[ - Quand faut y aller ..

Du monde. Telle était sa première pensée. Elle qui, auparavant, avait vécue dans une forêt, trouvait ça extraordinaire que tellement de personnes aux origines tellement différentes se rassemblent en un même lieu. Malgré la haine, malgré tout ce qui les séparaient .. Ainsi, juste pour combattre de même idéaux, ils formaient un bloc plus massif que tout roche existante.

Elle est adossée à un mur, fascinée, observant toute cette agitation. Dans la cour, il y a de tout: des artisans, des menuisiers, des forgerons .. Un vrai petit village en somme. Avec des règles beaucoup plus strictes, sans nul doutes. Après un bref coup d'oeil à l'extérieur, elle ferma les yeux. Elle se remémorait son enfance, sa forêt .. Si l'on pouvait appeller ca comme ca. Havre de vie, plutot. Centre où tout être pouvait exister, sans craindre pour lui-même. Elle se susurra pour elle-même un vieux poème:

" Arbres de ma jeunesse, fidèles et vieux amis,
Vous êtes toujours présents malgré le temps qui passe
Rappelez-vous l'enfant qui à vos pieds a grandi
Et jouait dans vos bras ses parties de cache-cache. "

Non. Plus de ça, c'est fini. Désormais, sa vie serait à travailler sa force physique et sa capacité à servir l'armée, et ce qu'elle considérait comme juste. A jamais. Comme un regret, elle passa son doigt sur sa plume brisée, sur les feuilles de papier, à travers lequels elle avait passé toute son enfance. Elle se souvenait des émotions qu'elle arrivait à transmettre à quiconque l'écoutait, les moments où, seule au pied d'un arbre, elle survivait, trouvait un goût à sa vie que d'autre auraient considéré comme banale. Le contact soyeux comme la soie de la plume la fit frissonner. De toute manière, elle était brisée en deux. Et une plume brisée ne marche pas, non?

Luttant contre la peur insupportable que lui procurait la présence de temps d'être regroupés en un même lieu, elle sortit de l'ombre et rentra, à découvert, dans la cour. Les yeux à demi-clos, la respiration halletante, elle serrait les dents afin que personne ne découvre son trouble. Quelle idiote elle avait été de vivre seule. Elle n'avait plus aucun sens de la communication, et ne trouvait pas la présence, et la proximité d'hommes et de femmes autours d'elle normale.

Elle apercut de loin les écuries. Un léger sourire se fixa sur ses lèvres: sa passion .. Cependant, il n'était pas encore le temps de monter. Plus tard peut-être, quand elle aurait définitivement rejoint l'armée, alors elle monterait. Un probleme se posait: que faire? Perdue, dans ce monde inconnu, elle ne savait que faire. Oui, bien sur, elle devait trouver un lieu où s'inscrire, ou quelque chose du genre, mais où était-ce? A qui devait-elle s'adresser? Craintive, elle porta à nouveau la main à sa plume. Et ce monde qui l'entourait, quel vacarme faisait-il .. De quoi donner mal à la tête. Elle scruta les alentours, espérant une aide quelconque.