D'agréables retrouvailles - Andrea

Andrea a senti la chaleur du corps de Zaahrian dans son dos et a légèrement tourné la tête dans sa direction. Il devinait sa silhouette épousant la sienne malgré l'espace les séparant. Il devinait sa peau, douce et brûlante venir au contact de la sienne. Il devinait ce désir qui tendait de plus en plus ses muscles... Mais l'assassin ne fit rien. Il résista à ses envies et s'éloigna, invitant l'androgyne à continuer et à aller toujours plus loin dans ses caresses. Le jeu était-il de désorienter l'elfe blanc ou de mettre la patience de l'assassin à l'épreuve ? Il ne savait plus tellement car il prenait autant de plaisir dans les deux cas.

-Peut-être Arcam a-t-il voulu que l'on se rencontre justement parce qu'il aurait trouvé dommage que l'on ne partage jamais tout cela ensemble. Il est agréable de sentir que l'on plaît autant... Et de pouvoir se laisser aller, totalement confiant sur le fait que l'autre ne cherche qu'à nous satisfaire.

Andrea parle de cet instant. De ce bandeau. Du fait qu'il obéisse à ses requêtes sans réfléchir. Zaahrian lui a prouvé qu'il le respecte et qu'il tient plus que tout à lui donner du plaisir. Alors il n'a pas le moindre doute quant au fait que tout ceci n'aboutira qu'à l'extase. Il ne se serait pas laissé faire aussi aveuglément avec n'importe qui.

Alors que son souffle est devenu court en se caressant lui-même, le demi-elfe lui demande de retirer son bandeau. C'est surprenant et il a l'impression que sa voix provient d'en bas... Il baisse alors les yeux et le découvre là, les lèvres à quelques centimètres de l'objet des désirs de son amant. Encore une fois, la question méritait d'être posée : lequel était au supplice de l'autre ? Celui qui avait accepté de se livrer aux volontés de son partenaire ou celui qui était censé manier la partie mais qui en souffrait tout autant que sa "victime" ? Andrea le couva d'un regard tendre à cette pensée. Il était jeune et c'était la première fois qu'il tentait l'expérience. Il ne lui en voudrait pas de céder si tôt. Il ne pourrait malheureusement pas lui montrer l'exemple... à moins de jouer à cela avec Estev ? C'était une idée, tiens...
Mais il fallait en revenir à la question qui lui était posée.

-J'ai en permanence envie de toi, Zaahrian. Depuis le premier jour. Le premier regard. Ce n'était pas seulement la faim qui m'a conduit à te faire les yeux doux ce jour-là. J'ai été attiré à la seconde où je t'ai vu. Il te suffit d'un baiser... D'une caresse... D'un regard... Pour que je veuille me perdre avec toi. Et me trouver prêt de toi sans pouvoir te toucher est une torture.

Il fait bien évidemment référence à ces quelques jours passés entre la frontière d'Ithri'Vaan et Naelis où ils ont à peine pu fermer l’œil à cause du danger. Alors, faire l'amour : impossible. Ils sont tous deux restés concentrés sur leur tâche tout du long et le fait de devoir limiter la parole au maximum avait sans doute aidé un peu, mais, à peine les portes de la cité franchies... Et il revit un peu la même situation aujourd'hui, mais dans un contexte bien plus agréable.

-Mais je suis censé être à ta merci, et non l'inverse. Lui fait-il remarquer d'un air malicieux, se retenant de venir caresser sa joue. Il doit tenir son rôle. Celui de son jouet, pour leur plus grand plaisir à tous les deux. Cependant, Zaahrian peut comprendre dans sa voix qu'il est libre de décider de poursuivre la partie ou de l'arrêter là pour reprendre leurs ébats. Cela peut rester une première approche de ce jeu qu'il pourra perfectionner avec le temps, après tout.

« Certes, mais je crois qu’il est assez évident que, malgré tous mes efforts pour me convaincre du contraire, je suis entièrement à ta merci… » Avoua candidement Zaahrian, un sourire éclatant aux lèvres. Il se releva d’un mouvement souple et passa ses bras autour de sa taille pour l’attirer contre lui. « Je vais devoir remercier Arcam, dans ce cas, pour m’avoir donné la chance de croiser ta route. C’était tout de même hautement improbable, sachant que je suis un assassin et que tu recherchais un mercenaire. Il y a quelques années, je n’aurais jamais accepté de servir d’escorte. » Une longue série de décisions aux conséquences souvent imprévues et parfois désastreuses l’avait amené jusqu’ici. Sans Aya, Zaahrian n’aurait pas choisi de prendre des missions moins périlleuses et ainsi servir d’escorte armée pour Andrea, mais sa fille n’aurait probablement jamais vu le jour sans l’attaque de Loethwil sur Thaar et la mort subséquente de son père. Voilà toute la beauté de la vie. Les événements et le chaos qu’ils ont amenés l’ont poussé dans des directions inattendues, l’obligeant à s’adapter et à changer. Beaucoup de larmes et de doutes pour finalement se retrouver dans cette chambre somptueuse avec la plus divine des créatures, sans attache ni obligation, simplement un profond respect mutuel et un gout prononcé pour les plaisirs de la chair. Tout compte fait, les choses pourraient être bien pires.

« Nous avons encore quelques heures avant l’aube… Je propose qu’on en profite. Tu sais, j’aime bien te montrer comme je suis un bon élève… » Depuis le début de la nuit, Zaahrian le lui avait démontré de multiples façons, mais il ne se lassait pas de le faire. Il l’amena jusqu’au lit où leurs corps se retrouvèrent une fois de plus. Et pendant les heures qui suivirent, ils profitèrent de la présence de l’autre, redécouvrant le corps de l’autre qu’ils connaissaient pourtant déjà très bien, mais dont ils ne se lassaient visiblement pas. Aux moments de douceurs et de tendresses succédèrent des épisodes passionnés qui les laissèrent le souffle court et le corps en sueur sans pour autant calmer entièrement leurs ardeurs encore.

Le ciel changeait de couleur lorsque Zaahrian déclara qu’il n’en pouvait plus. Il se vautra sur le lit, épuisé, mais satisfait comme il l’avait rarement été. Il ne savait pas s’il devait quitter immédiatement ou non les lieux, il s’en moquait. Il enfouit sa tête dans l’oreiller imprégné du parfum d’Andrea, un sourire sur les lèvres, et un sommeil profond et serein le gagna rapidement. Lui qui avait l’habitude de dormir avec une arme à portée de main, cette fois il n’en avait pas. Sa fidèle dague dont il ne se séparait jamais était restée avec le reste de ses vêtements. Il s’endormis avec la conviction d’être en sécurité et que rien au-delà de ces murs ne pourrait l’atteindre.