Arkuisa de la 1ère ennéade de Karfias
20e année du Onzième Cycle
Berges d’Uraal
Matin
Ton petit groupe avance lentement, comme pris de mélancolie. Les berges de l’Uraal sont – comme
Tari sa maîtresse, à la fois symbole de vie et de mort. À la fois promesse d’un lendemain, et rappel de ce qui fut perdu hier. Vous soldats, et en particulier les plus âgés d’entre vous vous souvenez des batailles s’étant jouées près de ces berges, des échauffourées y ayant éclaté sur des kilomètres de long et des centaines d’années de temps. Chasser la menace Sombre de l’autre côté des eaux avait été difficile. De cela la Sylve ne se souvient que trop bien.
Tu respires, lentement, bercé par les comptines désenchantées que murmure la Ripisylve. Ton coeur alourdi bat plus lentement encore qu’à son habitude. Ici malheureusement la vie n’a jamais entièrement repris ses droits. Et à cause de cela aux névroses des
Chants répondent des pulsations irrégulières.
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Artiön ? une voix perplexe te hèle depuis l’intérieur de la formation Tu ne trouves pas la Trame étrange ?-
Tu veux dire plus étrange qu’elle ne l’est depuis quelques jours ?-
J’ai la sensation que quelque chose nous passe entre les doigts. Il y a quelque chose qui me gêne dans le comportement des arcanes et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.-
Dans ce cas…D’une main levée, tu arrêtes le groupe. Les elfes s’éloignent de toi, tous, sauf le Vitaliste de l’Académie. Du pied de ton sceptre, tu dessines un large cercle dans la terre, que l’autre décore de sceaux au tracé bien trop régulier. Vous vous placez au centre, ton focaliseur planté dans la glaise. Ses mains rejoignent les tiennes au contact de l’alliage de pierre de Yutar. Vous inspirez à l’unisson. Vous expirez à l’unisson. Il te regarde, tu hoches la tête.
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Tu diriges.Les arcanes instables courent à travers les glyphes. Vos consciences s’entremêlent, se donnent la main, et accrochées l’une à l’autre s’étendent à travers la Trame. Vos regards, l’un soutenu par l’autre, s’autorisent à aller plus loin qu’à leur habitude. Vos mains, poussées par celles de l’autre, s’autorisent à s’ancrer plus fermement dans la Toile Mystique qu’à leur habitude. Le Vitaliste Lëandrin te guide à travers les Flux, et t’offre de les caresser de la même manière que lui, avec la patience caractéristique des Académiciens, quand toi, tu t’offres à lui en tant qu’immuable pilier, imperturbable devant les turbulences des Flux. Vous cherchez ensemble une logique dans les formes, dans les sensations communiquées par la Toile. Vous cherchez là où l’ordre naturel a été manipulé, là où des signatures ont été ancrées, les marques d’une transmutation.
Vous ouvrez les yeux. Les volutes de l’énergie primale que vous avez déplacé retombent autour de vous comme autant de plumes d’une lumière qui n’éclaire pas. Un froncement concerné se dessine sur vos sourcils. Vous vous regardez, et comprenez avoir vu la même chose. La Trame a été infligée d’une marque que vous pensez reconnaître, car elle ressemble de près – ses titanesques dimensions exceptées - à celles qu’appose votre
Art. L’Académicien griffonne rapidement un message, qu’il confie à votre faucon, qui lui s’envole vers l’Ouest sans tarder. Et alors que le reste de votre groupe vous regarde d’un œil inquisiteur, tu finis par cracher le morceau.
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Il faut prévenir les Berceurs. On a un problème de Nécromancie.