Histoire
« A l’aube de l’humanité tous les peuples humains que nous connaissons aujourd’hui ne faisaient qu’un. On raconte que la déesse de la vie, Kiria, a déposé un œuf sur la terre puis, remontée dans le domaine des Dieux, avait décochée une flèche d’or faisant ainsi éclater l’œuf, duquel naquirent les hommes. Peu à peu ces créatures, fragiles et vulnérables face aux autres races ancestrales expérimentèrent et apprirent, ils firent ce qu’ils savaient faire le mieux : Ils évoluèrent. Un système complexe naquit et une immense ville fut érigée sur ce que l'on pensait être les restes de l’œuf. Ils l'appelèrent Natakar, première citée des hommes. Les années passèrent, années pendant lesquelles les hommes agrandirent leur royaume.
Ces êtres avaient soif de pouvoir et de possessions. Ils déferlaient sur les terres et y construiraient un monde à leur image, peu importe ce qui leur passait sous les pieds.
Néera, Dieu de la terre et créatrice du peuple immortel s’inquiéta de cette déferlante infernale. Bientôt, les Hommes insatiables aborderaient les terres millénaires et il n’en résulterait rien de bon.
Elle avait entièrement raison. Les hommes, venus des terres au sud du Puy d’Elda, commençaient déjà la traversée des terres stériles et des marais de Faellia, laissant derrière eux le puy d’Elda. Cependant au lieu de continuer au nord comme le pensait Néera ils traversèrent la forêt d’Aduram pour se réfugier dans les plaines d’Atral.
Le Voyage à travers les terres arides et les marais avait décimé leurs armées. Beaucoup étaient morts, encore plus avaient fait demi-tour pour retourner vers Natakar.
Néera en fût rassuré, les Hommes qui avaient survécus n’étaient plus rien, son peuple demeurait hors de danger.
Il ne restait en tout et pour tout qu’une poignée d’humains usés par les restrictions, anéantis par les éléments, impitoyables. Leur grande croisade connue sa première accalmie. Les âmes restantes entreprirent de bâtir de nouvelles citées, de nouvelles places fortes, le temps de reprendre des forces et de reconstituer leurs armées pour une nouvelle fois reprendre leurs incessantes conquêtes. Ils n’eurent pas ce loisir.
Car Néera, voyant que les hommes représentaient à nouveau une menace décida d’agir. Une nuit, alors que la lune éclairait les plaines, une violente secousse ébranla les terres millénaires et un craquement sinistre se fit entendre. Au matin, une balafre défigurait le paysage. De cette nuit de cauchemar un souvenir resterait à jamais gravé dans les plaines. Une faille qui descendait vers les entrailles de la Terre. Nulle végétation n'y poussait, seules les roches peuplaient ce paysage dévasté. Les hommes n’étaient plus qu’animaux en cage bloqués dans ces plaines sans aucune possibilité de retraite.
A présent, le peuple humains qui tirait sa fierté de son union et de sa force ce retrouvait brisé, divisé. Ceux qui avaient fait demi-tour devant les impitoyables forces de la nature furent poursuivit et exécutés pour traîtrise et furent des milliers à mourir. Ceux qui ne furent pas exécutés fuirent la cité de Natakar et fondèrent plusieurs dizaines de petites colonies. La colonie Sétano est une de celles là.»- Voila les enfants l’histoire et terminée
- Ho allé Yho racontes en encore une !
- ho oui Yho s’il te plait !
- Désolé les enfants, mais j’ai promis à Iétsou de passer la voir avant le coucher du soleil
- Mais c’est dans longtemps le coucher du soleil !
Yho était assit en tailleur, à l’ombre d’un arbre dont les fleurs virevoltaient de temps à autre sous la brise printanière pour venir tapisser le sol de leur blancheur éclatante. Autour de lui une dizaine d’enfants excités, tous vêtus de robes aux couleurs vives, comme la sienne l’apostrophaient gaiement en quête d’une nouvelle histoire.
- le soleil se couchera dans moins une heure, je n’aurais jamais le temps de vous en compter une autre !
- Mais comment tu le sais ça, que le soleil il va se coucher dans une heure, t’en es sur ??
- Ho et bien… c’est très simple. Regardez.
Il se leva, les dominant de toute sa hauteur et fît le tour de l’arbre sous le regard interrogateur de son public. Il réapparut une seconde plus tard avec une brindille dans les mains et un sourire jusqu’aux oreilles.
- venez, suivez-moi.
Tous obéirent et quittèrent l’ombre de l’arbre pour venir former un cercle autour de Yho qui s’était arrêté au milieu d’un terrain dégagé. Il planta la brindille dans le sol et dessina un arc de cercle avec des cailloux posés à intervalle régulier en veillant à ce qu’il soit parallèle à la course du soleil jusqu'à ce que l’on compte treize pierres.
- Regardez. Chacun des espaces entre les cailloux représente une heure. Le caillou blanc représente le lever et le noir le coucher du soleil. On sait qu’en cette saison nous avons à peu près douze heures de soleil d’où les douze intervalles entre les pierres, chacun représentant une heure. Et regardez, vous voyez l’ombre ici ?? Oui ?? Et bien l’inclinaison du soleil donne une ombre particulière. Plus il descend plus l’ombre va vers la droite et l’ombre est presque à la moitié du dernière espace ! Il reste donc une seule demi-heure avant le coucher du soleil.
- ouha, génial
- Ho oui !
- Allez les enfants, je dois vraiment aller voir Iétsou maintenant.
Il laissa derrière lui la bande de gamins, toujours émerveillés devant le cadran solaire improvisé. Pour sur ça allait lui manquer ces après-midi à conter des histoires sous le Yïé. Pourtant il ne pouvait s’empêcher de sourire, demain et tous les autres jours après seraient les meilleurs de sa vie, il était ravi.
Le peuple de Yho avait élu domicile dans un forêt verdoyante au climat méditerranéen près de la côte nord au dessus des marais de Faelia et ils manifestaient une aptitude toute particulière à assurer une sorte de communion entre leurs constructions et celles de la nature. Toute leur civilisation était concentrée dans une unique petite ville : Baëën
Il parcourut lentement les longues allés pavées et sinueuses qui serpentaient entre des bâtiments tous très espacés et construits sur le même modèle : Des murs de pierres blanchies à la chaux troués de grandes fenêtres fermés par de grands panneaux coulissants fait de bois translucides. On les fermait durant la journée et les ouvrait le soir de façon à laisser entrer la fraicheur. Les toits Quand à eux étaient plus remarquables les uns que les autres. Ils étaient constitués d’une résine concoctée à base de sève et de roche pilée. Le matériaux était souple et modelable puis durcirait au soleil et laissait place à toutes les fantaisies. Certains toits représentaient une forêt, d’autres plus simple un seul animal un encore un objet. C’était une coutume très pratique. En effet les temples étaient protégés des intempéries par leur Dieux, les échoppes par l’effigie de ce qu’elles proposaient et plus un homme avait une place importante dans la société Sotanaise plus sont toit était imposant et compliqué. Il n’y avait grâce à eux aucunement besoin de carte.
Les pas de Yho le portèrent devant une petite maison en bordure de la ville dont toutes les fenêtres étaient fermées. Il gravit les quelques marches qui menaient au perron joliment fleurit et frappa deux coups sur le panneau de bois. Il attendit quelques instants puis entendit des pas à l’intérieur, enfin le panneau coulissa.
- Ho bonjour Yho, entre, je t’en pris.
- bonjour tsé. Comment va-t-elle ?
- Son cœur bat encore.
Yho ne trouva rien à réponde. Tout le monde ce faisait du souci pour Iétsou. Cela faisait plusieurs semaines qu’elle ne se levait presque plus et les meilleurs soigneurs de la ville restaient réservés sur son pronostic vital.
Les grandes connaissances des herbes et des plantes de leur environnement avaient conduit le peuple de Yho à acquérir un régime alimentaire et une hygiène de vie qui avaient au fil des temps considérablement augmenté leur espérance de vie. La doyenne, Iétsou avait atteint l’âge de deux-cent-trente-sept ans le mois dernier. Personne, jusqu’à là n’avait atteint un tel âge et sa mort plongerait toute la ville de la tristesse et la douleur. Non pas que la mort soit considéré comme une fatalité. Elle était même considérée comme un moyen d’accéder à toutes les connaissances de l’univers, mais tout le monde ici connaissait Iétsou et ses caprices incessants de vieille femme manqueraient à tout le monde.
Il suivit la jeune fille qui lui avait ouvert. Tsë, Arrière petite fille d’Iétsou qui restait à son chevet jour et nuit depuis que cette dernière était alitée.
- Je m’inquiète vraiment tu sais, elle ne mange presque plus !
Ils pénétrèrent dans une pièce sombre et bien meublée : un lit, une écritoire et une armoire l’occupaient. Dans le lit on pouvait apercevoir une forme ronde qui soulevait la couverture au rythme de sa respiration.
- Elle dort, elle ne fait pratiquement plus que ça.
- Il est inutile que je la réveille.
Il fouilla dans ses poches puis tendit la main à Të, lui ouvrit la paume, versa ce qu’il tenait dans sa main dans celle de la jeune fille et la referma:
- Tu lui donneras ça, c’est tout ce que je peux faire.
Të ouvrit on point et regarda un instant le petit récipient en peau qui contenait de toute évidence un liquide visqueux.
- Ou à tu trouvé ça ?
- Chez les apothicaires, c’est Jêo qui l’a préparé.
Il sourit :
- Je lui ai dis que c’était pour elle. Il ne m’a rien demandé en échange.
Il faut savoir que l’argent n’a pas cour chez les Sotanais. Ils n’ont pas trouvé utile de changer le premier système de paiement humain, à savoir le troc. Ici tout le monde savait faire quelque chose et chacun payait l’autre avec ce qu’il fabriquait après marchandage bien entendu !! Et inutile de vous dire que le marchandage est chez eux une tradition. Il existe d’ailleurs parait-il un concours qui élit tous les ans le meilleur marchandeur de l’année. C’est un vrai sport !
- C’est très gentil de sa part, j’irais le remercier… Si elle va mieux… autrement je n’ose pas la quitter. Elle à l’air si fragile…
- Dire qu’il y a quelques mois elle me battait en quelques minutes… C’était une pratiquante exceptionnelle.
Le silence s’installa entre eux alors qu’ils regardaient tout les deux tendrement celle qui avait été pour eux un modèle.
- Il va falloir que j’y aille la cérémonie du lien brisé dans moins d’un quart d’heure.
Il hésitât puis poursuivit :
- je n’ai toujours rien préparé.
- Quoi ?? Tu n’es pas près ?
- Ben non
- Tu ne changeras jamais Yho ! Je ne te donne pas deux heures avant que tu reviennes en pleurant qu’un Osmouth t’a mordu.
- Les Osmouth n’ont pas de dents…
- exactement mais tu vois très bien ou je veux en venir !
- Ne soit pas jalouse je te ramènerais pleins de souvenirs, c’est promis !
- oui des boutiques du coin !
- ho non !! Je te promets de te ramener la plus belle fleur que je trouverais.
- très bien on parie !
- quoi ?
- Et bien si tu me ramène cette fleur cela voudra dire que tu tiens plus à moi que tu ne le prétends. Dans ce cas je t’accorderais plus d’intérêts que d’habitude. Et si tu oublies et que tu reviens sans tu devras me laisser gagner contre toi au Taho.
Le Taho est une technique de combat défensive inventé il y a bien longtemps par les Sétanais. On pourrait traduire cette discipline par « l’art d’éviter les coups, d’être plus rapide, plus agile que son adversaire et d’utiliser les objets qui nous entourent pour nous défendre». Cette technique est surtout utilisée pour rester en vie jusqu’à l’arrivée des autorités compétentes. Elle peut cependant être une arme redoutable pour le pratiquant qui maîtrise parfaitement sont art car Il existe un rang ultime du Taho, qui permet d’apprendre à retourner les mouvements contre son adversaire Il n’est cependant enseigné qu’à ceux, comme Yho qui sont destinés à quitter la ville de Baëën
- Paris tenu ! Prépare ton vase !
Il l’embrassa sur le front et quitta la pièce, laissant derrière lui une Të un tantinet plus rouge que lors de son arrivée.
Sortit de la maison il se dirigea vers le quartier marchand. Il avait décidé de s’offrir pour son départ un nouveau bâton. Il n’avait plus de place pour graver sur l’ancien.
Il était content d’avoir pu changer les idées et remonter le moral de Të. Chez les Sotanais la joie était un art de vivre et quiconque la perdait devait très vite la retrouver s’il ne voulait pas que son esprit sombre dans les ténèbres et la douleur.
Perdu dans ses pensées, il atteignit rapidement le centre de la ville. Une fois sur la place il rejoignit une ruelle attenante ou ce trouvait l’échoppe des fabricants de bâtons. Il n’existait qu’une échoppe par activité. Ceci dans un souci d’efficacité et de progrès. Ainsi le savoir de chacun était partagé, les recherches étaient grandement simplifiées et plus rapides et cela permettait aussi de ne pas subir la concurrence d’un autre commerce. Pour les Sétanais la concurrence n’était qu’un vice, comme l’argent, seul la concurrence entre deux pratiquants du Taho était tolérée et même appréciée.
L’échoppe était constituée de deux grandes pièces illuminées et exagérément meublées. Il poussa la porte qui actionna une clochette dans l’arrière boutique et prenant bien soin de ne rien renverser sur son passage il s’approcha du comptoir. Le Rideau dissimulant l’arrière boutique se souleva et un homme d’âge plus que mûr, chauve, mais portant une barbe bien garnie vint à sa rencontre.
- Yho !! Mon garçon !! Comment vas-tu ?
Il lui baisa le front, baisé que Yho lui rendit
- Très bien merci Zéo. Je suis venu pour faire affaire.
- Oui ! Oui ! bien sur tout le monde est au courant ! Nous n’allons nous même pas tarder à fermer boutique pour aller à la cérémonie. Je crois que tu vas être notre dernier client. Je suppose qu’il t’en faut un nouveau ?
- Oui, et un solide
- Ils le sont tous Yho, ils le sont tous !
Yho sourit.
- Je suppose que l’on fait comme d’habitude ?
- Bien entendu !
Yho avait depuis longtemps adopté une technique qui lui permettait d’acquérir un nouveau bâton tout en se débarrassant de l’ancien. Il gravait son arme pour lui donner plus de valeur et ainsi pouvoir en acheter un vierge plus solide puis le graver à nouveau pour lui donner une nouvelle fois plus de valeur, en racheter un et ainsi de suite. Les marchants n’étaient pas contre ces pratiques, au contraire plus un homme trouvait de stratagèmes pour ce simplifier ainsi la vie plus il était respecté.
- Alors ?? Dis-moi. Lequel te ferait envie ?
- Tu n’a pas un niveau modèle ?
- hé bien… il y a bien celui en bois d’Hitr qui pourrait convenir… nous n’en sommes encore qu’aux tests bien sur mais… Attends moi là un instant.