D'agréables retrouvailles - Andrea

Fin première ennéade de Bàrkios,
Automne
An 19

Éventuellement, Zaahrian vit la note. C’était un message tout simple, quelques mots tracés par une main élégante sur un papier de qualité. Quelqu’un — il ne savait pas encore qui, mais se promettait de le découvrir — l’avait laissé à travers son fouillis de sorte qu’il ne la remarqua pas tout de suite. Ce ne fut que quelques jours après son retour à Thaar, alors qu’il cherchait complètement autre chose, qu’il la trouva. La signature lui arracha un sourire. Andrea… Il était donc de retour à Thaar ! Voilà, presque deux mois qu’ils ne s’étaient pas vus et l’elfe lui avaient fait une forte impression. Heureusement, à en juger par la date, la note ne traînait pas depuis très longtemps. Il aurait très bien pu ne jamais la voir.

S’il devait mettre des mots sur la relation qu’il entretenait avec Andrea... C’était censé être une relation d’affaires au départ, mais un coup d’œil avait suffi à faire voler ça en éclat. Ni l’un ni l’autre n’avait vu l’intérêt ou la nécessité de faire taire leur attirance mutuelle. À peine les détails du contrat présentés qu’ils scellaient l’entente dans le lit d’Andrea, expérience répétée par la suite aussi souvent que possible entre Thaar et Naélis. Le désir était donc un des piliers de leur relation. À cela s’ajoutait une étonnante. Du moins, Zaahrian aimait le croire. Ils s’entendaient très bien tous les deux. Il était très facile de parler avec Andrea et de se confier à lui. Pendant le voyage, ils avaient discuté longuement de tout et de rien au point qu’Andrea pouvait sans doute mieux le cerner que bien des gens qu’il côtoyait depuis plus longtemps. Il y avait énormément de respect entre eux et une nette compréhension sur ce que l’un pouvait ou non offrir à l’autre. Lorsque vint le moment des adieux, Zaahrian n’avait eu ni peine ni regret. Heureux que les dieux aient mis sur sa route quelqu’un comme Andrea, il avait assuré à l’elfe qu’il aimerait le revoir, qu’il était officiellement bienvenu en sa demeure et que s’il avait besoin d’aide, de ne jamais hésiter à le contacter.

Quelques heures à peine après la découverte de la note, Zaahrian se présentait au bordel. Il fréquentait rarement ce genre d’endroit et encore moins des établissements aussi luxueux. Ses amants, il les trouvait ailleurs. Souvent, ces rencontres étaient le fruit du hasard. Du coup, pour marquer l’occasion, l’assassin avait fait un effort. La dernière fois, il portait une cuirasse de cuir et s’était présenté comme un mercenaire. Il n’avait pas commis la même erreur. Zaahrian portait une tunique noire qui mettait en valeur sa silhouette musclée et agrémentée d’une fine broderie dorée au col et aux poignets. À sa ceinture, on ne trouvait que la dague dont il ne se séparait jamais. Son pantalon était noir également et ses bottes en cuir luisaient comme si on venait de les cirer. Ses cheveux blonds avaient été coupés, mais tombaient encore sur ses épaules et peignés vers l’arrière, dégageant bien son visage. Il ne s’en rendait pas compte, mais cet accoutrement lui donnait l’air d’un héros romantique.

Souriant, il passa dans la première salle où attendaient les prostitués de la maison. Les conversations s’interrompirent et tous les regards se tournèrent vers lui. Hommes et femmes le dévisageaient sans cacher leur intérêt. Zaahrian sourit avec la vague impression de n’être qu’un morceau de viande devant une meute de chiens affamés. Leur attitude était parfaitement courtoise et raffinée comme on pouvait s’y attendre dans ce genre d’établissement, mais la lueur qui brillait dans leurs yeux ne mentait pas. Parmi les prostitués, Zaahrian remarqua la présence d’un jeune homme aux cheveux noirs et brillants qui ne l’avait pas quitté des yeux. Il était forcé d’admettre qu’il était d’une beauté tout à fait remarquable et que s’il n’avait pas été là pour Andrea, il aurait été tenté de lui faire la conversation. Le prostitué remarqua son intérêt et sourit, mais c’est une femme qui vint à sa rencontre.

« Dites-moi, que pouvons-nous faire pour vous ? Vous l’avez sûrement déjà constaté, mais nous en avons pour tous les goûts ! Peut-être une coupe de vin avant de faire votre choix ? »

« C’est apprécié, mais je suis ici pour Andrea. Dites-lui que Zaahrian a enfin daigné venir le visiter. Cela dit, je ne dis pas non pour le vin… »

Celle qui l'accueille est bien peu vêtue mais avec élégance et raffinement. Ses formes se devinent à travers le tissu de bonne facture et leur naissance s'aperçoit sans mal. Au moindre de ses mouvements, ses habits la suivent avec délicatesse, lui donnant une certaine grâce. Elle détaille le nouveau venu de la tête aux pieds d'un bref passage du regard. Andrea a bien de la chance, les meilleurs clients le réclament toujours. Ceci-dit, elle ne croit pas l'avoir déjà vu. Sans doute l'a-t-il harponné dans une soirée mondaine auquel on l'invite parfois. Quoi qu'il en soit, nul ne va jamais à l'encontre des désirs des clients ici, tant qu'ils respectent les quelques règles imposées par le propriétaire des lieux. Malgré sa maigre carrure, l'elfe blanc a su faire asseoir son autorité sous son toit et bien mal en prendrait aux malheureux qui voudraient tenter d'aller à l'encontre de sa volonté.

-Suivez-moi, je vous prie. Finit-elle par répondre après un bref instant. Elle lui tourne alors le dos, lui montrant la peau mise à nue dans cette zone, depuis les épaules jusqu'au creux de ses reins. Elle marche avec une déhanché à faire se retourner plus d'une tête sur son passage. Elle passe une première porte d'où émane musique et rires. Quelques clients, hommes et femmes parfois accompagnés d'un employé de la maison, écoutent des musiciens qui ne sont pas tous des membres de la maisonnée. Ils boivent du vin, de l'hydromel, du thé, du jus de fruit... Ce qui leur a fait envie. Ils parlent d'art et de plaisirs mais pas de politique et encore moins d'affaires, cela irait à l'encontre de la raison de leur présence ici.
La femme qui accompagne Zaahrian s'arrête devant un meuble garni d'un éventail époustouflant de boissons. Elle se saisit d'un verre et de la carafe à décanter et sert un peu de vin rouge à son hôte avant de lui tendre le contenant de cristal dans un mouvement à la fois gracieux et sensuel. Elle sait bien qu'elle ne l'intéresse pas, elle sait repérer ces choses-là, mais cela fait néanmoins partie de son personnage. Puis elle reprend son chemin et passe une nouvelle porte qu'elle referme derrière eux.

Les voici désormais dans une grande cour intérieure encerclée d'un préau à colonnes. Au milieu, une étendue d'eau peu profonde donne une impression de fraîcheur, particulièrement en plein été. Plusieurs couches à baldaquin sont disposées tout autour. A travers les voiles qui les encadrent, on divine parfois quelques couples qui ne semblent pas se soucier des allées et venues autour d'eux. Passant près de l'un lit occupé, quelques soupirs et gémissements parviennent à l'oreille du demi-elfe, ne lui laissant aucun doute sur ce que ce prostitué fait à cette femme et dont il devine à peine les mouvements. C'était son souhait à elle... Un peu d'impudeur dans ce rapport pourtant si doux. Un peu plus loin, un homme est attablé, un verre à la main. Il profite de la suggestion de ce voilage en toute impunité grâce à l'accord tacite offert par la disposition des lieux.

Sur le mur du fond, plusieurs portes donnent sur des chambres dont quelques unes sont fermées. Un escalier sur la gauche permet d'accéder à l'étage. Un couloir ouvert sur la cour comporte plusieurs ouvertures, mais bien moins qu'au niveau inférieur. La femme se dirige vers celle du milieu. Elle frappe sans hésiter car elle sait que son employeur est seul pour le moment. La voix d'Andrea lui parvient presque aussitôt, paisible et douce, l'invitant à entrer. Elle ouvre alors et pénètre de quelques pas dans la pièce.

-Tu as de la visite. Lui annonce-t-elle.

Assis dans un large canapé, l'androgyne lève les yeux de sa lecture et regarde d'abord son employée puis son visiteur. Son visage s'illumine alors d'un grand sourire de joie et de satisfaction.

-Zaahrian. Il se lève, posant son verre sur la table basse devant lui, puis se dirige vers le demi-elfe. Je te t'attendais plus. Le taquine-t-il gentiment alors qu'il lui a envoyé un message près de trois ennéades plus tôt. Puis il se tourne vers la femme. Tu peux nous laisser. Et je n'y suis pour personne jusqu'à son départ.

Elle hoche la tête et s'éclipse, ni surprise ni choquée par sa requête. Dès qu'ils sont dans l'intimité de cette chambre pourvu d'une large couche et d'un espace salon, Andrea prend délicatement la main de son ami et amant et l'entraîne avec lui vers ce canapé qu'il vient tout juste de quitter.

-Viens. Et raconte-moi ce que tu deviens, mon tout beau.

La pièce est lumineuse et parée de couleurs chaleureuses. Les murs sont tels le soleil, les tentures chatoyantes et les tapis épais et confortables. Tout est fait pour se sentir à son aise, en confiance et libre de s'exprimer, par les mots ou par le corps. Andrea, quant à lui, est paré d'une simple robe de chambre de soie fermée sur une chemise de nuit de coton fin, presque transparent. Son décolleté est toujours aussi ouvert sur son torse glabre. Il sent le propre et l'huile d'argan. Cela se veut enivrant tout en laissant à penser qu'il attendait encore qu'un client se présente.
Il s'installe sur le côté de manière à mieux voir Zaahrian. Une jambe pliée devant lui, il s'accoude sur le dossier du canapé, posant sa main contre son poing fermé. Il est détendu et heureux de revoir celui qui l'a escorté jusqu'à Naelis et avec qui il s'est si bien entendu, dans tous les sens du terme. Sans le montrer, il le sonde du regard, analysant ses yeux et sa gestuelle afin de déterminer ce qu'il est venu chercher en sa compagnie : l'ami, l'amant ou les deux ? Il obtiendra bien vite la réponse, il n'en doute pas. Le demi-elfe n'aura rien à dire pour le lui faire savoir. Il a d'ailleurs toujours su quand il voulait discuter et quand il voulait faire l'amour durant leur voyage ensemble.

Zaahrian ne se sentait effectivement pas interpellé par les courbes généreuses de sa guide. Son attention allait plutôt sur tout le reste. Le décor exquis de la maison close rivalisait en splendeur avec ceux de bien des demeures qu’il avait visitées dans sa vie et s’intégrait parfaitement à l’ambiance des Soieries. Rien n’avait été négligé afin de stimuler les sens et d’inciter aux rapprochements. Zaahrian fut particulièrement séduit par le miroir d’eau et ses lits baldaquins. Il trouvait l’idée sensuelle, mais se demandait s’il arriverait à performer en sachant qu’on l’observait à travers un rideau. Il n’était pas spécialement pudique, mais n’avait pas non plus envie qu’on critique sa technique. Combien de fois avait-il vu des hommes prendre des femmes dans la grande salle d’une taverne, retroussant simplement leur jupe au-dessus d’une table avant de s’activer sous les commentaires grivois des observateurs. Certaines donnaient l’impression de réellement s’amuser, mais Zaahrian n’était pas dupe. Une prostituée faisant pitié n’allait pas attirer la clientèle. Elle devait être aussi bruyante et dévergondée que l’homme qu’elle cherchait à séduire le temps d’une passe. Non, la prostitution était rarement le premier choix, mais ici, les choses étaient différentes et il l’avait remarqué dès son arrivée. Ils étaient tous là parce qu’ils en avaient envie et savouraient chaque minute passée en ces lieux. Ça n’aurait pas été le genre d’Andrea d’exploiter le désespoir d’autrui pour son propre profit. Au contraire, il exploitait le plaisir, et ce, sous toutes ses formes.

« Je suis sincèrement désolé. » S’exclama Zaahrian sur un ton faussement dramatique tout en se pliant en deux dans une révérence digne de la cour royale de Diantra. Il avait bien vu le sourire d’Andrea et lorsqu’il se redressa, il souriait aussi. Ça faisait plaisir de le voir et il aurait aimé que ces retrouvailles se passent beaucoup plus tôt. « Je t’assure, j’ai une excellente raison qui explique mon absence. Je n’aurais jamais osé ignorer une invitation de ta part, surtout pas en ces lieux. »

Dorénavant seul dans la chambre, Andrea l’avait amené jusqu’au canapé où ils pourraient discuter confortablement. Le prostitué était légèrement vêtu, mais ça marquait une amélioration en comparaison à leur première rencontre. Andrea était alors complètement nu dans son bain.

« J’étais absent lorsque ta note a été envoyée à ma demeure. Quelqu’un l’a déposé au mauvais endroit de sorte que je ne l’ai vu que ce matin. Mais comme je suis rentré chez moi il y a seulement trois jours, ça n’aurait pas changé grand-chose. »

Il but une gorgée de vin sans se priver d’observer Andrea. Naturellement, il le trouvait exquis et le regard qu’il portait sur lui le montrait très clairement.

« Pour être honnête, les deux derniers mois ont été merdiques. Pardonne mon langage, mais je ne vois pas comment décrire les choses autrement. Quelqu’un que je croyais mort est soudainement réapparu dans ma vie avec la ferme intention d’en faire un enfer. Comme c’est quelque chose qui m’arrive un peu trop souvent ces derniers temps, j’envisage sérieusement d’aller creuser la tombe de Daeron, mon ancien chef de guilde, juste pour m’assurer qu’il s’y trouve toujours. »

Il parlait d’un ton léger, mais l’ombre dans ses yeux trahissait des moments éprouvants. Se battre contre Rolym lui avait fait l’impression de se battre contre lui-même. Ils avaient été entraînés ensemble. Chacun connaissait bien la technique de l’autre, ses points forts comme ses faiblesses. Rolym aurait très bien pu le battre et Zaahrian savait que c’était passé très près d’être le cas. Si près qu’il avait maintenant une nouvelle cicatrice pour raconter cette histoire. Et contrairement à toutes les fois qu’il se battait, il n’avait pas ressenti l’excitation de l’affrontement. Non, c’était plutôt de la terreur avec la certitude que s’il tombait, Guilin et Aya seraient les prochains sur sa liste.

« Raconte-moi plutôt ce que tu as fait depuis que je t’ai laissé. Tu m’as manqué. J’aurais certainement apprécié ta compagnie durant cette période, mais soyons réalistes, c’était sans doute mieux qu’on ne se voit pas. Tu n’aurais pas été à l’abri avec Rolym dans les parages. »

-J'en conclue que tu aimes ce que j'ai fait de cet endroit. Fait l'elfe d'un air amusé par la remarque et satisfait de voir que son convive n'est en rien effarouché par ce qu'il a pu voir en chemin. Si d'aventure quelque chose te tente, ne t'en prive pas. Je t'offre la première fois, mais seulement si tu choisis une expérience insolite pour toi. Evidemment, je ne tiens pas compte de tes visites... amicales. Conclue-t-il avec un sourire entendu et un regard assez évocateur sur le sens de ses paroles.

S'il vient le voir uniquement lui, ce sera toujours gratuit, quelque soit la tournure que prendront les choses. Ils ont commencé ainsi et il ne tient pas à ce que cela change, d'autant que cela fait partie de leur amitié. En revanche, il ne peut évidemment pas demander à ses employés de travailler pour rien ou faire payer un client pour une prestation à plusieurs et en dispenser un autre.
Zaahrian n'avait pas vraiment besoin d'expliquer la raison de son retard mais il écoute néanmoins son récit avec attention, ne manquant pas de réagir devant un détail de son discours.

-Tu l'a trouvé ce matin et te voilà déjà ? Le taquine-t-il en comprenant qu'il était pressé de le revoir. Cependant, il ne cache pas non plus le fait qu'il apprécie sa réaction. Il lui tardait de revoir son bel amant dont il a rêvé quelques fois depuis leur dernier entretien. Il aime le regard qu'il porte sur lui et étire davantage les lèvres, commençant à comprendre ce qu'il aimerait pour aujourd'hui. Et cela l'enchante.

Néanmoins, le discours de l'assassin s'assombrit et les traits de l'androgyne se font moins espiègles et plus empathiques. Certes, son ami tente de ne pas ternir totalement l'ambiance mais c'est le travail d'Andrea de savoir lire entre les lignes. Les beaux yeux de son amant ont perdus de leur éclat et il parle avec une certaine violence. Le proxénète comprend que son esprit est encombré de soucis et il répond à son attitude par la douceur, d'une main posée sur sa joue avec délicatesse, telle une caresse. Il sonde son regard quelques instants, lui transmettant ainsi toute sa compassion et sa chaleur. Puis il le libère de cette bien maigre emprise, l'écoutant parler de nouveau.

-Il faudrait y réfléchir à deux fois avant de s'en prendre à moi. Fait-il d'un air assuré. Ce n'est pas sans raison que je n'ai pas de gardes. En plus de quatre siècles d'activité, j'ai eu le temps de me créer de solides relations. Me faire du mal, ce serait mettre beaucoup de monde en colère et se risquer à des représailles au moins aussi conséquentes.

Andrea a de nombreux amis et tout autant d'appuis, sans parler d'amants et de relations plus ou moins sérieuses un peu partout. Il a rendu des services à nombre de personnes avec le temps et il a su se faire apprécier de puissants. Mettre tout ce petit monde en colère serait une bien mauvaise idée et l'elfe blanc le sait parfaitement. Si c'était une histoire de politique, cela passerait encore. Mais il ne s'occupe que de plaisirs et de rien de plus. Alors un acte aussi gratuit que celui-là ne serait pas sans conséquences pour son exécuteur.
Cependant, il accède à la requête de son ami et change de sujet. Il n'a dit cela que pour le rassurer s'il se trouvait encore en difficulté dans l'avenir.

-Je ne suis rentré que depuis quelques ennéades. J'ai attendu la naissance de mon petit-fils puis j'ai profité un peu de lui avant de prendre le chemin du retour. J'ai ensuite réglé quelques affaires, à Baaz'Hima d'abord, là où j'ai mon premier établissement, puis ici. Je t'ai écrit lorsque j'ai été plus disponible. Je voulais pouvoir profiter pleinement de nos retrouvailles, l'esprit léger.

La proposition était plus que tentante et il mentirait en affirmant qu’elle ne faisait pas naître dans son esprit une foule d’images indécentes impliquant le beau jeune homme à la chevelure ébène aperçu à son arrivé.

« J’aime beaucoup, avoua-t-il sans honte. Je fréquente rarement les bordels, car tu sais comme moi que beaucoup ne font pas ça par choix et je n’ai pas l’habitude de forcer les gens dans mon lit même s’ils font tout pour me convaincre du contraire. Les yeux ne mentent pas, mais ici… quand je suis entrée, l’expression déshabiller du regard a pris tout son sens. Si l’on pouvait réellement enlever les vêtements d’une personne simplement en la fixant, c’est complètement nu que je me serais présenté devant toi. Je suppose que ça aurait été un juste retour des choses sachant que tu étais dans ton bain la première fois que je t’ai rencontré. »

Zaahrian observa Andrea pendant un moment, le regard pétillant à l’évocation du souvenir encore très frais à sa mémoire. « Je crois… Je crois que je vais te laisser me surprendre, si tu veux bien. Tu as ce don pour savoir ce que veulent les gens et j’ai envie de voir ce que tu as en tête pour moi. Je te laisse y réfléchir, mais pour ce soir je ne suis là que pour toi. »

Quelque chose changea dans son sourire et trahissait un appétit qu’il ne souhaitait pas dissimuler et qu’il n’avait jamais pensé faire avec Andrea. À l’expression de ce dernier, ils avaient la même idée. L’elfe ne manqua pas non plus de souligner que l’assassin était venu le jour même où il avait trouvé la note. « Évidemment ! Ne t’ai-je pas promis de toujours être disponible pour toi si tu me le demandais ? J’avais une bonne raison d’être indisponible, mais avoir eu connaissance de ton message avant, j’aurais pris le temps de t’écrire. Non, c’était absolument inacceptable de ma part et je dois absolument me faire pardonner. »

Zaahrian l’observa s’étirer, notant la façon dont ses vêtements amples glissaient sur sa peau et l’urgent désir qui le submergea de toucher cette peau de ses mains. « Tu es absolument magnifique. » Souffla-t-il, le regard pensif. Il y avait une telle honnêteté, une telle candeur dans sa voix. Il ne doutait pas qu’Andrea puisse avoir de puissants protecteurs, lui-même en faisait partie. Toutefois, il y a des gens en ce monde qui n’ont pas grand-chose à perdre et qui, dès qu’ils se lancent dans une croisade, ils le font sans se soucier des conséquences. Leur propre vie devient accessoire. Rolym était de ceux-là. Il s’était lancé dans sa quête contre Zaahrian sans penser aux conséquences. Il avait suffisamment confiance en ces aptitudes pour savoir qu’il avait une chance et ça lui avait suffi.

« Je n’en doute pas. La preuve, moi-même je n’hésiterai pas à utiliser la dague que j’ai à la ceinture contre quiconque voulant te faire du mal. Toutefois, il y a des personnes déterminées en ce monde, le genre qui ne craint pas les représailles non pas parce qu’elles croient avoir une chance de les éviter, mais plutôt parce que leur but n’a jamais été de survivre à leurs actes. Ils veulent juste aller au bout de leur mission, peu importe le prix à payer. Un homme qui n’a rien à perdre est dangereux, mais celui qui ne craint pas la mort est de loin le pire. Quelqu’un avec mes aptitudes pourrait entrer ici et faire énormément de dommage. Cela mettrait la moitié de ce continent en rogne, mais ça ne te ramènera pas. Enfin, je ne suis pas ici afin de tenir une conversation aussi déprimante. Félicitations pour la naissance de ton petit-fils. C’est une excellente nouvelle et ça me fait penser qu’un jour mon tour viendra peut-être… Mais pas avant de très, très nombreuses années. »

Il leva son verre pour saluer la naissance et but une longue gorgée. Il le déposa ensuite sur une petite table et rapporta son attention sur Andrea. Sa main désormais libérée, il la posa sur la jambe de l’elfe et la caressa doucement.

« Ai-je la permission de t’embrasser ? »

Andrea sourit à l'appréciation que fait Zaahrian sur son établissement, un peu amusé par sa description mais surtout satisfait que la manière dont il gère ses affaires éveillent ainsi son intérêt et son appétit. C'est tout à fait l'esprit qu'il a voulu donner à ce que le commun appelle vulgairement des "maisons closes" ou des "bordels". Donner envie. Et pas seulement de chairs mais de plaisir en général. Donner envie de le déguster, de le savourer, de le donner... Il n'y a rien d'ostentatoire ici, tout est suggestif. Les employés ne cherchent pas à allumer les clients pour les attirer dans l'intimité, ils ne leur apportent que ce dont ils ont besoin. Parfois, certains entrent pour s'envoyer en l'air et repartent comblés alors qu'ils n'ont même pas enlever leur pantalon. C'est ça... la franchise "Andrea".

-Je préfère le terme "maison des plaisirs". D'une, parce que nous ne proposons pas que du sexe. De deux, parce que nous sommes beaucoup plus raffinés et que mes employés sont ici par choix. Si d'aventure ils n'étaient pas d'humeur ou n'avaient plus envie de s'occuper des clients, rien ne les y obligerait : c'est stipulé dans leur contrat. Je prends soin d'eux, même après qu'ils aient décidé de quitter mon établissement. Je viens même de recueillir une prostituée des bas quartiers qui aime son métier, qui a du potentiel mais à qui on ne donnait pas les moyens de l'exploiter. Elle achève de se reposer, physiquement et mentalement, à l'étage des employés. Même sans travailler, elle s'est plutôt bien intégrée. Elle est prometteuse, et me regarde avec curiosité, bien entendu.

L'elfe blanc s'amuse de la façon dont on le perçoit. On le comprend rarement de prime abord car c'est un personnage étrange dont il se dégage une aura indescriptible. Même s'il fait partie de ceux qui sont tombés aussitôt sous son charme, Zaahrian a été parmi les rares à l'accepter sans conditions, quelque soit la facette de lui qu'il lui présentait. Et pourtant, il n'a pas su tout de suite quel était son métier. Mais apprendre qu'il avait couché à de nombreuses reprises avec un proxénète, lui-même prostitué, ne l'a pas dérangé une seconde. Troublé, sans doute oui, mais cela lui a également apporté bon nombre d'explications quant à son aisance, son expérience, son talent et son insatiabilité.
L'androgyne hausse un sourcil intéressé à l'idée que son amant veuille se faire pardonner de son retard. Il ne le contredira pas, curieux de voir ce qu'il peut avoir derrière la tête, mais il ne répond rien non plus. Il se contente d'apprécier son compliment, souriant et penchant légèrement la tête sur le côté, comme pour laisser apparaître un peu plus de sa peau dans le large décolleté. Cela ne fonctionne pas vraiment mais il le fait pour le jeu surtout. Car elle a déjà commencé depuis longtemps... La séduction.

Zaahrian insiste sur la dangerosité de son adversaire, prêt à tout, même à mourir, pour la simple satisfaction d'avoir faire souffrir son ami et son amant. Andrea l'écoute mais ne répond rien cette fois. Visiblement, l'assassin tient à ce qu'il soit averti et prenne la mesure de la situation mais il n'est pas venu pour cela... Aujourd'hui, il veut se détendre, se changer les idées, se vider l'esprit. D'ailleurs, sa question suivante achève de clore le sujet tandis qu'il lui demande l'autorisation de changer leur statut pour être plus que des amis, l'espace de quelques instants. Andrea laisse planer le silence une poignée de secondes avant de lui répondre enfin.

-Nous avons déjà fait bien plus que cela ensemble, et tu me vois de dévorer du regard depuis tout à l'heure...

D'un mouvement agile et expert, l'elfe s'approche. Sa jambe pliée vient de coller à la cuisse de l'assassin sans chercher à se défaire de la main bien installée sur elle. La seconde, jusqu'alors posée par terre, se lève et son pied vient se poser de l'autre côté du corps de Zaahrian. Le bras accoudé au dossier entoure ses épaules tandis que des doigts graciles atterrissent dans une caresse sur son pectoral couvert de tissu noir. L'androgyne achève de lui répondre dans un souffle, son regard félin et féminin plongé dans celui de son invité.

-Alors pourquoi prendre la peine de me demander la permission ?...

Puisque c'est lui qui l'a demandé, Andrea laisse à Zaahrian le soin d'approcher et de donner à leur premier baiser la teinte qu'il le souhaite. Quoi qu'il fasse, il le suivra. Il a envie de lui mais il ne ressent pas le besoin impérieux d'assouvir son envie et encore moins de se presser. Ce n'est pas comme lors de leur première rencontre où son ventre était tenaillé d'une faim intarissable de chair et qu'il a été plus qu'heureux de trouver quelqu'un avec qui s'en décharger. A mesure que son bel amant comblait ses envies, il s'est montré encore plus doux et patient que lors de leurs premiers ébats. Et c'est dans cet état de sérénité que l'assassin retrouve son ancien compagnon de voyage. Ils peuvent prendre le temps de se retrouver. Rien ne presse...

Alors que leur premier baiser s'achève, Andrea goûte ses propres lèvres tandis qu'il baisse son regard sur le corps de Zaahrian. Il caresse sa chemise, remontant jusqu'à son col dont il détaille les motifs brodés.

-Serait-ce pour moi que tu t'es fait aussi beau ?

Il a remarqué sa tenue soignée mais aussi l'odeur de savon qui plane autour de lui. Il s'est présenté très soigné, mais peut-être est-ce pour coller à l'ambiance des lieux. Il est dans les Soieries après tout. Si tel était le cas, il le comprendrait. Quelque soit la réponse, cela lui donnera une occasion d'en jouer un peu, que ce soit dans la déception ou le compliment qu'une telle attention représenterait.

À sa question, Andrea garda le silence. Zaahrian ne le pressa pas, le regard toujours sur l’elfe blanc, patient. Lorsqu’il ouvrit enfin la bouche, il lui fit remarquer qu’ils avaient fait bien plus que ça par le passé, alors pourquoi lui demander son autorisation maintenant. L’assassin haussa les épaules au même moment où Andrea changeait sa position, venant s’installer à califourchon sur lui. Naturellement, ses bras passèrent autour de sa taille pour le caler confortablement contre lui.

« Je suis peut-être un animal, mais pour ça je vais toujours demander la permission. »

À peine les mots prononcés, maintenant qu’il avait sa permission, il s’étira afin de l’embrasser. Zaahrian commença par effleurer les lèvres de son partenaire presque timidement. Il laissa leurs souffles se mélanger dans un baiser pudique et retenu. Il apprenait à redécouvrir ce contact, la douceur de ses lèvres et leur goût. Il en redécouvrait toutes les subtilités de la même manière que l’on savoure un vin rare et cher. Éventuellement, sa langue se joignit au bal, caressant la lèvre inférieure d’Andrea dans une question silencieuse. Elle put rejoindre sa jumelle pour une danse lente et sensuelle, une délicieuse prémisse au reste de la soirée. À la différence de leur première fois, Zaahrian prenait tout son temps. C’est Andrea qui lui avait appris l’art de la patience et de la douceur. Avant ça, il était nettement plus expéditif avec ses partenaires, comme si le sexe entre deux hommes n’avait pas à s’embarrasser de préliminaires inutiles. Personne ne s’était plaint de ses performances, mais il aimait croire qu’Andrea avait fait de lui un amant plus attentif.

Le baiser s’étira en longueur, ses mains caressant la taille puis le dos d’Andrea. Finalement, une main vint se poser sur sa joue, son cou. Une fois de plus, Zaahrian s’émerveillait de la douceur de sa peau, alors que ses propres mains étaient rugueuses à cause des callosités. Appréciait-il ce contact ? Zaahrian n’y avait jamais fait attention, mais contre une peau aussi délicate, était-ce désagréable ? Le baiser s’acheva. L’assassin le regardait, l’œil pétillant. Il était déjà enivré par le parfum d’Andrea. Zaahrian pencha d’ailleurs la tête vers son cou où il prit une profonde inspiration, son nez effleurant sa peau au passage. Il se redressa à nouveau, juste à temps pour entendre Andrea le questionner sur sa tenue.

« Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi. Aya, ma fille, m’a aperçu juste avant que je sorte. Elle a gloussé de rire. Ensuite, ce fut au tour de l’un des esclaves. Ses yeux sont devenus si ronds que j’ai cru qu’il faisait une attaque. Je sais que j’ai l’air d’un barbare la plupart du temps, mais est-ce si surprenant de me voir habillé de la sorte ? Oui, j’ai fait un effort. » Avoua-t-il, embarrassé. Voir Zaahrian gêné par quelque chose n’arrivait pas tous les jours. « La première fois, je portais ma cuirasse et ce fut plutôt pénible à enlever. Je me suis dit que j’allais faciliter la tâche. Et j’ai pris un bain aussi, si jamais ça t’intéresse. Ose dire que ça t’étonne et je vais te mordre. » Il le pointa avec son index d’un air faussement menaçant avant de sourire. « Maintenant, cesse de te moquer de moi et laisse-moi faire un peu. Je dois encore me faire pardonner et tu pourrais bien m’en faire passer l’envie. »

Son regard baissa sur le torse d’Andrea. Inspiré, il y posa les lèvres, semant son épiderme de baisers légers semblables à des caresses. Ses mains étaient retombées au creux de ses reins et cherchaient maintenant un moyen de se faufiler sous ses vêtements. C’est sans trop de cérémonie qu’il débarrassa la robe de chambre qu’il fit d’abord glisser sur les épaules d’Andrea avant de la jeter plus loin. Il restait encore la chemise de nuit, mais le tissu était si fin qu’il laissait peu de place à l’imagination. Zaahrian baissa les yeux, cherchant à voir si ses attentions, bien qu’encore sages, faisaient leur effet chez l’elfe. Il tira sur le tissu pour la faire remonter, mais il ne l’enleva pas tout de suite. Non, il glissa plutôt ses mains sur ses cuisses et sur la courbe de son fessier en faisant en faisant de grands mouvements lents.

HRP:

Ce baiser est divin... Patient, curieux, langoureux... Zaahrian ne se jette plus sur lui comme il l'aurait fait à leurs débuts. Il a pris goût à sa manière de faire, aux caresses, aux préliminaires. Contrairement à d'habitude, ils peuvent vraiment prendre leur temps. Cela pourrait durer des heures avant qu'ils ne passent au lit ou bien qu'ils n'aillent au bout de leur plaisir car rien ne les en empêche. Il n'y a pas d'ennemis aux alentours, pas d'heure à laquelle se lever demain, pas de route à terminer avant la nuit... Il n'y a qu'eux et le désir qu'ils partagent -pourtant- en toute amitié.
Andrea fait la moue, semblant faussement gronder son amant avant que son regard ne disparaisse et qu'il s'affaisse pour venir embrasser sa peau d'albâtre.

-Oh, ce serait bien mal me connaître que de penser que je puisse me moquer de toi pour cela. Je ne faisais que remarquer le soin que tu as pris pour te présenter devant ma porte et je me demandais quelle en était la raison. J'apprécie l'attention que tu as eu envers moi en venant propre et soigné. Cela prouve simplement ce que je savais déjà : tu as de l'intérêt pour ma personne et pas seulement pour mon corps. Les yeux fermés, la tête penchée légèrement en arrière, l'androgyne se libère d'un soupir de plaisir. Même s'il n'est pas mécontent de retrouver le tien... Souffle-t-il, enivré par ces lèvres qui caressent sa peau.

Andrea a une foule d'amants et d'amantes, que ce soit dans le cadre du travail ou de manière plus personnelle. Pourtant, certains d'entre eux sont plus spéciaux que d'autres. Zaahrian en fait partie. Tout son être a réagi à la seconde où leurs regards se sont croisés pour la première fois. Il existe une alchimie entre eux qui ne s'explique pas. Même s'il leur a fallu s'accorder au départ, ils ont toujours pris du plaisir à se découvrir, encore et encore, à se cajoler de diverses manières, à se faire l'amour dans différents contextes.
Même s'il ne coud pas religieusement ses lèvres, l'elfe blanc reçoit docilement les attentions de son amant. Ce dernier lui a demandé de se laisser faire et il se complaît dans ce rôle pour le moment, curieux de voir comment il compte se faire pardonner. Il l'accompagne discrètement, bombant légèrement le torse et se penchant vers l'arrière à mesure que les baisers descendent sur son buste, facilitant ainsi l'accès de l'assassin à son corps. Il l'aide un peu au moment de retirer sa robe de chambre de manière à lui simplifier la tâche sans intervenir pour autant. Il plonge ses doigts dans ses cheveux afin de lui faire savoir que ce qu'il fait lui plaît.
Il note le regard de Zaahrian sur son entrejambe et a un sourire en coin devant son impatience. Il lui a certes appris à prendre son temps mais une partie de lui veut encore tout, tout de suite. Et si Andrea a de profondes respirations à chaque contact de ses mains ou de sa bouche sur lui, aucune tension ne pointe encore sous la fine chemise de nuit.

-Ce parfum de savon me rappelle la salle de bain de ma maison, à Naelis. Quand la fatigue du voyage ne pouvait cependant pas brider nos désirs bâillonnés depuis plusieurs jours... Peut-être ne me crois-tu pas mais... Malgré toute mon expérience, j'avais encore rarement fait l'amour dans une baignoire.

Rarement ne veut pas dire jamais. Mais cela fait des siècles qu'il pratique la rencontre de la chaire tous les jours et de plus d'une manière. Alors, nécessairement, il y a peu de choses qu'il n'ait pas encore faites. Néanmoins, il en est certaines plus courantes que d'autres. Ici, par exemple, il n'a pas de baignoire accessible à la clientèle. Donc cela réduit le chant des possibles pour la grande majorité de ses ébats. Évoquer ce souvenir illumine autant son regard que les promesses de Zaahrian, que ce soit pour son retard ou bien concernant ce défi qu'il s'était lancé de parvenir à le faire crier et qu'il n'a toujours pas rempli. Cependant, il n'est plus question de délai désormais... Il lui donne tout le temps qu'il le souhaite pour y parvenir. Ce sont presque sur ces mots qu'ils se sont quittés la dernière fois... Simple prétexte totalement inutile pour se revoir.

Zaahrian sourit contre la peau d’Andrea. Il lui avait répété à maintes reprises à quel point il le trouvait fascinant, une attraction qui dépassait largement son physique. Andrea était intelligent en plus d’être un fin observateur. Il avait une vision du monde et une compréhension de ses pairs d’une justesse presque effrayante. Un coup d’œil lui suffisait pour cerner l’état d’esprit d’une personne. Évidemment, Zaahrian ne pouvait pas non plus rester insensible aux mystères entourant Andrea, au point d’être convaincu qu’il y avait bien plus chez l’elfe qu’il ne le laissait croire. Après tout, avec une vie aussi longue, les habitants de l’Anaeh tendaient à être des maîtres dans divers domaines. Il voyait mal Andrea mener un assaut l’épée à la main, mais qui sait ce qui se cachait encore derrière ses manières raffinées et son sourire charmant.

« Je l’ai surtout fait pour moi, car j’ai quand même ma fierté. Je voulais être à mon meilleur et montrer que je ne suis pas seulement qu’un animal. » Il se redressa momentanément afin de pouvoir le regarder dans les yeux. « Je pourrais dire la même chose, Andrea. Tu as de l’intérêt pour la personne que je suis et pas uniquement l’arme que je peux devenir. Toi et moi, nous avons le même problème : les gens sont plus intéressés par la façon dont ils peuvent nous utiliser que par qui nous sommes. C’est peut-être pour ça qu’on se comprend aussi bien. Ça et aussi le fait que nous sommes tous les deux particulièrement séduisants. »

Certes, la plupart du temps Zaahrian ne se formalisait pas du regard que lui portaient les autres, mais dans ses mauvais jours, il trouvait ça lassant. Du coup, Andrea était une bouffée d’air frais dans sa vie. Il lui avait dit des choses qu’il n’avait révélées à personne avant. Il avait débattu après coup de la sagesse d’avoir été aussi honnête avec quelqu’un qu’il connaissait à peine, mais il en était venu à la conclusion qu’Andrea n’avait aucun intérêt à aller raconter ses secrets et que même si ça arrivait, il était trop tard maintenant.

Sans s’attarder plus longtemps sur cette pensée, il plongea à nouveau sur le torse d’Andrea où ses lèvres continuèrent leur exploration. Ses mains se promenaient encore sur ses cuisses, puis sur sa taille et son ventre. Il évitait la zone sensible pour l’instant. Zaahrian n’était pas pressé et il avait envie de s’amuser.

Andrea lui confia alors que l’odeur du savon lui rappelait en fait leur première nuit à Naélis. Zaahrian s’en souvenait aussi très bien. Il se rappelait son épuisement, alors qu’il avait à peine dormi les jours précédents alors qu’ils traversaient la partie la plus périlleuse de leur voyage. Toute personne normalement constituée se serait écroulée dans le premier lit, mais ça n’avait pas suffi à freiner son ardeur et il avait plutôt fait l’amour à Andrea dans la baignoire.

« Je n’ai pas oublié. » Dit-il doucement contre la peau de l’elfe. « Ce fut une expérience intéressante que j’aimerais bien répéter un de ces jours. Toutefois, ce n’est pas le moment qui m’a le plus marqué de ce voyage. » Il marqua une pause, alors que le souvenir en question se manifestait dans son esprit ainsi que toutes les sensations qui l’accompagnaient. « Tu te souviens du soir où tu étais allé te rafraîchir dans l’eau au clair de lune ? » Ils venaient de laisser la zone périphérique de Thaar et avaient eu une longue journée de marche au soleil. Zaahrian avait voulu lui laisser un peu d’intimité, mais s’était vite ravisé. Et s’il se faisait attaquer ? Il s’était donc faufilé entre les buissons afin de se rapprocher avant de s’arrêter net en l’apercevant nu, de l’eau jusqu’à la taille en train de faire ses ablutions. À la lumière des astres célestes, l’elfe blanc lui était apparu comme une créature mythique venue d’un autre monde. Il était resté planté là, à l’observer stupidement le souffle coupé avec la plus violente érection qu’il n’ait jamais eu. Lorsque Andrea était enfin sortie de l’eau, Zaahrian avait laissé sa cachette pour venir à lui. Ils avaient fait l’amour sur la berge, entièrement à découvert. « Je me sentais comme un adolescent tout juste capable de me contrôler. » Il rit doucement. « Dis-moi, savais-tu que j’étais là ? Tu devais au moins t’en douter… » Il avait arrêté les baisers, mais caressait toujours distraitement ses cuisses. « Tu as dit ne pas avoir fait souvent l’amour dans une baignoire… Hum… Dis-moi qu’elle a été ton expérience la plus inhabituelle ? Tu n’es pas obligé de donner un nom, juste un contexte. Tu pourras ensuite me poser une question indiscrète si tu veux. Je suis un livre ouvert. »

Andrea sourit au compliment, lui adressant un regard appréciateur en coin. Il a conscience de son physique surprenant mais pourtant attirant et il aime quand on le lui rappelle. Il n'a rien à ajouter aux conclusions de Zaahrian car il a tout à fait raison : ils ont des points communs et c'est peut-être ce qui fait qu'il n'y a pas que de l'attirance entre eux mais aussi une profonde amitié. Sans cela, leur relation se serait peut-être interrompue à l'issue de leur voyage, après s'être rassasié puis lassé du corps de l'autre. Mais leur intérêt, au lieu de s'essouffler à mesure qu'il apprenait à se connaître sur le plan charnel, n'a fait que croître. Leurs désirs sont indépendants du lien qui s'est développé entre eux jusqu'à présent, c'est simplement... un petit plus, ce qui donne du piment à leurs échanges. Andrea est une douce pause dans la vie de l'assassin et Zaahrian met de la couleur dans le quotidien du proxénète.

Le demi-elfe évoque à son tour une scène qui l'a marqué durant leur périple. L'androgyne s'en souvient très bien et étire un sourire espiègle et charmeur. Les attentions qu'il a reçu à l'issue de ce bain de minuit étaient mémorables mais il fallait bien cela pour le mettre au niveau de son amant qui avait pris une certaine avance dans l'excitation... Il revoit encore cette bosse dans son pantalon. Entre cela et le regard qui le dévorait alors que l'eau fraîche perlait encore sur sa beau crème, il a tout de suite su ce qu'il allait se passer sur la rive de cet étang.

-Je sais toujours lorsque l'on me regarde. Et j'avoue en avoir profité un peu... Mais je ne m'attendais pas à tant de ferveur à peine un pied posé sur l'herbe.

Dans son ton, Zaahrian pourra comprendre qu'il n'y a aucun reproche dans ses paroles. D'ailleurs, il a adoré leurs ébats cette nuit-là et ne s'en est pas caché. Une odeur d'herbe mouillée lui revient en repensant à ce tumulte des sens, de même que les traits de son amant sous l'effet du plaisir, éclairés par les astres seuls.
Les mains d'Andrea caresse l'assassin à travers le tissu. Il se contente pour l'instant de son buste lorsqu'il se redresse pour chercher ses yeux et de son dos jusqu'à sa nuque et ses cheveux pendant qu'il le couvre de baisers. Cet échange est agréable... C'est sensuel, cela appelle à la luxure, lentement... Ils pourraient prendre des heures avant de céder en discutant ainsi. D'ailleurs, Zaahrian veut continuer à parler et l'elfe blanc ne le lui refuse pas, bien au contraire.

-Hm... Insolite, ce serait difficile à dire. Ma mémoire est trop vaste... Mais il y a eu une fois fort surprenante... Dans une soirée qui a totalement dérivé par la suite. J'ai croisé le regard d'une femme magnifique. Une seule fois, pendant de brèves secondes. J'avais nettement moins d'expérience à l'époque mais j'ai aussitôt su que nous nous voulions. Pourtant, quand la fête a débordé et que les convives se sont laissés aller à leurs excès, nous nous étions perdus de vue et nous ne sous sommes pas cherchés. Et puis, quand tous ont commencé à être rassasiés et le silence à se lever sur les amants endormis, je l'ai vue... Nue, elle quittait la pièce pour les jardins. Je l'ai suivie et, de la terrasse, je l'ai cherchée pour la retrouver en train de se laver dans le bassin. Je l'ai rejoint. Elle était de dos mais elle ne s'est pas retournée en m'entendant arriver. En chemin, je me suis rincé, tout comme elle, pour me défaire de l'odeur de la soirée. Je l'ai enlacée, embrassée, caressée... Cela a pris plusieurs minutes avant qu'elle ne voit enfin mon visage et elle n'était même pas surprise que ce soit moi. C'était comme si elle m'attendait. Nous avons passé la nuit à faire l'amour dans chaque recoin de ce jardin. Au petit matin, je me suis réveillé seul dans l'alcôve où nous nous étions finalement assoupi. Cela faisait partie de la magie de l'instant... Je n'ai jamais su son nom mais je n'en avais pas besoin. Je n'ai jamais cherché à la retrouver et je ne l'ai jamais revue par la suite. Cette nuit a été ce que nous voulions en faire : un moment aussi extraordinaire qu'unique.

Andrea marque une pause. Il se souvient de ce jour comme si c'était hier, même si c'était il y a trois siècles et demi. Cette humaine a rejoint Tari depuis longtemps et il se demande parfois si elle a fait cela par pur plaisir de s'abandonner totalement à un inconnu ou si elle cherchait à échapper à son quotidien. Peu importe, certes, mais il aurait été curieux de connaître la réponse.

-Et toi, mon beau Zaahrian ? Parle-moi de ton expérience la plus insolite. Puis de la plus excitante. Mais je précise que je ne compte pas dans la balance. Je sais déjà ce que tu as vécu avec moi... Je veux entendre ce que je ne connais pas.

Une douce pause dans la vie de l’assassin… Voilà une belle façon de dire les choses. Il était peut-être un peu tôt pour dire ça, leur amitié étant encore toute récente, mais en venant ici ce soir, Zaahrian avait bel et bien laissé ses problèmes à la porte. Il en avait parlé un peu à Andrea, mais les avait rapidement balayés du revers de la main. Il ne voulait pas penser à ce qui l’attendait, aux détails qu’il devait encore régler et toutes les autres merdes qui ne tarderont pas à lui tomber dessus de toute façon. Il voulait simplement profiter de cette soirée et de la présence de l’elfe même si, pour l’instant, ils étaient étonnement sage. Ils s’étaient embrassés, Zaahrian avait goûté sa peau qu’il continuait de caresser, mais il voulait encore discuter avec lui. De lui-même, il avait amené le sujet des anciennes expériences. Par curiosité, mais aussi parce qu’il trouvait l’idée sexy. C’était une façon d’en apprendre plus sur ce qu’il aimait et attisait son désir. Il l’écouta avec attention et, au fur et à mesure qu’il parlait, la scène prenait vie dans son esprit.

Naturellement, son regard n’était que pour Andrea. La femme ne l’intéressait pas. Il comptait sur les doigts d’une seule main le nombre de rapports qu’il avait eus avec une femme : deux fois seulement. Dans aucun des cas ce ne fut romantique, bien au contraire. Désespoir, confusion, frustration, douleur… Au moment de coucher avec Krish, il venait de perdre son père. Quant à la mère d’Aya, il n’en gardait aucun souvenir et ça l’obligeait à mentir à sa fille. Elle avait remarqué son absence. Elle savait qu’il n’était pas là lorsqu’elles vivaient dans la rue, mais elle lui avait tout de même demandé s’il aimait sa maman. Zaahrian avait hésité un bref instant, mais il se demandait si ça n’avait pas été suffisant pour que la fillette comprenne. Il lui répondit pourtant par l’affirmative en insistant que s’il avait su qu’elle était enceinte, il aurait tout fait pour l’aider. C’était vrai. Il n’aurait jamais laissé la mère de son enfant dans la rue. Évidemment, Aya ne comprenait pas pourquoi elle n’avait rien dit et Zaahrian lui avait expliqué que les adultes font parfois des choses qui n’ont pas de sens en pensant que c’est ce qu’il faut faire. En vérité, elle avait probablement craint sa réaction, mais la peur de voir sa fille suivre ses traces l’avait finalement poussé à agir.

Finalement, ses interactions avec la gent féminine étaient rarement positives. Il pouvait discuter avec elles sans problème et même flirter dans certains cas, mais ça ne pouvait pas aller plus loin. Il n’y avait pas de désir, il n’y en avait jamais eu. Même lorsqu’il était plus jeune, au moment où ce qu’il avait dans le pantalon avait commencé à occuper une grande place dans son esprit, son intérêt se portait exclusivement sur les hommes. Il n’avait jamais compris pourquoi. Il l’avait juste accepté comme une part de lui-même.

Zaahrian allait donc taire ces expériences. De toute façon, il ne tenait pas spécialement à dire à un elfe qu’il avait couché avec Krish Al'Serat. Il doutait qu’Andrea s’émeuve du fait qu’il ait partagé sa couche avec un Drow, mais Krish était une créature à part. Elle n’était plus de ce monde et il valait mieux laisser les morts là où ils sont. Il se redressa, pour ensuite s’affaler plus confortablement contre le sofa. La tête penchée de côté, il réfléchissait. Des visages défilaient dans sa tête, dont plusieurs qu’il croyait avoir oubliés, perdus dans les méandres du temps. Certains lui arrachaient un faible sourire. Finalement, il s’arrêta sur l’un d’eux.

« Je ne sais pas si l’on peut qualifier cette expérience d’insolite, mais elle fut mémorable. Je ne sais plus exactement dans quel contexte je l’ai rencontré. Était-ce dans une taverne ? Je sais qu’il était guérisseur et je crois même m’être rendu à un moment dans sa clinique, mais je ne saurais dire si c’est avant ou après… Mes souvenirs sont flous, ça remonte déjà à quelques années. Bref, il était un charmant demi-drow, créature assez peu commune. Le côté exotique de la chose y fut sans doute pour quelque chose, mais il était aussi fort sympathique et très séduisant. Il n’en fallait pas plus pour capter mon attention.

Bon, je suis de ceux qui préfèrent prendre l’initiative et avoir le contrôle. Dans mes jeunes années, quand je n’avais pas encore d’expérience c’était différent, mais aujourd’hui… Certes, je ne suis pas fermé à l’idée, mais ce sont des choses qui se discutent. Lui, il n’avait pas envie de discuter. Si tu me trouves impatient, tu n’as clairement jamais croisé sa route. Première chose que je réalise, il me retourne comme une crêpe avant de me besogner avec entrain. Ce ne fut pas exactement une expérience désagréable. La surprise passée, j’y ai trouvé mon plaisir, mais sa vigueur en plus du fait qu’il était équipé comme un cheval ont fait en sorte que j’ai eu du mal à m’asseoir correctement pendant 2 jours et je l’ai senti pendant pratiquement une ennéade. Je n’ai pas cherché à le revoir. Pas seulement afin de protéger l’intégrité de mes fesses, mais parce que je sentais que c’était le genre de rencontre qui n’arrive qu’une seule fois, comme toi avec cette femme, mais en nettement moins sensuel. »

Pour l'instant, leurs préliminaires sont en suspend. Il ne reste que cette étreinte dans laquelle ils sont emmêlés dans une posture assez originale. Mais Andrea ne s'en plaint pas et reste ainsi, attentif au récit de Zaahrian. Cependant, ce qu'il lui raconte ne l'émoustille absolument pas.

-Roh ! Mais quelle horrible manière de procéder ! Au sein d'un couple qui se connaît depuis longtemps, je peux concevoir que l'on passe si rapidement aux ébats quand l'excitation est vraiment intense. Mais entre inconnus... Où est le plaisir de la découverte là-dedans ?! A ta place, même si j'étais parvenu à y prendre du plaisir, je crois que j'en aurais pleuré d'être traiter de la sorte. Et je ne l'aurais pas revu non plus, mais certainement pas pour les mêmes raisons !

L'assassin n'a probablement jamais vu l'androgyne aussi irrité. Il accepte le fait que certains prennent du plaisir dans des ébats plus sauvages, voire violents. Il ne le comprend pas mais il peut entendre que l'on puisse aimer cela. Ce n'est simplement pas sa conception des choses. Une de ses filles est d'ailleurs spécialisée dans les clients qui veulent pouvoir libérer la brutalité qui est en eux. C'est assez bruyant et la chambre finit sans dessus dessous en général. Mais même avec elle, les hommes prennent un minimum de temps pour la chauffer afin de s'assurer qu'elle soit prête à les accueillir et elle n'a jamais mal. Cela n'a absolument pas été le cas pour Zaahrian et Andrea ne le supporte pas. Le fait qu'il connaisse et apprécie la personne visée ne fait qu'alimenter son ressentiment. Mais même agacé de la sorte, il reste relativement posé. Ses traits sont simplement un peu plus tirés et sa voix à peine plus sèche. Il faut le connaître pour discerner ses changements dans son attitude. C'en est presque mignon.

-Lorsque l'on a un minimum de respect pour son partenaire, on n'agit pas de cette manière. Tu n'es pas un morceau de viande, tout de même !

La réaction d’Andrea étonna Zaahrian au point d’effacer son sourire. Il n’avait jamais vu Andrea aussi irrité et regrettait que ce soit arrivé. L’idée que son récit pourrait provoquer une telle réaction ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Même à ses yeux, alors qu’il est le principal protagoniste de cette histoire, ce n’était qu’une anecdote sans importance. Il l’avait raconté sur le ton de la plaisanterie sans réaliser qu’il n’y avait rien de drôle.

« Je suis désolé. » Souffla-t-il, l’air grave. « Je ne voulais pas te fâcher avec cette histoire. Tu sais, pour moi, ce n’est qu’une parmi tant d’autres. Il n’y a qu’avec mes amoureux que ce fut différent, et encore. Pendant longtemps, je n’accordais pas vraiment d’importance à la façon dont les gens me traitaient. J’ai été élevé avec l’idée que je ne suis qu’un instrument. Je n’ai pas à réfléchir ou même à ressentir quoi que ce soit. Enfin, je crois avoir prouvé plus d’une fois que ce n’est pas tout à fait ainsi que ça fonctionne avec moi, mais avec le sexe… » Il pinça les lèvres. « Andrea, je suis un homme attiré exclusivement par les hommes. Même à Thaar, où s’est peut-être plus acceptée qu’ailleurs, ce n’est pas la norme. C’est caché. Le sexe en devient expéditif, un peu comme si c’était impossible d’avoir une véritable relation. C’est ma normalité. Même ma première fois… Si tu as été choqué par ce que je viens de te raconter, mieux vaut que je garde cette histoire pour moi. » Zaahrian avait parlé sans le quitter des yeux. C’était tellement facile de lui parler ouvertement. Il tendit la main pour caresser sa joue, son pouce venant jouer avec la courbe douce de sa bouche. « Ne te mets pas dans un tel état pour moi. Ça n’en vaut pas la peine, pas pour de vieilles histoires. Soit plutôt fier de toi. Je pensais être un bon amant, mais tu m’as fait comprendre que j’avais quelques croûtes à manger. J’ai appris des choses et je suis content de l’avoir fait maintenant. Ça veut dire qu’avec un peu de chance, j’ai quelques siècles devant moi afin de perfectionner ma technique. Tu sais, je connais peu d’hommes qui seraient capables d’avouer aussi candidement ce genre de chose. » Il rit doucement tout en se rapprochant de sorte que leurs fronts se touchaient maintenant. Sur le ton de la plus intime confidence, il lui demanda. « Puis-je espérer te voir sourire maintenant ? Je veux te voir sourire… Et je veux t’embrasser encore et… te caresser. Je veux te faire l’amour jusqu’à l’aube. Tant pis si tu espérais voir d’autres clients, cette nuit tu es à moi. »

Andrea soupire mais pas en commentaire aux paroles de Zaahrian. Il cherche plutôt à évacuer son irritabilité. Il sait que le demi-elfe n'a pas eu une vie comme la sienne. Le proxénète a eu des déboires au début mais sa façon de gérer ses affaires l'a rendu populaire et l'a finalement mis à l'abri après plusieurs décennies de travail. Il a conscience que son amant est bien plus jeune et qu'aujourd'hui encore il demeure en danger. Son métier n'est pas fait pour se faire des amis non plus... Quant à ses préférences, elles ne devraient pas affecter ses relations intimes à ses yeux. Car si son orientation sexuelle le rend différent, que devrait-il dire, lui ?
Il accepte la main qui se pose sur sa joue et, lorsque vient son tour de parler, il accompagne le geste de l'assassin en prenant son poignet avec une certaine tendresse. Puis il lui répond avec plus de douceur mais toujours un soupçon de fermeté.

-Je suis un elfe atypique. Un homme atypique. Un vendeur de chair atypique. Nous vivons dans un pays qui nous permet d'être nous-mêmes alors j'ai choisi de l'assumer et même d'en jouer. Si Ithri'Vaan a pu m'accepter en faisant de moi celui que je suis aujourd'hui, pourquoi n'en serait-il pas de même pour toi ? Le fait d'être différent n'aurait pas dû de conduire à vivre tes amours et tes aventures de cette manière. Et si je t'ai ouvert les yeux et l'esprit, alors tant mieux. Surtout ne reviens pas en arrière mon tout beau. J'en serais très attristé. Parce que d'une manière ou d'une autre, tu es important pour moi.

Il ne lui demande pas d'arrêter les ébats hâtifs. Les pulsions physiques peuvent conduire les êtres à les assouvir rapidement mais il est possible de le faire en conservant un minimum de préliminaires et, surtout, en respectant son partenaire. Le jour de leur rencontre, ils sont rapidement passés au lit pour entamer leur ébats mais aucun d'eux n'a été surpris qu'ils commencent. L'anecdote de Zaahrian ressemble davantage à un viol ou une forme de rapport contraint dans l'esprit de l'elfe blanc et il souffrirait de savoir qu'il s'y adonne encore, laissant son corps être meurtrit pour le plaisir d'un autre.

Le demi-elfe s'approche et Andrea ne cherche pas à le fuir. Il écoute sa requête ainsi que son offre qui prend des allures d'obligations sur la fin mais c'est pour le jeu. Il le sait bien. Leur relation n'a rien d'exclusive, à part pour quelques heures de temps en autres. Alors il lui donne ce qu'il demande et ses lèvres s'étirent dans une expression amusée. Dans ses yeux luisent à nouveau cette étincelle qui ne laisse que peu de doutes quant à ses propres souhaits pour la soirée.
Sa main libère le poignet de son amant et vient jouer de nouveau avec son col noir brodé d'or.

-Tu as encore beaucoup à apprendre mon cher élève. Mais je t'ai laissé un délai indéterminé pour relever ton défi. Tu n'as toujours pas pu me goûter... Et je te dois un peu de magie.

D'un mouvement de l'épaule, il permet à son vêtement de tomber d'un côté, dévoilant davantage de son torse dans une attitude aguicheuse. Un pectoral est désormais totalement visible, à part ce petit coin dans lequel se trouve le téton.

-Ce soir, peut-être ? S'interroge-t-il sans préciser de quelle proposition il parle.

Andrea n'a jamais laissé la bouche de Zaahrian sur son vît jusqu'à ce qu'il atteigne l'orgasme, ils ne s'en sont servis que pour les préliminaires jusqu'à présent. Pourtant, ce n'est pas l'assassin qui refuserait de lui accorder ce plaisir... Il a même voulu le faire dès le premier jour pour se faire pardonner de s'être laissé aller si vite. Quant à ses dons, il lui en a parlé mais n'a jamais eu l'occasion de lui en faire la démonstration. Il faut avouer que c'est une expérience que ses précédents partenaires -homme ou femme- n'ont jamais pu oublier, en ressortant presque changé. Mais cela ne se prévient pas... Il l'offre lorsqu'il se sent prêt à le faire.

Zaahrian résista à l’envie de lui dire que peut importe ce qu’il en pensait, le monde sera infiniment plus tolérant envers Andrea. Certes, son nom s’auréolait d’une popularité allant jusqu’à l’admiration chez les enfants, mais elle se basait sur un mensonge. L’Ithri’Vaan, lieu où les laissés-pour-compte rejetés par le reste du monde trouvaient refuge. Nulle part ailleurs il ne se sentait aussi bien, mais si Zaahrian commençait à déambuler dans les rues de Thaar en dévoilant à qui voulait l’entendre sa véritable nature, ça finirait mal pour lui. Sa vie tenait uniquement à un accord tacite entre lui et les autorités : il ne devait jamais se faire prendre. Sa profession d’assassin n’était pas exactement un secret. Les plus puissants usaient des talents particuliers de Zaahrian sans hésitation, peu concernés par l’illégalité de ces transactions. Ils se savaient intouchables même s’il se plantait dans sa mission. Si ce jour devait arriver, ça serait la fin pour lui. Il n’y aura personne pour le défendre ou pour empêcher le bourreau de lui passer la corde au cou. La vie de Zaahrian et d’Andrea ne pouvait pas être plus différente, mais l’elfe avait peut-être raison. Ce n’était pas une raison suffisante pour vivre ses amours de cette façon et accepter qu’on lui fasse du mal.

Il garda le silence, se contentant de sourire. Son regard s’attendrit en l’entendant dire qu’il était important pour lui. C’était vrai pour Zaahrian aussi. Leur relation était à l’image d’Andrea : atypique. Pourtant, l’elfe s’était fait une place dans le cœur de l’assassin aux côtés de toutes les personnes qui lui sont chères. Elles étaient peu nombreuses, mais l’assassin leur était farouchement loyal. Gare à celui qui cherchera à blesser l’une d’elles, sa colère sera sans appel.

Son cœur rata un battement lorsqu’Andrea lui rappela la promesse faite à Naelis. L’occasion ne s’était effectivement jamais présentée. Zaahrian frissonna. Il entretenait la plus grande des méfiances envers la magie, mais sa curiosité surpassait ses hésitations. « J’en ai rêvé. » Avoua-t-il d’une voix rauque. « Et j’ai regretté que ça ne soit pas arrivé avant notre séparation, mais ce n’était peut-être pas une mauvaise chose, finalement… » Il vit le vêtement glisser et la peau se dévoiler. « Une raison de plus pour te revoir… » Un autre frisson se répercuta dans tout son corps en lui laissant la vague impression que son sang quittait maintenant son cerveau. Andrea insinua que le moment d’expérimenter la chose sera peut-être ce soir. Il y eut un bref moment où rien ne se passa. Zaahrian regardait Andrea et cligna des yeux, s’accrochant aux quelques pensées cohérentes qui lui restaient. « Ce soir, demain, dans une ennéade ou dans un mois… Profitons simplement de la soirée et voyons où ça nous mène… » À ces mots, il l’embrassa. D’abord tendre, le baiser s’affirma rapidement, signe que l’assassin se maîtrisait, mais tout juste. Il passa ses bras autour de l’elfe et l’attira à lui. Il l’installa à califourchon sur ses cuisses de sorte qu’Andrea le dominait maintenant et qu’il devait lever la tête pour continuer à l’embrasser. Il aimait qu’on soit plus grand que lui. D’habitude, c’est lui qui surplombe les gens d’une bonne tête. Son voyage en Anaëh fut très révélateur sur ce sujet bien qu’il n’ait réussi à séduire personne durant son séjour. Il n’avait pas oublié l’elfe à la chevelure rousse qui avait rejeté platement sa proposition pour s’entraîner ensemble.

Zaahrian délaissa la bouche d’Andrea et laissa glisser ses lèvres sur sa gorge palpitante, puis sur son épaule qu’il sema de baiser. Il procédait lentement, prenant plaisir à redécouvrir ce corps qui avait hanté certains de ses rêves les plus lascifs. « Accroche-toi bien à moi. » Le demi-elfe resserra son étreinte et le souleva sans effort. « J’ai rêvé à toi… plusieurs fois, même. J’ai rêvé aux petits bruits que tu fais quand je suis à l’intérieur de toi, à l’expression sur ton visage quand le plaisir est sur le point de t’emporter. Que dire de ces moments où tu t’es retrouvé au-dessus de moi et où je pouvais t’admirer dans toute la gloire. » Il le porta jusqu’au lit à proximité. Il le déposa avec douceur, venant se placer au-dessus de lui en prenant soin de ne pas l’écraser. « Et toi, as-tu rêvé à moi ? Raconte-moi... »

Andrea soutient le regard de son amant avec un air fier et satisfait. Il semble déjà bien loin le Zaahrian de leur rencontre qui l'a déshabillé en quelques minutes une fois les termes de leur transaction conclus. Il est désormais prêt à attendre encore plusieurs ennéades pour goûter à ce délice qu'il lui a promis. Il dit en avoir rêvé mais il ne se doute pas un seul instant de la façon dont il use réellement de cette magie dont il est doté. Il lui tarde de pouvoir lui montrer et, en même temps, il faut la bonne occasion, le bon moment, la bonne inspiration. Le demi-elfe aurait-il compris tout cela ? On dirait bien et l'androgyne s'enorgueillit de ses progrès car il sait qu'il n'y est pas étranger.

L'elfe blanc accueille les lèvres de l'assassin sur les siennes, lui répondant avec la même douceur, puis le même désir. Il prend son visage dans ses mains et se laisse attirer pour se retrouver assis sur son amant. Il poursuivit ses baisers, laissant ses doigts descendre dans le cou du jeune homme. Depuis tout à l'heure, il n'a droit qu'à du tissu et il a envie que cela change... Lorsque la bouche de Zaahrian part explorer sa gorge, il a un soupir de bien-être mêlé d'un soupçon de désir. Il n'est pas pressé et profite simplement des attentions qu'il lui offre, passant ses mains dans ses cheveux pour l'inviter à continuer. Le silence semble avoir envahi la pièce, bien qu'il soit perturbé par le bruit des baisers et les doux soupirs de leur victime.

A sa requête, et sachant pertinemment ce que le demi-elfe a en tête, Andrea passe ses jambes et ses bras autour de lui. Il le serre, totalement confiant à la fois sur le fait qu'il ne le laissera pas tomber et sur ses intentions. Dans cette position, il dévore son amant du regard tandis qu'il lui parle de ses rêves mêlant ses souvenirs de lui. Il lui répond d'un baiser un peu plus langoureux, juste avant de le libérer afin qu'il puisse le conduire jusqu'à sa couche.
Allongé sous Zaahrian, il garde ses jambes autour de lui pour le moment. Il ne le fera pas longtemps car, si lui est si légèrement vêtu que son habit semble bien inutile, son partenaire est encore bien trop couvert à son goût. Mais c'est surtout lorsque l'assassin repart à la découverte de son corps qu'il le libérera afin de lui laisser pleine amplitude dans ses mouvements.

-Comment ne pas pensez à toi, mon beau Zaahrian ?

Parce qu'il l'a rencontré après une longue abstinence ? Parce qu'ils ont fait l'amour plus de fois qu'ils n'ont partagé de nuits ensemble en un laps de temps assez court ? Parce que c'était le dernier avec lequel il ait couché avant de repartir ? Non, ce serait totalement faux. Il y a bien plus que cela. Ne serait-ce que cette alchimie qui les attire l'un vers l'autre comme des aimants. Tout l'enivre en lui et il suffit d'une odeur, d'un toucher, pour se le rappeler.

Les lèvres de son amant l'embrassent.

-Tes baisers...

Ses mains le parcourent.

-Tes caresses... Souffle-t-il alors qu'il se laisse peu à peu porter par les attentions de son partenaire qui cherchent à éveiller son désir. Seul au milieu de tous ces elfes bien trop sages à mon goût... Et moi m'efforçant de faire de même par respect pour ma fille... J'avoue m'être réveillé plus d'une fois après quelques visions érotiques qui te mettaient en scène. Il m'aurait été impossible de me rendormir... Si je ne m'étais pas caressé en pensant à toi. M'imaginant que c'était toi... Repensant à nos nuits tous les deux... Et pas seulement nos nuits, d'ailleurs...

Ils n'ont pas toujours attendu la tombée du jour pour satisfaire leurs désirs, loin de là.
A l'évocation de tout cela, le cœur d'Andrea a commencé à s'accélérer doucement et ses soupirs se font de plus en plus nombreux à chaque fois que la peau de Zaahrian rentre en contact avec la sienne. Parce que...

-Ce n'est pas un rêve, cette fois...

Il a beau avoir repris ses activités depuis son retour, il ne ressent pas la même chose avec un client qu'avec ses amants privilégiés, et il inclut ses relations amoureuses dans cette catégorie. Le désir n'est pas le même et le plaisir qu'il en retire est tout aussi différent. C'est plus agréable, plus fort, plus enivrant. Il se laisse pleinement aller à ses envies et jouit de bien plus d'attentions.
Si d'aventure le demi-elfe cherche à dévoiler davantage de sa peau blanche, il l'y aidera par d'habiles et discrets mouvements du corps pour libérer le tissu coincé entre le lit et lui. Lorsqu'il le peut, il le regarde alors qu'il la parsème de baisers, cherchant aussi ses mains dont il sent les caresses. Il aime voir les attentions qui lui sont prodiguées et n'a pas la moindre pudeur à ce sujet.

-Dans mes rêves, tu as même... accomplis mon fantasme favori... Auquel je goûte rarement...

« Je sais, je frappe l'imaginaire. » Souffla sans modestie Zaahrian entre deux baisers. Quoi de plus excitant que d’entendre un tel aveu ? De savoir que ses rêves, pourtant libres d’aller à leur guise, avaient trouvé quand même leur chemin jusqu’à lui. Il imaginait Andrea se caresser dans l’intimité de sa chambre afin de calmer le maelstrom de sensations évoqué par ses rêves et retrouver le sommeil. L’image était d’une telle netteté qu’il en frissonna. C’était là un spectacle qu’il ne refuserait pas : voir Andrea se donner du plaisir sans lui-même le toucher. Simplement le regarder s’abandonner à la luxure tout en résistant à la tentation d’en faire de même. Une délicieuse torture, il n’en doutait pas. Le genre qui mettrait sa patience à rude épreuve. Oserait-il pousser l’audace en invitant une autre personne et les observer ensemble ? Peut-être. Mais cette idée, aussi intéressante qu’elle puisse être, attendra une prochaine fois.

« Non, ce n’est pas un rêve. » Souffla-t-il contre sa peau. « Je suis bel et bien là, entièrement à ta disposition. » Zaahrian releva sa tête juste assez longtemps pour lui faire un clin d’œil avant de se remettre aussitôt à l’ouvrage. Entre baisers et caresses, il retira à Andrea ses vêtements jusqu’à le dénuder entièrement. De son côté, il était encore pleinement habillé et portait même ses bottes. Une situation à laquelle il devait remédier immédiatement. Il se releva, laissant momentanément le prostitué pour se déchausser et retirer sa tunique. Il prit son temps, l’elfe n’était pas le seul qui aimait être observé et désiré. Andrea pourra ainsi voir deux nouvelles cicatrices sur sa poitrine. Elles arboraient le rose vif des blessures tout juste guéries. Lors du voyage, Andrea avait tracé de ses doigts chacune des marques qui zébraient son torse. Zaahrian lui avait raconté l’histoire de certaines d’entre elles et il le fera peut-être pour celles-ci si l’occasion se présentait. Il commença à jouer avec sa ceinture, en défi la boucle avant de la jeter au sol avec le reste de ses vêtements. Son pantalon glissa sur ses hanches, mais il ne le retira pas. Impatient, il revint à Andrea pour d’autres baisers et encore plus de caresses. Il ne se lassait pas de la douceur de sa peau et de sa pâleur qui rappelait le marbre des statues. Avec sa langue, il titilla l’un des mamelons en traçant le contour avant de le pincer avec ses lèvres. Il allait faire de même avec le second quand Andrea piqua toute son attention en lui avouant quelque chose.

Zaahrian se redressa, les mains sur le lit à la hauteur des épaules du prostitué. Il l’observa, les sourcils légèrement froncés dans sa réflexion. « Tu ne parles pas du bain, n’est-ce pas ? » Un sourire étira ses lèvres. C’était bien typique de lui, ça. « Tu sais, si tu n’es pas plus explicite, je ne pourrai pas réaliser ce fantasme. Raconte-moi tout dans les détails que je tâcherai d’en faire une réalité. »

Andrea soupire sous les baisers de Zaahrian, et même sous chacune de ses attentions. Ses mains caressent son torse, enlacent son dos, se perdent dans ses cheveux. C'est si doux et si bon... Son désir se réveille et se remarque alors qu'il est à présent nu.
Tandis que le demi-elfe se déshabille, son amant regarde avec délice le spectacle qui lui est offert. Il le dévore des yeux, maîtrisant sans mal son impatience de sentir ce torse brûlant contre le sien. Il a une moue légèrement déçue alors que le pantalon reste en place, à peine descendu de quelques centimètres suite à la perte de la ceinture. Cependant, cela fait aussi partie du jeu. Ces jeux qu'il aime tant...

Alors qu'il est sur lui, attisant ses envies à l'aide de sa langue, l'assassin se relève soudain. L'elfe blanc vient de piquer sa curiosité au vif et il le toise d'un air coquin et satisfait. Il n'a pas la moindre appréhension face à l'idée de lui livrer cette partie secrète de lui... D'autant plus si cela peut l'inspirer dans l'avenir. Alors, il redresse sa tête et vient trouver ses lèvres. Il l'embrasse avec langueur, laissant ses mains remonter le long de ses bras, jusqu'à ses joues. Il l'étreint mais sans l'attirer jusqu'à lui afin de laisser un espace libre entre leurs corps enfiévrés. Puis il porte sa bouche à l'oreille de son partenaire et lui souffle son récit tel un secret inavouable et emprunt de tellement de sensualité...

-Je suis étendu, nu sous les draps. Je te tourne le dos. Je dors, peut-être. Tu n'en sais rien... Mais tu t'approches. Tu sais que je ne serais pas contre un réveil nocturne... Continuant son histoire, les mains d'Andrea descendent et commencent à parcourir son dos et son torse. Tu commences à me caresser. C'est à peine perceptible au début mais j'en ai la chair de poule... Puis, tu te fais peu à peu plus présent. Tu insistes là où tu sais que j'aime ça... Dit-il en prenant la pointe des pectoraux de son amant entre ses doigts. Je ne bouge pas mais tu entends que ma respiration s'approfondit. Tu embrasses mon cou... Du revers ses doigts, il rejette les cheveux de Zaahrian de l'autre côté afin que son souffle l'effleure. Tu m'enlaces un peu plus fort. Tu joues de ta langue... Je ne bouge toujours pas... Est-ce que tu es en train de me faire rêver de toi ? Que tes attentions soient réelles ou non, tu sais que j'en ai envie. Alors tu descends tes caresses...

Joignant le gestes à la parole, les mains d'Andrea qui parcourraient son torse descendent sur son ventre dans un geste lascif. Elles suivent les contours de ses muscles, dévient avec les cicatrices, mais elles finissent malgré tout par atteindre le seul vêtement qui demeure entre eux tel un rempart. Il ne passe toute fois pas en dessous. Il progresse encore, jusqu'à trouver une aspérité sous l'habit et l'effleure avec doigté.

-J'entrouvre les lèvres. Je soupire. Tu me fais du bien... Tu sens l'effet que tu me fais entre tes doigts. Est-ce que je dors vraiment ?... Peu importe, j'ai envie de toi, tu en as la preuve. Alors tu entres en moi avec une infinie douceur, comme pour ne pas me réveiller... Il presse ses caresses sur le membre encore inaccessible de son amant. Tu me fais l'amour avec délicatesse et tu constates que j'y prends du plaisir... Le souffle d'Andrea s'est écourté peu à peu, comme s'il vivait vraiment cet instant. Je soupire. Je gémis. Je serre le drap alors que mon plaisir grandit. Tu me reprends dans ta main... A cet instant, les doigts de l'androgyne se saisissent délicatement du vît du demi-elfe, achevant de faire descendre ce pantalon que ses précédentes caresses ont repoussé discrètement jusque là. Il le caresse, comme dans les préliminaires de son rêve... Je gémis plus fort... Puis j'étouffe un cri. Nous jouissons ensemble... Il laisse planer un silence quelques instants, comme pour laisser le temps aux deux protagonistes de l'histoire de profiter de ce plaisir partagé, avant d'achever son récit. Puis tu t'étends, tu m'enlaces, et tu t'endors... sans même savoir si j'ai conscience de ce qu'il vient de se passer. Tu le liras dans mon regard, au petit matin... Si tu n'es pas parti pour me laisser en douter...

Captivé, Zaahrian buvait les paroles d’Andrea. Il avait une façon de raconter les choses qui rendait le récit particulièrement vivant et faisait naître des sensations particulièrement agréables. Des frissons sur sa peau là où Andrea le caressait jusqu’à cette chaleur qui irradiait ses entrailles et le bas de son ventre comme des pulsations. Évidemment, il allait tout mettre en œuvre pour faire de ce rêve une réalité. L’élément central de ce récit était la spontanéité du geste. Le blond devra se montrer très patient, car il pourrait facilement gâcher le tout en voulant trop forcer les choses. Ça ne pouvait pas être préparé comme pourrait l’être un autre fantasme, mais en sachant l’intérêt d’Andrea, Zaahrian pourrait aisément saisir l’occasion si elle se présentait. Il était chanceux, car si l’idée était sexy, ce n’est pas tout le monde qui apprécierait, lui le premier. Il n’avait rien contre un peu de fantaisie entre les draps, mais l’assassin dormait en permanence avec une dague sous son oreiller et possédait de redoutables réflexes. Si quelqu’un le faisait sursauter pendant son sommeil, les choses risquaient de prendre une tournure dramatique. Il ne faisait pas un bon candidat pour être le dormeur de cette histoire, mais il était plus que disposé à offrir à celui qui remplirait ce rôle un délicieux réveil.

« Tes rêves sont très intéressants et inspirants surtout. » Il soupira. Cette main sur son entrejambe en plus des images qui lui trottaient dans la tête rendaient difficile toute conversation articulée. « Je vais garder cette alléchante suggestion à l’esprit et la mettrai en application lorsque le bon moment viendra. » Pour l’instant, il avait des besoins beaucoup plus immédiats à satisfaire et qui ne nécessitait pas que l'un d'eux soit endormi.

Il l’embrassa, évidemment, car Zaahrian ne se lassait pas de le faire. Il espérait sentir ces lèvres ailleurs sur son corps, peut-être même à la place de cette main qui le torturait si délicieusement. Les conséquences se faisaient d’ailleurs sentir de façon de plus en plus insistante, à l’image des attentions de Zaahrian qui n’avait plus tellement envie de discuter maintenant. Il caressa son visage, son cou, son torse avec quelque chose qui ressemblait à de la dévotion. Il avait déclaré son admiration à Andréa plus d’une fois. Il le trouvait exquis. Le demi-elfe ne connaissait rien à l’art et ne s’y intéressait pas vraiment, mais à ses yeux d’incultes, l’androgyne ressemblait à l’une de ces statues exposées dans les jardins des princes. Il avait la même grâce éthérée, une esthétique si particulière qui le rendait unique. Il n’avait pas grand-chose en commun avec ses amants précédents, mais ça n’empêchait pas Zaahrian d’être totalement séduit. Sa main descendait de plus en plus bas sur le corps de l’elfe. Il s’attarda un moment au niveau de sa taille, glissant dans son dos pour le soulever légèrement, un geste pour l’attirer à lui. Il suivit la courbe invitante de son fessier qu’il empoigna non sans une certaine possessivité. L’exubérance au lit de l’assassin s’était atténuée sous la guidance d’Andrea, mais il restait Zaahrian et l’elfe possédait un cul à damner les âmes.

« Que devrais-je faire maintenant pour te faire plaisir ? » Zaahrian délaissa ses lèvres pour son torse. « Ça, peut-être ? » Il titilla du bout de la langue l’un des mamelons juste avant que sa bouche ne se referme dessus et le suçote. Il le taquina ainsi pendant un moment, encouragé par les soupirs d’Andrea. Il le pinça délicatement entre ses dents en prenant garde de ne pas lui faire mal. Zaahrian cherchait uniquement à varier les sensations, pas à lui causer de l’inconfort. « Sinon, il y a ça aussi. » Cette fois, sa bouche se posa sur son ventre à la hauteur du nombril. Il y dissémina quelques baisers, traçant vaguement un cercle autour avant de continuer en ligne droite sur l’espace de peau entre l’ombilic et sa virilité. Au même moment, ses mains qui s’étaient logées sur sa taille glissèrent jusqu’à ses hanches puis ses cuisses. Zaahrian les souleva pour les passer sur ses épaules. « Je pourrais étirer ça pendant des heures… Ou pas. Je suis affamé. » Il tourna légèrement la tête pour embrasser la chair ferme qui s’y trouvait et sortit le bout de sa langue pour la laisser glisser, traçant ainsi une ligne sur la peau frémissante jusqu’à l’objet de son désir. Il s’en empara, bien déterminé à lui faire la démonstration de son appétit. Andrea ne le laissait jamais aller jusqu’au bout. Il lui en avait pourtant exprimé son désir à quelques reprises. Il voulait le goûter, mais non. L’elfe le laissait s’amuser pendant un moment, démontrant tout le bien que provoquaient chez lui ses prouesses buccales, avant de gentiment le repousser pour prendre le contrôle à son tour. Si Zaahrian protestait, il n’était jamais véritablement déçu. Il aimait trop qu’Andrea s’amuse avec lui pour regretter de ne pas être allé jusqu’au bout.

Andrea rend à son amant toutes les attentions dont il l'honore. Alors que sa main oeuvre toujours entre ses cuisses, il l'embrasse et le caresse partout où il le peut. Lui non plus n'a plus tellement envie de parler pour l'instant. Il veut seulement profiter de cet échange de tendresses, exercice dans lequel Zaahrian est devenu très doué. Il se laisse néanmoins surprendre alors qu'il soulève soudainement son bassin pour l'attirer à lui, sa dextre se retrouvant coincée entre eux. Il reprend brièvement possession de son corps, le temps de la retirer avant de laisser son amant recommencer son geste. A présent, leurs membres peuvent se rencontrer librement, s'étreignant autant qu'eux, se mêlant à cet échange de caresses et de baisers enivrants.

Les yeux plein d'étincelles et un discret et mystérieux sourire aux lèvres, l'androgyne observe le petit jeu de l'assassin. Dans sa progression, il l'accompagne de ses mains parcourant ses épaules, son dos, sa nuque... Il réagit à ses attentions par des soupirs et même un petit rire gémissant alors qu'il titille son téton de sa langue, juste après lui avoir confirmé dans son récit qu'il aimait ça... Il adore le voir joueur comme ça. C'est rafraîchissant pour le vieil elfe vaani qu'il commence à devenir. Il le laisse agir à sa guise, se contentant de lui faire savoir s'il aime, et à quel point. Tandis qu'il lèche l'intérieur de sa cuisse, il répond à son projet avorté de le faire languir trop longtemps.

-Rassasie-toi, mon tout beau. Nous aurons toute la nuit pour prendre notre temps...

L'a-t-il pris au mot ? Il n'en sait rien et cela n'a pas la moindre importance. Toujours est-il qu'il le prend aussitôt en bouche et lui démontre à quel point ses mots n'étaient pas des paroles en l'air. Après quelques va et vient, il en étire même un sourire amusé alors que ses traits se déforment de plus en plus sous l'effet du plaisir. Si une main se glisse dans ses cheveux, ce n'est pas pour le guider mais simplement pour être avec lui... Lui qui est si loin mais qui lui fait tant de bien. C'est l'inconvénient de ces moments. Ils sont presque solitaires. Il aimerait pouvoir se serrer dans ses bras en même temps qu'il lui fait approcher l'extase. Parce que, cette fois, il n'a pas l'intention de l'arrêter. Cette fois, il va lui donner ce qu'il lui a déjà demandé et dont la privation l'a presque frustré jusque là.

Alors que la jouissance approche peu à peu, le corps d'Andrea se tend de plus en plus, si bien que ses épaules finissent par se décoller du lit. Il ne quitte plus Zaahrian des yeux et le regarde s'appliquer à lui faire toujours plus de bien. Sa main quitte ses cheveux pour descendre dans son dos qui est désormais à sa portée. Il soupire de plus en plus fort, de plus en plus vite. Ses doigts se crispent sur sa peau et sur les draps. L'assassin peut reconnaître tous les signes de l'orgasme qui se manifestera quelques instants plus tard, lorsque l'elfe blanc basculera la tête en arrière pour se libérer d'un bref gémissement puis d'un second plus discret, son corps se secouant de petits spasmes à un rythme régulier.

L'effet du plaisir à peine dissipé, Andrea se redresse jusqu'à s'asseoir, soulève le menton de son amant jusqu'à ce que leurs lèvres se retrouvent à la même hauteur et l'embrasse avec tendresse et désir, comme pour le remercier de cet instant.

-A toi maintenant...

~~~~~~~~~~~~~

Andrea jette le mouchoir souillé, se redresse pour que Zaahrian puisse se retirer puis s'allonge à ses côtés dans un soupir de bien-être. Il prend deux petites secondes puis se tourne vers son amant pour revenir près de lui. Il l'enlace et l'embrasse avec un peu moins de passion que précédemment mais avec toujours autant de langueur. Ils sont désormais ex æquo en terme d'orgasmes, le dernier ayant été pris ensemble. La nuit est désormais totale dehors mais l'androgyne ne montre aucun signe de fatigue pour le moment. Mais cela n'a rien d'étonnant et, durant leur voyage, l'assassin a pu remarquer qu'il était presque insomniaque. L'effet de l'âge avait-il plaisanté, même si la réalité était un peu différente.

-Hm... Mon beau Zaahrian... Tu m'avais manqué. Dit-il avant de l'embrasser encore une petite fois. Tu fais des progrès à chacun de nos ébats. Je vais finir par ne plus pouvoir me passer de toi. Plaisante-t-il.

Des amants, il en a un certain nombre, clients y compris. Il leur enseigne à tous quelque chose mais son amant du jour a bien progressé depuis leur première fois. Il a changé sa perception des rapports intimes, changé son approche des préliminaires et même de l'acte en lui-même... Mais tout en conservant sa petite touche personnelle qui rend ces instants aussi uniques que surprenants. Car le demi-elfe oeuvre sans cesse pour se montrer inventif et table sur l'inattendu. Et tout cela lui plaît beaucoup, c'est assez flagrant.

-Est-ce que tu as déjà une idée sur ce qui te plairait ? Pour l'offre que je t'ai faite tout à l'heure...

Du bout du doigt, il suit le contour de sa mâchoire puis de son oreille. Il lui parle évidemment de ce service dont il lui fait cadeau, cette expérience insolite qu'il voudrait tenter. Ce peut être avec lui ou avec l'un de ses employés, peu lui importe. Il est juste curieux de savoir ce qui pourrait l'attirer et, s'il n'en a aucune idée, il peut lui décrire plusieurs services qu'ils sont habitués à rendre pour l'aiguiller un peu et l'aider à déterminer ce qui pourrait lui plaire ou non.

-Du voyeurisme passif... ou actif. Dit-il en laissant une de ses mains descendre dans le bas du dos de son amant jusqu'à la naissance de sa croupe. A l'aveugle. Attaché... Continue-t-il, peut-être un brin dubitatif quant au fait que ces dernières idées plaisent à Zaahrian mais il peut toujours le surprendre. A plusieurs ?

« Attaché ? Non, la dernière fois que j’ai été attaché, on m’a poignardé et laissé pour mort. » Un coin de sa bouche se souleva. Zaahrian parlait avec légèreté, mais on comprenait aisément sa réticence à l’idée de laisser quelqu’un l’entraver, même pour le plaisir. Ça demandait un niveau de confiance qu’il refusait d’accorder à qui que ce soit, pas même à Guilin qu’il connaissait pourtant depuis des années. La peur de se retrouver impuissant et incapable de se défendre le gardait parfois éveillé la nuit. « Tu comprends certainement si je dis que je préfère éviter que ça se reproduise. » Zaahrian ne croyait pas sincèrement qu’il puisse se retrouver en danger dans l’établissement d’Andrea, mais il ne pourrait pas se détendre suffisamment pour éprouver du plaisir une fois attaché. La simple idée le révoltait. « À l’aveugle, ça rentre un peu dans la même catégorie que d’être attaché. Mes vieux réflexes vont prendre le dessus et ça ne sera pas très agréable. En revanche, mon partenaire peut très bien être attaché et avoir les yeux bandés. Je n’ai aucune objection à avoir quelqu’un entièrement soumis à mes caprices à condition que ce soit ce qu’il veut. » Honnêtement, il n’avait pas l’impression que c’est tout à fait dans les goûts d’Andrea, mais il se trompait peut-être.

Dans l’immédiat, il se sentait merveilleusement bien. La dernière extase l’avait laissé la tête légère et le corps détendu. Un sourire refusait de quitter ses lèvres. Malgré l’heure tardive, Zaahrian n’avait nullement l’intention de tirer maintenant un trait sur cette soirée. Il voulait encore profiter de la présence d’Andrea, sachant qu’il pouvait se passer un certain temps avant de le revoir. Le demi-elfe appréciait grandement leurs ébats amoureux, mais leurs conversations lui apportaient autant de plaisir. L’elfe ne se gênait pas pour lui dire sa façon de penser. Incarnation même de la politesse, Andrea n’élevait jamais la voix et se fâchait rarement, mais son honnêteté et son ouverture d’esprit étaient deux qualités très appréciées de l’assassin.

« L’idée de le faire à plusieurs est intéressante, mais je n’aimerais pas que quelqu’un soit délaissé dans le feu de l’action. Qu’en penses-tu ? » Sur ce point, l’elfe devait avoir plus d’expérience que lui. Il ne l’avait jamais fait à plusieurs, l’occasion ne s’étant tout simplement jamais présentée. « En revanche, le voyeurisme… » Son sourire se fit plus gourmand. « Ça, j’avoue, je ne dis pas non. » Zaahrian passa ses bras autour de l’elfe pour bien le caler contre lui. Il appréciait tout particulièrement ces moments de tendresse. « Plus tôt dans la soirée lorsque tu as avoué avoir eu tes nuits troublées par des pensées me concernant à un tel point que tu devais te soulager afin de trouver le sommeil. Je t’imaginais clairement dans ton lit, une main entre tes cuisses à te caresser en faisant taire tes soupirs et gémissements pour ne pas alerter la maisonnée. Si l’occasion se présente, j’aimerais bien t’observer, peut-être même avec quelqu’un d’autre bien que dans les deux cas, cela requerra de ma part beaucoup de maîtrise sur ma personne. » Une main s’était posée sur la taille d’Andrea qu’il caressait distraitement sans intention particulière. Il voulait juste le toucher. « Ça peut être toi ou quelqu’un d’autre bien que ça me ferait très plaisir que ce soit toi. J’ai effectivement remarqué un jeune homme en arrivant ici. Il a les cheveux noirs et m’a offert un très charmant sourire qui m’a fait bonne impression. Je ne refuserais pas une rencontre en tête à tête avec lui si tu m’en donnes la permission. Tu peux m’en dire plus sur lui ? »

Il ne venait même pas à l’esprit de Zaahrian que ça puisse paraître déplacé de parler de son envie de passer du temps avec un autre homme alors qu’il était présentement au lit avec Andrea, aussi nu que le jour de sa naissance. Il n’y pensait pas parce qu’Andrea lui-même l’incitait à le faire. Il lui offrait une nuit dans sa maison des plaisirs, mais serait plus que ravis si l’assassin y revenait ensuite à l’occasion et dépensait son argent pour les services offerts.

« En passant, merci de m’avoir laissé te goûter. Je pense t’avoir fait part de mon envie dès la première fois, mais avant ce soir tu ne t’es jamais laissé faire jusqu’au bout. J’aime donner du plaisir ainsi, c’est ma façon d’honorer mes partenaires. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne suis pas toujours une bête. » Il lui fit un clin d’œil et l’embrassa. Il en profita pour resserrer son éteinte et inspira profondément, enivré par l’odeur que dégageait Andrea. Il pouvait encore sentir son parfum mélangé aux relents plus âpres du musc masculin. « Je crois que je vais te laisser choisir pour ma visite gratuite. Tu peux faire ce que tu veux, sauf m’attacher. Je te fais confiance, je sais que je vais passer une très agréable soirée. »

Andrea abandonne temporairement son air espiègle alors que son amant lui explique pourquoi il refuse d'être attaché. Sa main quitte alors le creux de son dos pour venir se poser sur son torse dans une caresse.

-Je me doutais que cette expérience ne serait pas à ton goût. Je ne pensais pas que ce serait pour de telles raisons. Dit-il, peiné d'apprendre qu'il a frôlé la mort dans ces conditions. Cependant, il ne tient pas à ce que cela gâche ce moment et il retrouve bien vite son sourire alors que Zaahrian évoque la possibilité que ce soit lui qui mène le jeu dans une situation où c'est son partenaire qui se retrouve à sa merci. Il se colle alors à lui dans une attitude féline, un peu émoustillé par cette perspective. J'aime être libre de mes mouvements et toucher mon partenaire mais je pourrais me prêter au jeu si tu souhaites me soumettre totalement à tes caprices. Quant aux yeux bandés... Il rapproche son visage jusqu'à ce que leurs peaux se frôlent et continue à mi-voix. Tu sais être plein de surprises et je suis certain qu'elles auraient d'autant plus leur effet sur moi si je ne pouvais les voir venir.

La malice étire d'autant plus ses traits alors qu'il vient embrasser son amant. Puis ses lèvres descendent dans son cou, non pas pour lui donner envie mais simplement par tendresse. Il l'écoute continuer à réagir aux idées qu'il a proposé tout en baisant sa peau. Puis il revient à sa hauteur pour lui répondre.

-On ne s'ennuie pas à trois, crois-moi. Souvent, l'un des partenaires se retrouve au centre de l'attention des deux autres. C'est généralement l'occasion de goûter aux plaisirs multiples. Imagine-toi être mené à l'extase par un sexe et une bouche en même temps... C'est très intense.

Une lueur s'est illuminée dans le regard d'Andrea qui meurt à présent d'envie de lui faire découvrir cela à présent. Mais, ce soir, ils ne seront que tous les deux. Ce qui ne les empêche pas de faire des projets pour la suite...

-Il s'appelle Estev. Répond-il sans faire montre de la moindre contrariété. Lorsque je l'ai embauché, il ne côtoyait que des femmes. Puis il a été intrigué par la façon dont je parvenais à mettre des hommes qui se pensaient résolument hétéros dans mon lit alors, un jour, il est venu me voir. Il n'a pas été capable de me dire ce qu'il était venu me demander et il a voulu repartir mais je l'ai arrêté d'un mot. Je l'ai approché alors qu'il ne parvenait pas à se tourner vers moi... Je l'ai enlacé dans son dos... J'ai déposé des baisers langoureux dans son cou... Et il ne s'est plus posé la moindre question. Il m'a fait l'amour contre cette même porte que je l'ai empêché de franchir. Il est doué autant avec sa bouche qu'avec son bassin. Il n'est pas opposé à des ébats plus vigoureux. Son pêcher mignon... C'est de se retrouver au milieu d'un couple.

Zaahrian est curieux de tenter une expérience à trois ? Estev est le candidat idéal pour se joindre à eux une prochaine fois. D'autres hommes pourraient également prendre la place d'Andrea si d'aventure l'assassin ne se sentait pas de le partager avec un autre mais cela ne semble pas le déranger outre mesure donc il n'évoque pas cette possibilité.

-Si tu veux faire sa connaissance, il y a le salon que tu as traversé en venant ici. Sinon, il y a également un autre salon qui sert pour le badinage et une partie des préliminaires. La pièce est agencée de manière à ce que l'on ne voit pas les autres, à moins de tourner la tête. On ne s'y dévêtit pas entièrement et le plaisir buccal y est autorisé, dissimulé sous la nappe. Pour aller plus loin, il y a les couches autour du bassin et les chambres. Il y a les chambres individuelles et les suites destinées... au plaisir mutualisé. J'aurais aimé disposer d'un jardin pour les envies bucoliques mais je crois qu'il m'aurait fallu un palais pour pouvoir répondre à toutes les envies possibles, ou presque.

Andrea a le chic pour donner des termes romancés là où d'autres utilisent des expressions consacrées. Ici, il ne veut pas parler d'orgie qui est un mot très connoté et transforme donc ce concept en quelque chose de plus poétique et de moins sauvage, et pas forcément en lien avec l'excès sous toutes ses formes. Son établissement garantit le respect et le désir en évitant soigneusement les pulsions que l'on pourrait amèrement regretter plus tard. Chacun de ses services dispose d'une échappatoire et jamais un de ses employés ne reprocherait à un client de vouloir se rétracter.
L'assassin remercie finalement l'androgyne de l'avoir laissé le mener à l'orgasme avec sa bouche un peu plus tôt dans la soirée et ce dernier le couve d'un regard doux, sa main caressant de nouveau le pectoral sur lequel elle repose.

-Dans ce cas, je me laisserai peut-être faire plus souvent. Mais sache que tu es loin d'être une bête à mes yeux, mon tendre Zaahrian.

C'est la première fois qu'il lui donne ce qualificatif mais il ne l'a pas choisi par hasard. S'il est vrai qu'il ressent toujours la jeunesse dans ses approches de leurs ébats, il n'a jamais eu la moindre violence avec lui, même au plus fort de leurs plaisirs. Il s'est toujours montré attentionné et s'est adoucit pour correspondre au tempérament de son amant. Chacun de leurs rapports est meilleur encore que le précédent et il ne lui trouve pas que des qualités au lit. Sa personnalité lui plaît elle aussi et il est toujours aussi agréablement surpris de voir comme les hommes capables d'actes violents peuvent se montrer si doux et affectueux en amour.

-Je vais y réfléchir. Mais si tu veux tenter quelque chose ce soir... Il y a plusieurs bandeaux dans le deuxième tiroir de la table de chevet derrière toi et un fauteuil dans le coin de la pièce. A toi de voir ce que tu veux tenter... Me soumettre à ton bon plaisir... Me voir me caresser sous tes yeux... peut-être avant de me rejoindre pour me faire l'amour... Il caresse ses lèvres du bout de l'index. Ou de me délivrer de mes tensions toi-même.

Ça lui donnait amplement à réfléchir tout ça. Tant de possibilités à explorer et si peu de temps. Non, au contraire, Zaahrian avait tout le temps du monde. Andrea lui offrait une nuit à ses frais, mais il pouvait revenir, laisser ses problèmes à la porte et profiter des multiples opportunités offertes par la maison. Rien ne l’obligeait à y passer une nuit complète non plus. Il s’imaginait prendre place au salon et flirter librement avec ses occupants enchantés par sa présence jusqu’à ce qu’un audacieux le réclame. Ils apaiseraient ensuite leurs tensions, cachées dans une alcôve, avant de reprendre le cours de leur vie sans attaches ni arrière pensé. Soudainement, une pensée lui effleura l’esprit. Zaahrian revit dans sa tête les trois années de beuveries où, souffrant, il s’était perdu dans l’alcool. Il ne se permit pas de finir cette pensée. Vraiment, sa situation actuelle n’avait rien à voir. Tout allait pour le mieux.

« Ah ? Ça me fait plaisir de savoir que tu me trouves créatif. J’avais plutôt l’impression du contraire et d’être prévisible. Je fais tout ce que je peux pour ne pas l’être, surtout avec toi, mais j’ai moi-même placé la barre haute dès le départ pour nous deux. » En déclarant vouloir le faire crier de plaisir, Zaahrian devait se montrer à la hauteur de son ambition. Parfois, il ferait mieux de se taire, mais quel serait l’intérêt si c’était facile. Ajouter un partenaire à l’équation augmentait la difficulté de même que le plaisir. Il voyait parfaitement ce que voulait dire Andrea et il n’en fallut pas plus pour le convaincre d’essayer. Maintenant sera-t-il celui entre les deux partenaires, ça restait à voir.

« Je vais passer un autre jour pour le rencontrer. Je veux voir ce qu’il est prêt à faire, non pas que je doute de ses talents, mais il y a une différence assez marquée entre toi et moi. Tu es très androgyne Andrea, je ne t’apprends rien. Le sexe avec toi m’a même poussé à me demander si je n’étais peut-être pas aussi indifférent aux femmes que je le croyais. Ce n’est pas demain la veille que je vais partager mon lit avec une femme, mais ça pourrait arriver. » Ce constat, Zaahrian ne l’avait partagé avec personne. Il y avait encore beaucoup trop d’incertitudes et il était même très possible que ça n’arrive jamais. Seule une femme très spéciale arrivera à séduire l’assassin sans qu’une grande quantité d’alcool ou un état d’esprit vulnérable ne soient nécessaires. « Je ne sais pas si tu en as vraiment conscience, mais il en faut quand même beaucoup pour convaincre des hommes résolument attirés par les femmes d’accepter de partager ton lit. C’est fantastique, car je crois qu’il n’y a pas mieux placé qu’un homme pour savoir ce qui fait plaisir à un autre homme. Ça en dit long sur tes talents. » Il déposa un baiser sur la tête d’Andrea. « Avoue que tu nous as tous envoûtés, que tu utilises une magie inconnue pour nous faire ramper à tes pieds. » Il rit doucement. Non, Andrea n’avait pas besoin de magie pour l’envoûter. Lorsqu’il parla des bandeaux et de ce qu’ils pourraient faire ensuite, le corps de Zaahrian fut parcouru d’un délicieux frisson. Comment refuser une proposition pareille ? « Debout ! J’ai envie d’essayer quelque chose. »

Il abandonna momentanément Andrea afin d’aller fouiller dans la table de chevet. Il y trouva effectivement des bandeaux de soies noirs, très longs. Il pourrait facilement attacher quelqu’un avec ça, mais ce n’était pas son intention pour l’instant. Il en choisit un au hasard et retourna vers Andrea. « Retourne-toi. » Zaahrian passa le bandeau sur ses yeux et l’attacha. Cela fait, il déposa un baiser sur l’épaule nue d’Andrea. « Les elfes sont connus pour avoir les sens aiguisés. Le goût, la vue, le touché, l’ouïe… » Il déposa un second baiser, cette fois sur sa nuque tout en pressant son corps contre le sien. « Je me demande… » Dit-il d’une voix rauque. « Si je peux arriver à les déjouer… » À ces mots, il recula de quelques pas et cessa de bouger. Zaahrian regarda Andrea debout près du lit, entièrement nu, tentant sûrement de localiser le semi-elfe. L’elfe ne pouvait pas le voir. L’assassin fit un pas vers la droite en faisant bien attention pour ne pas faire de bruit. C’était comme une seconde nature chez lui de se déplacer aussi silencieusement qu’un chat, mais Andrea n’était pas humain. « Je pourrais passer des heures à te regarder. » Souffla-t-il, un sourire dans la voix, tout en continuant à se déplacer. « Peux-tu te toucher pour moi ? »

Andrea se lève, un peu curieux de voir ce qui l'attend. Il couve Zaahrian d'un regard intrigué, intéressé et confiant. Le demi-elfe connaît ses goûts et sait qu'il n'est attiré ni par l'humiliation, ni par la violence et encore moins par la douleur. Il s'évertue depuis toujours à lui plaire et respectant ces trois principes et c'est la raison pour laquelle il a accepté de se prêter à ce petit jeu avec lui cette nuit. Alors, après ce bref échange silencieux, il se retourne finalement pour le laisser poser le bandeau sur ses yeux. Il est parfaitement détendu, bien qu'il se pose milles questions sur les raisons qui l'ont poussé à le faire se mettre debout. Cependant, il en comprend bien vite la raison.

L'androgyne se trouve désormais dans le noir le plus complet. Ses oreilles d'elfe sont à l'affût de son amant mais il est difficile de le trouver. Il est nu donc il ne peut être trahit par le froissement d'un vêtement. Ils sont sur un tapis donc ses pieds ne font aucun bruit sur le sol. Parfois, il croit percevoir quelque chose mais c'est très bref. Si bref qu'il doute même l'avoir vraiment entendu. Il joue au prédateur mais dans le but d'égarer Andrea et pas de l'effrayer. Sa voix lui parvient soudain, à l'opposé de là où il l'a entendu pour la dernière fois. Ses mots lui étirent un sourire. Il lui a maintes fois répété qu'il le trouvait beau et il ne s'en lasse pas. Pourtant, son corps est loin de correspondre au standard des canons de beauté humain. Il est très fin, on distingue tout juste ses côtés, ses muscles sont secs. Bref, c'est un elfe qui n'a pas d'activité physique intense, hormis celles qu'ils pratiquent depuis l'arrivée de Zaahrian.

Le proxénète relève légèrement le menton à la demande de son amant. Se toucher ? Oui, il le peut mais un brin de malice lui étire les lèvres. Il lève alors ses mains et commence à se caresser. D'abord au niveau de la nuque et de la gorge, il descend ensuite sur son torse. Il parcourt ses pectoraux et son ventre. Tendre, il devient peu à peu plus sensuel. Il se donne en spectacle pour les deux iris qui doivent le détailler avec envie. Il l'imagine en train de l'observer avec appétit et cela alimente le sien... Il passe alors sur l'un de ses tétons et constate qu'il a durci. Il y repasse un peu plus tard et le titille un peu. Son souffle est désormais plus profond. Il ressent le désir qu'il se provoque tout seul et que lui provoque aussi ce prédateur qui se lèche peut-être les lèvres avec envie.
Il poursuit ses caresses un peu plus bas. Il passe sur ses hanches et vient chercher des fesses avec douceur. Il aime quand Zaahrian les saisit parfois et il aime saisir les siennes... Comme tout à l'heure, lorsqu'il lui donnait du plaisir avec sa bouche. Puis il repasse ses mains devant lui. Il descend sur ses cuisses. Il se rappelle le contact des baisers de l'assassin sur sa peau. Il le revoit, la tête entre ses jambes... Il remonte par l'intérieur et frôle son vît qui s'est passablement redressé. Alors, sous le regard de son amant, il l'effleure du bout des doigts. Son membre se tend un peu plus à chacun de ses passages. C'est doux et bon à la fois. Son désir monte lentement et il soupire d'aise. Peu à peu, ses attentions se font un peu plus appuyées jusqu'à ce qu'il se prenne véritablement en main, arrivant enfin à la concrétisation de la demande de son partenaire. Il ne cache rien de son plaisir, son visage se modifiant sous l'effet produit par ses propres mains, ses soupirs se faisant plus prononcés... Mais il lui tarde de savoir ce que l'assassin lui réserve d'autre. Où est-il d'ailleurs ? Il en a oublié de le suivre...

Zaahrian croyait que leurs précédentes activités suffiraient à calmer ses pulsions, qu’il serait capable de regarder Andrea se caresser sans ressentir l’urgence de le toucher. Une fois encore, il se trompait. À l’instant où la main se posa sur sa gorge, c’est comme si un feu liquide se répandit dans ses veines depuis ses entrailles vers le reste de son corps et son cerveau qu’il vida de toute pensée cohérente. L’univers entier de l’assassin se résumait maintenant à cette main élégante et sensuelle glissant sur la peau parfaite de l’elfe, à l’image d’un prédateur les yeux fixer sur la proie qui veut dévorer. Et ce sourire, comment passer à côté ? Impossible, il se moquait de lui ! Andrea savait comment il réagirait. Il l’avait deviné. Il le connaissait trop bien. Ça ou Zaahrian était beaucoup trop prévisible. Lorsque des points noirs commencèrent à danser dans son champ de vision, il réalisa qu’il retenait son souffle. Il inspira, tremblant, et un sourire apparu sur son visage. Contrôler ses envies était si difficile. Il voulait le toucher. Ce désir menaçait de le rendre fou.

Il s’approcha de l’elfe avec l’impression que ce dernier ne lui portait plus vraiment attention maintenant. Il se glissa derrière lui en silence. Zaahrian était maintenant si près de lui qu’Andrea sentait probablement la chaleur que dégageait son corps en ébullition. Il se pencha sur sa nuque en faisant mine d’y déposer un baiser, mais sa bouche resta en suspens à quelques centimètres à peine de son épiderme. La seule caresse venait du souffle de sa respiration. « C’est exactement comme je l’avais imaginé… » Sa voix était rauque, mais posée, ne révélant rien du chaos qui secouait son corps. Il se déplaça vers son épaule sans jamais la toucher. Zaahrian ferma les yeux et se mordit la lèvre. Il ne pensait pas que ça serait aussi difficile. Depuis quand le désir avait une telle emprise sur lui ?

Il étouffa un grognement et fit un pas en arrière, sa poitrine se soulevant comme s’il venait de fournir un effort considérable. Le jeu ne pouvait pas se terminer maintenant. La tension devait monter encore ; il voulait vraiment qu’Andrea le réclame. « C’est tellement difficile de te résister. » Il fit quelques pas avant de parler de nouveau. « Tu imagines, nous n’aurions pu jamais nous rencontrer. » La main d’Andrea avait atteint son but et il ne cachait rien du plaisir qu’il éprouvait. Zaahrian vint se placer devant lui et s’agenouilla à ses pieds. « Enlève le bandeau et regarde-moi. » Il attendit qu’il s’exécute avant d’ajouter. « Tu as envie de moi ? »