[L'embarcadaire] - Exercice matinal - [Adanedhel Aërendil]

Le jour venait à peine de se lever sur la petite ville d'Ydril. Elassa avait dormi dans une auberge assez douteuse mais qui était un luxe pour elle puisqu'elle était coutumière des nuits à la belle étoile sur des sols inégaux et peu confortables, sans même une couverture. Au fil des années, elle s'était endurcie et ne prenait plus garde à son confort matériel mais il était toujours agréable de trouver un bon matelas moeleux et des draps relativement propres de temps en temps.

La jeune femme était arrivée la veille dans l'après midi. Elle revenait de Diantra où son départ avait été pour le moins précipité. Elle ne retournerait probablement jamais dans la ville mère du peuple humain ou alors pas avant un bon bout de temps. Ce n'était pas grave, Elassa n'aimait pas trop les villes. Elles étaient cependant source d'émotions fortes du fait du mélange des races et de personnalités, d'histoires différentes. On pouvait y faire toute sorte de rencontre, bonne ou mauvaise. Il pouvait se passer n'importe quoi, n'importe quand et n'importe où. Cet imprévu qui régnait dans les villes était pour Elassa une source d'adrénaline non négligeable. Plus elle était en contact avec les peuples, plus le risque pour elle de perdre son contrôle était important. A chaque fois - ou presque - qu'elle entrait dans une ville, elle commettait un meutre.

C'était à cause du Fléau. Le Fléau s'emparait d'elle lorsqu'elle était sujette à une émotion forte. La plupart du temps, c'était à cause de la colère. Or les villes étaient peuplées d'individus tous plus agaçants les uns que les autres. Elassa n'y pouvait rien si à chaque fois qu'elle entrait dans un auberge, un ivrogne à l'hygiène douteuse et aux manières inexistantes venait l'agicher et lui manquer de respect. Elle finissait par s'en énerver fortement, le Fléau s'emparait d'elle et son agressivité et sa colère augmentaient encore et encore. Elle n'avait plus aucun contrôle sur elle même et cela finissait en carnage. Elle devait alors fuir la ville pour ne plus y revenir. C'était ce qui c'était passé à Diantra.

Ce genre d'évênements étaient routiniers pour elle et la plupart du temps elle arrivait à se tirer des situations délicates, telle l'eau qui, lorsqu'elle emprisonnée, trouve toujours un fissure par où s'échapper. Mais il ne devait rien se passer à Ydril. Si elle y tuait quelqu'un, elle ne pourait pas embarquer sur un bâteau en direction de l'île de Meca où elle avait envie d'aller. Elle avait donc fuit toute compagnie prolongée, avait évité les bars et les rues trop encombrées. Elle avait choisit une auberge peu en vogue et visitait la ville aux moments où il y avait le moins de monde possible.

Ce matin là, elle avait eut une irrésistible envie de faire un peu d'exercice. Elle allait travailler ses capacités à l'escalade. Après une courte déambulation dans les ruelles de la ville, elle avait échoué sur l'embarcadaire où d'immenses caisses étaient empilées en cette heure matinale. C'était l'endroit propice. Elle chosit la pile la plus haute et grimpa. C'était un peu un voyage de vacances pour elle, elle escalada avec une facilité deconcertante telle une araignées géante. Elle fut rapidement en haut. Elle descendit et monta de nouveau en s'éforçant d'aller plus vite que la première fois puis descendit. Elle renouvella l'expérience à plusieurs reprises. Faute d'avoir un mur suffisament coriace, elle travaillait sa rapidité.

Adanedhel avait passé des mois et des mois en forêt afin de pouvoir compléter son herboristerie. Durant ces mois, il avait trouvé des herbes, rares ou non, avait fait la connaissance de personnes, signifiantes ou non, et avait tué. Oui, tué. L'elfe sentait en lui depuis quelques temps l'appel du sang. Pourtant il défendait, du moins pour l'instant, la lumière et l'honnêteté en ce monde taché de sang et de perversion.

Cette nuit, il avait été d'arrêt à Ydril. Celà faisait un bon bout de temps qu'il n'y avait fait un saut. Il tenais à y voir un vieil ami qui lui aussi était herboriste. Mais il s'est avéré qu'il était absent. Et depuis un bon bout de temps à en croire les dires des habitants du Comté. Donc pourquoi ne pas rester quelques jours. Le temps de se ressourcer et de se repréparer en entrer en ville. Un Comté est certes moins peuplé qu'une ville, c'est pourquoi il fait bon de s'y accoutumer aux gens au lieu d'entrer directement en ville pour éviter des malheurs.

Ada avait passé la nuit près du port à compter les étoiles, ce qu'il aimait tant faire. Il n'avait pu résister à fumer de l'herbe grâce à sa longue pipe. Cette herbe, de choix et de qualité lui procurait un éternel sentiment de légèreté et de sensation. Surtout en regardant les étoiles qui vous offrent un champs de vol très étendu.

C'est ainsi qu'il avait passé sa nuit à réciter quelques champs elfiques, en fumant et en admirant les étoiles. Les Caisses énormes entreposées sur le port offraient pour celà un décor parfait. Il lui avait suffit de disposer ca et la une couverture et ses quelques vivres ainsi que ses armes, à savoir épée et arc à flèches.
Cette nuit lui avait encore permis de s'entrainer un peu au niveau de sa magie. A sentir les éléments et leurs esprits omniprésents sur la terre...

Pour l'elfe, cette nuit fut bénéfique afin de se reposer.

Le matin, alors qu'il admirait le lever du soleil à travers la petite brume matinale qu'offrait la mer, Adanedhel se sentait comblé, ressourcé. Il souriait de sa fine bouche et de ses yeux malicieux et en amande.

Subitement, il entendit un bruit, il détourna calmement le regard et vit une femme, certainement s'entrainant en sautant de caisse à caisse. Elle ne dut certainement pas le remarquer mais il s'obstina à l'observer et à croiser son regard quand c'était possible... Ce n'était certes pas dans la nature d'un elfe d'engager la conversation et encore moins de déranger quelqu'un en plein entrainement... C'est pourquoi il attendit de voir comment réagirait la femme lorsque celle-ci se lasserait d'ignorer son regard...

Cela faisait près d'une heure qu'Elassa montait puis descendait de sa pile de caisses. L'épuisement commençait à se faire ressentir. Elle s'était nettement améliorée et escaladait à présent une cinquantaine de mètres en quelques secondes. Cela tenait principalement au fait qu'elle commençait à connaitre les moindres appuis, la moindre parcelle des caisses. Son équilibre en était plus sûr et elle avait acquis un certain nombre d'automatismes qui lui permettaient d'accroitre sa vitesse d'escalade.

Focalisée sur son entrainement, elle n'avait pas remarqué l'elfe qui l'observait. Elle était comme seule au milieu du néant, seule avec sa pile de caisses. Le reste n'existait pas. Cet embarcadère n'était pourtant pas désert, même à cette heure matinale. Il y avait quelques allées et venues. La plupart ne remarquaient même pas sa présence, d'autres lui jetaient un coup d'oeil rapide avant de retourner à leur besogne. Elassa ne vooyait rien de tout cela. Elle était parfaitement concentrée sur sa tâche. Pour pimenter l'affaire elle essayait différentes manières de grimper : en prenant le moins d'appuis possibles, en faisant des bons, en escaladant avec soit seulement les mains, soit seulement les pieds. Tout cela de plus en plus vite.

Le soleil quant à lui poursuivait sa route tranquille dans les cieux, s'élevant de plus en plus haut. Elassa finit pas s'arrêter. Elle descendit une dernière fois. Une fois immobile, elle réalisa à quel point elle était épuisée. Elle ne sentait plus la moindre parcelle de son corps, ses cheveux et ses vêtements étaient dégoulinants de sueur. Elle regarda la mer, non loin de là. C'était tentant. Si tentant qu'elle ne resista pas. Elle courut vers le bord du quais et se jeta à l'eau dans un plongeon gracieux, provoquant à peine quelques remous sur l'eau. Elle nagea sous l'eau quelques secondes puis revint à la surface. Elle nagea ensuite jusqu'a la terre ferme et enfin sortit de l'eau.

C'est là qu'elle vit l'elfe. L'elfe qui la regardait. Depuis combien de temps était-il là? Elle ne l'avait pas remarqué. Il l'observait avec insistance. Que voulait-il? Elassa resta sur place et le fixa de son regard pénétrant avec ses yeux aux prunelles noisettes. Elle était habituée à ce qu'on la regarde, du fait de son physique assez particulier - un tatouage recouvrant son dos, un petit disque de métal soudé dans la chair de son front et surtout son allure féline, tout cela incitant à la fois à l'attirance et à la méfiance - mais cet elfe ne semblait pas la regarder pour cela. Elle ignorait pourquoi il la regardait. Elle aurait voulut comprendre mais ce n'était pas vraiment son genre d'aller voir un inconnu sans raison pour lui poser une question. Elle ferait bien sans la réponse.

Sans le remarquer, la femme avait continué son entrainement matinal sans même percevoir le regard de l'elfe qui la toisait. Intriguant se dit il... très intriguant. Ce n'était vraiment pas son genre d'aimer observer un humain, mais là, ce fut assez flagrant pensa-t-il...

Sans même détourner son regard, elle alla vers l'eau et plongea avec la grace d'un dauphin dont le saut représente une beauté incomparable lors d'un coucher de soleil. Ada était fasciné. En plus de l'herbe qu'il avait fumé, c'était pour lui un spectacle digne d'une belle journée qui commence!

Et là, elle le remarqua, enfin se dit-il. L'elfe lisait dans les yeux de la femme des questions et de l'hésitation. Des pourquois, et celà se voyait qu'elle se demandait les raisons pour lequelles l'elfe la regardait ainsi. Se ressaisissant, Adanedhel secoua sa tête et décida que la moindre des politesses serait de se présenter. C'est pourquoi il se leva, un peu engourdi des membres et sauta du haut des caisses avec une souplesse que seul un elfe peut avoir. Il atterit au sol sans bruit. En se dégourdissant les membres, il s'approcha du ponton et de la femme qui le regardait d'un air félin et un brin agressif et intrusif.

"Bonjour... euh, enchanté. je suis Adanedhel Aërendil, pour vous servir. A vrai dire, j'aimerais m'excuser pour la manière avec laquelle je vous ai dévisagée. Je ne voulais point vous mettre dans un mauvais sentiment...
Je ne cherche pas à vous faire du mal... ce qui ne serait étonnant dans une période comme celle-ci...

Désolé, vraiment"

L'elfe ne savait pas vraiment quoi dire... Il se rendait compte qu'il devait avoir l'air d'un imbécil tout droit sorti de l'asile...

Aux yeux d'Elassa, cet elfe avait l'air d'un imbécile et surtout d'un troubleur de paix. Elle avait été quelque peu étonnée lorsqu'il s'était approché. Jamais, ô grand jamais, elle n'aurait imaginé qu'il serait venu lui faire la conversation. Elle regretta de l'avoir regardé à son tour, elle aurait du l'ignorer, il avait peut être pris l'attention qu'elle lui portait pour une invitation à faire connaissance. Pourtant, elle ne l'avait pas regardé avec gentillesse, elle n'avait pas sourit, n'avait pas fait le moindre signe qui pouvait porter à confusion. Elassa se désolait de la bêtise des peuples. L'individu était pourtant un elfe, peuple pour qui elle avait légèrement plus de respect que pour les autres.

Elassa ne se sentait pas le moins du monde menacée car même si ce Adanedhel venait troubler sa solitude bien aimée, il ne semblait pas belliqueux et irrespectueux. Cela faisait un bon point pour lui et Dieu savait qu'il en avait grand besoin. Elassa resta tout de même en alerte. Elle se méfiait des apparences et ne relâchait jamais son attention, une petite inattention pouvant parfois être fatale.

Le fait qu'il soit un elfe, qu'il se présente poliment et surtout qu'Elassa ne voulait pas faire de vague dans cette ville poussa la jeune femme à agir de manière relativement civilisée - ou tout du moins plus civilisée que de coutume. Elle ne sourit pas, elle ne lui sera pas sa main, elle ne décida pas de l'inviter à prendre un café pour faire connaissance. Non rien de tout cela, elle n'avait aucune envie d'être agréable. Tout ce qu'elle voulait c'était être tranquille dans son entrainement qu'elle n'allait pas tarder à reprendre. S'il était assez intelligent, il partirait tranquillement, sans protester. Sinon, s'il s'énervait et allait jusqu'à l'attaquer, Elassa n'hésiterait pas. Elle doutait qu'on en arrive jusque là cependant.

Elle le fixa pendant un moment. Puis, avec son timbre de voix froid comme la glace et tranchant comme la lame de son poignard, elle dit dans un murmure:

Excuses acceptées. Au revoir.

Sur ces simples mots, elle laissa l'elfe en plan et retourna vers sa pile de caisses. Là, elle les regarda un moment sans rien faire. Elle réfléchissait à ce qu'elle allait tenter comme exercice à present mais surtout, elle se demandait si l'elfe allait insister.

Un individu pas comme les autres... enfin! Se disait l'elfe avec grand plaisir! Cette femme avait quelque chose d'étrangement différent, intriguant. Et la froideur execrable avec laquelle et lançait ses répliques etait d'un déliceux aux yeux d'Ada. Cette femme éveillait en lui un sentiment de curiosité qu'il avait du mal à refouler. La curiosité d'Ada était il faut le dire, très grande et sans bornes... Très vilain défaut, mais qui pouvait parfois s'avérer très utile.

Excuses acceptées, Aurevoir

Avait dit la femme. La froideur de son âme se reflétait d'une seule parole. Et cette réplique fit sourir l'elfe qui trouva le jeu encore plus intéressant! D'un bond, elle sortit de l'eau et se redirigea vers les caisses empilées pour tenter de recommencer ses exercices.
A sa guise se dit l'elfe. De toute façon, son campement de fortune se trouvait en haut des caisses. Il s'en approcha, passa à deux doigts de la femme, se ramassa sur lui même et de quelques bons gracieux, escalada les caisses pour regagner ses affaires en haut des docks. Une fois en haut, il accorda un regard en arrière à cette curieuse créature qui le dévisageait d'un regard froid comme la glace. A ce regard, Ada répondit avec un sourir de sa bouche fine et se rassit sur sa cape verte emeraude disposée à terre...

Ainsi il n'insistait pas, tant mieux pour lui. Un bon point de plus. Mais il était toujours là, rien n'assurait Elassa qu'il n'allait pas faire une nouvelle tentative. Mais peu importait, s'il revenait il serait accueillit de la même manière. Cela ne gênait pas Elassa d'être désagréable, c'était la manière la plus efficace d'être tranquille. La jeune femme chassa cette rencontre de son esprit et se concentra de nouveau sur son entrainement. Comment pimenter l'affaire ? Elle avait exploré déjà beaucoup de manières d'escalader, comment pouvait-elle compliquer encore plus cela ? Peut être ferait-elle mieux de trouver un autre endroit à s'exercer... Elassa regarda autour d'elle. Pas grand chose d'intéressant. Sa pile de caisse était la plus haute et la plus difficile des environs.

Ses pensées furent interrompues par un petit tapotement sur son épaule. Elle se retourna rapidement. Quatre hommes costauds, probablement des marins, étaient là et la regardaient avec un sourire narquois. Elassa n'eut pas besoin d'attendre plus pour savoir qu'ils allaient l'énerver. Peu importait le sujet sur lequel ils allaient la harceler, ils ne la laisseraient pas tranquille tant qu'elle n'aurait pas frappé. Ils insisteraient jusqu'à ce qu'elle riposte non pas avec des mots mais avec ses poings. Elle lisait en eux comme dans un livre ouvert et elle ne leur accorda pas le loisir de parler. Elle passa immédiatement à l'action avant que le Fléau ne s'empare d'elle et la contraigne de commettre un crime. Ou plutôt quatre.

Elassa les étourdit en quatre mouvements bien placés et rapides. Elle en éborgna un par un doigt dans l'œil, elle cassa la jambe d'un autre par un violent coup sur le tibia, elle en émascula un autre par un coup entre les jambes et enfin assomma le dernier par un coup sec et précis sur la tête à l'aide de la garde de son poignard. Cela fait, elle n'insista pas plus et ne leur causa pas plus de dommages. Le temps qu'ils reprenaient leurs esprits et que leur sang commençait à bouillir dans leurs veines, Elassa escalada sa pile de caisses. Arrivée au sommet en quelques secondes, elle s'assit et les regarda, là en bas. Ils n'avaient pas vraiment réalisé ce qui leur était arrivé, Elassa avait agir avec la rapidité de l'éclair et avait disparu de leur vue en quelques secondes.

La jeune femme se délecta du spectacle.

Adanedhel la trouvait décidément plus qu'intriguante!!!
Il avait vu les quatre hommes l'approcher étant donné sa position favorable afin de regarder de haut et s'était dit qu'il verrait comment elle réagirait lorsqu'ils s'approcheraient trop. Ada avait une idée sur le sujet mais préférait attendre et voir plutot que d'intervenir tout de suite. Lui qui ne réchignait jamais à se battre, il pensa que c'était une décision respectable. Peu de temps suffit à montrer les aptitudes de la femme en matière de combat et l'affrontement en était presque impressionnant vu de haut! Un sourire grand jusque aux aureilles se dessina sur els tratis fins de l'elfe qui adorait celà. Une femme faisant preuve d'aptitudes au corps à corps, c'était rare... très rare.

Après avoir assomé les malabars, elle grimpa tout en haut des caisses, juste à coté du repaire d'Adanedhel. Elle pris un malin plaisir à observer les quatre hommes se remettre de leur raclée bien méritée. Avec un sourire, l'elfe s'approcha de la femme, sachant qu'elle savait qu'il l'approchait et dit :

Impressionant... Très impressionant. Je ne voudrais pas te stresser beauté, mais les marins sont loin d'avoir ignoré ce spectacle... Et le Comté d'Ydril est assez connu pour ses sentences assez... disons... cruelles. Donc, moi personnellement, je compte filer. Pas que je rechigne au combat, au contraire mais c'est très désagréable de se faire poursuivre sans arrêt.

Ada s'amusait à parler à cette femme qu'il savait qu'elle n'appréciait pas celà. Par courtoisée, certainement non nécéssaire et en rassemblant ses affaires il dit :

J'ai un cheval rapide. Alors soit on bute la troupe de gardes qui arrive, ce qui ne me déplairait pas pour etre honnête, soit on file, avec l'espoir qu'on ne puisse nous reconnaitre... A toi de voir. Je pourrais te déposer ou tu le souhaites... Meme si je sais que tu déclineras d'office cette offre...

omme c'était amusant...

Elassa ne tourna pas la tête lorsque l'elfe lui parla. Voila qu'il s'imaginait que tous deux étaient dans le même sac. C'était elle qui avait assommé ces idiots, pas lui. Pourquoi donc voulait-il s'en aller ? Elle, elle ne bougerait pas d'ici. Il était inutile de s'enfuir. Elle n'avait causé aucun mal, si ce n'est un œil en moins et un peu de honte. Honte déguisée en colère. Évidemment, se faire mettre un raclée avec tant de facilité par une jeune femme d'apparence si chétive que celle d'Elassa avait de quoi ébranler la fierté de ces marins. Ils se remettraient difficilement de cette épreuve, c'était certain. Ils ne voudraient pas en rester là c'est certain. Ils appelleraient évidemment du monde à la rescousse, encore fallait-il qu'ils sachent où chercher.

Elassa était sûre d'elle. Elle regarda la population en bas, personne ne semblait avoir vu où elle avait disparu. Elle regardait la scène se dérouler. Une petite foule s'était rassemblée en bas autour des marins gémissants et rouspétants. La jeune femme était à une hauteur suffisante pour que personne n'ai idée de regarder en l'air et qu'ainsi sa cachette reste inconnue. Elle était ici tranquille pour un moment. Il lui suffirait d'attendre que les esprits se soient calmés. Elle aurait certes un moment à attendre, peut être jusqu'à la nuit même, mais elle était patiente. Elle ramenaen tailleur ses pieds qui pendaient dans le vide. Mieux valait éviter que, si quelqu'un levait les yeux, elle soit en vue immédiatement.

Son plan était parfait. Mais tout pourrait basculer si l'elfe descendait. S'il se montrait maintenant, les marins ne tarderaient pas à faire le lien et on découvrirait sa cachette.

Ne bouge pas d'ici.

L'ordre avait claqué même s'il avait été prononcé calmement. Elle ne voulait pas qu'un elfe stupide détruise tous ses plans. Elle pourrait s'en sortir si elle était découverte mais cela serait plus compliqué et elle devrait quitter la ville sans avoir put se faire embarquer sur bateau vers l'île de Meca. Hors de question. Elle était prête à tuer cet elfe pour l'empêcher de bouger. Le regard qu'elle lui lança témoigna parfaitement ses intentions. Elle espérait qu'il accepterait sans broncher, cela lui simplifierait la vie. C'était tout de même un elfe, le battre ne serait pas une mince affaire. Elle se demanda si dans le cas où il décidait tout de même de descendre il ne valait mieux pas affronter les marins, plus nombreux mais lourdauds et faciles à avoir plutôt qu'un elfe dans la fleur de l'âge.

La chose qu'il ne fallait pas faire... Donner un ordre à un elfe, et encore moins à Adanedhel! C'était une mauvaise idée, vraiment...

Pourquoi ca? C'est ton problème, pas le mien... M'ordonner quelque chose n'est pas dans les habitudes des gens, et encore moins dans les miennes d'obéir. Tu as fais une erreur, maintenant assume là s'il tel en est ton destin. Maintenant, je pense que tu peux t'estimer chanceuse qu'il est dans ma décision et seulement la mienne de ne pas bouger, sinon sois sure que je serais en bas à la seconde qu'il en est si telle en avait été ma décision malgré ta menace enfantine...

Après avoir dit ca, il sentait la femme se tendre, et un elfe n'est pas sans savoir malgré sa pureté qu'il faut rester sur ses gardes, tout le temps. Elle avait abattu ces gardes sans souci. Certes, il serait étonnant qu'elle puisse abattre un elfe, armé de surcroit, mais sous-estimer quelqu'un était la pire erreur qu'un gerrier ou mage digne de ce nom puisse faire, car ce pourrait être la dernière chose qu'il fasse en ce monde...

Tu compes faire quoi maintenant?Ada avait dit ca d'une manière aussi sèche que possible. Car il était capable lui aussi d'être clair, net et précis dans ses dires, même si son interlocuteur était d'une agressivité sans bornes...

Elassa resta totalement passive à la longue tirade de l'elfe. Il pouvait parler autant qu'il voulait, la critiquer à profusion et même l'insulter si cela lui chantait, Elassa s'en moquait. Elle n'était pourtant pas hermétique aux insultes, au contraire mais dans le cas présent elle ne devait pas s'énerver. Toutes les paroles de l'elfe glissèrent ainsi sur elle. Elle les entendait qu'à moitié, plutôt concentrée sur ce qui se passait en bas. Tout ce qu'elle retint, c'est qu'il comptait rester sur place. Elle ne demandait rien de plus.

La population commençait à s'agiter. Elle avait déjà quelques hommes disparaitre dans les dédales de rues à sa poursuite. D'autres discutaient en petites groupes, probablement entrain de raconter leur version des faits et leurs conjectures à propos de cette femme étrange. Enfin, quelques femmes présentes s'affairaient auprès des blessés, soignant leurs blessures tant qu'elles pouvaient. Les cas les plus graves semblaient être le borgne et celui qui avait la jambe cassée. Pourtant, c'était celui à qui elle avait donné un coup entre les jambes qui hurlait et gémissait le plus. De là où elle était, Elassa n'entendait que la moitié de ce ce qu'il disait mais elle pouvait supposer qu'il ne tarissait pas d'insultes à son sujet.

Cela l'amusait. Elle s'amusait beaucoup. Cependant, pas un sourire ne vint éclairer son visage, pas même un frémissement. Son expression était aussi figée que la pierre, rien ne laissait paraitre ses véritables sentiments.

Elle sentit l'elfe se tendre à côté d'elle. Il devait s'attendre à une attaque après la tirade qu'il avait proféré. Elle n'avait aucune intention de s'embarrasser d'un combat avec un elfe. Dans d'autres circonstances cela ne lui aurait pas déplut mais là, elle avait la tête ailleurs, pas du tout envie de combattre. Elle restait tout de même à l'affut d'une attaque car si elle ne voulait pas en venir aux mains, ce n'était peut être pas le cas de l'elfe. Ce dernier lui posa une question. Que comptait-elle faire ? Rien. Elle se demanda si elle devait l'en informer ou simplement ignorer la question. Il était un intrus, un surplus ici. Elle se serait volontiers passé de sa présence et n'avait donc pas vraiment envie de l'informer du moindre de ses plans. Cependant, elle se dit qu'il serait peut être plus tranquille si elle lui donnait quelques renseignements.

Elle dit simplement, toujours de sa voix glaciale et douce :

Rien.

Les mots avaient rebondi sur cette femme d'une manière aussi normale... si banale et insignifiante. Voilà un caractère qui plaisait à l'elfe, même si ca l'exaspérait lorsque ca devenait de la comédie. Comme ici. Il avait peine à croire que la femme ne se donnait pas de style en répondant de la sorte. Mais bon, pas grave, chacun fait ce qu'il veut après tout.

Avec elle il observa les gens qui s'agglutinaient autour des victimes des méfaits de la femme. C'était drôle à quel point les gens pouvaient s'affairer par curiosité autour de personnes souffrantes. L'elfe ne pouvais s'en retenir de rire. Sachant qu'il n'aurait rien de la part de la femme et se lassant de ses humains, il se reposa au sol en tailleur et s'entoura de sa cape verte foncée en admirant le soleil levant...

Elassa continuait d'observer les activités en bas. Peu à peu, elles diminuèrent. Les gens retournaient à leur travail et à leurs occupations. La distraction avait assez duré, il n'y avait plus aucune trace d'Elassa, pas la moindre information croustillante. Elassa s'étonnait toujours de la rapidité avec laquelle un évènement extraordinaire devenait une simple chose banale et sans intérêt. Au bout d'une heure et demi environ, le passage d'Elassa n'animait plus les conversations, comme si elle n'avait jamais existé. Elle était redevenue une ombre, invisible et inexistante pour tous. C'est ce que les apparences montraient mais elle se doutait bien que si elle descendait maintenant, quelqu'un la reconnaitrait et l'agitation serait de nouveau présente.

Elle attendit donc encore et encore. Elle commençait à s'ennuyer, elle voulait quitter cet endroit où en plus elle n'était pas seule. Elle ne se sentait pas dans son élément et elle rêvait de retrouver sa liberté de mouvements. La vue était agréable à regarder mais au bout d'une demi heure perdait de son éclat et de son intérêt. Mais Elassa patienta encore. Si elle se précipitait, elle devrait quitter la ville, ce n'était pas le but recherche. Une fois qu'elle serait oubliée de ce lieu, elle embarquerait sur un navire en direction de l'île de Meca.

Il devait être environ midi et l'agitation en bas était à son plein. Il n'y avait pas seulement des marins mais toutes sortes d'individus de toutes races. Sa seule distraction était de les observer. Elle inventait des histoires aux plus intéressant, s'imaginait les conversations que certains s'échangeaient. Ainsi, le temps passa très vite.

Finalement, la jeune femme se décida à partir. Elle se leva. Ses jambes étaient légèrement engourdies d'être restées dans la même position tant de temps. Elle regarda l'elfe. Elle l'avait oublié celui là. Il l'avait laissée tranquille. Sans rien dire, elle se laissa tomber en bas presque en chute libre, ne prenant de quelques appuis de temps en temps pour réduire sa vitesse et éviter un choc en arrivant au sol. Elle atterrit en position accroupie puis se releva, regardant autour d'elle, les sens en éveil. Personne ne semblait la reconnaitre. Elle s'exposa en vue et attendit ainsi pendant un moment. Pas la moindre vague à l'horizon.

La jeune femme profita de cette opportunité pour se diriger vers la mer. Elle s'assit sur le quais. Elle avait beau être restée au même endroit pendant de longues heures, voir le paysage d'un angle différent lui donnait envie de rester encore un peu.

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