Un discours constructif [important]

Synopsis :
Panahos la deuxième semaine de Karfïas, sur la grand place de Diantra, capitale des Royaumes humains, un appel général avait été lancé depuis quelques jours par le maître d'arme qui, après moult dépenses en communication. De plus, il avait fallu payer la garde afin de protéger l'estrade mais également de pouvoir apposer des affiches sur les murs de la capitale. Toute cette organisation avait un prix, un prix très élevé qui dépassait allègrement sa solde de deux mois. Mais l'évènement était assez rare pour attirer et pour marquer les esprits. On ne commençait pas l'aventure d'une guilde au hasard et peu de personnes se lançaient alors forcément la populace ne pouvait rater cela et peut-être même que de riches marchands ou des nobles viendraient. De toute façon ils ne tarderaient pas à e entendre parler, leurs intérêts économiques les pressaient souvent plus que le bien-être de leur peuple et fort heureusement la guilde répondait parfaitement aux besoin des deux catégories.

Le message était clair et avait été longuement martelé sur tous les murs pouvant recevoir une affiche ainsi que dans toutes les rues où crieurs déambulaient. Toute la ville le savait et la plupart des environs. Le bouche à bouche était le meilleur moyen de communiquer et les rumeurs allaient grand train. L'unique question qui hantait Aldénor était de savoir si les puissants seraient là. A priori peu il en était conscient mais peu à peu ils verraient que cette guilde n'était pas un de ces cercles de trafiquants ou de voleurs mais bien une grande organisation présente partout avec qui il faudrait compter à l'avenir. Mais pour cela il faudrait convaincre les petits pour que les grands suivent l'évolution naturelle des choses.
Se furent les tambours qui annoncèrent le début des évènement. Une escorte amena le maître d'arme à l'estrade pour se déployer tout autour, formant une barrière qu'il ne ferait pas bon franchir. En effet, les nouveautés faisaient parfois peur à certains et l'on avait déjà vu des orateurs périr par un excès de confiance , une garde trop petite ou une avarice trop grande. Finalement, il prit la parole, sa voix amplifiée par des effets magique entourant la place. Là aussi les dépenses magique avaient été colossales. Des amplificateurs de voix, des réflecteurs d'images. Le discours serait visible sur plusieurs centaines de mètres alentours et audible à des kilomètres.
Les dépenses s'étaient élevées à pas moins de mil cent écus pour l'organisation et la promotion de ce lancement. Un investissement qu'il espérait rentable.

Bonjour à tous !
Je me prénomme Aldénor et je suis actuellement maître d'arme à titre indépendant. Toutefois je ne viens pas vous parler des armes ni de mon art. Je ne vous ai pas fait espérer du changement et du renouveau pour vous rappeler que les guerres sont là et que se sont les militaires qui les font. Non... Je suis tout simplement venu parler de Miradelphia.
Miradelphia... Quelle vaste contrée ! Verdoyante pour les elfes, Montagneuse pour les Nains, Sombre pour les Drows, pourvoyeuse de Pouvoir pour les Humains. Toute race y trouve quelque chose à faire, aucune n’est lésée ni laissée dans son coin. D’ailleurs les occasions de se rencontrer sont légions notamment grâce aux guerres atroces issues de haines viscérales dont la plupart des combattants ignorent les origines. On dit que, on pense que, les Dieux savent et toutes ces sempiternelles fadaises que l’ont raconte à tout va. Chacun à le droit de le croire mais je sais une chose qui elle n’est pas une histoire pour galvaniser les peuples à une boucherie où peut importe le nombre de morts tant que les souverains sont contents de leur bain de sang. Je sais que ce monde n’est pas voué à l’échec des stupidités. Je sais que le monde où nous vivons n’est pas un champ de bataille géant où les hommes meurent pour des idéologies futiles et inutiles. Je sais que l’argent domine le monde et qu’il appartient à tous de développer les relations par l’échange, le commerce et les valeurs pour cesser ces carnages. C’est pourquoi aujourd’hui, j’en appelle à tous, à toutes les races et tous les êtres dotés d’un minimum de sens. Après tout, qu’importe que l’on soit Drow, Elfe, Nain, Humain ou métissé tant que ce qui nous importe est le bien de notre race.

Si notre avenir dépend obligatoirement de l’argent, nous ne pouvons le modeler qu’avec le commerce. C’est la seule voie pacifique possible au développement de nos races, c’est la seule voie intelligente à une vie saine. Ensuite, libre à chaque peuple de suivre la direction qu’il préfère mais je crains fort que ces basses considérations guerrières ne passent bien loin au dessus aspirations de nos concitoyens.

Je lance un appel à tous ceux qui face à la peur, face à la régression et face à la destruction ne trouve un refuge que dans la paix de l’âme et le repos de l’esprit ! J’appelle tous les peuples à former une union commerciale ! Je vous appelle pour construire aujourd’hui le monde de demain ! Le commerce est la voie du développement pour les riches propriétaires, qui pourront profiter d’une saine émulation pour augmenter leurs profits et participer au bien-être de peuple mais également pour les pauvres qui profiteront de prix moins élevés, de plus choix de produits, d’une meilleure qualité de service marchand et de plus de possibilités pour sortir de leur misère quotidienne !
Tous, vous êtes acceptés ! Tous vous pourrez dès demain promettre un avenir meilleur à votre descendance !

Je voudrais vous dire à vous également qui êtes présents aujourd'hui que même si vous détestez les drows, même si vous pouvez hésiter à serrer la main d'un nain ou que les hybrides vous dérange. Même dans ce cas là vous ne pouvez qu'espérer la paix. Pour vous qui exploitez vos terres et qui voyez vos récoltes réquisitionnées pour nourrir les soldats vous laissant alors dans l'incapacité de vous nourrir. Vous aussi qui avez vu votre travail anéanti par les guerres, vous encore qui êtes obligé de prendre une escorte de plus en plus nombreuse et de plus en plus cher pour ne pas mourir sur les routes commerciales. Vous enfin qui voulez développer votre royaume, votre entreprise, votre commerce et qui subissait sans cesse des attaques.
Vous tous, que vous soyez riches ou pauvres, influents ou non, humains ou non, vous tous n'aspirez qu'à une seule chose : de la tranquillité.

Et la Corporation vous l'apportera. Nous vous aideront du mieux que nous pourront à vous développer, à vivre mieux et plus longtemps. Plus vous serez nombreux avec moi plus nous pourront montrer aux autres que le commerce permettra de mieux vivre entre nous. Les guerres il y en aura toujours et vos rêves d'extermination seront peut-être assouvis mais au moins vous n'aurez plus à en souffrir comme actuellement, vous n'aurez plus à craindre pour votre vie en plus de celle de vos soldats, vous pourrez vivre paisiblement chez vous sans crainte d'une taxe supplémentaire qui vous pousserait à une mort lente, faute de vivre.

Rappelez vous que c'est aujourd'hui que tout commence, aujourd'hui que vous pouvez choisir de devenir un marchands plus libre. Aujourd'hui vous deviendrez un seigneur plus riche et plus puissant. Aujourd'hui vous deviendrez un ouvrier plus heureux et mieux nourri. Aujourd'hui vous deviendrez un roi aimé, adulé et admiré de tous. Aujourd'hui vous deviendrez un guerrier plus noble aux yeux de votre peuple !

C'est sur cette dernière phrase qu'il stoppa son discours dont le ton était monté crescendo avec une fougue et une ferveur sans pareil que nul être au monde n'avait su révéler jusqu'alors. En effet, les discours des seigneurs étaient rarement enjoués puisqu'ils étaient souverains de fait et n'avaient que peu à prouver à leurs peuples. Les exhortations militaires n'étaient là que pour motiver et rarement pour convaincre. Les soldats connaissaient leur métier, ce n'était que pour les galvaniser et non les convaincre.
C'était donc un sentiment de fierté et une impression du devoir bien accompli qui envahissait Aldénor à la fin de son discours malgré les quelques hués qu'il avait eu à subir par moment, notamment lorsqu'il avait parlé de paix des peuples et de drows. Mais il savait qu'il aurait à le subir et avait clairement expliqué qu'un jour un peuple vaincrait...
Un tonnerre de hourras et d'applaudissements se fit entendre. De nombreux commerçants et marchands avaient été sensibles aux mots du maître d'arme. Mais il restait encore beaucoup à faire et il le savait. Il n'avait là que les premières pierre d'un édifice qui se voulait immense, solide et à l'architecture irréprochable.

Il était maintenant le temps des questions et surtout des réponses. Les personnes présentes étant invitées à prendre la parole pour se renseigner sur la guilde et sur ses spécificités.

Etheldred avait fait le déplacement pour écouter le discours. Elle estimait que la moindre des choses était de savoir ce qui se passait autour d'elle. Il y avait donc un elfe - du moins ce fut ainsi qu'elle vit l'orateur de loin - qui avait l'air passionné par ce qu'il annonçait. S'appuyant contre un mur et se faisant discrète, elle écouta plus attentivement ce qu'il racontait. Aldénor, maître d'arme, avait-elle entendu au début. Elle pensa d'abord à un recrutement pour l'armée, mais apparemment elle s'était trompée.

" ... Miradelphia... Quelle vaste contrée ! ... "

Elle décrocha un bref instant songeant qu'ils avaient affaire à un beau parleur aimant les discours pompeux. Bon, alors, que voulait-il au juste ? Il n'allait pas leur faire croire qu'il venait faire de la poésie ? Elle se reconcentra sur ce qu'elle écoutait tout en observant les réactions des gens alentours.

Oh, il parlait de paix entre les peuples... S'il continuait comme ça, elle aurait un patient sous peu, pour coups et blessures : le bon peuple de Diantra était loin d'avoir l'esprit ouvert, elle était bien placée pour le savoir. D'ailleurs, on entendait déjà quelques sifflets.

" ... Si notre avenir dépend obligatoirement de l’argent, nous ne pouvons le modeler qu’avec le commerce. C’est la seule voie pacifique possible au développement de nos races, c’est la seule voie intelligente à une vie saine... "

L'idée attira son attention. développer le commerce entre les peuples était effectivement malin, si on voulait éviter la guerre. On n'attaque pas celui qui nous fourni en produits divers. Mais comment à l'heure actuelle, alors que les hostilités étaient ouvertes, on pouvait penser à une telle chose ?

" ... Je lance un appel ... "

Elle décrocha à nouveau, assez peu sensible aux grands discours éloquents et fort peu concrets. Elle avait eu sa dose à Alonna quand il s'agissait de démontrer par A plus B que ça valait la peine de se défendre jusqu'au bout à de pauvres paysans dépassés par les événements.

" ... vous tous n'aspirez qu'à une seule chose : de la tranquillité... "

Ah, la tranquillité... Elle y avait renoncé depuis un moment. Avec l'ouverture des hostilités, c'était du domaine de l'utopie.

" ... Et la Corporation vous l'apportera. "

Etheldred reporta son attention sur Aldénor avec une moue perplexe. Si ce n'était pas maintenant qu'il parlait concrètement... Moui, bon, pour le côté concret et pratique, il repasserait. Elle applaudit machinalement, plus par politesse qu'autre chose, tout en réfléchissant. Cet elfe était un bon orateur, à n'en pas douter. Il avait sans doute des idées, on ne mettait pas ce genre de chose en place sans y avoir murement réfléchi. Mais il n'avait fait que de belles promesses et sa seule explication était "les peuples vont commercer ensemble". Enfin, maintenant qu'elle y pensait, tout cela était tellement enrobé de belles paroles qu'elle n'en était même plus sure.

Elle hésita à rentrer chez elle, considérant que les belles idées des grands de ce monde ne la concernait pas, mais elle estima que si cette guilde - quel nom déjà ? La guilde marchande ? - prenait de l'ampleur, elle y serait confrontée tôt ou tard. Sa grand-mère, en bonne commerçante, n'aurait jamais laissé passer une telle occasion de se renseigner. Elle décida qu'il était temps de suivre les sages conseils de cette dernière.

Se frayant un chemin à travers la foule pour se rapprocher un peu de l'estrade, elle fit un effort sur elle-même pour prendre la parole en public. Elle leva la main timidement avant de lancer :

" Excusez moi, mais concrètement, que proposez vous aux marchands de cette ville, par exemple ? "

Elle se sentait déjà s'empourprer de parler devant tout le monde et elle détestait ça. Enfin, ce n'était pas bien grave. Avec un peu de chance, elle aurait une réponse claire.

L'atmosphère était toujours électrique mais légèrement retombée afin de permettre des prises de parole. En effet, toutes les personnes présentes n'avaient pas forcément une voix imposante ni une aisance oratoire, il fallait bien leur laisser une possibilité de s'exprimer audiblement, il n'allaient pas crier ou hurler plus fort que la foule attroupée.
Une première voix s'éleva finalement, situé en un charcutier bien gras et une marchande de légume toute aussi grasse. C'était à se demander si elle mangeait ses légumes ou la viande de son voisin...

" Excusez moi, mais concrètement, que proposez vous aux marchands de cette ville, par exemple ? "

Du concret, on lui demandait du concret... La belle affaire. Il était venu faire rêver un peu, expliquer les grands axes de sa guilde et pas faire de la vente à domicile. Bien sûr qu'il faudrait en faire mais ce n'était pas vraiment le moment... Enfin bon, on lui demandait, il n'allait quand même pas la remettre à sa place en public, devant un auditoire en partie conquit qu'un tel comportement pourrait refroidir à l'idée d'entrer dans la Corporation Marchande. De plus, c'était un très joli bout de femme qu'il aurait grand plaisir à mieux connaître. Si elle venait dans la guilde, il aurait alors ce loisir là sans que Marion ne puisse rien trouver à redire...

" Question pertinente en effet. Vous comprendrez que je ne puis tout révéler de mes méthodes non pas par tromperie ou perfidie mais juste pour que certaines personnes ne m'empêche pas de mener à bien cette tâche. En effet, je doute que mon entreprise ne soit bien considérée par tout le monde. Il y a des personnes qui pourraient croire que la Corporation leur nuira, tout le monde n'est pas aussi ouvert à la nouveauté. Trop en révéler pourrait s'avérer dangereux pour moi, ma guilde et pourrait alors vous nuire indirectement... "

Il posa fermement ses mains sur le pupitre en bois trônant devant lui et afficha une mine réjouie. Le genre de visage qui donne confiance et qui montre que l'on a confiance en soi, en ses capacités, en sa guilde et en ses idées.

" En fait c'est très simple. Nous allons travailler avec les nobles afin d'augmenter leurs dépenses en infrastructures mais également pour baisser leurs taxes sur les produits. Dès lors, les produits que vous achèteraient seront moins chers.
Diantra étant la capitale humaine, elle est naturellement mieux desservie et mieux entretenue qu'un village de la forêt d'Aduram donc ces réductions seront probablement moins importantes...
Mais nous allons aider à l'augmentation des ventes et des achats. Des prix plus bas ici attireront des clients venus de plus loin pour en profiter. Quant à ceux déjà présents, ils en achèteront plus. C'est donc tout naturellement qu'un commerçant de Diantra verra ses recettes augmenter.
De plus, concernant ses approvisionnement, vous n'êtes pas sans savoir que de nombreux bandits pillent des convois un peu partout. Nous allons sécuriser les routes grâce à une milice. Dès lors, les convois arriveront entier et à l'heure, ce qui n'entraînera aucun surcoût pour les marchands. "

Il s'appuya fortement sur le pupitre pour finalement se remettre droit, toujours un sourire confiant aux lèvres. Il savait que ses arguments allaient porter pour bon nombre de commerçants. Ils connaissaient tous ce qui leur arrivait quand ils ne recevaient pas un convoi ou que celui-ci arrivait plusieurs jours en retard avec des ressources manquantes.

" Navré pour cet aspect technique auprès de ceux qui ne connaissent pas forcément l'activité commerciale. Cependant, je vous peux vous garantir que nous avons besoin de plus que des marchands. Il nous faut des guerriers pour constituer notre milice, des diplomates pour gérer les relations entre les peuples, des ouvriers pour exploiter les possessions de la guilde et tous les autre corps de métier existant. Personne n'est à l'écart, nous prodiguerons nos bienfaits à tout le monde sans distinction. "

Malgré ses premiers mots, Etheldred eut l'impression qu'Aldénor répondait à contrecœur. Finalement, elle aurait peut-être mieux fait de se taire. Elle ne voulait pas d'ennui, encore moins avec des gens mieux placés qu'elle. Mais tout compte fait, le maître d'arme sembla décidé à répondre. La suite sur le fait qu'il ne pouvait tout révéler la laissa dubitative et assez peu convaincue, mais elle préféra le cacher de son mieux. S'il ne venait pas pour informer les gens, à quoi rimait tout ça ? A rallier l'opinion du public, probablement, à se faire connaitre, à impressionner...

L'air sur de lui qu'affichait Aldénor n'était pas vraiment pour plaire à la jeune femme tant qu'elle n'avait pas eu de réponse à sa question. Fort heureusement, il reprit ses explications et elle lui prêta une oreille attentive. Elle hochait la tête légèrement au fur et à mesure, prenant note mentalement de ce qu'il disait. Les arguments ne la touchaient pas forcément directement, mais elle voyait suffisamment loin pour se rendre compte des bénéfices qu'elle tirerait de la mise en place de tout ça.

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle : ceux qui étaient encore là semblaient intéressés. En ce qui la concernait, elle restait perplexe sur la mise en place de ces promesses et n'avait pas tellement apprécié la dernière phrase grandiloquente. Mais après tout, c'était un détail, le contenu était bien plus intéressant que la forme. Et puis, on ne pouvait pas reprocher à un orateur de vouloir captiver son public : il faisait son travail après tout. Elle aurait bien posé une ou deux autres questions, mais elle craignait qu' Aldénor ne se montre pas aussi patient que la première fois. Elle finit par en retenir une seule et après avoir attendu un peu que personne ne s'adresse au maître d'arme, elle reprit :

" Si vous ne voulez pas donner vos informations maintenant et à tous, comment pouvons nous nous renseigner ? A moins que ce ne soit trop tôt ? "

Si c'était le cas... Elle espéra qu'elle ne l'avait pas froissé, mais après tout, elle aurait pu poser des questions bien plus dérangeantes si elle l'avait voulu. Du genre qui auraient fait lever la foule en colère " vous comptez donc vous alliez aux drows ?" ou bien " vous vous y êtes peut être déjà allié, vous êtes leur porte parole ? ". Aldénor avait soulevé un sujet qui risquait de lui causer bien des soucis et elle se demanda ce qu'il aurait trouvé à redire. Ou plutôt non : elle se demanda s'il aurait eu le temps face à la populace de s'expliquer. Mais elle ne cherchait pas d'ennui, juste à en savoir plus. S'il n'était pas prêt à répondre, elle en conclurait qu'il s'agissait juste de poudre aux yeux, elle rentrerait chez elle et ne s'en préoccuperait plus.

Encore une question posée. Cette dernière était très étrange puisqu'elle concernait la transparence de la Corporation. Pourquoi viser cet aspect alors qu'il pouvait y en avoir bien d'autres ? Pour sûr que la guilde était transparente mais elle ne pouvait se permettre de révéler ses secrets. Un magicien ne donnait pas ses trucs, un maître ne révélait pas ses arcanes au premier venu sans entraînement... Enfin il fallait répondre sinon on l'accuserait de cacher des complots ou des méthodes illégales... Comme si des marchands étaient des guerriers ou des politiciens...

" Comprenez bien que ma vie est en jeu. Il pourrait y avoir des fanatiques souhaitant ma mort pour ces activités marchandes. De plus, vous savez comment sont les rumeurs, volatiles et mauvaises. Une information mal interprétée pourrait donner cours à des rumeurs infondées voire totalement contraire aux buts de la guilde. Et enfin je ne peux pas tout vous révéler car certaines informations, si elles venaient à tomber entre de mauvaises mains, pourraient servir des causes moins justes.

Ce n'est pas par menterie éhontée que je cache certaines choses mais uniquement pour conserver la ligne conductrice de la Corporation et ne pas permettre à des personnes mal intentionnées de s'en servir. Le Conseil de Gestion est un organe créé à cette fin là : contrôler nos activités et les rendre publiques. "

Il s'était expliqué au mieux sur ce manque d'information et s'était voulu rassurant. Le Conseil était formé de façon à rendre une image fidèle de la guilde et pour rendre compte des activités de la guilde. Tout ceci était bien suffisant pour assurer la pérennité de la guilde et sa bonne foi. Il avait répondu a la question et en attendait soit une autre soit aucune et peut-être des demandes d'entrées dans la guilde.

Une fois de plus Aldénor sembla contrarié par la question et Etheldred se dit qu'elle aurait réellement mieux fait de se taire. Elle n'était pourtant pas habituée à parler à mauvais escient et la seule personne qui l'avait jamais trouvée bavarde était un nain... Enfin, apparemment, ses interrogations tombaient mal et visiblement le maître d'arme n'était pas là pour approfondir la question. Il ne devait sans doute pas la rembarrer juste parce qu'il voulait faire bonne impression sur le public. Aussi, quelle idée elle avait eu de s'imaginer pouvoir discuter sérieusement avec quelqu'un de haut placé. C'était pourtant simple comme système : on laissait les grands de ce monde s'entre-dévorer entre eux et on se tenait tranquille. Ça fonctionnait très bien. Aldénor était venu exposer ses belles idées du haut de son piédestal, qu'elle l'y laisse donc au lieu de chercher à éclaircir la situation !

" Comprenez bien que ma vie est en jeu. Il pourrait y avoir des fanatiques souhaitant ma mort pour ces activités marchandes. "

Elle eut une nouvelle moue peu convaincue qu'elle eut du mal à cacher. Oui, peut-être avait-il raison. Mais alors, s'il voulait jouer dans l'ombre, on se demandait bien ce qu'il faisait planté au milieu d'une estrade en pleine ville !

" De plus, vous savez comment sont les rumeurs, volatiles et mauvaises. Une information mal interprétée pourrait donner cours à des rumeurs infondées voire totalement contraire aux buts de la guilde. "

Sûr que s'il continuait à ne pas répondre aux questions, il aurait droit à son lot de rumeurs en tous genres. En tant que commerçante - même si elle répugnait à employer ce terme, considérant que soigner n'était pas un commerce - elle en savait beaucoup sur le sujet. Elle-même n'était pas du genre à colporter quoi que ce soit, mais il suffisait que deux patients se croisent chez elle pour qu'elle recueille malgré elle la vie des voisins du quartiers et les dernières nouveautés du marché. Et bien sur les ragots sont rarement très positifs...

Elle écouta la fin d'un air toujours aussi peu convaincu. Elle ne lui avait pas demandé d'exposer en long en large et en travers le fonctionnement de la guilde, mais un minimum d'information l'aurait intéressée. Peut-être que le badaud moyen aimait boire de belles paroles encourageantes, mais elle, elle ne s'en contenterait sûrement pas pour en conclure qu'Aldénor était le nouveau bienfaiteur du peuple. Enfin, puisque ses questions dérangeaient, elle les garderait pour elle. Se faufilant entre les gens, elle alla à à peine quelques pas pour s'adosser à un mur. Elle comptait écouter la fin, curieuse de savoir pourquoi Aldénor restait là à attendre des questions s'il ne comptait pas y répondre. Ou alors c'était encore pire que ce qu'elle imaginait : il avait payé des gens pour intervenir comme il le souhaitait en faisant semblant d'être du public. Elle avait vu ça, une fois, plus jeune...

En tous cas, pour l'instant, elle n'était pas du tout conquise par la guilde. Le principe, certes, était bien beau et elle n'était pas de ceux qui iraient se plaindre d'une union des peuples. Mais mis à part une jolie façade, il n'y avait rien... Les bras croisés et toujours adossée au mur elle attendit la suite un instant, puis, lassée, quitta les lieux. Si la guilde prenait de l'ampleur, elle en entendrait reparler bien assez tôt.

[hrp : TERMINE pour moi]

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