Une rencontre bien étrange [ PV Winaeassa ]

A la lisière de cette haute noblesse que vénérait Winaeassa, accoudée au balcon des vents déchaînés de l’attention… Ce Nain n’était l’un de ces scélérats plein de talent qui bouchaient les allées fondant l’ouïe. Avait-on le droit de tout dire pour obéir à son génie ? Ceux qui s’amusaient à camper ces personnages, un peu roués et naïf tout comme, évoquaient les superstitions sans l’âme d’une sècheresse que possédaient les muets. Jadis, elle ne s’était guère laissée ennuyer sur l’harmonie des hommes et de leurs doutes sans précédents… Les paysages répondaient par un chant, les êtres vivants par une attitude perpétuellement nouvelle…
En étant ici, la riche courtisane aux mèches odoriférantes songeait à se heurter à des jours forts sombres dans une triste bourgade. Ces circonstances ayant changé, l’intrigue lui était revenue ailes déployées et l’impertinence de ne pas être mécontente d’elle, Wina’ fit une confidence plus précise et plus précieuse : tandis que l’odeur du gras se décomposait par accoutumance, elle suivait les landes qui martelaient les joues fanées de cet être à la stature peu grandiose. Ce qui la surprenait plus encore, c’était de le qualifier de lecteur, ce peintre de vertu qui découpait chaque mot pour en retirer au fond que quelques onces de figures, de définitions… Il avait emporté avec lui l’image de cette femme. L’aveu était clair, le faux-masque tombait… Il n’était donc pas faux de distinguer cet esprit aucunement sceptique et fat. Ce mouvement essentiel était lié à ce retournement de sensibilité, ce retour aux pas silencieux n’était qu’une reconnaissance. Si le ferment des premiers yeux perdus avait été l’ignorance, les seconds étaient dominés par ce renvoi des impressions…
Winaeassa fléchit son poignet vers la garde lumineuse de son épée, pinceau autrefois trempé dans la sanguine concentrée du souvenir… L’aurore bleutée inavouée sans rayon prenait passion à affleurer le rebord boisé de la table convoitée. L’être tombé dans ce feu aquatique ne cicatrise jamais et garde des blessures inextinguibles, brûlantes de haine et de rires volontiers machiavéliques… Telle était la conclusion de cette moraliste qui diminuait le charme des poupées masculines… Par jeu sans doute, elle plaqua son fourreau sur sa cuisse habillée tout en tendant son insurmontable visage vers le personnage séduit par sa cadence.

Est-ce l’influence des Sages qui me pousse à croire à l’admiration des Petits Hommes ? Cette influence va s’accentuer si ne vous détachez pas ces yeux à l’apparence du ciel de mes pommettes poudrées… Auquel cas, votre bière va perdre de son nuage mousseux…

Mesurer ces traits oraux convenait à une équivalence de plaisanterie, mais Wina’ s’empêchait de badiner sur les mimiques plaisantes… Cette notation physique ne s’enfonçait pas cependant jusqu’au trépas de toute joie. Winaeassa savourait à sa manière, par l’absence de toute norme qui pouvait sillonner son chemin…

Mais Nain eut plus répondu qu’elle… Et tous ces mots lui avaient été renvoyés avec la plus insolente ponctualité… Winaeassa avait hasardé quelques espérances insensées du côté de l’intérêt, mais celles qui se mettaient à la place des dons oraux n’étaient qu’offenses caverneuses. Au sein de ce désordre juvénile elle n’avait été impie des forgerons et des mineurs quêtant le charbon odorant aux aspérités moites… Cet après-midi là, à cette religieuse cérémonie qui aurait dû pénétrer ce Nain d’un saint respect, elle débuta l’apprivoisement des rébus oniriques… Ces veines étaient donc parcourues d’une vague naïveté, mais aussi de la plus téméraire des joies.
Quand le salut fut terminé, Winaeassa passa près de lui sans un regard à donner, baissant le front avec un air dédaigneux et farouche. Elle avait montré ces vestiges de fureurs soulevés en cette majesté et laissé dans sa lame de maître… Au risque de compromettre son alliée aux reflets nacrés de lune vis-à-vis de l’homme, Wina’ économisa sa garde, comme suppliant ses doigts à ne pas s’aviser de résister à cette foudre. C’était le faisceau de toutes fidélités en un seul… Et quant à l’impossible, elle l’avait bravé : le métal travaillé avec supplice, équivoque à la frappe de l’artisan et de son partenaire joaillier, s’était éteint sous l’extrémité palpable d’un fourreau grenat.

Les amoureux sont comme les somnambules : ils ne voient pas seulement qu’avec les yeux, mais avec le corps tout entier… Je vous reconnu à une distance qui m’eût caché tout autre homme que vous.

Non désagréablement surpris dans ce doute, la langue, aussi entonnée par le ton guttural que par l’aspect versatile de ses phrases, ne put fléchir sous les attaques. Winaeassa s’en réjouissait, l’extrémité de ses doigts temporairement parcourus d’un silencieux tressaillement… Superbement courroucée, elle n’en montrait que l’image pâle d’une dame à l’imposante physionomie ; une fille consommée par les marches et la domination conflictuelle en secret…

De main de femme, toute apparence est un avantage pour qui comprend ma position… Et tuez-moi ce blasphème que vous avez érigé sur ma personne. Je m’arrête qu’à la moitié elfique…

Un pareil éclat à ces lèvres fut l’embellissement du consentement. Wina’ avait tourné l’instant pour le tirer sur un vestige plus habile des conversations : le rire. Elle hésitait, mais cette dernière fut bientôt admise à tenir l’appel. Le bois, brûlé par le jeu et les armes, pouvait encore trouver la grandeur partagée dans un repas… La blondeur fit en outre l’effort de ne pas le tirailler avec d’intolérables sons sylvestres… Hantalë Arquen Norno* aurait-elle chanté ?! Elle marcha carrément vers l’inconnu, en lui présentant toute la largeur de son poitrail orné des mailles irrésistibles de l’or et de leurs yeux versicolores. A cette illusion fut ajoutée l’assise du banc enfin prise par la jeune femme… Elle restait au-devant des convenances, ajustant ses paupières sur le nain debout tout encore.

Je ne sais combien de temps je demeurerais sans connaissance de mon dessein, mais je ne peux refuser d’être en proie d’une bière serrée !


[Littéralement *Merci Noble Nain]

L’étiquette engendrait bien des moments opportuns… De surcroit, de ce charmant quidam se réveillait le fébrile caractère d’un dirigeant, à la poigne non plus filandreuse que ses présentations orales. Disloquer le dialogue, c’était le destituer de haut… Winaeassa ressentit dans le raccourci de l’échine la belle scène de complots, démentie par la vague de chaleur venant d’épouser son dos.
Empli d’une fumée rousse, et sur ce fond neutre où les rangées de visages mettaient une pâleur brouillée, elle lâcha l’idée d’embellir l’ambiance d’offenses en noms d’oiseaux. Et puis, Bromar avait le grand atout du baisemain, le souffle tout juste coupé aux phalanges dénudées de l’hybride, et les lèvres à la juste position entre le respect et la délicate distinction… Il n’avait pas la laideur blême de certains…

Je prétends de ma dénomination, Winaeassa, fille Dwend’asean, à satisfaire votre invitation ! On me croit héritière de l’aristocratie mais je ne fais qu’en porter l’illusion de costumes et de pierreries…

Puis elle dénoua sa main, l’abaissant le long d’elle par un glissement jusqu’aux reins. Rengorgée, elle ménagea l’entente qui était survenue aux premiers instants. Pourtant, sans affecter un air d’indifférence, la demoiselle partit à l’encontre du silence de la chaise brusquement tirée par le Nain. Ca surprenait toujours de voir cela, de voir son visage remuer d’une joie toute sensuelle, et de même allonger le coup : deux chopes de bières au profit d’un simple récit. Winaeassa ne possédait pas l’adoration des ingénues, mais des mots raides n’auraient pas arrangé les choses. Les boissons composées de sucs dorés chantaient en cascade de l’autre côté du comptoir. La jeune femme, finie par être réellement compatissante, s’expliqua sur les interrogations de son compagnon de tablée. Elle en oublia même son premier embarras… Elle consentit ensuite à activer le pas pour aller fléchir les jambes sur une chaise reposante par son immobilité. Ses menottes s’inquiétèrent des plaintes des colliers que la jeune Venus enroulait doucement autour des ongles saillants, s’avançant aussi pour dicter sa confidence.

Vous vous trompez, je vous assure ! Vous m’avez fais part d’une reconnaissance, je vous dois bien le prix de ma présence. Aussi, je résumerais cette dernière en une quête administrative… Je suis fixement tentée par une audience vers le roi des Hommes, malgré ma forte dissemblance.

L’entité féminine ne niait pas l’aspect, mais les raisons restaient à fournir… Mais la mode de la bienséance n’exigeait plus les aveux en public, et Winaeassa en profitait pour esquiver les paroles révoltées. Rien n’empêcha pourtant la continuité de cette introduction… D’un lent signe de tête, aguicheuse par naissance, elle tourna ses pupilles vers l’émissaire royal.

A propos, je n’aime pas la familiarité des Hommes, mais je crois avoir trouvé un point d’entente avec les elfes pour inhiber la ruine du territoire de Diantra… Malgré cela, je me voue à la grande raison des quêtes hasardeuses, devenant une pâle copie des aventuriers. C’est bien dur pour ma race appauvrie…

La causerie continuait, on parlait d’une prochaine exécution capitale où la jeune, bien physique, brûlait d’aller. Aussi jeta-t-elle un œil aux messieurs mollement étendus, achevant leur encas, atteints d’alcoolisme chronique, discutant sûrement d’une grave question…


[Mille pardons pour ce retard...]

Bromar laissa parler la jeune femme, tout buvant des gorgés de bière tiède il la laissa continuer son récit. Sa façon de parler ne le gênait point, mais cela se voyait, le jeune demi elfe faisait partis du gratin de la haute société, bien qu'elle lui assure le contraire. Cela ne dérangeait pas le Conseiller des Nains, il n'allait pas changer ces habitudes pour une elfe, car il en était sur, les manies rustres des nains devaient dégoûter une bonne partie de la population, même si Bromar était sans doute l'un des nains les mieux élevés, du moins d'un point vue extérieur.
Il posa sa pipe sur la table quand Wina prononça le nom du Roi des Hommes :



Le Conseiller fixait la demi elfe droit dans les yeux, il n'était maintenant plus impressionné par sa beauté, comme il l'était lors de son entrée.
Le nain ne voyant pas de réponse de la part de la jeune femme, se détendit sur sa chaise, bien trop grande pour lui, il avait toujours mal aux pieds, la fatigue lui venait, mais la personne qui se tenait devant lui, le tenait en éveille, il voulait savoir qui elle était, et surtout ce que faisait une elfe, même demi, dans une auberge si mal famé que cela.
Au bout de quelques minutes de silence, où les deux individus se jugeaient du regard, l'aubergiste pointa le bout de son nez, avec dans ses bras la commande du Conseiller, si il fut surpris de voir un nain et un elfe discuter, il n'en montra aucun signe. Il déposa l'assiette et s'en alla, un peu plus vite qu'il était venu.
Bromar regarda son repas avec envie, cela faisait presque quatre jours qu'il n'avait pas bien mangé. Par politesse il se tourna vers Wina


Il se mit a rire, de son rire joyeux. Il regarda a nouveau son assiette.









[HS/ veuillez de nouveau m'excuser pour mon retard, je me sens un peu honteux de vous avoir fait attendre comme je l'ai fait
Mon inspiration revient petit a petit ]

Autant qu’on pouvait voir dans cette âme qui désorientait le coup d’œil par le mouvement et par la profondeur, il lui sembla que Bromar, qui convenait aimer la pomme de terre, avait éclairé ou ouvert son front soupçonneux. Cela pouvait être un de ces revirements soudains comme il en est tant dans la vie. Les nains ne faisaient plus, il est vrai, des scènes furibondes comme autrefois, mais ils montraient la rigidité amère et muette des caractères absolus.

Prenez la peine de fouler cette nourriture, je regretterais de vous avoir fait manger un repas refroidi !

Winaeassa avait dans les sourcils et dans les plis du sourire l’audace d’une femme qui eût jouté avec la foudre. Cet homme râblé allait être le témoin des injustices, voyant le temps qu’il était d’usage de dépenser avec les femmes du monde ! Il avait les joues marbrées de deux tâches rouges et quant à Wina’, elle baissait ses longues paupières sur ces dernières où la satisfaction versait de la pâleur, mais de la pâleur lumineuse !

Ce sera donc ma première folie de la journée… C’est une fine tâche que je vouerais à terme, ou peut-être pas, mais je vais vous tracer les grandes lignes de mon passé. Il s’agit là de croiser la vérité d’une fille devenue catin et celle des grands assassins qui brillaient autrefois dans mon estime. La joie ne dore plus mes lèvres, mais ma réflexion sur mon sort va à l’adresse de tous.
Vous regardez le manteau elfique de ma mère feu et les apparats d’or d’un joaillier de Diantra. A ces flots de mousseline, qui enveloppaient la beauté sainte de ma génitrice comme un nuage et dans lesquels les souffles de la démarche trahissaient la précision de plus purs contours, à cette fusion divinement tempérée avec mon père, on pense malgré soi le quotidien adorable d’un poupon… Oui, je m’attachais aux tempes du savoir et de la richesse, je pouvais bien m’en plier mollement ! Mais l’attitude rigide de la noblesse est devenue un véritable joug hermétique pour moi !

Souriante de ce froid sourire stéréotypé à ses lèvres, Winaeassa trouvait ce récit fort trahissant et comique au fur et à mesure. Elle se cambrait si bien aux faits arrivés… Le silence ne jonchait plus après une gorgée non retenue dans la choppe de bière que lui avait offert le premier conseiller nain.

Eh bien, je ne devrais pas développer plus à ce moment, mais j’appartiens tout entière à la sincérité.
C’est lorsque j’eu atteint le dernier stade de l’enfance que je réclamais la rencontre avec l’acier, l’apprentissage serein du combat. Malheureusement, à force de pouvoir et d’argent, je pu apercevoir que je finissais dans le cercle de ces femmes, oublieuses et naïvement imprudentes, m’entourant de la conquête du territoire. Mes parents étaient partis il y a fort longtemps et je m’entourais de la balustrade de l’aventure. A cela s’ajouta le mythe de l’amour… Un dénommé des assassins d’Arkan ne fut pas très convenable à la demoiselle face à vous. Je vous laisse imaginer l’hypocrisie de la chose, maître nain !

[*câlin à Bromar <3* Ne vous en faites pas !]