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Suite directe de Ce rp

A l'aube, Soieries

-Viliam !*

Dans l'aube qui pointait doucement sur les soieries, le bandit courait à travers les ruelles, ne prenant même pas la peine de se cacher. Mais soudain le sifflement qui avait retentit l’avait figé. Devant lui venait de débouler son meilleur ami, autant en panique que lui.

-Vil’, je te cherche depuis des heures! Tu étais censé être revenu depuis la moitié de la nuit !*
-Je sais je sais…J’ai eu…Des soucis.*

Le blond s’approcha de son meilleur ami, et rapidement il remarqua son air bouleversé, entre colère et profonde peine. Automatiquement il s'inquiéta d'autant plus.

-Ton message disait que tu ramenais des fugitifs au passage du pont… ?*

-Ils les ont laissés au Guet, Ren. Le bandit répondit en abandonnant leurs sifflement, la gorge nouée. Zaahrian est apparemment blessé, alors son salopard d’ami les as balancés dehors, et comme si ça suffisait pas il les a livrés aux gardes. 15 personnes ! Des gosses , et une femme enceinte.

Ren eut l’air choqué, puis, comme se résignant il posa sa main sur l’épaule de son camarade. L'autre baissa le nez vers le sol, serrant les dents pour contenir le dégout et la rage d'avoir ainsi été dupé.

-C’est pas ta faute.
-J’aurais pas dû leur faire confiance.

-Non. T’aurais pas dû. Mais maintenant on s’en fout d’eux. Faut qu’on se tire d’ici le guet rode encore.

Ren fit mine d’entrainer Viliam avec lui, mais à peine avait-t-il rejoint une rue un peu plus en retrait que ce dernier tira sur le poignet qu’il lui avait saisi et se dégagea de sa prise.

-Je peux pas les laisser. On doit pouvoir encore agir.

L’autre soupira, alors que le premier soutenait son regard sans flancher. Cela dura quelques secondes avant que l’ancien marchand ne cède dans un soupir.

-Vil' bon sang...Un nouveau silence.Bon très bien. C’est quoi ton plan ?

*Langage Sifflé

-Tu les vois ?
-Non pas encore.

Les deux bandits couraient discrètement sur les toits en remontant le chemin que venait de prendre Viliam, direction la demeure de l’assassin puis du quartier général du guet. Il fallait rattraper ce qui devait être devenu un cortège peu discret et lent. Il était encore temps d'inverser la catastrophe avant que les prisonniers ne soient transférés aux prisons ou rendus à leurs maitres.

-Ren attend ! En bas.

Viliam se stoppa brusquement et désigna une petite forme au beau milieu d’une ruelle en contrebas. Sans attendre de réaction de la part de son ami, il sauta sur un toit un peu plus bas, se laissa glisser sur une corniche avant de terminer devant le jeune homme recroquevillé sur le sol.

-Obwin…

Avec douceur, il s’agenouilla devant l’autoproclamé chef du groupe des esclave d’Aruj. Il n’était pas mort, mais le bandit en avait vu trop pour se tromper. Le petit blond avait reçu tellement de coups qu’il expirait certainement ses derniers instants. Son visage était dores et déja bleui et boursouflé, ses membres semblaient cassés. Cependant lorsque Viliam posa une main douce sur son épaule, il ouvrit son unique œil valide, crachotant avec difficulté.

Reconnaissant probablement celui qui se penchait vers lui, il s’agita avec douleur et tendit le bout de ses doigts que Viliam saisit.

-Hé…Doucement gamin ça va aller…Souffla-t-il.

-N-N-Non. Essayait-il de pleurer. Les au- au-tres….Tous jetés. Le guet était là…J’ai voulu les défendre. J’ai pas pu...

-Je sais. Le coupa-t-il avant de venir passer une main dans ses cheveux blonds, le serrant presque dans ses bras. Sa voix se voulait calme. Je sais…Je suis désolé.

Dans son dos il entendit Ren les rejoindre. Quelque part, même s’il resta en retrait, cela redonna un peu de courage au chef de l’Aile Blanche qui se permit un sourire rassurant, refoulant ses propres émotions pour les derniers instants du garçon.

-On va les retrouver. Je te le promets.

Il sembla qu’un sourire se dessina sur le visage tuméfié du gosse qui lui faisait confiance. Viliam se demanda un instant quel âge il avait réellement. Il semblait au début de l'âge adulte à peine. Un gamin qui s'il disait être prêt à mourir pour sa cause, ne l'avait certainement jamais ni côtoyé ni vraiment envisagé avant ces instant terribles. Un enfant de plus massacré pour rien...
Et puis ce dernier toussa, et interrompis les pensées amère du bandit. Lentement, son souffle le quitta, comme s'il n'avait attendu que cette dernière promesse. Lorsque ce fut finit, Viliam ferma les yeux, et ne bougea pas durant de longues secondes. Il avait envie de hurler. Il serra les dents à s'en faire mal, refusant de céder.

-On va les retrouver.

Son meilleur ami se permit enfin d’approcher, s’agenouillant près de lui. Leur lien était assez fort pour que Ren n’ai besoin que d’un regard pour comprendre ce qui secouait son compagnon. Même si lui n'avait pas connu l'esclave, la situation le touchait profondément bien entendu. Leur cause était commune et l'ancien marchand avait été le premier à porter les valeurs du combat de leur vie. Malgré tout, il n'était pas son ami, et il connaissait suffisamment bien l'histoire de ce dernier malgré les flous de toujours pour comprendre a quel point il en souffrait personnellement. Mais Ren savait aussi qu’il n’y avait plus rien à dire. Alors, l’espace d’une minute, il le laissa à sa peine, le laissant pleurer devant ce gamin quasi anonyme, dont le nom serait oublié de presque tous, se contentant d'être une présence pour son meilleur ami. Une minute passa avant qu'il ne se décide finalement de l’en tirer sachant aussi à quel point il était dangereux de le laisser plonger dans ce genre d'abysses. Il se releva, gardant le bout de ses doigt sur l'épaule du semi elfe et fixa devant eux.

-On doit repartir Vil'. On peut encore sauver les autres.

Leur chemin continua dans un silence de plomb. Viliam avait voulu au moins laisser le corps de l’esclave dans un endroit un peu moins exposé et dans une posture un peu plus descente. Ce n’était pas grand-chose, bien loin des derniers sacrements qu’il considérait comme dûs à tous, mais il y avait tenu malgré tout. Ren l’y avait aidé et ils s’étaient ensuite relancés sur leur piste.

Plus loin il y avait quelques traces de lutte, du sang au sol, quelques objets dispersés et brisés dans un combat ou une fuite inégale, mais personne. Ni esclaves, ni gardes. Alors, encore, ils continuèrent.

Finalement, ils avaient dépassé la maison de Zaahrian depuis bien dix minutes lorsqu’ils finirent par trouver le maudit convoi en contrebas des toits plats sur lequel ils s’étaient de nouveau dissimulés.
Deux chevaux étaient guidés par des soldat du guet. Sur leur dos étaient étendus des corps dont les deux bandits ne pouvaient déterminer avec précision l’identité ni s’ils étaient en vie ou non. Derrière étaient enchainés cinq autres esclaves, certains tirés de la maison d’Aruj, d’autre déjà en fuite avant. Le reste semblait s’être volatilisés.

-Et maintenant ?
-Il te reste des grenades au poivre ?
-Hm…Ren fouilla dans sa sacoche. Une seule.

Mais alors qu’il cherchait dans son sac, Viliam remarqua qu’en contrebas, une des fugitives l’avait remarqué et le fixait. C’était la femme enceinte, Cora,  aux coté de sa sœur qui elle avait l’air toujours aussi terrorisée.
Comme si leur échange soudain de regard fut un signal muet, elle se plia brusquement en deux et hurla, mains sur son ventre. Immédiatement, les quelques soldat tournèrent leur attention sur elle.

-Merde ! Viens faut qu’on en profite !

Aussitôt, il s'était élancé vers le petit groupe soudain en proie au chaos et comme toujours son ami avait suivit.

Alors que deux des gardes se penchaient vers la jeune femme qui criait encore, l’air absolument dépassés par les évènements, les deux autres montaient quand même vaguement la garde. Pourtant, leur cris d’alerte résonna bien trop tard lorsque l’un fut percuté par un grand homme blond, et que l’autre se retrouva à parer des coups de rapières enragés.

Parmi les fugitifs, certains ne comprenaient pas et effrayés ils tentèrent de reculer. Pourtant, lorsque le premier de leur tortionnaire tomba au sol, ce fut l’étincelle qui embrassa leur colère.

Dans le même temps, l’esclave enceinte releva son regard vers le premier homme qui se penchait vers elle et qui avait à peine eut le temps de réagir. Sèchement elle leva brutalement ses mains liées entre elles et planta la pointe de ses fers dans le cou du soldat surpris. Il s'éttoufa bien vite dans son propre sang tandis que la sœur de l'esclave hurla à ses côtés. Cela n’empêcha pas leur dernier compagnon d’infortune de s’en mêler aussi, cherchant à faire pression sur ses propres liens pour les briser.

Le dernier des soldats ne prit même pas la peine de se battre devant cette fureur commune. Il se savait dépassé. A peine fut-il de nouveau sur ses jambes qu’il partit en courant, soufflant dans une corne qui dû bien réveiller toute les soieries.

-Il faut partir maintenant ! lança alors Viliam sachant qu'il ne s'agissait là que d'un très maigre répit.

Il jeta un regard aux chevaux et aux corps entassés sur leur croupe, posant une main sur la bride de l’un d’entre eux mais Cora l’en détourna.

-Il sont déja morts. Fit-elle sèchement. Libérez-nous et partons.

Mais à peine les deux femmes eurent-elle les poignets libres, que la première poussa son sauveur, prit la main de la seconde et fit mine de s’enfuir sans un seul regard en arrière. Nina eut bien l'air de protester mais sa sœur ne lui laissa aucune chance de se dégager de sa prise.

-Hé… ! Voulu la retenir son ancien camarade, vite empêché par une main de Ren sur son épaule.
-Laisse les. Elles ont choisi leur chemin.

-Si ce que vous avez dit est vrai tout à l’heure. Intervint le plus vieux des esclaves, qui retenait avec peine son malaise. Viliam l'identifia rapidement. C’était l’homme à l'âge avancé et aux mains tordues qui se trouvait lui aussi dans la maison de Zaahrian quelques heures plus tôt. Alors vous deux vous savez où on peut se cacher. Ayez pitié de nous.

Au loin résonnaient déjà le son de militaires se précipitant vers le maigre groupe de fuyard, alors ils ne tardèrent plus. Tout au plus prirent-ils le temps de décharger les cadavres de leur compagnon avant d’aider les esclaves à monter chacun sur un cheval. Ceux qui étaient déjà morts ne purent avoir droit à une sépulture digne à l'instar de leur ami qui avait donné sa vie pour ralentir le guet. Cependant, sur le mur contre lequel ils étaient tout les cinq proprement allongés, une craie était à la va-vite venu graver les mots « Thaar n’oubliera pas. », aux côtés d’une aile de colombe dessinée d’un seul geste.

Quand la garde arriva devant le spectacle macabre, il n’y avait déjà plus personne et les sons des sabots ne résonnaient déjà plus sur le pavé souillé des raffinées soieries. Au matin, les murmures quand à la terrible tuerie, doublée d'une tentative d'assassinat d'un bourgeois honnête allaient bon train.

Certain tremblaient, d'autre jubilaient. Pour l'Aile Blanche, c'était une bien amère victoire qu'on se garda bien de véritablement savourer.