Rien n'était jamais sûr, rien ni personne.
L'air était frais, et le vent soufflait comme un fou dans cette ville portuaire qu'était Ydril, voisine de Diantra, la capitale des humains.
Les rues étaient relativement étroites, et l'heure tardive expliquait l'absence de monde. La lune éclairait faiblement, et semblait vouloir sourire aux voyageurs noctambules, quels qu'ils furent.
Elle se sentait seule, mais mieux valait l'être et se fier à soi-même que d'être en compagnie de quelqu'un qui vous plante une lame lorsque vous lui tournez le dos.
Comme toujours, elle allait sans vraiment savoir où ses pas la menaient, mais elle savait seulement qu'elle espérait trouver des informations sur les récents événements, les moyens de prendre part à cette guerre et de concrétiser des alliances, que parfois les diplomates remettaient à demain, alors que demain il serait sans doute beaucoup trop tard...
Elle montait des marches sans savoir où celles-ci conduisaient, et l'écho du silence l'abrutissait. C'était si oppressant... pas même un petit son de musique ou de conversation ne filtrait dans son oreille fine d'elfe.
Les arbres pliaient en suivant la danse du vent, apportant comme un divertissement dans ce décor vide et lugubre.
Tout semblait si désert, comme si la vie avait quitté les lieux ou n'avait existé que pour les dieux, dans un temps où ceux-ci vivaient paisiblement sans avoir à se soucier de leurs créations douées du même esprit de raison qu'eux.
Que n'aurait-elle donné pour pouvoir chanter, danser ou composer... mais dans de tels endroits, inconnus qui plus est, il était déconseillé de se faire remarquer, on ne savait jamais sur qui l'on pouvait tomber.
Cela aurait été de l'inconscience à l'état pur... alors elle prit son mal en patience, et s'arrêta près de la jetée.
Là, il y aurait sûrement quelqu'un qui arriverait, qu'elle examinerait et avec qui elle converserait, plus méfiante que jamais, se contentant de s'enquérir de ce qu'elle cherchait et partir comme elle était venue.
L'attente commença.