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 "Je ne serais pas Ydria, si je n'étais pas comme ça."

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Ydria d'Othyll
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Ydria d'Othyll


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MessageSujet: "Je ne serais pas Ydria, si je n'étais pas comme ça."   "Je ne serais pas Ydria, si je n'étais pas comme ça." I_icon_minitimeVen 18 Mar 2011 - 20:36

Diaphane comme étoile, la fort jeune Dame d’Othyll faisait chanter dans sa tête la petite comptine dont ses jours de l’antan lui faisaient reparaître des bribes, alors que sa robe prenait une folie à danser sur les créneaux du Sybrondilois-Castel. Il y avait là, dans le bouquet des cieux du matin, une forte brise tout arrachée au Sud, et qui venait risquer l’ombre de ses souffles sur les belles côtes blanches de la contrée d’Othyll, pour s’y raccommoder quelques nuages.
Les yeux pétillants de la Damoiselle se laissèrent filer au dos moutonnant de sa province, et son esprit un instant s’égara à repasser sur les dernières vagues qu’avaient connu ces semaines perdues.


Voilà ainsi donc fort longtemps que la Navigatrice au Corbeau, demeurée à l’ombre de ses murs, dans le tréfond de ses songes, n’avait reparu pour talonner l’âme de son pays.
Quelque part, là-bas dans le Ponant, et quelques degrés vers Septentrion et ses longues dents, devait loger la contrée de l’Aphel. Que l’Othyll n’y eût jamais eu l’heur d’y poser un brodequin ou une chausse, que cela ne fût à sa pensée que quelques pouces de parchemin sur un vaste carré buriné qu’étendaient des Sénéchaux et d’encore plus hauts êtres aux titres gravés comme la pierre, que pas même le climat, pas un nuage ou le moindre lapereau de ces endroits-là, ne fussent connus à l’esprit de la Belle de Mer ; que tout lui fût un vaste désert mystérieux, jalousement contenu dans les remparts arc-boutés d’un Ydril féroce, à cette seule pensée un rire, si pas des larmes, prenaient empire sur Ydria.
Alors donc, qu’à cette heure avancée de l’Automne, lorsque chutent les feuillages d’alentour, qu’ainsi donc une Dame aux hautes broderies, une encorsetée de Soltariel, s’en fût venu pour décréter que les vassaux et vavasseurs n’auraient point à déclarer leur la terre, que pour Sa paix elle faisait sienne, c’était là bien un motif au sourire, au grand sourire du Sud. Un ongle de la mémoire alla effleurer les tours de Baradello, ces splendeurs à peine entraperçues, et les quelques cris et les quelques tempêtes qu’avaient défrayés Ydria, et ses hommes de la hauteur, pour retrouver emprise sur une contrée jamais connue ; et la Navigatrice rit doucement, sans même y songer.

Se tourner encore plus ailleurs, aller confronter son profil chantant aux petites caresses du Grand Large, et de ses embruns flamboyants, et la Baronne – quel titre, et pour quelle prétention encore ! – soupira longuement, presqu’éplorée, que de voir filer dans son Sybrondilois-Port aux Navires une belle voilure, qui déjà déployait ses oripeaux de joie, et se nommait bien Ocre-Bastellerie, ou quoi encore de ce type ; et que quelques Nains peuplaient, gaillards et lurons jusqu’aux pointes de barbe.
A ce songe, reparut la fière gueule d’un autre de ces Drilles de la Mine, un parmi ces petits monstres que tant elle avait appréciés, et lui plus encore que tous, elle l’avait aimé. Où était-il, à cette heure, Dun Eyr, le joaillier de toutes les flammes d’une seule pierre ? Peut-être parti, peut-être là encore. Bien plus assurément, il se devait balader quelque part, toujours affairé, toujours fébrile, et non sans quelque fureur lorsque trop lentement allait son poney pour lui ; elle eut à cette pensée une grande tendresse, et quelques mercis qu’il n’entendit pas, et n’entendrait jamais peut-être.
Que seraient désormais ses Nains, que seraient ces petites gueules-brûlées arrachées aux trésors à leur besogne, s’il n’y avait plus pour soutenir leur petit radeau de l’espoir, les longs desseins d’Ydria ? A la vérité, cela était indifférent, pour un peu : Dun Eyr trouverait bien. Il trouvait toujours.

Qu’encore elle se tourna, et ce fut l’immensité des campagnes brumeuses qui vint lui colporter quelques souvenirs à gorge ravalée. Des paysans, ou bien des chevaux, qu’étaient donc ces petites masses là-bas dans l’horizon fulminant, ces restes d’un peu tout, et que les contrées assoupies avaient mollement amassés avec une paresse de scélérat fait peintre ?
Ydria laissa un tendre sourire lui échapper, et se faire ravir par les serres carnassières de la brume et de la brise, pour aller sans merci déchiqueter ce bon repas dans les plaines d’un peu partout. Depuis que ses pieds avaient trouvé l’appui d’une terre ferme, et que son corps avait connu l’assombrissement d’une forteresse à quatre murs, où quatre si pas cinq se révélaient de mille fois trop alourdissants, depuis donc que les grandes-voiles avaient été arrachées à ses mains, pour que de grands voiles de mâle teneur s’emparent bien plus préférentiellement de ses yeux devenus épars ; et depuis que tout cela avait été fait, accompli pour la Baronnie, commis et perpétré aux yeux de la Baronne, un éclat de son cœur, un reste et une larme de son palpitant chaud, qui toujours avait battu à la force du vent et de bise par les lames portée, était demeuré fiché au roc d’un rivage trop lointain. Le souffle, les bruines lancinantes de douceur, et rien moins que le silence mugissant que portaient les dauphins abattus, cela seul, et par trop, arrachait Ydria à ses souvenirs de l’avant, de l’autrefois soupirant de souffrance criée.

Non, certes non, elle n’était pas cette guerrière que l’on avait tenté d’extirper, de puiser de par les pleines mains au sein de son corps qui seul se vouerait, hormis aux Nains, aux houles. Ydria n’était guère que marine, guère que maritime dans son âme ; seulement un peu d’eau saline qu’avait refroidi le sol bien sec de toute la rouge province qui avait été jetée entre ses bras entrouverts, et qui depuis avait fait fonctionner ses grands canaux, et ses belles constructions hydrauliques héritées de Monseigneur Erestor, au prix du sang de l’Othyll. Qu’ils cessent un temps de jouer sur le vocabulaire patibulaire de nos rudoyants paysans qui par cette heure fumaient leur pipe, au coin d’un beau foyer ; qu’ils cessent de mentir, et allons deviser d’avec les vérités conservées au repli du cœur : Ydria se mourait.

D’ennui.


La bêtise recueillie de dix mille Maréchaux de Siège, voilà tout ce qu’il fallut pour que de son rempart on arracha la Belle Soupirante, et à la Salle des Ennuis et Incommodités on la traîna. Oui, il y avait là toute la grandeur d’une liasse remplie, à en faire jaillir toutes mesures, de très vitaux traités. D’une seule coulée d’encre, Ydria porta tout de sa plume de seing.

Sybrondil était départi de la puissance de l’Othyll, et toutes ses charges confiées pour l’heure à Bathyn l’Intendant. Que les greffiers, les scribouilleurs et les maîtres-ligneurs s’en aillent sur leurs archives, s’user un œil ou même deux : il fallait à la Baronnie nouveau prétendant, nouveau Capitaine. Les héritiers seraient questés en heure de choix.
Quelques subsides pour que les Nains ne fussent point trop violemment jetés au-dehors de la Baronnie, et qu’on poursuivît de leur reconnaître un plus joyeux statut qu’à toute l’armée des autres gueux d’ennui noyés jusqu’aux aisselles qu’ils avaient sales, cela seul, la Belle tenta de le garder. Un peu de temps, de son temps qui filait par ramées lacédémoniennes, fut ainsi porté au compte du Nain, qu’il eût le temps de réorganiser cela et d’autres choses. Qu’enfin, il s’en aille avec honneur – et richesses !

A ses quelques vassaux éparpillés dans toute la poche de Sybrondil, et à Maître de Hetalia, des mercis et des saluts furent envoyés par bel émissaire. A Inès, et aux manoirs de tout Soltariel, ses maîtres, quelques affections et des pensées ; que de plus ?



C’était désormais le grand roc de Sybrondil qui se faisait lointain, en cela qu’Ydria avait fui l’enclos aux Baronnes et valetaille de cour que lui imposait l’ombrageux ombrage d’une antique coutume, pleine de grande et très honorable poussière, et que c’était sur le ponton d’un formidable Navire, d’un vaste chanteur marin que depuis des siècles, et plus encore, Ydria n’avait pas senti flotter sous son peton vermeil, que l’Othyll offrait, à son peuple, ses adieux. Il ne fallait que se souvenir que le peuple affable des pays de l’En-Sud, le bon peuple attablé, la populace charmante et joyeuse tant qu’elle ne fait rien, ne s’était certes pas dérangée pour venir voir filer une Baronne qu’à peine, et encore moins, ils avaient trouvé le temps de connaître. Il était même bon de se souvenir que, dans quelques campagnes à peine lointaines, les gouailles locales allaient implorer Messire Erestor au détour de tout péril, et que la fillette maritime n’était guère connue de par chez eux, ou leur demeure de paille.
Six gardes, cinq badauds, et deux poneys pour tirer une petite carriole. Oui, jusque dans son au-revoir, Ydria avait voulu rendre hommage d’une amitié à son Nain de fantasque. Les petits chevaux, si proportionnés à l’autre stature, patientaient tendrement, au pavé du port.

Mais sur le plancher bondissant, oscillant, et tout couvert de beau lambris qui s’userait en un jour, se trouvait une courtaude forme, un petit bout de pas grande envergure qui avait éployé un sourire tout à fait horrible, profession de foi des chaleurosités de ces Petits. Dun Eyr, sur ses bottes campé, s’était fiché à un peu moins de trois pas de Mademoiselle.

Elle n’eut point à parler, pas plus à pleurer, et pourquoi donc lui aurait-il pris telle fantaisie, puisqu’elle savait que rien ne filerait à jamais comme le croient ces quelques-ceux qui refusent, gaillards, de ne pas se séparer sans avoir inondé quelques souvenirs pour se confier bonne mine. Elle n’oubliait point, toutefois, la Belle au Navire, qu’entre ses hanches évasives partait avec elle, sur le grand roulé-boulé des rougeurs de mer, une fort adorable relique de Monsieur son Nain, Maître son Cavalier.
La Baronne, qui n’était guère plus grandement une Suzeraine de provinces à cette heure-ci, se courba en Corbeau vers la rude trogne de son Compagnon aux Courts Clopinements, et sur son nez comme péninsule, déposa un baiser. Et puis ailleurs encore, elle en laissa filer un, attisé de toute sa pourpre chaleur.

Alors fit marche vers la terre le Nain, et tendre et sommeillant, le Navire étira ses longues rames, et s’en fut couler hors de la rade de Sybrondil. Et puis, tiré du péril des rochers, il érigea voilure et fila vers ailleurs, vers les lointains pays.



Un adieu – un au revoir ?





[Ce post avait pour premier but, de libérer la Baronnie de Sybrondil, qui est donc ouverte, je suppose.]

[Oui, vous l’aurez compris, tout cela pour vous dire que, pour des raisons personnelles, je dois m’en aller. Que tous ceux que j’ai trouvés ici – tous – sachent que j’ai été très heureuse de les côtoyer un temps, et d’avoir pour quelques-uns, le plaisir de les rencontrer par la plume. J’espère que la joie fut un peu réciproque, que ma faible présence n’a pas trop ennuyé certains ; et j’espère bien sûr qu’un jour, lorsque tout ira un peu mieux de mon côté, Ydria reviendra de ses contrées lointaines pour retrouver tout ceci.]

[Dunny, à très bientôt ; sur Mira, sur CeDN ; ou à Anvers.]
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