[demeure de Juliette] En étrange compagnie

Zakeron restait sur ses gardes. Le tuteur avait compris. C'était mauvais signe, très mauvais signe. Juliette allait avoir des ennuis et lui risquait sa vie. Il avait une folle envie de sortir son arme. Oui, il avait aimé Juliette pendant des heures et il ne regrettait rien. Il l'aimait, elle l'aimait, pourquoi auraient-ils dû se retenir à cause d'une stupidité pareille ? D'accord, il n'était pas celui qui risquait le plus gros.

Juliette baissa la tête sous la remarque. Zakeron devenait fou. Juliette baisser la tête ? Depuis quand ? Elle avait toujours soutenu le regard de ceux qui l'agressaient ! Pourquoi ne soutenait-elle pas aussi le regard de cet homme ? La noblesse...

Zakeron vit le coup partir mais il l'arrêta pas. La gifle retentissante vint frapper Juliette... C'était douloureux et vexant mais pas dangereux. Si le drow avait brandi une arme, il lui aurait sans doute tranché la main. Il fit un pas en avant, furieux. Tuteur ou pas, personne ne touchait à sa bienaimée !

Lorsque Juliette releva les yeux, elle pleurait. Zakeron sentit la rage le saisir. Une rage sourde, furieuse. Il allait le tuer ! Peu importe le temps que ça prendrait, il le tuerait ! La jeune fille recula pour poser une main sur Zakeron. Elle ne voulait pas qu'il sorte son arme... Le contact le calma légèrement mais son regard restait empli de haine. Il n'était plus vraiment dans son domaine, dans son élément. Il avait l'habitude des contrées sauvages où tout était permis. Ici, il ne connaissait pas les règles du jeu, et ce jeu ne lui plaisait pas. Devait-il, pour respecter les règles, laisser celle qu'il aimait se faire frapper sans réagir ? Elle tremblait.

-Mademoiselle Lorsange dites à cette chose de déguerpir au plus vite avant afin qu’il féconde outre part!

Zakeron fronça les sourcils. Vraiment prêt à le tuer... Il voulait le mettre dehors ? Seulement si Juliette le voulait ! Il avait un contrat avec elle ! Il le respecterait, son honneur de mercenaire était en jeu. Juliette redressa la tête, retrouvant sa fierté. Il la préférait comme ça ! Elle se colla contre lui mais il ne resserra pas son bras autour d'elle. S'il devait se défendre, il fallait qu'il soit prêt à bouger.

Malgré sa nouvelle assurance, ce fut d'une voix tremblante qu'elle reprit :

"Hors de question... il restera ici, avec moi. C'est vous qui allez partir, Vioras. Je ne veux pas avoir à... à vous faire face. Le mal est déjà fait, vous n'y pouvez rien."

Zakeron hocha la tête.

- Exactement. Vous pouvez me haïr ça ne changera rien. Maintenant je suis son garde-du-corps et je ne plaisante jamais avec mon travail.

* Surtout avec Juliette *

Oh, la folle jeunesse, je me demande si ce jeune homme sait parer les coups de l’esprit?

-Jeune fille, vous semblez prêtes à verser votre sang pour ce restant de-race, le sofa est là pour en témoigner, donc vous serez prêtes à livrer votre liberté pour lui non? Vous vous marierez que vous le vouliez ou non. Et votre futur jugera si ce garde du corps est nécessaire. J’ai le droit de vous promettre qu’il en soit clair.

De quoi séparez deux amants assez rapidement. Le mari tombera facilement jaloux du garde du corps aux regards duveteux et je me ferais un allié contre l’impertinent.

Il les regarda ensemble un moment. Autrement que le dégout que lui inspirait telle union, il avait pitié. Comment des gens parfaitement lucide pouvaient tombés dans les bars d’un moins que rien? De plus, l’attirance des deux tourtereaux pour les armes semblait ridicule. Une main sur son épée, l’autre main sur l’épée de l’autre. Lâchez donc vos armes!

Il convoqua Lauriel et lui ordonna de nettoyer le sofa sur-le-champ. Il pose ses yeux dans les yeux de l’homme en face de lui. C’était la première fois qui lui permettait de croiser son regard. Il soutenait son regard sans effort. Il lui adressa la parole non sans un petit sourire en coin:

-Vous feriez mieux de mieux protéger mademoiselle Lorsange pour le court séjour que vous passerez avec elle, je vous promets que les coussins n’ont jamais tués personne.

Juliette aurait préféré que Zakeron l'enlace. Au moins pour se sentir un peu moins seule devant la faute commise. Mais elle sentait bien qu'il se tenait sur ses gardes. Elle aurait voulu lui dire de ne pas d''inquiéter, que Vioras ne sortirait jamais une épée chez elle... mais elle n'avait pas le courage de prendre encore plus la parole.

L'idée du mariage la terrifiait et sembla l'achever. Le peu de bonheur qu'il lui restait sembla tomber en poussière. Si ce n'avait pas été de l'orgueil, elle se serait déjà effondrée en larme. Oh bien sûr, elle le savait déja qu'elle serait mariée. Mais entendre Vioras lui annoncer... avoir été plus fabile d'esprit, elle se serait déjà évanouie. Ce fut comme si on l'avait frappé de plein fouet, comme si une épée l'avait transpecée. Elle chancela un peu et ferma les yeux, prise de vertiges. C'était officiel: elle en était à ses derniers jours, voire dernières heures de liberté.

Et pourtant, peut-être eut-il pitié d'elle mais il n'exigea pas que Zakeron parte. Jusqu'à son mariage, elle pourrait rester avec lui. Elle n'avait aucune idée combien de temps cela lui donnait mais c'était une chance inéspérée de tenter de fuir. Ou peut-être simplement de profiter d'un peu de liberté encore...

Elle savait qu'elle ne pouvait plus se battre contre cette éventualité. Vaincue pour cette bataille, quoique pas encore pour la guerre, elle baissa la tête. elle ne voulait pas mettre en jeu le peu de privilège qui lui restait. Elle ressera son emprise sur la main de Zakeron, pour ne pas qu'il sorte d'arme et pour y trouver un peu de support. Elle devait avoir l'air bien faible maintenant alors qu'elle lui avait tenu tête dans la ruelle... mais l'enjeu était alors bien différent.

Elle n'avait plus envi maintenant que de se retrouver seule, peut-être avec Zakeron.

"Ça va, Vioras, vous avez... gagné. J'espère que vous êtes content, vous venez de briser le peu de bonheur que je pensais avoir trouvé. Vous pouvez partir, maintenant, vous avez assez fait de mal ici ce soir. Et vous en ferez suffisement avec ce futur mariage. "

Elle allait être mariée à un autre... Zakeron frémit légèrement. Pourquoi se laissait-elle enchaîner ? Il l'avait vu déterminée, courageuse, prête à tout et là, face à son tuteur, elle restait silencieuse, incapable de lui tenir tête. C'est à peine si elle osait le regarder dans les yeux. Il n'aimait pas la voir comme ça. Il voulait la retrouver telle qu'elle était.

A cette annonce, Juliette chancela et Zakeron la rattrapa, passant un bras puissant autour de sa taille, approchant son visage du sien. Le drow venait bien de dire que Zakeron pourrait rester, alors il n'avait plus besoin de rester aussi tendu. Juliette avait besoin de réconfort pour l'instant. Il était maladroit dans ce domaine mais il allait faire de son mieux. Zakeron sentit le contact de leur peau, de son corps si chaud... Il voulait l'emmener avec elle pour la vénérer comme une reine, comme la reine qu'elle était à ses yeux. Mariée à un autre ? Et puis quoi encore ? S'il pouvait l'empêcher, il le ferait ! Même s'il devait pour cela enlever Juliette et s'en faire haïr. Il ne tolèrerait pas qu'elle soit prise par un homme qu'elle n'aimait pas.

"Ça va, Vioras, vous avez... gagné. J'espère que vous êtes content, vous venez de briser le peu de bonheur que je pensais avoir trouvé. Vous pouvez partir, maintenant, vous avez assez fait de mal ici ce soir. Et vous en ferez suffisement avec ce futur mariage. "

Zakeron resserra son étreinte, sans se soucier du regard haineux de l'autre drow. Un mari drow de sang pur ? Décidément il maudissait sa condition d'impur. Il aurait voulu être un véritable drow, reconnu de tous, entraîné sérieusement par son père. Il n'aurait pas fini en guerrier mercenaire condamné à chasser sa nourriture dans les marais...

- Je suis là... Je resterai là aussi longtemps que je pourrai.

Ces mots étaient à peine audibles, seule Juliette pouvait les entendre au creux de son oreille. C'était très romanesque, mais il s'imaginait déjà emmené Juliette sur son cheval noir, afin qu'ils puissent s'enfuir tous les deux et mener une vie tranquille loin des turbulences de la cours drow. C'était sans doute un rêve, mais merveilleux. Il voulait y coire. Vioras n'existait plus à ses yeux. Il n'était plus rien, juste à intrus, le responsable de leur malheur à tous les deux. Si jamais il croisait son chemin lorsque Juliette ne serait pas là, il le tuerait. Et il savait que la réciproque était vraie.

Dommage qu’il ait eu du travail car il aurait bien montré comment une aventure pouvait se transformer en vrai calvaire. Il regarda le couple, la sensation de dégout ne durerai pas longtemps, il allait remettre Juliette sur le bon chemin, celui de la noblesse. Tant pis si elle n’aimait pas son mari, elle n’aura qu’à le tuer en temps et lieu, le temps d’évincer le petit étranger de sa vie. Après la guerre, tout rentrerais dans l’ordre.

-Je vous souhaite de ne pas être parent. Car cet enfant aura une bien courte vie. Sur ce, nous nous reverrons aux noces Juliette, ou avant…

Il tourna les talons, salua la bonne et lui soma de réglé la petite tache gênante.

Heureusement qu'il la soutint. Elle se laissa faire, bien que normalement, l'orgueil lui aurait rapidement donné envi de se relever de ce coup et de riposter. Mais elle n'en avait tout simplement pas la force. Elle se sentait en plein cauchemar.

- Je suis là... Je resterai là aussi longtemps que je pourrai.

Elle aurait voulu que ce soit pour toujours. Elle se serait content ne serait-ce que de quelques années de plus. Elle reprenait un peu ses esprits, cherchant un certain calme.

-Je vous souhaite de ne pas être parent. Car cet enfant aura une bien courte vie. Sur ce, nous nous reverrons aux noces Juliette, ou avant…

Un sanglot s'étouffa dans sa gorge. Les noces...

Sitôt fut-il sortit qu'elle se détacha de Zakeron, trop honteuse pour rester contre lui. Elle avait, après tout, signé son arrêt de mort. Et son chagrin était trop profond pour qu'elle ne l'étouffe.

Elle s'éloigna à l'autre bout de la pièce, vers la porte menant à ses apartement. Elle entra dans sa chambre, d'un pas rapide, tournant le dos à Zakeron. Elle luttait visiblement pour ne pas éclater en sanglot, incapable de prononcer un mot. elle s'arrêta devant la fenêtre où elle voyait Vioras partir. Les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Comment avait-il pu? Elle sentit le sol se dérober sous ses pieds et eut à peine la force de s'approcher du lit où elle se laissa tomber.

Son corps était secoué de violents sanglots. Elle se sentait détruite. Dans ses rêves, elle rencontrait un noble de son goût, qui l'aimait bien, ils s'épousaient pour répondre aux dernières volonté de son père et elle ne vivait pas ce genre de cauchemar. Mais voila qu'elle se retrouvait dans une terrible situation, sans échapatoire. L'homme avec qui elle aurait voulu finir ses jours ne le pourrait pas.

Dans sa tête, elle songeait sérieusement à partir. Même si c'était insensé.

Lauriel descendit à la cuisine pour aller chercher un alcool fort, de quoi redonner un peu de vigueur à Juliette ou lui permettre d'oublier un peu sa peine. Elle déposa la bouteille et deux verres sur la table de chevet. Puis, comprenant le besoin qu'elle avait de se retrouver seule avec Zakeron, elle ne dit pas un mot de plus et descendit aux cuisines. Le boudoir attendrait pour être nettoyé, Vioras n'ayant, après tout, aucune autorité sur elle.

[je serai absente samedi, je devrais revenir dimanche.... au plus tard, lundi]

Zakeron gardait son bras passé autour de la taille de Juliette. Il sentait son regard se durcir. Il resterait à ses côtés, mais elle devait continuer à faire preuve de force. Il n'était pas tombé amoureux d'une lâche ! Il préférait la voir avec son regard déterminé, sans peur, plutôt que de la sentir prête à craquer sous la pression. Un mariage arrangé, et alors ? Pourquoi était-elle tenue de se marier si elle n'en avait pas envie ?

-Je vous souhaite de ne pas être parent. Car cet enfant aura une bien courte vie. Sur ce, nous nous reverrons aux noces Juliette, ou avant…

Juliette manqua de fondre en larmes, mais Zakeron sentit un sourire étirer ses lèvres. Un sourire sans joie, évidemment. Ne pas avoir d'enfants ? Il rêvait ! Car il voulait que Juliette soit la mère de ses enfants et elle le serait ! Des noces ? Peut-être... Mais il serait tellement dommage que le nouveau marié ait un accident avant d'avoir pu consommer son union !

Vioras partit, les laissant enfin seuls. Juliette se détacha de lui et s'éloigna à l'autre bout de la pièce. Il fut pris d'une furieuse envie de la prendre par les épaules et de la secouer. Il voulait qu'elle redevienne celle dont il était fou. Elle devait se ressaisir ! Elle partit dans une pièce voisine, sa chambre apparemment. Elle lui tournait le dos, comme si elle évitait son regard. Il fronça les sourcils. Là, elle commençait vraiment à l'énerver ! Peut-être avait-elle ses raisons pour obéir, peut-être pas ! Si elle ne lui expliquait pas, il ne pouvait pas l'aider ! Il la fit s'approcher de la fenêtre avant de se laisser tomber sur le lit. Il la rejoignit d'un pas silencieux et referma la porte derrière lui. Elle pleurait. L'annonce de ce mariage l'avait vraiment anéanti ! Il se sentit radoucir.

Zakeron s'assit sur le lit, à côté de Juliette. Il resta silencieux un instant, attendant que les larmes se soient taries. Il l'aimait, mais il n'aimait pas la voir ainsi. Son envie de tuer Vioras le saisit à nouveau. Il brûlait aussi de la questionner. Mais dans la situation actuelle, il ne pouvait pas faire grand-chose. Lorsqu'elle commença enfin à se calmer, il lui parla durement.

- Ressaisis-toi, Juliette ! Fais montre de ton courage ! Je ne comprends peut-être pas mais je sais que là tu renonces avant même d'avoir levé les armes. Il y a toujours une solution même s'il est dur de faire des choix. Choisie ce qui te rendra heureuse ! Sois égoïste et irrassionnelle ! Prends des risques, bas-toi ! Gagne ! Tu en as la force et la volonté, tu te laisses trop étouffée par des faux-semblants.

Il se radoucit et défit son armure pour s'allonger à côté d'elle afin de l'enlacer en douceur. Il posa un baiser sur sa chevelure.

- Tu vas peut-être me détester pour me manque de compassion, mais crois-moi je sais très bien qu'il faut vivre sa vie sans se soucier des autres. Je serai déjà mort si je m'étais soucié de ça.

Il chercha à capter son regard. Il voulait la retrouver telle qu'il l'avait connue : fière, courageuse, indépendante !

- Cherchons une solution ensemble, tu veux bien ? J'ai besoin que tu m'expliques la situation. Reprends-toi... mon amour...

Des mots d'amour... Venant de lui, ça lui paraissait si étrange ! Mais il les pensait vraiment. Il passa sa main sur sa joue si douce. Il avait l'impression que ses mains étaient vulgaires, grossières pour ce visage si parfait. C'est pourquoi il se montrait très délicat.

Elle pleura, quelques minutes. Elle en avait besoin. Tout dans sa tête se bousculait. Des idées, des plans pour s'en sortir... mais elle revenait toujours à une triste défaite. Pendant 2 ans, elle avait évité le mariage. Elle s'était tenue tranquille, avait pris soin de montrer qu'elle était sage. Et maintenant, alors qu'elle avait essayé de dépasser les limites, se croyant à l'abri, elle se retrouvait condamnée à un destin dont elle ne voulait rien savoir. Parce que l'homme qu'elle aimait ne pourrait pas en faire parti.

Il vint s'assoir près d'elle. Mais elle aurait voulu l'ignorer. Commencer à l'oublier pour que ce soit moins difficile. Elle se calma un peu, se sentant un peu plus résignée. C'est alors qu'il eut pour elle des paroles dures. Mais il avait raison. Elle devait se montrer plus forte. Même si elle ne voyait pas comment lutter contre ce qui arrivait. Mais pour ce soir, elle aurait simplement voulu dormir, et espérer découvrir à son réveil que tout avait été un simple cauchemar.

Il redevint plus doux et la prit contre lui. Elle ne bougea pas, hésitant entre le repousser ou se blottir contre lui.

- Tu vas peut-être me détester pour me manque de compassion, mais crois-moi je sais très bien qu'il faut vivre sa vie sans se soucier des autres. Je serai déjà mort si je m'étais soucié de ça.

Elle ne répondit pas. C'était vrai qu'il était dur avec elle en agissant ainsi, mais il le fallait. Elle devait se relever et continuer à se battre. Bien qu'il ne pouvait pas vraiment comprendre ce que cela signifiait pour elle. Elle le regarda droit dans les yeux, cherchant là un peu de support.


- Cherchons une solution ensemble, tu veux bien ? J'ai besoin que tu m'expliques la situation. Reprends-toi... mon amour...

Sa main vint caresser sa joue. Elle se détendit, un peu, rassurée. Non, elle ne laisserait pas un simple mariage lui enlever son bonheur. Elle voulait tout tenter. Même si au bout du compte elle perdrait beaucoup. D'une voix tremblante, elle lui dit:


"Tout ce qui reste, maintenant, c'est la fuite. Vioras est contraint de me trouver un époux, je ne peux même pas tenter de marchander avec lui. Il a reçu des ordres de la part de mon père, il doit y obéir. Je ne peux pas lui en vouloir. J'aurais du faire plus attention... je n'aurais pas du... prendre de tels risques. Même si je ne le regrette pas."

Ça avait peut-être été stupide de s'abandonner à un homme. Mais elle l'avait voulu et l'assumait totalement. Elle était simplement anéantie par ce qui l'attendait. L'angoisse, au fond d'elle, la rongeait, de tant de peurs pour sa liberté, son bonheur et la vie de celui qu'elle aimait. Elle sentit l'amertume au fond de sa gorge et préféra se taire un moment, fermantles yeux. Elle devait rester calme. Trouver une solution.

"Je suis née pour servir de marchandise entre ma famille et une autre. Et ça, j'y suis condamnée, que je le veuille ou non. Et même si je voulais me battre contre cela... je ne pourrais pas m'en sortir. Alors, sinon la fuite, que me reste-t-il pour être avec toi?"

Le bon sens lui disait que la fuite était dangereuse, pour elle, pour Zakeron. Elle aurait préféré ne pas devoir y faire face, avoir une autre opportunité, mais dans sa tête, tout revenait à la fuite. Partir, tout abandonner et mieux commencer ailleurs. Même si cela la terrifiait.

- Cherchons une solution ensemble, tu veux bien ? J'ai besoin que tu m'expliques la situation. Reprends-toi... mon amour...

Zakeron la sentit reprendre confiance. Il préférait ça ! La voir pleurer... Ah non, décidément il n'aimait pas les femmes pleurnichardes ! D'accord elle venait de vivre un moment difficile, mais il fallait toujours garder la tête haute quelque soit la situation ! Il le savait mieux que personne...

Finalement, elle se décida à lui expliquer. D'une voix tremblante, elle expliqua qu'il ne lui restait plus qu'à fuir. Zakeron ne put cacher un sourire. En quoi était-ce gênant ? Il l'emmènerait avec elle ! A la cité, personne ne savait où était son repère ! Il lui suffirait simplement de retirer la pancarte à l'entrée et ils pourraient s'y installer... Pas bien longtemps, c'était certain. On aurait tôt fait de les retrouver. Après tout, Zakeron avait tout de même fait un peu de publicité pour son commerce !

Alors que son esprit partait déjà dans les préparatifs de leur fuite, Juliette poursuivit son récit. Elle prenait la défense de ce Vioras qui avait osé la gifler. Il avait osé porter la main sur elle... Contraint de lui trouver un époux ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? C'était le père de Juliette le responsable de tout ça.

" J'aurais du faire plus attention... je n'aurais pas du... prendre de tels risques. Même si je ne le regrette pas."

Zakeron lâcha sa joue pour poser sa main sur la hanche que Juliette lui présentait. Lui non plus ne regrettait rien. C'était le problème des filles : lorsqu'un homme la touchait une première fois, on le savait très vite ! Les hommes étaient bien plus libres de ce côté là. Mais Zakeron ne regretterait certainement pas d'avoir fait l'amour à celle qu'il aimait !

Elle se tut un moment, les yeux fermés, luttant apparemment contre de nombreux sentiments plutôt désagréables. Zakeron fit une légère grimace. Il voulait vraiment qu'elle se reprenne ! Qu'elle retrouve le regard qu'il aimait lui voir !

"Je suis née pour servir de marchandise entre ma famille et une autre. Et ça, j'y suis condamnée, que je le veuille ou non. Et même si je voulais me battre contre cela... je ne pourrais pas m'en sortir. Alors, sinon la fuite, que me reste-t-il pour être avec toi ?"

Zakeron ne voyait d'autres solutions que de tuer Vioras, mais Juliette ne semblait pas de cet avis. Elle était condamnée à servir de marchandise ? Les humaines étaient bonnes à être des esclaves, oui, mais les drows étaient libres ! Libres de leur corps, de leurs pensées...

Il la regarda un moment dans les yeux, espérant la voir enfin retrouver un peu de détermination. Mais non, elle hésitait, elle en tremblait presque. C'était pitoyable... Il se redressa doucement. Si elle ne pouvait pas affronter la situation familiale comme elle affrontait les ennemis de la rue, alors il s'en chargerait pour elle ! Il tourna la tête et la regarda, puis il sourit légèrement et lui tendit la main.

- Je t'enlève. Prends ce que tu peux emmener. Je laisserai un mot à ton Vioras.

Il ne lui laissait pas vraiment le choix, car ainsi elle n'aurait pas à regretter d'avoir pris une décision plutôt qu'une autre. De même, l'enlèvement plutôt que la fuite... C'était préférable.

- Si je t'enlève l'honneur de ta famille sera préservée et si jamais nous sommes pris tu seras sauvée, car délivrée. Si nous fuyons, nous serons certainement tués tous les deux. J'ai un cheval. Partons maintenant ! Tu as sans doute des affaires à régler mais je ne peux pas te laisser le temps ! Si tu veux partir, il faut le faire maintenant !

Zakeron tendait toujours la main. Sa voix était ferme, mais son regard doux. Il risquait sa vie mais il en était fier. Il était heureux qu'elle soit prête ainsi à le suivre. Elle abandonnait tout, il en était conscient. Il ferait en sorte qu'elle ne manque de rien, qu'elle soit heureuse. Ils partiraient sur les routes, fuyant les drows et les autres peuples, fuyant la guerre. Les îles étaient apparemment plus accueillantes, peut-être valait-il la peine de partir en bâteau, de quitter Miradelphia... C'était un exil, ce ne serait pas facile pour elle.

- Je ne t'abandonnerai pas !

- Je t'enlève. Prends ce que tu peux emmener. Je laisserai un mot à ton Vioras.

Elle le regarda, hébétée. Elle ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir. Son réflexe fut de se relever et de s'approcher de sa table de chevet, où un couteau était dissimulé. Elle n'avait pas raison de se méfier mais par instinct elle le fit. Une lueur de défi était revenu dans ses yeux.

- Si je t'enlève l'honneur de ta famille sera préservée et si jamais nous sommes pris tu seras sauvée, car délivrée. Si nous fuyons, nous serons certainement tués tous les deux. J'ai un cheval. Partons maintenant ! Tu as sans doute des affaires à régler mais je ne peux pas te laisser le temps ! Si tu veux partir, il faut le faire maintenant !

Elle baissa sa garde et regarda la main qu'il lui tendait. Ce n'était pas idiot. C'était même ingénieux. Jouer sur les termes s'avérait tout à fait utile. Il risquait sa vie, oui, mais elle aurait tôt fait de sacrifier la sienne aussi si jamais ils venaient à être pris. Il était sérieux et sincère, déterminé à l'enlever. Il insista en lui disant qu'il ne l'abandonnerait pas. Elle glissa sa main dans la sienne.

Tant pis si elle faisait confiance à un menteur. Tant pis s'il décidait de se servir d'elle. Elle eut un petit rire alors qu'elle reprenait espoir. Vioras ne l'emmenerait pas devant l'autel de si tôt.

"Et pourquoi pas... c'est fou, mais ça me plait. Même si tu y risques ta vie. Mais je saurai te protéger et te garder vivant." termina-t-elle avec un sourire moqueur.

Elle regarda la malle qui traînait dans un coin. C'était trop gros. Mais il y avait, à l'intérieur, l'essentiel. Elle s'y pencha, ramassa un pendentif et une cape de voyage, plus chaude et plus grande que celle qu’elle portait normalement. Elle ramassa les quelques armes qui lui étaient normalement utiles, sachant qu’elle allait probablement devoir se défendre seule parfois. Cela ne l’effrayait pas, elle en avait l’habitude.

"Alors, où va-t-on maintenant?"

Elle préférait ne pas réfléchir pour ne pas refuser. Si elle y pensait, elle allait perdre du temps. Valait mieux partir, sans se demander si c'était la meilleure chose à faire.

Zakeron proposa dans l'enlever. Juliette sembla mal prendre ses paroles car, après un instant de stupeur, elle alla prendre une arme, prête à se défendre. Zakeron se contenta de sourire, heureux de la retrouver telle qu'il l'aimait ! Il se hâta cependant d'expliquer son idée. Juliette baissa alors sa garde. Elle comprenait. D'un geste, elle posa sa main dans la sienne, signe qu'elle acceptait leur marché. Zakeron sentit un instant son coeur frémir de plaisir. Elle venait avec elle... Ils allaient fuir, oui, mais ils seraient ensemble. Elle eut un petit rire, le sourire revint sur son visage.

* Tu es tellement plus belle quand tu ris et quand tu fais preuve de détermination ! *

"Et pourquoi pas... c'est fou, mais ça me plait. Même si tu y risques ta vie. Mais je saurai te protéger et te garder vivant."

Le protéger ? Pour le coup il éclata de rire. Il ne fallait pas sous-estimer sa Juliette en colère, il en était persuadée ! D'un simple regard elle pouvait fait fuir bien des hommes ! Il suivit son regard lorsqu'elle jeta un coup d'oeil à sa malle. Une malle... Non, il ne pouvait pas se permettre d'emporter quelque chose de si encombrant...

Juliette lâcha sa main pour approcher la malle et en tirer quelques affaires : un pendentif, une cape et ses armes. Le strict nécessaire au regard de Zakeron ! Mais il songea qu'elle aurait sans doute besoin de plus. En effet, il n'avait pas d'argent pour lui acheter des vêtements convenables...

"Alors, où va-t-on maintenant?"

Zakeron s'approcha d'elle, la saisit par la taille d'une manière virile et l'embrassa. Il aimait ce regard ! Décidément, il aimait quand elle était comme ça !

- Nous allons partir, mais les murs ont des oreilles. Il n'est pas prudent de parler ici.

Il commença à fouiller la chambre, mettant au passage un maximum de désordre. Sous le regard de Juliette, il préféra expliquer.

- Un enlèvement ne se fait pas sans lutte... Surtout avec toi.

Il trouva enfin ce qu'il cherchait : un sac ! Un sac de toile plutôt large. Il n'avait pas d'anses mais il suffirait pour le voyage. Il le lança à Juliette.

- Prends quand même quelques vêtements et des vivres si tu en as ! De l'argent serait aussi le bienvenu, nous aurons peut-être besoin d'acheter le silence d'une ou deux personnes.

Il s'approcha de la fenêtre et vérifia que personne ne venait, puis il saisit une feuille, de l'encre, et rédigea une lettre rapide, destinée à Vioras.

**************

A Vioras,

J'ai votre Juliette entre mes mains. N'avertissez personne, elle sera bien traitée tant que je ne sentirai aucun poursuivant derrière moi. Si vous êtes sage de vous donnerez régulièrement de ses nouvelles.

Zakeron.

**************

Court, bref, menaçant et avec une petite promesse pour l'encourager à ne rien tenter. Un kidnappeur réclamait de l'argent mais Vioras comprendrait rapidement que ce n'était pas ce qui intéressait Zakeron. Du moins pas quand il s'agissait de Juliette. Zakeron fit lire le message à Juliette.

- Tu ne dois pas le signer. Je sais qu'il risque de s'inquiéter pour toi mais un enlèvement doit rester un enlèvement.

Il prit un petit couteau que Juliette n'emmenait pas et poignarda le mot au mur. Il revêtit son armure. Tout était prêt ! Il ne restait plus qu'à partir. Il tendit à nouveau la main vers Juliette. Pour donner du réalisme, il aurait dû la ligoter, la baîllonner et la prendre sur ses épaules, mais il refusait de la traiter comme ça. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'aucune servante ne les verrait partir...

Il l'entraîna dans les couloirs, se laissant guider par sa voix pour trouver son chemin. Ils reprirent le même trajet qu'à leur arrivée, même si Zakeron les plaquait tous les deux dans l'ombre dès qu'il y avait un mouvement. Il ne fallait pas se faire prendre, sinon il serait tué et Juliette condamnée à ce mariage dont elle ne voulait pas. Quitter le manoir ne fut pas simple, loin de là, mais ils y parvinrent finalement, se retrouvant au niveau 0. Il cessa alors de courir.

- Juliette, marchons comme si nous sortions, tout simplement. Courir ici attirerait l'attention.

Il sourit et se posta à côté d'elle, les mains sur ses lames, prêt à tuer celui ou celle qui s'approcherait d'eux. Il surveillait surtout s'il n'apercevait pas Vioras ou les servantes de Juliette. Il ne fallait pas qu'il arrive maintenant !

[hrp : j'ai un peu accéléré la fuite du manoir, si tu veux des modifications c'est sans problème ]

[on va fignoler tou ça et ca devrait être correct^^]

Dire que sous peu, elle serait avec lui, en fuite. Dans quelques heures, elle serait plus libre. Il la ramena contre lui et l'embrassa. C'était ce qu'il lui fallait pour être sure d'avoir pris la bonne décision. Il ne voulu pas lui dire où ils partaient. Bien que Juliette n'Estimait pas que ses domestiques étaient un problème. Quoiqu'humaine dans une ville drow, Lauriel savait faire obéir les autres. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait le titre de gouvernante. Elle était de confiance et se chargeait du bien être de Juliette. Mais elle n'osa pas protester. Elle verrait bien où il l'emmenerait.

Il entreprit du mettre du désordre. C'était, en effet, une bonne idée. Puis il lui suggéra de prendre des vêtements. Elle ne s'équippa que du stric minimum, quelques corsets et jupes pratiques pour un voyage, moins flamboyant que certaines robes mais plutôt chic. Elle y rajouta de l'argent, quelques bijoux de valeurs (plutôt pratiques parfois), et la bouteille d'alcool qui trainait sur la table de chevet, considérant que ce pourrait être utile. Ne serait-ce que pour le plaisir.

Elle regarda le petit mot et estima que cela suffisait. Elle se promit qu'au jour où elle pourrait revenir, soit lorsqu'il n'aurait plus aucune autorité sur elle, elle reviendrait lui demander pardon. Il S'inquiéterait probablement mais elle spérait qu'il n'irait pas jusqu'à les poursuivre...

Elle était prête à partir. Elle eut un dernier regard pour cet endroit qu'elle ne reverrait probablement pas de sitôt. Elle n'était pas triste, elle avait seulement un pincement au coeur. Quitter là où elle avait toujours vécu... plonger vers l'inconnu.

Elle entraîna Zakeron vers la porte où ils étaient entrés quelques heures plus tôt. De là, ils pourraient facilement partir sans se faire voir.

Lauriel les vit partir. Mais elle ne dit rien. Elle monta à la chambre et, constatant le désordre et découvrant le mot, décida de jouer le jeu, elle aussi. Elle ne balancerait pas Juliette ainsi, pas après avoir été si bien traité. Pour une esclave, elle avait recu beaucoup de sa part. Il lui fuadrait maintenant affronter Vioras.

elle décida de ne pas crier à l'enlèvement maintenant. Dès l'aube, par contre, elle jouerait le jeu, au visage des autres domestiques. Cela rendrait le tout plus réaliste.

[Je te laisse ouvrir le prochain topic^^]

[hrp : la suite dans les Terres Stériles]

[HJ: Post autorisé par Juliette]

Après son combat [Voir dans entrainement] avec Seïmeï, il partit voir Juliette, à sa demeure. Il espérait lui parler en privé. Il ne regrettait aucunement son attitude envers Zakeron, mais ayant la jeune femme sous sa tutelle, il ne voulait pas la blesser inutilement. Il entra donc, la maison était vide. Il craignait le pire. Il trouva une note sur la table. Il la lut.

Il le savait! Ce n’était pas un courtisan! Il demanderait une rançon pour délivrer Juliette. Certes, il devrait aller puiser dans le coffre des Lorsange, mais avant d’en arriver à cette éventualité il voulait mener sa propre enquête. Il devrait trouver la tanière de ce misérable.

Il lui semblait avoir passé près d’affiche de mercenaire. Il allait mener une enquête, découvrir sa cachette et délivrer Juliette des mains du kidnappeur. Il allait engager des mercenaires et exploiterait ses ressources pour mener à terme ce «commando récuperation».

Il mit le mot dans sa poche et repartit. Il avait sa première leçon à donner à ce gamin. Il allait reporter cela à plus tard.