Pour que le duché (et la duchesse) rayonne ! [Terminé]

La lettre de la duchesse de Langehack était venue s'échouer sur la table de l'auberge où déjeunait Aldénor par manque de temps et le manque d'envie de trouver mieux. Manifestement le coursier était habitué, sans doute un laquais au service du duché ou plus simplement de la duchesse.

Après avoir pris note des recommandations ducales, il rédigea une petite missive pour la prévenir de son arrivée éminente. Il arriverait quelques heures après le coursier afin que la duchesse n'ai pas le temps de prévenir qui que se soit sur le duché à part peut-être quelques personnes pour préparer l'arrivée... Même s'il lui demandait de laisser les choses telles qu'elles étaient, les nobles avaient des mœurs assez différents qui les poussaient souvent à faire des efforts de présentation même lorsqu'on leur demandait de la simplicité...

Aussi, une fois ceci fait, il retourna expédier les affaires courantes durant quelques heures avant de prendre son cheval et de chevaucher vers le duché de Langehack sans trop se presser non plus. Les coursiers allaient vite certes mais ne prenaient aucun risque quand même, ce qui leur donnait un rythme de croisière moins élevé qu'un guerrier aguerri.

Il arriva donc comme convenu, plusieurs jours après avoir congédié et quelques heures après le coursier.
A sa grande stupeur, jusqu'aux grandes villes il n'eut aucun problème avec les soldats. Il en croisa bien certains mais en trop faible nombre et trop peu sourcilleux quant à la sécurité. Il eu droit à quelques questions lors de son arrivée dans une grande ville mais cela fut assez limité, il lui suffit de ne pas être agressif dans ses réponses et de coopérer sympathiquement avec les gardes et se fut fini.

Il ne fallu que quelques heures pour arriver à la résidence ducale et sans doute beaucoup moins pour le coursier, ce qui laissa plus de temps à la duchesse de prévoir une petite arrivée...

La brise chaleureuse de l’été s’abattait lentement sur le château, étincelant de mille feux sous le roi astral, et sa couronne lumineuse. La résidence des plaisirs s’enivrait du parfum sulfureux que la duchesse et le marquis prodiguaient, ne laissant qu’un vent de fraicheur émaner de la pieuse Ashenie, quoi qu’embrasée par la mort du duc. Les esprits échaudés, loin de la débauche, se laissaient submergés par les océans de braises que le soleil prescrivait, dans son illumination aveuglante et délectable, s’épandant sur les jardins avec éclats. Rosiers et lys connaissaient l’éclosion, tandis que les fruits murissaient, et faisaient l’objet d’ornements des repas, adoucissant les mets rugueux de l’hiver.

L’arrivée du valeureux maître d’arme, destiné à remettre l’ordre dans ce palais subissant l’invasion du marquis, avait été annoncée à la duchesse, qui attendait l’homme patiemment dans ses quartiers. La belle Ashenie avait été réquisitionné, afin d’accueillir le maître d’arme dans la douceur la plus marquée. La jeune pucelle était somptueusement parée d’une grande robe, filant porcelaines et coquillages, dans une finesse extrême. D’un ton ivoire, la robe de coquillage s’ornait, çà et la, et pétales de fleurs, à ses extrémités, et au niveau de la taille. Un trésor tressé ornait ses cheveux cendrés. De multiples tresses enchevêtraient autour d’une rose blanche, contenant un diamant en son cœur. Les pommettes hautes et rosies de la dame soulignaient l’ingénuité de son regard bicolore. La belle attendait patiemment, voyant une silhouette se détacher, au fond des jardins.

Délicate et douce, ses yeux exprimaient pourtant la douleur relative à la disparition de son père. Derrière elle, SaYoLe trônait de toute sa symbolique masculine, exprimant l’intensité de la garde qui animait le palais ducal. Çà, et là, s’épandaient les gardes divers, mêlant Langehack et sainte Berthilde dans un savant mélange. La poitrine de la jeune femme se gonflait lentement, dans un rythme lent et délicat, soulevant la naissance de ses seins dans une avenance douce à l’œil masculin. La poupée de cristal rayonnait de mille feux, protégée par une ombrelle de soie blanche, soulignant le ton ivoire de sa robe. Le soleil haut tapait battait lentement l’atmosphère dans une chaleur agréable…

L’arrivé d’un nouvel indépendant était vu de manière mitigée par le Garde du Corps de la jeune Ashenie… En effet, tout dépendrai de la manière d’agir et des actions de celui-ci. Dans un sens, s’il parvenait à faire sortir du palais tout ces gardes étrangers et par sa présence, renforcerai la puissance de la garde Ducale, tout serai pour le meilleur. Néanmoins, il représentait en même temps une possible menace pour sa protégée et un nouveau chienchien pour la Duchesse manipulatrice.
Un avis d’avantage partagé lorsqu’il apprit que c’était Ashenie qui serait chargé de l’accueillir. SaYoLe avait depuis longtemps compris que la Duchesse usait de sa fille pour manipuler ses invités. Malheureusement, il ne pouvait rien y faire.

SaYoLe sortit de ses pensées. Situé Deux pas derrière elle et légèrement sur sa droite, il fit légèrement jouer ses muscles afin de vérifier qu’ils répondraient correctement en cas de besoin.

Le comité d'accueil était assez léger, c'était mieux ainsi. Il ne voulait pas arriver royalement avec fastes et tambours... Il était là pour son boulot et non pour être invité au banquet ou voir les troupes alignées au garde à vous pour un type qu'elles ne connaissaient pas. C'était plutôt coquet mais il ne savait pas trop s'il pourrait s'y habituer... C'était un peu trop tous ces jardins. Ils n'avaient qu'à ouvrir les portes aux bandits, truands ou autres drows de passage... Ils seraient contents d'affronter des bosquets, des arbres et des fleurs.
Mais bon, les nobles étaient nobles aussi pour ça et tant qu'ils payaient on ne leur tenait pas rigueur de ces fautes de goût et puis ça plaisait au peuple. S'il voulait se promener pour prendre l'air et réfléchir au moins il pourrait.
Mais son esprit militaire reprenait toujours le dessus... C'était trop dur à défendre et à surveiller, on pouvait parfaitement allier élégance et construction, on n'était pas obligé de voir la sempiternelle allée de gravier de plusieurs kilomètres de long avec des arbres pour la délimiter ou un joli gazon ras voire quelques labyrinthes odorants. Tous les nobles étaient pareils finalement mais maintenant qu'il était là il allait peut-être donner une particularité au duché de Langehack. C'était en quelque sorte sa vitrine auprès du roi, des nobles et des notables et il devait bien faire les choses.

C'était cette dernière pensée et uniquement elle qui parcouru son esprit sur les dix derniers mètres qu'il eu à faire pour se rendre au pied d'un escalier de pierres blanches. Lorsqu'il posa pied à terre, il ne pu s'empêcher de penser *belle demeure quand même* puis il gravit sans mal les marches le séparant d'une ravissante personne, probablement la fille de la duchesse et l'homme qui se tenait derrière devait être son garde du corps... Un peu trop près pour ne garder son corps que militairement... S'il avait le besoin de défendre la pauvre enfant les deux mourraient, à moins d'une attaque de nain... Ils étaient trop peu raffinés pour tuer les deux assez vite et probablement que pour la défendre le jeune blanc bec aurait besoin de tuer sa protégée ou de la blesser... Mais bon, il n'était pas encore présenté, ce n'était pas le moment de donner des leçons.

Arrivé à hauteur de la jeune femme, il s'inclina délicatement.

" Damoiselle Ashenie je suppose, c'est un honneur de vous rencontrer. Je vous présente cependant mes plus plates excuses pour cette arrivée impromptue et m'associe à votre douleur. J'espère que ma présence en ces lieux ne vous troublera pas et ne vous empêchera pas de faire votre deuil. "

Il s'avança légèrement pour déposer un baisemain de rigueur avec les jeunes damoiselles, surtout lorsqu'elles présentaient aussi bien. De plus, un peu de savoir-vivre ne lui faisait pas de mal, ça le changeait de sa vie habituelle et de sa femme qu'il avait laissé à Diantra, pour leur plus grand bonheur commun d'ailleurs.
Entrée assez bien réussie selon lui. Il aurait préféré rencontrer immédiatement la duchesse mais elle devait avoir à faire ailleurs et cela lui permettait de rencontrer sa charmante fille et son incapable de "garde du corps"

" Aldénor, dit de Faëorn, pour vous servir. "

Il s'inclina à nouveau et fit un pas en arrière, retrouvant sa place d'origine. Il affichait un franc sourire, sans pour autant étendre la vision de ses dents à tout le monde... Il détestait ces sourires figés, toutes dents dehors.

Une silhouette se détachait lentement, sous la peinte ardue du soleil, tachant l’horizon d’une encre inaccessible, douce et délicate, au son même du chant du merle. L’oiseau, triomphant, surplombait le corps du maître d’arme, et le guettait d’un œil moqueur. Le royal, le beau, constatait de toute sa majesté, avec l’apparente simplicité de l’arrivant. Lentement, il suspendait son vol, tandis que ses ailes souples brassaient l’air, dans un siphon de plumes, et il s’accrochait à l’ombrelle de soie de la petite duchesse. Un petit ange, bandant un arc, se dressait sur la pointe de l’objet luxueux, d’un coloris blanc, tandis que des fils nacrés, sans doute dérivés des perles océanes, brodaient des motifs majestueux, mêlant le phœnix et les chimères dans une arabesque psychédélique. De la dentelle blanche bordait l’extrémité de l’ombrelle, sur laquelle s’épandaient les multiples fils nacrés, regroupés en intervalles régulières, et formant de délicieux pompons. Abritée du majestueux, la magnifique fille de la duchesse conservait une ingénuité surprenante, sous cet attirais lourd de royauté, et de richesse. Des pétales de lys blanc dessinaient un décolleté large, révélant toute la naissance de la poitrine, couverte au niveau de sa pointe. Relevée par un corsage serré, elle se rythmait d’un flux lent et harmonieux, sulfureux par cette chaleur propice à l’enivrement. Une traine de lys blanc complétait la lourde robe de coquillages, tombant en une cloche volumineuse sur la crinoline de fer. A ses pieds, des sandales blanches laissaient deux rubans enrouler chacun de ses mollets. Pourvu d’un talon haut, la sandale se voilait sous les coquillages. Enfin, de longues manches, elles aussi filant porcelaines et coquillages, tombaient sur les bras de la jolie duchesse. La robe, merveille de couture et de forge, resplendissait de nacre sous le soleil magnifique. Le teint frais de la duchesse se perdait sur l’homme arrivant à sa hauteur.
Elle observa le maître d’arme, les yeux soudains voilés par l’émotion lourde. La simple évocation de son père déclenchait en elle des tempêtes majestueuses, où l’honneur mêlait la vertu au regret. Ses yeux bicolores parcouraient un instant les traits d’Aldénor. Harmonieux et délicats, la finesse elfe dessinait les contours d’une volupté magnifique sur ce visage d’ange. Les yeux de l’ingénue se perdaient, l’espace d’un regard, dans le vert profond du regard masculin. Là, s’y trouvaient les méandres de la magnificence. Elle admirait, secrètement, silencieuse, ces coloris envoûtants, dans une délicatesse absolue. Un accord parfait semblait régner sur ce charme intense, et le vert se mêlait à la profondeur du noir, sous la délicatesse des traits elfiques. A l’aube du ciel, les anges ouvraient la voûte céleste, et arrêtaient, un instant, un regard perdu. La compassion délicieuse de la damoiselle remerciait déjà la sollicitude de l’home, dans un entrelacement des valeurs. L’émoi, cependant, laissait luire le coloris céruléen, et lime, dans une grandeur épanouie. Mais la courtoisie de l’homme, bien trop indécente aux yeux de la rigide bonté, s’éprenait déjà de lui. La main de la jeune femme se portait à ses lèvres. Elle resta interloquée, un instant, par la douceur des lèvres de son interlocuteur, qui, avec élégance, effleurait la tendresse et le clair de la peau d’Ashenie. Une saveur si peu connue de ses mains la laissa songeuse, tendrement, tandis que ses yeux se mêlaient à l’horizon de la chevelure de l’homme. Cependant, la vertu assiégeait la féminité ingénue de la damoiselle, et commandait un vif retrait de sa paume.

L’homme s’inclina après avoir décliné son identité. Il était bien celui qu’elle attendait, avec patience et délicatesse. Le sourire de l’homme fit naître en l’âme de la jeune pure un sentiment de bien être. L semblait si franc et sa délectation n’en était que plus tendre. En effet, la contemplation du bienfait du ciel, trahissant la condition humaine, et la joie de l’esprit, dans un reflet du cœur, était d’une magnificence éthérée au cœur de la belle. Son idéal salvateur s’élevait vers les cieux, tendant la main aux dieux, sous les sourires du monde. Avec passion, ses yeux s’illuminaient, et elle souriait en retour, si éclatante que le soleil. Belle et magistrale, elle insufflait un vent salvateur sur le petit comité, dans un rayonnement de pureté. La damoiselle s’inclinait longuement, dans une révérence ample, et douce, tandis que sa souplesse la guidait. Profondément respectueuse, sa grâce n’en était que plus éclatante. La poupée de Langehack s’illustrait parfaitement, avenante, trahissant les bonnes mœurs, et la haute estime ducale. Elle se relevait doucement. Ses yeux se plongeaient dans ceux du maître d’arme. Sa voix s’élevait, douce et mélodieuse, tendre dans toute son exaltation. Charmeuse à l’image des sirènes, la tendresse animait l’étrange parfum de sa voix.

« - Je vous souhaite le Bonjour ; et la bienvenue sur la demeure de Langehack, Sir Aldénor de Faëorn. Que les dieux bénissent votre arrivée, et veille sur votre présence. Je suis Ashenie De Sephren, comblée de vous accueillir en la demeure de m…ma mère. J’espère que le confort vous y sera agréable, et que votre présence saurait mettre de l’ordre dans la désolation de ces temps troubles. J’ose cependant espérer également que votre voyage s’est déroulé sans encombre, et que les magnificences des paysages ont pu apporter le repos à vos yeux…
Ma mère m’a mandé votre accueil, afin de vous présenter ses plus sincères hommages. D’autres affaires la retiennent, et c’est pourquoi je suis ici. Veuillez la pardonnez, mon seigneur, les temps sont si troubles. Mais le soleil dur n’est pas favorable. Venez donc, entrons… »

La douceur la dame était sans égale, et elle parlait avec une étrange sincérité, si rare dans cette noblesse corrompue. Elle dégageait les parfums de l’avenance, dans la tendresse la plus marquée. Un sourire était venu, par moment, combler la joie de son visage, ravissant souvent ses interlocuteurs par sa franchise. A fleur de peau, et fragile, la demoiselle se rythmait de ses émois… Doucement, elle le menait vers les appartements de sa mère.

Et voila qu'il était arrivé à destination et ne s'était pas trompé. Bien que se fut évident, il préférait toujours être bien sûr de lui. Après tout, on n'était jamais assez prudent par les temps qui couraient. De plus, il n'était pas aussi poli d'avoir raison que l'on nous donne raison et Aldénor préférait être le plus poli possible, surtout avec des nobles. L'apparence, il fallait être le maître des apparences. Son mariage était signe qu'il l'avait compris et qu'il pouvait la manipuler afin de réussir dans ses entreprises.
Cependant il devrait sans doute se méfier au fur et à mesure du temps passé en leur présence. Il faudrait sans doute s'anoblir un peu, ils finiraient par ne pas être dupe de ces apparences. Ce n'était qu'un militaire un peu rustre après tout... Bon bien sûr, il avait plus que le minimum de savoir-vivre, savoir-être et savoir-paraître mais il lui faudrait un peu plus pour se faire totalement adopté par ces nobles qu'il enviait tant. Enfin envier il ne fallait pas abuser non plus. Il n'aimait pas cette débauche de couleurs, de fleurs et de fastes inutiles et coûteux. Non pas qu'Aldénor soit pingre mais ses maigres revenus ne lui permettaient pas tous les excès ou de s'habiller chiquement. Bien sûr, il avait des habits d'apparat si la situation l'exigeait mais les armes étaient chères et sa mission allait sans doute exiger des dépenses personnelles massives. En tant que maître d'arme il avait rarement eu à s'occuper de gros contingents mais à chaque fois il exigeait la plus grande qualité d'équipement de la part de ses hommes et n'hésitait pas à participer à leurs dépenses. Après tout il exigeait, il fallait en assumer la partie non "règlementaire"
Cependant les nobles avaient des terres et quelques revenus qui allaient avec. La plupart d'entre eux, trop préoccupés par leurs problèmes de nobles, ne pensaient pas à faire fructifier leurs terres au mieux mais uniquement à ce qu'ils pouvaient espérer en tirer. Des vignes suffisantes pour alimenter en vin les réceptions et les pichets crasses des tavernes, du blé pour avoir suffisamment de pains et de brioches pour les repas et pour que le peuple ne meurt pas de faim... C'était là tout ce dont ils se servaient, leurs échanges économiques étant plutôt moribonds.

En résumé, Aldénor n'aimait pas les fastes écœurant de la noblesse mais leur pouvoir économique et militaire encore sous-estimé. Pour les avoir, il devait cependant s'affiner un peu, être moins rustre, moins bourru. Mais cela ne pressait guère. Il avait un travail à accomplir avant de pouvoir penser à ces ambitions. Sans compter qu'il appréciait particulièrement son activité et qu'il ne souhaitait pas la remettre en question à court, moyen ou long terme.
Les apparences, il fallait garder les apparences. Il pourrait se permettre plus de professionnalisme avec la duchesse mais sa fille nécessité de belles apparences, elle était sans doute trop jeune pour tolérer qu'il se laisse aller à une analyse moins factice des choses. Lui dire que son garde du corps la collait de trop près aurait sans doute un impact négatif alors que la duchesse l'accepterait sans doute plus facilement venant d'un homme qu'elle avait embauché pour accroître la sécurité.

Alors qu'ils avançaient d'un pas lent dans le dédale de la demeure ducale, Aldénor se demanda s'il était raisonnable de donner une leçon à ce garde du corps de suite mais se ravisa bien vite, préférant s'entretenir avec la duchesse sur ses prérogatives exactes. De plus, la protection dans un couloir était un exercice difficile. Cependant, il estima qu'il n'était jamais stupide de complimenter une damoiselle ce qu'il ne manqua point de faire. En effet, si l'on prenait autant de soin à le recevoir, il fallait faire honneur aux charmes que l'on présentait en les soulignant sans vulgarité ni lourdeur cela allait de soi.

" Je ne peux que comprendre l'extrême délicatesse de me recevoir en ces temps sombres et je tiens à vous remercier personnellement d'être une si charmante hôtesse malgré cela. Je me dois d'avouer que votre bienveillance et votre prestance est sans nul doute la plus appréciable qu'un humble voyageur puisse espérer. "

S'arrêter là, il fallait s'arrêter là. Plus eu été outrageux et déplacé. Il n'allait quand même pas charmer la fille d'une duchesse dès la première rencontre, escorté par un garde du corps dans la demeure ducale sans avoir discuté avec la maîtresse de maison. Et si le charme marchait très bien avec les personnes du commun, chez les nobles c'était bien différent, il fallait soigner les apparences plutôt que l'âme. Une fois passée la barrière des apparences, le charme brut avait un effet et sans doute bien plus important qu'à l'accoutumée...
Mais là c'était direction il ne savait pas trop où ni pour quoi. Peut-être ses appartements vu qu'il en avait sur place. D'ailleurs il devrait prévenir la duchesse qu'il ne dormirait pas tout le temps là et prévenir Marion qu'elle aurait la paix un bon moment. Ou alors il la ferait ven... non certainement pas ! Bref, il attendrait de voir.

La douceur d’Ashenie De Sephren menait doucement un vent d’espoir dans les dédales du complexe labyrinthique ducal, empli de faste et de luxe, dans les méandres du cœur sincères de la nymphe. Son parfum délicat envoûtait l’air, éprenait l’idéal divin d’une délicatesse florale, une rose d’amour, pure et blanche, dans les jardins d’or. Lentement, les pas de l’être dominant s’éprenait de la finesse de la féminité, fuyante, et tendant une main illusoire à la masculinité. La jeune pucelle, pieuse, belle, s’avançait sous les tempêtes de la mort, qui, sous son voile noire, recouvrait le visage de son père. Pourtant, dans un éclat de soleil, les yeux d’Ashenie s’embrasaient, dans le silence, d’idéaux aspirants à la salvation, d’une bonté extrême et exquise, rejoignant faiblement cette fragilité émotionnelle douce. Les pas se chassaient, et tandis que la délicatesse fuyait, la virilité militaire, lourde, s’enlaçait en une délicate mélodie de volupté, mêlant le ton cristallin aux abysses graves, atteignant l’osmose de la mixité. L’ingénue gardait ses yeux fixes, déferlant sur les tableaux et souriant à l’éclosion des légendes. La présence masculine la laissait peu sûre, et donnait une emprunte de légèreté fragile à son attitude, droite et rebondie, affichant des formes saillantes malgré elle, dans une douceur magnifique. La robe de coquillage bruissait doucement à chaque pas, emportant un siphon mélodieux et orchestral dans la splendeur des voix pédestres.

Lentement, alors que les torrents perdaient le couple, escorté de SaYoLé, dans les couloirs du château, et jusqu’aux appartements de la duchesse, la voix d’Aldénor de Faëorn berçait l’aube d’une atmosphère courtoise, que la Bonté n’eut pas bénie. En effet, ses propos harmonieux était la discordance des préceptes interdits, de l’outrage à la pureté aux yeux de La Bonté matriarcale, qui , dans son délire de femme, expiait tous les propos élogieux masculins qui eurent pu toucher la dame. Toutefois douce, l’essence vocale portait sur son plateau la compassion et la reconnaissance sincère, un humble arme d’un maître manipulateur, qui, dans l’ombre, marionnettiste, jouait avec les poupées de chiffon. Là, les valeurs s’embrassaient, s’enlaçaient en une note qui ravivait le cœur de la dame, trop loin porté dans son idéal salvateur, trop douce, et trop émue par ce départ précipité. Les mots ouvraient naturellement l’antre du cœur, et laissaient une aura douce et pure émaner de la damoiselle aux yeux attendris. Sa voix couvrait le silence laissé par le maître d’arme, et sa douceur emplissait l’air d’une délicatesse surprenante, plus grande encore qu’un bouton de rose. Là, un chant de rossignol s’élevait, plus pur que l’azure.

« - Que cet humble voyageur soit bénis des dieux, et que ces derniers viellent à son repos le plus tendre en ces lieux de salvation, même troublée. Vos propos me touchent, Sir Aldénor De Faëorn, et vos mœurs me laissent songeuse d’une courtoisie reconnaissante et appréciable. Votre soutient est un vent de pureté, sauvant une âme dépérissante…
Elle sourit un instant, tournant ses yeux ingénus et tendres vers le maître d’arme.
Les temps son certes sombre, Sir, mais je suis persuadée que votre joug saurait apporter lueur au drame mélancolique de cette noirceur. Votre présence est rassurante, et les éloges à votre égard ne sont que témoins pures du paraître de vos actes…
Un léger temps de suspend marqua le regard de la belle, qui, semblable au vol d’une colombe, glissait lentement sur les traits du semi-elfe, délicat et fin. Un autre visage se dessinait à ses yeux naïfs.
Nous voici à votre destination. Puisse ma compagnie ne pas vous avoir causé tant d’ennui… Ma mère est disposée à votre visite.»

L’ingénue s’effaçait tendis que la jeune Ludmilla ouvrait la porte du petit salon. La duchesse attendait, patiemment, assise. Un sourire trônait sur ses lèvres et s’accroissait à la vue du maître d’arme. Sulfureuse, une robe écarlate laissait ses formes luire, sa poitrine en emphase, et sa taille amincie, tandis que le voile était délicat et le tissu recherché. A l’image de sa fille, elle arborait une merveille de couture, de soie, tombant sur une longue crinoline, dont les tons rouge et or se dégageaient sous l’entremêlement des tissus.

Ils marchaient. C'était long. En fait non, ça ne l'était pas tant que ça, malgré une fort jolie bâtisse impérieuse, un couloir restait un couloir et celui là était somme toute d'une longueur réglementaire. Ce qui était long par contre c'est qu'elle ne se pressait pas. Avec tout cet attirail destiné à faire s'accélérer le cœur des hommes, elle aurait eu du mal. C'était certes assez élégant bien qu'un peu trop voyant et... juste trop. Pour un maître d'arme, c'était impensable de porter pour si lourd d'équipement inutile au combat. Ses quelques habits riches devaient certes l'être moins que ceux de la fille d'une duchesse mais au moins ils étaient légers et lui permettaient allègrement de rosser un malandrin en quête d'un peu de richesses crapuleusement acquises. Voila qui était utile ! Certes il n'était pas une femme et s'il était là, c'était également pour que la famille du Duc n'ai pas à s'occuper elle-même de sa défense mais ce n'était quand même pas obligé de porter tant de vêtements, ça devait être lourd, surtout pour une si jeune fille.
Cela expliquait facilement cette lenteur maladive ainsi que ce pas si frêle, on avait l'impression qu'elle refusait de faire mal aux dalles au risque de mal assurer son équilibre. Cela devait sans doute faire de l'effet aux nobles, peu soucieux du bien-être des femmes et des "autres" en général, les autres étant tous les non nobles. Cependant, pour un homme pragmatique, et un homme se devait d'être pragmatique, ce n'était guère pratique ou utile et bien que cela eu pu faire un quelconque effet, il le perdait nécessairement par futilité.
Ils arrivèrent donc difficilement devant une porte. Il avait eu sa réponse à sa question secrète : c'était la duchesse qui l'attendait. Enfin il allait la rencontrer. De belles lettres, une belle demeure, un royaume assez bien tenu et une belle fille. Voila qui présageait au mieux et pour cela, pas besoin d'être pragmatique, juste avec un petit brin de logique, ce que les nobles, bien que souvent incapables, possédaient, bien qu'en infime proportion.
Alors qu'elle laissait place à une jeune femme chargée d'ouvrir la porte, Aldénor remercia la jeune Ashenie pour son accueil par quelques mots bien choisit et juste soufflés afin que seule elle puisse en profiter.
Puis il entra dans une vaste pièce où elle l'attendait, assise. Très belle robe. Rouge déjà, voila qui attirait l'œil et lui donnait l'envie de s'attarder un peu plus sur le corps qui en était abrité. Cela devait également être un de ces vêtements chargé et lourd mais au moins là c'était beaucoup plus plaisant. Certes il préférait le bleu et le vert mais sur une femme ces couleurs n'étaient pas à leur mieux. Les couleurs vives réhaussaient le teint et quel teint ! Ses yeux se firent plus évasifs assez rapidement cependant. Il était chez une duchesse et l'on ne dévisageait pas une noble comme une poupée de chair, il fallait garder un peu de tenue et puis il était là pour le travail. Il ne fallait pas oublier le travail et pour le moment, à part deux jolis corps et une belle robe, ce qui était assez peu pour un homme au passé si sulfureux, il n'y avait aucun risque.
Il s'agenouilla puis baissa la tête. C'était une vieille tradition apprise de son père. C'était un elfe donc forcément il avait des connaissances et matière de savoir-présenter. C'était les elfes : hautains, orgueilleux et toujours propres sur eux même s'ils n'en pensent pas moins... Au moins c'était formateur. Cette tradition voulait qu'on ne soit jamais au dessus de son supérieur. S'il était debout on se baissait, s'il était assit on s'asseyait puis on se baissait, etc.

" Mes hommages Duchesse Esidenir de Langehack "

Il se releva alors afin de se tenir droit, quasiment au garde à vous. Cependant, elle n'était pas son supérieur militaire et il n'avait aucune obligation de salut ou de tenue droite et parfaite. D'ailleurs, ses bottes n'étaient pas cirées depuis un moment et n'étaient pas irrémédiablement propres à l'inverse de ce qu'il exigeait de ses hommes. C'était un signe de respect de la hiérarchie, de discipline et de rigueur. Cela permettait également de donner une petite activité quotidienne aux hommes qui pouvait en manquer cruellement dans des moments creux.

" Adénor dit de Faëorn, maître d'arme de son état, à votre entier et dévoué service, je suis votre obligé. "

Il s'agenouilla à nouveau pour se baisser encore une fois et marquer son respect et des traditions et de la personne en face de lui.

Pour que le duché (et la duchesse) rayonne ! [Terminé] Esidenir

La duchesse déposait ses yeux sur le corps du demi-elfe, un sourire sous la grandeur de sa prestance, tandis que son regard se perchait dans les confins du ciel, afin d’observer la petitesse masculine d’un haut balcon nuageux, inaccessible et brut. Elle exprimait cet idéal tendre de rêve, cette splendeur noble et noire, tant brillante par son éclat qu’elle en était aveuglante, et le matériel était au service même de la prestance et du merveilleux, dont l’éclat se retrouvait aisément dans ses yeux. Le faste et le luxe étaient ses parures, et la dorure son parfum, tandis que la crème de la volupté et du désire élevait son visage au-delà des possessions, dans un maquillage d’extrême extase, agrémenté de l’exquis. Car le goût de ses lèvres était sans doute une jouissance encore décuplée que la possessivité futile, presque, en son sens où elle n’était recherchée que dans un but lucratif, et non une nécessité absolue. L’importance était dépassée par la fantastique duchesse, qui, au-delà de la bassesse, pouvait s’octroyer le plaisir du luxe sans s’en soucier davantage. La fortune était un extase que peu de gens connaissait, elle le voyait bien !

Absolue et divine, la duchesse trônait sur le maître d’arme, dont l’arrivée fracassante de respect venait caresser les plus vifs espoirs de la naissance d’une longue relation commerciale. L’homme s’agenouillait avec maintient, tandis que la duchesse contemplait son inclination délicate, et ses mœurs bordées. Elle avait certes connu les grandes dorures de la cours, et la courtoisie sans faille, jusqu’au détail le plus infime, mais l’entrée d’Aldénor De Faëorn la laissait satisfaite d’un respect maintenu, et cependant d’une sobriété virile, laissant le parfum du songe pénétrer les yeux noisettes de la duchesse. Sa poitrine en emphase enflait doucement, sous les vagues de sa respiration, tandis que la naissance de sa poitrine se gonflait avec désir. Les opales noisette caressaient lentement la nuque du maître d’arme, dans une savante habilité, tandis que le sourire de la duchesse s’accroissait. Et comme si la peau suffoquait sous ses touchers habiles, elle s’éprenait d’une flamme instantanée, déposée au creux de ses entrailles.

L’homme s’élevait de toute sa majesté, révélant une haute carrure sous cette masculinité superbe. Un torse viril s’épanchait à ses yeux, dominant, tandis que l’homme présentait ses hommages à la duchesse. Un fin sourire éclairait son visage, et elle triomphait sur la gente masculine. Veuve, magnifique, elle se parait des plus merveilleux atouts humains. Et le soleil l’éclairait au fond de ses yeux, haute de toute sa superbe. Envoûtante, elle trônait, sans dire mot, laissant le silence peser sur les épaules de l’homme. Avait-il commit une faute ? Une impolitesse outrageuse ? Tant de questions qui devaient sans doute lui tarauder l’esprit. Elle écoutait encore cette voix, qui la berçait de ravissement. Elle était supérieure à sa petite ingénue, et jouissait enfin de son attraction sans faille. Le maître d’arme déclinait son identité, de façon polie et obligée. La duchesse tendait doucement sa main, dans une lenteur gracieuse, exposant à Aldénor le soin de baiser ses bagues de rubis. Enfin, la duchesse se levait, et laissait une voix d’une infinie sensualité s’épandre dans l’air, en un parfum de suspend, mêlant le sulfure à l’attrait.

« - Je suis enchantée, maître Aldénor De Faëorn, de procéder à votre rencontre. Vos lettres m’ont laissé le plus vif espoir de vous trouver en un éclat démesuré, et vous surpassez bien ce qu’on eu pu me dire, et l’idée même que je m’étais faite de vous. Je vous en félicite. J’ose espérer que votre voyage s’est déroulé sans encombre. Votre venue en ces lieux est un baume à la douleur… Ah ! Nous sommes bien démunies, faibles femmes dans ces vallées de larmes, faces à ces invasions et ces intempéries… Mais, laissons cela ! Vous désirez un peu de thé ? »

La duchesse souriait, habile, et belle de sulfure. L’incarnation d’un phœnix, dont les cendres s’éprenaient de la virilité…

Et bien... Voila ! Il y était. Fini les présentations, les courbettes, le luxe et l'imagination ! On entrait dans un domaine plus simple, plus motivant qu'il maîtrisait et qu'il pouvait modeler à l'envie. Le boulot commençait et la tâche semblait élevée, difficile mais passionnante. Plus moyen de rire ou de reculer, il n'avait plus le choix et devait faire ce pourquoi il serait payé. De plus, le cadre était plutôt agréable et motivant. Pas d'entraînement dans une salle d'arme exigüe et sombre ni d'apprentissage avec des enfants ou une horde de soldats abrutis d'une milice... Là c'était du gros œuvre : entraîner et organiser les troupes d'un duché. Pour le moment cependant il ne fallait pas voir aussi loin; il se contenterais de remettre à neuf la garde ducale, il procèderais par petites étapes afin de ne pas s'embrouiller ni consacrer trop de temps à de la gestion inutile des troupes. De toute façon la guerre empêchait et ralentissait beaucoup tout cela et puis un projet commençait à trotter depuis un certain moment, il devait conserver du temps à cela.
C'est avec cette sensation d'être enfin arrivé à bon port qu'il prit la parole. Cette fois-ci, moins d'emphases, de rondeurs et de couleurs à ses paroles. De toute façon la duchesse semblait y accorder relativement peu de valeur sur le sujet de la sécurité. Du moins c'est ce qu'il ressortait du court échange de missives qu'ils avaient mené.

" Veuillez m'excuser Duchesse, je crains de ne pouvoir accepter votre offre. Je peux cependant vous servir mais j'essaye de ne me concentrer que sur mon travail, je ne voudrais pas ternir l'image que vous pouvez avoir de moi. Je vous remercie cependant pour l'offre. "

Il resta donc debout, on ne lui avait pas demandé de s'assoir et de toute façon il était très bien debout.

" Je me doute que mes méthodes peuvent paraître un peu brutes et peu adaptée à la situation et soyez certaine que je m'en excuse le plus platement possible mais j'aimerais me concentrer au plus vite sur la tâche qui m'attends en votre duché car elle me semble étendue et que ni votre famille ni vous ne saurait souffrir plus longtemps d'une protection peu adaptée ou mal réglée surtout par ces temps troubles. Une faille pourrait avoir de graves conséquences qui ne doivent surtout pas arriver. "

Il ne savait plus quoi faire, s'il fallait s'assoir, attendre, servir le thé ou lui demander un exposé complet et détaillé de ce qu'il devrait faire dans les prochains jours. Il se contenta juste de se taire et d'attendre ses ordres de la duchesse.

La lumière filtrait doucement les vitres du petit salon, difractée en de fins rayons, cordelettes denses, et rubans lumineux s’épanchant sur la douceur des tissus raffinés dont elle traversait les fibres en une délicieuse lueur tamisée. Les éclats iridescents réchauffaient lentement l’opale cristalline douce, marquant la peau ivoire de la belle duchesse. Son corset, emprunt de sa poitrine généreuse, se mouvait lentement avec grâce et volupté, dans un lent reflux semblable à la marée grandissante, dont la tempête grondait dans les entrailles du cœur ! Une aura douce émanait de sa poitrine éblouie par la chaleur solaire, attirée par le rebondissement délicat et d’une rondeur encore ferme. Les toiles de verre reflétaient l’affligeant conflit des sexes, dans son enlacement séducteur, et pourtant bien distinct de ces ébats amoureux et niais, qui enivraient les jeunes gens aux cœurs purs. L’homme se tenait debout, devant elle, de toute sa virilité flamboyante, arme suprêmes des mâles, qui, dans leurs parades nuptiales, exposaient leurs atouts masculins avec grande ferveur. Pourtant loin d’être dominant, l’être de puissance était asservi d’une assise magnificence, sa majesté absolue. La duchesse trônait avec grâce et charme, dans un absolu salvateur, bien plus puissant que ces parades ridicules. Les brumes attrayantes nouaient les yeux masculins à leurs propres chaînes de torpeur, esprits fantasmagoriques des océans déchaînés, dont la passion trahissait le manquement à la chair. Elle s’élevait bien plus haut, laissant des yeux avides contempler ses offrandes, sans jamais daigner se laisser attacher des sens et des considérations émotives. Bien au-delà du désir, elle était l’étoile du plaisir. Pourtant, rien n’incarnait, sur ses traits, une quelconque débauche, que ses lèvres pulpeuses au goût visuel de pêche, plus doux encore que la soie, plus fine que l’organdi, plus délectable que le nectar des fruits défendus.

Sulfureux et doux, son visage tendre remontait doucement le long des courbes du maître d’arme, tentant de détailler chacune des formes voilées. Son regard caressait lentement les cuisses de son ôte, et s’arrêtait un instant sur sa ceinture. Son apparat ne permettait qu’une distinction relative et floue de sa silhouette. Le parfum de la duchesse envoûtait lentement son regard d’une teinte de braise, cendres du phœnix majestueux. Là, elle remontait le torse habile, le cou délicat, et se posait tendrement dans ses yeux perditifs. Un sourire illumina le visage de la duchesse, tendis que ses yeux noisettes brillaient avec un éclat doux, souligné par ses pommettes rosies.

Elle avait écouté, sans faille, sans émotions, les paroles vaines du seigneur Aldénor. Ses mots, dont la transparence manifeste n’octroyait aucune saveur, restaient dans ses tympans, par une habitude maladive de conservation savante. Pourtant, le son de sa voix s’accordait au diapason de l’assurance, enlaçant étrangement l’atmosphère aux notes d’une virilité étincelante et rassurante. Pourtant, le calme résonnait, semblable à un océan de torpeur, posé et délicat, voguant sur les nuages de l’azure sombre, dans sa tonalité grave. Les aléas sonores ravissaient l’ouïe de la belle, dévolue aux mots virils, et à la douceur du lierre de l’envoûtement statique.

On servait le thé, tandis que les yeux de la duchesse restaient levés pour contempler le regard captivant de ce demi-elfe mystérieux. La gente domestique prenait, garde, avec agilité, de contourner le maître d’arme, tandis que les yeux d’une jeune fille se levaient à leur tours vers Aldénor De Faëorn. Ludmilla, la jeune servante à peine âgée de quatorze années, perdait son regard azure dans la séduction du demi-elfe. Elle portait les plateaux lourds à ses petites mains enfantines, dont les doigts avaient déjà frémi de la violence esclave. Cependant, son cœur demeurait léger et sincère, et battait à une vitesse étrange. Le bel uniforme, le bel homme ! Ses yeux verts complaisaient son visage angélique, éprenant même les muses de la voie lactée. Différent de tous, une brumeuse indéfinie éprenait le lierre d’une pierre robuste et masculine. Son regard étincelait tel celui d’un prince charmant, et son cœur devait être une merveille inexplorée des azures primitifs, par delà la douceur de l’amour. Elle se relevait lentement, le regard éperdu sur cet être divin, dont les courbes ne laissaient au cœur qu’une abrupte encre rêveuse. Elle s’effaçait, tandis qu’un murmure lui glissait à l’oreille : le vent, il se lève ! manipulant l’innocente qui frôlait le maître d’arme de sa hanche charmeuse, sans qu’elle l’eut voulu.
La duchesse gardait sa joute du regard sous silence, tandis que sa jeune servante s’affairait à préparer son thé. Des arômes délicieux humectaient ses narines douces, emplissant les poumons d’un air salvateur. Son sourire gardait la toile de ses lèvres sous un jour rageur et infiniment séducteur. Lentement, après un long silence, la duchesse entrouvrait ses lèvres câline, et rêvassait un instant, comme interloquée, et perdue dans une réflexion ardente. Ses yeux roulaient vers l’extérieur, avant de se fixer sur l’objet de la virilité incarnée. Sa voix sensuelle et charmeuse empruntait une tonalité calme et douce, réfléchie en somme, dans le murmure cristallin et presque innocent de tendresse.

« - Eh bien… Vous me voyez ravie de votre dévouement, Sir de Faëorn. Hélas, la mort de sa majesté le duc de Langehack m’a causé tant de peine que je ne saurais vous exprimer mon infinie gratitude de votre si douce présence rassurante. Que vos bras enlacent Langehack, et ses trésors, dans la paix la plus prospère, mon bon maître d’arme. Ah ! Vous nous voyez sous un bien triste soleil, moi et ma douce Ashenie, seul trésor d’une vie passée. Comprenez l’angoisse qui m’anime de voir ainsi déambuler des troupes de Sainte-Berthilde sur le sol de mon palais, qui, bientôt, deviendrait caserne… Mais ma seule inquiétude réside en la personne d’Ashenie. Puisse-t-elle être bénie des dieux ! Tous ces effluves guerriers ne sont pas à dévoiler à une si tendre damoiselle du monde, vous le savez ! Et le défunt duc serait bien peiné qu’il lui eut arrivé quoi que ce soit. Non, j’attends bien de vous que nous renversions ces invasions barbares, prêtes à mettre en péril les yeux fragiles d’une sainte jeune femme, et de sa pauvre veuve. Que votre cœur entende les paroles d’une femme, dont l’amour pour sa fille est d’une immensité insoutenable… Bien entendu, vos services seront grassement rémunérés… »

L’émoi de la duchesse était bien réel, et semblait la frapper au cœur ! Comment résister à ce visage embelli par le désespoir ? Son souffle fin se taisait un instant, tendis que ses lèvres se portaient à son thé parfumé.

C'était une impression nouvelle et étrange même très désagréable. C'était une situation fort déstabilisante pour Aldénor puisqu'il n'avait guère l'habitude de s'entretenir avec des nobles et qu'en général de toute façon il avait toute autorisation d'imposer ses choix et son rythme. On le payait pour ça d'ailleurs. Il était certes connu pour être maître d'arme mais on le choisissait lui plutôt qu'un autre pour son ardeur à la tâche et sa rigueur dans les exercices.
Mais là il n'en était rien, il ne se sentait pas très à l'aise ici, où il fallait des manières manucurées et poudrées pour avoir une chose concrète. Bien sûr la mort du duc était attristante bien qu'il n'en eut personnellement absolument rien à faire, hormis que cela laissait une femme et des terres à conquérir. Maintenant qu'il était à son service d'ailleurs, il aurait à loisir de les protéger et de les mettre le plus loin possible des convoitises à part les siennes.
Cependant pour se faire, il avait besoin d'un peu plus de libertés de parole et d'action, il devrait déjà être à inspecter les chambrées voire à défier un soldat en combat singulier. Dès qu'ils sauraient qu'il était là il serait trop tard, le rangement serait fait, les armures huilées, les bottes cirées, les épées aiguisées et l'âme prête à croiser le fer. Il voulait donc limiter les embrassades et autres conventionnelles palabre. Malheureusement il n'y pouvait couper et c'était bien cela qui l'ennuyait. Pendant qu'ils parlaient, d'autres avaient le temps de se préparer. Cependant il retint sa nervosité. Les courbes de la duchesse étaient un magnifique exutoire à ces pensées professionnelles. Quoi de plus reposant que de voir une belle femme. Ça lui permettait au moins de laisser ses préoccupations à un rang un eu moins important. Un regard envoûtant, du moins plus que la plupart de ses maîtresses. Sans doute était-ce là la marque de sa noblesse, après tout, ces femmes là étaient de redoutables adversaires. Mais cela ne le troublait guère plus qu'autre chose, il avait l'habitude des femmes et cette maudite perte de temps lui rappelait sans cesse qu'il n'était pas là pour conquérir une femme.
On le frôla légèrement, c'était très agréable et surprenant. Il tourna d'ailleurs légèrement la tête pour voir une servante déguerpir rapidement. Il n'eut pas bien le temps de la voir distinctement mais il lui sembla qu'elle n'était pas très grande ni âgée. Même s'il n'était pas un grand défenseur des enfants, leur travail avant seize années le gênait assez. Il y avait mieux à faire à cet âge là, notamment l'apprentissage des armes, très utile en ces temps troubles.
Puis il apprit enfin quelque chose. Deux choses même. Il serait payé. Il serait même grassement payé. D'un autre côté, une duchesse pouvait se permettre de payer le prix fort pour un service surtout vu l'importance de celui-là. Il apprit également qu'il devait empêcher les troupes de Sainte-Berthilde de rester sur les terres, ce qui apparaissait une mission relativement simple puisqu'il n'y avait aucune raison qu'elles soient là et que Langehack risquait moins que le marquisat d'être attaqué par des drows. La raison militaire aurait le dessus sur n'importe quelle autre justification. En temps de guerre, partir de son royaume pouvait être très mal interprété et les nobles n'étaient pas à même de faire ce genre d'erreurs.
Une troisième information vient s'apposer, celle de protéger la fille de la duchesse de toutes ces manipulations guerrières. Ce n'était qu'une mission facultative pour lui, il ne fallait pas en faire trop. Une jeune fille destinée à être mariée à un noble ou à diriger un royaume ne pouvait ignorer les choses de la vie trop longtemps sans quoi elle deviendrait un fardeau dont personne ne voudrait. Cela dit les nobles s'aimaient rarement pour les sentiments donc il devait bien exister de ces gens qui veuille de cette coquille vide. Il faudrait donc faire attention à ne pas distiller trop vite cette vie dans un cœur pur... C'était bien la seule chose qu'il pourrait faire.

" Duchesse, je suis hélas un militaire et je crains que nos manières ne soient un peu trop différentes. Je ne peux que respecter les votre mais elles me mettent mal à l'aise j'en ai peur. Je suis également connu pour ma forte activité et ma fougue vous devez le savoir et c'est pourquoi je suis plus prompt à l'action qu'à la réflexion intense.
J'aimerais dès lors me concentrer rapidement sur ces troupes de Sainte-Berthilde qui occupe votre domaine afin que votre fille et vous puissiez profitez au mieux de ces prochains jours pour faire votre deuil.
Concernant votre fille hélas, je ne pourrais faire grand chose pour la préserver de ces effluves. Les troupes du marquisat ne pourront partir qu'avec une activité accrue de celles de Langehack, ce ne sera qu'un échange je le crains.
Je pense toutefois qu'une vision plus fine de l'art de la guerre pourrait rendre votre fille plus pure et moins sensible aux manipulation masculine. Elle est destinée à vous succéder ou à épouser un noble. Son peuple pourrait ne pas apprécier qu'elle ne connaisse rien à ces affaires.
Mais il va de soit que je ne saurais vous donner de conseils sur l'éducation de votre fille. Je m'excuse par avance si mes propos ont pu vous paraître déplacé ou choquant. "

Il commença à marcher dans le salon, prenant peu à peu la mesure de son rôle et ses repères de ce lieu. Il n'était finalement pas en territoire ennemi malgré une situation délicate. Une fois qu'il aurait parlé plus longuement à la duchesse, il ferait partie intégrante du château et ses paroles, bien que rustres en comparaison, s'avèreraient de précieux conseils qu'il valait mieux écouter. Donc autant prendre des marques, des habitudes, quitte à froisser légèrement son hôte. Il faisait confiance à ce qu'il était et qui il était pour arrondir les angles avec une femme.
Il s'avança finalement vers une grande porte-fenêtre qui donnait sur un jardin luxuriant. Bien qu'il ne soit pas en face de la duchesse pour parler, il jugea qu'il était préférable d'imposer un style moins pompeux mais tout aussi respectueux. Il ne jugeait en effet pas son attitude déplacée mais plutôt comme un signe d'acceptation et de respect : il avait assez confiance en lui et en elle pour ne pas respecter certaines traditions purement nobles. Le regard vague posé sur les coloris variés et agencés avec panache, il déclara finalement.

" Duchesse, je devrais inspecter votre garde dans la journée. Nous ne pouvons perdre de temps et il me faut rendre votre investissement rentable. Durant les prochains jours, vos hommes seront devenus les gardes les mieux organisés des royaumes humains et Sainte-Berthilde verra ses troupes revenir rapidement.
Pour votre fille, malgré la forte promiscuité de son garde du corps, je pense qu'elle pourra ne pas se trouver trop exposé à nos manœuvres."

Il se retourna finalement vers Eshidenir afin de chercher approbation, colère, admiration ou tout autre sentiment sur son visage. Il espérait que ses méthodes soient bien acceptées ou du moins qu'elle soit franche si cela n'était pas le cas... Mais il ne faisait que rêver à cette dernière possibilité : les nobles et les femmes encore moins n'avaient pas pour habitude la franchise. C'était pour cela qu'il n'était d'ailleurs pas à un rang plus élevé dans la société. L'honnêteté était certes plus efficace mais ne permettait pas de réussir.

La duchesse écoutait l’homme avec douceur et maintient. Ses yeux noisettes roulaient habilement sur la musculature qu’elle devinait en perçant les apparats de l’homme, quoi qu’un peu rustre. Sa voix résonnait comme un écho tendre apaisant son langage dur. Elle le traitait comme un homme de cour, et il semblait ne pas en être satisfait, quoi qu’il obtint une des faveurs les plus appréciées qu’est le respect. Loin de ces considérations futiles, l’homme exposait ses habilités et les habituelles promesses d’échéances, sans quoi ses actes n’auraient sens. Les yeux de la duchesse luisaient mystérieusement à ses paroles, semblant voilés par le charme et l’attrait qu’ils dégageaient. Douce et délicate, la duchesse portait la tasse à ses lèvres pulpeuses et rebondies, dans l’emphase même de l’envoûtement.

A l’évocation d’une éventualité d’instruction militaire à Ashenie, la duchesse eut un sourire simple, et doux, tandis que ses lèvres jonchaient habilement les accords de la torpeur mélodieuse, dans un chant envoûtant et entrainant jusqu’au cœur de la passion. Pourtant lisse, il n’était pas transparent, et se voilait d’un lourd mystère entêtant et délicat, aux parfums sulfureux et brûlant. Sa poitrine battait un doux et lent reflux, qui gonflait sa poitrine à chaque inspiration, dans une lenteur délectable. Elle imaginait un instant la pucelle, l’arme à la main… Ah ! Quelle méprise que de déconsidérer l’arme féminine, le poison des courbes, le brasier d’un simple toucher : La mort part l’éclat du cœur ! Et aucun homme n’en était à l’abri, aucun, assurément. L’envoûtement d’une femme prenait le regard de l’être masculin, et le parfumait dans sa prison magnifique, jusqu’à éventrer l’âme dans une passion déchaînée, et avide des torpeurs câlines et douces, dans les brumes des cieux enchanteurs.

Esidenir contemplait avec extase le corps de son maître d’arme se déporter vers la grande porte-fenêtre, caressant les courbes masculine d’un regard enjôleur et presque câlin, éblouit d’une voute céleste lumineuse, que la lumière tendait à laisser scintiller avec éclat. On voulait presser le temps, écourter l’entrevue pour déjà passer à l’acte. Les méandres de la douceur étaient d’une saveur dont peu auraient pu se targuer d’avoir goûté, et pourtant, le temps ne daignait suspendre son vol. Pauvre gente, aux mœurs trop pressées et indélicates…

La duchesse se levait lentement sous le regard du demi-elfe. Perplexe, et figée dans la sensualité profonde, un lourd voile de mystère opaque dissimulait ses pensées en une brume d’avenance douce et enchanteresse. Son pas lent adhérait doucement au sol richement paré, et elle se dirigeait vers la porte-fenêtre, le regard accroché aux aléas nuageux qui semblaient trépaner son esprit. Là, dans la luminosité splendide, elle offrait sa peau aux rayons vaniteux, éblouissant l’opale d’une aura irradiant les ténèbres. Son regard semblait frôler Aldénor de Faëorn, sans quitter la magnificence du ciel. Sa voix séduisait lentement les vapeurs parfumées du salon, s’élevant, belle et cristalline.

« - Votre attention me touche, maître d’arme, et vos mots sont lierre. Vos capacités prometteuses, et votre passé militaire excuse parfaitement votre… manque de raffinement. Soyez sans crainte, votre respect dès lors qu’il est dévoilé suffit amplement à remplir votre condition d’employé… quoi qu’il en soit j’attends beaucoup de vous, sachez-le, ainsi que de votre intervention rapide et efficace au sein du duché. Par ailleurs, il serait saint d’exempter Ashenie de Toute relation avec vos activités. Je ne veux nullement la voir mêlée aux gardes de Sainte-Berthilde. Et je me relègue entièrement à votre savoir faire afin d’évincer toute approche directe, et tout risque de sa personne. Ce sera tout…
Quant à une activité guerrière, j’ose espérer que vous plaisantiez.

A ces mots la duchesse eut un sourire. Elle tournait lentement son visage vers celui du maître d’arme, les yeux étincelants et brillants de mille feux. Ses lèvres pulpeuses reprenaient doucement, tendis que son regard se perdait dans les traits d’Aldénor.

Voyez, je nécessite encore votre recours afin de m’extriper, ainsi et surtout qu’Ashenie, d’une certaine indélicatesse, qui surplombe sa vie. Voyez-vous, elle dispose d’un garde du corps, œuvre de mon défunt mari en vue de la protéger contre le monde et ses attaques, qui, hélas, tend à la véhémence envers sa préceptrice, et moi-même… Les outrages me blessent, tant plus qu’ils semble vouloir isoler Ashenie de notre bonne protection, et j’ai bien peur pour elle… Sa présence viril et brute me permet de douter de son but premier, au vu des ragots et de l’approche, ainsi que du regard avec laquelle il la caresse… Voyez mon trouble si délicat… j’osais espérer que vous eussiez pu user de vos talents pour y remédier, n’est il pas ? »

La duchesse caressait vivement l’homme du regard, en une douceur subtile et agréable. Chaque mot semblait être le louange des aptitudes du maître d’arme, tant la volupté des regards y invitait…

Voila, finalement ça ne se passait pas si mal. Il pensait pouvoir perdre la tête avec cette prise de parole un peu brute pour une oreille de noble. En général ils n'aimaient pas que l'on prenne l'ascendant sur eux au niveau des décisions. Cependant, la duchesse semblait particulièrement consciente de ses limites en termes militaires à l'inverse de ses semblables. Au moins il pourrait manœuvrer assez librement même s'il se doutait qu'elle ne le laisserait pas faire totalement... C'était cette manie des puissants de toujours vouloir tout contrôler, y compris ce qu'ils ne connaissaient pas.

" Bien votre altesse, ce sera fait selon vos désirs. Concernant votre fille, je suggérais juste de la mettre au courant des activités militaires de votre royaume sans pour autant la former ou trop lui en dire. Elle est appelée à vous succéder et devra alors s'occuper de ces affaires là... De là à la former je vous assure que cette volonté n'est guère présente à mon esprit, une jeune femme de cette qualité ne dois point avoir à se salir. "

Elle s'en prenait finalement au garde du corps de la jeune Ashenie. Au moins là ils étaient parfaitement d'accord... Enfin il l'était un peu moins qu'elle vu qu'il ne le connaissait pas. En revanche pour le peu qu'il avait vu en effet, cette personne était un peu collante et en manquement à son travail. Garder un corps ne signifiait pas en préserver l'intimité pour son usage propre. La jeune ingénue était peut-être également à réprimander et à mettre en garde sur ce genre de "rapprochement sécuritaire". Ensuite, qu'il ai était outrageant c'était un peu normal, elle était noble, il était homme du peuple... Les habitudes n'étaient pas les mêmes et elle aurait sans doute à se plaindre de la familiarité affichée par son nouveau maître d'arme/conseiller militaire bien qu'Aldénor soit plus polyvalent. Enfin il ne l'était pas naturellement mais bien à force d'apprentissage et de réprimandes, il fallait travailler dur pour devenir un bon maître d'arme capable de traiter avec le peuple mais également avec la noblesse. Sinon on restait simple duelliste d'un village perdu ou d'une société occulte décadente... Il hocha la tête en guise d'acquiescement.

" Je veillerais à le remettre dans le droit chemin même si je pense que l'écarter purement et simplement serait la solution la plus efficace. Il est peut-être très bon dans son domaine mais probablement pas avec une jeune fille sublime telle que votre fille. Je dois cependant avouer qu'elle tient de sa ravissante mère et que cet héritage a de quoi troubler un homme peu concentré sur sa tâche. "

Il lui sourit pleinement, un sourire mêlant charme, sincérité et espièglerie. Il alla finalement s'assoir, trouvant que les troupes pourraient attendre un moment, le spectacle de cette femme envoûtante valant mieux qu'une inspection au pas de course.

La duchesse s’approchait doucement du maître d’arme, plongeant son regard dans le sien. Son pas lent laissait son corps se balancer au rythme de sa marche gracieuse. Belle et sulfureuse, sa poitrine hautement rebondis, s’amplifiait, et tremblait doucement à chaque pas. Elle détaillait l’homme avec une lenteur admirable, une délicatesse embrasée par tous ses sens. Le dos cambré, la poitrine en avant, elle se postait devant lui. S’asseyant adroitement, elle n’avait cessé de répondre à son œil malicieux grâce à un regard enjôleur et charmeur. Un tourbillon de chaleur semblait frôler les deux protagonistes, face à face…

La duchesse avait écouté avec soin les paroles du maître d’arme, et s’était lentement perdu au gré de sa voix. L’extase n’était que plus grand lorsqu’elle mêlait sa fille dans cette rêverie militaire aux grandes épées. La, vaincue, au milieu des lames, elle imaginait un instant le triomphe d’Aldénor et de SaYoLe, tenant la belle au milieu de leurs virilité. Ah, une orgie volontaire, à la soumission délectable de l’ingénue, jusqu’à les emmener au septième ciel de ses formes gracieuses et envoûtante…

Elle se reprenait, après l’instant de perdition intense, tandis que sa voix s’élevait en un nuage de volupté intense et délicat, emprunt d’un sulfure résultant de l’émotion de ses doux fantasmes.
« - Voyez… mon trouble est plus immense que cela… L’homme est d’un courage et d’une audace outrageuse, allant à la surprotection maladive de cet enfant, qui n’est malheureusement pas sainte. Je vois bien ces regards langoureux, ces minauderies de cour, à laquelle la demoiselle est, fort heureusement, indifférente. Il alla même accuse Notre Grande Sœur Bonté de pratiquer des tortures inacceptables sur ma pauvre enfant, et a osé venir m’accuser de complicité et de manipulation… Ainsi, j’osais espérer que vous puissiez imposer à cet être une rééducation, afin qu’il soit plus courtois et plus pieux. Croyez-moi, une correction s’impose… serait-ce... Dans vos cordes d’en administrer ? »

A ces mots, le regard de la duchesse luisait d’une façon significative. Ses lèvres en emphase, elle exprimait toute la sensualité de son corps…

La situation était visiblement plus grave que prévue... enfin plus grave non... Elle était très simple. Un soldat, qu'il soit militaire ou non, qui se permettait ce genre de comportement devait purement et simplement être relevé de ses fonctions. Aldénor ne comprenait pas cette réaction... La duchesse avait été insultée par un subordonné et ne réagissait pas... Un signe de faiblesse clair envoyé à ses sujets si le bruit s'échappait de là. Et il n'y manquerait pas, ce genre de rumeur n'était pas gardé indéfiniment dans des enceintes fortifiées. L'attitude de Sayole était clairement perceptible et risquait d'éveiller les soupçons de n'importe quel visiteur. Or tous n'avaient la délicatesse de se taire sur la médiocrité d'une gouvernante...

" Vous m'en voyez peiné duchesse. Je ne peux que comprendre l'émoi dans lequel votre cœur est plongé et je m'associe pleinement à vous. Concernant ce malandrin, je ne suis hélas que spécialiste de la formation militaire et je crains de ne pouvoir le tancer aussi bien que nécessaire. Quelques temps dans une geôle au pain sec et à l'eau lui ferait le plus grand bien. Il subirait à sa sortie un entraînement intensif afin de réapprendre les bases de son métier. En cas d'insubordination constantes et répétées, je crains qu'il vous faille vous en débarrasser tout simplement...
Avec votre accord, je me permettrais d'en assurer sa garde personnelle le temps qu'il retrouve ses esprits ou que vous recrutiez un autre garde du corps. "

Il fit une légère révérence afin de marquer tout son respect ainsi que son dévouement à la tâche. Il ne voulait pas passer pour un vulgaire bandit cherchant à évincer un homme ni un pleutre incapable de briser ce même homme. Il n'était simplement pas formé à cela et ne souhaitait le faire qu'en dernier ressort. Il attendait désormais un ordre ou une remarque de la duchesse afin de pouvoir s'affairer le plus rapidement possible à l'objectif qu'elle lui assignerait prioritairement.

Assise, face au maître d’arme, le visage de la duchesse laissait présager une longue étreinte câline et chaude, au cœur du brasier incessant de l’amour naissant. Ses lèvres pulpeuses, aux parfums de rêves, et ce visage lisse, dont les yeux étincellent comme deux rubis enflammés soulignés par les hautes pommettes rosies laissaient une odeur voluptueuse délecter les sens de tous leurs atours. Perdue, guidée, dansant avec habilité sous la voix grave et suave de l’homme, les pas de danse de la duchesse se faisaient gracieux, sur cette poutre enflammée du désir. La virilité de l’homme lui apparaissait doucement sous un ciel nostalgique. Un fin sourire étirait ses lèvres sur son visage, et dessinaient toute la puissance d’une femme veuve, fière et habile, jouant même de tous ses charmes.

Les notes mélodieuses d’Aldénor de Faëorn se composaient au rythme de ses lèvres délicates et attrayantes, portant haut la sulfureuse atmosphère qui régnait dans les entrailles de la duchesse. Sa poitrine se gonflait doucement dans le décolleté lourd et ample, découvrant toute la naissance de la poitrine, et peut être plus encore. Le flux de sa respiration battait ses seins fermes, et délicats, encore attirants et conservé tant la duchesse y accordait intérêt. Quoi que la jeunesse de porcelaine d’Ashenie lui fît défaut, en son absence, la duchesse était plus que radieuse. Une femme au charme et à la séduction née, sous l’étoile même d’Arcam. Ses membres délicats, exhibés en emphase marquée avec innocence, maintient, et dignité, laissait émaner de sa peau toute cette suavité du parfum délectable de luxure…

La duchesse se levait lentement, fixant l’homme de ses yeux noisette, à l’emprunte de la voûte céleste, si bien que l’on pouvait croire que des étoiles et de la poussière magique s’y côtoyaient, tant la brillance y était soulignée par le soleil puissant. Ses pas lents semblaient se diriger vers Aldénor de Faëorn, sous la lourdeur de la marche. Sa voix suave et douce, calme et emplie de cette magnificence de séduction s’élevait au travers de l’entrebâillure de ses lèvres pulpeuses.

« - Ah, mon cher maître d’arme, vos conseils sont plus aiguisés que la pointe de vote épée… et j’ai bien peur qu’elle n’atteigne la gorge de SaYoLe…

La duchesse s’était approchée, tournant autour d’Aldénor, et ses lèvres frôlaient presque son oreille dans un effleurement tendre, et délectable. Sa voix susurrait au creux même de la chair de l’homme, dirigé vers son tympan.

… décapité, et banni de mon trône…

Elle se relevait lentement, tandis que la pointe de sa poitrine effleurait l’épaule du maître d’arme. Elle reprenait son tour, lent et délicat.

Avez-vous déjà été à la cour, Sir De Faëorn ? Peut être devrais-je vous y envoyer au bras de ma fille, afin de l’y escorter parmi cette meute de chiennes baveuses, et de mâles échaudés… car les langues y sont bien pendues, et si ma garde y est assurée depuis fort longtemps, celle d’Ashenie me parait encore bien faible. Ainsi, pourriez-vous contempler les radotages et autres colporteuses de rumeurs indécentes. Voyez, la si tragique mort de mon époux, que Tari garde son âme, attirerait tous les regards sur les moindres de mes actes… Pauvre de moi d’être née femme, pour dominer votre sexe, et assouvir la vengeance du mien, asservissant cette cour sous mon joug. Chacune de mes mesures serait épiée par ces vipères illettrées, et reliée à l’unique espoir de voir une quelconque manipulation de la mort de mon mari. Le licenciement de SaYoLe, garde du corps de ma fille, attirerait bien des foudres sur sa personne, et indirectement la mienne, et ceci, maître d’arme, je ne puis me le permettre…
SaYoLe est un gougeât, doublé d’un incompétent vaniteux et écervelé, épris des belles fougues de ma fille. Non pas qu’elle fut déplaisante au regard, mais il est outrageux de le voir ainsi rôder autour d’elle, comme s’il chassait un sanglier pur. La bête n’est autre que lui-même, et à ce règne de terreur…

Les pas de la duchesse la menaient droit vers l’homme, et sa poitrine effleurait à présent le torse du maître d’arme. Ses yeux dans les siens soulignaient toute la tension et la détermination d’un échange grave et délicat, et ses lèvres en emphase laissaient échapper un doux murmure, gage de mort..

… Il faut y mettre un terme !

Les mots cruels de la duchesse émanaient jusqu’aux lèvres d’Aldénor en un souffle parfumé. Elle reprenait, lentement.

Il est nécéssaire que nous parvenions à éradiquer toute insubordination sans éveiller le moindre soupçon. Aegar De Sainte-Berthilde rôde en ces lieux, et croit sa suprématie inébranlable. Au moindre faux pas, tout l’empire de mon mari s’effondre. C’est pour cela que je vous ai convoqué. Veillez à éloigner SaYoLe d’Ashenie, le plus rapidement possible, et à donner à l’homme une éducation militaire suffisante, afin qu’il se tienne au respect de la pucelle De Langehack…

La duchesse baissait la voix, et approchait ses lèvres de celles du mettre d’arme, épanchant son murmure sur ses lèvres.

… Sa protection m’importe plus que tout au monde, elle sera la vitrine de vos compétences. Prenez en soin, bien soin… Elle est votre mission la plus importante, après la survie du duché. Croyez-le, je suis prête à tout... pour motiver vos envies. »

La duchesse laissait ses doigts effleurer la joue d’Aldénor, et souriait.

La duchesse avait quelque chose d'envoûtant. Aldénor n'y avait pas fait attention avant, c'était son employeur et l'on ne mélangeait pas le travail et la plaisir malgré que la fille de ce riche commerçant avait montré qu'elle avait de quoi faire oublier ce dicton plus d'une fois et avec une fougue plutôt rare pour le maître d'œuvre qui avait du faire preuve de droiture et de rudesse des heures durant.
Non vraiment, le travail et le plaisir n'était pas à mélanger bien que la duchesse semblait avoir la même fougue et la même exigence de performances que cette petite... Mais là c'était une noble. Une veuve en plus et qui par dessus tout le payait pour tenir sa garde. Cependant elle avait vraiment une présence envoûtante et charmante même pour un homme comme Aldénor, habitué à côtoyer les femmes et à en faire des proies. Même s'il ne se sentait pas proie ni à la merci de la duchesse il n'était pas à l'aise et espérait que la discussion dérive sur un sujet où sa suprématie était assurée : la guerre et la formation des soldats.
Les machinations du pouvoir le rendait sceptique. Il n'avait rien contre et les jugeaient nécessaire, il fallait bien des armes pour chacun, fussent-elles moins nobles et honorables. Mais de là à parler de décapiter un homme... enfin de temps en temps lui aussi avait fait des exemple pour inciter à une plus grande discipline dans les rangs. Mais là ce n'était pas un de ses hommes ni même un homme qu'il connaissait. Juste un imbécile de garde du corps qui pensait qu'il fallait coller son contrat de près pour être sûr qu'il soit en sécurité. Aldénor n'avait finalement que peu à reprocher à cet homme qui n'était finalement qu'un homme qui ne savait pas se maîtriser. Quand on n'est pas assez résistant pour éviter le charme de son contrat il faut nécessairement repenser son orientation professionnelle, c'est une question de survie.

" Euh... Je crois que je ne vais pas pouvoir faire plus que le former et l'entrainer, les aides au silence ne sont pas de mon ressort je le crains. "

Il était un peu étourdi. C'était probablement du à cette remarque ducale. Ils parlaient de la mort d'un homme. Stupide certes mais en parler de la sorte, avec autant de froideur et de détachement, était très inhabituel pour le maître d'arme. La mort il la connaissait et l'avait aperçu à travers de nombreuses batailles plus ou moins grandes mais s'y confronter sans guerre ni affrontement armé n'était pas dans ses habitudes. Peut-être que la présence féminine et pourtant si forte d'Esidenir n'y était pas pour rien, les effleurements la rendant désirable mais toujours piquante à l'image des roses si belles mais jamais sans leurs épines. Cela la troubla d'ailleurs lorsqu'elle se releva et que les yeux d'Aldénor plongèrent irrésistiblement dans le décolleté ducal comme ceux d'un enfants regardant la plus belle femme du village du haut de ses dix années. Il en rata un peu la compréhension de la phrase suivante et rosit légèrement.

" Je...
Non jamais...
Oui en effet...
J'en assurerais la garde autant qu'il vous plaira. "

Les mots étaient sortis seuls, sans aide et sans maîtrise, balbutiés pour les premiers, machinaux pour les derniers. Bien sûr la cour était le lieux de tous les dangers, il valait mieux se trouver en sécurité dans sa famille et si Ashenie devait se rendre là bas il lui faudrait une escorte digne de confiance et débrouillarde.
Soudain, les yeux du maître d'arme s'ouvrir en grand, fenêtre sur un esprit comateux mais néanmoins actif qui avait décelé une irrégularité. Toujours en alerte, c'était ainsi qu'il devait être et c'était ainsi qu'il était.

" Le bras dites-vous ? "

Il regarda la duchesse interloqué, pensif et soupçonneux. Un regard dur mêlé d'incompréhension. Un garde au bras de son contrat c'était plutôt inhabituel et mal venu, surtout venant de la famille de Langehack, connue pour son extrême respect des coutumes et des traditions. Cette faute était peut-être minime mais connaissant les mœurs locaux cela paraissait fort improbable. Cependant, c'était peut-être une mauvaise compréhension de la part du soldat un peu perdu sous les volutes musquées d'un parfum que seule une noble pouvait avoir : pouvoir et délicatesse. Il se contenta donc de cette interrogation suspicieuse, ne cherchant pas à aller trop loin dans ce qui devait être une erreur.
La discussion revint à un domaine maîtrisé, le sortant alors de sa torpeur que seul cette symphonie d'effluves idylliques pouvait provoquer chez le demi-elfe. On revenait à la guerre, les affaires intérieures et la gestion. Sayole et Aegar, deux coquins comme il existait peu en ces terres. Si le premier cherchait à conquérir la fille, le deuxième visait probablement la duchesse ou au moins le duché. Aucun des deux ne devait avoir gain de cause, il en allait de la réputation de Langehack, de l'avenir du maître d'arme et de la prospérité de sa récente Corporation.

" N'ayez crainte, avec toutes ces tensions un accident est si vite arrivé... Les hommes du marquisat auront voulu corrompre mes hommes qui se seront défendus et dans la panique générale ce... garde du corps aura pris un coup d'épée entre les deux omoplates. Le marquisat perd la face et vous vous débarrassez de sa présence pour de nombreuses décennies quand à ce vulgaire insecte il ne sera plus là pour attenter à la pureté de votre fille. "

Un sourire malin, presque carnassier, se dessinait désormais sur les lèvres d'Aldénor. Il en devenait tout à fait charmant de machiavélisme, un véritable chérubin, ne manquait plus que la bouche en cœur pour attirer une femme.
Mais si elle lui parlait de motiver ses envies là il y aurait un peu plus de mal à résister. L'envie du moment n'était vraiment plus à l'inspection des chambrées ni à quoi que se soit. Aldénor n'avait pas d'envie présente en tête, du moins pas directement. A bien y réfléchir l'envie de se marier à Esidenir ou sa fille était présente, il s'assurerait ainsi un titre et des terres. L'envie de tuer Aegar et sa troupe aussi, pour sauvegarder un patrimoine éventuel. Tuer Sayole aussi pour s'assurer la pureté d'Ashenie...
Mais toutes ces idées n'était pas concrètes, juste des fantasmes, restés dans une prison mentale, attendant la moment propice pour se libérer.

Au serment de l’homme, prouvant ainsi une nouvelle fois ses grandes ambitions et ses capacités diverses, la duchesse souriait sereinement. Une satisfaction tendre et douce s’éprenait de ses lèvres pulpeuses, rougeâtres et avenantes, d’un coloris passionnel intense et perditif. Oeuvre fantasmagorique de l’extase, la duchesse rayonnait d’un atour plus puissant même que la déesse de la luxure, en ces temps chaleureux de perte masculine. Sa main effleurait suavement le bras musclé d’Aldénor, avec toute sa douceur de femme. Semblant acquise et triomphante pourtant, elle se détournait de lui avec une lenteur délectable.

Elle soupirait un instant, tendrement, le regard pétillant. Son pas lent tournait de nouveau autour du valeureux militaire, à la carrure saillante si avenante. Toutes ces effluves étaient certes d’une grande beauté, mais pas moins dénués d’un ridicule certain. Oh, non pas qu’elle remettait en cause la volonté de l’homme, mais son ignorance de cour était flagrante. Il était en revanche si attaché à ses préceptes, qu’il en était attachant. Dévoué et intelligent, elle le savait plein de potentiel, et son acquisition était un précieux trésor pour le blason de Langehack. Jouait-il seulement un jeu de soldat ? Il en était en tout cas si séduisant.

La voix de la duchesse s’élevait, belle et sensuelle, au magnifique parfum de sulfure. Savante, elle connaissait bien ces faiblesses masculines que de se laisser attraper par la moindre note douce, et évocatrice des plus doux plaisirs menant aux convois du ciel.

« - Oh, cher maître d’arme… il ne s’agirait hélas que d’un bannissement, une mise à mort morale, et non physique… Oh non, cela ternirait bien trop ma réputation. Par ailleurs, le tumulte de Sainte-Berthilde me semble être parfait en tout point, à l’exception près que la cour s’empressera de nous railler. Eh, quoi ! Ne saurions nous pas maîtriser la garde de Sainte-Berthilde au point qu’elle parvienne au protecteur de la belle Ashenie, soit, jusqu’à elle, et ainsi, la mettre en péril… Nous avons déjà de quoi nous exposer, victime des drows comme le royaume. Une faille de plus nous enfoncerait dans l’incapacité, plutôt que l’infortune. C’est pour cela que votre fouet se doit de dompter cet animal nuisible, sans que personne ne le sache… et qu’il nous soit dévoué à jamais.
Cependant, j’oserais vous demander… quelle est votre priorité en ces lieux, Aldénor... ? »

Ses mains, survenues de l’arrière, l’effleuraient de façon significative. Lui serait-il dévoué.. ?

Ha... Zut... Juste un bannissement. C'était quand même plus simple d'accuser un autre duché de meurtre et d'obtenir gain de cause auprès de la couronne. Le bannissement laissait des témoins lui et ne garantissez en rien la bonne grâce du roi qui pouvait se laisser tenter par les mots d'un serviteur déçu et aigri. Même s'il n'était guère partisan des exécutions, cela lui semblait la meilleure façon de s'en tirer. Les troupes de Sainte-Berthilde étant là pour couvrir cela. Enfin bon, il n'allait pas commencer, si la duchesse ne voulait pas de cela il n'en ferait officiellement rien.

" Pour un homme impulsif, il aura voulu prendre part à un échauffourée concernant la pureté de votre fille... Ou bien, lors d'un échauffement trop poussé il n'aura su éviter un coup... En tous les cas, si telle est votre volonté il ne lui sera fait aucun mal mais je dois vous informer que cela n'est guère plaisant, un homme outrecuidant se doit d'être corrigé. Une correction exemplaire lorsque l'affront est tel et qu'il offense une dame, une duchesse de surcroît. Mais surtout une femme si élégante, raffinée et adorable. "

Quelle était sa priorité... Vaste question dont la réponse n'était pas moins immense. Amadouer sa maîtresse était sans doute le tout premier de ses vœux. Il permettrait aux autres de devenir des réalités, du moins il l'espérait. Mais cette réponse n'allait certainement pas lui plaire, surtout qu'elle semblait mettre beaucoup d'entrain à le charmer. Elle avait un très beau corps, des expressions parfaites mais c'était une femme de pouvoir et était dangereuse. Mais il fallait faire son jeu afin de mener des projets plus personnels à terme.

" Ma priorité est d'être au service de Langehack et de sa duchesse, duchesse.
Soyez assurée que s'il vous faut un champion pour défendre votre honneur, j'en serais. "

Il lui sourit franchement. Même si ses projets étaient moins avouables, ils n'étaient pas sans la duchesse ou sa fille donc même si ce n'était pas là sa priorité première, elle revenait derrière chacune. Sans le soutien d'Esidenir il ne pourrait rien faire.

La duchesse hochait la tête, d’un air calme et sûr. Elle semblait apprécier ce qui constituait l’homme, et se complaisait de le détailler avec sérénité et passion. Elle laissait virevolter autour d’elle cet exquis parfum de luxure et d’extase. Ses atours sulfureux embrasaient l’air, et caressaient les yeux d’Aldénor avec une ferveur ingénue, une magnificence au delà de toutes attentes. Elle était l’avatar même de la succube à la poitrine rebondie, et aux formes tentatrice, vilénie du monde à savoir trop attiser la bave masculine jusqu’à son ébullition. Sa main se portait à la joue d’Aldénor, et effleurait avec soin les aléas de sa peau semi-elfique.

Elle virevoltait dans les méandres de ses parfums envoûtant. Ses grâces chantantes s’épandaient dans les airs, subtile et délicate, tandis que sa voix s’élevait doucement. Belle et sensuelle, elle savait les gammes de la séduction dévastatrice contre tout être masculin fougueux, prêt même à en oublier l’amour. Ses cordes vocales chantaient lentement les aléas de la passion ardente, au cœur de venin ; une voix douce et d’une attraction indéniable. Machiavélique au plus haut point, elle revêtait le masque ivoire de l’hypocrisie naturellement voilée sous la vertu charmeuse. Elle était pourtant d’une expertise troublante…

« - Vous me voyez ravie, cher maître d’arme, de votre dévouement si délicat. C’est ainsi que j’aime savoir les hommes que je côtoie, sans en enlever l’ascendant viril… Que votre tâche soit délicate, et vous savez où me trouver si un trouble vient… échauder votre esprit. Pour l’heure, vos fonctions vous attende, et vous avez à votre disposition toutes les relaxations de cette maison, voyez Ludmilla pour quelques précisions…
Ce sera tout, mon doux Aldénor. Puissiez-vous mener notre tâche à bien. Je compte sur vous… »

La duchesse se détournait lentement de l’homme dans une caresse ample et délicate. Elle comptait indéniablement sur lui, et attendait la plus franche dévotion. Un fin sourire arborait ses lèvres. Elle offrait son dos, sa nuque et ses taille fine au regard du semi-elfe, avant de disparaître dans quelques autres quartiers, escortée de la fidèle Triomphe. Quelques éclats de voix féminins s’entremêlaient indistinctement au nom du maître d’arme.

Décidément cette duchesse était étonnante. Première entrevue avec elle et déjà elle ne cachait pas son jeu de sulfure et de provocation. Une femme fatale pour une grande partie des hommes. Les pauvres hères, attirés par l'appel lancinant de leur virilité excité aux senteurs de luxure, devaient être nombreux à tomber sous le joug de ce charme exacerbé et à peine voilé. Mais même les plus belles roses ont des épines, les fleurs les plus odorantes et les plus délectables ont toujours un très bon moyen de défense contre les insectes venus s'en délecter.
Aldénor, bien que très sensible à ce déballage d'atours tous aussi séduisants les uns que les autres, n'ignorait cependant rien de cette dangerosité latente. Il s'était développé une personnalité rivalisant à souhait avec ce genre de femmes et ne manquait pas d'en jouer, même en un jour aussi important pour sa carrière. Cependant il n'était pas à l'attaque des sentiments d'Esidenir et ne pouvait exercer pleinement son art de séducteur. Son arme d'aujourd'hui était juste la résistance limite. Celle qui montre à son adversaire que l'on résiste à son enchantement tout en montrant que l'on y est sensible. La plupart de ces femmes n'aimait pas la résistance d'un homme et faisaient tout pour qu'il leur cède tombant inexorablement dans des sentiments dont elles se gardaient guère avec leurs proies habituelles, trop faibles pour montrer une quelconque résistance.
Lorsqu'elle eu finit, il se leva, un sourire charmant aux lèvres et se dirigea vers la porte l'air fier et les yeux distant de cette beauté fatale bien que toujours fixé à un corps parfait à lui faire regretter son mariage.

" Je n'y manquerais pas duchesse. Votre accueil des plus chaleureux et votre offre généreuse ne peuvent que faire mouche dans le cœur d'un homme dévoué et fidèle. "

Il fit une révérence appuyée et marquée d'un profond respect puis se détourna d'elle après un regard fiévreux qu'il envoya à sa maîtresse. Elle n'aurait pas manqué de le voir et aurait loisir de l'analyser comme un signe évident d'un cœur chancelant à la débauche de délicatesse ducale.

» L’avènement d'une duchesse. (Terminé)
» Détails du Duché d'Erac pour le Mariage & Le couronnement
» Entretien avec la Duchesse. [Terminé]
» [Correspondances] Une Duchesse pour le Langehack ? (Trystan)
» Pour Soltariel [terminé]

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