[Vetherill] Les tourments du Souffle | Sëythil & Cilastiel

Première ennéade
Hiver, Verimios 19:XI

Le froid s'est abattu sur Anaëh et il se fait particulièrement ressentir dans les montagnes. Cilastiel n'aime pas le froid mais c'est pourtant là qu'elle va. Près d'elle marche un léomenis plus grand qu'elle mais qui fait en sorte de toujours se trouver tout contre elle pour lui tenir chaud. Il la regarde régulièrement, d'un œil inquiet. Depuis plusieurs ennéades, elle ne dit rien, elle ne joue plus avec lui, elle sourit à peine... Il a perdu son amie, celle pleine de vie qui lui plaisait tant et pour laquelle il a quitté son groupe. Pourtant, il reste avec elle car son affection est toujours là et il la sent toujours réciproque. C'est juste qu'elle ne va pas bien et il ne sait pas comment faire pour l'aider. Elle lui a expliqué, avec ses gestes, qu'elle devait venir ici pour trouver quelqu'un.

Tandis qu'ils avancent dans la neige fraîche, l'animal s'arrête soudain et la petite elfe l'imite machinalement. Il a toujours été plus sensible encore qu'elle à la Symphonie donc il a probablement perçu quelque chose qui est invisible pour elle. Elle observe les alentours de son regard étrangement vide. Finalement, ces yeux sont attirés par une forme qui sort de l'ombre dans un frémissement de la Trame. Il approche et elle ne bouge pas. Le léomenis recule d'un pas mais, son amie restant là, il ne s'en ira pas davantage. Tout juste fera-t-il comprendre qu'il n'est pas très rassuré alors que, sous cette forme, il pourrait aisément repousser l'inconnu. Mais il n'est pas violent... La nymphe n'a jamais fait de mal à qui que ce soit.
Le Noss s'arrête à seulement un pas de la jeune femme, plantant sa lance dans le sol pour s'appuyer contre. Ils se connaissent, il lui a appris plus d'une chose pour survivre en forêt : c'est le chef des éclaireurs. Il la détaille sans rien dire et voit bien qu'elle n'est pas comme d'habitude. Elle est fatiguée, ses joues sont creusées et ses traits sont comme figés. Quelque chose ne va pas... Et il n'est pas le mieux placé pour l'aider. Il y a au camp quelques personnes qui feront cela bien mieux que lui, ne serait-ce que parce qu'ils ont un lien particulier avec elle. Alors, il se contente de lui faire un lent signe de la tête pour l'inviter à la suivre.

Le duo se remet alors en marche. A mesure qu'ils approchent du camp, d'autres silhouettes apparaissent et les rejoignent. Certains, comme le premier, sortent des ombres. D'autres descendent des arbres. Ainsi, tous les éclaireurs se rassemblent autour de la petite elfe, comme pour lui faire part de leur présence et la soutenir en silence, l'escortant jusqu'au cœur du territoire des Vetherill. Là où se trouve leur chef, leur shaman... et son frère, s'il est là.
Ainsi, le groupe passe entre plusieurs arbres aux larges racines entre lesquels ont été tendues des peaux pour protéger du froid et de la neige. A leur passage, quelques têtes sortent de derrière les tentures. Des silhouettes se lèvent ou s'arrêtent pour les regarder passer. Le leomenis se sent soudain mal à l'aise au milieu de tous ces Noss inconnus et choisit de prendre une forme bien plus discrète. Il se transforme alors en gerbille et court se dissimuler sous le casque de son amie, sous le regard interloqué de plusieurs Ornedhels. Ainsi, c'est apparemment seule qu'elle rejoint le centre du camp, avec son foyer vivace et ceux qui se sont retrouvés autour.

Cilastiel avait été guidée au sein du clan avec une bienveillance égale à l’habitude du clan d’ombre et de lumière. Pourtant derrière leur train de vie paisible, l’inquiétude régna sur le petit groupe d’éclaireur en voyant le comportement éteint de leur protégée. Alors, lorsqu'il rentrèrent au nid, on lui proposa avec douceur de s’installer quelque part près du feu, et on lui fit passer une boisson fumante et quelques pans de tissus pour couvrir son corps frêle. Dans un même temps, un des Vethërill avait continué son chemin avec une certaine précipitation.

Il ne fallut pas plus de quelques minutes pour qu’entre les branches et les quelques tentes, une silhouette épaisse, mais respirant la bienveillance s’approche et se penche près de la petite elfe. Son front rieur était barré d’une ride d’inquiétude et ses oreilles étaient couchées vers l’arrière. Le shaman des vethërill s’agenouilla près d’elle et d’une voi certes grave, il n’y pouvait rien, mais douce il questionna la jeune protégée. Sa grande main vint prendre la sienne. Elle semblait toute petite dans sa paume.

-Cilastiel, que ce passe-t-il ? Ton frère n’est pas ici, j’en suis désolé.

La rieuse Cilastiel esquisse à peine un sourire lorsqu'on lui tend à boire et offre un regard dans lequel on peut lire un brin de reconnaissance après que l'on ait posé quelque chose sur ses épaules. Ils sont tous si doux et attentionnés... Le mérite-t-elle vraiment ? Elle n'en est pas certaine.

Son étrange regard est fixé sur les flammes qui dansent devant elle lorsque quelqu'un lui prend la main. Ce geste détourne enfin ses yeux de ce spectacle hypnotisant, semblant comme la tirer des pensées qui la préoccupent. Sa nuque s'est raidit l'espace d'un instant, le temps de réaliser où elle se trouvait. Elle se tourne vers la voix qui lui parle et trouve un visage bien connu. Celui que tout Vethërill voit comme un père, à l'exception de la petite elfe qui n'a pas grandie sous sa protection. Il a néanmoins son respect, après tout ce qu'il a fait pour elle et elle sert ses doigts sur les siens dans un geste involontaire de recherche de réconfort.

-Ce n'est pas grave... J'avais juste... Besoin de me retrouver dans un lieu familier. Elle se force à étirer un sourire qui se veut rassurant mais qui n'est manifestement pas naturel. Je manque juste de sommeil. Ça ira, Dwin. Ment-elle.

Elle soutient le regard du shaman quelques instants avant de finalement s'en détourner, reprenant possession de son main avec lenteur. Elle n'a pas envie de parler de ce qui l'a poussée à rentrer. Et, en cet instant, elle pense qu'elle ne le fera jamais. Pourtant, ce n'est probablement pas sans raison qu'elle a voulu retrouver les Vethërill après ce qu'il s'était passé...

Posant les yeux près d'elle, elle réalise soudain qu'il lui manque quelque chose. Elle le cherche, mollement, à ses côtés. C'est alors qu'un hululement se fait entendre sur une branche au-dessus d'elle. Elle lève les yeux et trouve une chouette blanche perchée dans l'arbre, qui la regarde. Elle semble alors se détendre de la légère agitation qui l'a parcourue l'espace de quelques secondes.

-Tu es là...

D'une main, elle lui fait quelques signes pour lui assurer qu'il ne risque rien. Alors, la chouette bat des ailes puis se laisse planer jusqu'à elle. Arrivant à ses côtés, elle se transforme en renard gris et se met en boule pour venir se blottir contre son amie. Celle-ci retire alors une main de la boisson qu'elle tient toujours -et à laquelle elle n'a pas touché- et vient le caresser un peu. La créature semble apprécier et lève la tête pour le profiter un peu plus. Il est vrai qu'elle ne lui a pas témoigné tellement d'attention ces derniers jours...