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| Un étrange cadeau | Solo | |
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Naukhel
Ancien
Nombre de messages : 759 Âge : 34 Date d'inscription : 29/10/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 927 ans Taille : 2m13 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Un étrange cadeau | Solo Mer 17 Avr 2019 - 16:41 | |
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1er jour de la quatrième ennéade de Barkios Profondeurs de l'arène de Thaar Une simple chemise de lin. C’est tout ce qui glisse sur la peau du sombre affaibli. Pourtant, ces gestes simples s'accompagnent de frissons, d'un rictus, d'un grondement bas. Quand le vêtement est finalement en place, il a un soupir, comme s'il n'avait pas respiré pendant toute la manœuvre. Sous le regard tendu de l'esclave, dans la chambre aveugle, l'eldéen finit de nouer les lacets retenant le tissus, d'en faire de même pour le reste de sa tenue. La grimace s'est effacée, mais une tension demeure sur le visage buriné et usé. Cette tension et une rage sourde, c'est bien là les deux seules choses qu'il a exprimé ces derniers jours, au fil du passage des soigneurs... Et de la X'Ianxin. Se relevant avec un frémissement, son regard sanglant balaya la pièce, la couche qu'il a occupé, les murs sur lesquels ont rebondi ses prières... Ainsi que la pierre. Se prenant au jeu de viser le même point, encore et toujours, le sombre est resté insatisfait devant l'usure du mur, finissant par oublier l'étrange cadeau du Feu d'Uritz, envoyé soi-disant de Sol'Dorn. A présent... Ce qu'il lui avait dit pourrait s'avérer vrai. Voir les novices s'énerver sur une pierre réputée indestructible... Les lippes restent figées à cette pensée, alors qu'il se baisse pour ramasser la pierre, blanche et ronde. La force brute semble la laisser indifférente. Qu'en est-il de la magie ? D'un geste du poignet, le sombre assembla un peu de magie... Et la projeta dans la pierre. Pierre qui ne répondit pas à sa volonté. Une vibration se répandit le long du galbe de la pierre. Un champ de protection magique. Ce n'était pas courant. On aurait même pu se demander si c'était possible tant l'idée d'être face à un objet façonné était incongrue. Mais c'était bien un champ magique qui gainait l'étrange objet et venait d'orienter le flux arcanique de l'eldéen. L'étrangeté ne s'arrêtait pas là, d'ailleurs. Au lieu d'être dissipée, la magie détournée par le champ de force fut brusquement absorbée par le caillou sphérique. Une seconde vibration s'empara du globe de pierre avant qu'un à-coup suspect le rende à nouveau inerte. Les sens soudainement focalisés sur l'objet, le sombre resta cisconspect un temps, faisant tourner l'object, en inspectant le grain, en soupesant le poids, en reniflant l'odeur. Une pierre, vraiment ? Absorbant la magie ? Bougeant ? Avec lenteur, l'eldéen s'assit au bord de sa couche, sombre. L'instant d'avant, il comptait simplement quitter ces lieux. A présent, cette... Surprise des plus atypiques retenait toute son attention. Réfléchissant, sans se souvenir de quelque chose de comparable, il décida de faire une nouvelle fois usage de la magie, mais d'une manière différente. Il fit naître des flammes, grésillantes de magie, qui léchèrent la chose, l’enveloppèrent, s'apaisèrent... Le sombre tâtonnait, attentif aux... Réactions ? De la 'pierre'. Indestructible... Protégée par la magie... L'absorbant. Pour un immortel de plusieurs siècles, et mage de surcroit, ne pas avoir connaissance de quelque chose de semblable était des plus... Déstabilisants. Et extrêmement intriguant. Une nouvelle fois, la magie fut absorbée, mais cette fois, pas de vibration. Visuellement, la pierre restait la même, sans la moindre trace de brûlure, mais les sens magiques de l'eldéen purent sentir quelque chose. Même après que les flammes du drow se soient dissipées, il pouvait les sentir encore danser au creux de sa grande main. La pierre aurait put être constituée de sa propre magie, qu'il ne l'aurait pas sentit autrement. Il aurait pu la poser et quitter la pièce qu'il aurait tout de même su dans quelle direction elle était, peut-être même dans quel état. Un nouvel à-coup fit tressauter la pierre. Puis un deuxième. Quelque chose bougeait à l'intérieur et ce quelque chose était de plus en plus vigoureux. Lentement, les mires sanguines de l'eldéen s'ouvrirent grandes, alors qu'il se crispait, saisi par cette étrange sensation. La magie était éphémère. Elle demeurait tant qu'il incantait, l'attirait, la modelait. Après quoi il la relâchait, en admirant les effets... Pour se sentir ensuite vide de sa disparition. Là... Sa concentration relâchée, il percevait toujours quelque chose. Une présence. Et, dans la 'pierre', des mouvements qui ne pouvaient qu'indiquer qu'une chose : quelque chose de vivant. Peut-être ? Vraiment ?Ayant complètement oublié la présence de l'esclave, n'ayant plus grand chose à faire de la prudence, ces jours-ci, le sombre se pencha plus avant, se concentrant... Un geste, de la magie, une pulsion... Et ce fut de l'eau cette fois qui engloba la pierre, glissant sur elle, y déposant des perles, écho de la mince sueur qui se formait sur les tempes de l'eldéen. Quelques jours passés à se perdre dans des sorts mineurs ne suffisaient pas à changer ce fait : il était le servant du Dieu des Cataclysmes, pas des gouttes d'eau ou des flammèches. La sphère aqueuse, au gré de sa volonté, mais aussi malgré lui, prit de l'ampleur, tournoyant autour de son coeur blanc. Une fissure. Une bosse. La pierre se fendille et soudain le champ magique disparait. L'eau tourbillonnante s'infiltra immédiatement dans ce qui n'était plus qu'une solide coquille blanche, déchiquetant les bords et agrandissant le petit trou qui s'y était formé. Un minuscule rostre reptilien gris sombre apparu subrepticement au côté d'une patte griffue de même couleur, essayant visiblement de sortir le plus vite possible de cet environnement aquatique. Les poumons de l'eldéen le chatouillèrent tandis qu'un détail lui apparaissait comme évident. Il n'aurait su dire si c'était de la simple déduction ou non qui lui permettait d'en être aussi sûr mais la vérité était là : la créature suffoquait. Vivant. C'était on ne peut plus vivant. De stupeur, Urgoll'Ven se figea devant le spectacle. Nombre de Morgal étaient nés au sein du Puy, et d'autres créatures ovipare. A la différence de la chose qu'il tenait dans sa pogne, les oeufs de ces créatures étaient fragiles, nécessitaient des soins... N'était pas envoyé d'une ville à une autre en cadeau, ni ne restait, dans l'indifférence, dans le coin d'une chambre tiède. Du moins, cela ne donnait rien de vivant au final. Son souffle s'emballait-il ? Une étrange sensation naquit dans ses poumons. Les échos de sa blessure ? Non, c'était différent... Faute de mouvement, son sort s'interrompit, et l'eau disparut immédiatement, faute de magie pour la faire exister. Sans s'interroger davantage, le sombre se mit lui aussi à briser ce qui s'avérait être une simple coquille, après tant de chocs subis sans une fissure. Le museau eu un petit sursaut quand l'eau disparut. Un éternuement aiguë, bien sonore pour une si petite créature. Ses petites pattes grattaient toujours pour sortir mais les gros doigts eurent vite fait de créer une fissure qui suffit à la petite chose pour finir le travail et tomber à plat dans la grande paume au milieu des fragments blancs éparts. L'eau disparue l'avait visiblement débarrassé des dernières matières organiques qui le tenaient au chaud dans sa coquille si bien qu'il semblait lavé de frais, légèrement ébouriffé. Long comme la main de grand drow, de son poignet au bout de son petit doigt. Boudiné, la queue à peine marquée et la tête disproportionnée par rapport à son corps, le petit reptile se dressa maladroitement sur ses quatre pattes griffues, inspirant l'air à grands traits inquiets. Sa petite langue bifide vint gouter l'air à plusieurs reprises et un hoquet le fit sursauter, semblant l'inquiéter encore davantage. Tout cela aurait encore pu paraitre sensé, si deux petites ailes duveteuses comme celles d'un oisillon n'étaient pas fermement collées contre les écailles molles de son dos. La frêle créature à quatre pattes avait le ventre gris sombre et le dos d'un rouge flamboyant. A plusieurs endroit, les deux couleurs se mêlaient pour former des dessins étranges ou des taches irrégulières.
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| | | Naukhel
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| Sujet: Re: Un étrange cadeau | Solo Mer 17 Avr 2019 - 19:28 | |
| Figé, le grand sombre fixait la petite créature reptilienne, mal proportionnée, lui emplissant à peine la main. Zhak'Bar et ses surprises... Cela dit, il n'en avait jamais vu de semblable. Écailleux, avec un duvet... Absorbant la magie... Dont il avait une curieuse perception, que ce soit par ses sens physiques comme... Comme s'il était un sort vivant. Ce qui n'avait aucun sens. De même que son apparence. Ridiculement juvénile, vulnérable. Et pourtant, ces ailes, ces écailles, cette langue... Les lippes crispées en une moue perplexe, Urgoll'Ven tendit l'autre main vers la créature, attentif à sa réaction.
La petite chose leva la tête vers l'énorme battoir venant dans sa direction, les naseaux palpitants, mais ne tenta pas de se dérober. Fragile sur ses appuis, elle s'assit même en dérapant à moitié sur un éclat de coquille.
Alors, de sa main massive, le drow entreprit d'inspecter la créature. Lui ouvrant la gueule, tirant sur l'une des ailes pour la déployer, prenant entre deux dogts l'une des pattes...
"M-maître ? Est-ce un dra- souffla soudainement une voix effacée. - Parle encore une fois sans mon autorisation et tu y perdras ta langue." fut-il répondit sèchement.
Le visage du drow s'était renfrogné, pourtant il ne quitta pas la créature des yeux. Quelle bête de Zhak'Bar es-tu... ? Brusquement, la main inquisitrice se fit poing et bouscula sans douceur l'animal.
La petite chose couina sous les grosses paluches du drow. Se faire ouvrir la gueule, tendre les ailes, lever les pattes. La bête inquiète ne comprenait visiblement pas pourquoi on lui infligeait ça et tenta de griffer la grosse main à plusieurs reprises... Sans grand succès étant donné la taille ridicule de ses ongles encore mal aiguisés. Son équilibre restait cependant précaire et elle n'eut aucun réflexe de fuite.
Quand la grosse main se serra pour l'attaquer, il se recroquevilla d'instinct pour tenter de l'éviter, mais il se prit tout de même un méchant coup sur le coin du museau, le poussant sur le bord de la grosse paume. Il couina de plus belle, hoqueta un rond de fumée et se lança doit sur le poing encore à porté, tentant de s'agripper au mur de doigts des griffes et des crocs... pour retomber aussi sec dans la paume. Couinant de mécontentement.
Mécontente... Et si fragile. D'un revers, le grand eldéen eut pu balayer la créature sans grande difficulté. Refermer sa main n'eut sans doute pas représenter davantage de difficulté. Un nouveau-né morgal aurait eu des crocs plus pointus. Il a soufflé de la fumée. Qu'est-il ? Penchant la tête, silencieux un temps, indifférent à la ridicule colère de la créature, le sombre observa... Puis dit :
"Va chercher de la viande crue. Vite."
En un temps reccord, l'esclave s'eclipsa. Attendant, le grand sombre se contenta de regarder, perplexe. Tant d'éléments désignaient l'animal comme un simili dragon, tant d'autres non... Ce n'était pas un drake, ils n'avaient pas de... Duvet. La coquille de leurs oeufs n'avaient pas les propriétés qu'il avait constaté. Et d'autres détails. Quelle était sa place, dans l'oeuvre de Zhak'Bar ?
Cette fois, se fut l'une des jambes de l'eldéen qui s'agita, executant quelques gestes pour attirer, une nouvelle fois, la magie. Assis, ce n'était pas aussi confortable que debout, mais pour ce qu'il voulait essayer... Rouvrant sa main libre, il y fit naître une flamme, qu'il présenta au reptile.
Le drow pouvait toujours sentir à travers sa magie la petite chose qui le regardait en braillant résolument, la gueule ouverte de plus en plus largement. Un oisillon n'aurait pas fait mieux. Seule l'approche de la flamme le fit à nouveau sursauter. Tassé sur le bord le plus lointain de la paume du drow, il regardait le feu avec une méfiance née de toute ce qui venait de lui tomber dessus. Après quelques seconde cependant, il commença à avancer la tête vers cette source de chaleur dansante. Sa langue bifide cilla dans l'air. Il stridula d'une d'autre le façon et commença a avancer, fasciné par les couleurs dansantes.
Le grand sombre ne savait décidemment pas quoi penser... Laissant l'animal avancer un temps, il finit par mettre un terme à son sort, faisant disparaître les couleurs que les mires reptiliennes avaient suivi. Un rejeton... De quoi ? Qu'en faire ? Le Haut-Prêtre du Prime Dragon ne pouvait savoir tant que l'animal ne grandirait pas, ou ne ferait pas montre de capacités intéressantes. Quel usage pour une créature dont il ne connaissait pas les spécificités ? Déposant l'animal sur la couche, il demeura silencieux, observant son comportement, jusqu'au retour de l'esclave. Sans un mot, il récupéra la viande et la présenta au petit reptile. Viande, insecte... ? Sans avoir identifié ce que la créature était, l'eldéen ne pourrait qu'avancer à tâton à son l'égard.
Lorsque les flammes se dissipèrent devant son nez, l'animal se recroquevilla de nouveau, interloqué. Il surveillait avec méfiance l'immense plateforme sur laquelle le brasier était apparu quand le monde se mis à vibrer et tanguer et bouger. Il se retrouva sur une plaine blanche dans laquelle il s'enfonçait. Il fit quelques pas, tourna, remarqua l'immense drow et essaya de courir de toute la vitesse de ses pattes dans sa direction, s'empêtrant au passage dans les infimes plis du drap. Allongé sur le ventre, son dos écarlate resta posé là, les ailes mal repliées, et sa petite tête se leva pour couiné de nouveau à la montagne qui lui faisait face, la gueule béante.
Après un moment, il se redressa un peu, continuant de guingois jusqu'aux jambe du drow et regardant le dessus de ses cuisses avec intensité, sans savoir comment y accéder. Rapidement désintéressé, ses naseaux et sa langue s'égaillèrent à nouveau pour humer le drow avant qu'il ne se poser contre la cuisse gainée de tissus pour recommencer à couiner, jusqu'à ce que l'esclave ne revienne. Sitôt la viande entrée dans la pièce, sa petite tête de tourna vers l’assiette, naseaux au vent, ses cris se faisant plus stridents, faisant des allés retours patauds pour s'approcher l'endroit ou la chair crue semblait vouloir se poser tout en évitant de prendre un nouveau coup de la part de ces monstrueuse créatures qui l'entouraient.
Grand comme une main et épaisse d'un pouce, le morceau était à peine arrivé à sa hauteur que la petite chose se jeta dessus tous crocs dehors. Son enthousiasme était aussi visible que la difficulté qu'il avait à déchirer le moindre morceau de ces barbaque qui était d'ordinaire plus utile pour faire dégonfler un coquard que pour être mangée. A force d'acharnement brouillon, la créature agrippée à un coin finit tout de même par réussir à la creuser, petit à petit. Chaque bouchée était obtenue de haute lutte, et il y mettait du sien, non sans siffler un avertissement si on tentait de le décrocher ou de faire bouger ce monceau de nourriture dix fois plus grand que lui.
Bien. Agacé par ses couinements, le sombre apprécia à l'inverse la ténacité de l'animal. Minuscule, faible... Mais, semble-t-il, décidé à vivre. A quel point ? Le Haut-Prêtre aviserait. Il ne comptait pas s'attarder davantage ici. Portant la main à la créature, il entendit son sifflement d'avertissement... Qu'il lui rendit, par un son plus grave, raclant, bestial, tout en continuant son geste. Que la créature défende son bien était une bonne chose... Mais l'eldéen était son maître. Et, s'il appréciait cette résistance, il ne l'accepterait en aucun cas à son encontre. Un revers de la main punirait toute attaque de l'animal.
Le grondement immobilisa la créature qui se recroquevilla sur son coin de steak, mais lorsque la grosse main se remit en mouvement, elle n'hésita pas à grommeler un nouveau sifflement. La petite chose planta plus profondément encore ses griffes dans la viande et siffla de plus belle, buttée. Elle ne fit pourtant aucun mouvement agressif. Quand la main la saisit, elle s'agita, cherchant à rester aggripée de toute ses force à la nourriture, mais le nouveau né n'en avait que peu. Et c'est donc dans une cacophonie de couinement et de mouvement aussi inutiles qu’imprécis que la créature se fit de nouveau embarquer dans les airs.
Ces nouveaux-nés... Ses lippes relevées sur ses crocs, Urgoll'Ven gronda derechef, mécontent à son tour d'avoir à subir pareils piaillements. Ayant saisi l'animal par le dos, il le portaau niveau de son visage buriné, ses mires sanglantes se rivant dans celles, reptiliennes, de la créature excitée. Plus elle se débattait en sifflant, plus la poigne grisse se resserrait, la comprimant, le grondement du sombre se faisant plus fort, sourd, agressif, imposant sa volonté à la bestiole agitée. Silence.
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| Sujet: Re: Un étrange cadeau | Solo Mer 17 Avr 2019 - 22:29 | |
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Les yeux qui se vrillaient dans les iris reptiliennes avaient suffit à faire disparaitre sifflement et agitation pour ne laisser qu'un couinement bas. En revanche, lorsque les ailes arrêtèrent de bouger et que la poigne se resserra, touchant l'intégralité du dos de la créature sans pour autant l'écraser, elle se figea totalement, tendue du bout du museau au bout de sa courte queue, poussant un uniquement piaillement de douleur aiguë. En réponse, la poigne se relâcha. Qu'il se taise, le sombre ne demandait rien d'autre pour l'instant. Sans tourner la tête, Urgoll'Ven ordonna à l'esclave d'aller lui chercher une boîte de la taille de sa tête. Quand cela fut fait, le sombre y déposa la viande, puis l'animal, avant d'en refermer l'ouverture. La petite créature essaya vaguement de rester accrocher à la main du drow, ses mouvements retenus et silencieux bien différent de ceux qui l'agitaient un peu plus tôt. Alors, posée dans la boite, elle se recroquevilla sur le flanc et resta parfaitement immobile, respirant rapidement sans toucher à la nourriture qui semblait pourtant être le centre de son attention quelques instants plus tôt. Un temps, où il l'observa ainsi, silencieuse. Puis il referma le couvercle, et fit le nécessaire afin de quitter définitivement les lieux, renvoyant l'esclave à ses maîtres avec de simples remerciements. Au dehors, attendaient - plus que prévu - des gardes eldéens, ainsi que des prêtres de Zhak'Bar, dont les conversations à mi-voix cessèrent face à la venue du Haut-Prêtre. La boîte qu'il gardait sous le bras, comme les allez et venus de l'esclave, ne passèrent pas inaperçus. Aux interrogations glissées sous couvert de politesse, le sombre ne répondit pas, prenant seulement les devants. Profitant des montures du Temple du Prime Dragon, la maigre cohorte traversa la ville, sans que l'eldéen n'y porte un intérêt autre que sa vigilance, jusqu'à la demeure de l'aînée du triumvirat. Demeure de Krish Là, dans l'intimité des appartements mis à sa disposition, il renvoya les esclaves, sauf un qu'il envoya chercher de l'eau puis le fit partir à son tour. S'installant dans la chambre avec la boîte et le récipient, il en libéra l'occupant pour s'assurer qu'il boive, puis l'enferma à nouveau et quitta les lieux... Non sans entendre les gémissements de l'animal, auxquels il ne réagit pas. Aux gardes veillant sur les lieux, il ordonna de ne laisser personne rentrer. Empruntant à la maîtresse des lieux une petite escorte, et se rendit à la bibliothèque de Thaar. Il ne rentra dans ses appartements que quelques heures plus tard, crispé. Un nouveau morceau de viande en main, il rejoignit la chambre, verrouilla derrière-lui. Rien. Parmi les créatures reptiliennes, il n'avait rien trouvé s'approchant de l'animal. Pensant à la réaction de l'oeuf à la magie, il s'était tourné vers les créatures magiques... Dont les écris l'avaient dirigé vers les drakes, qu'il avait dors et déjà exclus. Et cette perception de l'animal qui ne le quittait pas, malgré la distance... Qu'est-il ? Se dirigeant de suite vers la boîte, il l'ouvrit. La petite bête était pelotonner dans un angle, la tête contre le bois et le dos immobile. Il n'avait pas touché à la viande qu'il restait, mais leva le museau dès qu'il sentit le couvercle vibrer. Il poussa un couinement suppliant, douloureux, mais ne bougea pas. Par les dieux... Le drow contempla la créature, pitoyable dans son coin. Après tant de vivacité à déchiqueter la viande, il n'y touchait plus... Pourquoi ? Est-ce seulement important ? Grimaçant, le sombre demeura un temps, sans un mot, penché sur la créature, songeant que ses questions mourraient rapidement avec elle, si sa lutte était déjà finie... Fronçant les sourcils, il saisit le morceau de viande entamée et le lui présenta. La petite bête grimpa sur la chair morte, le dos raide. Il respirait vite, et marchait de façon étrangement tendue, sans aucune souplesse. Il se traina ainsi jusqu'au doigt le plus proche pour y frotter sa tête, le dos toujours droit, et poussa un nouveau couinement de détresse. Le regard du sombre se fit franchement perplexe... Puis, lentement, ses yeux s'ouvrirent grand de stupeur. Un nouveau-né... Les morgals... Les liens que tisseraient les drakes... Avec un grondement agressif guère convainquant, l'eldéen resta comme figé, la créature minuscule frottant ses écailles et son duvet contre sa peau calleuse. Que veux-tu que j'en fasse, Zhak'Bar ? Le grand sombre ne connaissait pas les capacités du reptil - ou quoi qu'il soit - à l'âge adulte, qu'il meurt dès à présent serait du gâchis. Mais l'attention qu'il demandait... Avec un soupir, le drow souleva à nouveau l'animal et le posa à terre, ses mires sanglantes l'observant avec circonspection... Et défiance. La petite chose glapit à nouveau lorsque le drow l'empoigna à nouveau. Elle se tendit et resta bien droite jusqu'à ce qu'on la pose à terre. Elle resta un moment immobile avant de se dandiner sur la pierre, la tête levée, agitant inutilement ses ailes duveteuses. Après avoir regarder un peu alentours, il revint vers le grand drow comme s'il s'agissait de sa mère de sang. Arrivé à ses pieds, il lui donna un léger coup de museau. Un nouveau-né inutile et faiblard... Dont il ne savait rien, ni s'il se révèlerait jamais utile. Avec lenteur, le sombre s'agenouilla, le geste tirant sur les muscles de son dos. Tendu, il regarda la créature, la demande perceptible dans ses piaillements comme ses gestes. Faiblesse. Incertain, le drow se mit tout bonnement en tailleur, à gestes mesurés... Se crispant en entendant un couinement de douleur. Fronçant les sourcils, le sombre vérifia : non, il ne l'avait pas blessé d'une quelconque manière. Fronçant les sourcils, il acheva de prendre place, avant de déposer sa main, paume ouverte, auprès de la créature. L'animal reprit le même manège qu'avec la viande. Il voulait avancer, mais reculait pour éviter de se faire écraser, le tout dans une approximation totale et une raideur dérangeante. Il s'était figé lorsque la douleur avait afflué, puis c'était avec entrain qu'il s'était glissé jusqu'à la grande main qu'on lui tendait, ses pattes cliquetant avec légèreté sur la pierre. En montant, ses naseaux et sa petite langue rouge vinrent chatouiller le centre de la paume avec curiosité. Il tenta de se rouler, eut un spasme, et se posa finalement là de tout son long. Seul sa tête se leva comme s'il voulait distinguer spécifiquement le visage de la montagne vivante, et il lâcha un couinement bref en ouvrant grand la gueule. Pourquoi... ? La démarche de l'animal n'était pas naturelle... Ni sa manière de se mouvoir, en réalité. A croire qu'il était déjà blessé, mais comment ? Quand ? Le sombre eut un rictus amer : s'il le présentait à un prêtre de Kiran, pour qu'il lui dise qu'il n'était pas viable... Cela irait bien avec le reste. Par le touché, il percevait cette vie minuscule dans sa main; par ses sens magiques il le sentait là, bien que cela n'ait guère de sens... Ou si, un, peu plaisant. Grimaçant face à la gueule curieuse, Urgoll'Ven éleva de nouveau la créature vers son visage, usant cette fois de sa main comme d'un plateau pour le soulever. De quoi es-tu capable... ? Songea-t-il, las, devant cette nouvelle énigme. Une énigme, un défi... Une moquerie. Il ne savait. Quelle différence ?La tête posée le long de ses doigts, ses petits yeux fixés sur le large visage avec attention, la créature quelques coups de langues sur la peau de son porteur et stridula doucement. Paisible. Aussi longtemps que cela durerait, elle ne bougerait plus d'un iota. Agacé, le sombre voit la créature prendre ses aises. La perception magique qu'il en a, le comportement de l'animal, à revenir vers lui... Un lien unique. Qui peut-être brisé, détourné ? Impossible à dire. Un parasite, dont l'intérêt est encore a découvrir... S'il en a un. Grimaçant, le sombre lui présente à nouveau la viande. Cette fois il s'y remet avec entrain bien que son dos reste toujours etrangement raide. Sa gorge vocalise de nouveaux grincement de contentement pendant qu'il dechiquette et avale la nourriture goulument. Silencieux, le sombre le regarde faire, observant sa manière d'user de ses crocs, de ses griffes, la disposition de sa dentition... Tandis que la lassitude le rattrape, à présent que nourrir l'animal ne semble plus être un problème, tant qu'il respecte 'cette' condition. Pire qu'un marmot... se dit-il... Tout en songeant qu'aucune femelle ne viendra faire le moindre commentaire sur la question. Ce qui lui parait fort appréciable en cet instant. Sans trop de précautions, le drow dépose la créature et sa nourriture sur la tissu couvrant ses jambes. Le corps toujours tendu mais surtout usé, le sombre regarde tout en se laissant dériver. Ce n'est pas comme s'il n'avait pas pris l'habitude de dormir ainsi, ces derniers jours... Descendant volontiers de la grosse main, le petit animal continue à s'acharner sur la chair morte jusqu'à en avoir ingurgité son poids... peut-être même plus. Il baffre comme s'il n'avait pas mangé depuis un siècle et ne devait plus manger avant un autre siècles. L'opération est longue pour le nouveau né aux muscles presque inexistants, aux griffes moles et aux crocs encore si peu développés. Ses muscles dorsaux sous les écailles rouge vif, sont toujours aussi raides et ne l'aident pas non plus. Son poitrail se gonfle et se dégonfle à une vitesse impressionnante sans que cela ne paraisse le gêner et il continue de grincer, se couvrant la tête et les pattes de ce qu'il reste de sang dans la viande jusqu'à ce qu'il se retrouve à mastiquer un morceau qu'il ne semble même plus réussir à avaler. Visuellement, son ventre tendu semble avoir doublé de volume lorsqu'il tente de s'étendre, bien droit le long de la cuisse du dorw. Sans y prêter davantage attention, nullement gêné par le sang répandu, Urgoll'Ven ferme les yeux, le dos courbé au dessus de l'animal, les mains gisant sur ses genoux. Son souffle se fait plus régulier, quoique toujours légèrement sifflant, tandis qu'il sombre lentement, le visage fermé, légèrement crispé au fil de ses respirations et de son corps qui oscille, sans jamais tomber. ___________________ Un parasite. Un enfant. Cela s'avéra tristement vrai. Enfermant la créature dans sa boîte au moment de quitter ses appartements dans la demeure de Krish, le sombre la retrouva en fin de journée avec sa nourriture intact, et les parois de bois griffées, cela sur plusieurs jours. L'animal n'acceptait visiblement de se nourrir qu'en sa présence. N'appréciant guère, le drow n'en démordit pas, et tira par le col l'un de ses esclaves, l'enfermant avec l'animal, lui expliquant succinctement. "Qu'il meurt, et tu meurs avec lui. Fait en sorte qu'il mange. Rapporte-moi le moindre de ses faits... Et si quelqu'un s'introduit ici." L'esclave n'était pas anodin, ses canines étrangement pointues rappelant celles du Gobelin... Servile, l'esclave tenta de remplir son devoir... En vain. A sa présence, en l'absence de leur maître, le dragonnet ne fut que crainte et méfiance, griffant, mordant, celui qui tentait de le nourriture, puisqu'il s'y refusait de lui-même. Que Nessys - tel était le nom de ce bâtard qui survivait parmi les esclaves du sombre, depuis bientôt un siècle - le laisse tranquille, pour seulement parler et tenter de le rassurer, de l'habituer à sa présence, ne changea rien à la crainte de l'animal, qui continuait de fuir son contact. Rapportant cela à Urgoll'Ven quand celui-ci rentrait, il en fut pour un coup de colère la première fois qu'il dit ne pas avoir cherché à nourrir la bête, avant que son maître ne le laisse faire, tout en se renfrognant, faute de résultats. Aussi rageant cela pouvait être que d'entendre que l'esclave n'avait rien tenté, le sombre dû reconnaître cela : cela lui épargnait d'avoir à sentir, à travers l'agaçant lien avec le reptile, des relents de panique. Après avoir questionné l'esclave, les premiers jours, il en avait conclu que cela coïncidait avec ses tentatives de forcer l'animal à se nourrir. Un parasite... Et buté, avec ça.Sans avoir résolu cet agaçant dilemme, vint le temps de retourner au Puy. L'esclave ne tentait plus rien à l'égard de la créature, la surveillant seulement, tentant encore vaguement de la rassurer par sa voix. Mais l'animal ne semblait devenir que plus agressif, malgré les tentatives de l'esclave, en l'absence de son maître.
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