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 Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]

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Louis d'Ydril
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MessageSujet: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeSam 9 Déc 2023 - 15:27


Panahos, quatrième jour de la neuvième ennéade de Favriüs, premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle
Ydril

Les yeux rivés sur l’horizon à l’est, perché sur un promontoire qui dominait le port de sa hauteur, Louis attendait, les jambes se balançant doucement dans le vide dans le rythme d’une comptine qui lui restait dans la tête ces derniers jours. Le soleil haut dans le ciel lui réchauffait la peau, contraste saisissant avec le vent froid qui venait du large. Ses pensées étaient tournées vers Adélina, et les quelques paroles qu’ils eurent put échanger à son arrivée. Depuis le dîner, il n’avait pas remis les pieds au palais, préférant éviter tout renouement avec la duchesse. C’était mieux ainsi, essayait-il de se convaincre. Et au vu de ce que son frère préparait, avec le duc qui arriverait bientôt, le cadet préférait se concentrer sur les évènements à venir.

Mais le garçon hésitait. Il commençait à voir des failles dans le plan du comte. Son avis sur le duc avait évolué pendant son séjour à Soltariel. Il l’avait vu à l’œuvre, prendre des décisions dures mais justes, agir intelligemment pour le bien de son duché, construire des alliances fortes avec les nobles de passage. Adriano n’était pas qualifiable d’homme bon, mais ce n’était certainement pas quelqu’un de stupide, comme avait pu le qualifier Norbert. Pourtant, le piège se resserrait. Il connaissait le contenu de la missive qui était partie quelques jours auparavant. Le jeune homme avait été témoin de l’affection que portait le duc pour sa nouvelle femme, nul doute qu’il braverait les dangers de l’océan pour essayer de la retrouver avant ses derniers instants. Louis soupira et fit glisser entre ses doigts un caillou rose aux reflets blancs, avant de le jeter nonchalamment sur le côté. Il entendit alors les pas de course de quelqu’un derrière lui et se retourna d’un bloc. Le chevalier Grégoire en sueur approchait, le visage pâle, le souffle court.

« Louis ! » cria-t-il au garçon qui se relevait d’un bond.
« Qu’y a-t-il, mon ami ? » demanda le comte héritier d’une voix inquiète.

Et le chevalier commença alors à raconter ce qu’il avait entendu, et ce qu’il était allé vérifier par lui-même en interrogeant la garde de la prison. Le visage du jeune homme se durcit en apprenant la traîtrise de son frère. L’emprisonnement d’Antioche des ennéades plus tôt, probablement parce qu’il avait eu vent du complot contre le duc ; l’accusation de piraterie envers la Adélina la veille et son incarcération ; le palais bouclé, toute sortie ou entrée interdite jusqu’à l’arrivée du duc… Louis serra le poing à s’en faire blanchir les jointures. De nouveau, Norbert agissait dans son dos, contre son gré, sans l’avertir des détails d’un plan qui partait en vrille. Toucher à la duchesse, s’était s’exposer bien davantage qu’assassiner le duc dans l’ombre.

« Norbert… » murmura-t-il. Le doute l’habitait. Imaginer son amante dans la geôle froide de cette prison lui brisait le cœur. « Elle t’attend, Louis. L’acte de ton frère est irréparable, mais tu n’y es encore pour rien. » Le chevalier tout en armure lui tendit un gros sac que le garçon n’avait pas vu jusque-là en lui jetant un regard dur. « Ne pas agir maintenant, c’est cautionner sa traîtrise, et te rendre toi-même coupable. » L’ancien brigand leva les yeux vers lui, et après une seconde d’hésitation, acquiesça. Ses propres armes l’attendaient dans ce sac. Il les enfila avec l’aide du chevalier et attacha à sa ceinture l’épée courte qui restait encore.

« Je te suis, Grégoire. Amène-moi à eux. À elle. »

D’un pas vif, le duo se dirigea vers le passage secret qu’ils avaient emprunté des ennéades auparavant. En chemin, Grégoire expliqua qu’un trio de chevaliers serait prêt à la tombée de la nuit pour accompagner Adélina en lieu sûr, et qu’elle pourrait rentrer chez elle. Ydril serait trop risqué pour elle les prochains jours, tant que l’archonte n’aurait pas été puni. Après avoir vérifié que personne ne les observait, ils se faufilèrent dans le boyau sombre qui débouchait sur un couloir heureusement désert. Le chevalier agrippa le jeune noble du bras et lui intima à voix basse :

« Les soldats ne sont pas nos ennemis. On ne tue personne, compris ? »

Les rôles étaient étonnamment inversés, mais Louis le remercia silencieusement. Son état psychologique ne lui permettait pas de prendre la moindre décision. Qu’était-il en train de faire ? Ces longues minutes de course lui firent brusquement revenir tous ces souvenirs où Norbert l’avait abandonné à son sort, jeté en pâture aux êtres violents qui l’avaient blessé et tourmenté pour que l’aîné puisse se tirer d’affaire. Il repensait à sa dernière trahison qui lui avait valu le cachot à Tylère. Après tout, son frère n’en avait toujours voulu que pour lui. Qui sait s’il avait vraiment prévu de lui confier le trône d’Ydril, et pas seulement se débarrasser de lui quand il aurait tué Adriano ?

Ils marchaient à pas vif dans les couloirs, saluant au passage les gardes qui les reconnurent mais ne les arrêtaient pas. Après tout, ils n’avaient aucune raison de ne pas être là. Ce fut une autre paire de manches en arrivant devant la grille de la prison. Grégoire s’avança vers le garde et lui intima d’une voix forte.

« Ouvre-nous. On vient voir Adélina. »

S’attendant à de la résistance, le chevalier durcit son visage, mais le garde ne posa pas de question en reconnaissant le frère du comte et leur ouvrit. Il les guida au travers d’un dédale de cellules presque toutes vides, et s’enfoncèrent jusqu’à une petite porte gardée par un autre homme.

« Halte ! Personne ne passe ici. »

Louis dépassa les deux hommes armés et s’avança face au garde.

« Ouvre, c’est un ordre. »
« Mes ordres viennent de l’archonte en personne uniquement ! Je- »

Il ne termina pas sa phrase. Vif, Louis lui avait écrasé son poing contre sa mâchoire dans un craquement sinistre. Des dents et du sang giclèrent et vinrent décorer le sol et le mur alors que le garde s’effondrait par terre. Un violent coup de pied suivit sur la tête du soldat qui ne bougea plus, la respiration sifflante. Derrière eux, Grégoire avait retenu l’autre garde et lui avait soufflé quelque chose à l’oreille. Visiblement, le conseil avait été efficace, et ils observèrent le garçon en silence qui ramassait les clés du donjon, et ouvrit la dernière grille qui les séparait des geôles des deux prisonniers. En silence, le garde tira son compagnon à l’intérieur tandis que le duo entrait dans la partie la plus profonde de la prison. Des torches vacillantes éclairaient les murs noirs et humides. Une odeur de sang et de mort y régnait, et Louis sentit son cœur vaciller. Il remarqua la silhouette faible d’un homme dans une des cellules, et se rua vers lui en cherchant la clé.

« Antioche ! » cria-t-il désespérément. « Grégoire ! »

Il déverrouilla la serrure et se rua à l’intérieur. L’homme vivait encore. Déjà maigre auparavant, il n’avait maintenant plus que la peau sur les os. L’ancien régent était recroquevillé par terre, grelottant et fiévreux. Ses beaux vêtements n’étaient plus que haillons. Lorsque Louis se pencha vers lui et posa une main chaude contre son épaule, le noble sursauta en se réveillant.

« Norbert, vous… » commença-t-il d’une voix faible. Il s’arrêta brusquement en reconnaissant le cadet. « Louis ?... »
« Je viens vous tirer de là, messire. »

La main squelettique et tremblante du sire d’Essenburg s’agrippa au revers de la veste du garçon. Si son corps était fatigué, l’homme avait gardé toute sa tête, et son regard était encore vif.

« Pourquoi si tard ? Vous n’êtes pas… »
« Je n’étais pas au courant, » coupa net Louis d’une voix ferme. « Mais rassurez-vous, dans peu de temps, vous serez en lieu sûr. Pouvez-vous vous lever ? »
« Je crois… » murmura l’homme en s’aidant de son appui. « Louis, Norbert… Le duc, il veut l’assassiner. » Le visage du cadet devint impassible, et Grégoire à ses côtés ne put s’empêcher de s’exclamer de stupeur. Antioche scruta l’expression du garçon, et souffla avec mépris : « Vous savez. Non, vous êtes celui qui le tuera, c’est ça ? » Louis ne répondit pas. Le regard du chevalier se braqua sur lui, et sa main gantée se posa sur la poigne de son épée. « Il n’est pas trop tard, mon garçon. Si vous commettez cet acte, vous n’y survivrez pas. Votre frère, peut-être. Ne tombez pas dans son piège, je vous en conjure. Le duc ne se laissera pas faire. Il est plus puissant que vous ne l’imaginez. Vous- »
« Taisez-vous, Antioche, je vous en prie, gardez vos forces. Ma décision est déjà prise. » La voix du noble était assurée et ferme. « Nous allons vous faire sortir d’ici, vous et Adélina. »
« Oui… elle est ici, dans la cellule voisine. Je crois que… elle ne va pas bien. »

La tête de Louis se tourna d’elle-même d’un mouvement vif vers la direction que lui indiquait son tuteur.

« Je m’occupe de lui, Louis. Va la retrouver. »

Le chevalier le poussa gentiment de l’épaule en lui jetant un regard triste. Il se sentait trahi par ce noble qui l’avait accompagné lors de ce long mois. Sur quels mensonges leur relation était-elle donc fondée ? Le garçon se mordit la lèvre et hocha la tête avant de se relever.

« Je vais tout t’expliquer, Grégoire. »
« Y’a intérêt. »

Louis entendit Antioche gémir quand le chevalier le toucha, et laissa là le duo pour rebrousser chemin et se dirigea vers la geôle suivante. Elle était plus sombre encore que la précédente, et ses yeux mirent un petit moment avant de déceler le spectacle horrible qui s’offrit à lui. Il eut un hoquet en apercevant Adélina, et ses mains tremblaient lorsqu’il enfonça la clé dans la nouvelle serrure. Le garçon se rua vers sa duchesse et tomba à genoux devant elle, les mains tendues vers son ventre, répétant son nom dans un murmure abasourdi. Il n’osait la regarder dans les yeux. Il avait failli à la promesse qu’il lui avait faite : il n’avait pas su les protéger. Ni elle, ni leur fils à naître.

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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeSam 9 Déc 2023 - 20:33




Les gardes l’avaient amené dans les donjons du palais Ydrilotte. Un contraste extrême avec l'opulence du palais lui-même. Adélina eut du mal à mémoriser le chemin, semblant sur le point de tomber inconsciente à tout moment. Son crâne entier la faisait souffrir. Elle pouvait sentir le coin de sa paupière gonflée, signe qu’un coquard des plus impressionnant allait apparaître. Sa lèvre fendue laissait s’échapper de légères gouttes de sang alors que son cou était déjà la victime de marque violacée. Au bout de longues minutes, les gardes la jetèrent violemment sur le sol d’une geôle sombre. Adélina laissa s’échapper un sanglot, mais cela n’arrêtèrent guère les deux gardes, qui la traînèrent dans le coin de la pièce sombre et froide. Ils détachèrent rapidement ses poignets avant d’attacher de lourdes chaînes autour de ces derniers. Prise d’une dernière poussée d’énergie, la nordienne tenta de remuer, voulant se faire vomir pour éviter le sort fatal que le Comte lui avait imposé, mais c'était sans succès. Satisfaits, ces derniers sortirent de la pièce, refermant la porte à clé derrière eux.



Ce fut lorsque les premières crampes arrivèrent qu’on la détacha finalement. Sans aucune empathie, aucune émotion, le garde lui enleva les chaînes, qui même si elle ne les avait que porter pendant quelques heures, avaient laissé des traces bleutées sur ses minuscules poignets. La suite… Fut digne de ses pires cauchemars. Les heures passèrent, alors que cette dernière souffrait de maux particulièrement violents. Incapable de marcher, incapable de faire quelques pas, elle s’était laissé tomber sur le sol poussiéreux de la geôle. Des cris de douleur s’échappaient de cette dernière, des appels à l’aide qui ne recevaient aucune attention. Puis, elle sentit le sang couler entre ses jambes encore et encore sans jamais vouloir s’arrêter. Ses mains et ses bras s’en imprégnèrent alors qu’elle tentait tant bien que mal d’éviter l’inévitable… Et lorsque cette masse sanguinolente sortie, la duchesse eut l’impression que son cœur venait d’exploser. Difficilement, elle réussit à s'asseoir contre le mur, tenant ce qui aurait dû être son fils. Sous le choc, elle observa ce petit être à travers l’obscurité. Difficile de dire combien de temps, elle passa ainsi. Adélina porta ce petit être sur son coeur fermant les yeux. Au début, elle eut l’impression de chercher son souffle, les sanglots montant peu à peu. Puis un long cri se fit entendre. Un long râle déchirant, meurtri, qui sembla résonner à travers les murs de pierre. Un sanglot qui se fit entendre à travers les différentes geôles, déchirant le cœur des prisonniers les plus endurcis.



Les minutes s’étaient étirées, transformées en heures… Les sanglots avaient fini par s’arrêter. Mais la douleur de la duchesse, elle, était toujours là. Elle avait tellement pleuré, tellement hurlée, qu’il n’y avait plus rien qui pouvait sortir à ce moment-là. Bientôt, le petit être devint froid. La nordienne, toujours en sanglotant, déchira un long morceau de sa luxueuse robe de soie maintenant poussiéreuse, avant de le déposer doucement sur ce dernier. À genoux devant ce dernier, elle ne put se retenir, laissant un nouveau hurlement de douleur s’échapper. Son front se posant sur la pierre, laissant de nouveau sa peine s’échapper. Puis, lorsqu’elle eut un peu plus de force, elle se redressa, l'enveloppant comme si ce dernier allait au lit. Elle resta ainsi à genoux à observer le petit être, ignorant le temps qui passait. De toute façon, les heures se mélangeaient, semblant créer une boucle sans fin. Adélina n’eut guère conscience qu’on entrait et sortait de sa cellule pour lui donner à manger et à boire. Incapable d’y toucher et surtout incapable de bouger, son regard restait rivé sur le tissu ensanglanté devant elle. Son teint devint blafard, son regard vide. Les larmes ne pouvaient plus sortir. Le froid la faisait trembler, et pourtant, la couverture la plus chaude n’aurait pas plus la réchauffer.



Ce n’est que lorsqu’elle sentit une main sur son ventre qu’elle sembla prendre conscience de ce qui l’entourait. Son regard se leva pour apercevoir le jeune comte… Celui qui avait été son amant pour une nuit. Celui qui devait l’avoir trahi. Après tout, il n’y avait que Louis qui était au courant de ses recherches pour trouver le Rokvenha. Avait-elle causé un si grand impair qui valait une punition aussi brutale, aussi cruelle ? Était-ce le fait qu’elle l’avait repoussé à Soltariel? Qu’est qui pouvait pousser un homme à trahir celle qu’il aimait supposément ? Adélina expira doucement, retenant les sanglots qui montaient de nouveau. Elle n’avait pas la force de se disputer. Plus la force de se battre. Son corps entier lui faisait mal et le sang qu’elle avait perdu ne l’aidait guère. Adélina devait faire face à la réalité. Que ce soit par les mains du Comte, ou du Duc… Elle ne survivrait pas à ces accusations. « Tout ce que je voulais était de vous protéger, Louis… » Murmura-t-elle alors que les larmes lui montaient aux yeux. Le reste des mots semblaient s’étrangler dans sa gorge. La nordienne retourna son regard vers le foetus, sa main s’avançant doucement, attrapant le bout de la soie avant de le recouvrir du tissu de sa robe. Une larme coula doucement de son œil, laissant une légère trace sur sa joue poussiéreuse. Puis, elle laissa sa tête tomber contre la pierre, fermant les yeux. Son corps entier la faisait souffrir, et pourtant rien n’était plus douloureux que la perte de son enfant à naître. Adélina se savait déjà fragile, déjà brisée… Mais les événements des dernières heures avaient pulvérisé les restes de son coeur. Ne restait plus rien. Que ce vide béant. Que cette douleur atroce. Elle ouvrit la bouche, comme pour laisser s’échapper un sanglot silencieux. Puis un nouveau murmure réussit à sortir de ses lèvres gonflées, ensanglantées. « Rien qui n’aurait mérité telle trahison de votre part… Partez maintenant… Laissez-moi mourir en paix. »

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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeDim 10 Déc 2023 - 0:50



Le spectacle terrible de cette femme brisée serrant contre elle le reste du fœtus qui habitait encore en son sein une journée auparavant fendait le cœur du garçon. Celle qui rayonnait tant à ses yeux n’était plus que l’ombre d’elle-même aujourd’hui. La voix de la duchesse lui parvenait comme à travers un voile. Son sang bouillonnait, pulsait à ses oreilles. Il voulut tendre la main vers ce petit être qui ne verrait jamais le jour, mais quelque chose le retint, et ses doigts se refermèrent dans le vide. Sa poitrine se resserra douloureusement. Louis ne trouvait pas les mots, mais que pouvait-il bien dire, bien faire ? Il était déjà trop tard. Cette situation le dépassait complètement. Personne n’aurait pu le préparer à ça.

Car pour lui, il n’y avait aucun doute : ce qui reposait sous le tissu déchiré de la robe de son amante n’était autre que le fruit de leurs ébats à Siriac. Il l’avait compris dès qu’il avait vu le sang séché sur le sol et le long des jambes de sa dame, ainsi que les tâches rouges sur sa robe. Quel genre de monstre était devenu son frère pour tuer un être encore à naître ? Dans la tête du garçon, les pensées et les émotions se bousculaient. La respiration saccadée et les yeux remplis de larmes, toujours à genoux, il s’approcha d’Adélina alors qu’elle lui parlait de nouveau, et encore une fois, il voulut s’arracher le cœur. Son regard se perdit sur le corps recroquevillé de la duchesse. La voir ainsi était si difficile. Il repensait à ce qu’elle lui avait confié par les mots ou les gestes. Cette femme, il la savait déjà fragile. Louis aurait voulu, il aurait dû être son ancre, celle à laquelle la duchesse aurait pu s’accrocher pour ne pas couler, et battre de nouveau de ses propres ailes. Aujourd’hui, les quelques miettes de l’existence qu’elle avait réussi à reconstruire s’étaient sans doute envolées.

« Trahison… » répéta-t-il dans un murmure à peine audible. Une seconde fois, il la toucha, à l’épaule cette fois, dans un mouvement délicat. Ses doigts glissèrent le long de sa peau nue, puis sa paume qu’il appuya doucement contre elle. Les mots d’Adélina le dérangeaient. Ils n’avaient pas été choisis au hasard : elle voulait qu’il souffre, lui aussi, et le garçon n’arrivait pas à comprendre pourquoi. « Lina, je n’ai jamais cessé de t’être loyal, » dit-il simplement. Cette évidence, il préférait la lui rappeler, même si ce n’était absolument pas le moment de la contredire. « Et tu ne mourras pas ici, et certainement pas aujourd’hui. Tu peux te lever ? » Il n’attendit pas sa réponse et prit le bras de la duchesse pour le poser sur ses épaules, puis posa une main dans son dos pour l’aider à se redresser. « On va vous tirer de là. Tu es prête ? »

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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeDim 10 Déc 2023 - 13:47




Elle avait l’impression que son esprit était totalement engourdi, résignée. La duchesse n’était plus… Ce n’était qu’une question de temps maintenant avant qu’elle ne se retrouve dans le royaume de Tyra. Si cela avait été difficile à accepter au départ, il fallait dire que ces dernières heures, elle avait supplié la voilée de venir la chercher. Le mal qui la tenaillait, la douleur autant psychologique que physique qui le possédait, ne faisait qu'aggraver son état. Adélina avait connu le bonheur, un instant fugace, parfait, qu’elle s’était fait dérober. Puis un nouveau, qui ne dura pas assez longtemps avant de se retrouver dans les griffes d’un autre. Adélina avait tenté d’être heureuse, avait réellement essayé d’approcher le Duc, de construire quelque chose avec ce dernier, mais son affection n’était venue que trop tard - peut-être que lorsque ce dernier s’était aperçu qu’il la perdait. Elle avait assez souffert et elle n’en pouvait plus.



La jeune femme leva doucement son regard empli de larme vers le garçon alors qu’il réitérait sa loyauté. Une légère lueur sembla rayonner dans ses yeux noyés par le chagrin. Il lui avait été loyal ? « Alors comment a-t-il su ? » Qui d’autre aurait pu la trahir ainsi ? Qui d’autres aurait pu bousiller le mince filet qu’était sa nouvelle vie ? Mais cela ne semblait guère atteindre l’entrain du jeune homme qui lui disait qu’elle ne mourrait pas aujourd’hui, allant même à passer son bras sous le sien pour tenter de la relever. La jeune femme grimaça de douleur alors qu’il tenta de la mettre sur ses pieds, et ses jambes cédèrent, trop exténuées après autant de peine et de douleur. Adélina laissa s’échapper un léger râle de douleur, avant de s'agripper à son ancien amant. « Louis… » murmura-t-elle, plantant deux prunelles suppliantes dans les siennes. « Ils ont trouvé la lame du Rokvenha… Si ton frère ne me condamne pas… Le duc me tuera probablement de ses propres mains pour l’avoir trahi… D’une façon ou d’une autre, je suis condamnée. » La nordienne passa doucement sa main sur la joue du suderon. La légère pression qu’elle y mettait la fit frémir de nouveau. Alors que ses jointures avaient pris une teinte noircie après l’assaut du garde. Elle posa son front contre le sien, caressant doucement sa joue de ses doigts brisés. Son souffle chaud caressant les lèvres de son ancien amant. « Va-t-en… Sauve-toi. »

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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeDim 10 Déc 2023 - 15:15



Louis se mordit la lèvre en s’apercevant que la duchesse n’arrivait pas à se lever. Ils allaient devoir la porter, mais avec Antioche qui était probablement encore plus faible qu’elle, Grégoire et lui ne pourraient pas s’en sortir seuls. Il tourna la tête en direction de l’autre cellule, mais le mur de pierre qui les séparait l’empêchait de voir ce que le chevalier et le noble faisaient. Le murmure d’Adélina ramena son regard sur elle. Entendre son nom dans la bouche son amante, voir ses yeux et ses lèvres si proches… il sentait bien qu’elle ne l’avait pas oublié. Il écouta ses craintes et hocha la tête. L’avenir de cette femme était dorénavant entre ses mains. Le garçon était le seul à pouvoir la sauver. Il frémit à son tour en sentant sa main sur sa joue, leurs fronts collés l’un à l’autre, son souffle chaud sur ses propres lèvres. Sa main libre glissa derrière sa nuque et il l’approcha doucement de lui, avant de lui répondre d’une voix douce, s’efforçant d’ignorer le cocard et les blessures bien visibles sur son corps :

« Tu n’as plus rien à craindre de mon frère. Il paiera pour ce qu’il t’a fait, tu ne le reverras plus jamais. » Sa voix se brisa, et il l’embrassa doucement une trop courte seconde en fermant les yeux. « Je ne partirais pas sans toi, Lina, mais il faut nous hâter. Accroche-toi. »

Son bras glissa le long de son corps. Il l’empoigna fermement et se releva en la portant dans ses bras, d’une bien autre manière que des ennéades auparavant. Elle était si légère, n’avait-elle donc pas mangé pendant toutes ces heures au cachot ? Le garçon fit un pas en avant pour assurer son équilibre et sa prise, et, ignorant les gémissements de sa belle, sortit de la cellule pleine d’horreurs. Au même instant Grégoire et Antioche s’extirpaient de l’autre, tous deux sur pieds. Le vieux noble s’appuyait sur le chevalier qui les regarda d’un air médusé.

« Sainte mère… » murmura-t-il dans un souffle.
« Ma Dame… » dit l’ancien régent à l’unisson.
« Eh bah, » termina le garde qui refermait une autre grille sur son camarade au visage maintenant abimé, « il vous a pas raté. Venez, je vais vous faire sortir de là. »
« Et comment ? » continua le chevalier. « Il y a des gardes partout au palais, ils ne nous laisseront jamais passer. »
« Ne vous en faites pas, messire. Avant qu’on n’le tabasse et qu’on l’exécute, Armel m’a partagé quelques… secrets, dont un petit passage secret qui débouche en ville, près de-. »
« Eh tocard, t’es où ? Pourquoi t’es pas à ton poste ? »

La voix d’un nouveau venu leur parvint à tous les quatre, et ils se retournèrent d’un bloc. Le chevalier retint un juron et s’élança tout comme le soldat vers ce nouveau garde qui les regarda d’un air ébahi. C’était ce même homme qui avait retenu et frappé la duchesse. Son visage bandé cachait la blessure qu’elle lui avait infligé avec le poignard du pirate. Avant que les hommes d’armes ne soient sur lui, il dégaina sa lame, contra le premier coup du chevalier, et le repoussa avant de parer l’épée de l’autre garde qui grogna sous le choc. Ce fut à son tour d’attaquer, et une frappe violente vint suinter contre l’armure du soldat qui encaissa la force du coup et bloqua la lame avec son bras. Grégoire profita de l’ouverture pour enfoncer sa lame sous l’aisselle de l’homme corrompu par Norbert. Un râle de douleur s’échappa de sa gorge quand l’épée du chevalier se retira et que son bras s’affaissa malgré lui.

« Pas un mot de plus, ou je t’étripe, » lança-t-il entre ses dents.

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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeDim 10 Déc 2023 - 22:57



Adélina put sentir la main du noble sur sa nuque, alors qu’il l'approchait de lui. Curieusement ces paroles ne la rassura guère. Norbert n’était pas dupe, s’il avait réussi à la piéger, il pourrait très bien le faire avec son frère et le Duc, lui-même. C’était un être perfide qui n’avait aucune nobilité, aucune valeur. Cet homme qui avait arraché une vie si jeune et innocente. Il pourrait très bien le refaire avec son propre sang. Puis, elle put sentir ses lèvres sur les siennes. Se baiser fut réellement douloureux. Non pas seulement dû à sa blessure, mais la nordienne eut l’impression que cela serait le dernier et lorsqu’elle le relâcha doucement, elle lui murmura de nouveau; «Je n’ai plus la force de me battre, Louis…» Mais son amant n’écouta pas ses avertissements, il réitéra une nouvelle fois qu’il ne partirait pas sans elle. La prenant doucement dans ses bras. La jeune femme passa un bras autour de son cou, l’enserrant sans réel force ou conviction de son autre main ensanglantée. Le simple fait qu’on la touche lui arrachait un gémissement de douleur, mais Louis ne s’arrêta pas. Rejoignant rapidement la sortie de la cellule. Là, deux visages familiers les attendaient. Adélina ouvrit doucement les yeux, voyant Grégoire ainsi qu’Antioche, mais ne put guère leur répondre quoique ce soit. Honteuse, cette dernière ferma les yeux avant de poser son front contre l’armure de l’Ydrilotte, n’écoutant que vaguement la conversation que les hommes avaient.


Mais c’est lorsqu’elle entendit sa voix, qu’elle eut finalement une réaction… La jeune femme trésahillit alors qu’elle entendit la voix de celui qui l’avait autant rudoyer. Son corps se crispa, sa main chercha à s'agripper à Louis avant qu’elle ne se mette à trembler comme une feuille. « Cette voix… » murmura-t-elle, transi de peur. Sa respiration s’accéléra encore et encore, devenant de plus en plus incontrolable. L’air lui manquait. La panique la tenaillait. Il était revenue pour continuer. Il était revenue pour la faire souffrir de nouveau. L’histoire se répétait. Elle était redevenue un jouet à torturer encore une fois. Les souvenirs remontaient, elle pouvait presque sentir la lame transpercer sa jambe à nouveau alors que le capitaine pirate la maintien au sol. Elle tenta d’avaler une nouvelle goulée d’air, ayant l’impression qu’elle se noyait, comme si l’air autour d’elle s’était dérobé à son arrivé. Ses yeux se fermèrent alors qu’elle entendit le bruit d’armes qui s’entrechoquait. Il fallait qu’elle prévienne Louis du danger. Après tout, cet homme était dangereux, et décidément n’en avait cure de quelconque statut social. « Faites attention. C’est lui qui m’a fait ça… » Murmura-t-elle de nouveau, incapable de contrôler sa respiration ou les tremblements de son corps.

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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeDim 10 Déc 2023 - 23:46



L’avertissement de la duchesse ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Louis approcha imperceptiblement son corps du sien, comme pour la protéger de cet être vil qui l’avait violenté. Il laissa l’air s’échapper de ses poumons avant d’appeler son ami.

« Grégoire. »

Le chevalier se retourna précautionneusement, attentif au moindre geste de son prisonnier. Le comte héritier lui lança un regard décisif. Sa voix implacable retentit entre les murs de cette prison quand il annonça la sentence. Pour la première fois de sa vie, quelqu’un d’autre que lui ferait le sale boulot à sa place.

« Tue-le. »

Le ton grave qu’il employa ne laissait aucun doute, et Grégoire n’hésita pas. Proprement, sa lame transperça le cou du garde de la glotte à la nuque qui laissa échapper un râle dans son dernier soupir. En la retirant, le corps inerte de l’homme s’effondra. Le chevalier essuya son arme sur le tissu du mort avant de la rengainer et se tourna de nouveau vers Louis.

« On avait dit pas de morts, votre Grandeur. Je n’approuve pas votre décision. »
« Qu’importe. Celui-là était notre ennemi, un risque pour son Altesse la duchesse di Alcacio, notre suzeraine. J’en prends l’entière responsabilité. » Son ami inclina la tête. « Garde, guide-nous vers ton passage secret, et vite. Son Altesse a besoin de soins. »
« A vos ordres. Veuillez me suivre, messires. »

Le changement de comportement du garçon était saisissant. Antioche ne le quittait pas des yeux, impressionné par la stature de cet homme qu’il ne pensait être que l’ombre de son frère. Louis ignora son regard et se contenta de suivre le garde qui s’élançait déjà dans les couloirs sombres de la prison. Au détour d’un virage, il récupéra une torche posée sur le mur et activa un mécanisme en tirant sur son support. Un pan de la paroi voisine pivota dans un grondement sourd, révélant un tunnel jusqu’à présent camouflé, et le petit quintet s’y engagea avant de refermer soigneusement le passage derrière eux.

Ils marchèrent de longues minutes à petites foulées, guidées par la lumière vacillante du garde qui avançait d’un pas sûr et serein. Louis le suivait de près, Adélina toujours dans ses bras. Antioche et Grégoire fermaient la marche, le premier appuyé sur le chevalier pour l’aider à tenir la cadence. Au bout d’un moment qui parut interminable, ils sentirent le sol grimper peu à peu dans une pente incertaine, au bout de laquelle une double porte simple en bois leur barrait la route. Le garde inséra une clé dans la serrure puis poussa le battant, révélant une pièce très simple dotée d’un lit, d’un coffre, d’un bureau et son tabouret, ainsi que d’une petite fenêtre aux volets fermés, qui laissait encore passer la lumière du jour. Le soldat s’effondra sur le coffre en soupirant, et les deux autres nobles s’approchèrent de l’autre porte en parlant à voix basse, celle qui devait mener vers le couloir de cette étrange auberge. Le garçon s’approcha du lit et y déposa la duchesse gémissante. Ses doigts effleurèrent discrètement la main de son amante, et il lui chuchota doucement :

« Vous êtes en sécurité ici, ma Dame. » Louis détacha sa gourde de sa ceinture et en retira le bouchon. Il but une courte gorgée avant de se pencher au-dessus d’elle. « Buvez, je vous prie. Vous devez vous hydrater, il faut que vous retrouviez des forces. »

Il amena le goulot à ses lèvres terriblement attirantes et fit glisser le liquide tiède mais rafraichissant dans sa bouche. Le garçon se redressa enfin et s’éloigna pour se rapprocher enfin d’Antioche et de Grégoire.

« Messires, » dit-il toujours à voix basse, « nous devons attendre la nuit. »
« Oui, » répondit le chevalier. « Sires Rodric, Lotte et Frederik nous attendent à la tombée de la nuit à la grande porte d’Ydril, pas avant. »
« Je connais ce passage et cet endroit, » continua Antioche faiblement. « Nous sommes collés à la muraille, à moins d’une minute de marche de là. Nous ne craignons rien ici, reposons-nous. » Il s’arrêta quelques secondes et son regard se perdit du côté de la duchesse. « Comment va-t-elle ? »
« Je ne suis pas médecin, mais je pense qu’elle va s’en sortir. » Louis soupira et ses yeux suivirent ceux de l’ancien régent. « Elle a besoin de repos, et de manger aussi. »
« Il n’y a rien ici, et aucun de nous n’est habillé convenablement pour aller faire des emplettes sans éveiller des soupçons. Elle devra attendre que tout ça se tasse. »
« Nous vous faisons sortir d’Ydril. J’ai une entière confiance en les trois chevaliers qui vous escorteront, vous serez en sécurité avec eux. »
« Où allons-nous ? »
« Vous verrez sur le chemin. » Le chevalier indiqua d’un signe de tête le garde qui semblait absorbé par ses mains. « Reposez vous aussi, messire. Vous aurez de la route à faire. D’ailleurs, nous devrions tous faire de même. »

Les deux hommes acquiescèrent et se dispersèrent. Antioche prit la place du soldat sur le coffre. Ce dernier alla se poster face à la porte d’entrée, juste à côté du chevalier qui montait déjà la garde. Louis, quant à lui, souleva le tabouret posé sous le bureau et le déposa prêt du chevet de la duchesse. Il s’installa dos au mur, la tête en arrière et la main posé sur la poignée de son épée.

« Vous avez entendu, votre Altesse ? Vous serez bientôt hors d'atteinte de ce monstre. »

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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeLun 11 Déc 2023 - 14:41




Adélina eut du mal à garder les yeux ouverts alors que le groupe s'engageait dans le tunnel. Trop épuisée, endolorie pour faire quoique se soit, elle se contenta de poser sa tête contre l’épaule de Louis, tentant tant bien que mal de ne pas perdre conscience. Elle avait mal. Elle avait froid et son esprit embrouillé n’aidait en rien sa condition. La nordienne eut du mal à ouvrir les yeux alors que Louis la déposait doucement sur le lit, tentant de lui faire boire un peu. Puis, la jeune femme se recroquevilla sur le lit, comme pour se protéger d'une quelconque attaque. Dos aux quatre hommes, elle tenta de fermer les yeux. S’assoupissant finalement après des heures de tortures. Son sommeil fut agité, et au bout de quelques heures, elle se fit réveillée par Louis qui tapota doucement son épaule pour la réveiller. La nuit était finalement tombée. Adélina réussit à se lever, bien que difficilement. Elle avait l’impression que le moindre de ses muscles lui faisait mal. Aidée par Louis, cette dernière suivit les quatre hommes à travers les rues d’Ydril pour rejoindre la grande porte. Elle eut l'impression que tout le chemin s'était fait relativement rapidement, son esprit n'étant plus réellement là. Peut-être était-ce pour le mieux, au moins, elle pourrait s'éviter une certaine souffrance. Le groupe rejoignit la grande porte, là où trois chevaliers habillés en civil se tenaient.



Les chevaliers eurent un air horrifié alors qu’ils apercevaient la duchesse, ce qui la fit rapidement baisser des yeux. Adélina, honteuse, ne put se résoudre à rencontrer leurs regards de nouveau. Elle avait l’impression d’être encore plus souillée qu’elle l’était. Ses vêtements tâchés de sang et de poussière, les innombrables ecchymoses qui noircissaient le côté de son visage ne faisait qu’empirer ce sentiment grandissant en elle. L’un d’eux sembla sortir de sa torpeur, et s’approcha rapidement de la baronne, enlevant sa cape de voyage pour la mettre sur les épaules de la baronne. « Il faut partir… » La jeune femme hocha de la tête avant de se retourner vers Louis, osant finalement lever son regard pour le planter dans le sien. Ses mains rejoignit les siennes, avant qu'elle ne les serre légèrement malgré la douleur qui se propageait dans ses doigts. La jeune femme resta silencieuse pendant quelques secondes, ses prunelles azurées observant le jeune homme à qui elle devait tant. Au fond d’elle-même, Adélina savait qu’elle ne pourrait pas le revoir. Sa réputation ruinée, elle devait partir et ne pouvait rester sous sa protection. Sa respiration se fit un peu plus profonde, alors qu’elle balaya doucement une mèche de cheveux de son front avant de murmurer ; « Je ne te remercierais jamais assez Louis… » Elle tenta de lui faire un léger sourire, triste certes. « Tu m’as sauvé beaucoup plus de fois que tu ne peux l’imaginer et pour cela, je te serais à jamais redevable. » Adélina se leva sur le bout de ses pieds, déposant un léger baiser sur sa joue. « Adieu. » Son nez caressa doucement sa peau avant qu’elle ne retombe sur ses pieds, lâchant les mains du noble avant de s’apprêter à se retourner.


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MessageSujet: Re: Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina]   Le chemin sinueux vers le cœur [Adélina] I_icon_minitimeLun 11 Déc 2023 - 23:47



La nuit tombait, et un vent froid du nord soufflait sur la ville d’Ydril. Le milieu de l’automne avait apporté une tempête qui avait rafraîchi l’atmosphère d’un coup, présage d’un hiver tôtif. Lorsqu’ils étaient sortis de l’auberge abandonnée, Louis avait rentré sa tête dans les épaules, la duchesse accrochée à l’une des deux. Il ne leur fallut pas longtemps pour atteindre la grande porte, comme prévu. Il n’y avait pas beaucoup de monde à cette heure, et les rares passants de cette rue collée à la muraille s’écartaient de leur passage. Les trois chevaliers tout en armure les attendaient sur leurs destriers, et le garçon s’étonna de les reconnaître. Avec Grégoire, c’étaient les quatre nobles qui avaient escorté Antioche à Tylère pour retrouver les deux frères.

Lorsque la duchesse se retourna vers lui, son cœur se serra. Elle était si belle à ses yeux, malgré les douleurs que son corps affichait. Il voulait la serrer contre lui, la réconforter, la couvrir de baisers et de caresses… Mais ils n’étaient pas seuls. Rien ne pouvait, ne devait transparaître. Les amants n’avaient pas le choix. Et puis, elle l’avait rejeté à Soltariel. Adélina avait mis un terme à leur affaire. Alors pourquoi se retournait-elle encore vers lui ? Son visage fin le faisait doucement rougir. Pourquoi le regardait-elle ainsi ? Ses yeux l’envoûtaient, il ne put s’en détacher. Pourquoi lui prenait-elle les mains ? Les siennes étaient si froides, il les serra délicatement pour les réchauffer. Pourquoi lui souriait-elle si tristement ? Le sien se voulait rassurant.

Sa voix et ses remerciements le comblaient. Le garçon secoua doucement la tête, et répondit d’une voix douce :

« Je n’ai fait que mon devoir, votre Altesse. »

Ses lèvres sur sa joue le firent frémir de désir. Louis voulut tourner la tête et l’embrasser, mais un effort surhumain le retint. Il sentit ses mains quitter les siennes, et son dernier mot résonna à ses oreilles. D’instinct, il lui attrapa le poignet en douceur pour la retenir et murmura rien que pour elle :

« Lina, je viendrais te chercher. Attends-moi. Si le duc apprend de tes prétendus crimes, il les pardonnera forcément : tu es sa femme, après tout. Et tout ça, c’est du passé pour toi. Tu arriveras à le convaincre. » Il lui fit un nouveau sourire. « Reste en sécurité avec eux, et tout ira bien. »

Le chevalier qui avait donné sa cape à la duchesse croisa les bras derrière eux. À regret, le jeune homme relâcha le poignet d’Adélina et la laissa s'éloigner en lui lançant un dernier regard, avant de lancer aux trois hommes d’armes d’une voix forte :

« Veillez sur elle, ainsi que sur messire Antioche d’Essenburg. Amenez-les à Tylère, vous y serez en sûreté là-bas. L’archonte n’y aura aucun espion. Quant à moi, je dois rester à Ydril, et faire mon devoir. »
« Tu ne seras pas seul, Louis, » répondit Grégoire en lui tapant l’épaule. « Il est temps de mettre un terme à cet acte grotesque. »

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