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 Gautier de Vendeuvre

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Gautier de Vendeuvre
Humain
Gautier de Vendeuvre


Nombre de messages : 18
Âge : 29
Date d'inscription : 04/06/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  38 ans
Taille
: 1m78
Niveau Magique : Non-Initié.
Gautier de Vendeuvre Empty
MessageSujet: Gautier de Vendeuvre   Gautier de Vendeuvre I_icon_minitimeDim 4 Juin 2023 - 12:41


Identité
Nom/Prénom : Gautier de Vendeuvre
Âge/Date de naissance : 38 ans, né le sixième jour de la deuxième ennéade du mois de Verimios, 981:X
Sexe : Masculin
Race : Humain
Faction : Péninsule
Langue parlée : Péninsulaire
Alignement : Loyal bon
Liens notables :
Aléric (futur pj)
Mathilde de Dacune (épouse, PNJ)
Valeran de Vendeuvre (Fils, PNJ)
Sybille de Vendeuvre (Fille, PNJ)

Particularité :
La première chose que l’on aperçoit sur Gautier est sans conteste sa mèche d’un blanc d’albâtre, reliquat d’un temps troublé et difficile. L’on loue aussi souvent ses yeux clairs, dont la couleur non-homogène n’est pas si habituelle.

Métier : Seigneur de Vendeuvre
Classe d'arme : Corps-à-corps, Gautier est particulièrement doué avec une lance de cavalerie ou son épée bâtarde autant maniée à deux mains qu’avec un écu. Il n’hésite pas à se lancer dans une lutte pour laquelle il est entraîné si la situation le demande. Il est aussi formé à la masse et la hache, mais est bien moins habitué à ces armes.


Héraldique:

Possessions & Equipements :

Gautier possède peu de bijoux, mais leur apporte une grande valeur. Ils se comptent au nombre de trois. Tout d’abord, le seigneur de Vendeuvre porte une chevalière d’or creusée de ses héraldiques à l’annulaire de sa main gauche, symbole de son règne et de sa famille. Ensuite, l’annulaire de sa main droite arbore un second anneau, simple jonc d’agent gravé d’une branche feuillue de lierre. Ce jonc est très cher à son cœur et Gautier en prend un soin particulier. Enfin, il porte le jumeau de cet anneau autour de son cou, accroché à une chaînette d’argent. Il conserve ce collier sous ses habits, en général, car il a une valeur sentimentale très importante, dernier souvenir de celle qui fut le plus cher à son cœur.

Si les lances de cavalerie se brisent régulièrement et ne peuvent être compté comme possession propre, deux autres armes restent toujours en possession de Gautier. Il porte toujours sa grande épée bâtarde, dont la lame mesure environ un mètre, sur son flanc gauche, ainsi qu’une miséricorde effilée à sa ceinture.

Lorsqu’il part se battre, Gautier enfile toujours son solide harnois de plaque. Cette armure a connu de nombreuses escarmouches et l’a protégé à de mainte reprise, mais il en prend un soin particulier et sa solidité est encore à toute épreuve. Puisqu’il est couvert de la tête au pied par cette armure, il se distingue sur le champ de bataille par la cape aux couleurs de sa maison sur son dos, accrochée au niveau de son épaule gauche.


Apparence :
  • Taille : 1m78
  • Couleur des yeux : Bleu-vert, ses yeux ont un anneau bleu plus foncé sur le pourtour de l’iris et un autre anneau qui tend vers le marron très pâle sur le pourtour de ses pupilles.
  • Couleur des cheveux/pilosité : Autrefois noirs, maintenant, grisonnants, avec une mèche complètement blanche.


Gautier est un homme grand, pour son peuple. Du haut de son mètre soixante-dix-sept, il domine la plupart de ses gens. Et son physique appuie sa taille, renforçant l’image de solidité et de puissance de l’homme. Ses épaules sont larges, ses jambes et ses bras sont musclés et, malgré un petit ventre apparaissant avec l’avancé de son âge, il reste plutôt svelte. Plus qu’une force brute, le seigneur donne une image de solidité et d’endurance, et bien fou serait celui qui sous-estimerait sa vigueur alors qu’il approche de sa quatrième décennie, puisqu’il est coutumier des longues chevauchées de plusieurs heures tout en portant son armure d’acier.

Gautier a un port fier et noble, une position que son père lui a appris à garder en toute circonstance. Même face à la mort, un Vendeuvre ne doit jamais flancher, disait celui-ci. Ses pas sont longs et rapides et son dos est droit, lui donnant une démarche raide pour certains, noble pour d’autres. Alors qu’il se déplace, le seigneur de Vendeuvre parait souvent particulièrement attentif. Son regard inquisiteur tend à fouiller autour de lui. Si certains associent cela à sa curiosité naturelle, pour beaucoup, c’est un signe de la méfiance d’un homme qui connut la traîtrise de bien trop près.

Le visage de Gautier est loin d’être laid. Ses cheveux grisonnants sont coiffés en arrière et rehaussés d’une large mèche apparue après un choc moral particulièrement violent, dans son adolescence. Son visage ovale à la peau claire porte des lèvres fines, un nez droit et un regard acéré, parfois inquisiteur. Les yeux du seigneur sont souvent remarqués : d’un bleu tirant sur le vert, ils n’ont pas une couleur homogène. Au bord de ses pupilles, ils prennent une teinte d’un marron pâle, tandis qu’ils deviennent bleu foncé sur le pourtour de ses iris. Gautier maintient une barbe qu’il taille à un peu moins d’un centimètre. Avec les années, des rides sont apparues sur le personnage, sous la forme de pattes d’oie et de sillons sur son front, ainsi que des traits plus marqués partant de son nez vers sa mâchoire.

S’il n’est pas rencontré en campagne, alors qu’il chevauche pour défendre sa frontière des raides, Gautier portera souvent le même genre d’habit, préférant dépenser l’or de ses terres pour leur défense et leu développement plutôt que pour son propre faste. On trouve donc le seigneur portant une tunique bleu foncé aux manches blanches, légèrement bouffantes. Cette tunique lui descente jusqu’au genou et se sépare en quatre pans après sa ceinture de cuir, dont la longue extrémité lui arrive un peu au-dessus de la naissance du genou. Les bordures de cette tunique sont de couleur blanche, rappelant ses héraldiques, et trois quintefeuilles dorées au-dessus de deux branches de chêne vert sont brodées sur sa poitrine. La tenue de Gautier se continue avec des brais noirs, plutôt ajustées et des bottes de cuir solides. Enfin, il porte une cape bleue aux bordures blanches sur son dos, maintenue au niveau de sa clavicule par une chaîne dorée accrochée à une quintefeuille d’or à chacune de ses extrémités, qu’il troque pour une cape plus sombre et attachée à son épaule droite par une seule quintefeuille lorsqu’il voyage en civil. Finalement, lorsque le temps se fait froid et que la neige recouvre les terres, Gautier change sa cape en un lourd garde-corps bleu foncé dont les épaules sont renforcées avec de la fourrure et rajoute des gants de cuir à sa tenue.

La plupart du temps, le seigneur de Vendeuvre arbore une expression ferme, décidée, presque dure. Pourtant, à la suite des événements récents qui se sont enchaînés à bien trop vive allure, un certain désarroi peut se lire sur l’homme, lorsqu’il n’y prend pas garde. Lorsque l’on surprend l’homme avec ses véritables proches, bien peu nombreux, on peut apercevoir son visage s’éclaircir d’une expression douce et chaleureuse, et son regard, s’illuminer d’une joie qu’on ne lui imagine guère.


Personnalité :

Gautier est réfléchi, patient et calme. Dans sa jeunesse, il était plutôt réservé, mais, au vu de son rang, on lui a appris très tôt à vivre sur le devant de la scène et à se montrer sous son meilleur jour. Si l’homme tient parfaitement des discussions avec ses semblables aujourd’hui, et présente bien tant à son peuple qu’à ses soldats, il ne fait que peu de véritables liens d’amitié. De fait, il a même beaucoup de mal à accorder sa confiance, seuls quelques élus l’ont reçu. Et, dernièrement, la liste de ces élus a eu tendance à fondre comme neige au soleil…

De par une combinaison entre son histoire personnelle et son caractère naturel, Gautier parait comme quelqu’un de terne et morne pour beaucoup de nobles. Il n’apprécie guère les réjouissances et n’en organise ou n’y participe presque jamais (et encore moins des banquets). En vérité, ce qu’il apprécie réellement est d’apprendre et de comprendre. Dès son plus jeune âge, sa curiosité naturelle et son esprit vif lui ont fait développer un amour pour les lettres, qu’il partage avec sa dame, bien qu’il n’ait que peu de temps pour les étudier. Le noble garde tout de même une relation épistolaire avec les milieux intellectuels de Serramire depuis ses seize ans.

Pourtant, s’il y a bien des mots que l’on pourrait utiliser pour décrire le seigneur de Vendeuvre, ils seraient honnêteté, loyauté, justice et devoir. L’homme déteste les messes basses, les entourloupes, les mensonges et les complots. Ces choses-là ont failli détruire sa famille et son domaine, et jamais il ne l’oubliera. Dès sa plus jeune enfance, un important sens du devoir a été inculqué au jeune noble, et c’est ce même sens du devoir qui guidera maintes de ses actions. Toute sa vie, il fut répété à Gautier que sa noble naissance n’était pas plus un privilège qu’une chaîne de devoir envers sa famille, envers son seigneur lige, envers ses terres et, plus encore, envers son peuple.

Malgré les nombreuses chevauchées que doit organiser le seigneur de Vendeuvre, il n’aime pas vraiment se battre. Chaque coup mortel n’est qu’une vie gâchée, chaque vie s’éteignant n’est que des tourments supplémentaires pour les proches du mourant. Pourtant, encore une fois, c’est son sens du devoir qui l’oblige à s’entraîner très régulièrement. Le sang de sa lignée est le mur de ses terres, et il doit le rester, quoi que son cœur désire. Néanmoins, lorsqu’il doit chasser des pillards qui s’en prennent à ses terres, Gautier cherche d’abord à jouer sur sa position et sur les menaces que représentent ses hommes pour faire reculer ses adversaires, et ne lance l’assaut qu’en dernier recours. Jamais il n’a eu l’idée de se lancer dans des expéditions punitives dans les Wandres.

Enfin, peu de choses peuvent être dites sur la relation qu’entretient le dirigeant de Vendeuvre avec la religion. Il n’est ni particulièrement zélé, ni incroyant. Gautier participe aux offices comme son rang le lui ordonne et respecte les divinités comme le clergé, tout en appréciant écouter, de temps à autre, des débats lancés sur n’importe quel sujet religieux, bien qu’il soit loin de bien les maitriser. Les débats entre clergés de Néera et d’Othar l’ont néanmoins toujours attiré, puisque ceux-ci sont la parfaite représentation de ses questionnements internes. Lui, qui s’identifiait plus aux Neuf enseignements de Néera avait le devoir de s’en éloigner pour suivre la voie d’Othar. Très récemment, Gautier a développé une forme de réserve, une espèce de colère sourde, envers Tyra et son clergé. Il ne la laisse pas s’exprimer et l’enferme au fond de son cœur, mais la maladie, la folie, la mort et la souffrance qui sont tombés sur ses proches dans les deux dernières années ont laissés une plaie béante dans son acceptation de la déesse de la mort.  

Capacités magiques :

Aucune. Gautier n’a jamais eu la moindre sensibilité magique. Comme beaucoup de ses pairs, il se méfie de cette force imprévisible. Mais puisqu’il s’agit d’un grand mystère naturel, il reste très intrigué sur cet art. Le seigneur ressent donc une forme d’attraction/répulsion pour la magie, mais il n’a jamais vraiment pu approfondir le sujet puisqu’on ne connaît pas de pratiquant officiel sur ses terres.

Histoire

Il faisait nuit. Seuls quelques rapaces nocturnes survolaient la forteresse constellée de torches mouvantes, perchée sur une colline qui dominait le bourg de Vendeuvre. Les hommes d’armes sur les chemins de ronde auraient juré que même les insectes retenaient leur souffle. Car le travail avait commencé avant que le nouveau jour ne naisse dans les ténèbres, et les heures s’étiraient maintenant en une éternité. Mais, enfin, les têtes se levèrent et les yeux s’ouvrirent dans les chaumières, car le grand beffroi fit sonner le la et le fa de ses deux cloches aux plus hautes octaves. En ce tout début du sixième jour de la deuxième ennéade du mois de Verimios, en cette année 981ème année du Xème cycle, l’héritier des Vendeuvre était né.

Vendeuvre. Une seigneurie respectable, au nord de Serramire, née du bourg éponyme vieux de moins d’un demi-millénaire. Elle s’étendait sur une bande de terre partant des collines boisées du nord du marquisat jusqu’au massif du Sigolsheim. Les terres de Haahardt, voisine du fief de Vendeuvre et partageant la frontière des Wandres, étaient une amie de longue date, et un mariage récent avait renforcé glacis protecteur couvrant la trouée entre le massif du Sigolsheim et les Hortles constitué de l’ancienne Haahardt et la petite châtellenie née d’un village minier construit aux abords d’un filon de fer, dont le minerai est reconnu de très bonne qualité. C’était de ces dernières terres que Gautier de Vendeuvre, premier fils de Béranger de Vendeuvre et d’Amélie d’Haahardt serait l’héritier. De l’union de Béranger et d’Amélie, deux autres filles naîtront, Béatrice et Hildegarde, l’une, de trois ans l’ainée de Gautier et l’autre, de quatre sa cadette.

Ceux qui se souvenaient des temps précédant le règne de Gautier en parlaient comme une période bénie de la Damedieu, de croissance et de stabilité. Pour sûr, les frontières avec les Wandres avaient toujours été le théâtre de bon nombre d’accrochages, mais ceux-là étaient vite oubliés par le développement économique du bourg de Vendeuvre, avec l’installation progressive d’un bon nombre de forgerons, profitant ainsi de la proximité du minerai de fer et du charbon produit facilement dans les forêts proches. C’était à cette époque que l’acier produit dans la seigneurie pris les mêmes lettres de noblesse que son fer. Évidemment, il était loin de rivaliser avec celui des plus grands artisans du royaume, et encore moins avec ceux des elfes ou des nains, et sa réputation restait localiser aux terres directes de Serramire. Cela n’empêchait pas le fief de Vendeuvre de s’enrichir par les commandes des chevaliers et de la petite noblesse de la région, friand de la robustesse de l’acier vendeuvrien. Ce succès expliquait en partie la croissance du bourg, qui dépassait déjà bien les 3000 habitants avant que son dernier seigneur en date n’y prenne le pouvoir, chiffre s’approchant désormais des 4000 souffles.

Mais même les temps les plus fastes finissent un jour, quand bien même un enfant ne s’y attendrait pas. Et, pour de longues années, la noble lignée de Vendeuvre sera épargnée. De la période antérieure à ses six ans, Gautier ne gardait que peu de souvenirs. Plutôt des impressions, des images floues, celle d’une enfance cajolée au côté de sa grande sœur. L’image de son père restait distante, mais sa mère était, elle, bien présente, malgré la nourrice qui passait du temps à s’occuper de lui. Dès ce temps reculé, l’enfant avait été reconnu comme calme et vif d’esprit. Il était d’ores et déjà curieux, observant avidement son entourage et testant bien des choses - au grand damne de ceux qui devaient le surveiller, alors qu’il avait un véritable talent pour se faire oublier -. Mais le véritable début de ce qui construira le futur seigneur se trouve vers ses sept ans, alors qu’arrivait au château messire Adalbert, chevalier adoubé par Béranger de Vendeuvre, avec sa fille, Adélaïde.

Cet ancien homme d’armes, fidèle parmi les fidèle, véritable force de la nature, courageux sans pour autant manquer de bon sens, n’avait pas de nobles origines. Dans la cour, l’on racontait qu’il avait été fait chevalier quand il sauva la vie du père de Gautier, lors d’une escarmouche malheureuse avec des pillards venant des Wandres. S’étant laissé surprendre, Béranger n’avait pu se maintenir sur sa monture et s’était retrouvé à terre, pris à partie par pas moins de cinq combattant. Celui qui n’était alors qu’un simple homme d’armes se serait alors précipité pour sauver son seigneur, se jetant dans une mêlée furieuse en faisant fi de la flèche qui était venue se planter dans sa cuisse. Rageusement, le puissant soldat aurait maintenu ses adversaires à distance, réussissant même à en tuer un et à en blesser un autre. Rapidement, d’autres troupiers purent rejoindre le seigneur blessé, et les wandrais furent repoussés. Ce qui tenait de la légende embellie ou de la réalité, cela, Gautier l’ignore encore, car même Adalbert avait toujours refusé de raconter son fait d’armes. La seule réponse que n’eut jamais le jeune homme, et qu’il ne comprit pleinement que bien plus tard, fut « Un fait d’armes n’est rien d’autre que la mort d’un être humain. Il n’y a rien de beau à raconter, dans cela. ».

Peut-être était-ce finalement cette forme de sagesse, ce sens commun, combiné avec l’extrême fidélité de l’homme qui avait plu à Béranger. Et bien que certains biens nés dans le fort de Vendeuvre n’avaient pas manqué d’ostensiblement exagérer les « messire de Vézillon » de manière ironique, donnant au nouveau venu le nom d’un petit village proche qui n’avait, pour beaucoup, que d’intérêt pour le fromage coulant fait à partir de lait de vache qui était produit, Adalbert gagna rapidement le respect de la majorité des résidents. Fort et vigoureux, l’on disait que nul ne pouvait imaginer faire du mal au seigneur de Vendeuvre en sa présence. Mais, de l’installation de ce nouveau chevalier, Gautier retint une chose bien différente, car c’était lors de cette année qu’il rencontra sa fille, compagne qui ne l’abandonnera jamais, tant dans ses détresses que dans son cœur.

Tandis que l’héritier des Vendeuvre n’avait entamé sa sixième année que depuis quelques ennéades, il lui avait déjà été demandé de commencer un véritable tutorat, qu’il suivrait au côté de sa sœur aînée, Béatrice, quelques années en avance sur lui. Ce fut avec un vieux prêtre, Jean « l’ancien », homme sévère et strict, mais intelligent et cultivé, que l’enfant commença alors son apprentissage de la lecture et de l’écriture, mais aussi de l’histoire, des lettres et de la philosophie naturelle et métaphysique. C’était à cette époque que les divinités Pentiennes devinrent plus tangibles pour l’enfant. Elles n’étaient plus ces grands noms lancés pendant de longs sermons, alors qu’il participait aux offices du temple local avec ses parents, mais prenait une réalité ancrée dans l’histoire. Les enseignements de la DameDieu, ses valeurs fondatrices de la Péninsule et ciment de la société étaient un point central de l’apprentissage du vieux Jean. Si Neera avait la part belle, la cosmogonie n’était pas pour autant survolée, et tant le valeureux Othar, trahi par sa sœur Tyra que le perfide Arcam dont il fallait toujours se méfier étaient étudiés. De ces années d’études, Jean fit de Gautier, à premier abord, un fidèle Péninsulaire tout à fait dans les normes.

En réalité, après seulement quelques jours, il s’avéra qu’il était particulièrement friand d’apprendre, et ses incessantes questions finissaient invariablement par se heurter aux limites de son tuteur, qui, malgré ses années, n’en restait pas moins un intellectuel éloigné des grands centres culturels où pouvaient se nourrir de véritables discussions érudites. Mais, même lorsqu’une leçon était terminée, c’était rarement la fin de la journée pour l’apprenant, qui était alors envoyé à son père afin de se forer en sa présence sur son futur rôle de dirigeant. Un tel traitement, s’il ne manquait pas de fatiguer le jeune Gautier, attisait aussi une forme de rivalité avec son ainée, nourrissant une forme de jalousie devant l’injustice de la préférence paternelle pour l’éducation de son héritier. Rivalité peut-être aussi nourrie par l’ambition qui caractérisait la jeune fille.

Aussi, bien qu’appréciant se plonger dans les chroniques et les manuscrits des savants de la Péninsule que possédait le temple local, l’apprentissage n’en restait pas moins éreintant et stressant de par l’ambiance générale. Alors, un matin, tandis qu’il avait commencé ses leçons depuis bien un an, Gautier fit l’un de ses rares actes de désobéissance. Fatigué des remarques de sa sœur et de la dureté de son percepteur, il avait décidé de se promener dans un jardin de la citadelle. Ce fut ici qu’il croisa le chemin d’une petite fille rousse aux yeux vert, accroupie au sol, devant un cercle de terre. Intrigué, il s’était avancé. La fillette, d’approximativement son âge, jouait avec des billes de terre cuites, essayant de les poussées dans un creux creusé dans la terre. Elle lança un regard au nouveau venu, mais, silencieusement, continua son œuvre. Ce ne fut qu’après une poignée de secondes qu’elle s’arrêta, en plongeant ses grands yeux verts dans ceux de Gautier.

- Je peux te prêter des billes, si tu veux jouer, tu sais ! Déclara-t-elle enjouée.

Gautier était un peu pris au dépourvu. Il semblerait que la petite fille ne sût pas qui il était. Et pour cause, il n’apprendrait que plus tard qu’il s’agissait de la fille d’Adalbert, arrivée depuis peu dans le bourg, et qui devait à la fois gérer la séparation de ses compagnons de jeu et un nouvel environnement qui lui était complétement inconnu, celui des cours et de la noblesse. Certains auraient pris ombrage à ce manquement à l’étiquette, mais le Vendeuvre était trop jeune et avait trop besoin de s’évader pour refuser. Et, finalement, être traité comme un simple enfant, là où tous lui demandaient toujours tant, toujours plus, lui apportait un véritable vent de fraîcheur. Il attrapa alors les billes que tendait sa nouvelle adversaire, et s’accroupit à côté d’elle.

- Tu dois les envoyer dans le trou, c’est ça ? Répondit alors le jeune seigneur incognito. La petite fille hocha la tête pendant que d’un tir habile, la bille s’arrêta juste à côté de son objectif.

L’enfant eut une petite exclamation de victoire, mais son adversaire ne se laissa pas abattre. Le jeu dura encore, entre exclamations et souffle de dépit. Mais alors que les billes s’épuisaient, Gautier se releva, un air inquiet. Il avait entendu des bruits de pas venant, et redoutait qu’on soit à sa recherche.

- Tu t’es attiré des ennuis ? Viens, j’ai trouvé un endroit où ils ne viendront jamais ! S’exclama alors la fillette, tout excitée par l’action à venir.

Gautier acquiesça et les deux enfants coururent dans le jardin, jusqu’à un mur recouvert de lierre. Ils grimpèrent alors jusqu’à une toiture recouverte de tuile, et qui n’avait qu’une pente douce. Ils s’assirent ici, se reposant une poignée de secondes en regardant passer un serviteur qui grommelait dans sa barbe. Quand il fut passé, Gautier éclata de rire. Il était si jeune, mais il avait si peu eu l’occasion de s’amuser de la sorte !

- Au fait, tu t’appelles comment ? Demanda-t-il alors.
- Adélaïde, et toi ?
- Gautier, répondit-il après une petite hésitation, sans préciser son nom.

Pendant ce qui lui sembla plusieurs heures, les deux enfants parlèrent de tout et de rien. Pourtant, le jeune Vendeuvre savait qu’il devait mettre un terme à cette rencontre, car le temps s’écoulait et les réprimandes promettaient d’être sévères.

- Demain, un peu avant le coucher du soleil, je reviendrais ici. Tu voudrais jouer avec moi ? Demanda-t-il tout en jetant une bille en direction d’un puits, petit jeu que les comparses avaient commencé quelques minutes auparavant.
- Si tu n’as pas peur d'encore perdre, je serai là ! Répondit Adélaïde alors que sa bille tombait au milieu du puits dans un petit « plouf ».
- J’ai pas perdu ! On n’a pas fini la partie !
- Tu as abandonné, dit la petite rousse en riant.
- Tu verras bien, si tu l’oses, demain… Finit Gautier, mi-figue mi-raisin.

Il vint alors l’heure pour les deux enfants de se séparer. Gautier reçut une sévère correction pour son escapade, mais jamais il ne la regretterait. Et, elle ne l’empêcha pas de retrouver sa nouvelle amie plus tard, et de profiter encore de longs jeux, périodes d’évasion et de paix dans un quotidien trop chargé pour un enfant. Adélaïde avait bien vite compris qui le jeune garçon représentait. Et si, les fois suivantes, elle s’était montrée plus distante qu’au premier jour, cela ne dura pas. Gautier pouvait se défouler, s’amuser pleinement pendant ces rencontres, et lui-même poussa Adélaïde à le traiter comme un égal. Les deux enfants étaient simplement assez malins pour reprendre leurs rôles respectifs en présence des adultes du château.

Cinq années s’écoulèrent de la sorte, riches en de nombreux enseignements, et égayées par la création d’une amitié solide. Des années pendant lesquelles Gautier nourri son amour du savoir, pendant lesquelles il fut de bien nombreuses fois aperçues à se rendre au temple pour simplement discuter avec les lettrés, ou écouter leur débat et les difficiles tentatives d’interprétation de là où devait s’arrêter la paix de Néera et là où la haine d’othar devenait salutaire. Mais les lettres ne suffisaient pas à faire un seigneur, surtout un seigneur de Vendeuvre. Béranger jugea que son fils était mûr pour apprendre les armes à ses douze ans. Une nouvelle tâche qui viendrait remplir les journées du jeune seigneur. Une tâche qui fut confiée au valeureux Adalbert, reconnu particulièrement compétant, ce qui ne pouvait que convenir à Gautier, pouvant alors justifier plus facilement de retrouver Adélaïde.

Pourtant, une nouvelle rencontre inattendue allait changer le quotidien du jeune héritier. Car Adalbert avait eu à cœur de laisser un héritage. Et, si sa fille n’avait aucun espoir de rejoindre ce monde cloisonné de noblesse, il pouvait tout de même laisser son enseignement et sa forme de sagesse à un élève. Aussi s’était-il cherché un futur écuyer parmi les pages de la cour, et son dévolu s’était posé sur un jeune homme bien trop souvent dénigré à son goût. Aléric, comme il se nommait, était un fils bâtard d’un noble local. Même légitimé, il n’en restait pas moins la cible de quolibets de la part des autres pages, et certains le considéraient encore comme une version inférieure au noble. Pourtant, Adalbert avait vu en lui un enfant vif et robuste, et avait décidé de le prendre sous son aile. Il était encore particulièrement jeune, à peine dix ans, mais l’enfant semblait déjà solide. Et, malgré son âge, le chevalier roturier avait décidé de commencer à lui enseigner les armes.

Ainsi, ce ne fut pas seul que Gautier commença la pratique du combat. Et il en tira le plus grand bien, car le soutien d’une tierce personne dans les exercices forgeant sa force et sa vigueur ne faisait qu’améliorer ses performances. Une forme de fraternité se développa rapidement entre les deux garçons, basée sur le partage des mêmes épreuves. Peut-être était-ce là même un objectif du seigneur de Vendeuvre et de son chevalier ? Former une amitié suffisamment forte entre le futur messire et un chevalier qui pourrait veiller comme le faisait aujourd’hui Adalbert.

Le temps s’écoula ainsi, paisible pour le jeune Gautier, bien gardé par son père de vivre les difficultés armées de la seigneurie. L’enfant aurait suffisamment à combattre, plus tard, pour être d’ores et déjà confronté à l’extrême violence des frontières. En 994:X, un premier changement majeur eut néanmoins lieu dans le château. Béatrice, l’ainée de la famille, avait été mariée et partait, alors, rejoindre les terres de son époux, seigneur local de Serramire. Les années avaient, certes, apaisée quelque peu les relations entre le frère et sa sœur, mais une forme d’aigreur restait. Au fond de lui, le jeune sir ne pouvait lui en vouloir. Lui-même voyait que sa grande sœur était injustement traitée. Première dans l’ordre de la naissance, le simple fait qu’elle soit une femme la privait de tout héritage. Son ambition et son sens de la politique étaient dénigrés et n’avaient jamais été nourris comme l’on faisait mûrir ceux de son frère. Et même ses attributs de dame étaient comparés à la dernière-née, Hildegarde. Très vite, elle avait été reconnue comme une fille magnifique, véritable bénédiction de Néera. Elle était douce et savait s’attirer les faveurs de ceux qui l’entouraient. À peine eut-elle atteint ses six ans qu’on la traitait déjà comme un prodige, et qu’on la présentait comme la dame parfaite que sa sœur ne serait jamais !

Cependant, ce changement était bien maigre, face à ce qui allait arriver l’année suivante, en 995:X. Cette année serait celle des grands bouleversements. Pour commencer, Béranger avait réussi à arranger des fiançailles entre son fils, Gautier, et la troisième née du seigneur de Dacune, Mathilde de Dacune. Aucune terre n’était en jeu dans ce mariage, mais la famille de Vendeuvre voyait là des alliés solides et loin des dangers des frontières qui pourraient les aider dans les moments les plus difficiles, que ce soit financièrement ou militairement, tandis que les Dacune se voyaient accorder des avantages sur leur importation de fer. Un tel événement méritait une véritable célébration, pensait Béranger. Une rencontre entre les futurs époux était déjà prévue pour le courant de l’année suivante, mais cela n’empêcha pas le seigneur de Vendeuvre d’organiser un banquet afin de rassembler l’entièreté de la maison familiale ainsi que les nobles locaux.

C’était le premier jour de Verimios. Le premier jour de l’été. Un jour censé célébré l’arrivé de la joie et du beau temps. Jamais, au grand jamais, Gautier n’oublierait la soirée qui s’annonçait. Si, depuis a levée du jour, l’activité n’avait cessé dans une ambiance joyeuse, Gautier était, lui d’une humeur morne. Il savait qu’un jour, son devoir allait l’appeler. Il savait que ce même devoir était bien supérieur à ses propres désirs, puisque de nombreuses vies y dépendaient, surtout dans les terres frontières. Et pourtant… Pourtant, le cœur de celui qui était passé à l’adolescence, du haut de ses quatorze ans, n’avait que faire de sa raison. Après des années passées à voir Adélaïde, à partager avec elle tant de choses, il avait fini par développer des sentiments. Et, même s’il savait pertinemment cet amour proscrit, qu’il devait résigner son cœur à son devoir, jamais Gautier n’avait imaginé la douleur que la nouvelle enjouée de son père lui provoquerait.

Le repas avait débuté dans une ambiance festive. Danse, chant, alcool et une quantité encore jamais vue de nourriture se côtoyaient. Mais, tout ce temps, Gautier était resté atone. Ses sourires étaient figés et ses rires, forcés. Il ne souhaitait qu’une chose, partir se coucher. Ou plutôt, rejoindre Adélaïde sur le petit toit où ils avaient fui dans leur enfance. Mais c’était impossible. Car un Vendeuvre est toujours fidèle à son devoir, aussi dur que le fer qui les a forgés. Pour les autres, la seule ombre au tableau semblait être l’absence de Béatrice, qui, malade, n’avait pu faire le déplacement vers Vendeuvre. Mais tout avait été fait pour oublier ce désagrément, et la soirée s’était - certes, très lentement - déroulée sans heurt. Maintenant que la nuit était bien avancée, et que les cœurs étaient enjoués par le vin, l’heure était venue pour Béranger de se lever, et prononcer son discours, démontrant au monde la prospérité nouvelle qui attendait la seigneurie.

- Mes amis, commença alors le noble, se levant de son siège décoré et brandissant haut sa coupe d’argent pleine d’un breuvage vermillon. Aujourd’hui, nous ne célébrons pas simp…

Un carreau d’arbalète se planta dans la poitrine du seigneur avec un bruit sec.

Le monde sembla s’arrêter. Le temps n’avançait plus qu’au ralenti. Lentement, Béranger était projeté sur son fauteuil. Sa main droite se desserrait de sa coupe, laissant tomber l’objet en projetant son contenant vers la table. À sa gauche, une dague s’enfonçait dans la poitrine de la mère de famille. Encore à côté, une autre se plantait dans le cou de sa plus jeune sœur, Hildegarde, la bouche grande ouverte dans un cri silencieux. Une main attrapait les cheveux de Gautier. Le bruit d’une lame qu’on dégaine. L’adolescent ne comprenait plus. Tout était si lent, même ses propres mouvements. Et la coupe d’argent chutait encore et toujours, aussi lentement qu’une plume au vent.

Le premier jour de l’été s’était terminé. La nuit des mille-lames avait débuté.


HRP:


Dernière édition par Gautier de Vendeuvre le Sam 10 Juin 2023 - 9:01, édité 9 fois
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Gautier de Vendeuvre
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Gautier de Vendeuvre


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MessageSujet: Re: Gautier de Vendeuvre   Gautier de Vendeuvre I_icon_minitimeDim 4 Juin 2023 - 12:58



Histoire

Dans la confusion, dans les cris, dans les sursauts, une lame s’élevait haut. D’un mouvement, elle voulait terminer la lignée des Vendeuvres. Lentement, elle descendait. Jusqu’à ce qu’un immense poing ganté d’acier vienne s’écraser sur un visage invisible, dans une gerbe de bave et de sang. L’arme tomba au sol, inoffensive, maintenant, alors qu’une lame s’enfonçait dans le ventre de l’assassin. Alors, un bras puissant souleva Gautier de sa chaise et le secoua.

Le temps sembla reprendre son cours. La coupe, enfin, toucha la table, déversant son liquide rouge sur le bois, alors que le feu seigneur de Vendeuvre s’effondrait sur son fauteuil, un filet de sang coulant du coin de sa bouche sur sa barbe. Autour, c’était le chaos. Des gardes portant la livré des Vendeuvres se battaient contre d’autres garde. Des invités essayaient de se lever, de se défendre avec tout ce qu’ils trouvaient. Des visages familiers gisaient, étalés sur la table au milieu des viandes à moitié dévorées. Adalbert était le seul roc au milieu de cette tempête. Il tirait son nouveau seigneur vers la sortie, déchaînant une furie inimaginable sur quiconque osait s’approcher de lui et de son protégé. Non loin de la porte, il croisa Aléric, et, poussant Gautier dans l’ouverture de la porte qu’il venait de défoncer d’un coup de pied, il l’attrapa par le col pour le faire suivre le mouvement. Les trois protagonistes forcèrent le pas dans le couloir, abandonnant la scène de bataille en même temps que d’autres, qui cherchaient tout autant une échappatoire salvatrice. Bien vite, ils se retrouvèrent face à deux soldats. Adalbert se mit en position, prêt à vendre chèrement la peau des deux jeunes hommes, mais il put rapidement se détendre.

- Messire, qu’est-ce qui se passe, là-bas ? Dit l’un des soldats.
- Félonie et traîtrise. Toi, va sonner Granmarc, je veux tous les hommes valides dans la grande salle le plus vite possible ! Et toi, va fermer la porte du château ET de la ville. Personne n’entre, personne ne sort, bien compris ?
- Oui messire ! Répondirent en cœur les deux soldats, partant sans attendre pour exécuter leurs ordres.

Pendant encore quelques minutes, le trio suivit les couloirs de la forteresse. Enfin, ils arrivèrent à la porte de la chambre seigneuriale, protégée d’un lourd battant de bois et d’acier. Adalbert fit entrer les deux garçons et se pencha vers Aléric, lui donnant une longue dague.

- Tu restes avec Sa Seigneurie, et tu n’ouvres cette porte à personne d’autre que moi, c’est bien compris, garçon ? Personne ! Et si jamais quelqu’un réussi à rentrer, reste ferme et frappe. Si tu hésites, tu es mort.

Sur ces derniers mots, le fidèle chevalier quitta les deux garçons en fermant le lourd battant. Dehors, une cloche sonna d’un fa à l’octave particulièrement basse, lent et puissant. Granmarc, la plus grande cloche du beffroi, signalait à tout le bourg le début des temps de malheur, et appelait tous les hommes d’armes à leur poste.

Le reste du déroulement de la nuit n’était qu’images floues et incompréhension dans l’esprit de Gautier. Il se rappelait les cris. Il se rappelait être assis sur le lit, incapable de bouger. Il se rappelait le sang qui coulait de la poitrine de sa mère. Il se rappelait la cloche, qui ne s’arrêtait jamais. Mais, surtout, il se rappelait cette coupe d’argent qui, lentement, très lentement, tombait sur la table et déversait son contenu vermillon.

Pourtant, les ombres de la nuit finirent par se dissiper sous les assauts des rayons du soleil. Et, avec elles, mourrait la terrible nuit des mille-lames. Adalbert revint, avec une méchante entaille partant de son front jusqu’à sa joue droite, traversant son œil qu’il gardait fermé. Il était accompagné d’une dizaine de gardes, tous tachés de sang. Les conjurés avaient été repoussés et tués. Leur échec était doublement consommé. D’abord, puisque la première-née des Vendeuvre n’avait pu se présenter au banquet. Ensuite, parce que l’héritier était bien là, encore en vie. Pourtant, certains avaient réussi à s’échapper de la ville, malgré les précautions. Et, apprendrait l’adolescent plus tard, les deux chevaliers parmi eux avaient réussi à s’extraire. À la suite de cette terrible nuit, Gautier devint le seigneur de Vendeuvre. Mais, bien sombres étaient les années qui suivraient.

La première décision qui fut prise suite à ces événements fut de nommer Adalbert régent de Sa Seigneurie. Gautier poussait à cette décision, et, devant la bravoure et la rapidité de son action, bien peu nombreuses furent les voix à s’élever contre cette nomination, même si le chevalier n’avait pas de nobles origines. Un petit conseil avec des nobles locaux, choisis autant pour leur compétence que pour leur loyauté, fut aussi monté, car ils étaient bien plus à même de gérer les terres que le chevalier. La seconde décision fut de lancer une traque sans merci contre les félons qui avaient osé s’en prendre aux Vendeuvres. Les frontières furent garnies de soldats, et des messagers partirent par toutes les routes, rejoindre chaque hameau de la seigneurie, si petit soit-il, pour arrêter les complotistes, et tout particulièrement les deux chevaliers en fuite, parjures devant les hommes comme la DameDieu. Les moyens déployés étaient conséquents, et ne furent pas sans conséquences, malgré la relative inefficacité des recherches. Les places-fortes furent dégarnies de soldat, et les routes, bien moins gardées qu’elles ne le devraient. Nombreux étaient les petites places où des justiciers auto-proclamés lançaient une chasse aux sorcières, arrêtant sans allégation les plus marginaux pour les exécuter dans une violence bien trop ostentatoire. Pendant des années, la sécurité de la seigneurie fut mise à mal, et l’autorité de Vendeuvre en pâtit fortement.

Les premières années de règne de Gautier furent donc marquées par le chaos et la violence. Nombreux étaient les hameaux qui perdaient leur confiance envers une lignée qui les avait pourtant protégés de bien nombreuses fois. Et, en certains endroits, des prédicateurs se levait, prophétisant la fin de l’antique famille, sans que le pouvoir en place n’ait réellement de quoi les faire taire. Pourtant, Gautier ne restait pas sans rien faire. Il eut une période de deuil de plusieurs ennéades, pendant laquelle il ne pouvait simplement pas croire ce qui était arrivé. Ce fut dans ces temps troubles qu’une large mèche blanche fit son apparition dans sa chevelure et qu’il prit de la distance avec beaucoup. Cependant, des proches étaient encore là pour le tout nouveau dirigeant. Aléric, comme Adalbert et Adélaïde le soutenait. Et tandis que le temps s’écoulait, la douleur et le sentiment de perte et d’abandon qui avaient envahi l’adolescent s’effaçaient, tandis que la couleur de la coupe chutant dans ses songes s’affadissait. Alors, il finit par refaire surface. Silencieusement, pour commencer. Observant avec attention les faits et gestes du conseil qui dirigeait de facto la seigneurie, il apprenait comment les puissants reprenaient es rênes, il notait qui méritait une part de confiance et qui devait attirer sa méfiance. Le jeune homme avait été blessé, sa famille, décimée. Mais il n’avait manifestement pas perdu sa finesse d’esprit, car il savait que son heure viendrait et qu’il devrait être prêt, alors, à pleinement porter le fardeau de son devoir.

Deux années passèrent ainsi. Les fiançailles entre Vendeuvre et Dacune avaient survécu après d’intenses échanges diplomatiques et l’agitation des terres de Vendeuvre commençait à diminuer. Les choses étaient encore loin d’avoir retrouvé leur état d’origine, les routes étaient toujours peu sûres et le brigandage restait haut, mais les pires heures de la traque des conjurés étaient passées. Les sordides histoires de bûchers improvisés, d’écartèlement ou de pendaison sauvage s’étaient tuent. Les hommes en avaient assez de l’agitation, de l’insécurité, de la violence et des morts. Ce fut dans ce contexte que Gautier, soutenu par Adalbert, pris la décision de son premier voyage vers la ville de Serramire. S’il voulait que son peuple l’accepte en tant que seigneur, il devait d’abord s’en montrer digne en perpétuant les traditions ancestrales d’honneur, de devoir et de loyauté de sa famille. Il était grand temps de rendre hommage à son seigneur lige.

Le groupe qui partit pour le chef-lieu du marquisat n’était pas grand, mais la route se fit sans encombre. Ce fut la première fois que Gautier entra dans une grande ville, et, lui qui n’avait connu que son bourg ne put qu’être impressionné. Le château des Vendeuvres avait beau être très bien entretenu et de bonne taille, il faisait pâle figure face à ce qui était construit dans Serramire. Pourtant, la principale chose qui resta au jeune seigneur de sa visite ne fut pas les entrevues politiques, ni même le faste de la cour du marquis, mais bien les cercles intellectuels et les bibliothèques sans commune mesure avec tout ce qu’il n’avait jamais pu imaginer sur ses terres. Gautier passa la majeure partie de son temps à contempler les chroniques, traités et manuscrits, et était loin d’être rassasié alors qu’il devait déjà repartir. À cette période, il entama une relation épistolaire avec les milieux savants de la cité. Cet échange ne s’arrêtera jamais, bien qu’il ralentisse parfois fortement en fonction des périodes de trouble dans le marquisat ou la seigneurie.

Après cette brève sortie en dehors de ses terres, Gautier prit de plus en plus de poids dans les décisions seigneuriales. Il avait grandi, et il avait appris, bien qu’il restât un jeune Jouvenceau de seize ans. Presque deux ans s’écoulèrent encore, marqués par l’affirmation de Gautier sans pour autant qu’il ne prenne pleinement ses fonctions. Ce ne fut qu’à l’aube de la fin du cycle qu’un nouvel événement apporta changements et chaos.

Certains avaient voulu l’oublier. Nombreux pensaient que l’événement était passé. Mais pas Adalbert. Jamais le chevalier n’avait cessé de pourchasser ceux qui étaient à l’origine de la nuit des mille-lames, confondant peut-être la justice de Néera par la vengeance d’Othar. Il ne battait pas la campagne, bien sûr, mais il s’était constitué un réseau d’informateurs et ses agents n’avaient eu de cesse de suivre des pistes déjà froides et plus basée sur de vagues rumeurs qu’autre chose. Pourtant, alors que la fin du Xème cycle approchait, les ressources investies s’avérèrent fructueuses : l’un des chevaliers conjurés avait été retrouvé. Pendant plus de quatre années, il s’était caché dans une masure isolée, au nord de la seigneurie. C’étaient des terres peu peuplées, une zone où les villages avaient tendance à s’entourer de palissade et à se concentrer afin de survivre aux incursions récurrentes provenant des Wandres. L’homme avait réussi à passer inaperçu lors de son installation, et ses quelques passages dans les hameaux avoisinant quand le besoin s’en faisait réellement ressentir ne laissaient de lui qu’une image de marginal un peu fou qui ne ferait certainement pas long feu la prochaine fois qu’un petit groupe des terres du nord réussirait à passer les alentours d’Haarhardt. Pourtant, il survécut, mais ne put se cacher éternellement.

L’homme qui apparut dans la grande salle où trônait Gautier, Adalbert à ses côtés, n’avait plus rien du noble chevalier d’autrefois. Il était émacié, ridé, vieilli. Ses yeux étaient fatigués et le reste de sa chevelure, d’un blanc d’albâtre, tout comme sa barbe broussailleuse. Des tâches violacées sur son visage témoignaient de la violence de son arrestation, et son souffle court semblait de mauvais augure pour sa survie. Gautier ressenti un étrange mélange de haine et de pitié pour cet être, ce fantôme en devenir. C’était un homme vraisemblablement brisé, usé par la vie. Mais c’était un félon. Un chevalier qui, non seulement avait brisé son serment et bafoué tous les idéaux péninsulaires, mais avaient en plus voulu détruire le monde du sire de Vendeuvre dans la plus brutale des violences. Une voix dans la tête du seigneur lui susurrait de prendre sa revanche, aujourd’hui. Cet homme devait souffrir pour ce qu’il avait fait, et même le tourment des flammes paraissait bien peu de chose pour ce traître.

Non. Non, Gautier ne pouvait pas se résoudre à une telle bassesse. Était-ce justice que son cœur appelait en ce moment, ou vengeance ? La violence et la souffrance feraient-elles revenir ceux qui avaient péri dans le sang et le vin ? Serait-il vraiment différent d’un simple animal s’il laissait ses pulsions meurtrières guider ses décisions ? Et pourtant… Cette voix ne se taisait pas. Elle réclamait du sang. Elle appelait sans cesse à la haine. Mais le sire de Vendeuvre ne pouvait pas se définir par elle. Pour sûr, l’homme devant lui ne pouvait pas non plus être pardonné, et ses méfaits qui avaient tant fait souffrir à la fois sa famille et les petites gens de la seigneurie méritaient une punition. Seulement, pas aujourd’hui, car nulle décision juste ne saurait être prise dans les méandres des ressentiments. Aussi, Gautier ne fit qu’envoyer le chevalier au cachot le temps qu’un véritable procès soit mis en place. Adalbert, lui, était resté de marbre, même devant la décision de son dirigeant, qui avait pourtant levée quelques exclamations dans la salle.

Pourtant, le noble apprendrait bien vite que son chevalier mentor n’en avait pas terminé. Dans les jours qui suivirent celui-ci s’était montré distant. Et, ce ne fut que l’ennéade suivant l’événement qui suscitait maints commérages dans le château qu’il comprit pourquoi. Ce jour-là, l’on vint annoncer la mort du chevalier prisonnier. Son corps avait été brisé, et les multiples sévissent qu’il avait enduré lui avait fait rendre son dernier souffle. Sans même que Gautier ne soit au courant, Adalbert avait ordonné d’extraire toutes les informations possibles du conspirateur par tous les moyens nécessaires. Et, après des jours, un nom était ressorti : Olry. Celui que l’on surnommait de bâtard de Vendeuvre. C’était l’oncle de Gautier, le frère tardivement légitimé de Béranger, feu seigneur de Vendeuvre. Un homme peu considéré par certains, mais respecté par beaucoup, notamment parmi les hommes d’armes.

Et alors que la mort du chevalier était annoncée, Adalbert ramenait le noble déchu enchaîné. Gautier sentit la colère bouillonner en lui. Pas la même haine, ni la même pulsion meurtrière qu’il avait ressentie précédemment, non. Mais une colère noire que tout ceci se soit passer dans son dos, sans qu’il n’eût son mot à dire. Le premier regard qu’il fit ne fut pas adressé à son oncle, mais bien à son chevalier, si fidèle, d’ordinaire. Ce serait certainement la plus grande discorde qui jamais n’exista entre les deux hommes. Mais ces ressentiments se devraient d’attendre encore un peu, car une nouvelle blessure s’ouvrait.

Olry était connu de tous comme un homme simple, un chevalier compétent et bon vivant. Ses hommes l’aimaient parce qu’il partageait son quotidien avec eux, et les autres nobles avaient plutôt tendance à l’ignorer, dénigrant sa statue de bâtard, mais louant sa sage décision de s’éclipser face à son frère aîné. Gautier n’avait que de bon souvenir de cet homme joyeux. En temps normal, il était stationné à Montabot, une petite motte fortifiée non loin des frontières d’Haahardt, et dirigeait les défenses et les patrouilles autour du fortin de bois. Néanmoins, il passait régulièrement à Vendeuvre, et ces moments étaient toujours propices à des histoires folles (et peu probables), à des jeux et des éclats de rire avec les enfants du seigneur en place. Que s’était-il donc passé, alors, pour que le cœur de cet homme d’honneur s’assombrisse au point qu’il en pourrisse définitivement ? Combien de quolibet, combien de coup bas avait-il pu recevoir pour que la haine soit ce qui dirige ses actions ? Comment donc un Souffle pouvait-il subir une telle corruption ? En cette fin d’une ère, la nouvelle blessure du cœur de Gautier mit fin aussi à son enfance. Qu’un proche soit accusé d’une telle infamie était déjà douloureux. Mais que le nom même de Vendeuvre soit salie de la sorte, c’était impensable.

Cette fois, néanmoins, un véritable procès fut organisé. Enfin, véritable était un bien grand mot, de l’opinion de Gautier. Les jours durant lesquels il s’étendait n’étaient que succession d’accablement sur l’oncle bâtard, souvent nourris de son ascendance plus que de véritables raisons de l’accuser. Alors que les jours passaient, des traces de privations comme de violence se faisaient de plus en plus visibles sur le pauvre homme, qui, pourtant, restait droit et fier, comme l’on avait toujours appris à chaque membre de la maisonnée. Au final, les preuves contre Olry ne se résumaient qu’à deux choses : les confessions d’un chevalier brisé sous la torture, et le fait que le bâtard se soit éclipsé après une dispute avec son frère, pendant le banquet de la nuit des mille-lames. Ce dernier événement, Olry ne l’avait jamais nié. Mais cette dispute, relayée par de multiples témoins, avait été expliquée par un coup de sang du capitaine de Montabot envers son frère qui avait dépensé une fortune pour de simples réjouissances là où ses hommes partageaient des quignons de pain dans le fortin frontalier, attendant encore des ravitaillements bien trop en retard. Le sang chaud du fidèle d’Othar, disait celui-ci, lui avait fait quitter la cérémonie pour ne pas faire plus encore exploser sa colère dans une foule hostile.

Encore aujourd’hui, Gautier doute de la culpabilité de son oncle. Autant que pendant la parodie de procès qui fut sien. Pourtant, et à son plus grand désarroi, le jeune seigneur avait dû sévir. Après les années de chasse aux sorcières, après les longues nuits de brigandages partout dans la seigneurie, après la terreur qui s’empara du château, près de cinq ans plus tôt, les notables comme le peuple voulaient un coupable. Une personne à haïr. Une personne à brandir comme source de tous les malheurs. Pressé de toute part, jugé par les regards de tous ses sujets, Gautier prit la décision qu’il regretterait le plus toute sa vie durant. D’une phrase, courte, et pleine de dégoût pour lui-même, il condamna à mort son oncle, pour traîtrise et félonie, fratricide et parjure devant la DameDieu. Le lendemain, sur la place principale de Vendeuvre, une foule dense s’était rassemblés. Tous venaient voir le juste châtiment du traître. Tous voulaient croire que la justice du seigneur s’abattait quel que soit le rang de la personne. Et là où tous semblaient voir un monstre meurtrier, Gautier ne voyait qu’un homme fier, qui affrontait son destin avec flegme. Silencieux, Olry s’agenouilla sur son estrade de bois. Gautier avait son regard plongé dans les yeux de son oncle. Il n’y lisait pas de haine, ni de colère. Mais, plutôt, une forme de compréhension et de résignation. De toute la durée de l’exécution, les deux regards ne se lâchèrent pas. Ni alors que les accusations étaient répétées devant la foule, ni lorsque la punition fut prononcée de nouveau, ni lorsque le bourreau leva sa lourde lame. Ce ne fut que lorsque l’oncle baissa la tête, présentant sa nuque au bourreau, que le neveu perdit son regard. Alors, telle la coupe de son père, la tête d’Olry chût sur le bois, déversant son liquide vermillon comme le vin le fut sur la table.

L’ennéade suivant, le soleil s’éteignit, et ce qui serait appelé le Voile commença.

Une nouvelle période de changement débutait. Gautier avait passé sa dix-huitième année, et le procès précédent l’avait convaincu qu’il était grand temps qu’il prenne pleinement les rênes du pouvoir. En quelques jours, il congédia bon nombre de conseillers qui dirigeaient véritablement pendant l’adolescence du noble, et il fit comprendre à Adalbert que plus jamais, celui-ci n’agirait comme il l’avait fait lors de l’arrestation d’Olry. Le chevalier, toujours fidèle, accepta le jugement de son souverain, mais des heurts ne manquèrent pas avec ceux qui perdirent leur statue. Et tandis que les ombres ne voulaient plus se dissiper sur le monde, de nouveaux troubles dans la seigneurie naquirent. Les nobles et notables locaux qui avaient perdu de leur pouvoir agitèrent les terres, les mauvais prophètes, qui annonçaient la fin du monde tel qu’il était connu par une punition divine de la DameDieu, se multiplièrent et certains hommes d’armes désertèrent, se faisant brigand et propageant la folle idée que le Voile n’était rien d’autre qu’une punition divine des turpitudes de la noblesse, dont celle du seigneur de Vendeuvre qui avait osé assassiner leur commandant, son propre oncle.

Mais, cette fois, Gautier ne resterait pas passif face à l’embrasement de ses terres. Si certains perdaient la foi, il devait la leur rendre. Si certains voulaient profiter des ténèbres pour détruire, il reconstruirait. Si d’autres voulaient s’enrichir par la violence et la mort, il punirait. Trop de malheurs étaient arrivés depuis la nuit des milles-lames. Ainsi, après plusieurs ennéades dans le noir, après de nombreux rapports alarmants, et l’incompréhension des savants et des religieux, Gautier fourbit ses armes et apprêta ses hommes les plus sûrs. Il avait décidé d’organiser une tournée de ses terres, de montrer à ses gens que les Vendeuvres étaient pleinement revenus, et, par la même, chasser les groupes qui s’étaient lancés dans le brigandage sur les routes. Nombreux étaient ses conseillers opposés à une telle entreprise, jugée trop dangereuse, d’autant plus dans ces temps sombre de nuit perpétuelle, mais Gautier leur imposa son autorité et, bientôt, une troupe forte d’une trentaine d’hommes d’armes lourdement armés, dont une dizaine de chevaliers, quitta la place-forte de Vendeuvre, traversant le bourg illuminé par les torches, la bannière de Gautier s’agitant sous le vent.

Le convoi ne consistait néanmoins pas qu’en se part armée, car des bagages contenant nourriture et quelques richesses les suivaient ainsi que des pages et serviteur seigneuriaux. Le but de la manœuvre n’était pas seulement une démonstration de puissance, c’était aussi d’asseoir la domination de Vendeuvre sur les terres réticentes en prodiguant cadeaux et nourriture sur la voie. Et, les jours avaient beau être aussi sombre qu’une nuit sans fin, la plupart des endroits où le convoi seigneurial s’arrêta furent centre de réjouissances. Des feux de joie étaient montés lorsque le peuple voyait s’approcher la bannière bleue et blanche. Les hameaux par où passait le seigneur recevaient pain et vin, les villages recevaient de l’or et du fer dans une ambiance festive. Partout, Gautier pris à cœur de prodiguer justice, punissant les notables déloyaux et les prophètes de malheur tout en récompensant ceux qui lui rendaient hommage. Aux appels de fin du monde des faux prophètes, les quelques membres du clergé qui accompagnait la procession répondait par les miracles de Néera, racontant avec ferveurs ses bénédictions illuminant les terres autour de la lointaine Diantra. À ceux qui parlaient d’un châtiment sur le seigneur de Vendeuvre, ces mêmes prêtres pointaient son choix de courir ses terres pour reproduire, à son humble échelle mortelle, l’exemple de la DameDieu. Tout était fait pour que ces temps difficiles, d’ombre et de terreur, puissent être vus à l’aune des grands miracles, même si bien lointain, plutôt que par la folie.

Sur les routes, il suffisait la plupart du temps que les cavaliers en armure, menés au-devant par Gautier lui-même, soient repérés pour que les groupes de malandrins se dispersent. Des hommes d’armes étaient alors envoyés en ramener le plus possible pour qu’au village le plus proche, ils soient proprement jugés. Et les sentences prononcées attirèrent au sire la sympathie des siens. Car elles n’étaient ni trop dures, ni trop douces. Fermes, mais pas cruelles. Peu de mise à mort fut recensée, ceux méritant mourant le plus souvent sous les coups des hommes d’armes plutôt que de se faire capturer. Les plus démunis, ceux qui, par la faim et le froid, par le chantage et où la contrainte, avaient été poussés au mal eurent les peines les plus douces, se résument à du travail forcé et du pilori, là où les geôles attendaient ceux qui étaient les plus impliqués sans pour autant avoir blessé ou tués autrui.

L’opération se déroula sans heurts. Ou presque, du moins. Car un groupe plus organisé que les autres, ou simplement plus fou, ne se laissa pas faire et décida de combattre dans ce que certains appelèrent simplement l’accrochage de La Pommeraye. Quelques anciens soldats menaient le groupe de malandrin, et, eux, savait pertinemment que leur tête tomberait s’ils se faisaient prendre. Nul ne sut si le reste du groupe les suivit par la peur qu’ils inspiraient, ou parce que leur récent succès sur de petites patrouilles les rendait bien trop confiants. Quoi qu’il en fût, non loin d’un lieu-dit nommé par sa profusion de pommier, ils décidèrent de tendre une embuscade aux forces de Gautier en espérant que leur surnombre additionné la surprise puisse compenser la différence d’équipement. Les brigands n’étaient pas stationnés dans les vergers à proprement parler, mais dans un bois adjacent qui bordait la route, protégé par la nuit d’ébène qui ne voulait toujours pas céder sa place au jour.

Alors que le convoi s’avançait sur la route, deux arbres tombèrent devant, bloquant sa route. Sans attendre, une pluie de projectiles de tout genre s’abattit sur les hommes d’armes qui entouraient les civils. Mais que pouvaient donc de simples pierres, des flèches tirés d’arc utilisés pour chasser le lapin ou de maigres javelot taillés en pointe et durcis par le feu contre les plaques et les hauberts des chevaliers ? L’effet le plus visible fut la panique de certains chevaux, tandis qu’une quarantaine d’hommes fondaient sans ordre sur les troupes à l’arrêt. Celui de Gautier, déjà paniqué par les arbres tombés devant lui, fut des chevaux effrayés. Il se cabra et fit perdre son équilibre à son cavalier, qui se retrouva projeté au sol. En cet instant précis, l’escarmouche ne devint plus qu’un chaos émaillé des cris des civils et des appels des hommes d’armes entre eux, soutenus par le fidèle Adalbert.

Gautier fut prompt à se relever. Autour de lui, hommes et chevaux fendaient les airs, l’acier s’enfonçait dans la chair et les sabots écrasaient des têtes. Il n’y avait rien de glorieux, ici. Il n’y avait rien de beau. Simplement des hommes qui frappaient avec tout ce qu’ils avaient, des animaux acculés qui déchaînait leur folie. De la violence à l’état brut. Un concentré de haine, de peur, de sang et d’entrailles. Mais, à peine le jeune homme s’était-il remis sur ses deux jambes qu’un solide gaillard portant une jaque et une hache courait vers lui. Son arme devait être un simple outil, et sa protection mal ajustée, de seconde main. Cet adversaire n’avait rien d’un guerrier. C’était juste un homme qui mettait toute la force de son désespoir dans une charge malhabile, espérant que le faible fer de son arme puisse quelque chose. Mais il n’en était rien. Gautier se positionna de sorte que son armure dévie la hache lancée en son encontre, et dégaina son épée. D’un revers, il lacéra le torse de l’homme mal protégé, puis enfonça l’estoc de son arme dans son ventre, traversant tissu, chair et organe comme s’il plantait un couteau dans une viande saignante. L’homme le regarda, incrédule. Du sang coula de sa bouche et la peur prit place dans ses yeux. Ce n’était qu’un homme, après tout. Comme les autres, il avait ses souvenirs, il avait ses proches, ses amis, sa famille. Comme les autres, il avait sa douleur et ses peurs. Et, comme tous les hommes, il ne voulait pas mourir. Mais, de son ventre, son sang s’échappait. Et son Souffle le quittait en même temps.

Gautier retira son arme lentement de l’homme dont la vie disparaissait. Son bras était faiblissant. C’était la première vie qu’il prenait. Autour, les assaillants prenaient déjà la fuite, poursuivis par une poignée de soldat. La mêlé avait été d’une rapidité et d’une brutalité extrême. Les malandrins n’avaient simplement pas de quoi rivaliser avec les armes et armures des chevaliers et des hommes d’armes. Ceux-là n’avaient à déplorer que quelques blessures, dont bien peu de très grave. En face, une quinzaine de corps gisait sur le sol, certains imploraient de l’aide, d’autres, hagards, essayaient de maintenir leurs entrailles qui sortaient de leur torse au milieu des sanglots de leurs camarades, suppliant dieux, hommes et mères que leur douleur prenne fin. Gautier eut un vertige, et lâcha son arme. Il tituba jusqu’à un arbre et prit appui dessus. Il sentait le sang autour de lui. Il sentait la mort et les déjections des vaincus. Il voyait encore le regard de l’homme qu’il avait tué, et la peur primordiale qui y couvait. Un simple homme. Comme lui, comme tous ceux qui l’entouraient.

Gautier vomit. Enfin, il comprenait ce que lui répondait Adalbert quand il lui demandait de raconter ses faits d’armes. Non, il n’y avait rien de glorieux à enlever la vie d’autrui. Non, il n’y avait aucune beauté à arracher peau, muscles et tripes. Une main se posa alors sur l’épaule du jeune seigneur. Celui-ci se retourna et découvrit Adalbert, qui lui tendait une gourde de cuir.

- Vous avez prouvé à votre peuple que vous étiez un digne Vendeuvre, par vos décisions, monseigneur. Mais, aujourd’hui, vous me prouvez que vous êtes resté un homme. Je suis fière d’être votre chevalier.

Gautier attrapa la gourde et prit une large gorgée. Il la recracha presque immédiatement, alors que l’alcool fort qu’elle contenait chauffait l’intérieur de sa bouche. Mais, après avoir repris son souffle, il recommença, descendant trois longues gorgées qui brûlèrent tout son être.

- Venez, monseigneur, dit alors Adalbert en reprenant sa gourde. Nous ne sommes pas très loin de Valsemé. Les locaux seront heureux d’apprendre que nous avons chassé ces criminels.

Il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour que le convoi reprenne son chemin. Gautier enfouit en lui ses ressentiments, car son devoir l’appelait encore. Pourtant, le regard de l’homme mourant ne quitterait jamais sa mémoire. Bien d’autres périront de sa main, bien trop, mais, avec ce premier adversaire, mourait le jeune homme et ses derniers pans d’innocence. Et, avec les années et les combats, Gautier frissonnerait toujours à l’idée que d’enlever la vie et observer des rangées entières de cadavre ne lui fasse plus l’effet de ce premier jour, comme ce devrait être le cas pour tout homme sain.

Malgré l’accrochage de La Pommeraye, le tour de Gautier fut un succès. Quelques jours après qu’il fût rentré dans Vendeuvre, le jour se lava enfin, et les rayons du soleil caressèrent une terre pacifiée. Bien sûr, les temps difficiles n’étaient pas terminés, puisque de nombreux efforts furent à consentir pour endiguer le début de famine résultant d’un mois entier de pénombre. Les forces armées du domaine devaient être réorganisées et la frontière avec les Wandres était encore agitée. Mais tous se lancèrent à leur tâche avec un nouvel espoir dans leur cœur, et avec une foi renforcée envers les miracles de la DameDieu, largement diffusés pendant les temps sombres, ainsi qu’une confiance nouvelle envers leur chef.

Le jour nouveau qui se levait était aussi annonciateur d’une nouvelle aigre-douce. Les toutes dernières tractations avec le sire de Dacune avaient abouti afin de mettre en place le mariage entre leur maison et celle des Vendeuvres. Celui-ci aurait lieu dans la première moitié de la première année du nouveau cycle. C’était, à vrai dire, une formidable nouvelle pour la seigneurie. Mais c’était aussi une terrible nouvelle pour le cœur de Gautier, qui appartenait toujours à Adélaïde. La relative insouciance dans laquelle pouvait vivre les deux jeunes adultes allait bientôt disparaître, même si jamais leurs êtres ne voulaient l’oublier.

Pour une dernière nuit, néanmoins, ils voulurent faire comme si rien n’avait changé, comme si le monde resterait toujours le même. Sous le regard de deux lunes, cette fois-ci, Gautier rejoignit celle pour qui son cœur battait sur la toiture de leur enfance. Adélaïde regardait le ciel étoilé, pensive. La main du seigneur de Vendeuvre passa dans sa douce chevelure rouge et attira son attention.

- Je ne veux pas du temps qui arrive, dit-il alors. Je ne le veux pas, mais je le dois.
- Je sais, Gautier, répondit Adélaïde en attrapant la main de son compagnon. Les fronts des deux jeunes adultes se joignirent. Tu es la personne qui m’est le plus cher, ici. J’aurais tant aimé qu’il en soit autrement…
- Tiens, continua Gautier en ouvrant sa main droite, placée entre eux deux et dévoilant deux anneaux d’argent, de simples joncs gravés d’une branche de lierre feuillu sur son pourtour. Je voudrais que tu prennes l’un de ces anneaux. Tant que nous les porteront, cela voudra dire que nos cœurs appartiennent à l’autre.
- Aurais-je donc ne serait-ce qu’une raison de l’enlever, alors, un jour ? Demanda la femme rousse en attrapant délicatement l’un des anneaux. Je t’aime, Gautier, finit-elle par dire en redressant un peu la tête et en plongeant son regard profondément dans celui de son amour.
- Je t’aime aussi, Adélaïde.

Alors, les lèvres des deux amants se joignirent sous la lune, à l’abri des regards. C’était avec un poids lourd sur le cœur que Gautier avait grimpé le lierre du mur. Mais c’était léger qu’il s’autorisait une incartade, maintenant que le baiser s’allongeait. Pour une simple nuit, le monde cesserait de tourner. Pour une simple nuit, il ne serait plus que le petit Gautier, qui fuyait la cour avec la fillette nouvelle venue. Quand, enfin, leurs lèvres se séparèrent, les deux jeunes gens restèrent silencieux. Adélaïde s’allongea simplement, en posant sa tête sur les genoux de Gautier, qui lui caressait doucement les cheveux. Tous deux regardèrent alors le ciel, profitant de cet instant de douceur, hors du temps, et échangeant de temps à autre quelques mots. Tous deux savaient qu’ils n’auraient jamais le droit d’aller plus loin.

Le temps du mariage survint bien trop rapidement après cette douce rencontre nocturne. Dans le mois de Karfias, à la fin de l’été, les festivités se montèrent. Après le voile, les ressources étaient maigres en Péninsule, et le mariage pourrait aujourd’hui paraître comme terne. Mais il était suffisant pour réchauffer le cœur des gens éprouvés par un mois entier de nuit, et par bien trop d’autre tourments. Ce ne fut qu’au jour même de la fête que Gautier, se forçant à afficher un air joyeux, rencontra enfin Mathilde de Dacune. C’était une fort jolie femme, aux cheveux blonds et aux yeux bleus et au visage ovale, même si elle semblait quelque peu réservée. Mais elle n’était juste pas Adélaïde, et le cœur de Gautier ne pouvait la désirer.

La cérémonie se déroula néanmoins sans encombre. Les vœux furent prononcés et une nouvelle dame pris place dans Vendeuvre. Jamais l’amour ne réussit à s’épanouir dans ce couple forgé par la nécessité. Jamais la moindre passion ne se développa dans ce triste foyer. Mathilde était une femme intelligente et éduquée, comme Gautier eut tôt fait de l’apprendre. Il n’eut nul doute qu’elle comprit rapidement que son cœur appartiendrait toujours à une autre. Pourtant, elle ne développa aucune animosité envers son mari. En réalité, les deux mariés développèrent une très bonne relation. Mathilde partageait l’amour des lettres et de la philosophie avec son époux, et tous deux se montrèrent bons l’un envers l’autre. Une véritable confiance et une belle amitié se développèrent, et d’agréables moments furent partagés. Les bien trop nombreuses fois où l’intervention du seigneur de Vendeuvre et de ses chevaliers furent nécessaires aux frontières des Wandres, Mathilde prenait la direction du château et dirigeait aussi honorablement qu’intelligemment. Et, jamais elle n’accabla son époux pour les repas qu’il passait parfois, seul, avec Adélaïde, ni pour les soirs où il tardait à retrouver ses appartements, car elle comprit aussi bien vite que l’honneur exacerbé de l’homme l’empêchait de faire une quelconque bêtise.

Les années qui suivirent ce mariage furent marquées par la prospérité. « Par le fer et le sang », lui disait son père alors qu’il n’était qu’un jeune enfant. « Notre fer est ce qui a construit notre domaine, et notre sang versé pour le protéger est ce qui a fait de nous des seigneurs. N’oublie jamais cela, garçon, ce sont les plus importantes leçons de Vendeuvre. Ne t’abaisse pas aux basses manœuvres que certains nobles aiment faire pour accroître leur pouvoir. Notre famille est née du devoir de protéger notre peuple, et celui-ci sera toujours le plus grand de tes devoirs. ». Gautier n’avait pas oublié cette leçon, et s’inscrivait alors dans la parfaite lignée de ce que ses ancêtres avaient toujours fait. Son temps fut marqué d’une lutte constante avec les guildes locales afin de diminuer leur puissance, afin que le fer reste toujours largement sous son contrôle. Les artisans non affilés furent souvent aidés et privilégiés, redorant le blason des forgerons de Vendeuvre et de leur solide acier. L’armée de la seigneurie se fit renforcer, formant une troupe professionnelle, mobile car disposant toujours de chevaux et bien équipée.

Beaucoup, dans la seigneurie, considèrent encore la quinzaine d’année suivant le Voile comme un véritable âge d’or. Gautier gagna, en ces temps, l’amour des siens. Seuls les plus riches bourgeois étaient mécontents, se faisant bien souvent mettre des bâtons dans les roues à la moindre occasion afin de diminuer leur influence. Le peu d’événements organisés dans la seigneurie lui donna tout de même une réputation d’austérité parmi la communauté noble - il fallait dire que Gautier était peu enclin à organiser de grands banquets à la suite de son expérience personnelle -. Gautier instaura néanmoins une nouvelle tradition à partir de l’an 2 du Xième cycle, qui revint tous les quatre ans. Cette année, il organisa un tournoi qui rassembla un bon nombre de nobles et de chevaliers de la région et ses alentours. Mais cette festivité particulière n’avait pas pour seul objectif la démonstration de force, mais devait aussi se poursuivre par une célébration de Néera, imageant comment la violence canalisée d’Othar servirait le Choix et le Bien. Colère et douceur. Guerre et paix. Le message était clair, un symbole de la force militaire de la seigneurie tant que sa fidélité et sa dévotion envers les neuf enseignements de Néera, dévotion nourrie par l’imaginaire d’un renouveau accordé par la lumière de la DameDieu au peuple de la Péninsule.

Pourtant, cette quinzaine fut bien loin d’être dépourvue de trouble. Mais ceux-ci eurent une portée limitée pour les gens du commun qui vivaient en Vendeuvre, en quelque sorte protégé par la taille moyenne de la seigneurie ainsi que son influence réduite puisque jamais véritablement cultivée par les seigneurs en place. Même lors de l’an 7, alors que la situation paraissait critique, Gautier ne s’éloigna pas des idéaux qui lui furent appris. La dirigeante légitime, que le seigneur ne portait pas dans son cœur pour sa réputation d’intrigante, avait finalement laissé un grand vide au pouvoir, menaçant la structure même du marquisat. Bercé depuis son enfance de l’importance de ses sermons, de sa loyauté, et d’un manifeste désamour pour les jeux politiques, le seigneur n’avait aucune envie de participer à la course au pouvoir qui se lançait (d’autant plus en sachant ses ressources très limitées en comparaison des autres seigneurs). Gautier attendit patiemment qu’un vainqueur se manifeste pour lui rendre hommage, tout en espérant que de larges groupes provenant des Wandres ne profiteraient pas des tumultes du marquisat pour fondre sur les frontières en nombre. Néanmoins, l’ascension d’Aymeric de Brochant fut un véritable soulagement, car un local était définitivement préférable sur le trône de Serramire à un baron étranger.

Les tumultes de la Péninsule, et, plus spécifiquement, du nord, étaient loin d’être terminés, cependant. Gautier ne les suivit que peu, s’intéressant plus à ses terres et à leur défense, se contentant de réaffirmer sa loyauté à son suzerain et à lui payer son dû. Du moins, jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle menace existentielle, nouveau choc pour les hommes du nord un an après la guerre pour le trône de Serramire. Pour beaucoup, qui ne se déplaçaient pas d’un rayon plus grand qu’une dizaine de kilomètres autour de chez eux, la menace était encore lointaine, mais regardée avec une certaine forme d’angoisse. Tous savaient que ce qui se jouerait en Oësgard, définirait leurs futures années. Néanmoins, le seigneur de Vendeuvre se tint à ses habitudes, et ne participa pas directement aux manœuvres lancées par le marquis. Sa contribution se fit en or, avec ses réserves de fer, ainsi qu’un recrutement au nom de son suzerain sur ses terres, d’où des hommes partirent avec une bonne part des chevaliers disponibles de Vendeuvre. Bien petites contributions, il faut dire, mais à l’image des ressources vendeuvriennes bien limitées en comparaison de celle des barons, contes et marquis. Nombreux étaient ceux à attendre les nouvelles de l’est et des histoires terrifiantes du peuple sombre, et quand l’on apprit que Brochant mit fin avec brio à l’invasion, tous s’accordèrent à le considérer comme un héros et un grand seigneur. La nouvelle unification du nord sous l’égide d’un homme fort contribua certainement à ce que le peuple de Vendeuvre perçoive ce début de cycle, dans lequel ils n’avaient, finalement, peu souffert des troubles politiques, comme un petit âge d’or et un temps d’allégresse.

La passion manquante, un premier enfant n’arriva que tardivement dans le couple seigneurial. Ce ne fut qu’après six années de mariage que Néera accorda sa grâce et qu’un petit garçon naquit, aux yeux clairs et aux cheveux noirs. Ce nouvel héritier fut nommé Valeran et apporta une joie nouvelle au château. Après sa naissance, Gautier parut moins terne, moins dur. De petites festivités se multiplièrent, de temps à autre. L’homme, qui avait alors 24 ans, découvrait la joie d’avoir un enfant, bien que ses devoirs ne se rappellent bien souvent à lui. Nombreux furent tout de même les moments que Gautier passa avec Mathilde et son fils.

Quatre années plus tard, le foyer fut béni par la naissance d’une petite fille, Sybille, aux yeux verts et aux cheveux blonds de sa mère. Cette nouvelle fut accueillie par tous avec joie et chaleur, car les temps étaient difficiles. Les morts s’étaient levés et marchaient partout en Péninsule, y compris dans la seigneurie. Néanmoins, les interventions constantes de Gautier et la levée temporaire de la milice permirent de garder le territoire sous contrôle. Le troisième tournoi, organisé proche du bourg, fut maintenu pour garder haut les cœurs. Mais, bien triste fut cet événement pour Gautier, car, en ce jour, son vieil ami Aléric, qui l’avait suivi et aidé pendant ses années les plus difficile, reçut une grave blessure qui manquât de lui ôter la vie. Après de nombreux efforts, après avoir fait venir les meilleurs talents de ses terres, le chevalier fut sauvé, mais sa blessure ne guérit jamais véritablement. Il n’en resta pas moins logé par la seigneurie, prenant le poste de maître d’écurie. C’était un ami cher et Gautier avait besoin de son oreille bienveillante comme des soirées qu’ils pouvaient passer à boire ensemble, lorsque les événements étaient trop difficiles à porter.

De nouveau, le temps s’écoula plus ou moins paisiblement. Les enfants de Vendeuvre grandirent et s’affirmèrent. Là où Valeran était turbulent et courageux, sa sœur était calme et réfléchie, là où l’un courait la campagne à cheval, l’autre lisait ce qu’elle trouvait. Mais les deux enfants avaient un foyer aimant, et Gautier faisait en sorte de leur procurer la meilleure éducation qu’il pouvait. À leurs six ans, ils reçurent un percepteur, et quand Valeran grandit, comme son père avant lui, il commença à apprendre les armes  -au plus grand plaisir de l’enfant -.

Pourtant, comme toujours, comme une vingtaine d’année auparavant, les temps de faste ne sont pas faits pour durer. Au jour, suis le crépuscule, et, dans la quinzième année du XIème cycle, le crépuscule semblait prendre sa place. Un an auparavant, une nouvelle menace avait déjà vu le jour, sous la forme de petites créatures verdâtres, particulièrement teigneuses. Elles sortaient des grottes et descendaient des montagnes, qui pourtant, avaient toujours fait office de protection pour une bonne moitié des terres de Vendeuvre. Prenant de court le seigneur, les maudites créatures firent un ravage pendant quelque temps, avant qu’une véritable battue soit organisée pour chasser les vilaines créatures et les renvoyer là d’où elles venaient. Néanmoins, la menace ne fut réellement maîtrisée que lorsque les villages proches des montagnes furent renforcés, avec une palissade et une présence militaire plus grande, réduisant néanmoins les forces disponibles pour intervenir aux frontières des Wandres.

Et, en cette quinzième année, les choses allaient de mal en pis. Car ce fut à ce moment que la croisade félonne traversa les terres de Vendeuvre. Gautier ferma les portes de son bourg à l’approche de l’armée illégale, mais n’intervint pas plus. Son domaine avait déjà suffisamment d’ennui, il ne voulait ni en provoquer avec la force qui voulait pénétrer les Wandres, ni s’attirer les foudres des grands nobles du royaume pour les avoir soutenus. Ces fous ne semblaient pas savoir vers quoi ils fonçaient, et rien ne paraissait plus futile au regard de Gautier que de chercher la mort loin de son foyer pour un écho d’une gloire éphémère et sans valeur. Pourtant, la croisade réussit bien à faire quelque chose, contrairement à ce que pensait le seigneur. Et une chose qui rendit la vie bien difficile, à Vendeuvre, car après son échec cuisant, les Wandres étaient en ébullition. Les incursions se firent de plus en plus nombreuses, et plus solides, aussi. Auparavant, Gautier savait que les pillards donnaient de la valeur à leur vie, et prendre une forte position qui les menaçait directement était bien souvent suffisant à les faire reculer sans combattre. Désormais, les choses avaient changé, et la menace qui poussait ceux qui s’aventuraient dans la frontière de Serramire semblait bien plus grande que celle d’une charge de Gautier et ses hommes.

Les années qui suivirent furent difficiles, et ponctionnèrent nombre de ressources de la seigneurie. Les pertes augmentaient, dans les rangs, les réserves d’or diminuèrent et bien trop souvent, une partie de la milice due être levée pour repousser une incursion trop bien organisée. La situation était inquiétante, mais pas critique, car l’allié Haarhaldt tenait ferme et, tant qu’elle ne cédait pas, aucune invasion digne de ce nom n’était possible. Jusqu’ici, personne n’avait osé rassembler de quoi porter le siège. Pourtant, la situation préoccupante ne fit que s’empirer pour Gautier.

Au tout début de la dix-huitième année de Xième cycle, l’état de santé de Mathilde se dégrada. C’était, au départ, léger. Des petits moments d’absence, une légère confusion. Elle perdait un mot, elle ne terminait pas une phrase. Parfois, elle s’arrêtait sur son chemin, ne se souvenant plus de ce qu’elle devait faire. La situation inquiétait quelque peu Gautier, mais il lui fut assuré que ce n’était rien de grave, une petite fatigue de sa femme. Un peu d’air frais en dehors du bourg industrieux ainsi que des prières tant envers la DameDieu que Tyra devraient lui faire du bien, lui disait-on. Et puisque son épouse lui était une amie chère, Gautier organisa une petite retraite d’une ou deux ennéades dans un pavillon proche des bois, utilisé comme pavillon de chasse habituellement. Mais rien ne s’améliora, ni pendant la retraite, ni après, ni même lorsque l’on demanda à la noble dame de passer des journées entières à prier. Les trous de mémoire de Mathilde s’aggravèrent, et sa confusion se fit plus grande à fur et à mesure que le temps passait. Alors que l’année arrivait à son terme, au milieu de l’hiver, la dame en arrivait à ne plus réussir à formuler sa phrase et frapper rageusement sur une table, voir, parfois, semblait sourciller lorsqu’on lui parlait de ses enfants, comme si elle bataillait pour se rappeler d’eux.

À l’aube de la vingtième année du Xième cycle, les choses prirent une tournure dramatique. Gautier avait beau choyer sa dame, il avait beau essayer de se libérer du temps pour l’accompagner dans des balades simples et lentes, dans les jardins du château, son état de santé ne faisait que se dégrader plus rapidement encore. L’hiver battait son plein quand le cœur de l’homme mur, atteignant bientôt ses 38 ans, fut de nouveau heurté par les tristes réalités de la vie.

- Monseigneur, vint chercher un page alors que Gautier inspectait un mur de sa citadelle qui méritait bien quelques rénovations. Monseigneur… Maitre Pierre m’envoie vous mander. Il.. Il a des problèmes avec Dame Mathilde…

Remerciant le jeune homme, le seigneur se précipita vers ses appartements. Le fameux Maitre Pierre n’était autre que la personne faisant office de médecin pour la cour, un religieux fidèle à la DameDieu plus éduqué que les autres sur le sujet des corps. S’il avait dû intervenir, c’était que les servantes de sa femme avaient eu des problèmes, et si on le mandait, les choses étaient mauvaises.

-Allez-vous en ! Entendait-il crier alors qu’il approchait de son objectif. Vous n’avez pas le droit ! Pas le droit !

La voix de Mathilde était effrayée. Elle butait parfois sur un mot, son élocution paraissait perdre en fluidité. Gautier entra en trombe dans les appartements seigneuriaux pour découvrir sa femme, qui semblait acculée contre un mur, deux servantes inquiètes, certainement celles qui devaient s’occuper de la coiffure à moitié terminé de la noble dame et son médecin, essayant désespérément de faire des gestes d’apaisement.

- Calmez-vous, je vous en pire, ma dame. Je ne…
-Allez-vous en ! Coupa Mathilde. En voyant Gautier arriver, ses yeux clignèrent. Père… Ces gens… Ils veulent recommencer…

Gautier s’avança lentement vers Mathilde, en faisant un geste pour faire reculer les autres et lui laisser plus d’espace. Celle-ci sembla cesser de se débattre dans le vide. Des larmes coulèrent de ses yeux et des sanglots se firent entendre.

- Père, dit-elle en se jetant dans les bras de son mari. Ils sont revenus…
- Je suis là, Mathilde, répondit doucement Gautier, caressant le dos de la femme éplorée.
- Ils me veulent encore du mal, lança-t-elle dans un sanglot.
- Regarde-moi dans les yeux. C’est moi, Gautier.
- Gautier ? Susurra la noble dame en plissant les yeux. Elle semblait batailler difficilement.
- Oui, c’est ça. Je suis là, c’est bien moi.
- Gautier… Tout est si… Brumeux… Je veux rentrer au château. Dit-elle difficilement.
- Nous sommes au château, ma chère. Regarde, ce sont nos appartements.
- Oui, oui, je m’en rappelle…
- Nous devions nous retrouver pour marcher près du puits.
- Je crois, oui. Il faut me préparer, puis aller au puits.
- Voilà, c’est ça, continua Gautier d’une voix douce. Il dirigea sa dame vers une table où il la fit s’asseoir et où il prit place aussi.
- C’est tellement confus, Gautier. Je ne sais plus… Un instant, je suis là, et l’autre, tout semble s’envoler… J’ai peur…
- Et si nous regardions un peu le Recueil de Roland, à la place d’aller au puits ? Dit alors Gautier, faisant un signe pour que les autres personnes présente s’en aille définitivement et lui apporte le recueil de poésie susmentionné.

Pendant plusieurs heures, le noble sire resta avec sa femme, lisant avec elle les vers qu’ils avaient déjà partagé maintes fois en une passion commune. Mais l’esprit de la dame semblait souvent flancher, et il était parfois même difficile de lui rappeler ce qu’elle faisait là. Finalement, fatiguée, Mathilde s’endormit, et Gautier la laissa seule, demandant à des servantes de la surveiller. C’était la première de ses grandes crises, et les ennéades à venir ne feraient que les voir se multiplier. Nul ne semblait avoir une quelconque explication, ni la moindre idée d’une solution, au mal de la pauvre femme, que ce soit par les herbes ou par les suppliques adressées aux dieux. Le poids du devoir se faisait alors de plus en plus lourd pour le seigneur de Vendeuvre, car lui, n’avait pas le droit de flancher. Il n’avait pas le droit de s’occuper comme il convenait de celle qui fut une amie très chère pendant vingt années.

L’hiver, pourtant, ne finit pas d’apporter son lot de malheur, puisque ceux-ci ne semblaient jamais vouloir arriver seuls. Une maladie se propagea dans le bourg, coupant le souffle des hommes et leur faisant cracher du sang. Par un miracle du sort, Tyra se fit clémente, car elle sembla ne pas se propager pendant très longtemps, bien que ses victimes se comptèrent par dizaine. Mais la chance n’appartint qu’au peuple, pour une fois, car la maison noble ne fut pas épargnée par ce mal. Et, vers la fin de l’hiver, Adélaïde sentit ses premières fatigues. Alors que le printemps fleurissait, la belle femme rousse périssait. Gautier avait beau faire venir les plus grands talents de ses terres, ou supplier l’aide des dieux, personne ne semblait capable de soigner la toux qui se développait dans les poumons encombrés de celle qui occupait le cœur de Gautier. Tous les soirs, les deux tendres amis se rejoignaient dehors, alors que la pauvre femme maigrissait à vue d’œil et que sa fièvre s’empirait. Bientôt, Maitre Pierre demanda à son seigneur d’arrêter ces entrevues, tant pour que sa patiente puisse se reposer que pour éviter que son mal ne se propage à son seigneur. Des soins lui étaient néanmoins prodigués vaillamment, tant par son père, Adalbert, que par des servantes ou son médecin.

Jamais l’état d’Adélaïde ne s’améliora. Vers la fin du printemps, il était des plus critiques, et, en dépit de toute recommandation, en dépit de toute logique, Gautier ne se retint plus. La soirée était déjà bien avancée alors qu’il rejoignit la chambre de son amour. En entrant, le vieux Pierre vint l’intercepter.

- Monseigneur, vous ne pouvez pas…
- Osez me dire ce que je peux faire dans mon domaine ! Coupa Gautier. Il s’était approché de son vieux médecin et le regardait droit dans les yeux, le dominant de sa taille et de sa carrure, les poings serrés.
- Non, bien sûr, mes plus plates excuse, répondit alors Pierre en détournant le regard, intimidé par la fureur inhabituelle de son seigneur.
- Dehors, dit alors Gautier d’un ton sec. Tous, continua-t-il en désignant la servante qui trempait un linge dans une bassine d’eau fraîche.

Ses gens s’exécutèrent sans mot dire. Tous voyaient que rien ne ferait fléchir le triste sire. Gautier ferma la porte et attrapa le linge laissé dans la bassine. Il l’essora et alla rejoindre sa dulcinée, en le lui posant sur le front. Elle était bouillante et livide. De la sueur coulait sur son visage. Elle ouvrit néanmoins les yeux et un maigre sourire éclairci un instant son visage creusé.

- Gautier, tu ne devrais pas être… Elle fut coupée par une quinte de toux. Du sang en resta sur ses draps.
- Chut, garde tes forces, ma douce, dit alors Gautier en passant sa main dans les cheveux d’Adélaïde, comme aux doux temps d’antan. Bientôt, nous retrouverons notre petit toit, et nous grimperons à nouveau sur le lierre.
- Ah, Gautier… Répondit difficilement Adélaïde après un petit rire douloureux. Tu sais que c’est faux. J’ai mal… J’ai si mal… Je ne veux pas mourir, je veux rester avec toi…
- Je suis avec toi, là, maintenant. Je resterais là, personne ne pourra me faire partir, répondit alors le seigneur en attrapant la main de la malade. Il essayait de garder un sourire, mais la peine et la peur se lisaient sur son visage.
- Je t’aime, je t’ai toujours aimé, Gautier.
- Tu sais que j’ai toujours partagé ce sentiment, Adélaïde, termina le sire en embrassant le front encore chaud de la souffrante malgré le linge froid.

Les heures de la nuit défilèrent, sous la veille constante de Gautier. Adélaïde s’était endormie, mais son souffle ne restait qu’un simple râle douloureux, avant de s’éteindre définitivement, dans le silence et l’ombre. Peut-être avait-elle besoin, une dernière fois, de voir l’élu de son cœur avant de quitter ce monde. Gautier s’agenouilla alors au bord du lit. De la main gauche de celle qui venait d’expirer, il prit l’anneau d’argent qui symbolisait son amour. Il le serra dans son poing qu’il plaça sur son cœur. Alors, il ferma les yeux et laissa sa tête retomber sur les corps de la défunte, et pleura comme il ne se l’était pas permis depuis des décennies.

Mais, tandis que le cœur de Gautier se fendait, comme découpé par une dague meurtrière, le destin ne sembla pas en avoir fini. Car, les jours qui suivirent le décès d’Adélaïde, Valeran ressenti ses premières fatigues et eut ses premières toux. Le sort avait été clément dans les années suivant le Voile. Aujourd’hui, il frappait pour exiger son dû, fauchant l’amour de Gautier et maudissant sa femme et son fils alors que l’ombre de la guerre s’étendait sur ses terres. Des temps bien sombres s’annonçaient pour le seigneur et son domaine. Aucune solution ne semblait pouvoir venir de l’intérieur, il était temps d’acter une ouverture vers le monde extérieur, si la lignée de Vendeuvre voulait survivre.


Dernière édition par Gautier de Vendeuvre le Sam 10 Juin 2023 - 9:03, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Gautier de Vendeuvre   Gautier de Vendeuvre I_icon_minitimeDim 4 Juin 2023 - 13:16



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Seigneurie :

Carte moche, mais pratique:

La seigneurie de Vendeuvre est, somme toute, moyenne. Le cinquième de ses terres est difficilement praticable, couvert par des collines densément boisées. Ses terres ont une densité de population proche de celle du marquisat et forment une sorte de réseau de villages plus ou moins grands et plutôt proches les uns des autres. Seuls les plus riches, ici, ont la moindre fortification. Cependant, à l’extrême nord e la seigneurie, sur sa part attenante à la frontière avec les Wandres, les terres sont très faiblement peuplées. Des groupes réduits provenant des Wandres passent régulièrement la frontière pour piller ici, obligeant le seigneur à intervenir avec une troupe rapide.

Plus jeune et plus petite d’un bon tiers que Haarhaldt, Vandeuvre n’a connu un véritable développement et une extension de son domaine que quelques siècles auparavant. La lignée des Vendeuvre ne remonte pas à plus de quatre siècles, alors que se développait le village construit ici pour ses ressources. Un flou a, pendant longtemps, régné quant à l’appartenance des plaines à l’ouest du bourg, mais celui-ci fut réglé deux siècles auparavant. Les seigneurs d’Haarhaldt acceptèrent de reconnaître l’étendue actuelle de la seigneurie au prix d’une forme d’alliance perpétuelle et d’un partage du fardeau de la défense la trouée séparant le massif du Sigolsheim et les Hortles. Jamais les seigneurs de Vendeuvre n’ont remis en cause ce traité, et, bien souvent, les deux seigneuries assemblent leur force pour soutenir leurs efforts aux frontières. Cette étendue de Vendeuvre n’inquiéta pas tellement les ducs et marquis, car, non seulement la seigneurie restait moyenne, mais, en plus, la frontière apparaissait ainsi renforcée par une famille plutôt connue pour sa loyauté et sa non-implication dans les grands jeux de la noblesse.

La situation économique est entre bonne et correcte, dans la seigneurie. Vendeuvre s’est créé sur les gisements de fer des collines boisées. Ces gisements donnent un minerai très concentré, de très bonne qualité et sont suffisamment productifs pour que la seigneurie en exporte dans Serramire (mais pas suffisamment pour que ces exportations s’étendent au-delà du marquisat). Le développement de l’artisanat dans la seigneurie et la part plus importante de citadins (lorsque l’on vit proche des frontières, l’on a tendance à se rassembler un peu plus aux places les plus fortifiées) fait que la production de nourriture y est plus faible que dans le reste de Serramire. Élevage et agriculture y sont pratiqués, mais suffisent à peine à couvrir les besoins la seigneurie en temps normal. Il y a tout de même d’importants verger de pommier en Vendeuvre, et une petite réputation s’est développé sur les terres alentours pour l’alcool de pomme qui y est produit.

Places notables :

Gautier de Vendeuvre A7298311

Vendeuvre : chef-lieu de la seigneurie. Le bourg, densement peuplé, d’entre 2000 et 2500 Souffles est entouré de murailles de pierre. Il s’est construit autour d’une citadelle bien pensée et entretenue et est entouré de petits faubourgs beaucoup moins denses et non protégés. Le bourg est construit proche des mines de fer, et la forêt côtoie ses faubourgs, facilitant la production de charbon utilisé pour la transformation de l’acier.

Valsemé : village respectable de 400 Souffles construit proche d’une abbaye. Principalement connu pour ses grands vergers et sa production d’alcool de pomme.

Vézillon : village de 300 habitants au dernier croisement avant Vendeuvre, plutôt tourné vers l’élevage et connu localement pour son fromage de vache coulant. Des foires y sont régulièrement organisées.

Chaulieu : à l’origine, ce n’était qu’une colline venteuse où les moulins seigneuriaux avaient été construits. Un village d’environ 150 personne s’y est développé avec le temps, et sert depuis peu comme point de rassemblement pour les patrouilles protégeant les terres des descentes des gobelins.

Montabot : motte fortifiée, faite de bois et servant d’avant post duquel des patrouilles partent pour protéger les routes joignant le nord et le sud de la seigneurie. C’est aussi la dernière vraie protection avant les terres plus riches aux alentours de Vendeuvre. Un petit village de pas plus de 100 habitants s’y est développé.

Petit point militaire :

Aujourd’hui, la seigneurie dispose de théoriquement d’un peu moins de 200 soldats professionnels, dont une vingtaine de chevaliers. Une autre vingtaine d’hommes d’armes sont entraînés et équipés comme une cavalerie lourde (néanmoins, beaucoup moins bien armée que les chevaliers). Le reste est approximativement également réparti entre une infanterie et une archerie, dont une quinzaine d’arbalétriers considérés comme une petite élite mieux équipée et payée. Tous les soldats professionnels sont montés, bien qu’ils ne se battent pas tous à cheval (la mobilité ainsi gagnée est très salutaire, lorsqu’il s’agit de défendre les frontières contre une incursion impromptue.). L’infanterie est au moins équipée d’une cotte de mailles, d’un gambison, d’un casque, un bouclier, une arme d’hast et une arme de secours (hache, coutelas ou masse). L’archerie utilise un arc simple long, et se doit de porter au moins un casque et un gambison, ainsi qu’une arme de secours. Chaque soldat est libre de rajouter des pièces d’équipement comme il le souhaite (et le fait généralement, puisque toute chance de survie supplémentaire est bonne à prendre, sur un champ de bataille.).

La seigneurie peut aussi compter sur une force d’environ 400 miliciens (casque, bouclier, gambison et arme d’hast ou arme de tir obligatoire) rarement entièrement disponible. Les Vendeuvres n’aiment cependant pas avoir recours à des levées.
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MessageSujet: Re: Gautier de Vendeuvre   Gautier de Vendeuvre I_icon_minitimeLun 12 Juin 2023 - 17:45

Gautier de Vendeuvre Tampon13

Code:
[Métier] : Seigneur de Vendeuvre

[Sexe] : Masculin & Humain

[Classe d'arme] : Corps-à-corps

[Alignement] : Loyal Bon

Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur !
Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}.
Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.

_________________
Gautier de Vendeuvre Bouton10
Lómion : #3333ff
Uinèn : #cc99ff



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