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 Soif de hasard. (Menelor)

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Elyndra Lyem
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MessageSujet: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeSam 3 Avr 2010 - 22:25

    Fous-moi la paix Lyn et va couiner ailleurs tu veux !

    Il était dur pour une personne de se voir partager tout en ne restant qu’un. Les mois n’y avaient rien fait, cette situation virait à l’invivable. Elyndra avait peu voyager dans les terres humaines de crainte de trop s’éloigner d’un espace un tant soit peu urbanisé, il était clair que Lyn s’était exprimée de trop dans ce cas, elle ne voulait pas à nouveau être livrée à elle même, seule dans un enfer vert fait de multiples dangers tous plus horribles les uns que les autres. Iria avait renoncé et l’écart entre l’une et l’autre s’était refermé, la jeune femme avait gardé un tempérament à peu près stable disons.
    Pauvre enfant … elle qui n’avait ni bien pour se nourrir ni pour rien d’autre d’ailleurs. Errance et vagabondage devenaient les maîtres mots des derniers jours. Déambulance vaine au travers des multiples rues de la capitale Humaine de Miradelphia, Elyndra survivait comme elle le pouvait. La fatigue s’accumulait, les coins de rue un tant soit peu abrités ne suffisaient plus, elle ne s’alimentait quasiment plus non plus. Iria et Lyn semblaient s’être accordées pour laisser errer une coquille vide, la plongeant alors dans une sombre abysse dont elle ne sortirait certainement pas si l’une ou l’autre ne se manifestait pas. Ces derniers mois avaient été trop éprouvants, trop de pertes et de malheurs s’étaient abattus sur la pauvre créature qui était bien trop faible pour supporter de tels fardeaux.

    Cependant, un beau jour, Iria avait jugé bon de montrer le bout de son nez animant ainsi Elyndra d’une force nouvelle puisée dans une colère emmagasinée. Diantra grouillait en cette période de fête qu’était le tournoi royal et, pour Elyn, sortir en plein jour dans cette foule grouillant tel un nid d’abeille était quelque chose de bien trop inhabituel pour que cette sortie ne soit qu’une balade de plus. Fermement décidée à empiéter sur sa jumelle, Iria voulait écraser Lyn. Le fossé entre elles deux s’agrandissait donc, ainsi Iria entendait tout ce que Lyn aurait bien voulu lui hurler de faire.

    Enfouie dans l’obscurité de sa cape, la jeune femme progressait de ruelle en ruelle, à la recherche d’une place grouillant de personne. Non elle ne voulait en aucun cas faire une quelconque rencontre, l’idée ne lui effleurerait même pas l’esprit, mais tout simplement dans le but de trouver quelque chose à manger ainsi que, pourquoi pas, remplir sa bourse vide en délestant celle de tout ces bons vivants qu’étaient les habitants de cette ville trop grande.

    Iria, c’est insensé, et si on se faisait prendre … et s’ils nous envoyaient croupir au fond d’une cellule … et si jamais quelqu’un voyait notre visage … ?

    Lyn ! Ferme-la ! J’ai faim et j’ai bien l’intention d’y remédier.

    Le corps d’Elyndra s’était considérablement amaigri. Dans le passé, sa silhouette n’avait déjà rien de bien épais, désormais ses os saillaient assez gravement et ses muscles se détérioraient de plus en plus. Elle ne serait bientôt qu’un tas d’os enveloppé d’une peau blanche enrubannée de quelques tissus pas bien chaud non plus. Ses yeux d’or parcouraient les échoppes des commerçants avec avidité, des choses qu’elle ne pouvait pas s’offrir mais qu’elle obtiendrait par n’importe quel moyen. Ses gestes ne seraient jamais aussi prompts qu’ils auraient pu l’être en temps normal mais elle se devait d’essayer ou elle finirait par mourir de faim.
    Remarquant alors un banal marchand de nourriture qui avait l’air d’avoir énormément de succès, elle s’en approcha vivement lorsqu’elle remarqua la taille de son étalage. Il serait aisé de tromper sa vigilance tant il était absorbé par ses commandes. C’était bien là se leurrer ma pauvre Iria ! Trop animée par cette faim à en ronger ses entrailles, la jeune femme n’avait même pas envisagé de se faire prendre dans son délit une seule seconde. Ses doigts agiles parcoururent les beaux fruits rouge sang, elle sentit sa gorge s’assécher en imaginant rien qu’un instant le jus de cette pomme couler dans sa gorge. Elle en déroba un à la volée et, du même mouvement, fit volte-face pour s’échapper loin de cet endroit. Action vivement stoppée. Elle sentit alors une poigne de fer s’emparer de son poignet menaçant de se briser tel du cristal. L’objet dérobé au creux de sa main, la jeune femme voulu crier mais ne sortit de ses lèvres qu’un grognement et une moue d’agacement s’y dessina.

    Rend-moi ça tout de suite espèce de sale voleuse ! La voix rauque du marchand en colère raisonnait de telles sortes qu’une bonne dizaine des personnes environnantes s’animèrent d’une horreur coincée de bourgeoisie outrée d’une pareille action qui serait impensable selon eux. Leurs mines effarées frappèrent Elyndra qui tentait tant bien que mal de dissimuler son visage. Le cœur de la frêle jeune femme battait à cent à l’heure, Iria se dissimula et Lyn voulu davantage se manifester, toutes deux luttant encore et toujours pour savoir laquelle garderait les commandes de la brune. Ainsi on pu assister à quelques mouvement successifs bien étranges. La silhouette maigre se recroquevilla comme pour se protéger alors qu’elle voulait jeter le fruit au sol, cette même personne se releva d’un bond et chercha des yeux quelqu’un à qui refiler son fardeau. Jaugeant du regard un homme qui semblait assister à la scène plus ou moins distraitement, elle n’aurait su le dire dans sa panique, elle vint lui coller l’objet dérobé entre les mains, sans qu’il n’ait rien demandé. Après tout, il ne serait pas rentré dans son délit volontairement.

    Tenez, comme vous me l’aviez demandée Monseigneur.

    Elle ne croisa que son regard que furtivement avant de s’échapper dans la foule, abandonnant ce pauvre homme au triste sort qu’on voudrait bien lui réserver. Iria était mauvaise et finit par s’éteindre, sa fureur ne parcourait plus le sang de la jeune humaine qui, arrivée à l’ombre d’une rue annexe de la place, s’effondra contre un mur, le souffle haletant, n’ayant en tête qu’un visage, ou plutôt un regard. Une lueur d’un vert pur, sa jumelle bandée d’un cuir sombre.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeLun 5 Avr 2010 - 8:35

Quatorze jours. Cela faisait à présent quatorze jours que Menelor n’avait pas vu la lueur du jour. Après son long périple à travers la plaine d’Atral, de la plage jusqu’à la capitale, il avait erré sans fin dans les rues de la ville à la recherche d’aide. « Errer » était le mot qui convenait car ses blessures n’avaient pas cicatrisé et son état était tel qu’il faisait fuir les gens qu’il croisait. Ses habits étaient toujours maculés de sang et de terre séchées. Bien que Diantra était en pleine festivités, Menelor n’empruntait que de sombres rues peu fréquentées afin d’éviter les rencontres. Il n’aimait pas le regard que les autres lui portaient, celui du dégoût et de répugnance. Après quelques jours supplémentaires de vagabondage, il avait fini par rencontrer une soigneuse qui n’avait pas de scrupules à l’aider. Elle l’avait hébergée chez elle puis l’avait lavé, bandé ses plaies et nettoyé ses habits en les recousant si nécessaire. C’était chez elle qu’il avait pu trouver un lit où dormir en paix. Chez elle qu’il put reprendre quelques forces et manger un peu. Lorsque Menelor se leva le matin de son quatorzième jour de soin, il se sentait mieux. Son œil avait cessé de le faire souffrir et ses blessures étaient quasiment cicatrisées. Frais et dispos, il enfila ses vêtements : sa chemise blanche avait repris son éclat de jadis et les trous sur sa veste marron avaient disparu. Ses cheveux avaient poussé et une barbe de quelques jours avait fait son apparition. Il retrouvait son apparence mais une chose l’avait radicalement changé. Son oeil gauche, autrefois brillant et fugace, n’était plus et avait été camouflé à l’aide d’un bandeau noir. Fardeau qu’il devrait porter tout sa vie, vestige lugubre de son passé.

Après de longs remerciements et avoir promis à la guérisseuse de revenir un jour payer sa dette, il prit la direction de la sortie. Dehors, le soleil était haut dans le ciel et éblouissait Menelor. Lorsqu’il s’y habitua, il découvrit le monde d’une nouvelle manière. Il n‘avait plus de sang sur le visage et il pouvait y voir clair à présent. Cependant, l’usage d’un seul oeil ne lui conférait qu’une vision de deux dimensions qui le déstabilisa. Quelques minutes plus tard, il sauta du palier et s'engouffra dans la ruelle. À en croire le temps et le monde qui s'agglutinait, la matinée devait être bien avancée. Il finit par se faufiler dans la foule pour se laisser porter par le courant qui n’allait que dans un sens. Dans la tête du pirate, les gens lui rappelaient l’océan et ses vagues capricieuses. Assourdissantes, elles vous compressaient de par en par, vous faisant tanguer aléatoirement sans aucun contrôle. Elles vous emmenaient, vous portaient vers un horizon inconnu. Lorsque deux se rencontraient, elles éclataient dans un fracas épouvantable, un craquement tonitruant. Quelques mètres plus loin, la foule s’éclaircit et Menelor finit par déboucher sur une grande place bondée. C’était jour de marché : partout autour, on entendait des cris et des rires. Les commerçants hurlaient leurs produits et leurs prix à l’attention des passants, profitant occasionnellement de quelques promotions. Le tout n’était qu’un bruyant vacarme.
Le marin fit le tour d’étalages en étalages. On y trouvait de tout et de n’importe quoi. Des fruits et légumes, des vêtements en vrac, des bijoux, des draps, des babioles sans utilité, même des pendentifs qui “protégeaient des attaques mentales” d’après un certain charlatan. La soigneuse lui avait laissé quelques souverains et quelques écus, le temps de trouver du travail. Son estomac commençant à le tirailler, Menelor décida alors d’aller s’acheter quelque chose pour apaiser sa faim.

Une grande devanture lui parut prometteuse. Le marchand semblait gérer son affaire seul, bien que son étalage fasse plusieurs toises de long. Il était empli de mets divers et de toutes sortes. Ses fruits rayonnaient d’une couleur éclatante et ses légumes paraissaient fraîchement cueillis. Il existait tellement de variétés qu’on ne savait que choisir. Menelor fit rapidement le tour de l’étal afin de se repérer. Lorsqu’il se décida, un cri retint son attention :


« Rends-moi ça tout de suite espèce de sale voleuse ! »

La voix rocailleuse provenait du marchand, à quelques pas. Animé par une vive curiosité, l’ex-pirate s’approcha discrètement de la scène. Les gens s’y étaient déjà rassemblés observant la situation d’un œil critique, la mine effarée. Au centre du cercle qui venait de se former, le commerçant se débattait avec une silhouette féminine masquée d’une grande cape noire, en s'agrippant à son poignet squelettique. Une capuche couvrait le visage de la voleuse, ne laissant apparaître qu’un bout de nez ou de menton par moments dans le conflit. Son corps se mouvait étrangement, prenant des postures saugrenues. Elle finit par se recroqueviller, aussi vite qu’elle s’agitait. Et alors, tandis que l’action se déroulait dans l’espace de quelques secondes seulement, elle bondit sur Menelor en mettant un objet froid dans les mains de l’homme crédule :

« Tenez, comme vous me l’aviez demandée Monseigneur. »

Puis elle se volatilisa aussitôt, alors que le pirate restait planté là, l’objet du vol dans les mains. Il avait pu apercevoir en un éclair le visage de la jeune femme. Car oui, c’était une jeune femme. Et tout ce qu’il en avait retenu était son regard, un regard qui exprimait la terreur et l’effroi. Il lui fallut quelques instants pour prendre conscience de la situation dans laquelle il était. La femme disparue, il était seul face à son problème : le marchand le regardait à présent d’un air outragé et surpris. Menelor profita de ce moment de flottement pour prendre les jambes à son cou et s’enfuir. Il se glissa entre les deux personnes derrière lui en les projetant au sol et se mêla à la foule en s’éloignant le plus possible de la scène. On entendait encore les protestations du vendeur joufflu :

« Hé toi là-bas ! Au voleur ! »

Le nouveau voleur continua de courir jusqu’à ce que les cris s’estompent. C’est lorsqu’il s’arrêta pour reprendre son souffle qu’il s’aperçut qu’il avait atteint l’autre bout de la place et qu’il tenait toujours en main ce qui se trouvait être des fruits rouges. Il venait tout juste de se rétablir et voilà qu’il est accusé de vol.

*Il faut que je sois plus sur mes gardes la prochaine fois…* pensa t-il.

Au moins maintenant, la question de sa faim ne se posait plus. Il s’engageait dans une ruelle qui s’offrait à lui pour commencer à déguster son repas quand il aperçut la jeune voleuse, accroupie au bas d’un mur. Elle ne semblait être qu’un tas difforme de tissu noir mais Menelor l’avait reconnue. Après un instant d’hésitation, il s’approcha discrètement d’elle. Arrivé à ses pieds, alors qu’elle ne le remarquait pas, il se baissa lentement, tendant les fruits :

« Excusez moi… dit t-il d'une voix calme. Mais je pense que ceci vous appartient. Enfin, du moins que vous le désiriez… »

Le marin ne voulait pas être désagréable mais pensait simplement qu’elle en aurait plus besoin que lui, à en juger de son apparence physique. Son corps semblait frêle et le regard qu’elle lui avait jeté ne l’avait pas laissé de marbre. Il savait lui-même ce dont on était capable dans le désespoir. Et il ne l'avait que trop vécu pour rester les bras croisés, sans lui apporter de l'aide.

« Tenez, prenez-les. Vous en avez sûrement plus besoin que moi. »


Dernière édition par Menelor Thennil le Mar 6 Juil 2010 - 8:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeMer 7 Avr 2010 - 20:53

    Se comporter en voleuse était très loin des principes que l’on lui avait inculqués et il ne valait mieux pas imaginer l’impression qu’auraient eue Saemar et Nelindë, ses « parents ». Elle buta là-dessus et se reconsidéra alors, à ce moment elle n’était plus femme adulte mais jeune gamine et subissait l’autorité de ses parents. Ses défunts parents qui étaient si différents d’elle d’apparence. Ses parents qu’elle regrettait. Lyn y mit alors toute sa bonne volonté, l’enveloppe charnelle que constituait la pauvre humaine en ce moment se mit à éclater en sanglots. Se recroquevillant comme une enfant dans sa cape légère, elle se dissimula dans l’ombre. Peut-être croupirait-elle ici, viendrait-elle à mourir de faim … des passants fouleraient la ruelle sans prendre peine à un pauvre monceau de tissu sur le sol dont l’âme s’était échappée. Elyndra n’était plus la femme qu’elle était autrefois, alors qu’elle semblait être dans la fleur la plus parfaite d’un jeune âge elle devenait la victime d’une perpétuelle tension entre deux parties d’elle même. Sa personnalité en prenait un sacré coup et elle était désormais à plaindre. Objet de toutes les envies un jour, objet de hantise pour le lendemain. Triste sort. Malchance.
    Plongée dans son malheur, elle n’avait rien entendu, quelqu’un approchait. Elle sursauta légèrement en voyant quelqu’un planté juste devant elle, trop près. La jeune femme releva les mains au-dessus de sa tête comme pour se protéger, réflexe qu’elle avait acquis à force de cohabiter avec son cher et tendre.

    Ne me faites pas de mal, je vous en supplie ! Ayez pitié !

    Grelottante et hachée par de tristes pleurs de désespoir, la voix à peine audible implorait le nouveau venu. La pauvre enfant tombait alors bien bas, incapable de se défendre. Lyn était beaucoup trop faible pour vouloir même relever la tête. Iria ne s’imposa pas, laissant tomber sa jumelle dans la pire des humiliations avec un certain amusement.

    Le potentiel coup ne vint pas. Les yeux rougis devinrent surpris. La jeune femme releva doucement la tête prenant bien soin de dissimuler son profil droit, comme à l’habituel. Assumer son côté « monstre » prendrait certainement du temps pour une telle femme blessée dans son amour de soit. Non sans montrer un certain signe de défense, la créature tenta de reculer et s’enfoncerait presque dans le mur qui lui tenait le dos si elle le pouvait.

    Excusez moi … Mais je pense que ceci vous appartient. Enfin, du moins que vous le désiriez …

    C’était l’homme auquel elle avait refilé son fruit tant espéré, et il le brandissait presque fièrement devant lui. Ce n’était certainement pas la véritable scène, mais du point de vue de l’affamée, ceci apparaissait de la sorte. Elle ne comprenait pas. Il l’aidait à commettre un délit ?

    Tenez, prenez-les. Vous en avez sûrement plus besoin que moi.

    Son regard passait du visage du jeune homme à l’objet de convoitise que suscitaient ces quelques prunes d’une variété telle qu’elle les rendait extrêmement rouges. Elle voulu tendre sa main droite, du moins Lyn força le corps à le tendre, geste qui fut réprimé par Iria, non pas pour le présenter comme un refus mais juste pour l’état de la main qu’elle s’apprêtait à lui tendre. Elyndra hésitait toujours, sa main droite s’élevait avec une grande hésitation vers la main de l’homme. C’était une scène qui pouvait être interprétée comme la représentation même d’un miracle venant des Cinq aidant un pauvre mortel. C’était un peu le miracle dont elle avait besoin pour survivre puisqu’elle n’aurait pas eu la force physique et mentale de retenter de voler quelqu’un, peu importe la volonté qu’elle y mettrait. Ses doigts fins et tremblant saisirent l’une des prunes tandis que les prunelles mordorées d’Elyn ne quittaient pas celle émeraude de son « sauveur ».
    Trop à cran pour penser au fait qu’elle dépendrait ensuite de cet homme pour son bon geste, elle mordit avidement dans la fruit juteux. Le jus attaqua sa gorge sèche et le goût sucré emplit ses papilles. C’était peu mais déjà beaucoup dans son cas.

    Mer … Merci …

    * Oh Lyn nous la joue pas sentimentale je t’en prie ! T’es pitoyable ma pauvre ! *
    * Tu préfèrerais mourir de faim pour ne pas être trop blessée dans ton amour propre peut-être ma chère ? *

    Lyn s’opposait à sa moitié, l’échange risquait d’être fort et l’apparence que donnerait se combat serait certainement très étrange. Guerre quasi constante dont on avait pu voir l’ébauche tout à l’heure, les deux « sœurs », malgré le peu de forces dont elles étaient dotées, feraient tout pour que l’une aie le dessus sur l’autre. Epique. Iria préparait doucement sa vengeance, pour le moment elle laissait son opposée tranquille.

    Pourquoi nous … Pourquoi m’avoir aidée ? Ce n’est pas type d’homme à faire des cadeaux que ce marchand volé, même pour une poignée de fruits. Il serait sans doute capable de ramener peut être la garde environnante pour qu’on lui rende son dû.

    Elle était encore apeurée et tremblait comme un petit animal qui aurait échappé aux crocs d’un prédateur. Regardant presque constamment derrière l’inconnu pour voir si personne n’arrivait, ses yeux vaquaient encore à droite à gauche, en l’air et même parfois derrière elle tant l’inquiétude était grande. Vue la ruelle dans laquelle ils étaient, il était facile de s’y faire prendre au piège et de ne plus en pouvoir s’échapper.

    Avec le tournoi royal actuel, il y’a peu être autant de gardes que d’habitants de Diantra. Ils doivent sauter sur n’importe quelle affaire de coin de rue tant l’ennui doit être grand.

    Lyn, pauvre Lyn … Ne te verrais-tu pas des qualités de voyante inavouée ? Pas très loin, à quelques pas de la rue, aux alentours de la place, une petite patrouille affamée semblait avoir eu quelques vues sur la marchandise du volé de tout à l’heure, un marchand parle beaucoup et exagère tout autant, il sera à même de considérer le vol d’un simple fruit à … un crime ou même pire, tant qu’il pourrait retrouver sa perte.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeDim 11 Avr 2010 - 21:16

« Ne me faites pas de mal, je vous en supplie ! Ayez pitié ! »

Au son de la voix du pirate, la jeune femme se recroquevilla plus qu’elle ne l’était : son corps n’était plus ni plus ni moins qu’un tas difforme de tissu noir. Sa voix exprimait la pitié et la faiblesse et de ses mains, elle tentait de se protéger de coups invisibles. Lorsqu’elle s’aperçut que Menelor ne lui voulait aucun mal, elle releva lentement la tête. Il put alors voir apparaître un œil doré, rougi de larmes qui le fixait. Son visage, de profil, était creux, osseux mais fin. Ses lèvres étaient asséchées, de soif certainement ou bien même de faim. Menelor tendit le bras en insistant pour l’inciter à saisir le fruit. Le regard affolé de la voleuse passait du fruit au pirate, hésitant. Une main osseuse surgit du monticule d’étoffe, où elle resta suspendue un moment en l’air, comme retenue par un fil invisible puis s’empara vivement de la nourriture pour l’apporter à sa bouche et la dévorer lentement. Le jeune homme en profita pour la dévisager poliment. Ce devait être une belle femme il y a un temps : des vestiges d’une beauté passée étaient visibles.

« Mer … Merci … »

Le son était frêle et semblable à un murmure mais il y avait une part de douceur perceptible dans sa voix. Le marin lui sourit. Par moments, la jeune femme bougeait dans des mouvements inquiétants, comme des spasmes qui animaient son corps par à-coups et il s’en inquiétait. Elle tremblait encore, de terreur sûrement et sa tête en frémissait. Cependant, elle ne pouvait avoir froid : c’était une journée des plus chaudes du printemps.

Quelques jours plus tôt, Menelor ne devait pas être très différent de la jeune femme. Seule la peau sur les os, il avait du voler à plusieurs reprises afin de pouvoir survivre. Il dépendait des autres et n’avait pu se débrouiller seul. Seulement, son état était passager mais pour elle, cela semblait être son quotidien. Il voulait lui venir en aide, comme la guérisseuse l’avait aidé et l’avait remis sur pied. Maintenant, il avait l’occasion de rendre ce qu’on lui avait offert généreusement.


« Pourquoi vous aider ? Eh bien… On va dire qu’il y a quelques jours de cela, j’étais dans une situation similaire à la votre… Enfin, sans prétendre connaître votre situation ! Mais j’étais désespéré et j’ai pu recevoir une aide qui m’a été très précieuse. Sans elle, je ne serai sûrement pas en train de marcher dans ses rues en ce moment même… »

En repensant à tous ces évènements, il fut submergé d’images ressortissantes de son passé. Son beau-père, sa mère. Sa vie d’adolescent dans le commerce marin. Son premier bateau éclatant neuf avec ses lettres d’or gravées à jamais dans la coque en bois. Ses pirates, fiers et courageux. Puis leurs visages terrifiés. Leurs corps déchirés, lacérés. Des vagues et de l’eau salée. Le chaos et le désordre. Des poutres en bois volaient. Le traître de l’équipage qui lui creva son œil. La douleur et la souffrance, interminables. Après de longues heures à flotter parmi les décombres, il y avait eu cette plage, avec une femme qui l’avait aidé. De longues heures de marches. Diantra. Ses longues rues. Puis venait enfin le calme. On l’avait sauvé. Miracle ou simple chance ? Seuls les Dieux le savaient. Mais pour Menelor, le message était clair : on lui avait donné une opportunité de reprendre sa vie en main.

Menelor mit un moment à reprendre ses esprits et à se rendre compte qu’il était toujours devant la jeune femme, quand il entendit sa voix. Sa prunelle dorée le regardait, en jetant de temps à temps des coups d’œil dans le dos du pirate. De la rue, on entendait le tumulte que faisaient les gens, entassés sur la place. Ou de temps en temps, les bruits de bottes marchant sur les pavés, juste à côté. Mais personne ne prêtait attention au jeune homme à l’œil crevé qui parlait à un tas de vêtements.


« Le tournoi ? Oui, vous avez raison... Mais je n’ai pas fait attention aux gardes quand je suis arrivé ici. Remarquez, avec le bouquant que faisait le gros vendeur à mon départ, c’est possible que les autorités aient été alertées. Il serait sûrement plus sûr de déguerpir au plus vite… »

Puis il y réfléchissait, plus la situation dans laquelle il était devenait précaire et dangereuse. Si des gardes l’attrapaient, il serait arrêté. Il avait été impliqué dans un vol dans lequel il n’avait rien à voir mais le simple fait de fuir était un délit. Et pour agrémenter les choses, il avait gardé le butin avec lui. Il ne pouvait se permettre de se retrouver en prison alors qu’il venait juste de gouter à l’air frais, et encore moins laisser cette pauvre femme à son triste sort. Elle en souffrait déjà assez comme ça.

Menelor fut tiré de ses pensées par le son lointain de bottes métalliques et de cliquetis d’armes. Alarmé, il se leva d’un saut et se précipita à l’angle de la rue. Cinq gardes lourdement armés marchaient le long de la rue et s’arrêtaient pour demander quelques renseignements aux passants. Équipés aux couleurs de la milice de Diantra, ils portaient d’épaisses armures de fer et des épées longues. À leur démarche et leur comportement, le pirate en déduit qu’ils cherchaient quelqu’un fermement. Ou peut-être bien deux personnes, deux voleurs qui se cachaient à l’ombre d’une ruelle. Le jeune homme pivota en vitesse et rejoignit la femme dans de grandes enjambées pour l’inciter à fuir :


« J’ignore votre nom mais ce n’est rien. On ne peut pas rester ici, vous devez absolument venir avec moi ! »

Sa voix était précipitée par la panique. C’était la première fois qu’il avait à faire à la garde ; auparavant, il vivait sur les eaux, parcourant constamment les mers et les océans. Il se calma rapidement et reprit le dessus pour parler plus clairement. Sa voix devint alors calme et contrôlée :

« Excusez-moi, mais nous ne pouvons rester ici plus longtemps. Cinq gardes armés approchent et ils seront au coin de la rue d’un moment à l’autre. Je pense qu’ils sont venus pour nous, le vacarme de tout à l’heure a du les alerter. Ce coin n’est plus sûr pour nous… »

Ses yeux se baissèrent vers la femme encore affalée sur le sol. Il ne savait si elle pouvait se déplacer dans l’état où elle était. Des mouvements trop brusques pouvaient se révéler difficiles et pouvaient facilement la blesser. Elle risquait d’être rattrapée rapidement. Ses muscles devaient être affaiblis par la faim et ses os semblaient fragiles. Menelor tendit sa main vers elle, en guise d’aide pour l’aider à se lever.

« Vous pouvez marcher ? Vous pouvez vous appuyer sur moi si vous le souhaitez mais je ne peux vous laisser ici ! Je vais vous emmener autre part… »


À l’instant même où il parlait, les cinq gardes venaient de parler à un brave boulanger du coin qui leur avait indiqué une certaine rue, une rue vers laquelle ils se dirigeaient à présent.


Dernière édition par Menelor Thennil le Mar 6 Juil 2010 - 8:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeMer 14 Avr 2010 - 14:55

    * Il ne veut que nous aider. *
    * Quelle naïveté ! Tu serais capable de faire confiance à un chien venant de te mordre telle que je te connais … C’est un humain, regarde sa dégaine bon sang ! Regarde ce à quoi faire confiance aux gens nous a menées ? Je ne te laisserais pas foutre encore plus notre vie en l’air ma pauvre ! *
    * Entre une potentielle aide qui se veut bienveillante et les lames aiguisées des gardes c’est vrai qu’il y a énormément à tergiverser … Iria, met la en veilleuse pour une fois. *

    La jeune innocente se rebellait comme assaillie par une force nouvelle sûrement éphémère. Lyn n’était pas une sanguine, loin de là, et elle finirait tôt ou tard à se plier aux règles de sa jumelle. Le désintéressement des passants à l’égard de la pauvre Elyndra ces derniers mois étaient si grand que n’importe quelle occasion qui s’offrait à elles deux d’une once de gentillesse suffisait à revigorer Lyn un peu.
    Elle n’écoutait que d’une oreille distraite les paroles du jeune homme trop concentrée à endormir les paroles d’Iria. Cependant, lorsqu’elle le vit s’activer dans la ruelle, elle revint à elle. Des gardes. En danger.

    * Tu vois ! Il souhaite nous tirer de là, rien d’autre ! *
    * Tsssss ! Tu sors d’un pétrin pour t’embourber dans un autre mieux que personne ma chère. Libre à toi petite sotte, suis donc le beau ténébreux qui se la joue pirate, tu courras à notre perte mais hors de question de revenir me couiner dans les pattes si ça tourne mal ! *

    Méfiante et très peu sympathique la colérique. Elle préparait bien sa nouvelle venue, elle n’avait nullement l’intention de laisser vagabonder Lyn au commande d’Elyndra au travers de Diantra, tirée par un bienfaiteur et coursés tout deux par un groupe d’empotés de gardes. Elle n’arrivait pas à saisir comment était-ce possible de pouvoir encore écouter les habitants de ce monde qui leur avaient déjà tant nuis un jour ou l’autre que ce soit par leur propre personnalité ou bien par leur mort. Il ne fallait pas s’attacher, juste rester seul. Enfin … seul … c’était un bien grand mot pour désigner deux personnes totalement différentes qui n’étaient que vulgairement enfermées dans un même corps. Ah ce qu’elle l’avait voulu la sulfureuse Iria, être la seule maîtresse d’une âme, convaincue qu’elle se serait mieux sortie de cette poisse qui s’entichait corps et âme à cette personne.
    Elle ne voyait rien de bon en personne. Ce guignol, car elle jugeait ainsi celui à qui elle avait balancé l’objet de son délit, qui s’agitait devant elle depuis déjà quelques minutes, commençait à légèrement lui courir sur le haricot. Elle ne voulait pas être aidée, elle, oh non ! Ce serait une trop grande atteinte à son amour-propre. Elle jouerait sans doute l’hypocrite lorsqu’elle aurait réussi à rabattre le caquet de « Madame l’innocente petite enfant battue ».

    Excusez-moi, mais nous ne pouvons rester ici plus longtemps. Cinq gardes armés approchent et ils seront au coin de la rue d’un moment à l’autre. Je pense qu’ils sont venus pour nous, le vacarme de tout à l’heure a du les alerter. Ce coin n’est plus sûr pour nous…
    Vous pouvez marcher ? Vous pouvez vous appuyer sur moi si vous le souhaitez mais je ne peux vous laisser ici ! Je vais vous emmener autre part…


    Lyn faisait mine d’être plus abattue qu’elle ne l’étais, elle était parfaitement en forme physique pour marcher ou même courir et sauter, il fallait juste avoir un peu de volonté, ce qu’elle n’avait pas. Elle luttait assez contre sa moitié, ce qui consommait à peu près toutes ses forces. Elle hésitait pourtant à saisir la main que lui tendait l’inconnu tout en repensant à ce que lui avait dit Iria. Doute. Un fin sourire de satisfaction se dessina sur les lèvres de l’enveloppe corporelle que constituait Elyndra, invisible par l’homme qui leur faisait face mais perceptible par la déstabilisée que devenait Lyn. Une fois que le doute commencerait à ronger sa personne, la diablesse que devenait Iria ne ferait qu’une bouchée de cette pauvre enfant.

    La jeune femme tendit une main peu assurée vers celle qui lui était tendue, elle s’y agrippa pour se relever puis s’empressa de la lâcher. Même si la douceur de sa peau était là, les formes de ses os y étaient aussi et, bien que dans une situation pareille il n’étais pas d’usage de se préoccuper de ce genre de choses, elle ne pu s’empêcher de se sentir gênée. Au vue du vertige qui la saisit instantanément, elle porta ses mains à son visage. Elle s’efforça aussi de modifier sa stature à l’habituelle plutôt comme un vieille femme, elle pouvait maintenant presque se hisser à la même auteur que cette personne qui lui faisait face.

    Il les avait entouré d’un « nous » - bien qu’Elyn avait précipité les choses en lui refourguant les fruits du marchands en plein dans les mains sans qu’il n’ait rien demandé - leurs actions seraient donc liées pour la journée, un espèce de destin commun : d’un côté la fuite de deux chanceux, de l’autre, l’emprisonnement de deux voleurs.
    Plusieurs solutions s’offraient à eux ; la ruelle était en cul de sac, mais le mur qui la fermait pouvait être aisément franchi, encore fallait-il s’aider l’un l’autre, chose pas bien simple pour deux personnes rencontrées à peine quelques minutes auparavant. Ils pouvaient entrer dans la maison qui leur faisait face, elle disposait d’une porte, encore fallait-il espérer qu’elle ait une deuxième issue. Il y avait également la fuite par les toits qui ferait d’eux une attraction publique suivie par pas mal d’habitants de Diantra ou alors il fallait être assez rapide pour sortir de cette fichue ruelle avant qu’ils ne leur fondent dessus.

    Ah bah tient ! Il suffisait de parler du loup, on pu observer cinq silhouettes se diriger vers la fine ruelle fort peu peuplée. Leur démarche était pour le moment lente puisque aucune tentative de fuite n’avait encore été montrée.
    Les yeux de la jeune femme sautaient d’un endroit à un autre. Maison. Toit. Mur. Il fallait se décider et vite, elle s’en remis à son compagnon d’un jour qui avait du remarquer tout aussi bien quelques possibilités de prendre la poudre d’escampette.

    Auriez-vous, par le plus grand des hasards, quelques faces cachées relevant du domaine de la hache à bois, de l’échelle ou bien … serait-t-il possible qu’il vous pousse des ailes en trois secondes et demi ?

    A tergiverser, le vertige revint. Elle jura. Par le Cinq ! Ce que voir ses capacités réduites à néant pouvait être particulièrement usant …
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeMer 14 Avr 2010 - 23:12

Le temps s’écoulait dangereusement alors que la jeune femme restait à terre, ses yeux balayant le sol. La façon dont elle se tortillait donnait l’étrange impression qu’elle était ailleurs. Menelor avait déjà pensé qu’il aurait été plus simple et plus rapide de l’abandonner, mais cette idée lui sortit vite de la tête : c’était une chose qu’il ne pouvait se permettre. Désormais, il était « lié » à elle : il se sentait obligé de la sortir de cette embuscade. Il n’était pas du genre à abandonner quelqu’un, d’autant plus si celle-ci était dans le besoin, tout comme il l’avait été. Il aurait du tout simplement ne pas fuir la place et s’expliquer clairement au marchand qu’il n’avait rien à voir avec cette histoire, lui rendre ses fruits et l’affaire était réglée ! Il serait sûrement en train de savourer un verre de rhum brun dans l’auberge du coin… Mais non, son instinct humain l’avait conduit à s’échapper, sans se soucier de répercussions que pouvaient avoir ses actes, comme la présence de gardes par exemple. Maintenant, le fruit n’était plus et il se retrouvait à discuter avec la voleuse. Mais seulement, il ne savait rien sur elle. Peut-être jouait-elle la comédie ? Elle pouvait être une hors-la-loi déjà poursuivie par la milice ? Dans ce cas là, Menelor était dans de beaux draps ! Complice d’un ennemi de Diantra ? Bien, encore mieux ! Ses yeux survolèrent la jeune femme : Non, elle ne pouvait être un bandit. Était-ce peut-être la pitié qui agissait ainsi sur les pensées du pirate mais voilà que rien ne venait ébranler sa détermination de l’aider.

La femme finit par saisir la main du pirate qui l’aida à se relever. Sa peau était très douce mais ses os pointus se faisaient sentir. Cela sembla la gêner car une fois debout, elle s’empressa de la récupérer avant de regarder autour d’elle. Elle ne disait rien mais au moins, elle avait l’air de pouvoir de déplacer sans ménagements. Menelor remarqua qu’elle prenait soin à ne pas se dévoiler entièrement, ni son visage, ni son corps. Avait-elle quelque chose à cacher ? De toute évidence, elle avait l’air de ne lui vouloir aucun mal. Elle ne semblait même pas armée. Pris d’un élan de doute, Menelor apporta précipitamment sa main à sa ceinture : non, son épée était encore là. L’épée de son père. Le seul bien qu’il lui restait encore de son géniteur, avec une vieille boussole rouillée. La rapière avait servi maintes fois, lors d’abordages de navires commerciaux à piller. Aujourd’hui, elle serait fatalement la dernière issue qui leur restait.

En parlant de issue… Maintenant prêts à partir, où devraient-ils aller ? Menelor fit mine de sortir de l’impasse mais se ravisa : le bruit des bottes s’était rapproché et maintenant, les gardes marchaient à l’angle de la rue.


*Pourquoi ne nous courent-ils pas après ?* se demanda le jeune homme.

Ne préférant pas approfondir la question, il se détourna et regarda les autres solutions qui lui restaient. Malheureusement, la rue dans laquelle ils se trouvaient était un cul de sac ! Ils se retrouvaient piégés comme de simples bêtes dans un endroit trop petit pour courir sans se faire attraper, alors que les cinq hommes gagnaient tranquillement du terrain. À côté de lui, le regard de sa complice ne cessait de sauter d’un coin de la rue à un autre… En suivant ses yeux, Menelor put lire dans ses pensées. Elle fixait le mur. Ou plutôt, l’extrémité du mur. Celui-ci paraissait assez bas pour pouvoir passer par dessus. Ensuite, elle passait du mur au toit des habitations environnantes. Un ramassis de tonneaux et de caisses leur permettrait d’atteindre très facilement les toits de Diantra et de s’échapper alors par les hauteurs de la capitale. Et enfin, son regard se portait sur une porte qui se situait sur le côté et qui devait sûrement mener à l’intérieur d’une maison.

Ils avaient donc apparemment trois issues possibles. Quatre en comptant le combat, qui les mènerait sûrement à la mort. Le mur était à exclure. Menelor pensait la femme trop épuisée pour le franchir. S’ils s’élançaient dans une maison au hasard, ils risquaient de rencontrer des gens et d’en plus, être accusés d’infraction. Puis s’ils passaient sur les toits, ils pourraient être ouvertement observés par tous les passants de la capitale, sans aucun abri pour se cacher. Il valait peut-être mieux tenter le plus discret.


« Auriez-vous, par le plus grand des hasards, quelques faces cachées relevant du domaine de la hache à bois, de l’échelle ou bien … serait-t-il possible qu’il vous pousse des ailes en trois secondes et demi ? »

La jeune femme le regardait à présent, attendant une réaction de sa part ou une décision. Après avoir jeté un bref regard par dessus son épaule, Menelor s’activa. Les gardes n’étaient plus très loin à présent. Il s’approcha lentement de la porte, enfoncée dans le mur, prenant un grand soin à se déplacer comme si de rien n’était. Arrivé devant celle-ci, il tourna la poignée : la porte était fermée à clef. Il se tourna alors vers la femme et lui souffla :

« Je ne pense pas pouvoir m’envoler avec des ailes mutantes et je n’ai pas de hache ou d’échelle sous la main, mais je pense que ceci devrait faire l’affaire… Du moins je l’espère ! »

Tout en parlant, il plongea sa main dans sa poche profonde. Elle était encombrée de vieilles bricoles inutiles. Au toucher du doigt, il reconnut clairement ses quelques pièces qu’on lui avait données, des bouts de papier déchiré, un petit couteau pliable, deux, trois coquillages et quelques grains de sable. Il finit par mettre la main sur un petit fil de fer, qu’il agita fièrement devant le regard intrigué de sa protagoniste. En tant qu’ancien pirate, il avait pu bénéficier de quelques connaissances en matières de coffres et de serrures. Après quelques obstacles, Il avait décidé de garder sur lui ce bout de métal qui lui servait à ouvrir les verrous. En réalité, il lui fallait quelques secondes à peine pour tâtonner la structure du montant puis manier habilement son outil pour appuyer selon la bonne inclinaison les chevilles qui faisaient glisser le verrou qui bloquait l’ouverture. Un jeu d’enfant pour un écumeur des mers !

Il manipula alors son bout de fer, discrètement pour ne pas alerter les hommes qui approchaient, et réussit à venir à bout de la serrure en peu de temps. Le battant s’ouvrit dans un grincement. Menelor se faufila à l’intérieur pour observer la pièce. C’était apparemment une salle à manger. Une table massive en bois chargée de fioritures était installée au centre. De nombreuses chaises sculptées étaient soigneusement installées tout autour. Les murs étaient couverts de meubles divers et de tableaux aux couleurs bariolées. Après un vif regard, il put se convaincre qu’il n’y avait personne. Du moins pour cette pièce. Il fit alors signe à la jeune femme de le rejoindre :


« Venez ! Il n’y a personne ! Vite ! »

Une fois qu’elle serait rentrée, ils pourraient bloquer la porte avec la grande table. Mais ils ne gagneraient que quelques secondes voir quelques minutes. À cinq, ils pouvaient facilement forcer la porte. Puis en espérant que la maison ait plusieurs issues. Dans la pièce, il n’y avait que seulement deux autres passages : un grand escalier en chêne s’élançant dans les hauteurs de l’habitation et une unique porte.

*Dans quel pétrin je me suis fourré ? se demanda Menelor. Me voilà à m’introduire dans la maison d’un inconnu, avec une inconnue. Deux voleurs recherchés par la milice de Diantra ! On peut juste prier qu’ils abandonnent la poursuite…*

Si seulement cela pouvait-être si simple…


Dernière édition par Menelor Thennil le Mar 6 Juil 2010 - 8:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeDim 25 Avr 2010 - 18:45

    Il tenta la maison. C’était bien le dernier des endroits qu’elle aurait choisi, il y avait bien trop de risque pour être fait comme des rats là-dedans. Curieux, il ne devait pas être bien connaisseur. Porte fermée à clef, oh ! C’est bête.

    Je ne pense pas pouvoir m’envoler avec des ailes mutantes et je n’ai pas de hache ou d’échelle sous la main, mais je pense que ceci devrait faire l’affaire… Du moins je l’espère !
    Vous savez, il serait peut-être plus judicieux de …

    La jeune femme porta alors un regard attentif à ce que le marin … cherchait dans sa poche. Qu’est-ce qu’il aurait bien pu y trouver qui puisse les sortir de ce pétrin, pétrin dans lequel elle avait pris, seule, le soin de les fourrer. Un fil de fer. Il pensait rentrer dans cette maison avec un fil de fer. Soit, il avait l’air de trouver son trésor très important et elle le regarda faire sans dire un mot, intriguée par les bienfaits d’une pauvre tige de métal. A sa plus grande surprise, la porte s’ouvrit. Habile le garçon ! La pièce sombre semblait vide selon ses dires. Lyn était plus hésitante que jamais. Certes elle était faible et la situation présente ne lui permettait pas de réfléchir correctement, mais elle ne voulait pas essayer de s’échapper en s’enfermant quelque part. C’était stupide. Le jeune homme était lui déjà rentré, ce qui avait attiré l’attention des gardes au bout de la ruelle qui commençaient à presser le pas. Dans leur grosse armure lourde, le spectacle n’était pas beau à voir, ils avaient l’air de trois beaux empotés faisant un bruit de ferraille repérable à des kilomètres à la ronde. Et Lyn ne bougeait toujours pas, tétanisée devant l’entrée de la sombre demeure comme une enfant qui aurait peur du noir.

    Venez ! Il n’y a personne ! Vite !

    * Ben allez ma grande, suis donc le vaillant gaillard que tu tiens tant à protéger ! Il ne s’agirait pas non plus de se faire attraper par ces grosses bécasses de gardes. *
    * Si l’on entre là-dedans, jamais nous n’en ressortirons libres … *
    * C’est sûr qu’en restant plantée là comme un bâton de bois, ça fais énormément évoluer la chose, tu as raison. *
    * Laisse-moi réfléchir ! *
    * Ça n’avancera à rien, tu ne trouveras pas de solution, il faut agir. *
    * Très bien Iria, tu as gagné … *
    * Si vite … et bien ce fut court comme résistance ! *

    Lyn avait abandonné bien vite, c’était souvent le cas d’ailleurs. Face aux situations difficiles, elle n’était jamais celle qui les sortait du problème. Iria était beaucoup plus vive et passait outre l’engourdissement de ses muscles, la faim qui la tenaillait et autres problèmes qui auraient tout fait pour ralentir Lyn. Tournant l’œil vers les gardes qui s’approchaient dangereusement toujours dans une course ô combien effrénée, la jeune femme s’engouffra dans l’obscurité de l’habitation. Elle n’y voyait rien du tout lorsqu’elle referma la porte aussitôt derrière elle. Quasiment aucune ouverture, la maison sentait le renfermé et le vieux bois pourri par l’humidité, peu probable en effet qu’ils tombent tout deux face à quelqu’un.
    La porte. Il fallait bloquer la porte, histoire de ralentir au maximum leurs poursuivants. Elle clignait des yeux, comme si la rapidité d’adaptation aurait pu être plus rapide. Seules quelques formes se distinguaient du reste, elle voyait la silhouette en mouvement de celui que Lyn considérait comme un « sauveur », pour Iria, c’était tout autre. Ce n’était qu’un homme avec un peu trop de cœur ce qui finirait par courir à sa perte, maintenant, ils allaient devoir se sortir tout les deux de ce problème de taille, une personne de plus c’était fortement handicapant.

    En mettant la table, ces quelques chaises et deux ou trois autres objets lourds, cela devrait faire l’affaire.

    Elle se mouvait avec rapidité mais prudence, ses jambes auraient très bien pu se dérober sous elle compte tenu de sa forme physique, et puis, elle n’avait strictement aucune idée de ce qu’il pouvait se trouver sur le sol. La première chose qu’elle fit et d’essayer de trouver un linge à proximité pour la coincer sous la porte de bois pour bloquer son ouverture. Un tissu ridicule lui tomba entre les doigts puis … un vêtement, ce qui ferait largement l’affaire. Elle sentait le marin s’agiter derrière elle tandis qu’elle se dépêchait de finir ce qu’elle avait entrepris. Si de l’autre côté, les gardes forçaient, la jeune femme n’aurait rapidement plus de doigts. Elle commença à sentir une résistance derrière ce qui les séparait de la ruelle dans laquelle ils étaient à peine quelques secondes plus tôt.

    Ils avaient ensuite mis le maximum de meubles devant cette fichue porte pour ralentir encore davantage ces empotés de gardes qui n’avaient que ça à faire de surveiller une affaire de vol ridiculement anodine. L’adaptation à l’obscurité était maintenant quasi parfaite et le déménagement que les deux hors la loi avaient improvisé laissait un grand espace vide en plein milieu de la pièce ouvrant sur un escalier qui montait à l’étage. A voir la pièce dans laquelle il était, il ne fallait pas réfléchir trop longtemps pour comprendre qu’une potentielle issue ne pouvait se trouver qu’en haut, il ne restait plus qu’à espérer. Si rien ne leur permettait de sortir là-haut, funeste aurait été leur destin. Iria ne demanda même pas l’avis du jeune homme, elle gravit les marches de l’escalier quatre à quatre et se retrouva vite en haut. Le couloir sur lequel les marches débouchaient était mince et ouvrait sur deux portes closes et … toujours aucune fenêtre. Le comportement changeant de la demoiselle qu’il avait héroïquement décidée de secourir devait bien l’étonner ce jeune homme. Cela passait bien au-dessus de ce que pouvait bien avoir l’impulsive Iria à l’esprit.

    * Tu penses qu’il peut y avoir quelqu’un dans ces pièces ? *
    * J’en doute, mais c’est possible, je me demande quel genre de personnes pourraient vivre dans une demeure qui a toute l’allure d’être abandonnée. * Le plancher grinça. Mais ce n’était ni elle ni le jeune homme en bas la source. Les yeux d’Elyndra s’écarquillèrent. Je ne pense pas que des rats soient aussi bruyants.

    Sa main s’abandonna sous sa cape pour saisir ce qui n’était à la base qu’une arme purement défensive mais qui lui servirait certainement si jamais ils avaient affaire à un assaillant ou qui que ce soit d’autre se mettant en travers de leur chemin. Elle tenta donc de s’approcher de la première porte, parfaitement face à la seconde, c’était une potentielle issue pour s’esquiver en cas de problème. En fait ce n’était même pas « potentiellement » un endroit d’esquive puisqu’elle fut forcée d’y entrer.

    Sortez de ma maison ! Tout de suite, je suis armé et vous le paierez de votre vie si vous ne dégagez pas aussitôt !

    Un espèce de grand barbu lui fonça dessus avec une gigantesque massue de bois, enfin massue … tout était relatif. Ce devait être un pied de lit arraché. Iria n’eut le temps de voir derrière lui qu’une femme tenant quelque chose, un enfant peut être, dans ses bras et elle vacilla contre l’autre porte, poussée par l’énorme colosse, ou du moins c’est l’effet qu’il lui fit, qui aurait pu frapper n’importe quoi avec son arme de fortune. Sous l’impact, la porte céda et s’ouvrit, laissant le corps de l’humaine se précipiter vers le sol. Son dos heurta le plancher grinçant et cette chute lui coupa le souffle la laissant dans l’incapacité de se relever. Elle voyait déjà devant elle une possibilité de scène se défiler, l’homme abattrait son énorme morceau de bois, soit elle périrait soit elle résisterait et serait de toutes manières emportée par la milice de Diantra qui s’acharnait contre la porte du bas.
    Tout allait si vite, elle en oubliait ce qui se passait, elle en oubliait le cours des choses. Une profonde douleur lui attaqua le crâne. Lyn ne s’exprimait plus, les voix, les cris, les pleurs d’un bambin, qu’elle entendait n’étaient qu’attaques répétées à sa pauvre tête assaillie d’une douleur nouvelle. La volonté de résister y était mais pas la force. Elle était si préoccupée qu’elle n’avait pas vu ce qui pourrait être sa porte vers la liberté : cette pièce possédait une fenêtre qui donnait sur les toits de Diantra.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeJeu 29 Avr 2010 - 21:51

Lorsque la jeune femme vint rejoindre Menelor, les gardes s’étaient déjà mis à courir pour les rattraper. Une fois dans la pièce, elle s’activa nerveusement à obstruer la porte à l’aide de divers objets pour la bloquer. Elle s’emparait de meubles et d’objets encombrants pour les poser brusquement vers la porte. Dans son comportement, Menelor remarqua qu’elle avait changé. Elle semblait plus vive, plus sûre d’elle. À présent, elle se mouvait avec rapidité et semblait avoir l’air de savoir ce qu’elle faisait. Elle n’était plus la femme abattue et faible. Elle ne tremblait plus et se tenait droite. Sa voix même avait légèrement changé :

« En mettant la table, ces quelques chaises et deux ou trois autres objets lourds, cela devrait faire l’affaire. »

Occupée par sa tâche, Menelor ne savait que faire. Elle l’ignorait presque. Normal dans un sens, quand on avait la milice au derrière.
Alors qu’elle tentait de bloquer la poignée, le pirate s’empressa de déplacer la lourde table vers la porte. Puis un autre meuble. Et un autre. Menelor continuait à bloquer la porte quand la femme s’arrêta soudainement et se dirigea vers l’escalier pour grimper les marches quatre à quatre, laissant le pirate à sa besogne. Une fois partie, un silence pesa sur la maison. Menelor n’entendait plus que le bruit de ses pas et quelques grincements de parquet à l’étage.

Que lui était-il arrivé tout à coup ? Elle ne semblait même pas être la même personne… À la voir bouger comme ça, Menelor avait eu peur qu’elle ne se blesse, mais elle était plus forte qu’elle ne le paraissait. D’un côté, le pirate préférait ça. La porter n’aurait fait qu’envenimer les choses et ils auraient été alors une proie facile. Maintenant, il leur suffirait de trouver une deuxième issue pour s’échapper et avec un peu de chance, les gardes auraient perdu leur sens de l’orientation. Après quelques instants de réflexion, Menelor prit conscience qu’il les avait peut-être emmené aveuglément dans un cul de sac… Et si il n’y avait aucune autre issue possible ? Ils pourraient toujours sauter par une des fenêtres mais ils seraient vite rattrapés par les gardes. À moins qu’ils n'arrivent à rejoindre les toits. C’était peut-être ce qu’avait tenté la jeune femme, à l’étage.

D’ailleurs, la jeune femme ? Menelor tendit l’oreille et n’entendait toujours rien. Bizarre…


*Elle m’a peut-être laissé…* pensa le pirate.

*Ou alors elle… *

Le cours de ses pensées fut interrompu par un grincement du parquet au dessus de sa tête, qui le rassura. Mais cela ne dura pas longtemps quand il entendit une voix roque à l’étage :

« Sortez de ma maison ! Tout de suite, je suis armé et vous le paierez de votre vie si vous ne dégagez pas aussitôt ! »

À l’étage, des bruits sourds retentissaient.
Alarmé, Menelor grimpa les escaliers aussi vite que possible. Une fois à l’étage, il eut à peine le temps d’apercevoir la jeune femme qu’elle traversa le mur, projettée par ce qui semblait être un ours. Ce dernier se tourna alors vers le pirate et il pût alors voir son gros visage joufflu. En réalité, il s’avérait être un gros bonhomme qui agitait une massue de fortune de ses grandes mains. Il plongea dessus pour tenter de le désarmer mais fut vite repoussé. Il dégaina alors son épée et les yeux de l’homme luisaient à présent de peur.

Menelor ne voulait pas le blesser et encore moins le tuer. Mais la vue de l’arme lui permettait d’être à l’abri de coups éventuels. Il pointa le bout de son épée vers le visage boursoufflé :


« Reculez ! marmonna Menelor dans un souffle. Je suis armé et prêt à me battre… »

Le gourdin tomba au sol. De la sueur perlait à présent sur le front de l’homme qui fixait la pointe de l’épée de ses yeux hagards :

« At… Attend… Attendez… bégayait-il. Prenez ce… Ce que vous voulez ! Mais… Mais par pitié, laissez moi en vie avec ma femme et mon fils… »

Derrière lui, une femme protégeait un nouveau-né qui s’était mis à hurler de tous ses poumons. Il agitait ses petits poignets noueux dans l’air.

« Je ne vous veux aucun mal, ni aucun de vos biens, continua le pirate. Nous ne faisons que traverser et tout se passera bien si vous nous laissez faire... »

En prenant bien soin de garder son arme pointée vers la famille, il se dirigea vers la porte fracassée pour trouver la jeune voleuse à terre. Ne savant si elle était inconsciente ou pas, il rengaina son arme et s’accrocha à son bras pour la hisser et la tenir dans ses bras. Elle semblait être aussi légère qu’une plume ! Au moins, il n’aurait pas de difficultés à se mouvoir…

Il fallait trouver une autre solution et vite. Il ne disposait que de quelques secondes de réflexion seulement. Pivotant sur lui même, la pièce dans laquelle il se trouvait était une chambre. Une unique fenêtre lui faisait face, ouverte, elle donnait sur les toits de la capitale. Menelor se mit à courir pour atteindre la seule issue qui leur restait avant que l'homme ne décide de l'agresser. Dans sa course, un coup l'atteint et une douleur violente l’assaillit à l’épaule. Ignorant la souffrance de son corps et ne prenant pas de temps pour regarder en arrière, il enjamba le cadre et sauta la fenêtre. En haut des toits, il avait une vue panoramique sur toute la capitale. Tenant la femme dans ses bras, il la bascula sur ses épaules et se dirigea vers le rebord du toit. Les tuiles glissèrent et vinrent s’écraser sur la chaussée dans un grand bruit, quelques mètres plus bas. Le toit de la maison d’en face n’était pas très loin et pouvait être atteint dans un saut. Mais il fallait franchir un sacré vide ! Prenant de l’élan, il s’élança et atterrît sur le toit voisin. Avec la poussée, la chute et le poids qu’il portait, il fléchit et ses genoux vinrent se heurter violemment l’arrête des ardoises. Retenant un cri de douleur, il s’avança plus loin pour trouver un coin à l’ombre et surtout à l’abri des regards. Ils se trouvaient au pied d’une minuscule tourelle qui s’élevait dans les airs. Menelor posa délicatement la jeune femme sur le sol pour observer son état :


« Vous allez bien ? Qu’est-il arrivé ? »

En sortant de la maison, le gros propriétaire avait du changer d'avis et l’avait frappé de son gourdin sur une ancienne blessure de son épaule. La douleur s’était alors réveillée et l’élançait maintenant à chaque respiration.

*J’espère que les points de suture n’ont pas sauté…* pensa t-il.

Il n’y avait aucune trace de sang ce qui était déjà bon signe. Avant de se retrouver sur la plage abandonnée, Menelor avait du heurter des récifs acérés et pointus qui l’avaient couvert de coup, de contusions et de blessures. Il s’était réveillé avec le haut de l’épaule gauche ouverte, le sang coulant abondamment. Cependant, la plaie avait été recousue et menaçait à présent de refaire surface à tout moment. Il baissa les yeux vers ses genoux endoloris. Cela ne le gênerait pas pour se déplacer, ça, il en était sûr : la douleur se faisait ressentir mais c’était encore supportable.

Maintenant sur les toits, ils devaient vite rejoindre la terre ferme et s’enfuir pour se mettre à l’abri et se sauver de la milice. Les trois empotés de gardes avaient dû être alarmés par de vacarme sur les toits et devaient être déjà à leur poursuite. Auquel cas, ils auraient réussi à enfoncer la porte d’entrée et la famille à l’intérieur aurait eu le bonheur de les avertir de leur passage… Le cas de l’abandon de la poursuite était à exclure. Tant qu’ils trouveraient une piste, ils ne lâcheraient pas l’affaire… Et leur route était tracée comme de l’encre noire sur du parchemin éclatant. La famille traumatisée, la fenêtre grande ouverte et les tuiles fracassées. Il ne manquait plus que deux ou trois passants aillant vu leur promenade et ils seraient rejoints d’ici quelques minutes.


« Il nous faut bouger de là, souffla le pirate. Avec le bruit qu’on fait les tuiles, on va pas tarder à nous repérer… »

Il se tourna alors vers la jeune femme pour savoir où elle en était.


Dernière édition par Menelor Thennil le Mar 6 Juil 2010 - 8:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeDim 2 Mai 2010 - 0:22

    Il était dur de rependre ses esprits dans cette situation. Ça criait un peu, ça courait. Tout résonnait dans cette maison grinçante et c’était une véritable torture d’y résider là maintenant, tout de suite avec une affreuse douleur au crâne et un manque de fatigue conséquent. Sa vision se troublait, ne voyant pas bien clair, son mal de tête s’accentuait. Au fond, ces maux avaient tout d’un cercle vicieux pour le moment. Elyndra semblait voir des choses mais n’étaient sûre de rien, des formes bougeaient et hurlaient. Elle voyait bien le gros gaillard se rapprocher mais était strictement incapable de bouger par elle-même pour s’écarter de son chemin et éviter de se prendre le coup de sa vie. Ah tient, il semblerait que monsieur le pirate ait décidé de les monter ces escaliers finalement ! Sa voix était différente – seule variante qu’elle arrivait à saisir – et elle ne pu s’empêcher de sombrer dans l’abîme par la suite. Tout devint noir, les bruits devinrent une masse informe, brouhaha sans sens ni signification, tout n’était que du bruit et rien que du bruit.
    Elle se sentit alors soulevée, au fond, elle paniqua. Elles paniquèrent toutes les deux en fait mais nulle ne pouvait physiquement s’exprimer, comme absentes toutes deux de leur enveloppe charnelle qu’elles aimaient tant se disputer. Elles ressentaient la même chose mais impossible de voir quoi que ce soit, de borgnes elles devenaient aveugles. Chacune essayait de faire bouger Elyn mais la panique qui les prenait ne résolvait rien. Iria finit par prendre possession de la jeune femme, ce qu’elle sentit d’abord se fut ce fichu mal de crâne qui ne s’attarda pas avant de la saisir pleinement, puis elle sentit le contact de quelqu’un. Ses yeux s’ouvrirent sur l’évidence, un seul pouvait voir et être vu, mais cela suffisait pour lire le soupçon de colère qui modérait la panique dont elle était saisie. Le pirate était immobile et la portait fixant quelque chose vers l’horizon ce qu’elle s’empressa d’aller voir elle aussi.

    Mauvaise idée. Très mauvais idée !

    En cette position de faiblesse, elle n’avait pas vraiment son mot à dire évidemment, mais elle ne pouvait s’empêcher de s’opposer à cette volonté folle de les précipiter tout les deux dans le vide. En fait, si ! Elle avait son mot à dire. Sa vie en dépendait là aussi. Rien ne garantissait la réussite de ce saut. Poids plume mais poids tout de même, la jeune femme était un handicap non négligeable.

    Ah, donc vous aviez bien des ailes, vous mentiez tout à l’heure … n’est-ce pas ? Non mais vous n’avez tout de même pas la ferme intention de …
    * Empêche-le ! Fais quelque chose ! On ne vient pas de faire une course-poursuite avec cinq imbéciles pour se retrouver écrasés contre les pavés d’une ruelle sombre … Ce serait bien tragique tient ! *
    Si les pensées de Lyn avait tout d’une assurance infondée, elle les aurait presque sanglotées tant sa peur de la mort était grande, la peur ici était néanmoins bien trop grande pour penser une seule seconde à verser une larme. Cette peur terrifiante qui saisissait tout votre être, elle vous tétanise et vous n’êtes plus capable d’autre chose qu’à l’immobilité.

    C’était parler à l’oreille d’un sourd. Iria n’eut qu’à fermer les yeux et invoquer les Cinq pour qu’ils soient, pour une fois, cléments avec les deux jumelles – bien qu’ici, Iria ne pensait qu’à elle seule. Le bruit de la réception se fit entendre, elles, restaient stables.

    Vous allez bien ? Qu’est-il arrivé ?
    Non mais vous êtes fou ? Quelle idée de jouer aux grands oiseaux quand on n’a pas d’ailes ! Vous auriez pu nous tuer si … si vous aviez raté ce … ce bord de toit ! La sanguine personnalité de la Colérique avait grand loisir à s’exprimer. Elle hurlait presque, emprunte d’une peur qui se muait en haine et en colère, comme toujours dans le cas d’Iria. Là vint s’immiscer la tolérance et la gentille de Lyn, sa voix se fit plus calme et plus douce bien qu’ouvertement saisir par la peur qui ne parvenait pas s’échapper d’elle. … Merci.

    Allongée contre les tuiles, elle se redressa en grognant et serrant les dents. Son dos en avait pris un sacré coup lorsque le colosse l’avait balancée contre sa porte comme une vulgaire brindille.
    Je pense que ça devrait aller, les joueurs ont été meilleurs disons. Elle n’était pas stupide et pas – encore - totalement aveugle pour voir que quelque chose le démangeait dans son dos à lui aussi. Il vous a eu aussi, rien de cassé ?

    * Oh tient ! Tu vires à la gentillesse toi maintenant !? C’est très … changeant. Tu changes d’humeur comme de chemise en ce moment. *
    * Ben voyons ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité ma pauvre Lyn, n’essaie pas une seconde de me trouver des vices, à ce jeu … tu perdrais. *

    Pour un peu, Iria aurait mérité d’arborer un panneau « Attention, chien méchant ! » tant elle était capable du pire. Sa douceur couvrait forcément autre chose, Lyn l’influençait tant qu’elle le pouvait et les deux jumelles s’accordaient ici malgré elle comme fusionnant et se mêlant l’une l’autre. Chose que ne lasserait pas opérer la Sanguine bien longtemps.

    Il nous faut bouger de là, avec le bruit qu’on fait les tuiles, on va pas tarder à nous repérer…
    * C’est vrai que le coup des tuiles, c’était joliment joué ! *
    * Quelle amabilité ! *
    Comme pour répondre immédiatement aux paroles du jeune homme, on vit sortir, deux toits plus loin, la tête d’un garde et du colosse qui les avait mis en fuite.
    Ils sont là ! Ils sont là regardez !
    Eh bien qu’attendez-vous ? Que le roi Trystan vienne en personne vous donner l’autorisation de les poursuivre plus longtemps ? Allez-y bon sang ! Attrapez les et envoyez-les moisir au fond d’une cellule ! Ils ne méritent rien de moins …
    Elyndra saisit une prise pour l’aider à se relever et regarda le pirate de son œil mordoré.
    Effectivement, le plus tôt sera le mieux. Par contre … choisir les toits n’étaient pas bien judicieux, si peu ont du goût dans le quartier, ils ont l’argent, et les maisons sont hautes. En avant pour une course-poursuite en terrain glissant ! Les gardes se lasseront sûrement, ou tomberont, avant nous … Tant qu’ils ne ramènent pas les arbalètes, il ne devrait pas y avoir de problème … n’est-ce pas ?

    En fait, elle n’attendait même pas de réponse. Elle fixait simplement leurs observateurs qui s’agglutinaient à la fenêtre dont les voleurs sortaient quelques secondes plus tôt. Ah des ailes ! Elles auraient été fortement appréciables en cet instant précis d’ailleurs. Comme se tirer de là ? Elle n’avait plus vraiment l’âme équilibriste comme il en aurait été autrefois et jouer au funambules sur les toits était loin d’être un amusement. De plus, comme ce n’était pas suffisant, la jeune Iria semblait être atteinte d’un curieux vertige naissant, phobie inhabituelle et toute nouvelle chez elle apparemment. A la bonne heure ! Ce genre de chose savait quand est-ce qu’il était bon de pointer le bout de son nez !

    Venez ! Pour un peu, elle le tirerait presque par la main tant il lui semblait long à la détente. Elle partit alors en tête à l’opposé de l’endroit d’où il venait, les maisons étaient proches, très proches, et ainsi leurs toits étaient tous collés les uns aux autres, ils étaient très aisé de passer de demeure en demeure. Elle n’avait strictement aucune idée de l’endroit vers lequel elle les emmenait, mais plus le plus loin sera le mieux. Elle ne connaissait pas Diantra, c’était une ville toute nouvelle, peut-être valait-il mieux demander au « sauveur d’un jour ». Elle s’arrêta dans sa course. Dites, vous ne connaîtriez pas, par le plus grand des hasards, un endroit sûr ? Ou du moins, un but à atteindre et ainsi ne pas errer sur les toits dans une fuite précipitée.

    Sans attendre la réponse, elle se remit encore à courir, elle puisait ses forces alors dans une source inconnue. La peur peut-être, car elle la rongeait elle aussi, malgré elle. Si Iria le dissimulait plus que Lyn, elle, n’en était pas moins atteinte. La fatigue, la faim, la douleur finirait alors par la rattraper. Fort heureusement, les maisons dans le quartier qu’ils foulaient commençaient à être plus basses, il fallait descendre. C’était maintenant, ou jamais. Descendre dans les rues étaient un atout mais aussi un inconvénient. Certes, ils n’étaient plus affichés aux yeux de tous, mais ceci impliquait aussi l’absence de cette vue surplombante et avantageuse. Tant pis, il fallait fuir et semer ces foutus gardes qui leur collaient aux basques. Ils étaient trop proches au goût de la voleuse d’un jour. Elle sauta la première, à peu près sans réfléchir, l’entêtée ! Bonheur, elle ne se cassa rien. Ses chevilles encaissèrent le coup. A trop y penser, ils allaient perdre du temps, temps qui leur était trop précieux pour qu’elle se permette de le laisser filer.

    Allez, descendez ! Vous n’êtes pas un gars des villes à ce que je vois … La patience d’Iria avait des limites, à supposer déjà qu’elle soit armée de patience. Elle trépignait sur place, elle avait hâte de pouvoir se reposer de cette journée. Tout ça, pour une poignée de fruits auxquels elle avait à peine goûté. Tandis qu’elle encourageait le jeune homme descendre, la jeune femme se figea. Elle revivait une scène passée au travers de celle-ci. Iria et Lyn se lièrent alors, elles faiblirent ensemble. Ça y’était. La fatigue, la peur, tout les rattrapait à cet instant même. Elles allaient sombrer. Encore.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeDim 9 Mai 2010 - 13:31

La jeune femme avait repris ses esprits. La traversée du toit l’avait réveillée et elle jetait à présent des regards dans tout les sens. Alors qu’elle conservait un côté de son visage dans l’obscurité, son œil finit par se poser sur le pirate.

« Non mais vous êtes fou ? Quelle idée de jouer aux grands oiseaux quand on n’a pas d’ailes ! Vous auriez pu nous tuer si … si vous aviez raté ce … ce bord de toit ! »

Elle était énervée et jetait à présent sa fureur sur Menelor qui la fixait, hébété. Cela n’eut le seul effet d’agacer l’homme qui dut se contrôler pour ne pas jeter la voleuse.

« Excusez moi, mais je crois bien que je vous ai sauvé la vie. Si cela vous pose un problème, je peux vous remmener au colosse là-bas, il se fera un plaisir de s’occuper de vous. »

Sa voix était neutre, absente de toute émotion. Mais intérieurement, Menelor tentait de se calmer lui-même. Pour s’apaiser, il commença à masser son épaule endolorie. À chaque pulsation de son sang, il sentait une vague de douleur le submerger. La course et le saut avaient augmenté son rythme cardiaque. Quand la femme parla de nouveau, sa voix était différente et fit presque sursauter Menelor tant on aurait pu croire que c’était une personne différente qui s’exprimait :

« Merci. »

Elle s’était calmée et la colère présente dans sa voix un peu plus tôt était partie.
Menelor se redressa sur ses jambes et manqua de retomber de nouveau au sol. Après s’être stabilisé, il étira tous les muscles de son corps en prenant bien soin de ne pas trop tirer sur ses épaules. Avec sa gourde, il s’aspergea sa blessure d’eau fraiche. Le liquide imbiba sa chemise et vint calmer la douleur. Tâtant de l’index, il vérifia l’état des points de suture. Après s’être assuré que tout allait bien, il revint vers la femme.


« Il vous a eu aussi, rien de cassé ? » demanda-t-elle avec douceur.
« Rien de cassé qui ne l’était pas avant… Mais cet abruti m’a frappé en plein sur une blessure qui venait d’être recousue. La douleur est revenue mais je ne saigne pas, ça ira. Allons, nous… »

Menelor ne put acheva sa phrase qu’une voix s’éleva dans les airs. Même les yeux fermés, Menelor aurait pu reconnaître cette voix les yeux fermés tant il craignait de l’entendre à nouveau. C’était celle de l’ours de la maison. Ce traître qui l’avait frappé quand il avait le dos tourné et qui était à présent en train de prévenir les trois badauds de gardes leur position :

« Ils sont là ! Ils sont là regardez ! »
« Eh bien qu’attendez-vous ? Que le roi Trystan vienne en personne vous donner l’autorisation de les poursuivre plus longtemps ? Allez-y bon sang ! Attrapez les et envoyez-les moisir au fond d’une cellule ! Ils ne méritent rien de moins … »

*Le bougre ! J’aurais du le tuer quand j’en avais encore l’occasion ! Il se la remmenait moins quand il était sous la menace de la pointe de mon épée …*

La femme fut réactive sur ce coup là. Elle se leva et se tourna vers Menelor :

« Effectivement, le plus tôt sera le mieux. Par contre … choisir les toits n’étaient pas bien judicieux, si peu ont du goût dans le quartier, ils ont l’argent, et les maisons sont hautes. En avant pour une course-poursuite en terrain glissant ! Les gardes se lasseront sûrement, ou tomberont, avant nous … Tant qu’ils ne ramènent pas les arbalètes, il ne devrait pas y avoir de problème … N’est-ce pas ? »

Elle fixa alors les gardes comme pour évaluer la distance qui les séparaient.

« Des arbalètes pour une simple histoire de vol ? Je ne pense pas quand même pas. Avec un peu de chance, on arrivera à les semer ! »
« Venez ! »

Menelor ne put répliquer qu’elle s’élançait déjà dans la direction opposée des gardes et du colosse. Il lui emboita le pas, en faisant attention de ne pas provoquer de glissement de tuiles pour ce coup-ci. Ils devaient bouger encore.

Bouger. C’était ce qu’ils faisaient depuis cette histoire de fruit. Menelor espérait que cette histoire serait bientôt finie. Passer sa journée à éviter les embrouilles et les autorités n’était pas son passe-temps favori… Les gardes n’avaient-ils que ça à faire ? Ils devaient sûrement avoir d’autres occupations avec le tournoi ! Mais apparemment, non. Devant lui, les vêtements de la femme dansaient au rythme de la course. Elle se déplaçait avec légèreté et rapidité. Le pirate ne savait pas où elle le menait et ne faisait que la suivre. Au bout de quelques mètres, elle s’arrêta :


« Dites, vous ne connaîtriez pas, par le plus grand des hasards, un endroit sûr ? Ou du moins, un but à atteindre et ainsi ne pas errer sur les toits dans une fuite précipitée. »

La question prit Menelor au dépourvu. Il avait passé la majeure partie de sa vie à naviguer sur les mers et ne quittait jamais son bateau, sauf pour se rendre dans le port d’une ville. Les pirates n’étaient pas appréciés dans les grandes villes et il ne connaissait rien de Diantra.

« Vous êtes mal tombée… Je ne … »

Mais avant de pouvoir finir sa phrase, la voleuse s’était déjà remise en marche. Lui courant après, Menelor voyait les toits défiler sous ses yeux, des cheminées et des fenêtres. Ils n’avaient pas le temps de se détourner pour observer leurs assaillants mais n’entendaient rien. Ils s’éloignaient du centre de la ville et les maisons étaient de moins en moins hautes. Un peu plus tard, la jeune femme semblait avoir décidé que les maisons étaient assez basses, si bien qu’elle sauta du toit pour atterrir dans une ruelle plus bas. Elle disparut alors de la vision de Menelor.

Affolé, le pirate s’approcha, craignant qu’elle ne se soit blessée. Lorsque sa voix retentit de la rue, il fut rassuré. Cherchant un tonneau ou une barrique sur laquelle il pourrait sauter, il ne tarda pas à trouve une grande caisse qui lui faciliterait sa descente. Quand son pied toucha la terre ferme, il vit du coin de l’œil que la jeune femme ne tenait plus debout. Il s’approcha alors afin de la soutenir, qu’elle ne se heurte pas au sol dur. Menelor l’aspergea d’eau fraiche de sa gourde pour la réanimer.


* Elle doit être épuisée ! Elle se démène comme un diable, elle a besoin de repos… *

« Vous allez bien ? Allons ! Nous ne pouvons pas rester ici ! »

Ils n’avaient pas le temps de réfléchir. Le pirate l’attrapa de nouveau dans ses bras : même si la voleuse était extraordinairement légère, Menelor ne put retenir une grimace de douleur, le poids tirant sur son épaule. Ignorant la souffrance de son corps, il s’élança dans la ruelle. Ils devaient être dans un quartier moins fréquenté de la capitale car le lieu était quasiment désert. À une intersection, un bruit de bottes sur le dallage retentit bruyamment. Menelor s’empressa de trouver un abri pour se cacher. À quelques pas de lui, une boutique avait empilé de nombreux tonneaux, caisses et des balles de paille. Il s’y faufila pour se mettre à l’abri des passants, gardant la jeune femme dans ses bras de peur qu’elle ne se réveille d’un coup et attire l’attention. Il mit un doigt sur sa bouche sèche et lui murmura à l’oreille, ne sachant si elle l’entendait :

« Chut, surtout ne faites aucun bruit, ne bougez pas. Attendez… »

Le pirate sentait les pulsations de son cœur. Ces bottes pouvaient appartenir à des gardes ou, avec de la chance, un simple habitant. Ce qu’ils ne tardèrent pas à savoir…


Dernière édition par Menelor Thennil le Mar 6 Juil 2010 - 8:40, édité 1 fois
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Elyndra Lyem
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeMar 11 Mai 2010 - 20:16

    Elle sombrait encore, le noir s’imposa à sa vue, son corps ne suivait plus. Il n’était pas rare qu’elle reste affamée pendant plusieurs jours mais il était rare de pimenter ce périple par une course effrénée à valdinguer entre gardes, colosse protecteur et autres. Evanouie. Sa conscience s’en était allée instantanément ne prévenant que peu. Elle allait pour se précipiter contre les pavés entrecoupés de boue de la ville de Diantra quand le pirate la ressaisit. Pourquoi tenait-il tant à l’aider ? Elle ne lui avait causé que des problèmes, il aurait du l’abandonner tant qu’il en était encore temps. Désormais, il se voyait supporter le fardeau que représentait la jeune Elyndra, agitées de tant de maux, tiraillée entre tout. Terriblement faible. Le corps de la jeune femme ne bougeait plus, il ne répondait plus. L’eau ne la réveilla pas, elle ne la sentit pas, les esprits de Lyn et d’Iria était loin, trop loin. Elles se virent empruntes d’une volonté soudaine de mourir, l’une comme l’autre – ce qui n’était pas dérangeant pour l’une mais était d’autant plus étonnant pour l’autre. Elles ne se manifestaient pas, ne se parlaient pas. Elles n’avaient plus conscience de rien d’autre que ce noir absolu dans lequel elles baignaient. C’était agréable. Elles ne ressentaient plus les douleurs physiques, ni la fatigue, ni la faim, ni rien d’autre de désagréable. Elles étaient comme dans un coton doux duquel elles ne semblaient vouloir partir. Lyn pris alors possession entière de cette enveloppe charnelle qui n’avait pas été ardue à récupérer. C’était la seconde fois que le pirate s’emparait du corps des deux jumelles et leurs inquiétudes communes et premières étaient portées sur si, oui ou non, avait-il pu apercevoir ce visage qui était le leur. Les prunelles de la douce humaine s’ouvrirent. L’assaut de la lumière dans son œil voyant, si peu de temps l’obscurité installée, n’aurait pas dû lui infliger un tel effet. Et pourtant, elle se crispa et ses ongles se plantèrent dans ce qu’elle pouvait encore saisir comme une enfant apeurée qui voulait se réfugier auprès de son protecteur, position qui se prêtait fort à ce tableau. Cette démonstration ne pouvait qu’être à l’origine de la Peureuse. Lorsqu’elle rouvrit les yeux pour la deuxième fois, le jeune homme s’était arrêté et les avait cachés tout deux derrière une cachette de fortune. Elle ne sentit que plus tardivement que son visage était complètement trempé et dégoulinant d’eau ce dont elle se garda d’interroger son bien aimé sauveur.

    Chut, surtout ne faites aucun bruit, ne bougez pas. Attendez …

    Elle ne comptait pas parler et pour seule approbation de sa part, elle sombra à nouveau dans l’obscurité totale. Elle n’était pas attentive comme l’aurait été Iria, elle était l’enfant et celle qui se taisait, subissait sans réellement chercher à se défaire de cette habitude. Sa respiration était calme jusqu’à ce que le bruit qu’avait entendu le pirate s’impose à elle. Des cliquetis fins et pressés, les gardes émettaient ce même bruit. Son souffle ce fit plus fort, elle paniquait et ses doigts raffermirent encore leur prise sur le vêtement qu’elle tenait. La peur la tétanisait de part en part. Souffle court, elle ne parvenait pas à se calmer. La rue était déserte, si elle commettait la moindre faute, cela courrait à leur perte à tout les deux.

    J’aurais juré voir quelqu’un par là pourtant. Etrange.
    Il n’y a strictement rien ici. Les pieds du groupe de gardes – car c’était bien ce qu’ils étaient – bougeaient devant eux, le peu qu’il pouvait en voir dans les interstices entre les tonneaux et les bottes de paille, ils s’approchaient de l’amoncellement puis se retiraient, mettant à l’épreuve le sang-froid si mince de Lyn.
    Attendez… Le silence s’imposa. J’ai entendu quelque chose ! Lyn entra en apnée totale, apnée de peur. Plus une once de chaleur s’échappait d’entre ses lèvres, seule la peur était trahie par des tremblements qui la parcouraient depuis quelques secondes à peine. La silhouette se tourna en leur direction, elle s’avança doucement. La Pleureuse se voyait déjà condamnée. Cependant, quelque chose s’agita dans le tas de paille, on entendit un grognement puis la source de ces cris d’effraie sortit de sa cachette. Un chat noir décampa vite fait, traversant la ruelle, s’appuyant sur un rebord de fenêtre pour s’élancer vers les toits. Le garde un peu trop audacieux pour cette si grande menace sursauta et laissa échapper un cri assez peu glorieux. Tandis que ses compagnons partirent dans un rire digne de bons vivants, la pauvre victime grognait et bouillonnait intérieurement.

    Taisez-vous ! Allez, on repart. Ils doivent bien être quelque part ces deux ordures ! Vous ne mettrez pas un pied dans une taverne tant que nous ne les aurons pas retrouvés, c’est clair ? Les deux acolytes hochèrent la tête et tous les trois repartirent, suivant le cours de la ruelle toujours aussi vide de peuple, étonnant à l’heure qu’il était d’ailleurs.

    Le souffle d’Elyn était court, ses respirations terriblement saccadées, impossible de se dégager de l’emprise de cette peur qui se nourrissait de la moindre parcelle de sa victime. Ne voulant se décrisper, elle ne remuait plus et se contentait de ne plus bouger. Sa voix teintée de cette anxiété forte, elle finit par parler.

    Je ne connais toujours pas votre nom.

    Le court silence qui s’en suivit fut alors brisé, mais celui qui était à l’origine de cela était loin d’être la personne qu’elle attendait. C’était une petite voix chevrotante et discrète qui venait de rompre le calme plat de la scène.

    Ne restez pas plantés là ! Entrez donc mes pauvres enfants … C’était alors un petit bout de femme que l’âge avait bien saisi qui apparut dans l’ouverture de la porte la plus proche des deux voleurs. Allons, je ne vais pas vous manger … Toutes façons, je n’ai plus assez de dents pour cela.
    Lyn se laissa glisser lentement au sol, quitter cette position fœtale ne la réussissait, mais elle ne tenait pas rester plus longtemps aussi recroquevillée contre le jeune homme. Innocente, Lyn s’avançait pour s’enfoncer dans les ténèbres de la demeure qu’on leur offrait, aveuglé par on-ne-sait-quoi qui la poussait presque à l’intérieur. Iria n’aurait pas agi de cette façon, seulement … la vile ne s’était toujours pas manifestée et s’effaçait entièrement de l’esprit de sa jumelle, par choix ou par obligation, le résultat était le même. L’ange noir, que représentait la jeune femme dans ses vêtements sombres, pénétra dans la bâtisse avec une lenteur extrême. La chaleur qui la saisit alors était une si agréable surprise que ceci la poussa à avancer davantage.
    C’était une simple pièce dans laquelle trônait une table en face de laquelle était une chaise cassée au niveau du dossier. Au fond de la petite salle brillait un feu mince, mais qui restait captivant, brasier étincelant. A l’opposé, un simple lit bas recouvert d’une couverture fort peu épaisse. Une porte fermée était à côté de l’antre du feu et donnait sur une autre pièce dont la vue leur était interdite. Au milieu de ce tableau presque touchant, la petite femme la fixait de ses yeux gris fatigués. Toute courbée, elle s’approcha d’Elyndra et lui pris la main, elle la guida jusqu’à l’inviter à s’asseoir sur le lit.

    Ton ami ne vient-il pas ? Étonnée, la petite dame se releva et répéta la même scène avec le pirate ne lui laissant pas d’autre alternative. Ses mains étaient douces et se refermaient sur celles du jeune homme qui ne pouvait refuser de la suivre. Qui refuserait de suivre une vieille femme à cette allure ? Elle vint placer sa dernière trouvaille à côté d’Elyndra. Le tableau était atypique et amusait la Borgne. Un sourire se dessinait alors sur son visage. La dernière once de peur quitta son être. Sereine.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeVen 14 Mai 2010 - 9:49

« J’aurais juré voir quelqu’un par là pourtant. Etrange. »
« Il n’y a strictement rien ici. »

Les passants étaient à présent à leur niveau dans la ruelle. Menelor pouvait deviner qu’ils les cherchaient et c’était forcément des gardes. Mais il ne prit même pas la peine de se retourner pour vérifier ses propos. Il retint sa respiration autant que possible, s’immobilisant tout entier.

« Attendez… J’ai entendu quelque chose ! »

Un silence de pierre s’installa. On n’entendait que le bruit lointain de quelques oiseaux et d’une foule lointaine qui devait sûrement s’agglutiner devant le tournoi royal. Des bruits de pas retentirent dans leur direction. Il marchait lentement et semblait déterminer à trouver ce qu’il cherchait. C’est alors que tout à coup, un chat qui était quelques instants plus tôt dans la paille, bondit et décampa à toute vitesse, faisait sursauter le pirate. Il manqua d’échapper un cri de surprise, ce que le garde de réussit pas à retenir. Alors qu’ils repartirent, les autres garde se moquaient de lui, riant aux éclats.

« Taisez-vous ! Allez, on repart. Ils doivent bien être quelque part ces deux ordures ! Vous ne mettrez pas un pied dans une taverne tant que nous ne les aurons pas retrouvés, c’est clair ? »

*Ainsi donc, nous sommes vivement recherchés… Et par toute la garde on dirait bien. Il va nous falloir nous cacher au moins le reste de la journée pour qu’ils oublient cette histoire…*

Le cours de ses pensées fut interrompu par le souffle saccadé de la jeune femme. Elle l’avait écouté et n’avait pas bougé d’un pouce, attendant que le danger soit écarté. Elle avait eu peur. Ça se sentait dans sa respiration. C’est alors qu’elle parla de sa voix fébrile :

« Je ne connais toujours pas votre nom. »

La question prit le pirate au dépourvu. Elle ne l’avait jamais interrogé sur son identité ou sur quoi que ce soit le concernant un temps soit peu. Juste quelques questions pour connaître ses véritables intensions, ses choix. Rien d’autre. Et voilà qu’à présent elle voulait connaître son nom alors qu’ils étaient allongés entre une balle de foin et des tonneaux rouillés…

« Eh bien, je m’app… »

Menelor n’eut pas le temps d’achever sa phrase : une vieille femme rentra dans son champ de vision. Elle était petite et son visage était tout rond, surplombé de quelques minces cheveux que le temps avait décimés. Elle lança :

« Ne restez pas plantés là ! Entrez donc mes pauvres enfants… Allons, je ne vais pas vous manger… Toutes façons, je n’ai plus assez de dents pour cela. »

Elle affichait maintenant un large sourire, exhibant ses quelques dents déchaussées.
Sans prendre le temps de réfléchir, la voleuse se releva et s’approcha de la bâtisse pour y rentrer avec précaution. Une fois dedans, la vieille femme lui prit le bras et l’emmena dans les profondeurs de la sombre maison. Menelor restait assis là, à la regarder disparaître, désemparé.


*Et si c’était un piège ? Cette hospitalité soudaine pour des voleurs n’est sûrement pas de coutume chez des citoyens comme ça. Mais cependant, cette vieille ne semble pas dangereuse… Comment en être sûr ?*

Le plus simple était sûrement d’aller vérifier lui-même. Les deux personnages étaient sortis de son champ de vision mais Menelor entendait encore leur bruit sur le parquet cabossé. C’est alors que la vieille revint dans la ruelle et s’agrippa de ses fines mains au bras du pirate. Elle l’incitait à rejoindre la voleuse à l’intérieur. Il eut un instant d’hésitation mais il finit vite par se faire emporter, laissant la porte sombre et massive se refermer derrière lui dans un bruit sourd. Il vint s’asseoir à côté de la jeune femme qui souriait à présent.

La pièce était finement décorée. Un petit feu brulait calmement dans le foyer, éclairant le sol de lumière dansantes. Un tapis lourd et poussiéreux recouvrait le sol. Au centre, une petite table était disposée et trônée d’un bouquet composé de fleurs diverses. Il faisait chaud et la cheminée dégageait une agréable odeur de bois.


*Dans quel autre pétrin nous sommes-nous fourrés cette fois-ci ?*

Comme pour répondre à ses pensées, la vieille femme leur demanda se sa voix douce :

« Vous voulez sûrement de quoi vous désaltérer et vous remplir l’estomac ? Vous avez l’air affamés, continua t-elle en posant ses yeux sur la voleuse. Je dois avoir quelques choses à vous proposer et ça devrait très vite aller mieux ! Ne bougez pas d’ici, je reviens tout de suite, je ne suis pas loin… »

Elle se déplaça jusqu’à la pièce d’à côté avec ses petits pas précipités. Très vite, ils furent à nouveau seuls. Du bruit retentissait de ce qui devait être une cuisine ou un garde manger. Menelor se tourna alors vers la jeune femme :

« Écoutez, je m’appelle Menelor. Mais je ne sais pas si on peut lui faire confiance… »

Il pointa la pièce où était partie la vieille dame du menton.

« Cette hospitalité soudaine me… Je ne sais pas. Je ne trouve pas ça normal… Quel est votre nom à vous ? Je pense qu’il serait peut-être plus prudent de nous trouver des faux noms. Du moins, le temps que les recherches cessent. On n’aura pas de soucis une fois la poursuite terminée… »

Il parlait à voix basse, de peur que leur hôte ne les espionnes ou les entendent. Toutes ces courses avec la garde à leurs trousses l’avaient rendu craintif et peut-être même parano. Mais il valait mieux être prudents, surtout dans la position dans laquelle ils étaient.

« Vous n’avez qu’à m’appeler Artius pour le moment, c’était le nom de… un ami. »

En réalité, c’était le prénom de l’un de ses plus fidèles pirates. Mais Artius avait été retrouvé mort, écrasé contre un récif, teintant l’eau marine d’un rouge lugubre. Menelor espérait qu’elle jouerait le jeu et suivrait son conseil. Cependant, ils devaient vite se décider car, à quelques pas d’eux, la vieille dame s’affairait à disposer différents mets sur un plateau et elle n’allait pas tarder à l’emmener à ses deux jeunes invités…


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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeLun 31 Mai 2010 - 21:12

Vous voulez sûrement de quoi vous désaltérer et vous remplir l’estomac ? Vous avez l’air affamés. Je dois avoir quelques choses à vous proposer et ça devrait très vite aller mieux ! Ne bougez pas d’ici, je reviens tout de suite, je ne suis pas loin…

* Efface ce sourire béat de nos lèvres, t’as l’air franchement ridicule, une véritable imbécile heureuse … *

Bah tient ! La revoilà celle-là. Elle avait enfin décidé de réapparaître après son silence suite à l’évanouissement d’il y a quelques minutes. Dans sa sympathie naturelle, la voix d’Iria avait emplie les pensées de sa frêle comparse. Lyn ne répondait pas. Elle était comme ailleurs, planait à quelques lieues d’ici. Oui, son air d’enfant heureux lui donnait mauvaise mine. Ses traits s’arquaient lorsque ses lèvres s’étiraient, mais ses amis du jour ne le voyaient pas, toujours pas. Malgré l’agitation des quelques dernières heures, son vêtement était soigneusement resté en place sur sa crinière d’ébène prenant bien soin de voiler son visage soumis dans le passé à tant de péripéties. Elle n’entendait plus et se laissait bercer par une mélodie invisible, une brise inexistante. La simple aura de cette modeste petite femme avait suffi à radicalement changer la jeune femme. Iria, elle, n’était en rien touchée par cet élan de sérénité et ne comprenait pas quelle mouche avait bien pu piquer sa jumelle.

* Non mais sérieusement Lyn, redescends trente secondes et affronte la réalité en face, t’as rien à faire là. Dégage de cet endroit vite fait, quitte ce pseudo pirate et cette vieille bossue. *

L’Heureuse faisait mine de ne rien entendre et continuait à faire errer son esprit sans crainte. Aucune peur. C’était si rare et si agréable pour elle. Calme, tout n’était que douceur, sérieusement embrumée la pauvre. Elle finirait par sombre à nouveau, ce n’était qu’une question de minutes. Bah, elle ne tomberait pas bien bas mais les faits étaient là : épuisée autant physiquement que moralement, elle n’irait pas bien loin. La venue de la petite vieille était un cadeau du ciel, un miracle venu de nulle part. Tant de générosité et d’innocence émanaient de ce petit bout de bonne femme que c’en devenait incroyable et inimaginable. Le pirate quand à lui était terriblement anxieux, presque autant qu’Iria.

Écoutez, je m’appelle Menelor. Mais je ne sais pas si on peut lui faire confiance… Cette hospitalité soudaine me… Je ne sais pas. Je ne trouve pas ça normal… Quel est votre nom à vous ? Je pense qu’il serait peut-être plus prudent de nous trouver des faux noms. Du moins, le temps que les recherches cessent. On n’aura pas de soucis une fois la poursuite terminée…

Menelor. Tient c’est joli ça Menelor. Ça sonnait bien. Menelor. « Mène l’or » ? « L’or mené » ? « Menor le » ? Ça y’est. Elle avait perdu le fil, elle sombrait dans une folie soudaine et réagissait comme si elle avait été droguée, avait un peu trop abusé sur la boisson ou alors avait pris un sérieux coup sur la caboche.

Elle ne nous fera rien. Rien en elle n’inspire le mensonge. L’Homme est profondément mauvais mais l’âme de cette femme est pure.
* Ben voyons, et tu sors ça comme si t'avais vu Arcam peut être ? *
Son regard était fixé dans le vide, pupilles dilatés, son œil mordoré était complètement ouvert et son expression faisait alors peur à voir. Comme possédée, ses yeux presque exorbités, elle parlait d’une voix absente. Que pouvait-il se passer en quelques fractions de secondes pour que cet être change du tout au tout ? Lyn n’était pas apte à répondre à cela et Iria n’y comprenait rien non plus.

* Oh, oh ! Lyn, réveille-toi, tu tires vraiment une gueule flippante. *

Iria ne pouvait creuser davantage dans l’esprit de sa sœur, elle y était déjà et ne la percevait plus. Lyn sombrait tout en restant parfaitement éveillée, situation bien étrange.

Vous n’avez qu’à m’appeler Artius pour le moment, c’était le nom de… un ami.
Bien Artius. Bien curieux prénom de substitution, il devait être étrange votre ami. Mais à quoi bon utiliser des noms différents ? Vous êtes si connu que ça au sein de cette ville ? On ne vous a pourtant pas reconnu. Les iris de la jeune femme se rivèrent alors au sol, ses cheveux barrant la vue de la seule partie de son visage exposé à Menelor. Ou peut-être êtes-vous un haut seigneur, un bourgeois, un noble à la recherche d’un peu d’anonymat. Le bandeau est un faux ? Si vous étiez habitué à cette ville vous sauriez que personne n’aide jamais son prochain ici. Vous devez vivre dans un monde bien parallèle.

Délire total. Des bribes de questions, d’hypothèses coulaient d’entre ses lèvres comme l’eau d’une rivière ne pouvait éviter de se précipiter dans le bassin d’une cascade. En même temps, elle n’espérait pas vraiment de réponse, c’était plutôt une réflexion personnelle dite à voix haute. Mais soit, jouons à ce petit jeu-là. Elle fit mine de réfléchir quelques instants. Ulye. C’est joli Ulye.

Il était stupide de parler aussi haut, la vieille dame entendrait tout. Son ouïe pouvait être défaillante mais elle en doutait. Pourtant, Elyndra ne calmait pas sa voix et une mélodie chantonnante légère s’éprit de ses mots.
L’hôte finit par revenir soudain avec trois coupes dépareillés, une cruche fendue, une miche de pain et un pot contenant quelque chose qui n’avait en rien l’air apetissant mais qui avait une odeur assez agréable. Elle alla s’asseoir, en face de ses interlocuteurs, sur l’unique chaise de la pièce, pieds sous la table, puis elle brisa le morceau de pain noirci en plusieurs parties et en offrit généreusement à ses invités du jour.

Tenez mes enfants, mangez, mangez donc. Ses petites mains tremblantes tenaient fermement les quelques tranches qu’elle tendait aux deux voleurs. Même si affamée, Lyn ne se précipitait pas sur la nourriture et alla presque à dénigrer l’offre généreuse de cette femme. Insistant néanmoins, elle fut presque forcée d’accepter. Non elle ne faisait pas vraiment la fine bouche, mais l’air de cette personne provoquait chez elle un sentiment étrange. A la fois si attendrissante mais aussi si étrange. Elle avait quelque chose de mystique, une petite grand-mère possédant quelques tours défiants les lois de la nature. Elle remplit ensuite les deux verres de ses compères et les tendit à nouveau vers les deux jeunes gens. Lyn se chargea de saisir le tout et d’en tendre la partie qui lui était due au pirate.

C’est bien aimable à vous, Dame. Dame ?
Tout le monde m’appelle la Vieille Nole.
Votre générosité vous honore Dame Nole. Cependant, la folie de la jeune femme se calmait lorsqu’elle parlait à cette dame, un certain respect au fond d’elle-même. C’était une rencontre bien étrange.
Eh bien, que vous vaut une telle compagnie que la garde entière de Diantra ? Auriez-vous tué quelqu’un ?

Elle parlait avec aisance et évoquer la mort ne lui fit rien de plus que de leur avoir proposé de manger. Tout à fait normal, tout était normal. Le pirate s’en étonnerait sûrement, le sourire de Lyn s’étirait davantage. Folie, pure folie lui rongeant son âme laissant cette pauvre enfant ainsi, souriante et heureuse dans un profond malheur. Curieux personnage que cette dame Nole.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeVen 2 Juil 2010 - 22:54

« Elle ne nous fera rien. Rien en elle n’inspire le mensonge. L’Homme est profondément mauvais mais l’âme de cette femme est pure. »

Menelor aurait aimé pouvoir en penser autant. Seulement, les derniers événements de la journée avaient mis ses nerfs à vif. Il était toujours à se méfier de tout, attendant le danger à chaque coin de rue. Comment être certain que cette vieille dame était inoffensive ? De ses grands airs de protectrice, elle pourrait très bien dissimuler un coup bas. Le pirate ne savait rien de la vie en ville mais il se doutait bien que n’importe qui n’accueilleraient pas deux inconnus en fuite, poursuivis par la milice. Le risque était bien grand et les conséquences pour elle pouvaient bien être terribles : aider deux fugitifs n’était pas bien vu, même en plein milieu de la mer. Était-ce sa peur qui influençait son jugement ? Lui-même ne le savait pas. Il se tourna vers la jeune femme afin de chercher une réponse dans son regard. Cependant, cette dernière semblait flotter sur un nuage bien loin de la terre ferme. Ses yeux exorbités fixaient le vide, comme emportés par une vision lointaine. Sa voix même paraissait distante mais elle résonnait dans la pièce :

« Bien Artius. Bien curieux prénom de substitution, il devait être étrange votre ami.

« Parlez doucement ! Elle risque de nous entendre… murmura le pirate. »

Mais elle sembla ne pas l’entendre et continua comme s’il n’avait pas ouvert le bouche :

« Mais à quoi bon utiliser des noms différents ? Vous êtes si connu que ça au sein de cette ville ? On ne vous a pourtant pas reconnu. Ou peut-être êtes-vous un haut seigneur, un bourgeois, un noble à la recherche d’un peu d’anonymat. Le bandeau est un faux ? »

Ces questions le laissèrent au dépourvu. Avait-il vraiment une réaction excessive ? Il n’avait aucune connaissance à Diantra, mise à part quelques marchands qui trainaient sur le port sûrement. Personne ne connaissait son nom. Seulement, il n’avait pas envie de commencer son séjour dans la capitale, avec un nom de voleur recherché et disparu.

« Si vous étiez habitué à cette ville vous sauriez que personne n’aide jamais son prochain ici. Vous devez vivre dans un monde bien parallèle. »

Elle devait savoir quelques connaissances sur la vie urbaine. Et pourtant, vu qu’elle prétendait que personne n’aidait personne, pourquoi avait-elle une confiance aveugle à cette vieille mamie gâteuse ? On aurait dit qu’elle vivait un vrai paradis. En réalité, Menelor ne pouvait savoir s’il pouvait lui faire confiance, même à elle. Elle n’était que la source de ses problèmes.

*Calme toi mon vieux, tu commence à voir le mal partout…*

Elle était juste désespérée et affaiblie. D’ailleurs, voilà qu’elle était en train de délirer à présent…


« Je pense que jouer la carte d’une personnalité cachée serait mieux si on ne veut pas être retrouvés facilement… »

L’homme ignorait si elle avait saisi le sens de ses mots, ni même si elle l’avait écouté. Mais ils n’eurent pas l’occasion de discuter plus longtemps que bientôt, la vieille dame revint avec les bras chargés de victuailles. Elle prit un pain et le sépara en plusieurs morceaux :

« Tenez mes enfants, mangez, mangez donc. »

Elle continua de les servir et la jeune voleuse lui tendit un verre de ce que Menelor espérait être de l’eau. Il avait la gorge sèche et ne s’en était même pas rendu compte. Il ne savait encore s’il oserait poser ses lèvres dans ce liquide incolore.

« C’est bien aimable à vous, Dame. Dame ? »

« Tout le monde m’appelle la Vieille Nole. »

« Votre générosité vous honore Dame Nole. »

« Eh bien, que vous vaut une telle compagnie que la garde entière de Diantra ? Auriez-vous tué quelqu’un ?

Qui était-elle vraiment pour poser de telles questions avec une telle indifférence ? Comme si un meurtre était aussi grave que le vol à la tire. Elle parlait d’une voix douce et protectrice. Ses petits yeux humides fixaient les deux étrangers à tour de rôle. Qu’était-ce le moins dangereux à dire ? La vérité ? Telle qu’elle était, elle ne pouvait pas faire bien mal. Au point où ils en étaient, ils ne perdaient plus grand chose. Lorsque Menelor remarqua que sa camarade ne parlait plus et qu’elle fixait le plafond d’un air absent, il prit la parole :

« Non ! On pourrait le croire vu la réaction vive des gardes… Ils doivent tout surveiller avec les évènements récents. À l’origine, c’est qu’une “simple“ histoire de vol. »

« Hmm… Je vois. » dit-elle en souriant, dévoilant une lignée de dents déchaussées.

Le pirate ne voulait rentrer dans les détails. Cette ambiance commençait à l’apaiser et il se disait qu’il pouvait enfin trouver un moment de paix dans cette journée bousculée. Ses narines s’aventurèrent près du liquide que contenait son verre : inodore. Ce devait être de l’eau. Une gorgée confirma ses hypothèses et il se mit alors à tout finir. Il ne ressentait rien d’anormal, ce qui voulait dire qu’il n’y avait rien d’empoisonné. Cependant, un bon rhum lui aurait bien remonté le moral. Qu’avait bien pu passer par la tête de Menelor ? Cette veille femme ne leur voulait rien de mal. Elle était juste curieuse et protectrice. Il était bien sot, tout le monde n’était pas mauvais dans les villes. Sûrement tenait-elle tête à la milice pour quelconques raisons et elle avait voulu alors les aider.

« Sans vouloir vous offenser Dame Nole, qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir nous cacher de ses gardes ? Nous sommes deux inconnus et nous pourrions être dangeureux… »

Il avait parlé d’une voix paisible et ne voulait pas l’effrayer. Ces réponses pourraient apaiser la crainte qui continuait à lui tirailler l’estomac. Il avait déjà hâte que ces histoires soient terminées et avec un peu de temps et de chance, peut-être que la milice abandonnerait les recherches ?
Menelor n’aurait jamais imaginé, dans la matinée alors qu’il se promenait, qu’il se retrouverait dans une maison miteuse accompagné d’une voleuse louche et d’une vieille, recherché par des gardes pour vol et sûrement, infraction de domicile.



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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeDim 4 Juil 2010 - 17:47

Non ! On pourrait le croire vu la réaction vive des gardes … Ils doivent tout surveiller avec les évènements récents. À l’origine, c’est qu’une “simple“ histoire de vol.
Hmm … Je vois

Il était amusant de voir que la petite vieille ne s’étonnait pas le moins du monde de cet acte de hors-la-loi, après tout, le vol était un délit. Et non. La petite se contentait de sourire à pleine dent comme si elle était tout à fait heureuse de recueillir ces petits oiseaux fautifs. Il fallait l’avoue, tout dans son comportement était sujet à déclencher une inquiétude poussée chez quiconque. Chez Lyn ? Rien. Non, elle préférait planer à des lieux d’ici, bercée par la situation qui était si belle en comparaison à ce que l’on pouvait trouver d’horrible n’importe où ailleurs en fait.

Sans vouloir vous offenser Dame Nole, qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir nous cacher de ces gardes ? Nous sommes deux inconnus et nous pourrions être dangereux …

Il mettait au tapis ce que tout le monde aurait pensé. Qui voudrait bien cacher de bon cœur deux fugitifs ? C’était ce rendre complice du crime, aussi quelconque soit-il, qu’ils – enfin qu’elle, Elyndra était à la base la seule responsable dans l’histoire, il se trouvait que finalement elle important de nouvelles personnes dans son affaire comme un ouragan emporterait bon nombre d’habitations, déracinerait d’arbre, et bien d’autres choses en fait – avaient commis. Un vol de fruit ? Ce n’était qu’un vol de trois fruits si petits, ce n’était rien, strictement rien. Et pourtant ils se retrouvaient pourchassés par une bande bien trop importante qui aurait pu être utile à attraper le plus dangereux criminel de cette ville. Bon d’accord, ils s’étaient également introduit dans la demeure d’un habitant, mais ça n’en valait toujours pas le prix que les gardes comptaient leur faire payer si jamais ils les retrouvaient.

Les gardes de cette ville sont aussi empotés les uns que les autres et sont aussi stupides qu’une armée de balais. Je n’aime pas les voir arrêter des enfants totalement innocents. Aussi affreux, sanglant et horrible que soit votre acte, il ne mérite certainement pas ce que ces charmants messieurs compte vous faire subir. Vous êtes bien mieux chez moi. Dame Nole se mit alors à boire et commença à manger un peu du pain qu’elle avait amené. Vous n’avez rien de deux criminels et si vous aviez été si dangereux que vous le relevez mon petit vous ne vous seriez pas barricadé derrière des bottes de foin et n’auriez pas accepté gentiment de bavasser avec moi. Je me fiche de ce qu’il pense de vous et de ce que n’importe qui pourrait penser de vos deux personnes.

La petite vieille parlait de cela comme si ça lui tenait particulièrement à cœur, mais elle n’avait répondu qu’à Menelor. Lyn, elle, était encore totalement ailleurs et n’avait perçu les dires de la vieille femme qu’en fond sonore uniquement.

* Tu sais, tu devras vraiment écouter ce qu’elle a à dire. C’est si louche qu’elle ferait à elle seule peur davantage que toute la garde entière. Elle ne m’inspire pas la moindre confiance à moi. Lyn ! Lyn bordel écoute-moi ! *

Évidemment que l’idéal aurait été que la petite redescende sur place, mais rien ne la faisait décrocher de son nuage. Elle n’avait même pas trempé ses lèvres dans son verre alors qu’elle était totalement déshydratée. Iria devait absolument faire quelque chose pour la ramener à elle seulement, quand sa jumelle était au commande de cette enveloppe charnelle – et dieu sait qu’elle s’y cramponnait cette fois-ci – elle ne pouvait pas faire grand chose. Puis, une idée lui vint. On en attendit alors un « crac » bien distinct dans le silence posé de la salle, puis des centaines d’éclats de verre se répercutant sur le sol. La main droite d’Elyn gardait son poing serré, gardant contre sa paume des dizaines de morceaux qui viendraient se ficher encore plus profondément dans sa peau virant à l’écarlate. Lyn ne réagit même pas, son visage toujours profondément ancré dans l’ombre de son vêtement. Elle avait fait appel à une poigne si forte et l’action était si inattendu que le silence s’était prolongé. Elle finit par écarter ses doigts et les étirer, lâchant un cadavre de verre, un pied dépourvu de coupe.
La Malheureuse revint alors à elle avec un sursaut d’étonnement, elle ne sentait même pas le mal se propager en elle et pourtant son sang se répandait déjà sur le plancher mité de la pièce, se fondant entre les bouts de verre éparpillés au sol.

Je … Je … Excusez-moi Dame Nole, je ne me suis pas rendue compte que je serrais si fort. Je suis ... Je suis désolée de vous l’avoir brisé. Sa voix était en partie paniquée et ébahie, elle n’était pas à l’origine de cela et sortait d’une espèce de transe, Lyn ne réalisait pas encore totalement ce qui venait de lui arriver.

* Ah bah c’est pas trop tôt ! * La voix d’Iria résonna très clairement dans l’esprit de la Douce cette fois-ci.
* Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Pourquoi j’ai cassé ce verre ? J’ai … attends. Ne me dis pas que c’est toi qui m’a fait faire ça ? *
* J’ai autant le droit de me faire du mal que de t’en faire, on aurait dit que tu avais vu un fantôme ma pauvre. *

Oh ! Oh mon dieu. Ne bouge pas ma fille, je reviens. La vieille Nole partit en courant dans la cuisine encore une fois alors que le temps commençait à reprendre son cour après s’être comme stoppé pendant une fraction de seconde. La jeune femme réalisait durement jusqu’à prendre conscience que la substance rouge qui s’échappait de sa main … c’était du sang. Son sang. Sa vision se troubla légèrement jusqu’à en faire venir des nausées, pour l’instant assez faibles.

Je ne … ne me sens pas très bien.

Décidément, les deux jumelles avaient décidé de pourrir la journée du pirate et cela n’allait pas en s’améliorant.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeLun 5 Juil 2010 - 20:31

« Les gardes de cette ville sont aussi empotés les uns que les autres et sont aussi stupides qu’une armée de balais. Je n’aime pas les voir arrêter des enfants totalement innocents. Aussi affreux, sanglant et horrible que soit votre acte, il ne mérite certainement pas ce que ces charmants messieurs compte vous faire subir. Vous êtes bien mieux chez moi. Vous n’avez rien de deux criminels et si vous aviez été si dangereux que vous le relevez mon petit vous ne vous seriez pas barricadé derrière des bottes de foin et n’auriez pas accepté gentiment de bavasser avec moi. Je me fiche de ce qu’il pense de vous et de ce que n’importe qui pourrait penser de vos deux personnes. »

Elle était perspicace, la vieille. Il fallait lui avouer ça. Cela lui donnait un air mystérieux. Elle parlait honnêtement et ne semblait rien cacher aux deux fugitifs. Il fallait avoir du cran pour faire ce qu’elle était en train de faire. Finalement, c’était peut-être elle qui avait une confiance aveugle envers eux, même si elle avait raison. Malgré son âge, elle était sûre d’elle. Son âge. D'ailleurs, quel âge devait-elle avoir ? Menelor se mit à la fixer, essayant de discerner en elle quelques indices pouvant la dater. Derrière ses cheveux grisonnants par le temps, son visage ridé lui rendait son regard. Une longue robe noire protégeait son corps. Le pirate lui aurait donné dans les 80 années. Peut-être plus. Elle était en très bonne santé et semblait ne manquer de rien.

Ce qui apaisa complètement Menelor fut que Dame Nole se mit à boire et à manger. Ce qui, entre nous, pourrait paraître complètement banal, mais pas pour lui. Il avait à présent la certitude qu’elle n’avait pas tenté de les empoisonner. Le jeune homme se sentait soudainement bien ridicule d’avoir pu penser tout ça. Ils étaient dans un endroit où ils pourraient enfin se reposer paisiblement. Chose qui ne leur avait pas été permise depuis longtemps. De son côté, entre sa guérison très longue et tout les récents évènements, un peu de paix ne lui faisait absolument pas de mal.


« En tout cas, merci de votre hospitalité. Dans votre intervention, je crois que nous serions encore en train de courir, les gardes aux trousses. Puis un peu plus et nous… »

Un bruit de verre cassé le coupa dans sa phrase. À côté de lui, la jeune voleuse avait fait voler son verre en éclats, projetant des débris et le liquide sur le sol. Son poing qui le tenait serrait tellement fort que du sang se mit à perler de sa main, et ne tarda pas à former une flaque. Elle semblait perdue et étonnée elle-même. Comme si elle n’avait pas remarqué qu’elle serrait son verre beaucoup trop fort et son explosion l’avait presque fait sursauter. Elle en était complètement bousculée et choquée.
Cette femme était vraiment étrange et surprenante…


« Je … Je … Excusez-moi Dame Nole, je ne me suis pas rendue compte que je serrais si fort. Je suis ... Je suis désolée de vous l’avoir brisé. »

« Oh ! Oh mon dieu. Ne bouge pas ma fille, je reviens. »

Elle vacillait pendant que la vieille se dépêchait de rejoindre une pièce voisine. Son visage, déjà pâle, devint blanc comme neige.

« Je ne … ne me sens pas très bien. »

Encore une fois, Menelor se retrouvait comme un idiot. Il était là, planté au milieu de la scène mais ne savait pas quoi faire. Tout s’était enchaîné, beaucoup trop vite à son goût et il ne savait plus où se donner de la tête. Décidément, cette femme était vraiment exténuée. Tout ce que ce maladroit de pirate eut l’idée de faire fut de l’aider à s’allonger sur le lit où ils étaient assis. Bientôt, Dame Nole revint avec un bout de tissu humidifié qu’elle s’empressa de donner à Menelor et d’une serpillère qu’elle utilisa pour nettoyer les dégâts au sol. De son côté, le jeune homme passa le tissu frais à la jeune femme qui semblait encore assez consciente pour se le placer sur la tête. La vieille Dame eut bientôt fini de laver le parquet qui avait repris sa couleur d’origine et elle disparut aussitôt pour aller rincer ses doigts et jeter les débris.

Boum boum !

Quelqu’un tambourinait contre le panneau de la porte d’entrée.

Boum boum boum !

« Il y a quelqu’un ? Ici la garde de Diantra ! Ouvrez ! »

Le sang de Menelor se figea. Les gardes étaient là. Au pied de la porte. Ils les recherchaient sûrement et ces derniers étaient à portée, seuls et affaiblis. Comment cela pouvait-il être possible ? Étaient-ils si acharnés que ça ? Ce qu’ils avaient fait méritait-il un tel acharnement ? À en croire le ton de la voix qui s’élevait derrière le panneau, oui. C’étaient vraiment des empotées, Dame Nole avait vraiment raison. Voilà qu’ils se retrouvaient dans une maison, un cul-de-sac très certainement où ils n’auront pas d’autres issues que la porte derrière laquelle se tenait le garde. Les seules fenêtres existantes étaient du côté de la rue. Il n’y avait rien à faire.

Menelor se leva d’un bond. Peut-être y avait-il un étage ? Pas d’escalier dans cette pièce en tout cas. La vieille vivait seule. C’était évident et ça se voyait. La maison semblait être composée uniquement de deux pièces. La cuisine et celle où il était en ce moment, qui comprenait un lit, une petite table, une chaise et une cheminée. Il ne pouvait pas y avoir d’étages. Peut-être un grenier ? Pour répondre à ses questions, Dame Nole apparut dans la pièce et fixa le pirate avec des yeux ébahis. Malgrès tout, contrairement au pirate, elle gardait un grand calme. Elle agita les bras et souleva un tapis miteux et poussiéreux qui couvrait une partie du parquet. Elle y cachait une trappe qu’elle souleva sans bruit. Elle faisait à présent de grands signes et les forçaient à s’enfoncer dans les ténèbres profondes. Elle agrippa les poignets des deux fugitifs comme elle les avait fait rentrer dans la maison. La voleuse était toujours fébrile mais se laissait porter. De toute manière, on ne lui laissait pas parler. Menelor arriva devant des escaliers étroits qui descendaient dans l’obscurité. La maison était déjà sombre et le sous-sol était noir. Il aida la jeune femme à descendre.


« Restez là, murmura Dame Nole. Je n’en n’aurais pas pour longtemps, je vais me débarrasser de ces godiches de gardes ! Ne faites pas de bruit surtout. »

La trappe se referma sans bruit, de la même façon qu’elle s’était ouverte. Menelor ne voyait plus ses pieds, il entendait la faible respiration de la jeune femme mais ne l’a voyait pas. La lumière filtrait à travers les lattes du parquet et faisaient apparaître des liserais lumineux. L’endroit était humide et poussiéreux. Des bruits de pas précipités se faisaient entendre au dessus. Bientôt les gardes seraient là. Menelor croisait ses doigts, espérant qu’ils s’en sortent, au moins encore une fois. Ils avaient mérité un instant tranquille.

À l’étage, la porte d’entrée grinçait en s’ouvrant.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeMar 6 Juil 2010 - 13:39

Ce n’était pas sa tête qui allait même ou du moins pas directement. C’est la vue de ce sang qui lui donnait la nausée. Allongée un moment elle ne tarda pas à se redresser pour commencer à ôter méticuleusement les éclats de verre qui s’était fichés dans sa peau. C’était quelque chose qu’elle ne pouvait faire seule, pas en contact direct avec … ça, cela lui était impossible. Elle se contenta donc de soutenir sa main avec le linge propre – qui ne le serait d’ailleurs plus longtemps, la main, ou plutôt la paume de main, était un endroit où circulaient beaucoup de petites veines, ainsi sectionnées, le flot s’arrêtait difficilement - , humidifié et rafraîchi. Un trouble supplémentaire vint d’ajouter à la scène.

Il y a quelqu’un ? Ici la garde de Diantra ! Ouvrez !

Les gardes ? Encore ? Collants, terriblement collants malgré leur stupidité ces bêtes-là. Il fallait se cacher … et vite, une réponse trop tardive les pousserait à aller regarder par la fenêtre voir ce qu’il se passait à l’intérieur de cette pièce principale, dans ce cas-ci, ils seraient condamnés. Mais pouvaient-ils envisager de fuir ? Aucune issue ne se présentait à eux, simplement des murs et les faibles revenus de la Dama Nole ne lui avaient sans doute pas permis de meubler assez ses deux pièces pour posséder un endroit où se cacher. Quoi que. Sous le tapis ? Une trappe ? Plein de ressources la petite vieille. Elles les y précipita sans possibilité de refus. Les deux fuyards descendirent les marches qui menaient à cette cave, craquant sous leurs pas peu assurés. La vieille passa sa tête par l’encadrement de la « porte ».

Restez là. Je n’en n’aurais pas pour longtemps, je vais me débarrasser de ces godiches de gardes ! Ne faites pas de bruit surtout.

Puis la planche de bois vint ôter toute lumière dans l’endroit. L’obscurité totale. Ils n’avaient même pas eu le temps d’en voir les murs ni d’envisager un endroit où se terrer un peu mieux. De borgne la brune devint comme totalement aveugle. Privés tout deux de leur vue, ils ne disposaient pas de la vision nocturne qu’aurait pu avoir un elfe et durent donc s’aider de leur main pour ne pas trébucher ou heurter un objet qu’il n’aurait pu voir.

J’arrive, j’arrive messieurs ! La voix déjà voilée par l’âge de la vieille était difficilement contrastée, pour cause, un mur bien que très peu épais – on voyait un peu de lumière filtrée entre le plancher de l’étage – les séparaient désormais.

* Mais, par les Cinq ! Cachez-vous un peu mieux que ça ! Ce n’est pas parce que vous avez été précipités dans un endroit secret que les lumières que sont ces gardes n’ont aucune chance de vous retrouver. Cède Lyn. *

Faible, la jumelle faiblarde obéit à sa sœur et lui laissa prendre les choses en main, un peu d’intelligence d’esprit tout de même. Iria réagit rapidement. Une de ses mains étaient criblées de morceaux de verre, l’autre était totalement couverte des traces de l’incendie. Elle agrippa Menelor en passant son bras droit au tour du sien tandis qu’à tâtons elle recherchait la structure de l’escalier. Une fois trouvée, elle les précipita dessous et le força à s’asseoir. Recroquevillés ainsi, ils pourraient les voir si jamais les gardes avaient la bonne idée de regarder dans les interstices gigantesques qu’offrait l’escalier.

Dissimulez votre visage dans votre manteau Menelor. Murmure presque inaudible, mais la distance qui les séparait permettait au pirate de l’entendre.

Bien enfouie dans son vêtement, elle passerait, quand à elle, aisément pour quelque chose de recouvert qu’on ne remarquerait pas forcément du fait de l’obscurité de la pièce. Le tout était de n’arborer rien de voyant.
Il n’y avait plus qu’à attendre désormais, dans le silence le plus complet, retenir un maximum son souffle et pendre son mal en patience. Avantage désormais, Iria ne voyait plus sa coupure et pu donc s’affairer pour retirer les corps étrangers de sa chair. Passant avec une extrême délicatesse ses doigts sur sa paume, elle retirait un à un le verre fiché, non sans dégoût qu’elle tenta de réprimer le mieux qu’elle pu. Puis elle sa figea littéralement sentant au-dessus d’elle les quelques soldats qui remplirent rapidement la pièce de vie de Dame Nole.

Excusez-nous ma dame pour cette intrusion mais nous sommes à la recherche de deux fugitifs, un homme et une femme d’après nos descriptions, recherchés pour vol et violence envers certains habitants de Diantra, que nous avons perdus en fuite aux alentours de cette ruelle. Certains de vos voisins nous ont dit qu’ils vous avaient vue accueillir deux personnes chez vous. Le garde passa la tête pour voir derrière la petite vieille. Qui étaient ces personnes ? Sont-elle toujours là ?
Effectivement deux personnes sont venues chez moi tout à l’heure, c’était ma fille et mon fils venus me rendre visite pour les quatre-vingt-trois ans, un grand moment de joie pour moi qui suis seule depuis bien longtemps vous savez, je n’ai que très peu de visites et … Elle déviait sa question, mimant la vieille folle, veuve, qui était en manque de compagnie, comme toute petite grand-mère qui se respecte, elle les égarait.
Chef ! Il y’a une trappe sous ce tapis. Un garde n’avait pu s’empêcher de faire claquer sa lance contre le sol et ainsi faire bouger la poignée métallique de la trappe. Ce bruit l’avait particulièrement étonné.
Permettez que l’on jette un coup d’œil ma petite dame ? Le chef de la bande avait un sourire extrêmement malsain et terriblement arrogant.
Faites donc mon bon monsieur, je n’ai rien à cacher. Rien ne trahissait le mensonge chez cette femme, et ce n'était pas pour rassurer la Sulfureuse.

Iria se figea davantage et senti son sang se glacer. L’intervention de sa jumelle était trop présente en elle et les deux sœurs se mêlaient à cet instant précis. Son emprise sur le bras de son compagnon d’un jour se resserra, à nouveau transie de peur et d’effroi. Elle entendit le tapis glisser sur le plancher ce qui boucha les fins traits de lumière éparpillés à droite à gauche. La cave s’illumina d’un seul coup au vue de son ouverture. Le chef fit un pas sur les premières marches de l’escalier en demandant qu’on lui tende une bougie ou une torche, un truc dans ce genre-là. Brandissant une nouvelle source de lumière, un cri s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’il avait révélé la présence de quelques rats couinant contre un mur – cri auquel ses collègues pouffèrent allègrement. Le chef grogna puis fit un tour très approximatif de la pièce plutôt vide et n’y prêta pas plus attention sans même regarder sous lui. Il se redressa et ressortit, refermant derrière lui la porte de la trappe.

Effectivement, il n’y a rien là-dedans. Pardon pour le dérangement ma dame. Si jamais vous les voyez n’hésitez pas à prévenir un garde de Diantra, nous sommes plusieurs sur l’affaire depuis ce matin, il ne vous sera pas très difficile de trouver l’un de nous. N’entreprenez rien seule, on nous a fait plusieurs portraits qui les décriraient comme très dangereux. Un homme et une femme de grande taille, vêtements sombres, l’homme semblait armé.
Très bien. Bonne journée messieurs.

Elle les avait quasiment jetés dehors et le calme retomba. Elle sembla partir dans sa cuisine et farfouiller quelque chose avant de revenir vers sa pièce de vie. Aucun mot. Rien. Elle pénétra brusquement dans la cave qui se baigna d’une lumière vive à nouveau. La vieille semblait avoir perdu toute confiance en elle et son petit discours sur ce qu’elle pensait des gardes s’effondra.

Plus de baratin maintenant. Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ?

Elyndra ne répondit pas, elle eut juste le temps de voir que la Dame Nole descendit lentement des marches et non sans être bien accompagnée. Un bâton, lumineux en une de ses extrémités – et ce n’était pas un feu ordinaire, allumé par de la magie sans doute - d’une main et de l’autre une dague luisant à la lumière. Cette fois, ce fut Iria qui eut peur. Cette femme était pire que toute la garde de Diantra réunie, c’était ce qu’elle pensait depuis le début.

* Qu’est-ce qui t’as pris d’entrer là-dedans bon sang ? J’aurais plus confiance attachée aux chaînes du pire des drows plutôt que cachée dans sa cave à elle. *
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeMer 7 Juil 2010 - 10:40

« J’arrive, j’arrive messieurs ! »

Menelor pouvait sentir les pulsations de son cœur s’accélérer, il essayait de respirer le moins fort possible. Il n’avait pas bougé d’un pouce, comme si le simple fait de se déplacer revenait à crier leur position aux gardes. Dans le silence et le noir immaculé, une main l’agrippa, le surprenant dans un léger sursaut. Elle l’attirait dans un coin de la pièce et Menelor se laissa porter lentement pour se dissimuler derrière l’escalier par lequel ils étaient descendus. La jeune voleuse l’obligea à s’asseoir.

« Dissimulez votre visage dans votre manteau Menelor. » Elle murmurait à voix basse, prenant soin de ne pas se faire entendre.

C’était la première fois qu’elle l’appelait par son nom. Bizarre comme impression. Il se recroquevilla dans un coin, contre le mur et camoufla sa tête dans son manteau brun. Elle était futée. Si jamais les gardes débarquaient, Ils ne pourraient voir avec certitude ce que sont ces tas de vêtements informes. Encore une fois, elle avait surpris Menelor, faisant preuve d’une soudaine perspicacité et d’une vivacité d’esprit, comme quand ils s’étaient retrouvés dans la maison quelques instants plus tôt. Elle semblait avoir des absences, des moments de fatigue où elle n’était pas vraiment elle-même. C’était ce que Menelor essayait de comprendre, bien que déchiffrer un tel personnage sans le connaître se révèle complètement impossible. On n’entendait plus rien dans la pièce, ils s’étaient tout deux dissimulés dans un coin et retenait leur respiration. Le seul bruit provint de l’étage, où on entendait des éclats de voix :

« Excusez-nous ma dame pour cette intrusion mais nous sommes à la recherche de deux fugitifs, un homme et une femme d’après nos descriptions, recherchés pour vol et violence envers certains habitants de Diantra, que nous avons perdus en fuite aux alentours de cette ruelle. Certains de vos voisins nous ont dit qu’ils vous avaient vue accueillir deux personnes chez vous. Qui étaient ces personnes ? Sont-elle toujours là ?

Menelor déglutit silencieusement. Ils étaient fichus. On les avait vus rentrer dans la maison et Dame Nole ne pourrait jamais expliquer le contraire. Ils l’avaient mêlée à leur poursuite alors qu’elle était innocente et qu’elle les avait très généreusement aidés.

« Effectivement deux personnes sont venues chez moi tout à l’heure, c’était ma fille et mon fils venus me rendre visite pour les quatre-vingt-trois ans, un grand moment de joie pour moi qui suis seule depuis bien longtemps vous savez, je n’ai que très peu de visites et … »

« Chef ! Il y’a une trappe sous ce tapis. »

« Permettez que l’on jette un coup d’œil ma petite dame ? »

« Faites donc mon bon monsieur, je n’ai rien à cacher. »

Il fallait dire qu’elle s’en était bien sortie. Cependant, voilà que maintenant ils se dirigeaient droit vers eux. Elle devait avoir oublié de remettre le tapis en place. Les bruits de bottes contre le parquet se rapprochaient dangereusement au dessus de la tête de Menelor. Le pirate se recroquevilla le plus qu’il n’était possible. Sa tête enfouie dans son manteau, il ne voyait pas ce qu’il se passait mais les bruits lui contaient la scène. La trappe s’ouvrit violemment et il sentit un nuage de poussière en tomber. Une planche grinçait, quelqu’un descendait les marches de l’escalier. Il y avait le bruit d’un feu - qui n’était pas celui à l’étage dans la cheminée : celui qui était descendu avait du prendre une torche avec lui. À présent, Menelor ne respirait quasiment plus, retenant son souffle autant que possible. Il n’avait pas remarqué que la jeune voleuse lui tenait toujours le bras et son emprise se resserra. Elle devait avoir autant peur que lui, peut-être même plus. Ils étaient là, serrés l’un contre l’autre, attendant le jugement final. Ils étaient déjà condamnés.

Le pirate se décida qu’il fallait agir, il n’allait pas se laisser avoir, comme un faible attendant son arrêt de mort. Mais au moment où il voulut se lever pour dégainer son épée, un rat se mit à déguerpir dans un coin de la cave provoquant un nouveau cri du garde. Ses collègues rigolaient de lui, restés apparemment à l’étage. De nouveaux grincements de l’escalier, était-il en train de descendre ou de remonter ? Le claquement de la trappe lui indiqua qu’ils étaient tous à l’étage.


« Effectivement, il n’y a rien là-dedans. Pardon pour le dérangement ma dame. Si jamais vous les voyez n’hésitez pas à prévenir un garde de Diantra, nous sommes plusieurs sur l’affaire depuis ce matin, il ne vous sera pas très difficile de trouver l’un de nous. N’entreprenez rien seule, on nous a fait plusieurs portraits qui les décriraient comme très dangereux. Un homme et une femme de grande taille, vêtements sombres, l’homme semblait armé. »

« Très bien. Bonne journée messieurs. »

Ils n’eurent pas à attendre longtemps. En quelques instants, la porte d’entrée claqua et les seuls pas que l’on entendait d’en bas étaient ceux de Dame Nole. Menelor releva son visage, prenant une bouffée d’air humide. Ils l’avaient échappé belle, encore une fois. Il se demandait jusqu’où ils iraient, à enchainer dangers sur dangers. Et comme pour répondre à sa question, la vieille protectrice pénétra brusquement dans la cave, éblouissant le pirate d’une lumière vive. Quand il put s’y habituer, il découvrit Dame Nole, de dos, tenant un bâton d’une main et une dague de l’autre. Son cœur fit une embardée et il recula de stupeur. Le bâton semblait s’enflammer de lui même, d’un feu artificiel qui n’avait rien de réel…

« Plus de baratin maintenant. Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? »

Il fallait vite réagir. Elle ne les avait pas encore vus mais elle semblait avoir perdu toute confiance envers les fugitifs. Le moindre geste brusque pourrait la faire paniquer et les conséquences en seraient terribles. Menelor ne cessait de fixer son bâton qui projetait une vive lumière. La magie. Il n’avait pas eu beaucoup d’occasions de la rencontrer mais il n’aimait pas trop ça… Le simple fait de ne rien connaître en matière de magie lui faisait peur. Qu’était-elle capable de faire d’autre que d’allumer un bâton ? Allait-elle les cuire de l’intérieur ? Ou bien était-ce le pire des cas ? Était-elle vraiment aussi inoffensive qu’elle le paraissait ?

Menelor se leva doucement, pour ne pas faire sursauter Dame Nole et finir ensuite en cendres. Il fallait agir, faire quelque chose. Il leva un bras devant lui pour se protéger et s’approcha lentement de la vieille. Derrière lui, il s’agrippa à son petit couteau de pêche qu’il dissimula dans son dos. Si jamais cela tournait mal, il devrait faire quelque chose. Mais ce serait le pire des cas. Lorsqu’il commença à être dans se champ de vision de la vieille, il murmura :


« Calmez-vous Dame Nole ! Nous allons tout vous expliquer… »

C’était du quitte ou double. Si elle voulait les tuer, elle réagirait de suite. Mais elle se contenta de se retourner et de brandir sa dague vers le pirate. C’était la deuxième fois de la journée qu’il était menacé d’une arme. Si Dame Nole voulait vraiment les tuer, elle aurait pu le faire depuis longtemps. Elle ne viendrait pas les tuer en se mettant dans une position d’infériorité. Menelor se tourna vers l’escalier, cherchant la jeune voleuse du regard, mais l’endroit était complètement obscur. Il fixa alors la vieille femme. Elle semblait déterminée et n’avait pas peur. Mauvais signe.

« Écoutez, ce n’est pas ce que vous croyez. Si nous vous voulions vraiment du mal, nous aurions pu le faire tout à l’heure, quand vous étiez dans votre cuisine. Ne vous inquiétez pas… Nous sommes deux innocents à qui il est arrivé de mauvaises choses, c’est tout. »

Cela pouvait paraître bien idiot dit comme cela mais c’était la stricte vérité. Même à ces mots, Dame Nole n’abaissa pas sa dague et gardait son bâton bien haut.

« J’attends plus d’explications ! »

« À l’origine, ce n’est vraiment qu’une simple histoire de vol de nourriture, rien de grave. Mais on s’est fait poursuivre par des gardes… Sur le coup, nous avons paniqué et je suis rentré dans une maison, afin de nous y abriter et de semer les gardes, mais ça ne nous a servi à rien. La rencontre avec les habitants de la maison était plutôt … conflictuelle. Ils avaient peur et j’ai du les menacer pour qu’ils ne nous attaquent pas. Après avoir couru sur les toits, on a rejoint la rue où les gardes nous ont presque retrouvés. On se cachait derrière la botte de foin quand vous êtes intervenue… Sans vous, on serait sûrement déjà derrière les barreaux. »

Voilà un petit résumé de la situation, de quoi calmer le jeu. Mais il avait caché volontairement certains détails pour ne pas tout lui dévoiler. Dame Nole n’avait pas bougé et Menelor ne voyait pas sa réaction, le visage de la vieille était caché dans le noir. Il espérait à présent qu’elle le comprendrait, qu’elle serait digne de confiance.

La main du pirate se serra autour du couteau de pêche.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeLun 16 Aoû 2010 - 17:00

Non, sans rire, une magicienne ? Elle correspondait parfaitement au stéréotype même d’une espèce de sorcière, vieille, aigrie, incroyablement ridée et trompeuse, bref c’était un peu la totale. La classe. Ou pas. Si Lyn était totalement terrorisée de son côté, Iria, aussi étonnant que cela puisse paraître était quasiment dans le même cas. La magie, c’était pas sa tasse de thé, elle détestait avoir à faire à quelque chose dont elle ignorait tout et la magie était le maître domaine, elle pouvait s’attendre à tout comme à rien, au pire comme au passable. Menelor préféra se lever, elle préféra rassembler son sang-froid en restant prostrée sous l’escalier.

Calmez-vous Dame Nole ! Nous allons tout vous expliquer … Ah bon ? Écoutez, ce n’est pas ce que vous croyez. Si nous vous voulions vraiment du mal, nous aurions pu le faire tout à l’heure, quand vous étiez dans votre cuisine. Ce n’était pas faux. Ne vous inquiétez pas … Nous sommes deux innocents à qui il est arrivé de mauvaises choses, c’est tout. En somme, c’était à peu près ça oui. Sauf que la vieille ne semblait pas du tout mais alors pas dut out convaincue.
J’attends plus d’explications !
À l’origine, ce n’est vraiment qu’une simple histoire de vol de nourriture, rien de grave. Mais on s’est fait poursuivre par des gardes … Sur le coup, nous avons paniqué et je suis rentré dans une maison, afin de nous y abriter et de semer les gardes, mais ça ne nous a servi à rien. La rencontre avec les habitants de la maison était plutôt … conflictuelle. Ils avaient peur et j’ai du les menacer pour qu’ils ne nous attaquent pas. Après avoir couru sur les toits, on a rejoint la rue où les gardes nous ont presque retrouvés. On se cachait derrière la botte de foin quand vous êtes intervenue … Sans vous, on serait sûrement déjà derrière les barreaux.

Raconte nous la vie de ta grand-mère pendant qu’on y est tient ! Ils n’avaient de compte à rendre à personne et, qu’ils soient fleuristes ou tueurs en série, ce n’était pas Dame Nole qui allait les empêcher de sortir tranquillement d’ici. Elle les avait baratiné en leur disant que, selon ses propres mots, elle se fichait de ce que les gardes pouvaient penser d’eux et de ce que n’importe qui pourrait en penser d’ailleurs. Elle seule aurait sans doute pu lutter contre quatre comme eux, ou alors n’était-ce que du vent pour en mettre plein la vue à de potentiels agresseurs.
Bref, l’heure n’était pas au triturage d’esprit, Iria devait faire le vide dans son esprit et prendre son courage à de mains pour ficher le camp d’ici et ceci avec ou sans Menelor, quoi qu’elle commençait à, par réflexe, s’y attacher. Pour l’heure ils étaient compagnons, dirait-on, demain serait un autre jour et ce sera chacun pour sa poire redevenant comme les deux inconnus qu’ils étaient le matin même.

* Iria, Iria, Iria ! J’ai peur. Tu crois qu’elle veut nous tuer ? *
* Lyn, Lyn, Lyn !? Ferme-là. * C’est pas comme si elle essayait de se calmer elle aussi mais juste un peu en fait et la voix de sa jumelle qui cognait dans sa tête ne l’aidait pas le moins du monde et bien au contraire d’ailleurs. * Elle va pas te manger, calme-toi cinq minutes. *

Quoi que … manger ? Rien n’était sûr en fait. Une sorcière ? Une fervente accro au cannibalisme ? * quoi que dans ce cas peut-être aurait-elle stocker ses futurs menu dans la pièce où ils étaient. A cette pensée, Iria fut parcourue par un spasme assez violent et s’écarta de tout objet qu’elle pouvait toucher appartenant à cet endroit. Une adepte de la nécromancie ? Elle cherchait peut-être de nouveaux adeptes à un culte, à une secte. Iria, Iria, tu divagues ma pauvre enfant. Elle scrutait le regard empli d’un sentiment qu’elle ne parvenait à distinguer de la Vieille Nole, gardant toujours son bâton enflammé fermement devant elle comme défense de la personne qui s’approchait d’elle.

Rien, strictement rien ne me garanti que ce que tu me dis-là est la vérité mon garçon.

Oui ben de toute manière, elle s’en contenterait. Iria fronça les sourcils avant d’inspirer un grand coup puis de finalement se relever. Elle avait déjà une vague idée en tête, le tout était d’y aller progressivement et d’oublier la précipitation, chose bien difficile quand la personne que vous avez en face vous tétanisait sur place. Elle s’avança et s’agrippa au bras du pirate, bien consciente qu’elle l’empêchait d’exécuter bien des mouvements, c’était un peu le but en fait, elle avait vu l’éclat qu’avait produit la lumière sur l’arme qu’il venait tout juste de dégainer, sans un bruit. Un coup foireux et tout était foutu.
La Vieille était face aux escaliers tandis que les deux voleurs se tenaient à côté. Elle ne pouvait pas faire part de ses intentions à Menelor, elle ne serait jamais assez silencieuse pour ça – bien que l’ouïe de la dame devait être fortement déficiente vu son âge. Elle se mit donc à le pousser sur la gauche, dans l’ordre logique des choses, ce mouvement pousserait Dame Nole vers la première marche des escaliers puisqu’elle chercherait à leur faire face et à s’en écarter le plus possible tout en les gardant le maximum dans son champs de vision. Elle espérait simplement que le pirate cèderait sans poser de question. Iria devait désormais occuper l’attention l’espace de son plan.

C’est la stricte vérité. Il serait trop osé de vous demander de nous accorder votre confiance j’en suis belle et bien consciente mais vous devez nous croire. Elle continua à pousser le pirate vers la droite, ils avaient désormais pris l’ancienne place de la belliqueuse qui, quand à elle, avait déjà gravi deux marches de ses escaliers de bois. Comme vous l’avez si bien dit tout à l’heure, la garde de Diantra serait prête à sauter sur n’importe qu’elle affaire tant leur capacité intellectuelle peine à dépasser celle d’un rat. Nous avons eu à faire avec de mauvaises personnes, voilà tout.
Ils avançaient très doucement vers leur porte de sortie. Un nouveau spasme parcourue la jeune femme qui resserra son étreinte sur le bras de Menelor, victime des crises d’angoisse de la brune, étalant au passage un peu de son sang sur le manteau brun du bon samaritain pour lequel il passait. Elle avança alors un peu précipitamment et se fit « gentiment » remettre en place par une menace du bâton flamboyant de Nole. Elle avait faillit faire tout capoter, encore une fois. Leur ascension était presque à son comble, c’était un peu le moment où il ne fallait pas faire de faux pas puisque la vieille, dehors, pouvait refermer la trappe. En grande comédienne qu’elle était, des larmes lui vinrent aux yeux.
Je vous en conjure, tout ce que nous désirons c’est regagner notre village, bien plus tranquille qu’ici. Nous sommes comme prisonniers de cette capitale désormais. Laissez nous quitter cette ville.

Elle avait porté le summum de sa scène dramatique avec un ton implorante t suppliant la vieille qui ne paressait nullement attendrie. Mais elle avait été distraite, et les deux étaient enfin hors de cette cave. Instant de battement, les traits de la femme revenus à la lumière se durcir et, dos à la porte, elle les firent reculer d’un coup, les propulsant contre le barrage de bois, comptant sur le fait qu’elle soit miteuse pour s’ouvrir d’elle-même.
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MessageSujet: Re: Soif de hasard. (Menelor)   Soif de hasard. (Menelor) I_icon_minitimeMer 26 Jan 2011 - 1:05

« Rien, strictement rien ne me garantit que ce que tu me dis-là est la vérité mon garçon. »

Cette fois, Menelor s’impatientait. Cette vieille ne voulait rien entendre ? Très bien. Et c’était tant pis pour elle. Le pirate n’en avait que faire à présent. La journée avait été suffisamment longue et épuisante pour qu’ils n’aient à faire un discours pour expliquer à une moitié sorcière croulante leur innocence. Elle les avait hébergés, psalmodiant des injures aux gardes. Elle leur avait promis qu’il ne se passerait rien et qu’ils seraient en sécurité. Et Madame changeait d’avis comme de chemise ? C’était le coup de trop, le jeune homme en avait vraiment marre. Ils avaient déjà trop attendu dans cette maison étroite. Sa main serra le manche de son couteau de pêche mais lorsqu’il voulut lancer son bras sur Dame Nole, il sentit une main froide s’agripper à lui. Dans l’obscurité, il ne voyait rien mais il savait que c’était la jeune femme qui devait s’être levée pour le retenir. Que voulait-elle cette fois ? Préférait-elle attendre de discuter sagement avant de se faire griller des orteils jusqu’au dernier cheveu ? Menelor voulut bouger mais elle semblait vouloir l’empêcher de faire le moindre geste. Le pirate chercha son regard dans le noir mais ne trouva que des ombres difformes et floues. Déjà qu’elle était encapuchonnée de noir, on ne pouvait espérer trouver quoi que ce soit dans cette purée noire.

Puis discrètement, il sentit le poids de la jeune femme le pousser vers la gauche. Ses mouvements semblaient calculés et c’était comme si elle savait exactement ce qu’elle faisait, bien que Menelor, lui était perdu. Le déplacement semblait avoir pour but d’éloigner la vieille dans les escaliers. Et cela marchait. La Dame Nole, qui semblait désemparée, voulait absolument garder une franche distance entre elle et les deux fugitifs. Elle remontait les marches, une à une. C’est alors que la jeune femme décida enfin à se manifester :


« C’est la stricte vérité. Il serait trop osé de vous demander de nous accorder votre confiance j’en suis belle et bien consciente mais vous devez nous croire. Comme vous l’avez si bien dit tout à l’heure, la garde de Diantra serait prête à sauter sur n’importe qu’elle affaire tant leur capacité intellectuelle peine à dépasser celle d’un rat. Nous avons eu à faire avec de mauvaises personnes, voilà tout. »

La scène était tendue. La vieille, prête à décharger ses pouvoirs sur nos jeunes inconnus, les regardait d’un œil menaçant. Elle tendait son bâton lumineux vers eux. La voleuse tressaillit. La magie devait être vraiment redoutable pour craindre un simple bout de bois à ce point. Mais le pirate n’y connaissait rien et s’y frotter serait un suicide. Qu’était-elle réellement capable de faire, cette vieille ? Tout le côté attendrissant qu’elle avait un peu plus tôt alors qu’ils étaient arrivés avait complètement disparu de son visage. La jeune femme avança un peu plus et Nole l’a menaça de son bâton. C’est alors que la voleuse se mit à pleurer, laissant les larmes couler sur ses joues osseuses :

« Je vous en conjure, tout ce que nous désirons c’est regagner notre village, bien plus tranquille qu’ici. Nous sommes comme prisonniers de cette capitale désormais. Laissez nous quitter cette ville. »

Le tableau était devenu pitoyable. Elle s’était presque agenouillée devant la vieille, la suppliant de les laisser en paix. Mais ses efforts furent vains, elle ne broncha pas, bien qu’elle fût surprise d’un tel désespoir. Cependant, ils étaient ressortis de la cave et s’étaient retrouvé dans la pièce principale, baignée de lumière. Puis brusquement et sans crier gare, la jeune femme se jeta sur Menelor. Le dos du pirate heurta violemment le panneau qui se trouvait derrière lui. Il ne put retenir un cri de douleur tandis qu’il sentait sa blessure à l’épaule se réveiller brutalement. La porte en bois se fracassa dans un grand bruit et ils furent tout deux projetés dans la ruelle. Hébété mais conscient, le jeune homme ne prit pas le temps de comprendre ce qu’il s’était passé. Ignorant sa douleur, il se releva d’un bond, s’agrippa au poignet de la voleuse avant de s’élancer à toute vitesse sur les pavés. Une langue de feu sortit alors de la vieille maison en leur direction et manqua de les bruler à vif. La chaleur se propagea dans son dos. Sans se retourner, il entraina la jeune femme loin de ce lieu. Il voyait la lumière vive de la magie se refléter sur les murs et les fenêtres et il sentait l’odeur du poil brulé.

*Par les cinq ! C’est quoi ce monstre ?!*

Une telle femme capable de cracher ce feu ardent à l’aide d’un simple bâton lui glaça le sang. Il se mit alors à courir de plus en plus vite. Il voulait s’éloigner à tout prix de cette vieille folle. Mettre le plus de distance possible entre eux. Le simple fait d’être resté en sa compagnie le faisait frissonner. Ils l’avaient échappés belle cette fois encore mais il s’en était fallu d’un cheveu. Le décor défilait à toute vitesse. Le soleil avait bien entamé sa descente dans le ciel et il projetait encore ses derniers rayons rougeâtres sur la ville de Diantra. Dans un petit moment, il ferait nuit et ils auraient peut-être un peu plus de chances de s’en sortir.

Dans sa course, Menelor attrapa à la volée un drap sombre qui était posé dans la rue, sûrement un linge étendu pour sécher. Il le bascula sur ses épaules et s’improvisa une cape qui lui permettait de cacher ses vêtements et sa tête. Ils ralentirent l’allure uniquement lorsque la nuit commença à tomber. Courir en pleine rue ne devait pas être plus discret que de marcher à découvert. Menelor espéra que la jeune femme tenait le rythme derrière lui. Il tenait encore son bras d’une main et les pans de l’étoffe de l’autre. Elle avait été très courageuse et téméraire, ayant réussi à les faire sortir de la tanière de Nole. Et par grande chance, Diantra grouillait d’une activité effervescente ce soir là. Les rues étaient animées à l’occasion du Grand Tournoi et les gens passaient presque comme en pleine journée. Ils ne virent sûrement pas les deux silhouettes qui essayaient de se fondre discrètement dans le décor. Du bruit retentissait des bars et les ivres hurlaient des chansons paillardes sur la chaussée. Néanmoins, Menelor faisait bien attention de rester à l’écart de toute cette agitation. Mais aucun d’eux deux ne prononça un mot.

Épuisé, le jeune pirate s’arrêta près d’une ruelle sombre et à l’écart. Le souffle encore coupé, il avait besoin de récupérer. Et c’était un miracle que la voleuse ait tenu encore debout jusqu’ici. Elle avait plus besoin de repos que lui et il avait l’impression de la porter à moitié, trompé par son poids de plume. Il l’aida à s’asseoir au sol lentement et s’accroupit à côté d’elle. Il n’avait pas eu l’occasion de savoir comment elle s’en était sortie depuis la fuite de la maison de la vieille Nole.


« Tout va bien ? Tu n’es pas blessée ?

Menelor l’avait tutoyée, surpris lui-même. Il avait l’impression que tous ces évènements les avaient rapprochés contre leur grès. Un fruit. Un simple et unique fruit les avait emmenés dans un tourbillon d’aventures précipitées. À vivre cette journée à un rythme effréné. Et il espérait que ce soit enfin fini. Encore une fois.
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