[Rues] Un mendiant dans les rues

Alors qu"un bourgeois vaque a ses occupations normales, en passant dans la rue, il remarque un pauvre aveugle, jeune, semblant faible, non, pour être honnête, il semble mourant, la vermine le ronge, la gangrène aussi avec un peu de chance, et le pauvre tend une main, criant, de sa petite voix faiblarde :

"La charité pour un pauvre aveugle!!!
Pour m'aider a manger, s'il vous plait..."

Il s'approche, le mendiant lève la tête :

"Monsieur, madame, la charité s'il vous plait, pour un aveugle...Ou je peux vous rendre un service, une course a faire, expliquez moi où c'est et j'y vais pour vous...Besoin de porter des objets, je suis là aussi...Je peux me rendre utile..."

Il passe votre main devant les yeux du mendiant, aucune réaction, pas le moindre mouvement, il est donc bien aveugle.

"Sais-tu où tu es mendiant?"

"Dans une ville portuaire, a l'odeur, dans un quartier riche, enfin, pas pauvre, les rues sont dégagées et assez larges, pour la ville je veux dire, les bourgeois doivent y passer...."

le bourgeois sourit, il dit vrai, c'est une artère rincipale de cette petite ville portuaire.


"Et quel temps fait-il?"

"Il fait grand soleil, je sens sa chaleur sur ma peau, mais le vent souffle et peut être que des nuages approchent, les gens ferment leurs fenetres..."

Interloqué, il le regarde:

"Tu es sur d'être aveugle?"

"oui, mais mes autres sens sont plus forts du coup..."

"Hummm....."

Le bourgeois passe sa route, souriant, laissant une petite piècette dans la main de l'aveugle.

Sur le chemin menant à Diantra, il y avait la ville portuaire d'Ydril. Après un long voyage notre princesse avait envie, et surtout besoin, de se reposer. La route avait été bien longue, depuis Alëandir.

Elle arriva dans une grande artère de la ville, une rue large et dégagée qui sentait l'air marin et les épices des marchands. Ses pas se firent plus lents alors qu'elle s'arrêtait parfois pour contempler un bijou ou sentir une épice. C'était si lumineux, si vivant...

Son regard fut soudain attiré par une ombre recroquevillée contre un mur, un homme qui semblait bien mal en point. Elle n'avait jamais vu de mendiant, à Alëandir tous les elfes avaient de quoi se nourrir et se loger. Aussi, elle fut immédiatement intriguée et s'approcha de l'homme sans même savoir qu'il était aveugle.

"Bonjour... Que faites-vous par terre ? Avez-vous besoin d'aide ?"

Elle s'accroupit devant lui, le regardant en face. Sa voix était douce et jeune, sans doute ne devait-elle pas avoir plus de seize ou dix-sept ans, à l'oreille. De sa voix quelque chose transparaissait. De la noblesse, un léger accent étranger... Elle n'était pas d'ici.

Des pas, encore, mais si leur son croissait en s'approchant de lui, il décroissait plus vite encore,lorsque les gens le fuyaient.
Il ne prêta donc pas plus d'attentions a ceux de la jeune femme, ce fut un tort, mais Maniel n'a jamais été connu pour ses décisions intelligentes.


La voix, jeune, douce, étrangère, dit :

"Bonjour... Que faites-vous par terre ? Avez-vous besoin d'aide ?"

Maniel sourit et répondit, heureux qu'on se préoccupe de lui :

"Bonjour ma Dame, puisque vous proposez votre aide...J'ai besoin d'un peu d'argent pour manger, mais...je peux vous aider moi aussi, en portant vos sacs par exemple, ou en portant un message pour vous?"

Il attendait la réponse, plein d'espoir, il était fatigué et assoiffé, quelques pièces seraient utiles pour amadouer le tavernier, et peut ,être après un verre ou deux, dormir dans l'écurie plutôt que dehors dans la rue.

Le pauvre homme avait l'air si mal en point, si pauvre, si faible, si seul qu'Illydril n'eut pas le coeur à le laisser là. La jeune femme avait pour réputation d'être la plus douce et bienveillante des princesses, et sa réputation n'était pas volée. La réponse du mendiant l'attrista encore plus. Elle n'avait pas remarqué tout de suite qu'il était aveugle, mais à bien y regarder, ses yeux étaient différents... Elle approcha son visage de celui de l'homme, sans la moindre réaction de la part de ce dernier. C'était bien ce à quoi elle pensait. Alors, malgré la saleté qui recouvrait les vêtements de l'inconnu, elle posa une main délicate sur son épaule.

"Vous êtes aveugle."

Ce n'était pas une question mais un constat.

"Comment les gens ici peuvent-ils laisser un pauvre aveugle errer seul dans les rues, sans boire et sans manger, sans même un toit pour dormir ?"

On pouvait ressentir dans ses paroles qu'elle était outrée par le comportement annodin des gens qui passaient, la regardant comme une pauvre folle. Pourtant, Illydril s'en moquait. Elle regardait toujours le jeune homme.

"Venez, je vais vous aider à vous lever. Nous allons manger, dormir, puis je vous donnerai un peu d'argent pour continuer votre route..."

Agréable, sympathique et peu regardante sur son argent. Le mendiant était tombé sur la perle rare... Elle commença à l'aider à se lever en le soutenant.

"Au fait, quel est votre nom ?"

Elle ne dévoilerait le sien qu'après avoir entendu celui de l'homme. C'était ainsi que cela fonctionnait, dans sa tête.

La jeune femme parut étonnée en remarquant sa cécité, il se contenta d'un bref "oui" même si ce n'était pas a proprement parler une question, le ton de sa voix l'indiquait.Il indiquait aussi qu'elle était outrée....étrange, il avait toujours considéré que son existence misérable allait de soi, d'ailleurs personne ne s'était donné la peine de tenter de le détromper...

"Comment les gens ici peuvent-ils laisser un pauvre aveugle errer seul dans les rues, sans
boire et sans manger, sans même un toit pour dormir ?"

"C'est a dire ma Dame, que je ne suis pas très utile, et que pour manger, il faut gagner sa pitance....Quand a dormir, au plus froid de l'hiver, je trouve toujours une écurie accueillante, ou bien juste mal fermée, dans laquelle je dors jusqu'au petit jour, avant d'en disparaitre."

"Venez, je vais vous aider à vous lever. Nous allons manger, dormir, puis je vous donnerai un peu d'argent pour continuer votre route..."

Manger, dormir et de l'argent...quelle aubaine...Maniel n'en revenait pas....

"C'est...c'est bien trop, laissez moi dans ce cas faire quelque chose pour vous, pour mériter cette attention...et cet argent."

Il se leva toutefois, ses scrupules étaient réels, mais bien moins que sa faim et sa soif, et puis...si elle voulait dilapider son argent pour un mendiant....tant mieux pour lui.

"Au fait, quel est votre nom ?"

"Je me nomme Maniel, et vous ma Dame,vous devez être la fée Clémence, dont on parlait dans le livre que cette mère racontait a ses enfants l'autre jour.....N'est-ce pas?"

Il y avait réfléchi, un être si gentil ne pouvait être qu'une fée, une de ces fées dont parlait, trois jours plus tôt, un maman, dans une sorte de parc. Sans doute racontait-elle cela a ses enfants, dont on entendait les cris émerveillés ou inquiets, selon le passage.

Il avait aquiescé lorsqu'elle avait remarqué sa cécité. Ainsi, elle avait vu juste. Elle en voulait aux hommes, qui contrairement aux elfes laissaient les leurs mourir de faim dans la rue. Il faudra qu'elle en parle au roi Ultuant, en le rencontrant. Peut-être pourra-t-il faire quelque chose...

Le mendiant sembla rayonner de joie lorsqu'elle lui proposa de lui offrir le gîte et le couvert dans une auberge, sans oublier quelques pièces pour poursuivre sa route. On aurait dit que jamais personne n'avait fait ça pour lui auparavant. Et elle était bien aise de l'aider. Chez les siens, on aidait son prochain tant qu'on le pouvait. Toujours.

L'aider, hein ? Il pourrait certainement l'aider, oui, mais elle ne voulait rien lui demander. pas pour le moment, du moins. Avant toute chose, il devait se nourrir. D'ailleurs, il se leva, sans doute acceptait-il la proposition de la belle.
A la demande de son nom, il répondit se nommer Maniel, et Illydril trouva ce prénom très joli et bien porté. Il la considérait comme une bonne fée, et cela fit rosir les joues de la belle. Voilà un beau compliment qu'elle ne pensait pas mériter.

Par inconscience, ou par soucis d'honnêteté, elle lui donna son véritable nom. Pourtant, elle savait qu'il valait mieux ne jamais donner son vrai nom à un parfait inconnu. Exception faite pour les elfes.

"Je ne suis pas une bonne fée, hélas, mais je vous remercie de la comparaison flatteuse. Mon nom est Illydril d'Alëandir, fille de la reine Orelindë."

La princesse était réputée pour sa gentillesse et son humilité, même ici chez les humains. Aussi Maniel avait-il dû entendre parler d'elle. Mais comment allait-il réagir ? Il semblait honnête, mais au fond, pourquoi ne profiterait-il pas de la crédulité de la demoiselle ? Rien ne garantissait qu'il resterait correct avec elle...

"
Je ne suis pas une bonne fée, hélas, mais je vous remercie de la comparaison flatteuse. Mon nom est Illydril d'Alëandir, fille de la reine Orelindë."

Pas une fée? Maniel était déçu, puis il écouta la suite, fille de la reine...donc une princesse, même lui réussissait à comprendre ça. Enfin aujourd'hui, il avait des bons jours et des mauvais jours

"vous êtes sure de ne pas être une fée? vous en avez la voix pourtant.Remarquez, une princesse c'est presque aussi bien."
Vous êtes la princesse d'un grand royaume? j'y suis peut être passé, durant mes voyages, mais, ma mémoire se trompe parfois, ou alors elle mémorise pas bien tout ce qu'elle devrait.."

Maniel sourit, en guise d'excuse, et continua de suivre la princesse, se fiant au son froufroutant de sa robe et a celui, envoutant de sa voix, il entendait aussi par moment le doux son de sa respiration.

Illydril n'avait jamais été habituée à tant de flatteries, bien que les elfes soient réputés pour leurs belles paroles. La différence entre les elfes et Maniel, c'était que ce dernier semblait réellement penser ses dires. Et notre jolie princesse ne s'en trouvait que plus comblée.
Elle sourit au mendiant alors qu'ils commençaient à se diriger vers une auberge dont Illy appercevait le panneau de bois de l'entrée.

"Alëandir est le pays des elfes. Peut-être y êtes-vous déjà passé, et si tel n'est pas le cas, je vous le conseille vivement. Vous ne pourrez voir les magnifiques paysages mais vous aurez l'occasion de sentir mille et unes odeurs inconnues des hommes..."

Elle décrivait son pays comme un véritable paradis. Sans doute en était-ce réellement un, qui sait ? Ou bien peut-être qu'elle n'était pas objective du fait qu'elle y vivait et qu'elle en était la future reine...

Remarquant que Maniel la suivait à l'oreille, elle s'arrêta, l'attendit et lui prit le bras comme elle l'aurait fait avec un gentilhomme.

"Laissez-moi vous guider... Les rues sont pleines de crottin..."

Elle était assez proche de lui maintenant pour qu'il puisse sentir son odeur : jasmin et lotus, deux odeurs rappelant l'Orient. Une odeur unique, la sienne. Elle lui sourit bien qu'il ne puisse pas voir son visage et reprit la route au bras de Maniel sans un mot de plus. Il avait peut-être des questions à lui poser, et elle était tout à fait disposée à y répondre.

Tandis qu'ils approchaient de l'auberge, Maniel lui posa une question. Enfin, le mot "énigmeé eut été plus approprié. Surprise, elle s'arrêta quelques secondes.

"Laissez-moi y réfléchir..."

Ils reprirent leur route, et arrivèrent finalement devant l'auberge. Dans sa tête, la question tournait et retournait, intrigante mais sans réponse.

**Un homme et son fils font une joute, le père meurt et le fils est amené chez le médecin qui s'exclame "C'est mon fils !"... Mais comment... ?**

Elle ouvrit la bouche comme pour répondre, mais la referma rapidement. Sa curiosité voulait qu'elle donne une réponse, même mauvaise, tout ça pour connaître la vérité, mais d'un autre côté elle avait l'esprit combatif et cherchait la solution. Au bout d'un moment sans rien dire, debout devant la porte de l'auberge, elle finit par énoncer deux possibilités, les plus logiques d'après elle.

"Et bien, soit le médecin est le véritable père du jeune homme, soit le fils de l'homme décédé et le jeune homme étendu sur le lit sont deux personnes différentes."

Il y eut un silence, elle poursuivit :

"Je pense cependant que mes deux réponses sont inexactes. Il doit y avoir dans l'énigme une subtilité que je ne saisis pas."

Il devait être déçu, sans nul doute. Mais après tout, elle n'était pas habituée aux énigmes, notre jolie demoiselle...

L'étonnement faillit la faire arrêter sa main alors qu'elle allait pousser la porte de l'auberge. Décidément, il était bel et bien persuadé qu'elle était une fée. Une fée qui lui cachait son identité, qui plus est. Elle resta un moment interloquée et finit par secouer la tête. S'il était heureux ainsi, alors elle le laisserait donc dans l'ignorance. Elle ne relèverait désormais plus ses allusions à son soi-disant statut féérique.

Aimablement, elle lui tint la porte pour qu'il pénètre dans l'auberge. Mais alors qu'elle attendait qu'il entre, le tenancier vint à leur rencontre. D'un doigt accusateur il pointa le pauvre mendiant et lança d'un air bourru :

"Les clochards sont interdits ici."

L'impolitesse de cet homme frappa la jeune femme de plein fouet. Son odeur d'alcool aussi, d'ailleurs. Elle plissa son nez délicat et répliqua à l'impoli :

"Sachez monsieur que nous paierons notre commande, si c'est là votre inquiétude."

Il était vrai qu'elle ne semblait pas pauvre. Pourtant, l'homme secoua la tête en signe de dénégation.

"Non, il ferait fuir ma clientèle, avec sa saleté. C'est hors de question."

Ils argumentèrent ainsi quelques minutes, mais l'aubergiste semblait têtu et campé sur ses positions. Aussi, bien qu'élevée à la perfection, Illydril ne put s'empêcher de lui lâcher une insulte bien sentie.

"Muffle ! Sans coeur ! Orc sans scrupules !"

Là, l'homme, qui allait rentrer dans son auberge, se tourna vers elle.

"La ma p'tite dame, vous avez dépassé les bornes..."

Il leva la main, prêt à la frapper. Vu la grosseur de ses bras il risquait de lui faire bien mal. Elle ferma les yeux, crispant ses paupières, et s'agrippa au bras de Maniel, qui avait suivi toute la scène. Il allait la frapper, elle n'était qu'une pauvre jeune femme. Maniel pourrait-il faire quelque chose pour elle ?

Ils arrivaient a l'auberge, une odeur d'alcool et de thym flottait dans l'air.La fée lui tenait la porte lorsque une sorte d'orc...oui, a l'odeur se devait être un orc, s'approcha d'elle et dit, d'une voix tonitruante :

"Les clochards sont interdits ici."

Maniel était choqué, comment cet orc parlait-il, déjà, et surtout comment osait-il parler ainsi a une fée. Il faillit le lui faire remarquer puis se rappela de sa promesse et se tint coi.
D'ailleurs la fée répondait calmement et aimablement qu'elle avait de quoi payer, et que donc le problème ne se posait pas, parfait pensa Maniel en faisant un pas en avant.
Mais l'orc était de mauvaise humeur ce jour là, ce qui n'est pas tonnant pour un orc et sa réplique, d'une mauvaise foi évidente fut :

"Non, il ferait fuir ma clientèle, avec sa saleté. C'est hors de question."

Comment Maniel, simple mendiant aveugle pouvait faire fuir la clientèle d'un orc c'était idiot, et il allait le lui faire remarquer quand le devança avec quelques paroles bien senti, quoique n'ayant pas leur place dans la bouche d'une fée.

L'orc rétorqua rapidment, une histoire de bornes, de p'tite dame. Maniel lui était tout a sa déception d'avoir entendu de si vilains mots venant de la fée qu'il admirait tant, lorsque les doigts de la-dite fée se crispèrent sur son bras.
Il compris alors que c'était un test, pour éprouver sa loyauté, et sentant que sa fée protectrice était en danger, il s'interposa, prenant du même coup une main d'orc dans la
figure.
Un peu groggy il tituba mais ne tomba pas, et il dit.


"Venez Dame Illydril, cet orc ne mérite même pas la chance qu'il a de contempler votre visage. Laissons-le là, je vous en prie."

Pas que Maniel fut un lâche, mais, il était très désavantagé en combat par sa cécité et son manque de force, d'endurance, de santé, bon en résumé Maniel était plus intellectuel que combattant, c'est vous dire. tout ce qu'il espérait c'est que la fée réagisse et l'aide a sortir avant que l'orc ne décide de remettre cela, car il avait véritablement très mal a la joue, qu'il sentait enfler.

Alors qu'elle allait se prendre une giffle de la part de l'aubergiste en colère, Maniel s'interposa, se la prennant à la place de la belle. Illydril, choquée, ouvrit la bouche pour parler lorsque le mendiant, groggy mais lucide, lui demanda de partir d'ici. Soit. Elle regarda l'homme face à elle avec mépris et lui lança :

"Bien, nous partons. Tant pis pour vous vous venez de perdre de bons clients..."

Elle reprit le bras de Maniel et se pencha vers lui, effleurant sa joue endolorie. Elle crut lui faire mal et retira aussitôt ses doigts en s'excusant.

"Pardon, je vous ai fait mal..."

Elle se retourna vers l'auberge et la porte de nouveau close.

"Quel muffle, ce tenancier... (Puis, se retournant vers Maniel...) Je suis désolée pour votre joue... Tout est de ma faute..."

Elle semblait réellement désolée. Après tout, c'était elle qui avait insisté, et puis qui avait insulté l'homme...

"Bien, nous partons. Tant pis pour vous vous venez de perdre de bons clients..."

Ouf, elle était d'accord, Maniel aurait encaissé tous les coups pour protéger sa fée, mais s'il pouvait faire autrement, il préférait.

"Quel muffle, ce tenancier... (Puis, se retournant vers Maniel...) Je suis désolée pour votre joue... Tout est de ma faute..."

"Ce n'est pas de votre faute, ma Dame, si ce tenancier était un orc sans cervelle."

N'importe qui y verrait une insulte du tenancier, mais Maniel disait cela au sens propre, en cela qu'il était persuadé que le tenancier était bien un orc. Maniel vivait décidément dans un monde merveilleux, où les fées existent et où les orcs tiennent des tavernes.

"Nul doute, si vous voulez toujours m'aider, que nous trouverons une auberge ici tenue par un humain, peut être un elfe, et que nous pourrons nous y restaurer, à moins que ma maladresse ne vous ai fait changer d'avis? Je comprendrais vous savez, je ne suis pas bon a grand chose."

Il tourna la tête vers la fée, le visage implorant. Puis il sentit l'air alentour et ajouta

"je sens par là (il montra sa droite) l'odeur d'un agneau rôti, sans doute une auberge non loin, cela sent aussi l'alcool."

Et il attendit qu'elle prenne sa décision, priant pour que sa maladresse et sa couardise ne soient pas les causes d'un changement d'avis de la fée. Après tout, elle pouvait bien décider qu'il n'était pas digne de son aide.

Maniel ne semblait pas lui en vouloir pour cette histoire de claque. Lorsqu'il compara le tenancier à un orc sans cervelle, Illydril rit franchement. Il avait tout de l'orc, de l'odeur au comportement, tout excepté le physique.

"Vous avez raison, oui. Un orc sans cervelle."

Puis il lui proposa de trouver un nouvel endroit où se rendre, si elle n'avait pas changé d'avis. Bien sûr qu'elle n'avait pas changé d'avis ? Pourquoi aurait-ce été le cas ? maniel était un homme bien comme il faut, et bien qu'aveugle sa cécité de semblait guère l'handicaper.

Il avait repéré une auberge un peu plus loin. C'était vraiment impressionnant. Elle lui reprit le bras en commençant à s'y rendre.

"Allons-y, dans ce cas."

Ils marchèrent quelques instants en silence, puis Illy osa une question.

"Maniel, d'où venez-vous ?"

Simple curiosité. De plus, elle voulait savoir depuis combien de temps il errait ainsi, seul et sans le sous. Elle avait décidé, bonne fée ou pas, de le prendre sous son aile un moment.

Maniel respira, soulagé, la bonne fée ne semblait pas lui en vouloir, quel soulagement. Mais d'un autre coté cela l'effrayait, personne ne s'était préoccupé de lui auparavant, du moins autant qu'il s'en souvienne, et cette perspective nouvelle le déstabilisait un peu.

Alors qu'ils avaient repris leur marche, la fée posa une question qui laissa notre Maniel bien embêté :

"Maniel, d'où venez-vous ?"

"D'où je viens? et bien, d'ici et de la-bas, de partout et de nulle part, enfin surtout de nulle part.
Pour être franc, je ne sais, ma mémoire me fait défaut depuis longtemps maintenant, je n'ai pas de souvenirs datant d'avant mon arrivée ici il y a quelques jours."

Sans doute la fée allait-elle croire qu'il mentait ou qu'il se méfiait, comment lui faire comprendre qu'il était sincère, que sa mémoire lui faisait vraiment défaut? Et si, croyant qu'il lui mentait, elle décidait de l'abandonner? Fallait-il qu'il s'invente un passé pour qu'elle continue a l'aimer?
Maniel y songea un instant puis se rappela que l'imagination n'était pas son point fort, si tant est qu'il en ait eu un, et il décida d'attendre et de voir venir, cela au moins il savait le faire.

Il ne se souvenait pas d'où il venait ? Le pauvre, il avait dû subir beaucoup d'épreuves difficiles pour perdre la mémoire ainsi. Illydril, qui était toujours au bras du mendiant, posa sa seconde main sur ce même bras en un geste empreint de douceur.

"Comme ça doit être difficile, pour vous; Je ne peux m'empêcher d'être triste à l'idée que vous n'avez ni maison, ni argent, ni même un passé."

Le ton de sa voix était réellement peiné. Etait-ce une qualité ou un défaut ? La demoiselle prennait parfois trop à coeur les histoires des autres.

Ils arrivèrent devant la seconde auberge. Là, elle sourit à Maniel, bien qu'il ne puisse pas la voir, et lui lâcha le bras.

"Je vais vous tenir la porte, d'accord ?"

Ce disant, elle poussa la porte et fut aussitôt assaillie par les bruits d'une taverne pleine de monde et par les odeurs de nourriture qui chatouillaient les narines. Elle se rendit compte qu'elle aussi avait faim. Mais sans doute moins que Maniel. Elle lui tint la porte et une fois qu'il fut entré elle le dirigea vers une table un peu à l'écart, tranquille pour discuter.

"Tenez, vous pouvez vous asseoir ici..."

Elle lui tira une chaise et le guida pour qu'il s'asseille sans problème puis prit une chaise à son tour, s'asseillant en face de lui.

"Que voulez-vous commander, Maniel ?"

Cette fée était décidément très prévenante, elle lui tint la porte, l'amena jusqu'à sa chaise...si Maniel a l'habitude de se débrouiller seul, avoir pour une fois la chance que l'on se soucie de son bien être était pour lui plus qu'exceptionnel.

"Que voulez-vous commander, Maniel ?"

Et bien...je...commander?

Il mangeait les restes qui trainaient dans les poubelles ou les gamelles des chiens, où bien ce que l'on voulait bien lui donner, jamais encore on ne lui avait donné le choix.

Je ne sais pas que...que me conseillez vous? Je n'ai pas l'habitude de commander

Et en attendant sa réponse qui serait de toute façon parfaite, il écouta les bruits de la taverne, il entendait les chansons paillardes d'un ivrogne dans un coin et le bruit de mastication des gens autour de lui, et surtout il entendait, faible a coté de lui, le bruit de la respiration si douce de sa fée.
Il faisait chaud dans cette taverne et Maniel n'y était plus habitué, l'endroit était confortable, chose étonnante et nouvelle pour notre demi drow. Que de nouvelles sensations, l'odeur de la cuisine qu'il pouvait sentir tout a loisir, sans craindre de coups de bâton, une fée qui s'occupait de son bien être, la chaleur réconfortante d'une pièce remplie d'humains, lui qui connaissait mieux les chevaux, habitué qu'il est a dormir dans les écuries.
Vraiment une bien belle journée qui s'annonce, une journée de découvertes.

[HJ : Désolée pour le retard.]

Le pauvre Maniel ne semblait pas savoir quoi commander; En réalité, il n'avait pas l'air d'avoir l'habitude de commander à manger. Illydril pensa avec un temps de retard que c'était sans doute normal vu sa condition. Normal bien qu'inadmissible.
Il lui demandait conseil, et bien soit. Elle appela le serveur, qui arriva. Devant le regard interrogatif de ce dernier quant à l'apparence pouilleuse du mendiant, la demoiselle lui expliqua à mi-voix qu'elle avait de quoi payer, et le serveur sembla tout à fait disposé à prendre leur commande.

"Pour moi ce sera un poulet rôti aux épices avec un verre de nectar elfique, et pour mon ami un morceau de sanglier à la broche avec une chope de bière naine, je vous prie."

Puis elle se tourna vers Maniel alors que le serveur s'en allait passer commander en cuisine.

"J'espère que vous ne m'en voulez pas, d'avoir choisi pour vous. Vous vous régalerez avec le sanglier, c'est un met très délicat. Et la bière naine est, à ce que l'on dit, la meilleure de tout Miradelphia."

Elle lui sourit et posa sa main sur celle du mendiant.

"Il vous faut ce qu'il y a de mieux, vous ne devez plus coucher dans la rue, à présent."

Elle s'était prise d'affection pour Maniel, un peu comme une femme pour un petit enfant abandonné. Elle songeait même à quelque chose, mais elle ne pouvait dire quoi pour le moment...

Maniel l'écouta commander, sanglier et bière naine, il n'avait pas al moindre idée de ce que cela pouvait être...enfin, si, mais il ne voyait pas le gout que cela pouvait avoir, la consistance en bouche, l'odeur même il n'en était pas sur, ne l'ayant senti que mélangé a d'autre parfums, de loin, de très loin.....


"J'espère que vous ne
m'en voulez pas, d'avoir choisi pour vous. Vous vous régalerez avec le
sanglier, c'est un met très délicat. Et la bière naine est, à ce que
l'on dit, la meilleure de tout Miradelphia."

Il ne lui en voulait pas, comment aurait-il pu, c'était véritablement une fée, ce ne pouvait être qu'une fée.


"Il vous faut ce qu'il y a de mieux, vous ne devez plus coucher dans la rue, à présent."

"Mais....Dame..je ne suis qu'un aveugle mendiant sa pitance, je n'ai jamais dormi ailleurs que dans la rue ou l'écurie, je ne suis bon à rien, j'ai déjà de la chance de vivre"

En tout cas c'est ce que les gens lui répétaient souvent, c'était une chance pour lui d'être en vie...tout est relatif, sa vie n'était pas rose, chassé a coups de pieds par les adultes, hué et chassé a coups de pierres par les enfants (qui sont bien plus cruels que leurs aînés, c'est une vérité méconnue du grand public)

" Je ne mérite pas votre bonté, je ne mérite pas votre parfum qui me frôle, ou votre main sur la mienne, je ne mériterait même pas de me prosterner a vos pieds.... Tous ici le savent, qui m'ont laissé entrer pour vous contenter, tous ici s'interrogent, parlent, votre réputation, vous devez y penser, surtout si votre statut de fée ne doit pas être connu de tous, car qui, à part une fée ou une fole s'interesserait a un pauvre aveugle?"

Les paroles de Maniel attristèrent d'autant plus la demoiselle. Elle était peu sensible à ces histoires de réputation, mais qu'un pauvre mendiant s'en soucie pour elle, elle trouvait ça plutôt touchant. A la dernière phrase du jeune aveugle, elle rit doucement.

"Sans doute suis-je un peu folle, dans ce cas... Sachez que je me moque assez de ma réputation, mais je vous suis gré de vous en soucier."

Elle serra doucement la main de Maniel pour appuyer ses dires tandis que le serveur arrivait, le plateau chargé des mets commandés.
Elle lâcha la main du jeune homme et le serveur put ainsi poser les plats devant ce drôle de couple que formaient l'elfe au port de reine et le mendiant aveugle. Avant qu'il ne reparte, Illydril l'apostropha doucement.

"Excusez-moi, vous reste-t-il des chambres de libre, pour cette nuit ?"

Le serveur aquiesça.

"Certainement. Vous désirez une chambre double ?"

A ces mots, les joues de la princesse s'empourprèrent.

"Non, deux simples, s'il vous plaît."

Le jeune homme hocha la tête, conscient ou pas de sa bourde, et s'en fut, laissant la jeune femme dans l'embarras le plus total.