Un p'tit tour, juste pour dire bonjour !

La fin d’hiver avait été des plus douces pour le Gras, qui attendait toujours une réponse du Roy ou du Sénéchal, réponse qui ne semblait pas décidé à arriver. Il avait fait lever la totalité des forces etherniennes, grâce à l’appui d’Edric Haart et avait fait venir l’escadron de chars de guerres, fleuron de l’armée odélianne. Pour un œil averti, nul doute que la guerre couvait encore au nord. La cité conquise avait reprit une activité presque normale, artisans et marchands travaillaient avec application, et quelques troubadours amusaient la gueusaille morose avec des panflets visant le Gras. Au détour d’une rue, un jeune comédien, grimé en parangon du glorieux Bélier, il s’écriait à tue-tête.

ETHERNA ÊTRE A MOI !! … PAS CHANGER ASSIETTE POUR FROMAGE !!!

Sur ces mots, il se barbouillait la figure en écrasant un vacherin odélian en hurlant comme un cochon. Les rires des badauds furent interrompus par une patrouille de guerriers du Comte, ainsi que le jeune comique, qui fut amené, manu militari, directement dans les cantonnements de l’armée. Il venait de jouer sa dernière pièce … En quelque sorte, mourir sur scène … Quoi de plus noble pour un saltimbanque ? Les rues d’Etherna étaient libres … De se taire ou de parler avec retenue … Bref, assez parlé des perdants, parlons des gagnants, DU gagnant … Lui.

Qu’il était fort, qu’il était beau, il sentait bon le sable chaud, mon légionnaaaaaiiiiireee … Et Gaucelm aussi était beau, achevant son habillage avec sa troupe de pages et de tailleurs, qui ressemblait à une volée de pique-bœufs s’attelant à la toilette d’un pachyderme africain. Il s’admira une dernière fois dans le miroir qui trônait dans sa chambre, lorsqu’on frappa trois fois à la porte.

Entrez !

La porte s’ouvrit, dévoilant une femme costaude qui s’adressa directement au Comte.

Monseigneur, Les Wickham sont arrivés et …

Déjà ?! … Vous pouvez disposer …

La femme sortit sans un mot, retournant à ses occupations, alors que Gaucelm semblait sautiller d’impatience. Réfléchissant sans cesse à ses plans de conquêtes glorieuses, il avait jugé bon de rencontrer les nouvelles têtes de la baronnie d’Olysséa, plutôt que d’attaquer. Les rumeurs les disaient ami du Roy et il fallait garder l’image de fidélité qui justifiait le moindre de ses actes. Il avait fait porté une invitation aux Wickham, deux semaines plus tôt, et la réponse parvint en Etherna, quelques jours plus tard. Voyons si ces nobliaux valaient quelque chose ! Il se tourna vers Fulbert, ce vieux Fulbert, et lui indiqua la marche à suivre.

Très bien, mon bon ! Allez les accueillir, présentez mes salutations et gagnez un peu de temps … J’arrive !

Il sortit en trombe, et à une vitesse inégalé et presque anormale vue la masse déplacée, gloussant de joie à l’idée de sa petite mise en scène. Le clerc se dirigea, quand à lui, vers l’entrée du château, multipliant les petits pas, gêné qu’il était par sa burn … SA BURE ! Il se présenta dans l’embrasure de la porte d’entrée et s’adressa à … toute la tribu rassemblée devant le carosse.

Oh … Foutreciel ! … Bi … Bienvenue Messeigneurs ! Je vous souhaite la bienvenue, au nom du Comte Gaucelm d’Odélian … Le voyage fut-il agréable ?

A peine le temps pour les Wickham de répondre, que Fulbert pointa l’est de la cour en s’écriant.

Le voilà !

Au son du pas cadencé des deux magnifiques chevaux odélians, Gaucelm entra sur son char personnel, tenant les rênes d’une main et saluant d’une main distraite ses invités. Il avait gagné rapidement, l’arrière du château, en trottinant, acte qui faisait ondulé presque l’intégralité de son corps à chaque pas, créant des vagues adipeuses parcourant son corps flasque. Il se montrait triomphant, en territoire conquis, il pensa brièvement à la possibilité d’un esclave brandissant une couronne de lauriers au-dessus de sa tête, entendant presque les foules saluaient leur Imperator, puis il balaya ce rêve ridicule avant de reprendre sa concentration et se diriger vers les Wickham … Imperator … Amusant comme mot … Aucune idée d’où ça sortait, mais cocasse … Il éleva la voix pour hêler ses invités.

Bienvenue chers amis d’Olysséa ! Bienv …

D’où sortait cette marmaille ?! La lettre disait que Sebastian Wickham et son épouse étaient invités … Deux ! Mais bref, passons, les problèmes des parents sont autres que les préoccupations d’un conquérant, tant que les mioches savaient se tenir. Gaucelm s’arrêta près de Sebastian, lui adressant un sourire étincelant.

Quel plaisir de vous rencontrer, mon bon Sebastian … Comment s’est passé votre voyage ?

Il descendit du char, arrachant un grincement à l’essieu, puis il rejoint son invité en ajoutant d’un air faussement joyeux.

Présentez moi votre charmante … famille.

Troupeau ? Portée ? Poulailler ? Bien des termes venaient à l’esprit du Gras, mais les pensées restent des pensées et personne ne peut les entendre, n’est-ce pas ? Il souriait à chacune des nouvelles têtes qu’il apercevait, tentant de mémoriser les traits des Wickham rapidemment.

Quelques bagages sur le toit du carrosse ont laissé toute la place nécessaire à Scarlett pour s’étirer et profiter du paysage. Elle obéit scrupuleusement au moindre des préceptes de l’étiquette mais la rase compagne n’est pas faite pour ces salamalecs. Le cocher est un vieil ami, il a besoin de compagnie, d'un publique pour ses chansons... Et Willie l'accompagne si bien dans les refrains... Et puis chaque enfant voulu avoir son tour… « ...avec une girafe, si tu montes sur un tabouret. Mais le hérisson... »

C’est à peu de distance de la ville qu’elle remonte à l’intérieur, les joues rose et la tenue poussiéreuse… Comme un joyau caché sous une pellicule de poussière. De son point de vue, la balade a été réjouissante!

Elle laisse toute la place au couple officiel, descendant du carrosse la dernière. Sebastian joue les tombeurs, Kyrene les générals, et les gamins se prennent pour des gamins. Elle ne s’en mêle pas, reste en retrait, ce n’est pas son rôle. Willie est là pour observer et rattraper tout ce qui peut échapper au Wickham. Fiable, quelqu’un sur qui on peut se reposer.

Elle a cette calme efficacité né de l’assurance tranquille… Ceux qui connaissent leur capacité n’éprouve pas le besoin de les montrer. Elle aurait pu passer pour un tout jeune homme, un garde tout pétrit de loyauté. Sauf que Sebastian la présente au féminin; dame de compagnie et conseillère. Les Wickham sont de la noblesse trop récente pour que le comte sache exactement qui elle est.

Willie affiche un sourire plein de fossette, coquin. Elle esquisse un salut tout militaire qui se transforme en un geste de courtisane, se ployant en une courbette en tout point aussi gracieuse que Kyrene. Respectueuse? Tout à fait… Cependant elle l’est tout autant lorsqu’elle s’adresse au Clerc qui les a accueillit : « Auriez-vous l’amabilité de nous escorter? » lui demande-t-elle, Mathilde dans les bras et adressant un signe équivoque au reste de la troupe. Tant pis pour Kyrene, elle devra attendre puisqu’elle est une grande dame… Allons, les nobles ne sont jamais incommodés par des considérations aussi bassement terrestre…

Bien, bien, bien passons aux présentations. Le Gras observait chaque membre de la véritable déléguation olysséene qui l’avait rejoint en Etherna. Il écoutait Sebastian détailler sa cour.

Ma tendre épouse, Kyrene …

Une charmante dame blonde, portant des yeux de sorcière, vairons, bien que Gaucelm ne croit plus à ces contes pour enfants et ces sornettes de vieilles femmes. Il laissa ses yeux s’attarder sur la poitrine ronde de la dame, furtivement, imperceptiblement pour un œil non averti … Petit … Euh … Gros vicieux. Elle esquissa une charmante révérence devant le Gras qui ploya du gloître un première fois.

Sa dame de compagnie et ma charmante conseillère, Scarlett Willie Cassel …

Une jolie petite frimousse, au nez mutin, un petit air coquin, l’œil qui frise autant que sa chevelure. Dame de compagnie, soit … Conseillère ? … Une femme, haha … HAHAHAHAHAHAHAHAHA … Le fripon se promenait avec sa maîtresse au nez et à la barbe de sa femme … Roooh le fieffé filou. Gaucelm salua une nouvelle fois d’un hochement de tête, alors que les présentations en venait aux enfants.

Et mes quatre enfants, Flinn, Derick, Edith et Mathilde.

Révérence, courbettes et élégance dans les gestes. Les petiots saluèrent le Comte comme il sied, arrachant un gloussement ravi à Gaucelm qui s’adressa à Kyrene en souriant.

Vous avez su leur donner la meilleure éducation, Madame !

Puis vers Sebastian, lui adressant un sourire qui avait la volonté d’être autant, voir plus, ravageur que le sien.

Charmante compagnie, héhé.

Oui, il le pensait … Si, si … Mais … Puisque je vous le dis ! Bref … La plus jeune des charmants bambins se permit une intervention des plus cocasses, extirpant un nouveau gloussement, amusé cette fois, au Gras.

Maman,Pipi

La dame de compagnie prit alors la jeune Mathilde dans les bras et se dirigea vers Fulbert, le vieux clerc qui attendait devant la porte.

Auriez-vous l’amabilité de nous escorter?

Oh voui, bien sûr.

Il entra dans le château et marchant rapidement vers les commodités, jetant de petit coups d’œil derrière lui et ponctunant le trajet de « C’est par ici ! ». Il laissa les deux damoiselles entrer et attendit devant la porte leur retour.

Revenons à nos moutons, ou plutôt notre Bélier, glorieux et fier, qui s’adressait à ses invités avec une jovialité naturelle plaisante à voir.

Mes amis … Entrez ! Entrez ! Vous devez être éreinté et affamé … J’ai fait préparer un bon repas pour vous.

Il laissa entrer les Wickham, puis se posta devant un escalier massif, sculpté dans la roche nue, qui se séparait en deux, pour accéder aux différentes ailes. Il indiqua l’aile est du doigt et poursuivit son discours.

Vos chambres sont situées dans l’aile est, mes gens vont faire monter vos bagages

Il se stoppa un instant, et se tourna vers les olysséens.

Sur la droite, le Grand Salon et la Salle de Banquet, et par ici, nous avons le petit salon, la bibliothèque et un accès à la chapelle de Néera … Bien !

Il frappa dans ses mains, puis continua.

Passons au repas !

Ce mot semblait éclairer son visage, et il se dirigea vers le Grand Salon avec entrain, devançant légèrement les Wickham. Il allait enfin avoir l’occasion de connaître ces nouveaux nobles.

- Les filles d’abords!
- Mawimaaanliiiie! Protestèrent les gamins dans un ensemble parfait.
- Les plus jeunes, si tu préfères… Puis elles n’ont pas pu arroser les buissons, elles… Flinn, surveille ton frère… coupa Willie avec un clin d’œil à l’aîné…


Et ça piaille aussitôt qu’ils sont hors de vue du compte. Personne ne semble remarquer que c’est Willie qu’on appèle maman… Espérons que l’homme ne soit pas trop à cheval sur les bonnes mœurs…

Lorsqu’elle sortie des cabinets, donnant leur tour aux garçons, elle remercia chaudement le clerc.

- Merci infiniment monsieur! La route a été longue. Elle lui tendit une main blanche aux longs doigts fins, une main de dame avec des cals soigneusement poncés. « Je sais qu’on m’a déjà présenté mais ce n’est pas la même chose! Je suis Scarlett Willie Cassel. Vous pouvez m’appeler Willie! » Une poigne de soldat, franche et vigoureuse…

Elle lui laissa le temps de se présenter lui-même, sincèrement attentive. Et parce que Willie était le genre de dame à remarquer ce genre de détail. Elle le complimenta pour la bonne tenue du château, pour la qualité et l’entretient des bêtes avec lesquelles le comte était apparu, pour la finesse de l’attelage… « Vos gens travaillent bel et bien, c’est réjouissant à voir! »

- Maman? Tu crois que le comte a une bibliothèque? S’informa Flinn…
- Si ce n’est par intérêt, ce sera par snobisme… Plutôt par intérêt, je crois… répondit la jeune femme et soupesant le clerc du regard. Elle lui sourit : un large sourire en tranche de courge. « N’est-ce pas que j’ai raison? »

Et sans plus s’attarder, Mathilde perchée sur sa hanche gauche, Scarlett posa une main fine sur le bras de Fulbert comme s’il eut été un grand seigneur à même de l’escorter, et lui proposa : « Allons rejoindre les autres, ne les faisons pas attendre, il ne serait pas polit de s’attarder! »

Malheureusement pour la subtilité du comte, il s'avère que Kyrene soit un oeil très averti. Elle n'en rate pas un et ne rate personne non plus. Le détour qui se veut inopiné sur sa poitrine parfaite ne lui échappe pas, mais pas du tout. Pour lui faciliter la tâche, elle pousse même l'audace à creuser légèrement le dos, offrant un magnifique vue à Gaucelm. Malheureusement, il n'a pas le culot de pousser davantage l'observation.

- Vous avez su leur donner la meilleure éducation, Madame !
- Vous me flattez, Sire.

Elle se contente d'un hochement de tête, d'un sourire envoutant et d'une expression faussement flattée. Elle n'a pas besoin d'être flattée, elle sait qu'elle élève très bien ses enfants. Ils sont parfaits. L'intervention de Mathilde aurait été parfait pour qu'elle s'éclipse avec elle pour le même besoin, mais Willie est plus rapide. Bon sang, elle va devoir attendre encore un moment. Ça ira, ça ira.

- Mes amis … Entrez ! Entrez ! Vous devez être éreinté et affamé … J’ai fait préparer un bon repas pour vous.

Il laissa entrer les Wickham, puis se posta devant un escalier massif, sculpté dans la roche nue, qui se séparait en deux, pour accéder aux différentes ailes. Il indiqua l’aile est du doigt et poursuivit son discours.

- Vos chambres sont situées dans l’aile est, mes gens vont faire monter vos bagages
- Oh ! C'est ma fille qui va être contente, elle pourra enfin cesser sa grève de la faim.
- Les filles en fait, Edith n'a presque rien mangé depuis notre départ d'Olyssea, se désole Kyrene.

Ses filles, ses garçons, c'est toute sa vie. Bon sang, elle n'aurait jamais cru dire ça il y a 10 ans. Autant les siens que ceux de Willie. Une brève présentation des lieux et le comte frappe dans ses mains.

- Passons au repas !

Kyrene eut l'impression de voir un de ses gamins à qui on venait de dévoiler une grande surprise. Puisque le comte les devance, elle se permet d'adresser un regard amusée à son époux et à mimer discrètement de frapper dans ses mains. Bon sang, tout ce tapage pour pas grand chose. Kyrene n'était pas du genre à être obéit au claquement de paumes. Elle préférait les ordres directs. Elle avait l'impression de contrôle quand ses ordres étaient parfaitement exécutés. Mais ça voulait dire quoi frapper dans les mains, hein ? Est-ce que frapper des pieds signifiait autre chose ? Franchement illusoire comme emprise sur le personnel. Et puis, elle, par politesse et convenance, elle va se changer avant de dîner et elle fera aussi changer les enfants, et Scarlett. En plus Scarlett a passé presque tout le trajet avec le cocher et elle avait promis de mettre sa robe à l'arrivée. Et elle n'y manquera pas.

- Si vous voulez bien NOUS excuser, Sire, dit-elle en appuyant sur le nous, question que Sebastian se sente visé, mais je dois aller me changer avant le repas. Les enfants aussi d'ailleurs. Elle offre un hochement de tête à Gaucelm, qui ouvre un brin son décolleté, avant de se tourner vers son époux. Ne tardez pas, sinon, les deux petites vont mourir de faim, dit-elle avant de poser un doux baiser sur les lèvres de son époux. Vous avez dit l'aile Est, n'est-ce pas ?

Et d'un déhanchement à faire frémir un prêtre, elle s'éloigne vers la dite aile et accoste un domestique.

- Si vous pouviez me conduire à ma chambre, je vous en serais fort reconnaissante, minaude-t-elle.

Fulbert regardait les enfants entrer à la queleuleu dans les toilettes, suivant les indications de la jeune demoiselle. Il aimait les enfants … Trop ? … Mais là n’est pas le débat … La jeune demoiselle lui tendit une main et se présenta à la vieille fouine.

Je sais qu’on m’a déjà présenté mais ce n’est pas la même chose! Je suis Scarlett Willie Cassel. Vous pouvez m’appeler Willie!

Oh, enchanté mademoiselle ! Je me prénomme Fulbert et je suis un clerc …

Vos gens travaillent bel et bien, c’est réjouissant à voir!

Oh merci, je .. leur transmettrais.

Willie ! Ah c’est très mimi … En accord avec la frimousse qui portait ce sobriquet. Charmante conseillère qu’avait déniché ce sieur Wickham.

Maman ? Tu crois que le comte a une bibliothèque ?

Si ce n’est par intérêt, ce sera par snobisme… Plutôt par intérêt, je crois…

Maman ? … Mais … Maman ?!! … Snobisme ? … Elle était beaucoup moins charmante tout de suite ! Fulbert fronça à peine les sourcils, alors qu’elle continuait, souriante.

N’est-ce pas que j’ai raison?

Certes, certes … Le château possède une bibliothèque … Moins fourni que celle d’Odélian malheureusement.

Il regardait la petite Mathilde, d’un air bienveillant. Ooooooooooh la jolie petite fille, aurait-on pu entendre en se trouvant dans sa tête. Willie annonça le retour à ses troupes qui gagnèrent en bonne ordre le hall.

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Gaucelm s’élançait vers la salle du trésor … du repas, guilleret et souriant, mais alors que Sebastian avait acquiescé pour gagner le Salon, la voix de Kyrene se fit entendre.

Si vous voulez bien NOUS excuser, Sire mais je dois aller me changer avant le repas. Les enfants aussi d'ailleurs. Ne tardez pas, sinon, les deux petites vont mourir de faim. Vous avez dit l'aile Est, n'est-ce pas ?

Voix chantante et suave, mezzo soprano à la première écoute. Une voix de … Une voix … Une … UNE VOIX DE GOURGANDINE !!! Elle avait fait baillé son décolleté volontairement, il n’avait pas rêvé. Huhuhu … La provocante ! Euh … Restons concentré je vous prie, les apparences … sauvons les apparences.

Mais où ai-je la tête ? … Pardonnez moi, mes amis ! L’excitation de vous recevoir, probablement … Oui, oui, oui l’aile est. Allez-y Sebastian, je vous attendrais dans le Grand Salon. A tout à l’heure !

Gnagnagnagna … Le ton mielleux ne lui allait pas, vraiment pas. Cependant, il est vrai qu’ils se sentiraient mieux, après avoir quitté leur vêtements de voyages. Soit ! Il les attendrait en grignotant une caille … Ou une cuisse de lapin ? … Oh oui, du lapin ! … Avec des champignons ! … Oh voui des champignons !! … Avec une tartine couverte de vacherin de Dens !!! … Oh vouiiii !! … *Gloussement excité* … Laissons le à l’élaboration de son diner.

Les enfants, Willie et leur guide entrèrent dans le hall, juste à temps pour voir le couple des Wickham monter les escaliers et Fulbert se tourna vers la jeune femme en souriant.

Je suppose que vous aussi, vous préférez vous changer avant de rejoindre le Comte, Willie … Je vous en prie

Il les observa s’éloigner et pressa le pas pour rejoindre son suzerain. Il allait faire son rapport. Mine de rien, indiquer l’emplacement des toilettes pouvaient apprendre plein de choses …

Sitôt entrée dans les appartements qui leur sont attribués, Willie se mit en mode maman / nounou. Elle ouvrit la malle des Wickham et distribua un ballot de vêtement à chaque membre de la troupe. Les mamans sont parfois pires que les générals… Scarlett était pire qu’une maman…

Des vêtements de fille, c’est beaucoup moins facile à endosser que des vêtements de garçon… Flinn, parce que c’est la nature de tout adolescent, a un jour argumenté pour l’égalité du mérite… Le débat déboucha sur la responsabilité d’habiller sa petite sœur tandis que Willie s’occupait des deux autres.

- Viens Math, on va te mettre ta jolie robe orange…
- Elle est pêche!!
- Si tu veux…
- Je veux que ce soit Kyrene qui me brosse les cheveux!
- Bien! Alors je brosserai ceux d’Edith!
Mathilde resta pensive un instant, voyant son frère se détourner d’elle presque avec enthousiasme…
- Mamaaaaaan! Geignit la cadette…
- Si tu pleures, tu vas saloper ta beeeelle robe pêche… la nargua Flinn, très au fait de la fine psychologie petitesoeuresque… Allons, je vais brosser ceux d’Edith et je ferai les tiens ensuite… proposa-t-il en attirant Edith à lui. Flinn adorait jouer dans les cheveux de sa sœur…
- Et ensuite les tiens… nota sévèrement Willie, en laçant une chaussure…
- Oui maman…

Ce n’est que lorsque toute la marmaille fût changée que Scarlett abattit son jeux. Elle ne s’était pas changée…

« Alors en ce qui me concerne, je vais me gracier de la collation formelle et descendre aux cuisines avec la valetaille… » Ce n’était pas une question… Ni une suggestion... Rapidement elle tenta de gagner la porte avant qu’on ne lui oppose une quelconque résistance.

Flute! Pas suffisamment rapide! Un éclat de lumière se réfléchit dans les yeux de Scarlett au moment ou les deux dames s’affrontent du regard… Elle n’avait pas réellement promit mais Kyrene accordait tant d’importance à son petit monde quelle avait certainement cru à une promesse. Scarlett lui sourit et fit bonne figure : « D’accord. La collation officielle et ensuite je suis libre d’écornifler à ma guise… »

Elle ouvrit la porte malgré tout et s’écarta de la chambranle. « Ceux qui sont prêt attendent dans le corridor! » claironna-t-elle. « Flinn, Derick, vous êtes personnellement responsable de vos petites sœurs respectives! » Et elle referma la porte derrière eux avant d’y coller une oreille. « … je t’échange Math contre Ed, ça te va?… »

La belle brune se retourna alors devant le mari et la femme… « Allons, il faut faire vite, vous allez bien m’aider?!? »

En quelques minutes pas plus, Scarlett sortit de la chambre débarbouillée, vêtue d’une splendide robe d’une soie jaune vibrante rehaussée de dentelle mousseline. Ses cheveux cascadaient coquettement dans son dos, brillant comme du bronze polit. La métamorphose était complète. À peine aurait-on pu s’étonner de son hâle naturel ou reconnaître son sourire plein de fossette. Éblouissante!

Les enfants s’ordonnèrent naturellement à sa suite alors qu’elle venait se placer derrière les Wickham. « Ne compter pas sur moi pour manger comme une Dame... » fit-elle d’un ton qui donnait une savoureuse personnalité au mot ‘Dame’. « J’ai tellement faim que je dévorerais un Daim! » D’une vrille gracieuse qui fit tournoyer les plis de sa robe autour d’elle, elle se retourna subitement et faucha Edith dans ses bras. « Autant commencer par celle-ci! » Et elle fit mine de lui prendre une mordée dans le cou. « Elle a l’air succulente! »

« Mamaaaaan… » geignit Flinn… Les adolescents, même les plus raisonnables, sont toujours au supplice devant le comportement gênant de leur parent.

Le pas alerte du vieux clerc laissait échapper un froissement régulier entre les pierres nues et froides qui composées le couloir menant au Grand Salon. Il ouvrit la porte rapidemment, pour découvrir Gaucelm, trônant au centre de la table, enfournant dans son gosier un énorme morceau de cochon, le masticant avec délectation. Il se saisit d’une coupe, empli de vin hautvalois, laissant échapper des effluves suaves que le Gras respira en fin connaisseur avant d’inonder ses papilles du liquide carmin et légèrement râpeux. Il observait d’un œil distrait le vieux Fulbert s’approchait et prendre place à ses côtés, pas assis, noooooon, debout à la droite du siège du comte … Quelle magnifique image biblique … Mais restons concentré sur ce qui importe réellement ! Le clerc se pencha doucement vers Gaucelm, prenant presque le ton de la confidence.

Monseigneur … Ils l’ont appelés « Maman » !

Le Gras arqua un sourcil en tournant son regard vers son serviteur, interloqué.

Qui donc ?

Willie !

« C’est qui ça Willie ? » pouvait se lire sur la mine rougeaude de Sa Grasseté. Il avait une mémoire aléatoire, surtout concernant les prénoms des non-nobles. Fulbert, lisant l’interrogation sur la mine de Gaucelm précisa l’information.

La … « conseillère »

Fulbert fit le signe des guillemets avec ses mains, montrant bien le ridicule du terme officiel. En unique réponse, Fulbert reçu un gloussement mélant amusement et intérêt. Le gourgandin ! Les doutes de Gaucelm concernant cette charmante enfant étaient à présent des certitudes. Elle n’était pas seulement sa maîtresse, mais la mère d’au moins deux bambins de la suite de Sebastian. Il tapota négligemment sur la joue de Fulbert, comme on le fait pour flatter l’encolure d’un cheval, ravi que cette vieille fouine ait pu apprendre des choses sur les Wickham. Mœurs légères et infidélité … Voilà qui pourrait servir en temps et en heure. Il est de notoriété publique qu’un noble possède des favorites et des enfants naturels, mais se pavaner avec sa pouf … sa favorite pardon, était plutôt mal vu et mal venu. Pas encore baron et déjà baignant dans la vase du scandale, les pauvres. De cette information, il pourrait tirer un parti magnifique, à moins que les négociations au cours de cette visite n’aboutissent à des choses plus intéressantes que de salir le nom de cette famille étrange. Pendant plusieurs instants encore, les deux compères furent seuls, Gaucelm mangeant et Fulbert toisant un morceau de faisan rôti à souhait et embaumant les environs d’une odeur de gibier délicatement cuisiné. Quelques serviteurs allaient et venaient entre la cuisine et la table du comte, lorsque la porte s’ouvrit pour laisser apparaître les olysséens.

Comte Gaucelm ! J'espère que nous ne vous avons pas trop manqué !

Plaisante, plaisante mon bon, pensa-t-il, alors qu’il dissimulait son œil inquisiteur par un gloussement amusé. Il ne prêta même pas attention à l'intervention de Kyrene, le goujat! Toute la troupe entra et il laissa son regard s’attarder sur la dénommée Willie, la ribaude de Sebastian. Gaucelm sourit, et ouvrant les bras pour montrer les places vides, il répondit à ses invités sur un ton jovial.

L’attente fut interminable, mes amis

Gloussement …

Si vous voulez bien vous donner la peine.

Il laissa les invités s’asseoir, jetant un petit regard sur chacun des enfants, qui s’avançaient puis s’asseyait dans l’ordre. Oh mais oui !! Cette petite fille avait bien des faux airs de Willie. Amusant, ce repas allait être très amusant.

Le regard jeté sur lui par Kyrene le fait sourire. C'est sévère, mais il aimait bien quand elle le réprimandait... Ça lui donnait une impression maternelle et... Enfin bon, ne nous attardons pas plus longtemps sur les étranges fantasmes de Sebastian... La ravissante blonde à ses côtés offrit à Gaucelm un sourire absolument délicieux et le Baron, enfin, futur Baron, fier, bomba le torse... Il avait une magnifique famille et malgré les rumeurs qui couraient sur eux, il en était particulièrement content. Qui ne le serait pas ? Deux femmes en or pour lui tout seul et quatre enfants absolument magnifiques...

- Nous ne vous avons pas fait trop attendre, j'espère.
- L’attente fut interminable, mes amis.

Un coup d'oeil amusé à Kyrene puis Sebastian s'avança vers la table, suivi de sa troupe...

- Si vous voulez bien vous donner la peine.
- Merci infiniment.

Fit le Baron en aidant sa plus petite à s'asseoir... Un père impliqué, c'est ce qu'il était... Sa femme et Willie savaient faire tout ça elles-mêmes, elles n'avaient pas besoin de lui, mais il tenait absolument à au moins avoir un gamin à charge à chaque fois... S'occupant de l'un ou de l'autre pendant que sa tendre et son amante s'occupaient des autres... généralement, il prenait soin des garçons, mais se plaisait beaucoup à aider avec les petites aussi, qu'il adorait, évidement. Prenant place en dernier, Sebastian offrit au Comte un sourire ravi.

- Chose est certaine, mon ami, vous avez le chic sur la ripaille... Quel festin ! C'est à croire que vous accueillez le Roi !

Commenta Sebastian en passant en revue tout ce qui couvrait la table avec un sourire amusé... Ça l'impressionnait quoi... Et il y avait matière tout de même... La bonne chair semblait être un domaine qu'il appréciait particulièrement, juste à voir le galbe du gars, y avait de quoi en conclure ainsi...

Elle aurait du laisser cette place à Sebastian… Scarlett tira le siège qui faisait face au compte et s’y installa avant même que quelqu’un n’ait le temps de lui indiquer qu’elle outrepassait là son rang… Surtout qu’il était malaisé de dire exactement quel était son rang…

Ce n’était pas un impair. Ni une impudence. Elle était hardie la conseillère… Audacieuse même dans le décolleté. Vive par le geste et l’esprit

Et ainsi le souper commença…

Les hôtes du compte firent honneur aux plats. Quand on vient de province et qu’on a fait un long voyage, on ne se contente pas de blanc de poulet et d’eau claire… Ce sont de joyeux convives et Scarlett, tel qu’elle l’a annoncé, se sert d’un solide coup de fourchette! « Ces langues de lièvres et leur sauce aux champignons doux sont tout à fait délicieuse, cher ami! » s’extasia-t-elle. « Il me fait absolument discuter avec votre cuisinière; je n’ai jamais rien manger de si savoureux!!! » complimenta-t-elle d’une voix qui portait certainement jusqu’aux cuisines. Un compliment juste et mérité. Parce que ce n’est pas parce qu’on est de province qu’on n’est pas à même d’apprécier ce qui est raffiné. Elle poursuivit cependant, un ton plus bas : « Mais dites-nous, » fit-elle, s’adressant manifestement à lui au nom de Sebastian alors que le futur baron était occupé à tailler des bouchées à sa plus jeune, « Est-ce pour nous faire partager toutes ces merveilles que vous nous avez invité ou aviez-vous d’autres préoccupations plus terre à terre? » Incisive même sans la rapière, elle réserve son opinion...

Enfin ! … Tout le monde s’était lancé à la conquête des plats, piochant à loisir devant l’armée de gibiers et de légumes qui trônaient face à eux. L’Olysséen fut forcé de reconnaître son émerveillement … Du moins, c’est ainsi que le Bélier prit la remarque. Vanité ? … Oui !

Chose est certaine, mon ami, vous avez le chic sur la ripaille... Quel festin ! C'est à croire que vous accueillez le Roi !

Un petit sourire illumina le visage rubicond du Comte, il est si sensible à la flatterie, même la plus infime. Un petit gloussement vint ponctuer la remarque de son invité, avant qu’il ne réponde avec un faciès bienveillant et chaleureux, loin du visage fourbe qu’on a l’habitude de voir chez lui.

Quel flatteur vous faites ! … Pour le Roy ! Huhuhu … J’ai simplement voulu faire honneur à mes voisins

… Faire bonne impression, ouais ! Montrer sa richesse, l’opulensce d’Odelian, rien n’est laissé au hasard chez Sa Grasseté. Rien ! Il en avait même profité pour souligner l’élargissement de ses frontières. Rien, je vous dis ! Et la boustifaille continua, hôte et invités de tous âges, rendant justice aux tentatives gastronomiques auquelles c’était livré les maîtres queues. Le Gras devait avouer une petit préférence aux pétales de poussins rissolés, baignant dans une sauce onctueuse et légèrement poivrée. Il gardait un œil sur la dénommée Willie, la maman donc. Elle avait de bonnes manières, mangeait avec une grâce assez naturelle. Pas mal, pour une favorite.

Ces langues de lièvres et leur sauce aux champignons doux sont tout à fait délicieuse, cher ami! Il me faut absolument discuter avec votre cuisinière; je n’ai jamais rien manger de si savoureux!!!

Ah bon ?! … Mais quelle horreur ! Des langues de lièvres !! Rien qu’à l’évocation de son cauchemar, Gaucelm pâlit. Elle venait de ternir son image, une fois de plus … Gouape et aimant la langue, ce qui revient au même si on pousse un peu la réflexion … Et parler à la cuisinière ? Elle se croyait dans une auberge ? Et pourquoi leur faire la bise aux cuistots ?! Gaucelm sourit puis répondit en essayant de dissimuler le dégoût provoqué par les langues de … Aaah c’est répugnant !

Très … savoureux. Mes … maîtres-coqs seront ravis, je leur ferais transmettre vos compliments.

Il étouffa un pouffement, et adressa un sourire léger à la cantonnade avant de revenir vers Sebastian. Le Gras devait un peu apprendre à connaître le nobliau, mais la ribaude prit les devants, semblant vouloir participer à une discution d’homme … L’insolente !

Est-ce pour nous faire partager toutes ces merveilles que vous nous avez invité ou aviez-vous d’autres préoccupations plus terre à terre?

Bon si elle cherche … Il tourna la tête vers la jeune femme et prit le même ton, semi confidentiel en plongeant son regard dans le sien, usant d’un ton toujours jovial en apparence.

Eh bien … ma chère. J’ai souhaité rencontrer les … Wickham

Et paf !

… Pour que nos contrées puissent entretenir de bonnes relations. Olysséa a été gravement secoué par la guerre civile. Et il est important que tous les seigneurs repartent sur des bases saines … N’est-ce pas Sebastian ?

Il avait laissait Willie encaissait la pique, dissimulée sous un sourire enthousiaste, et avait repris Sebastian dans son champ de vision peut-être avait-elle compris qu’elle n’avait pas voie au chapitre pour l’instant ? Non mais c’est vrai … Il était déjà bien gentil de laisser une fille de peu de vertu partager sa mangeaille, si en plus il fallait qu’elle commente, non merci ! Goujat, mufle, misogyne … Beaucoup de mots qu’il ignorait et qui, pourtant, ne lui était pas si étranger parfois.

Le Gras adressa un petit sourire à Kyrene, qui sembla voler au secours de Scarlett en usant d’une phrase qui se voulait anodine et chaleureuse.

Heureusement que nous sommes tous présents.Votre souhait est exaucé !

Tout à fait ! N'est-ce pas merveilleux ?

Tiens … Voilà que le papa poule s’intéressait à autre chose qu’à la mangeaille de sa marmaille glapissante. Gaucelm observait le spectacle du bonhomme qui s’appliquait à faire des chiquettes de viande, probablement pour que la petite demoiselle ne s’étouffe pas … Quelle étrange sensation. Bien qu’il resente un mépris certain, voir même un certain mépris, pour les adultes miniatures, l’image de père attentif qu’offrait Wickham à son regard inquisiteur, fit naître une petite et fugace nostalgie chez Sa Grasseté. Il se surprit à s’imaginer en père … Après tout, même si il était dans la force de l’âge, et que sa réussite fulgurante n’avait d’égal que son ambition, un petit grassouillet portant fièrement le nom de son père était un manque qu’il lui fallait combler. Plongé dans ses pensées, même brèves, il fut sorti de sa demi-torpeur par l’intervention de Sebastian.

Scarlett est ma conseillère et s'occupe justement, par un heureux hasard, des relations avec nos voisins et nos alliés... Vous étiez sur la bonne voie mon cher Comte, continuez donc mon ami, continuez !

D’un regard vide d’homme plongé dans ses pensées, ses yeux adoptèrent un accent quelque peu méprisant. Qu’il l’a présente comme sa maîtresse, soit … Chacun présente sa gouape comme il l’entend, mais devoir débattre avec elle … Avec une femme … Comme si elle pouvait comprendre toute la finesse de la diplomatie. Sa langue claqua involontairement avec dédain, mais il ravala sa morgue en tournant les yeux vers la dénommée Willie, affichant un sourire si hypocrite qu’il en paraissait chaleureux.

Oh ? … Réellement

Il gloussa et se permit une dernière remarque qui pouvait sembler anodine au profane, qui cotoyer Sa Riante Bedonnerie pour la première fois.

Il est important d’avoir de proches conseillers dévoués …

Tellement dévoué qu’elle lui avait nettoyer le pommeau plus d’une fois, comme disait les gueux. Mais bref … Il revint à la demoiselle vêtu de jaune.

Eh bien ma chère, si j’ai requis votre présence, c’est avant tout pour que nos provinces renouvellent leurs liens amicaux et peut-être même, pourions nous trouver un accord commercial ? … Mais laissons le protocole pour plus tard … Dites m’en plus sur vous … Sur vous tous ! … J’avoue que votre nom m’était inconnu il y a encore peu de temps … Et vous voilà, régent … et conseilère

Un nouveau sourire ourla ses lèvres alors qu’il passait d’un visage à l’autre, et il poursuivit.

Et au vue des derniers évènements … le Roy vous soutient. Etant moi-même un fervent défenseur de Sa Majesté, j’aimerai connaître un peu mieux mes pairs.

Qui se lancerait en premier ? Par cette petite pirouette, il espérait bien que le repas fut terminé avant que les débats intéressants voient le jour, et surtout pour pouvoir éloigner les gamins de ses discussions d’adultes. Du coin de l'oeil, il vit Fulbert gagner la cuisine ... Ce brave homme allait mettre le plan en marche ... Il est TRES important d'avoir de proches conseillers dévoués avait il dit plus tôt ... Si seulement les Wickham savaient

Scarlett battit des cils : « Réellement! » fit-elle avec une innocence de jeune fille, ses joues se creusant d’adorables fossettes. Ferme sur sa position sans jamais battre en retraite.

« Oh mais sa seigneurie a été mal informée! » plaint-elle le personnage au visage poupin… « Toute la société Olysséene trouve son profit dans le service… Nous n’avons pas réellement d’intérêt commercial hormis celui que nous amènent les voyageurs de passage… » Et sans plus de détail, elle passa cavalièrement au sujet suivant. « Je n’ai pas d’histoire, je n’appartiens pas vraiment à la noblesse… » Parce qu’on peut être de haute naissance sans toutefois appartenir à la noblesse. « Petite, j’étais l’adversaire désigné de Sebastian au champ de pratique avant de devenir demoiselle de compagnie de Kyrene…Grande, je suis devenue la conseillère de Sebastian et la nourrice des enfants de Kyrene… » Elle chercha un instant le regard de l’un et l’autre comme si elle cherchait leur approbation. « L’évolution naturelle… » expliqua-t-elle avec une simplicité désarmante.

Juste assez pour insinuer le doute, pour couvrir d’un voile pudique la complexité des liens qui les liaient. Difficile de dire si Willie est une opportuniste, une courtisane ou une fidèle… Chose certaine elle se pavane et fait merveilleusement écran devant le couple du futur Baron… Inexpérience sans fini… Rumeurs, doutes et calomnies.

« Kyrene n’appréciait pas le confort des geôles de l’ancien Baron… Aussi sommes-nous fidèles au Roy! » Blagua-t-elle pour mener grossièrement la conversation. Caprices, frivolité et opportunisme… Des gens décidément ambivalents.