Promenons nous dans les bois... [PV]

Ils avançaient depuis un certain temps déjà. Après plusieurs jours de marche et de chasse, Rizzerdias ne les comptait plus, ils arrivèrent à la forêt d'Aduram. Des feuilles, allant du doré le plus brillant au rouge le plus sanglant en passant par l'oranger flamboyant, jonchaient le sol pareilles à un tapis couleur vermeil. De grandes racines, comme les pattes d'un animal fragile qui aspirait à s'enfuir pour sa survie, sortaient du sol et tendaient des pièges, ça et là, aux voyageurs qui ne regardent pas où ils marchent. Les troncs, solides et bruns, tranchaient le décor de leur ombre, longiligne et aux contours durs et nets. Quelques feuilles tombaient en tourbillonnant.

La température avait augmenté et la jeune Rimvendels se sentait mieux, l'épuisement et la solitude l'ayant délaissée, soit par pitié, soit par découragement. Mais elle s'inquiétait pour le tigre, accoutumé et apprivoisé par l'altitude hivernale. Son épais pelage platine rayé de noir était fait pour supporter les basses températures, et cette couleur opaline trouait la couverture qui tenait chaud au sol de la forêt. Il ne passait pas inaperçu au milieu des cadavres du feuillage, à cause de sa taille et sa couleur, et était pour cela deux fois plus à l'affut.

Quant à la jeune femme, sa peau pâle le semblait moins tout en le restant. Ses mains réchauffées étaient redevenues blêmes, et avaient repris leur douceur habituel mais néanmoins étrange pour une archère. Sa chemise était sale et légèrement déchirée à une manche, mais son armure de cuir n'avait rien. Ses yeux verts brillaient, et regardaient discrètement autour. Tout cela, elle le trouvait beau. Elle tourna son regard vers Thyvene, et sourit. Elle était heureuse, ou du moins, elle n'était plus triste. Elle n'étais pas de nouveau sociable, mais elle ne vit plus avec pour seule compagnie la présence malsaine et permanente de sa solitude.

Puis, une sensation bizarre, comme une existence étrangère, non loin d'eux. Rizzerdias savait que Thyvene l'avait aussi senti, mais au même moment qu'elle. Elle s'était améliorée à la chasse en compagnie d'une bête sauvage. Elle avait déjà son arc en main et se prépara à attraper une flèche, juste au cas où.



HJ : Ordre : Rizzerdias Rimvendels, Tinérion Löthfin, et Thyvene.

J'avais décidé de partir de Diantra il y avait maintenant quelques jours. La garde m'avait identifié et avait immédiatement essayé de me mettre aux arrêts, mais ce n'était pas sans compter sur ma discrètion, ma rapidité et mon intelligence qui me permirent de partir de Diantra sans avoir été obligé de tuer ne serait-ce qu'un seul garde. Je savais maintenant que mon frère cadet était encore vivant et qu'il était un membre bien intégré dans l'Armée des Divins. C'était ma nouvelle proie, hors de question de la laisser vivre. Il était sans doute le dernier survivant de la destruction de notre village, et je ne voulais pas qu'il me retrouve, de plus si il faisait partie d'une organisation militaire. Il fallait attendre encore quelques jours dans cette forêt avant de reprendre la route, histoire d'éviter des troupes de la garde un peu trop sur la défensive, il fallait que leur vigilance baisse d'un cran et ensuite, il pourrait repartir pour aller le traquer.

La chaleur commençait à être étouffante, et pourtant le soleil se faisait de moins en moins présent, le soleil commençant sa lente ascension vers l'autre côté de la Terre et laissant place à la nuit et à sa lune, faisant sortir les bêtes les moins désirables de Miradelphia. Je commençais à vouloir me mettre torse nu, ou bien au moins enlever mon manteau. C'est alors que je décidai de faire un petit campement. Je mis un petit tas de bois histoire de faire un toit à peu près correct puis je posai mon manteau à l'intérieur. J'étais maintenant habillé juste sur le torse, les bras nus et complètement recouverts de cicatrices profondes, tout comme mon visage et mon cou. Mes cheveux commençant à retomber, je décidai de les remettre en arrière d'un coup de main bien placé.

Puis, tout à coup, je me mis à entendre des branches craquer sous des pas, à juste quelques mètres d'ici, puis une odeur de chair, mélangée... C'est bizarre, mais c'était une odeur de chair inconnu, peut-être celle d'un félin, et celui d'une humaine. Un bon dîner en perspective, alors ! Je décidai de dégaine doucement mon sabre puis de grimper dans les arbres avec une étonnante facilité, je suis un elfe après tout. Puis en se promenant de branche en branche, je tombai sur cette humaine, accompagné d'un énorme tigre, blanc de surcroît. Je ne ferais sans doute pas le poids face à ces deux êtres, mais peut-être pourrais-je m'en servir pour atteindre mes objectifs, qui sait ? C'est alors que doucement, je rangeai mon sabre et que je les regardai passer.

A un moment, je finis par descendre de l'arbre et de me retrouver devant eux. La jeune fille était assez jolie, avec une généreuse poitrine, des cheveux magnifiques et un teint de jeune fille assez stimulant pour un homme, il faut dire. Quant à son compagnon des plus massifs, il avait des rayures noirs et un pelage blanc, sans doute venait-il d'étendues polaires, et il devait souffrir de la chaleur étouffante de cet endroit. Quant à la fille, elle ne m'avait pas l'air perplexe où souffrir d'un autre mal, quel qu'il soit. Pour ce qui me concerne, les deux êtres pouvaient admirer mon visage complètement couvert de cicatrices tout comme mes bras dévêtus qui étaient eux aussi étouffés sous des blessures profondes. Je les regardais de mes yeux vairons et de mon expression neutre. Puis d'un ton incroyablement glacial, je dis d'une voix ténébreuse :

"Posez cet arc, je n'attaquerai pas tant que vous n'attaquerez pas vous-même."


HJ : Bof bof aussi pour mon RP^^

Ils avaient voyagé quelques jours, traversant quelques plaines, forêts, et vallées rocheuses. Ils se rapprochaient rapidement l'un de l'autre, adoptant une relation fusionnelle, et se rapprochant sûrement de l'harmonie spirituelle. Ils avaient chassé, le premier jour.

C'était dans une vallée rocheuse, aux passages étroits entre les énormes pierres et les gros animaux difficiles à dénicher. Pour commencer, le tigre commençé par trouver leur piste. C'était principalement des loups et des oiseaux. Il suivit d'abord l'odeur d'un loup qui lui semblait plutôt féroce. Il tenta alors d'expliquer la situation à son humaine, parlant avec le regard. Ne sachant nullement si elle avait compris, il s'était alors mouvé dans le milieu avec silence et discrétion, suivi d'elle. Elle tentait de le suivre du mieux qu'elle pouvait dans ce dédale, mais elle s'y habitua et bientôt, elle s'y déplaçait avec assurance, prête à réagir au changement de situation. Là, au coin d'un rocher, Thyvene s'arrêta, et se tapis au plus près du sol, fixant quelque chose quelques mètres plus loin. Le loup dévorait un oiseau en se délectant de chacun de ses muscles, de chacun de ses organes. Il était légèrement plus petit que le tigre blanc et était totalement absorbé par son repas. La chasseuse avait déja sorti son arc et préparé une flèche, qu'elle tira dans le garrot de l'animal au pelage gris. La pointe traversa l'échine dans un craquement lugubre et resta logée dans la pomme d'Adam. Le sang coula le long de son dos pour former, après un long cri guttural, une minuscule flaque pourpre sur le sol. Il n'avait pas eu le temps d'agoniser, il était mort en un instant. Ils avaient alors ramassée la carcasse et partagé la viande cuite, flattant les pupilles gustatives du tigre pendant qu'il dégustait ce délicieux et étrange repas, qu'il n'avait jamais eu le plaisir de goûter. Ensuite, elle avait tué un oiseau qu'ils avaient ensuite bourré de sel au cas où aucun animal ne se serait montré le lendemain.

Le tigre semblait un peu triste pendant le jour suivant, inquiet pour sa mère, nostalgique de son frère. Ils ne devaient pas s'inquiéter pour lui, sa mère savait qu'il était fort et qu'il survivrait toujours. Elle savait même sûrement que ce jour devait arriver, où il partirait sans revenir. Elle avait toujours été clairvoyante pour le jeu du destin. La survie ne s'apprend que dans l'expérience de la vie, et pas forcément dans la chasse. Néanmoins, malgré ces pensées soucieuses, il n'avait sûrement jamais été aussi heureux. Enfin, il pouvait découvrir la vie, et il avait une personne pour lui seul. Elle lui appartenait, comme il lui appartenait. C'était enfin une égalité parfaite et une symbiose des pensées. Mais sa constation fut remise à plus tard. Il devait aller chasser avant la nuit, ils avaient faim.

Plusieurs jours plus tard, ils étaient arrivés dans une immense forêt. Le tigre avait eu du mal à s'adapter au départ, mais il prit vite l'habitude de ce climat tempéré et de cette chaleur assez étouffante au début. Le feuillage allant du doré au rouge pourpre l'avait obligé à plus déployer ses sens qu'à son habitude, mais le sol ferme tapissé de végétaux et peu glissant en comparaison de la neige le rassurait quant à ses possibilités de mouvement. Les noueuses racines des immenses arbres ne le gênaient pas, il se déplaçait avec agilité et assurance le long des végétaux, disparaissant de temps en temps à travers le labyrinthe que pouvait devenir le bois. A un moment, sur le chemin, le tigre repéra une présence étrangère à la forêt, mais lorsqu'elle s'intensifia beaucoup, il se mit sur ses gardes en même temps que Rizzerdias. Elle l'avait ressentie et avait sorti les armes. Thyvene le repéra, c'était un humanoïde à la peau claire et la chevelure blanche, caché dans un arbre, une arme tranchante à la main. Enfin, au moment il s'y attendait, l'inconnu descendit et parla alors, d'un ton glacial et plein de cruauté. Il se croyait supérieur, mais il ne savait pas à quel point il se trompait. Le tigre commença à grogner s'approcha lentement de l'étranger. Sa compagne l'arrêta et le calma en posant la main sur la tête et le rassurant du regard. Il s'arrêta, mais resta sur ses gardes quand à la situation. Il lui demanda de faire attention, et observa la suite.

La jeune humaine regarda l'homme apparut devant eux. Des oreilles longues et pointus, mais une peau claire. C'était donc un elfe. Elle l'observa de haut en bas, en regardant chacune de ses cicatrices, une par une. Il en avait tellement que c'en était presque ridicule. Ses bras étaient musclés, et il avait une sorte de sabre assez long. Son corps était donc conçu pour le combat en corps à corps, le point faible de Rizzerdias. Puis il parla. Il parla d'un ton qui ce voulait froid, un ton qui se voulait autoritaire et mystérieux. Mais ça ne fit rien à cette jeune femme. Ses années de solitude l'avait refroidi, et même les tons les plus ressemblant au blizzard auraient réchauffer cette âme trouée par la disparition de son bien-aimé, et qui se rebouchait, petit à petit, lentement mais le plus sûrement du monde, par l'apparition d'un nouvel "amant".

Il voulait qu'elle pose son arc. Était-il sérieux ? Elle laissa échapper malgré elle un petit rire. Un homme pareil, bien qu'elle soit accompagnée de Thyvene, pourrait-être capable de lui sauter à la gorge et de l'achever. Et puis, son arc était la chose qui l'a fait survivre. Elle vivait encore avec son frère à travers lui, et le poser était un geste, non de renoncement à attaquer, mais d'abandon de sa survie. Elle venait à peine de retrouver le goût de la vie avec Thyvene, et elle n'était pas prête à le rendre. Elle le regarda d'un regard neutre, sans aucune animosité. Il ne l'effrayait pas, rien ne l'effrayait. Cet homme là avait peut-être vécu les même choses qu'elle, mais en tous cas, elle était sûre qu'il avait vécu les même années, ces années malsaines, en compagnie de la solitude. Et cela avait dû le rendre lui-même malsain.

Elle le fixa, et ouvrit enfin la bouche. "Huhu. Croyez-vous vraiment que j'allais le faire ? Un chasseur reste en permanence à l'affut. Mais je ne vais pas pour autant vous attaquer." Elle espérait que cet homme redoutait cette réaction. Elle voulait être insolente, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pu l'être. Cela lui faisait du bien de voir une personne, qu'elle soit humaine, naine, elfe, ami, neutre, ou hostile. Elle posa sa main sur le crâne de Thyvene et caressa la tête du tigre.

Les paroles de l'elfe sylvain confirmaient ce que la jeune femme pensait, il n'était pas du genre à avoir des amis, ni quelque autre relation avec qui que ce soit. Elle regarda l'inconnu d'un regard noir, un regard pleins de reproches. "Ce n'est pas un animal. C'est Thyvene. Il ne peut faiblir, il n'est pas assisté. Et ce que vous vous amusez à appeler un service, c'est tout simplement une aide, volontaire de sa part. Le jour où il ne voudra plus m'aider, il arrêtera." Rizzerdias ne considèrait plus ce tigre comme un animal, c'était son ami, son compagnon. Un lien d'amitié, d'amour, ou de fraternité, elle ne savait pas vraiment, d'une pureté incroyable, s'était créé entre eux. Ils se comprenaient, bien qu'ils soient d'une race, d'une espèce totalement différente, rien qu'avec le regard, et elle avait une entière et aveugle confiance en lui.

Elle regarda Thyvene lui annonçant avec les yeux qu'au moindre "écart de conduite" de cet étranger, jusqu'à nouvel ordre, il pouvait faire ce qu'il avait envie de faire depuis le début. Elle s'avança légèrement vers ce corps entièrement recouvert de cicatrices et se posta devant lui, sans ciller. "Qui êtes-vous pour être assez idiot de croire ce qui n'est pas, et surtout, pour qui vous prenez vous pour croire que vous auriez pu me manipuler ?" La jeune femme sentait la colère monter en elle, ce pseudo assassin allait devoir faire attention à chacune de ses paroles, chacun de ses gestes.


HJ : Ordre : Rizzerdias Rimvendels, Thyvene, Tinérion Löthfin.
Post médiocre, je m'en excuse.

Le tigre s'était arrêté et avait fixé l'elfe sans ciller. Cet être lui faisait penser à un chien, un vulgaire chien sauvage, fier d'être un prédateur en tuant des lapins et autres bestioles, pensant être le plus fort et le plus rusé jusqu'au moment où il trouvait plus fort que lui et finissait soit dévoré, soit fuyard blessé jusqu'aux tréfonds de son égo. Cet inconnu avait commencé à analyser sa moitié, presque avec voracité. Il la méprisait, comme chaque être vivant, et semblait vouloir l'utiliser à ses propres fins, comme le ferait un tyran avec ses compagnons. Il respirait le sadisme et le mal, et ses paroles étaient teintées d'arrogance et d'assurance. Cet orgueilleux pensait tout contrôler et avait ri des grognements du félin. Qui rirait le plus, au final ? L'humaine l'avait étonné. Alors, il avait répondu, calmement, et l'animal avait compris l'association des mouvements et des tensions contenues dans ses paroles. Elles contenaient de la moquerie, mais aussi des sentiments bien étranges, sûrement de l'étonnement et de l'attirance refoulés.

Là, son amante avait posé la main sur sa tête, dans un geste d'affection, et le regard de l'homme avait changé pendant un instant. Il devait ne pas comprendre ces échanges d'amour, qui de plus circulaient entre deux êtres radicalement différents. C'était bien plus que ce qu'il croyait. C'était une harmonie parfaite, une fusion des pensées, une entité unie, un amour brûlant, une fraternité ancestrale. Ils s'étaient connus par le fruit du hasard et s'étaient suivis grâce à des sentiments réciproques. Ils avaient vécu dans l'empathie de l'autre et le langage des regards. L'homme avait encore parlé et exprimé un conseil, tandis qu'un dégoût pour la nature de leur relation et un mépris pour l'animal. Juste après, son humaine lui avait silencieusement dit qu'il pourrait faire de lui ce qu'il voulait s'il ordonnait un seul mauvais geste. Là, l'animal s'était doucement dégagé de sa main et, après une caresse contre celle-ci, il s'était doucement approché de l'elfe, sans dégager aucune agressivité, proche de lui d'environ deux mètres pour s'assoir en face de lui et le fixer dans les yeux, impassible mais prêt à réagir au moindre geste inadapté à la situation de sa part.

Puis l'elfe fit une chose étrange. Il s'agenouilla devant Thyvene. Rizzerdias sentit son cœur faire un bon hors de sa poitrine. Elle se prépara psychologiquement à prendre une flèche dans son carquois. Sa moitié ne bronchait pas, il ne bougeait plus. Au moindre geste hostile de l'elfe envers le tigre, l'être sylvain se retrouverait une flèche plantée au milieu du front. Et si, par un miracle quelconque et grandiose, l'humaine ne l'aurait pas touché, elle l'aurait assassiné à la dague, ou même à mains nues. Mais elle resta calme, garda son sang-froid. L'inconnu se releva et avança vers elle. Ce fut alors au tour de Thyvene d'être aux aguets. Il se leva rapidement et suivit l'elfe. La jeune femme lui dit avec les yeux de ne rien faire, en tout cas, pour l'instant. L'elfe ouvrit la bouche.

"... Tinérion Löthfin." Elle entendit ce nom et le mit dans un coin de sa tête. Elle ne devait surtout pas l'oublier, même si elle n'avait pas l'intention de l'utiliser pour l'instant. Elle regarda les yeux de cet homme, et essaya, en s'aidant de son instinct de chasseresse, d'y lire ce qu'elle pouvait. Mais ces yeux, malgré leurs couleurs clairs, ce bleu blafard, presque cadavérique, et ce brun pâle, de la couleur des troncs des jeunes arbres, encore tendres et fragiles, n'étaient pas déchiffrables, bien que la jeune fille soit d'une clairvoyance peu ordinaire. Ses yeux étaient scellés, peut être pas pour toujours, mais en aucun cas elle n'avait envie d'essayer de déverrouiller les fenêtres qui menaient à l'âme de cet être elfique, ni de n'importe qui d'autre d'ailleurs.

Elle s'approcha d'un pas vers lui. Il n'était pas repoussant, mais ses cicatrices avaient beaucoup abîmé son corps et son visage. La mentalité de cet homme, elle par contre, la dégoutait. "Je n'ai pas besoin de connaître votre nom, et ne croyez pas que je vous retournerai le mien par politesse. Même si un nom s'oublie plus aisément qu'un visage, on ne pourrait retrouver quelqu'un uniquement avec son image."