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| Ce qu'il faut tenir pour vrai | |
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Modérateur
Nombre de messages : 1686 Âge : 824 Date d'inscription : 14/01/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Eternel. Taille : Infinie. Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Ce qu'il faut tenir pour vrai Jeu 7 Juil 2022 - 9:59 | |
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Première ennéade de Karfias, An 20 du Cycle XI, Castel-Tolbioc
Les pelisses et les fourrures étaient sur toutes les épaules, malgré les feux brûlant dans toutes les âtres de la grande salle du trne serramiroise, attisés par des pages en livrées aux couleurs du duché. L’hiver nordien était rude, mais il n’avait pas découragé les nobles de toutes les cours à venir assister à ce qui s’annonçait être un évènement aussi marquant que celui qui avait secoué Langehack. Arnaud, la tête entre les mains et les coudes posés sur les accotoirs du siège ducal, refoula un soupir et son agacement. Alors qu’il lui revenait de juger son vassal le plus important pour des crimes d’une abjection inimaginable, il devait composer avec les superstitions ridicules qui étaient nées et se répandait dans toute la ville après que la Silène se soit entourée d’une aura lumineuse, deux décennies après le Voile, soufflant un vent d’inquiétude sur Serramire et ses alentours. Superstitions, certes, mais auxquelles il était bien en peine de répondre. S’il avait pu obtenir du Père Bréguet une explication claire… mais lui-même n’avait pas idée de ce qui se tramait, et le Grand-Prêtre n’en savait pas plus.
L’accusé, Charles de Prademont, Seigneur de Prademont et Comte d’Odélian, avait été amené dans la salle, sans chaînes mais sous bonne garde. Bien sûr, il avait clamé son innocence et avait essayé de défendre son honneur, mais les preuves étaient accablantes. De l’autre côté de la salle, sa femme Solange d’Escault, avait été placée de manière à lui faire face. Au côté du duc, l’envoyé de la Couronne, Hubert le Scyléen, avait corroboré les accusations de la Dame concernant les malversations comptables de son mari. Sa culpabilité, tant sur les manipulations des livres de compte que sur l’assassinat de Gaubert de Prademont et de son fils, ne faisait plus aucun doute. L’homme avait de plus usé de sa position d’Intendant de justice royal pour créer de toute pièce la démonstration des méfaits des frères du précédant compte concernant cette affaire. Et c’était là le point qui avait le plus irrité le Duc de Serramire. Il faudrait à ce traitre une punition exemplaire. Il lui faudrait ramper devant son suzerain implorant son pardon. La traitrise était grave, l’humiliation devrait être totale.
Inspirant profondément, Arnaud chassa toute émotion de son visage. Toute sa cour avait les yeux rivés sur lui. Il se leva.
« – Seigneurs et Dames de Serramire.
Les accusations portées à l’encontre de Charles de Prademont sont d’une gravité sans précédent. J’ai entendu les allégations de Dame Solange d’Escault et les conclusions de l’enquête de Messire Hubert le Scylléen, Grand Argentier de Sa Majesté et envoyé par la Couronne pour faire toute la lumière sur les accusations de Dame d’Escault. Il me semble que les preuves amenées pour étayer ces points sont limpides et inculpent clairement Charles de Prademont.
Adonc, nous, Arnaud de Brochant, duc de Serramire par la grâce de Néera, prononçons, ce jour en le Castel-Tolbioc, cette sentence ; Charles de Prademont est coupable de trahison, lèse-majesté et meurtre au premier chef. Pour ces crimes, Charles de Prademont sera exécuté dans l’ennéade. Par écartèlement.
Pour avoir révélé à la Couronne les agissements de son mari et n’ayant pas participé aux traitrises de celui-ci, Solange d’Escault n’est pas coupable des crimes de Messire de Prademont. Et comme l’enseigne la DameDieu, les fils ne doivent pas être jugés à l’aune des crimes du père… Adonc, Elisabeth d’Escault ne sera aucunement rendue coupable. Notez, ceci ! Les héritiers de Gaubert, précédemment déchus de leurs titres en conséquence de la vilénie du traître de Prademont, sont réhabilités.
J’ai à cœur la stabilité du Comté d’Odélian ; ainsi donc voilà ma décision concernant l’héritage du trône comtal. Thibault de Prademont, fils aîné de Cléante de Prademont, mariera Elisabeth d’Escaut et ils prendront les titres de Comte et Comtesse d’Odélian, par la grâce de Néera. Serramire prendra en charge leur éducation respective en sa citadelle ducale. Avant leur mariage, Dame Solange d’Escault assurera la régence en mon nom et au titre de Comtesse mère sur le comté d’Odélian. »
_________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Solange d'Escault
Humain
Nombre de messages : 261 Âge : 38 Date d'inscription : 19/02/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 23 ans Taille : 152 cm Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ce qu'il faut tenir pour vrai Ven 8 Juil 2022 - 19:01 | |
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Le voyage était terminé.
Après être passée par Lantenes, où la Comtesse d'Odélian avait eu le bonheur infini de serrer son enfant dans ses bras, il avait fallu reprendre la route, pour Serramire. Un long voyage qui l'avait amené aux confins de l'épuisement ; puis, accueillie au château du duc avec son escorte, elle avait été invitée à patienter.
Et le jour était arrivé. Le Duc de Serramire, son suzerain allait rendre son jugement. Elle avait tant prié pour la paix de son âme, tant pleuré, tant appris de ce long voyage ; et elle allait enfin en connaitre l'aboutissement. Elle n'avait plus vraiment peur pour sa survie ; mais la jeune femme ne pouvait pas nier qu'au fond de son âme, elle se souciait de la position sociale de sa fille. De ce qu'en diraient les autres, de ce qu'ils colporteraient comme rumeurs. Elle voulait savoir si son enfant perdrait tout, ou si on lui accorderait encore la joie de la revoir.
Très droite sur le fauteuil qu'on lui avait attribué, vêtue d'une robe bleue et blanche presque modeste - si l'on excluait les pierres précieuse qui en scellaient sa chainse immaculée au niveau de son cou, et la coiffe brodée qui dissimulait ses cheveux noirs - elle se tenait très droite, l'expression figée, alors que son époux était enfin amené. Elle avait conscience qu'elle était coupable de l'avoir dénoncé, qu'en guise d'épouse docile, il avait été marié à celle qui avait rapporté ses méfaits.
Mais pouvait-on échapper à la justice de Néera ? Sans jamais le quitter des yeux, Solange d'Escault avait assisté à sa vibrante plaidoirie, avait écouté, sans faiblir, ses protestations d'innocence - mais rien aucune preuve n'avait été falsifiée, cette fois. Comment le Duc et le Roi pouvaient-ils lui pardonner d'avoir voulu échapper aux impôts ? Mais la noble Odéliannaise sentit son cœur se serrer à l'annonce de la sentence. Ses mains se crispèrent sur ses accoudoirs, et elle baissa les yeux, avec humilité, sans se réjouir de son propre sort.
Malgré tout, elle était soulagée. Sa fille méritait une position dans le monde, et tout ce que la Péninsule avait à lui offrir. Elle bénéficierait d'une éducation des plus soignées - bien que son cœur de mère se serrait à l'idée de se séparer de sa douce, chère et merveilleuse Elisabeth, dans quelques années.
Plongée dans une profonde révérence à l'intention du Duc Arnaud de Brochant, elle le remercia de sa sentence du bout des lèvres, et quitta la salle d'audience pour se réfugier au Temple. Il faudrait prier pour l'âme de l'époux honni destiné à cette mort ignominieuse, car elle savait qu'il ne le ferait pas pour lui-même.
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