts possèdent leurs nids de vipères, en cela, nous sommes d’accord. Et je suis persuadé que la maîtresse d’entre toutes ces vipères, vous la tenez maintenant. Une enquête, disiez-vous ? Je vais vous fournir une preuve. » Dit-il. Il s’essuya alors les pognes grasses dans un torchon bien épais qui, au vu de ses fibres, avait déjà été maintes fois utilisé. Se retournant sur sa chaise, il fit leva la pogne droite, et un garde royal, tout vêtu d’une épaisse armure de plate blanche et or, se présenta, hallebarde bien droite. « Que l’on m’amène la tablette de feu notre runiste. » Puis, après avoir ordonné en Khazalide, il se retourna, et reprit son dîner, tout en reprenant la parole, mais en Oliyan cette fois-ci. « Maîtresse Louise, vous et moi avons partagé d’intenses discussions lors des festivités de mon serment de fidélité avec ma liée, Brynhild. Je vous ai offert l’insigne honneur de visiter le caveau de mon prédécesseur, un lieu qu’aucun humain avant vous, et qu’aucun humain après vous, ne pourrait plus jamais voir. Vous avez vu l’immensité de mon royaume depuis le plus haut promontoire de cette montagne. Votre présence, en ces instants, et avec votre qualité conférée par Glumtol, est semblable à la pire des trahisons pour mon peuple. Soyez-en consciente. » Insista-t-il, faisant comme écho aux propos d’ores-et-déjà tenus par la jeune femme, alors qu’elle avait prit la parole tout à l’heure, pour parler du peuple, justement. « Et c’est là que vous vous trompez, Maîtresse Louise. Mon peuple désirait la paix et le commerce plus que toute autre chose, jusqu’à-ce que la mort d’un fier guerrier, mais surtout, celle d’un des derniers détenteurs des savoirs sacrés vieux de plus de onze cycles, soit parvenue à nos esgourdes. Nous avons récupéré son cadavre décapité, mutilé, fouillé et souillé, afin qu’il soit enterré dans le caveau de ses ancêtres. Mais cette mort, c’est celle de tous les Nains. Tuer un runiste, c’est comme planter une dague dans le cœur de la fierté naine… Il n’en fallait pas plus pour que le peuple tout entier me réclame la guerre. Et je dis bien, le peuple tout entier. » Là, ce n’était pas tout à fait la vérité. Si, avant le Voile, il était commun que les Nains se rangent presque unanimement derrière les décisions des Grands-Rois, ou derrière les mouvances raciales – la guerre pour réparer l’affront, par exemple – depuis le Voile, les choses sont nettement plus teintées. Il y avait des pours, et des contres, et nettement plus qu’autrefois. Cette guerre, si elle devait avoir lieu, ne serait pas désirée par tous, mais elle serait suivie par la plupart. Cette différence est importante, ici : nombreux désireront la guerre, et la feront de bon cœur, tandis qu’autant d’autres nains ne désirent pas cette guerre, mais ils la feront, car l’honneur l’exige, et l’insulte aura été trop grande. Mais cela, les Humains ne le savent pas… Et Louise, bien qu’amie des Nains, ne les connais point assez pour pouvoir ainsi critiquer les choses. Les arguments de Harald semblent donc véridiques pour des profanes. « Je désire la paix, Maître Athanase, Maîtresse Louise. Mais je désire plus encore la justice, et la vengeance. Nous devrons nous entendre, sous peine de quoi, la prochaine rencontre entre nos deux peuples se fera dans le sang. Vous ne vous souvenez pas des batailles ancestrales, car vous êtes tous les deux trop jeunes. Moi, je m’en souviens, car j’ai participé à plusieurs d’entre-elles, alors que vos grands-parents étaient encore de jeunes adultes. Le sang coulera à flot, et la terre en sera gorgé. Sauf si nous obtenons la paix, une tête, et des accords. » Le garde en armure, le même que tout à l’heure, revint alors précipitamment, courant avec son armure lourde comme s’il ne s’agissait que d’une soierie légère. L’endurance et la force naine étant légendaire, il en faisait la démonstration : là où un humain ne pourrait que marcher, le fier nain, lui, pouvait courir. Se battre contre de tels rocs n’était donc point désirable pour les frêles humains… Il déposa la tablette, enroulée dans un écrin rouge. Soldat et Roi s’échangèrent alors un « Baruk », et un signe de tête, et la soldat reprit sa place de garde en faction. « J’ai ici une preuve, maître Athanase. Une preuve supplémentaire de l’ignominie de ce Marquis. Non content d’assassiner deux des miens, qui ne firent que se défendre au milieu d’une cours en proie à la révolte contre ledit Marquis, de voler les effets personnels, et de mutiler les corps… Voici ce qui fut fait à la tablette de notre runiste. » Harald délivre doucement la tablette d’argile de son écrin carmin, et la tourne vers Athanase. « Comme je vous le disais, Maître Günjär Porte-Bourse aura tout essayé pour expliquer à Griffon et les siens, toute l’importance de cet outil. Quel déshonneur ce serait que de l’abandonner ne serait-ce qu’un seul instant. Que seul un Nain avait le droit de toucher cet outil, et de l’utiliser. Eh bien, mirez donc. Alors que Maître Günjär s’apprêtait à rejoindre Oësgard, il aura retrouvé la fameuse tablette, souillée, écrite par un message codé. Ce message est écrit en Oliyan, et savamment codé. Et il dit ceci : « Si vous désirez maintenir la paix, il faut que nous comprenions comment les runes fonctionnent. Transmettez ce savoir, et nous maintiendront la paix. » Récita-t-il, de manière synthétique, mais de manière très réaliste. Griffon avait-il parlé de cela ? « Etiez-vous au fait de cet affront ? Ou l’a-t-il sciemment omis ? » Harald lève soudainement son tarin de son épaisse assiette qui semble ne jamais disparaître, pour planter un regard dardant dans celui d’Athanase. L’espace de quelques secondes, le Roi s’arrêta de mâcher, il s’arrêta de parler, il s’arrêta même de respirer. Dorénavant, les palabres étaient terminées. « Ne me parlez plus d’enquête, Maître Chancelier. Ne m’insultez plus, en couvrant sciemment votre vipère, après tous les dégâts qu’elle aura provoqués. Vous savez maintenant ce que nous voulons. La paix, sa tête, et des accords. Y êtes-vous disposé ? Ou continuerez-vous à défendre l’indéfendable, et, ce faisant… A insulter mon peuple, mon trône, et mon hospitalité ? » Les dès étaient jetés.
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mer 15 Sep 2021 - 18:17 | |
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Athanase écoute ce réquisitoire qui prend la tournure d’une gausserie des plus ridicules. Quant à savoir qui pissera le plus loin, le Chancelier laisserait volontiers monter ce nain sur un tabouret s’il le fallait pour qu’il puisse battre tous ses records. Cependant, il ne dit rien. Imperturbable, il attend patiemment que se termine la diatribe, quoique son attention se porte vite sur cette tablette qui, comme il l’a compris, ne peut être touchée que par un nain et rien d’autre. Aussi ses yeux se plissent, ils étudient minutieusement cette écriture dont le roi nain lui fait la traduction. Et cette histoire se fait plus abracadabrantesque à chaque seconde qui passe. Que le bougre ait pu omettre de gênants détails, c’est une chose, mais monter une affaire telle que celle-ci lui paraît trop bien trop gros. Voilà qui impliquerait d’autres forces plus malintentionnées encore ?
- Il est temps d’arrêter de s'offenser pour tout ce qui se dit et se fait aujourd’hui dans votre salle du trône. Nous ne connaissons que peu vos coutumes, et que cela vous plaise ou non, la Dame Fernel, que vous traitez comme une traîtresse met en jeu aujourd’hui son statut sur vos terres aussi bien que sa position sur les nôtres pour un idéal de paix. Reconnaissez-lui au moins un courage certain et une paire de couilles qui manquerait à plus d’un bougre. Siffle Athanase entre ses lèvres alors qu’il en essuie les commissures avec une serviette. Quant à moi, vous me parler de « jacter », de « caboche », vous présumez de mes intentions en prétendant que je suis venu défendre coûte que coûte celui que vous avez désigné coupable. Me sens-je insulté ? Demande Athanase en s’asseyant en travers du banc de manière à pouvoir soutenir ce regard qu’Harald lui porte. Oui. La Couronne l’est-elle ? Bien sûr. Vous en tiens-je rigueur ? Non. Car nous savons tous deux qu’il y a des choses bien plus importantes en jeu et que nos coutumes diffèrent bien assez pour qu’elles hérissent les poils des uns et des autres. Et pour finir vous menacez d’abreuver les terres de sang. Nous entendons bien.
Le Grand Chancelier ne cille même plus alors que son regard soutient celui du nain sans faillir une seule seconde. Le temps des discussions puériles est terminé, l’heure est à la politique, la vraie.
- La guerre ne nous sied guère, tout comme vous. Choisiriez-vous cette voie ? Et bien ! Vous le savez comme moi, le Voile n’a fait de bien à personne. Cependant, le Royaume de Péninsule a repoussé les drows, et pas qu’une fois. C’est là notre faiblesse et notre force. Un guerrier pour vos races immortelles, au bas mot, c’est un siècle de formation, voire plus, quand en moins de vingt ans nous envoyons des générations à la guerre. Là où la maîtrise peut nous faire défaut, nous avons le nombre. Aux yeux des races immortelles nous sommes comme de vulgaires lapins… Trop nombreux, encore et toujours. Conclut Athanase en chassant l’idée d’un geste de la main comme on chasserait une mouche. Alors vous le savez comme moi, j’en suis sûr, qu’une guerre sera délétère aussi bien pour votre royaume que le nôtre, sans compter que la puissance économique de cités comme Lante et Thanor vient des terres Vannies, en passant par des routes dont nous contrôlons l’aval. Et sans le Zagazorn, les Milles-Caves seront en proies à tous les dangers et vous vous couperiez d'alliés très précieux de par leur éloignement et leur position. Alors cessons, cessons ce genre de tours et parlons de ce qui doit être fait. Parce que, et sans vouloir vous insulter aucunement, je vais vous reparler d’enquête. Car en Péninsule, accuser un Marquis requiert d’être au moins la Couronne. C’est-à-dire qui je suis. Car tout ce que je rapporte avec moi de ce voyage, permettra à la Couronne d’enquêter et de faire des liens entre l’accusé et les preuves que vous nous soumettez. Parce que la Couronne doit aussi convaincre le reste des pairs du Royaume et la Justice de Néera. Ainsi fonctionnent les choses chez nous, car voyez-vous vengeance et justice ne sont qu’un seul et même combat, la différence étant que la justice est une vengeance légitimée entre les mains d’un pouvoir afin de structurer une société. Seule la vérité et la paix intéressent la Couronne, alors ne vous méprenez pas sur nos intentions. Athanase marque un arrêt, sans quitter Harald des yeux, l’index de sa main désigne la fameuse tablette. Nous n’étions pas au courant de ceci, un calligraphe peut-il reproduire à l’identique cette écriture sur un vélin ? La Dame de Fernel pourrait-elle escorter un seul de mes hommes de confiance, un homme de la couronne, jusqu’à celui qui s’est occupé des rites funéraires de vos morts ? Il nous faut son témoignage. À moins que mon homme ainsi que Dame Louise puissent le réceptionner dans l’enclave thanorite lorsque cela sera possible ?
Athanase pose la main à plat sur la table de bois salie par la graisse des mets, il laisse planer un instant de silence tandis que le traducteur termine son office, puis reprend à peine ce dernier eut-il terminé.
- Quant aux accords, de quoi parlons-nous ?
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Jeu 16 Sep 2021 - 13:44 | |
| Deux peuples aux origines si opposées, réunis en ces lieux ancestraux dans le seul et unique but d’éviter une guerre, mais aussi de pouvoir faire ressortir l’un ou l’autre pays – ou les deux espérons – par le haut et qui, pourtant, ont tant de choses qu’ils ne comprennent pas l’un sur l’autre. Certes, cet Athanase avait un sens aigue et aiguisé de la critique, notamment la critique objective, et tactique, car il avait effectivement cerné bien des choses sur le fonctionnement des Nains, et surtout, sur leurs besoins. Les Mille-Caves, la Thanorite, le temps de formation d’un guerrier… Là où les Humains pullulaient et maîtrisaient très légèrement l’art de la guerre, les Nains étaient peu nombreux, mais possédaient une terrible maîtrise. Dans tout le continent, on hésitait à affronter les Nains, et à juste titre. Mais voilà, le Voile était effectivement passé… « Bien. » La réponse du Roi des Nains fut laconique, directe, et réalisée dans un regard noir offert à Athanase, puis à la Dame de Fernel, puis à nouveau à Athanase. Les quelques secondes suivantes, il les passa à nettoyer un os d’une imposante cuisse à grands renforts de coups de canines et de dépeçage, avant de reprendre, les doigts encore gras, attendant au-dessus de la table de pouvoir se saisir de la bière. « Nous allons décalquer l’écriture de cette tablette, et vous en donner une copie conforme. Un graveur de Kirgan sera réquisitionné pour réaliser un moulage en plâtre, en plus d’un décalquage sur vélin. Vous obtiendrez ainsi une copie, et un décalquage avec lesquels réaliser votre… Enquête. » Conclut-il, appuyant sur ce dernier avec l’importance et la lourdeur d’un couperet sur le billot. « Les corps ont été rendus aux clans. Il faudra du temps pour joindre les familles, les convaincre de témoigner, et vous faire parvenir leurs témoignages. Et je crains que la présence de Maîtresse Louise ne soit d’aucune aide, en ce moment. Vous résiderez ici, dans une aile d’ores-et-déjà aménagée, que Maîtresse Louise connaît déjà. Vous n’aurez le droit qu’à la salle du trône, votre aile, et les rues principales de Kirgan jusqu’aux devant de la cité afin de pouvoir retrouver le ciel et l’air extérieur, à condition d’être escorté par au moins deux gardes. Le temps de votre présence, et si la suite de nos discussions de ce jour vont bon train, aucun mal ne vous sera fait, et vous aurez la protection de ma couronne. A conditions que nous ayons un accord aujourd’hui. » L’auront-ils, cet accord, les nains ? Athanase de Cley donnait l’impression de ne point vouloir tergiverser trop longtemps, du moins, pas plus que de raison. Les Hulains étaient connus comme étant des êtres manipulateurs, vils et cruels, et sans doute que tout ceci serait une farce de l’esprit du Chancelier pour tenter de sortir son pays du bourbier dans lequel Griffon l’aura placé. Sans doute… Harald le percevrait sans aucun doute. « Je parles d’accords de paix, bien évidemment, mais aussi d’accords commerciaux. C’est le commerce qui m’a poussé à nommer un émissaire, et à créer un contingent bilingue pour développer les pistes commerciales aux côtés des vôtres. C’est aussi pour ce fameux commerce, que deux des miens sont morts. Le commerce, et la paix. Maître Chancelier, voilà ce que je désire comme accords. La géopolitique avait ses commandements, dictaient sa loi. Athanase avait marqué des points, mais il avait oublié une chose : l’opiniâtreté des nains. Toutefois, lorsque l’on était Roi, l’on se devait de réaliser des compromis.
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mer 22 Sep 2021 - 16:42 | |
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Voilà qu’il se fait offrir le gîte et le couvert afin de pouvoir rassembler tous les éléments nécessaires à l’enquête et l’application de la Justice et de la Loi, condition nécessaire à la paix souhaitée entre les royaumes nains et humains, cependant, cette condition ne peut être remplie qu’à la condition que des accords commerciaux ne soit entendus et acceptés. Pour sûr, ces nains manquent ni d’humour ni d’audace ! Et encore et toujours : Des menaces. À ce rythme, le chancelier finirait par les prendre pour une forme de ponctuation. Là était donc l’étendue de leur capacité à discuter ? S’ils ont toujours eu de quoi faire pâlir bien des artisans du Royaume, ces petits êtres semblent rester et resteront sans doute, des barbares.
- Maître Bris-Os, sachez tout d’abord que la Couronne apprécie votre concours quant au rassemblement de ces preuves qui nous permettront de faire se tenir enquêtes et procès en bonnes et dues formes. Cependant, vous, et cela j’en suis sûr, connaissez la capacité des Hommes à agir vite, parfois trop, leur mortalité poussant inévitablement à une précipitation qu’on ne saurait sous-estimer, surtout de l’œil d’un nain et plus encore d’un elfe. Si vous voyez ce que je veux dire. Athanase marqua une pause tandis que son regard coulait vers le Roi Harald. Il m’est impossible d’attendre ici que ces témoignages et ces moulages soient récupérés. La Couronne, tout comme vous, souhaite faire la lumière sur cet incident, ainsi il va me falloir rentrer dès notre négociation terminée. Nous serions très, très, insiste-t-il, ennuyés s’il s’avérait que l'éminence grise derrière tout ceci se soit fait la malle avant que Nous ne puissions mettre la main dessus. Surtout que cette paix dépendra, comme vous l’avez souligné, en grande partie d’une tête.
Le Grand Chancelier désigne Louise du plat de la main, elle qui semble tant aimer ce pays devait sans doute y voir des subtilités que lui-même ne comprendrait jamais.
- La Couronne souhaiterait qu’un de mes hommes de confiance reste aux côtés de Dame Louise afin d’entendre ces témoignages, Dame Louise se verra dès lors responsable de la bonne tenue de cette enquête du côté du Zagazorn. Quant aux accords commerciaux, dites-m’en plus Roi Harald. La Couronne ne peut accepter aujourd’hui une chose dont la nature ne lui sera révélée que plus tard.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Jeu 23 Sep 2021 - 12:05 | |
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« Oui, je vois ce que vous voulez dire… » Oui, Harald le voyait bel et bien. Effectivement, Athanase mettait le doigt sur quelque chose d’important. Le risque était grand de voir Griffon partir, fuir pour sa vie… Et si cela arrivait, toute cette délégation aurait été vaine, et les négociations de Harald seraient également vaines, et sa position de force… Considérablement affaiblies. Le Roi savait qu’il ne pourrait jamais satisfaire la totalité de son peuple, jamais. Mais il fallait essayer d’en satisfaire la plus grande majorité, et de sauvegarder l’aura de la couronne. « Mon peuple et moi-même serions très ennuyés, de savoir que le Marquis aurait décidé de fuir face à la justice… Rien de ce que nous auront construit ensemble, ne saurait y survivre… Deux des miens sont morts, dont un runiste… Ces morts endeuillent les miens, plus que vous ne pourriez vous en douter Maître Chancelier. Je désire la justice, et vous nous la devez. Mais de cela, vous avez déjà manifesté un accord. » Harald acquiesça à ses propres propos. Lors de telles discussions, il était aisé de se perdre, d’oublier les mots prononcés, ou de les dénaturer dans des souvenirs, car les souvenirs ne correspondent jamais à la réalité. « Je nommerais un émissaire, qui vous accompagnera jusqu’en Péninsule. Il sera ma voix et mes oreilles. Il assistera à vos enquêtes, car l’importance de celle-ci est bien trop grande pour qu’elle soit négligée. Il sera l’interlocuteur privilégié de nos deux couronnes, car nous auront de quoi échanger plus rapidement que par les messagers à pied, lorsque des corbeaux seront dressés pour rallier nos cités. Lorsque votre enquête prouvera la culpabilité du traître de Langehack son exécution devra se faire au Zagazorn. Voilà ce que nous demandons, en termes de justice. » Les conditions étaient claires. Harald savait qu’elles n’étaient pas évidentes pour Athanase, puisque celui-ci devrait consentir à laisser un Pair de son royaume, mourir sur des terres étrangères. Certes, cette mort était amplement méritée… Mais elle risquait de provoquer bien des remous chez les Péninsulaires… Harald le savait… Mais il savait aussi que la mort des deux Nains ne saurait être oubliée par les siens. La justice devait être exceptionnelle. « La réparation passera cette fois par le commerce, Maître Chancelier. C’est pour le commerce que les miens se sont aventurés aussi loin. Ce qui fut brisé doit être réparé. Maître De Laval avait négocié la construction d’un comptoir commercial à Missède, afin de nous ouvrir la Route d’Or. Ouvrez la pour nous, en guise de réparation, et la paix n’en sera que plus forte. » Voilà qui était dit.
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mar 28 Sep 2021 - 17:01 | |
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- Si vous le permettez, Roi Harald, moi, Athanase de Cley, en mon nom propre et non en celui de la Couronne, me porte garant de la sécurité de votre émissaire. Il m’accompagnera et vivra sous mon propre toit, s’il advenait un malheur, j’en prendrai l’entière responsabilité et je me rendrai ici même à nouveau afin d’en supporter les conséquences sous votre regard. Le chancelier opine très lentement du chef, car l’homme pèse chacun ses mots. J’aimerais qu’il en soit de même quant à Dame Louise et mon homme de confiance le temps de leur séjour en ces lieux. Il faudra aussi les informer de la clef que vous avez utilisé pour percer le message codé, celui qui souilla honteusement cette tablette.
Le regard d’Athanase semble alors se perdre dans le vide, s’accroche à d’invisibles idées rapidement, puis revient au roi nain. Le commerce, oui. Sa délégation ne pouvait être morte en vain. Là il ne s’agirait plus de morts, mais bien de sacrifices.
- La Route d’Or. Le pavé d’argent du Sud… Souffle le Grand Chancelier alors que ses doigts cousent une idée au fur et à mesure. Ydril, Soltariel, Diantra, Missède, Langehack. Six comptoirs, dont un dans la capitale du Royaume. D’un bout à l’autre de la Route d’Or. Sans compter que Chiard est aux portes de Missède. Les bâtiments se devront être libres d’accès et non pas réservés aux nains. Six comptoirs, dans les cités susnommées, cependant bien des comptoirs commerciaux et non des territoires enclavés au cœur de nos frontières. Insiste Athanase en dressant un index. Que dites-vous ?
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Mer 29 Sep 2021 - 22:35 | |
| « Maître Chancelier, j’accepte votre proposition. » Répondit Harald, acquiesçant comme pour rajouter plus de poids encore à cette réponse qui, pour la première fois, était une réponse positive sans détour ni négociation. « Un émissaire Oësgardien se trouve en ce moment même en la cité de Lante, conformément à des accords passés entre Maître Porte-Bourse et Maître Wulfekiin. En échange du retour rapide de l’émissaire royal au comptoir d’Oësgard, Maître Wulfekiin manda un émissaire Oësgardien, afin que la confiance règne. Votre émissaire sera donc sous ma protection, comme celui d’Oësgard, et Maîtresse Louise n’a rien à craindre, elle bénéficie de l’honneur des miens, et celui-ci lui appartient toujours. » Commenta-t-il, précisa-t-il, car il lui semblait important de jouer carte sur table en cet instant… Des plus solennels. « Cependant, bien que votre offre vous honore, cette proposition porte un autre fruit que celui de la confiance partagée. A terme, je souhaiterais qu’une ambassade demeure sur les terres royales. Une ambassade, qui jouira de tous les droits auxquels une ambassade peut prétendre. De cette manière, nos deux royaumes auront encore moins de raisons de se battre dans le futur. A moins que les divinités n’en décident autrement, je serais toujours le souverain de tous les Nains lorsque vos enfants accéderont à vos fonctions, et que vos os seront blanchis dans votre caveau. Ce qui pourra demeurer en mon esprit ne sera peut-être pas partagé, aussi, cette ambassade est à dessin. » A dessin… Ou plutôt, à dessins. Avec un ambassadeur répondant au nom de tous les Nains résidant sur le territoire Péninsulaire, les chances qu’une autre tuerie n’arrive n’en seront que plus faibles encore. Le commerce, mais aussi, les rivalités diplomatiques, n’en seront que plus contrôlés, car alors Nains et Humains n’auraient point à attendre un cycle pour se rencontrer à nouveau. Et, en plus, si les Humains concèdent aux Nains une ambassade protégée sur laquelle les lois naines s’appliquent, alors cette enclave pourrait servir de bases d’intelligence. Les mœurs Humaines pourraient être apprises, leurs patois et leur langue, et quantité de renseignements supplémentaires encore… Qui pourraient servir aux Nains, un jour. Un investissement lucratif, dont les fruits, bien que tardifs, grandiront assurément.
« La clé nous fut donnée par celui qui aura écrit ce message codé. Elle figure en tête de tablette, au centre. Celui qui a encodé cet écrit désirait que nous le traduisions sans difficultés, afin que le message soit rapidement lu. » Précisa à nouveau Harald, tout en ouvrant sa pogne, l’index et le majeur pointant effectivement sur le haut de la tablette où se trouvait un chiffre « 1 » bien au-dessus du texte encodé. Là était la clé.
« Ces comptoirs devront avoir pignon sur mer, pignon sur fleuve, et pignon sur routes, afin que navires, embarcations et caravanes puissent commercer. Mais, outre les marchandises, et les murs qui seront nôtres par titre de propriété, ces terres resteront les vôtres, et les lois de votre couronne s’y appliqueront. Toutefois, et bien que je sache les miens très heureux à l’idée de pouvoir reprendre le commerce construit à la sueur de nos trognes, vous devez maintenant mesurer à quel point il est difficile de reconstruire la confiance. Afin que toutes et tous, nous puissions croire en ce projet, les taxes devront être diminuées de aux trois quarts les 5 premières années. Elles passeront à la moitié pour deux années supplémentaires, puis, au terme de ces sept années, elles seront ramenées à 100% de ce que vous imposez à tout commerçant autorisé. Ainsi, sur le temps, nous parviendront à une confiance qui ne sera pas relative, ni fragile. Êtes-vous d’accord, Maître Chancelier ? »
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Jeu 30 Sep 2021 - 17:01 | |
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Le traducteur passe quelques longues secondes à expliquer à Athanase les volontés du Roi Harald. Des secondes qui se transforment en minutes lorsque le Grand Chancelier semble tenter en vain de comprendre ce concept étranger. À deux fois le traducteur s’y reprend, laissant l’homme de la régence dans une réflexion silencieuse.
- Je crus, à tort visiblement, que vous souhaitiez qu’un ambassadeur soit dépêché. Cependant, nous ne connaissons pas ces droits dont jouissent les « ambassades ». Ils nous furent envoyés des ambassadeurs durant un temps limité par le passé, encadrés et protégés. Explique Athanase en posant les deux mains à plat sur la table. Cette demande mérite réflexion et je ne puis y répondre en ce jour. Cependant, si le but est une facilitation de la communication entre nos peuples, vous-même concéderez une… « Ambassade » à Kirgan avec les droits dont vous me parliez ? Demande le Grand Chancelier alors que son regard file rejoindre celui du Roi Harald et que l'un de ses sourcils se rehausse. Les émissaires nains seraient libres de voyager dans nos contrées de Péninsule durant leur périple en nos contrées, tout en ayant un lieu de villégiature, et ils seraient protégés par nos soins. Quand à nos émissaires, ils pourront parcourir vos terres ancestrales dans les mêmes conditions ? Porter la volonté de connaître nos peuplades nous permettrait d’outrepasser la barrière de nos langues respectives. Peut-être même d’apprendre l’un de l’autre ? Une perspective intéressante que vous proposez-là...
Le Grand Chancelier hausse une épaule, se frotte le menton alors que son front se plisse sous la réflexion. S’il reste de marbre, en son for intérieur, il est bien dubitatif face à cette notion inédite, cependant il finit par chasser l’idée de la main. Il en revient aux histoires de taxes, ce qui visiblement permettrait, d'après les mots du roi nain, de « reconstruire la confiance »... Bien que l'homme y voit plutôt là une façon de l'acheter, cette confiance. Étrange conception que voilà.
- Il me faudra consulter mes pairs avant de pouvoir vous donner de quelconques réponses au sujet de ces « ambassades ». Cela méritera certainement d’autres discussions. Mais revenons à vos comptoirs. Lâche-t-il en plongeant de nouveau son regard dans celui d’Harald. Je ne sais comment fonctionnent l’impôt au Zagazorn, cependant il semble différer très largement du nôtre. La Couronne ne peut accorder une telle chose, compte tenu de la structure de notre Royaume. Cependant, continue l'homme en dressant un index, la Couronne consent à financer l’établissement de ces comptoirs. Et elle vous fera savoir personnellement lorsqu’ils seront prêts à accueillir vos marchands. Il va de soi qu’ils seront situés au cœur des lieux de passages, dans les quartiers où sont regroupés les comptoirs ou dans les ports, pour des questions de praticité évidentes. Avons-nous un accord quant à ces six comptoirs ?
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| Sujet: Re: A l'horizon de la tourmente. Jeu 30 Sep 2021 - 17:28 | |
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Harald manqua de s’étouffer dans sa bière lorsque le Grand Chancelier indiqua que dignitaires Nains, et dignitaires Péninsulaires, devraient pouvoir aller et venir sur les terres des deux royaumes, à leurs guises, si une ambassade était effectivement construite entre les deux royaumes. Si, de prime abord, Harald ne voyait pas d’inconvénient à garder un ambassadeur humain sous sa protection, il ne le voyait pas à Kirgan… Et il ne voyait pas du tout non plus les Humains libres de passage sur le territoire des Nains. Oh non, de cela, il n’en serait pas question. Il toussota alors… Et reprit une grande rasade de bière afin de faire passer le tout, avant de reprendre. « Il est trop tôt, vous avez raison. Nous reparlerons de cela plus tard. » Dit-il finalement, afin de clôturer là les discussions à ce propos. Finalement, un émissaire suffirait bien. Les Nains trouveront des renseignements autrement. « Nous avons un accord. Ainsi, nous nous sommes mis d’accord sur la paix, sur la justice, et sur le commerce. Très bien. Je prie toutefois les divinités pour que plus jamais un nain ne soit assassiné sur votre territoire. » Et des vivres furent ramenés, car, après tout, il fallait bien fêter ça aussi.
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