La cabane d'Etheldred l'herboriste

Etheldred avait quitté Diantra tôt un matin, son baluchon sur l'épaule. Elle avait peu d'affaires personnelles. Elle n'avait récupéré que la trousse de secours qui avait appartenu à sa grand-mère, remplie de plantes médicinales (la trousse, pas la grand-mère ! ^^)
Après avoir marché plusieurs jours, elle était parvenue à la forêt et avait commencé à la sillonner en tous sens afin de déterminer quel serait l'endroit le plus approprié pour installer son herboristerie.

Elle avait finit par le trouver : une petite clairière non loin d'une source. Etonnant que personne ne s'y soit encore fait une maisonnette. Peut-être était ce dû tout simplement à ce qui pouvait roder dans les parages... Mais Ethel se sentait tranquille. Elle adorait cette forêt, elle s'y sentait comme chez elle.

Elle posa ses affaires et entreprit de se bâtir une cabane. Elle avait souvent fait cela quand elle était petite, son père le lui avait appris. Mais aujourd'hui, il fallait que cela tienne le coup plus de quelques jours. L'herboristerie devrait être suffisamment confortable pour accueillir d'éventuels malades.

Elle regarda le terrain d'un air satisfait : assez plat pour commencer à bâtir dessus directement. Elle avait amené une vieille hache et des clous, elle se mit au travail sans plus tarder. Elle passerai quelques nuits à la belle étoile, à dormir dans les arbres, avant que ce ne soit terminé, mais ça ne l'ennuyait pas, question encore une fois d'habitude.


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Ca faisait déjà plusieurs jours que Etheldred bâtissait sa maisonnette. Jusqu'à présent, ça avançait bien, malgré les quelques averses qu'elle avait subies. Elle prenait son temps, n'hésitant pas à s'enfoncer plus profondément dans la forêt pour prélever le bois dont elle avait besoin : elle ne voulait en aucun cas abimer un coin de forêt par un abattage excessif ! La cabane devait avoir un style très rustique, elle voulait laisser au maximum le bois dans son état initial plutôt que de le poncer pour en faire de vraies planches. De toutes façons, si elle avait voulu s'y prendre ainsi, elle aurait eu besoin d'aide et il lui aurait fallu beaucoup plus de temps !

Elle s'arrèta un instant pour observer ce que ça donnait : pour l'instant, elle n'en était qu'aux murs, batis à mi-hauteur. Elle était plutôt surprise de la rapidité de l'avancement des travaux,mais il faut dire qu'elle avait travaillé sans relache. Ici, elle n'avait que ça à faire, si ce n'était prendre le temps de manger et dormir un peu. Pour l'instant, elle n'avait eu aucune visite...

Elle prit sa gourde et but une gorgée d'eau fraiche avant de se remettre au travail.

Des jours que Etheldred construisait sa maisonnette. Cette dernière commençait à prendre forme et ça lui donnait encore plus envie d'y travailler ! Enfin, il restait encore pas mal de choses à faire, dont le toit, qui ne serait pas simple à réaliser, elle le savait.

Elle leva son marteau quand un bruissement la fit sursauter, doublé de la sensation désagréable d'être observée. Elle avait passé suffisamment de temps seule dans cette forêt pour percevoir qu'il y avait quelqu'un, ou quelque chose, à proximité. Elle continua néammoins sa tache comme si de rien n'était et lança un regard agacé vers son couteau qu'elle avait laissé planté un peu plus loin. Quelle idiote ! A force de l'utiliser, elle n'avait pas pris la peine de le remettre à sa ceinture et elle se trouvait désarmée ! Bon, elle avait bien ce marteau, mais tenter le lancer de marteau, ce n'était pas idéal !

Elle se remémora les conseils de son père sur les dangers de la forêt, comment les éviter, comment réagir à une menace potentielle... Entre autre, éviter de déclencher l'attaque... En même temps, ce qu'il y avait dans les buissons ne bougeait plus. Ca valait la peine de tenter de risquer un mouvement. Elle jeta un coup d'oeil discret vers son arc qui, lui, n'était qu'à quelques mètres et s'en approcha lentement. Puis elle lacha le marteau, se leva et dans le même temps encocha une flêche qu'elle pointa vers le buisson suspect.

" Qui que vous soyez, sortez de là ! Je n'aime pas être observée ! "

C'était sans doute un peu théâtral, mais elle préférait s'agiter inutilement et se rendre ridicule face à un gamin venu cueillir des champignons que prendre des risques et se laisser abattre par un drow en quète de chair fraiche.

Etheldred eut l'impression d'attendre de longues minutes avant qu'il ne se montre, mais il ne se passa que quelques secondes. Elle respira et se détendit un peu en voyant qu'il levait les mains en signe de paix. Elle baissa aussitôt son arc et sourit légèrement, mais elle était encore tendue. A première vue, l'homme qu'elle avait devant elle était un guerrier pas très rassurant, armé de trois épées, ce qui faisait beaucoup ! Elle nota également qu'il devait avoir à peu près son âge, mais surtout, son apprentissage de guérisseuse décela qu'il n'était pas en grande forme. Il avait parlé d'une voix claire, il avait l'air honnète, et elle décida de lui accorder le bénéfice du doute. Elle lui répondit en souriant :

" Ce n'est rien, vous êtes pardonné. Je ne voulais pas vous agresser mais dans cette forêt la prudence est indispensable. " en même temps, son cerveau continuait à travailler.
* fatigue excessive, il n'a pas mangé depuis longtemps, pas bu non plus probablement... Il a l'air perturbé... *

Elle posa son arc et s'approcha de l'arbre où elle avait laissé sa gourde.
" Voulez vous un peu d'eau fraiche ? Vous n'avez pas l'air très bien..."

Elle se demanda ce qui avait pu le mettre dans cet état. Il semblait avoir l'esprit torturé et ne plus savoir où il en était. Elle avait déjà vu sa grand-mère avoir affaire à des patients qui avaient perdu la raison, mais là, c'était autre chose. Le poids des soucis peut-être, il semblait perdu... D'ailleurs, que fesait-il à errer là ? Ca fesait des jours qu'elle était là, et elle n'avait encore vu personne, c'était un endroit peu, pour ne pas dire pas, fréquenté. L'idée l'effleura qu'il était peut-être poursuivi et elle jeta un coup d'oeil inquiet aux buissons environnants. Puis elle se dit que si il avait pris la peine de s'arrèter pour l'observer, c'est qu'il avait du temps.
C'était une énigme, et, si il lui en laissait le temps, elle comptait bien découvrir ce qui lui était arrivé, et l'aider, bien sur, ce n'était pas dans sa nature de laisser les gens se débrouiller !

Etheldred l'observa pendant qu'il buvait, hésitant sur la conduite à tenir. Il était à bout de force et il n'irait plus très loin dans cet état. Il avait besoin de repos, d'un repas suffisamment léger pour le supporter et peut-être, vu son comportement, avait il une légère fièvre... Mais elle avait peur qu'en voulant l'aider elle le fasse fuir...

Il était cependant suffisamment en forme pour s'interroger sur sa présence en ces lieux. Elle acquiessa, consciente qu'elle devait sembler bizarre :

" Oui, sans doute... Mais j'ai passée toute mon enfance à venir jouer ici. J'ai pris l'habitude de passer inaperçue. " elle jeta un coup d'oeil à sa cabane : elle serait bien visible maintenant ! " et j'ai appris à me défendre. De toutes façons, je ne suis pas faite pour vivre en ville."

Elle avait conscience qu esa réponse était plus qu'étrange. Apprendre à se défendre ? Contre ce qui rodait parfois ici ? C'était de la folie ! Oui, franchement, comment expliquer sa présence ici ? Elle s'était toujours mieux sentie seule au milieu des arbres qu'entourée de citadins. Et non, elle ne craignait pas les créatures de la forêt. Sans doute une part d'inconscience, due à la chance qu'elle avait eu durant toutes ces années de ne pas avoir de gros problème. Probablement due également au fait qu'elle s'en moquait. Elle était prète à vivre ici, elle s'y sentait à sa place, elle avait l'impression d'y retrouver ce qui lui manquait...

Elle hésita. " Ecoutez, je suis herboriste, j'ai appris à soigner les gens et je ne peux que remarquer que vous êtes exténué. Voulez vous vous arrèter ici un moment ? Je n'ai pas encore de toit à vous offrir mais j'ai de quoi manger, un feu et une bonne couverture. Ce ne serait pas prudent de repartir dans votre état. "

Elle se demandait avec anxiété si il allait accepter. C'aurait été de la folie de repartir ainsi. Même si il semblait de constitution robuste, tout le monde à des limites à ne pas franchir.
Elle s'éloigna pour le laisser réfléchir, alla remettre son couteau à sa ceinture, tant qu'elle y pensait et alla remuer un peu les braises mourantes qu'elle gardait toujours prètes à se rallumer. Il lui restait de quoi manger pour deux, ça ne lui posait pas problème. En revanche, elle se méfiait de lui, si il restait, elle le garderait à l'oeil. Même épuisé, il n'en restait pas moins un guerrier, vu son équipement.

Elle se retourna vers lui :

" Au fait, je m'appelle Etheldred."

Si il lui donnait son nom, peut-être celui-ci lui apporterait un élément de réponse sur l'histoire de ce mystérieux visiteur... Parce que certes, elle aimait rendre service aux gens et ne supportait pas de laisser quelqu'un ainsi, mais elle était aussi curieuse, et celui-là était pour le moins intriguant !

Etheldred sourit en entendant sa décision. il avait eut l'air surpris par sa proposition. Malgré sa fatigue, il hésitait, elle eut l'impression qu'il ne savait plus où il en était. Puis il sembla se reprendre et, dans la foulée, lui proposa son aide. Ce fut à son tour d'être surprise. Apparemment, l'épuisement ne lui faisait pas perdre la tête...

" Fort bien, j'accepte votre aide avec joie. Mais il est hors de question que vous travailliez de suite. Vous avez besoin de reprendre des forces avant."
Elle désigna la maisonnette à demi-construite.
" Il reste encore beaucoup à faire et nous ne sommes pas à quelques jours près."

Elle avait accepté uniquement pour qu'il prenne le temps de se reposer. Quelle herboriste digne de ce nom aurait fait travailler un patient au bord de l'épuisement ? Mais un but aidait souvent les gens à se rétablir : l'espoir fait vivre, sans aucun doute.

Elle désigna le feu de camp, autour duquel étaient posées quelques ustensiles de cuisine.
" Vous pouvez vous installer. Ce n'est pas confortable, désolée..."

Elle alla chercher une sacoche en cuir rangée à l'intérieur des premiers pans de mur et en tira quelques plantes encore fraiches, en ajoutant :
" Ca fait un moment que vous n'avez rien mangé il me semble. Il ne serait pas prudent de dévorer de suite, je vais vous préparer un bouillon pour commencer. Auriez vous de la fièvre par hasard ? "
Elle n'arrivait pas à déterminer cela, mais elle se disait que ça pouvait justifier son abatement.


[hors rp : on se place à quel moment de la journée au fait ? ]

Etheldred le regarda d'un air un peu inquiet, fixer le feu devant lequel il s'était assis. Il avait l'air... Eh bien, elle ne parvenait pas à savoir, justement, et ça l'inquiétait. Elle eut l'impression qu'il émergeait d'un cauchemar quand il lui répondit qu'en effet, il devait avoir de la fièvre. Elle ouvrit son sac et remarqua qu'il s'agenouillait vers elle, et la remerciait en renouvellant sa proposition de l'aider.

Elle sortit un sachet d'écorce de saule et lui sourit.

" Ne vous inquiétez pas pour ça. Si vous m'aidez pour la construction ce sera déjà beaucoup. Après tout, ce ne sont que quelques plantes ! "

Elle mit de l'eau à bouillir et expliqua :
" je vais vous faire une infusion à l'écorce de saule, ça fera tomber votre fièvre. "

Le fait de parler de plantes la rassurait, mais elle se posait beaucoup de questions qu'elle n'osait pas exprimer de peur d'être indiscrète. Une des règles d'or dans son métier voulait qu'on soigne au lieu de perdre du temps en explications inutiles.

Elle finit sa préparation et filtra les morceaux d'écorces.

" Voilà, c'est prèt. Un peu amer, mais efficace ! "

Elle se tut, ne sachant quoi ajouter. Elle avait toujours été plus à l'aise avec les plantes qu'avec les humains ! En y repensant, elle n'avait pas cotoyé grand monde durant toutes ces années. Son père et ses grands-parents, les clients de sa grands-mère qui s'adressaient plus à cette dernière qu'autre chose... Elle n'avait pas cherché à se faire des amis, toujours mal à l'aise en ville, elle préférait s'isoler dans la forêt. Et maintenant, elle se sentait quelque peu idiote à ne pas savoir quoi dire...

Elle rangea ses sachets de plantes et se levait pour aller chercher de quoi préparer le repas du soir lorsqu'il lui vint une question :

" Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous vous appellez. Si ça ne vous dérange pas, bien sur... "


[hrp : bon courage pour le bac ! ]

Elle entendit un gargouilli et réalisa qu'il venait du ventre du jeune homme. Elle réprima un sourire et termina la préparation. Au même moment, il déposait ses armes et elle se rendit compte que ça la soulageait. Elle avait toujours eu du mal à soigner les guerriers - outre le fait que poser des bandages sous cinquante kilos d'armure n'est pas spécialement simple - passant son temps à se poser des questions sur ce qui lui arriverait lorsqu'ils seraient rétablis.

" Quelques plantes, hein ? Il faut tout de même avoir une certaine connaissance dans le domaine. "

Elle resta interdite un moment puis se mit à rire doucement. Il restait parfaitement lucide au moins ! Cependant, il but le breuvage et elle espéra qu'il avait compris qu'elle ne lui voulait aucun mal.

" Bien que vous n'apprendrez rien de moi avec mon nom, j'ai manqué de politesse. Je m'appelle Ryan Anvilhin, mais appelez-moi Ryan. Rien ne me rattache à mon nom, à présent... "

Elle l'observa pendant qu'il disait cela et ne fut presque pas étonnée de sa réaction. Elle avait depuis longtemps compris qu'il se reprochait quelque chose et apparemment, ça avait un rapport avec sa famille. En fait, il avait tort, ça lui apprenait beaucoup. Et puis on ne soigne pas les remords de la même façon qu'une simple fièvre.
Elle alla prendre un peu de viande séchée et des légumes qu'il lui restait, bien à l'abri dans la petite cache qu'elle s'était aménagée dans le début de la maisonnette et revint s'installer auprès du feu.
Elle prit le petit chaudron et commença à préparer le repas en réfléchissant à ses dernières paroles " rien ne me rattache à mon nom... ". Ca faisait écho en elle et elle n'arrivait pas à chasser ses idées noires qui revenaient au galop ! Ce n'était vraiment pas le moment de s'appitoyer sur son sort ! Surtout que vu l'expression qu'il avait, ses problèmes à lui étaient bien plus grâves. Elle se força à revenir à l'instant présent.

" Je vais nous préparer une soupe un peu de viande et des légumes. Mais je vous préviens : si vous n'avez pas mangé depuis plusieurs jours, votre corps risque de ne pas apprécier ! Vous avez faim, d'accord, mais pour ce soir, contentez vous de bouillon. "

La question était de savoir si il écouterait sa tête ou son estomac !
Elle finit sa préparation, alla remplir le chaudron à la rivière qui n'était qu'à quelques pas et mis le tout à cuire au dessus du feu. Elle jeta un coup d'oeil à Ryan et se demanda comment le sortir de son abattement. Puis son regard glissa sur les épées toujours posées au sol. Il ne voulait pas l'inquiéter, probablement. Ca la ramena à des préoccupations plus inquiétantes. Où allaient-ils dormir ? Elle était habituée à aller dans les arbres ce qui lui permettait d'avoir le temps de réagir en cas de menace et de se faire oublier. Mais il était encore trop faible pour ça, elle ne tenait pas à le retrouver applati comme une crèpe en se reveillant... L'idée la fit sourire et elle décida de parler à voix haute pour qu'il ne se pose pas de question en la voyant rire toute seule.

" Pour cette nuit, nous pouvons dormir près du feu, je vais vous laisser ma couverture, je garderai ma cape. "

De toutes façons, elle ne comptait pas dormir. D'une part, elle n'était pas sure de pouvoir lui faire confiance, quoique que pour quelqu'un prèt à la découper en rondelles il cachait drolement bien son jeu ; d'autre part, en cas de menace, elle voulait rester à ses côtés car vu son épuisement il aurait probablement le sommeil lourd. Mais elle préféra ne rien dire pour ne pas le vexer. Et puis elle n'était pas si sure d'elle : il avait l'air robuste et elle ne doutait pas qu'il récupère vite de ses mésaventures.
Elle se releva pour touiller un peu le chaudron.