Fuite vitale [Libre]

Spes ne dormait déjà plus. Il était sur le point de se réveiller. D'un geste aussi rapide qu'inconscient, en réaction à la désagréable chaleur du soleil sur sa peau, il perssa sa main sur le pommeau de sa rapière.
Il avait couru toute la nuit durant. Car un assassin l'avait reconnu à Ydril où il s'était permis une halte après des semaines de recherches.

La veille, sa capuche était tombée. Tout en s'empressant de la réajuster pour cacher la pointe de ses oreilles et les taches de son visage, il fila vers la fontaine. La fontaine ? Un baquet empli de larves de moustiques à l'odeur rance où un fond d'eau croupissait depuis la dernière pluie. La peste sévissait dans la capitale.
Malgré le goût âcre de cette boue, Spes bu. Puis il porta son rat à la surface, le laissa tomber, pour rire. Rire sans rire, bien sur. Sans la moindre expressivité. Mais c'était drôle quand même. Quand il faisait ça, il sentait ses taches noires qui le chatouillaient.
L'animal nagea jusqu'à sa main.
Spes sentit qu'on le frappait.
Il posa ses pattes sur sa peau et se hissa.
L'enfant basculait déjà.
Le rat se retrouva sous l'eau, lutta pour remonter.
L'enfant, lui, ne pouvait pas. On l'y maintenant. Une voix assourdie lui parvint l'espace d'un instant.
- Tu n'aurais pas dû...
C'était un assassin de bas niveau, peut-être même un chasseur de primes. Spes avait alors crevé la surface de son poignard et transpercé de la chair. Il était resté la tête sous l'eau encore quelques instants, sans rien faire. Puis l'épais liquide rouge avait envahit ses sens et il avait jailli.
Puis couru, Nrel dans la poche, la haine lui tordant les entrailles.


Spes comprit vite qu'il avait roulé du buisson sous lequel il s'était glissé après que ses jambes aient cédé. Nrel n'était plus dans sa poche. Et lui était au milieu du chemin. Il se releva rapidement avant de se mettre à l'abri: de toute évidence, quelqu'un arrivait. C'était un humain, jeune, vêtu de sombre et armé.
Spes sentit son cœur s'emballer. Sa peau le brûlait, poison noir dévoré par la rancœur. En effet, l'humain portait un médaillon sur lequel était gravé le signe des assassins de la capitale. D'un bond, Spes se jeta derrière son dos et l'attrapa d'un bras au niveau du ventre. De son bras libre il appuya vivement sa dague sur sa gorge, avant de l'entraîner un peu en-dehors du sentier. L'autre avait eut le réflexe d'amorcer un mouvement pour saisir son épée, mais il avait été prit par surprise. Il dû la lâcher dans les feuilles mortes. Spes lui glissa à l'oreille:
- Qui recherche-t-on actuellement ? De qui récemment a-t-on eu des nouvelles ?
L'autre hésitait. Une légère pression précipita ses paroles. Il lista tous les noms qui lui venaient à l'esprit, parfois même il se répétait. Spes entendit son nom mais ne fit pas mine de réagir.
Il n'avait pas été signalé qu'on l'avait repéré, de toute évidence. Alors Spes se permit de lui demander si l'on avait vu des groupes de Drows errer dans la forêt entre leur emplacement et Diantra. Il posait toujours cette même question, et l'espace d'une seconde la peur le pénétra: allait-il devoir le tuer si il le reconnaissait ?
L'assassin souffla: Non,non. Je ne crois pas.
Spes songea qu'il n'en obtiendrait rien de plus. Alors, tout en raffermissait la pression sur sa dague, il appuya un coup violent sur le ventre. Celui-ci s'écroula. Il sa hâta d'achever de l'assommer d'un coup sur la tête, puis il siffla. Mais Nrel n'apparut pas.
Il entreprit donc de le chercher alentour, tentant par la même occasion de chasser les sombres suppositions qui s'immisçaient dans son esprit.
Et si il était tombé avant la nuit ?
C'était chercher une aiguille dans une botte de paille. Mais tant pis. Il fit demi-tour.

- Tu n'as rien perdu d'important mon garçon j'espère.

*Spes sursauta et s'arrêta pour se retourner. Il se maudit aussitôt. Comment avait-il pu ne pas le remarquer ? La fatigue et la mollesse du réveil, peut-être. Il songea que s'il restait sur place l'assassin allait finir par reprendre connaissance, et cela risquait de le mettre sérieusement en danger.
C'était un Drow qui lui parlait. Cela n'éveilla cependant pas en lui une méfiance particulière. Il lui lança, secrètement ironique:*

- Oh, rien de très important. Un rat d'égout noir. Vous l'auriez vu ?

*Il marqua une pause. L'assassin avait dû deviner qu'il venait de la ville; donc qu'il n'y retournerait pas de sitôt. Mais cet homme risquait de lui livrer l'information. Alors, sur un ton volontairement léger, il proposa:*

- Vous allez à la cité ? Pourquoi ne ferions nous pas route ensemble, pour un temps au moins ? Les chemins ne sont guère sûrs...

*Il pensa que l'autre l'avait vu, évidemment, assommer le jeune assassin. Tant pis. On verrait bien, si jamais il lui posait la question.
Un seconde, il laissa son esprit vagabonder au travers des branches qui bruissaient dans le vent, humant l'odeur forte des feuilles pourrissantes...*

[HJ C'est validé pour mon premier Rp ^^ ]

*Spes soupira intérieurement. Le retrouverai-t-il jamais ? Enfin, commençons par faire la route...
Il jaugea le Drow. Des cheveux longs et blancs tombaient devant ses yeux bleus sombres... Il était musclé. Cependant, il n'avait à priori aucune raison de l'attaquer. S'ils faisaient un bout de route ensemble, Spes ferait d'une pierre deux coups.
Le Drow marqua un temps d'hésitation avant de demander:*

- Dis-moi mon garçon, connais-tu bien la citée ?

*Spes répondit du tac au tac.*

- Très bien. Cependant, j'ai une condition: si je vous guide, passons inaperçus. Je n'ai pas de problème qui pourrait vous toucher, cependant, se hâta-t-il d'ajouter. Cela ne concerne que moi. Il est quoi qu'il en soit très improbable que je sois dérangé en votre compagnie. Ce serait donnant donnant.

*Il déboucha sa gourde de cuir et but.*

- Si c'est d'accord, je vous laisse choisir l'allure et je vous suis.

- Très bien. Cependant,
j'ai une condition: si je vous guide, passons inaperçus. Je n'ai pas de
problème qui pourrait vous toucher, cependant. Cela
ne concerne que moi. Il est quoi qu'il en soit très improbable que je
sois dérangé en votre compagnie. Ce serait donnant donnant.

La réponse ne sétait pas faite attendre bien longtemps, et tant mieux, Cellen préférait ça. De plus, le garçon lui proposait de passer inaperçu, ce qui convenait parfaitement au drow.

- Si c'est d'accord, je vous laisse choisir l'allure et je vous suis.

- Considérons que c'est marché conclu alors. Nous marcherons de nuit. Du crépuscule à l'aube pour être exact. Aujourd'hui nous allons marcher un peu avant que le soleil ne soit trop haut. Je m'occuperai de toi pendant le voyage, que ce soit nourriture, ou protection, même si d'après ce que j'ai pu voir, tu n'en a guère besoin. Une fois en ville, je te demanderai de m'emmener à 2 ou 3 endroits. Je te préviens, si tu me fausses compagnie une fois arrivés à destination, je te retrouverai, et je me montrerais moins conciliant, tu peux en être sûr.

Cellen s'était montré plus aggressif sur ses dernières paroles. Il n'accordait que très rarement sa confiance, seulement, il aimait qu'en retour on en fasse autant.

- Au fait, je m'appelle Siruso.

Donner un faux nom était devenu une habitude. Il fallait qu'il préserve au maximum sa réelle identité. Sur ce, il se laissa choir de sa branche, se réceptionna parfaitement sur le sol, se redressa et se mit en marche en direction de la cité.

- Considérons que c'est marché conclu alors. Nous marcherons de nuit. Du crépuscule à l'aube pour être exact. Aujourd'hui nous allons marcher un peu avant que le soleil ne soit trop haut. Je m'occuperai de toi pendant le voyage, que ce soit nourriture, ou protection, même si d'après ce que j'ai pu voir, tu n'en a guère besoin. Une fois en ville, je te demanderai de m'emmener à 2 ou 3 endroits. Je te préviens, si tu me fausses compagnie une fois arrivés à destination, je te retrouverai, et je me montrerais moins conciliant, tu peux en être sûr.
Au fait, je m'appelle Siruso.

Cela convenait tout à fait à Spes qui se méfiait des réactions parfois étranges que le soleil provoquait sur sa peau. Sans connaître ses parents ni ses origines, il savait ce qu'il était.

- Nous dormirons cet après-midi, alors, conclut-il. Ah, vous pouvez m'appeler Spes. S'il y avait un quelconque danger, je risquerai de ne pas réagir si on m'appelait par un autre nom.

L'amener à deux ou trois endroits ? Cela pourrait être intéressant... De plus, Spes n'avait pas particulièrement l'intention de lui fausser compagnie, bien que sa menace ne l'ennuyait guère; le chercher en ville, c'était perdre son temps, surtout si Siruso ne la connaissait pas.

Soudain, Spes sursauta. Il venait d'apercevoir un bout de queue lisse filer entre deux racines. D'un geste vif, il plongea sa main dans le trou et en ressortit l'occupant. Un mulot. Il plaisanta, mais son visage glacial contrastait étonnamment:

- En ce qui concerne la nourriture, ce ne sera pas la peine, je crois...

Il glissa le mulot dans sa poche résistante à tous types de dents et se mit en route.
Le soleil serait au plus haut dans quelques heures, ils arriveraient donc sûrement à la moitié de la nuit en comptant la pause.

Ils marchèrent plusieurs heures durant. Spes songeait à ce qui l'attendait par la suite.
Il ne souhaitait pas vraiment retourner en ville, mais il lui restait une course à y faire: en effet, lors de sa fuite précipitée, il avait perdu de vue qu'un contact espion l'attendait au bistrot de Tarhama. Celui-ci devait le renseigner à propos de déplacements et d'actions de groupes Drow. Car c'étaient des Drow qui avaient pris Ahtymr, il en était certain. [HJ Voir fiche perso si tu souhaites en apprendre plus ^^ ]

Il sentait que la chaleur devenait intense: il transpirait malgré l'ombre des feuillages. Une ronce s'accrocha à son bras et y laissa un sillon sanglant, ce qui l'agaça. Ces petites routes étaient vraiment mal entretenues.
Depuis le départ, il hésitait à questionner Siruso à propos de ses semblables. Ils ne se connaissaient pas, à vrai dire.
Il décida de tenter une question légèrement biaisée:
- Tant que j'y penses, j'avais un rendez-vous avec un contact à Diantra, mais il n'était pas présent au rendez-vous. Tout ce que j'en sais, c'est qu'il était Drow et voyageait, chose plutôt inhabituelle, avec plusieurs compagnons. Vous n'en auriez pas entendu parler lors de votre précédent arrêt ?

Le soleil avait franchi la moitié de son chemin. Il allait être temps de s'arrêter.

Spes guettait discrètement la réaction de Siruso. Etant Drow, son visage resta relativement figé, mais il perçu quelque chose... de l'étonnement, peut-être ?
Réaction normale.
A trop réfléchir, il manqua trébucher sur une racine.

- Nous allons nous arrêter ici, c'est assez pour ce matin.

Spes soupira secrètement de soulagement. Il avisa alentour: le chemin était très réduit, ce n'était qu'un sillon dans les herbes fines et clairsemées qui perçaient au travers des feuilles brunes. Il serpentait à travers les ronciers. De plus, les arbres n'étaient à leur niveau que des troncs: plus haut, il se divisaient en de nombreuses branches frêles et feuillues... Il y avait tout de même, à quelques mètres sur leur droite, un chêne.
Spes s'élança sans hésiter. Il eut aussi pu s'enfouir dans l'humus, mais il ne se sentait pas en danger immédiat. Il valait mieux éviter cette solution, de toute façon. Avisant une branche à mi-hauteur, il s'y hissa avant de se glisser dans un embranchement. Il dû ramener ses genoux contre son corps pour y entrer. C'était humide et visqueux, preuve d'ailleurs que le soleil n'y parvenait pas.

- Dis-moi, que sais-tu d'autres à propos de ce contact ?

Spes avait presque oublié le mulot, dans sa poche, quand il sentit une tiédeur désagréable. Mince. Il mis quelques secondes avant de répondre; la question étant à vrai dire assez étrange. Siruso semblait s'intéresser à la question...

- Je les ai rencontrés il y a deux mois dans une forêt près de Diantra. Ce sont des kidnappeurs, dirait-on... ils se dirigeaient vers la capitale. A mon avis, ils rôdent dans ses environs.

Il se pelotonna un peu plus. La fatigue commençait à alourdir ses paupières.

Spes ne put s'endormir aussitôt. Il avait faim, et bu pour tenter de faire taire cette désagréable sensation. Ensuite il ouvrit la poche qui libéra une odeur rance et le mulot se précipita à l'extérieur. Celui-ci chuta sans bruit dans les feuilles, avant de disparaître, un peu sonné. Mais où pouvait bien être Nrel ?

- Je te réveillerai quand nous nous remettrons en marche.

Le drow escalada lestement un arbre un peu éloigné. Spes le gardait néanmoins à l'œil. Quelle confiance lui accorder ? De nouveaux doutes s'immisçaient subrepticement dans son esprit. Il préféra orienter ses pensées vers le lendemain. Ou plutôt la nuit.
Lorsqu'il franchiraient les portes, il leur sera nécessaire de rester discret. En plus, nota-t-il, il était en rade de nourriture. Il allait falloir qu'il guide le Drow vers deux ou trois lieux... Mais il ne devait pas non plus oublier son contact. Subitement, il repensa à la question de Siruso. Pourquoi avait-il voulu en apprendre plus à propos de ce contact ? Et puis il avait habilement esquivé sa question... Enfin, habilement... il était décidément ivre de sommeil.
Il sentit que la fatigue l'emportait. Tant pis alors, le drow le réveillerait... son cœur se pinça à l'idée de sa vulnérabilité. Il plongea.

C'était la tombée de la nuit, mais Spes dormait toujours. Il était au beau milieu d'un rêve étrange: il y avait plu tant et tant que le niveau de l'eau avait dépassé sa taille. Il se noyait.
Tout en essayant de se dégager de cette insoutenable torpeur, il éveilla ses sens.
Il reçu un coup, et perçut, nettement cette fois-ci, la voix de Siruso contre son oreille. Alors, il ouvrit lentement les yeux, sans faire de geste brusque. Cela faisait quelques instants qu'il oubliait de respirer: il avait le nez bloqué par un rhume. Il regarda Siruso, qui ne le regardait pas. Avant de suivre son regard, il tendit lentement la main et attrapa son poignet, puis le tira. L'air frais lui insuffla une vigueur nouvelle.
Alors seulement, il remarqua les tueurs. A cette distance il ne pouvait pas voir de quelconques signes distinctifs, bien sûr, mais un pressentiment l'avait saisi. Eux allaient les remarquer d'une seconde à l'autre. Se cacher ? Attaquer ? Défendre ? Une fois ce choix fait, ils ne pourraient plus retourner le sablier. Mais quoi qu'il en soit ce dernier avait fini de s'écouler, n'est ce pas, Siruso ? Plus le temps de sortir son arc. L'un des hommes, éloigné de l'autre, s'était retrouvé sous le chêne. Inéluctablement, il levait la tête.

Spes se jeta en avant, le poignard serré dans sa main droite. L'autre bondit en arrière avec un temps de décalage, ce qui laissa une ouverture au demi-drow: il frappa. L'homme para du bras. Il portait une armure. Pourvu que Siruso se charge de l'autre, rapidement, car il devait bientôt être dans son dos. Son coup porta cette fois-ci, mais en retour la dague de son adversaire se planta dans son torse.
Elle avait à peine transpercé son armure, mais déjà un filet de sang s'en échappait.
Tandis que l'autre s'écroulait, il se plaqua dos au tronc, et tenta de maîtriser la douleur.
La dague tomba dans les feuilles avec un bruit de froissement.

Spes se surpris à penser que son souffle était rauque. Il porta une main à la plaie: superficielle et peu étendue, elle n'en était pas moins au-dessus du cœur. Il inspira, douloureusement. De la sueur froide descendait dans son dos. Il avait bien cru y passer.
Mais qu'importe, après tout. Qu'importe, même si cela avait été le cas. D'une main, il serra ses cheveux qui lui tombaient dans les yeux.
Il n'avait pas repensé au second adversaire, rassuré par un bruit de chute qui était rapidement survenu.
Décidément, il ne deviendrait jamais ce qu'il aspirait à être.

- Ca va mon garçon ? Tu es blessé ?

Spes leva la tête vers les hautes branches. Il eut peine à le voir, mais le Drow s'y trouvait bel et bien toujours. S'il se trouvait que ces deux hommes ne voyageaient pas seuls, ils étaient encore en danger. La hauteur permettait non seulement de voir venir d'éventuels arrivants mais aussi de les surprendre et de lancer l'offensive. Mortelle.
Il se retint de soupirer. Il ne pouvait plus monter. Une grimace passa fugitivement sur son visage.

- A peine, mais déjà trop, répondit-il d'une voix volontairement assurée. Je ne peux pas remonter dans l'arbre. Eventuellement, on peut se cacher dans un buisson. Ou encore reprendre la route.

Proposition à éviter. Dans cet état, il lui serait difficile de marcher par ses propres moyens. Et Nrel qui ne montrait toujours pas ne serait-ce que le bout de son museau !
Une vague de désespoir pointa en lui.

- Si tu es d'attaque, alors nous repartirons. Il ne semble pas y avoir d'autres poursuivants, nous
ne sommes donc pas pressés. En revanche, si nous restons, il va te falloir monter dans un arbre. Il vaut mieux être en hauteur.

Spes n'hésita pas. Il s'avança, tira un pan de son vêtement pour cacher sa blessure, se retourna vers l'arbre.

- Reprenons, alors. Il vaut mieux arriver à la cité cette nuit.

Il souffla de nouveau. La douleur irradiait sa poitrine. Mais ce n'était pas cela qui allait l'empêcher de marcher.

- Il va falloir que tu m'expliques deux ou trois choses quand tu auras repris ton souffle. J'aimerais savoir dans quelle histoire tu es embarquée et à quel type d'ennemi tu as affaire.

- Autant en parler maintenant, alors. Je me suis mis à dos la guilde des Assassins.

Il ne voulait pas précipiter les informations pour éviter de trop surprendre son interlocuteur. Cependant, il avait le souffle court. Il devait faire des choix. Il reprit:

- Lors d'une mission, j'ai faillit. J'ai amené l'adolescent que je devais tuer et je l'ai sauvé de sang-froid... Ahtymr... Il a été emporté par un groupe de Drow, une nuit. Environs deux mois de ça.

Tout en parlant, il s'était retourné, dos à Siruso. Sa voix ne tremblait pas, mais il ressentait une étrange sensation. Du ressentiment, de l'excitation, de la peine ? Il n'aurait su le dire.
Peut-être, simplement, un regret sincère.

Spes remarqua la surprise de Cellen de par son silence. Il l'entendit s'approcher de lui.
Un instant, la peur le submergea: il était blessé et avait le désavantage. Effectivement, les probabilités qu'il soit à sa recherche ou du moins du coté de ses ennemis étaient fortes. Il pouvait de plus être sûr qu'une prime avait été mise sur sa tête.
Mais le Drow n'amorça aucun mouvement brusque.

- Je vais être franc avec toi Spes. Je suis actuellement à la recherche des ravisseurs de ce Ahtymir, et plus particulièrement de leur chef. Je t'avoue aussi que je ne m'appelle pas Siruso mais Cellen. Je suis un assassin de l'armée drow.

Un assassin de l'armée Drow ? Etaient-ils liés aux guildes assassines de Diantra ?
Ces paroles étonnèrent Spes. Pourquoi lui révéler ? Et surtout, était-ce vrai ?
Une chose était sûre, leur relation devenait plus complexe et le mettait incidemment en danger.

- Je te propose donc que nous agissions de concert, si tu le souhaites aussi bien sûr. Ceci nous facilitera la tâche à tous les 2. Mais d'abord, il va falloir que tu soignes cette blessure. Je ne voudrais pas qu'elle s'infecte et qu'un tas de chair putréfiée me suive. On devrait pouvoir trouver des onguents en ville, et je pense que nous n'en sommes plus très loin. Te sens-tu sincèrement capable de marcher ?

Il marqua un instant de réflexion. S'il acceptait, il prenait des risques, s'il refusait -même partiellement-, il en prenait aussi.
Mais son désir de retrouver Ahtymr le dévorait.

- Effectivement, cela nous serait intéressant, répondit-il dans un souffle. Et puisque tu me demande d'être sincère, je l'avoue, je ne peux pas marcher davantage. Il murmura: Mais je ne tiens pas à être un fardeau...

Une vague de douleur emporta la fin de sa phrase. Il comprima le bois de l'arbuste auquel il se soutenait.

[HJ Je pars ce week-end sans internet ^^]

- Tu n'es pas un fardeau. En ce qui me concerne, j'ai encore le temps. Et puis, je ne connais pas beaucoup d'enfants de ton âge qui auraient survécu à ce que tu viens de vivre.

Spes ne releva pas. Il avait mal, et la désagréable sensation de moisir sur place.
Mais lorsqu'il y réfléchirait, plus tard, cela engendrerait de nombreuses interrogations.

Nous allons donc rester ici cette nuit. On aura encore l'avantage si
d'autres poursuivants venaient à se montrer. Pendant qu'il nous
chercherons, nous les entendrons de loin. En revanche, je crois qu'il
n'est pas nécessaire de te le dire, mais pas de feu. On se contentera
de plantes, ou de viande crue si tu le désires.

Spes dégoulinait déjà le long du tronc sur lequel sa prise faiblissait. D'un mouvement souple, un court râle de douleur, il chuta plus qu'il ne s'assit dos à l'écorce.
Cette fois-ci, il ne pourrait escalader pour se mettre hors de portée.
D'une main raide, il fractura les branches du buisson qui se trouvaient dans son dos, avant de s'y jeter.
Un rictus passa sur son visage tandis qu'il déchirait sa manche.

- Dormons, vite, alors. Si nous devons marcher de jour, il est nécessaire d'être au moins réveillé et apte à combattre... Tu as une couverture dans ton sac ? Il sera préférable que je porte une cagoule. Tu en as surement une pour toi, aussi...

Il regarda la ciel, et les étoiles qui le peuplaient. La nuit était déjà bien avancée.
Il avait mal, sommeil, mais par-dessus tout, il avait faim. Il hésita une fraction de seconde. N'en demandait-il pas trop ?
Tant pis, il verrait bien. Trop peu à perdre.

- Euh... Tu as quelque chose à manger pour moi ? Sec, cru, pourri qu'importe.

Il n'allait pas être exigeant.

- Ah, et pour demain... A vrai dire, cette blessure ne va pas cicatriser en quelques heures. Je ne pourrait pas marcher non plus. Tu me porterais ?

Le lendemain, il feraient route de jour. Cela le taraudait. Mais néanmoins, il restait un aspect intéressant: personne ne s'attendait à le voir arriver à la cité sous le soleil.
Il attacha à son torse son lambeau de manche. Elle serait vite détrempée...

[HJ Je serais absente de mercredi midi à vendredi soir, puis de ce dimanche au 7-8 aout
On continuerait donc le Rp après si tu es disponible ^^]