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 Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]

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L'Améthyste
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MessageSujet: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeMer 27 Avr 2011 - 12:19

Les embruns maritimes avaient saisi la longue plaine des eaux, la vaste bassin aux gouttelettes, et c’était toute la terre qui oscillait au rythme des marées. Là-haut, le Soleil laissait choir quelques rayons ennuyés, qui allaient s’assoupir sur le dos moutonnant des vaguelettes. La cargue, ballotée et tourneboulée sous les courants, faisait bruisser sa rude voile de toile écrue ; cela humait à des lieues le poisson, les cales ensalées, et l’odeur des forbans caparaçonnés de crasse.
Les matelots, les fiers gaillards des marées, avaient la torve-trogne de ceux que le crachin a burinés, que les vents et les brumes ont ravalé au silence ; ils laissaient planer leurs vieilles défroques, plonger leurs longues oreilles de Drow, et mâchonnaient lentement des bolées Nanesques extorquées à un ahuri loin de ses montagnes. Ils arboraient des gilets troués, des frusques mangées par le sel ; un parfum de citron s’attardait sur eux.

L'Améthyste, d’un regard, engloba la coque-de-noix et ses rats de ponton, et les fragrances alourdies de ceux qui n’ont guère touché terre. Au milieu de cette engeance au sang-crasseux, de ces rebuts de la lointaine lignée, de ces reliquats de bourbeuse naissance, affublés qu’ils étaient d’oreilles plates et de peaux rosâtres, la Prêtresse sourit. Son cœur de Drow, engoncé dans son corps d’esclave du Ponant, avait ourlé de quelques atours cette carcasse dérobée à une gamine captive, et c’était une beauté toute péninsulaire qui savait lui dorer le visage ; un peu de poudre, un peu de bistre, et c’était une courtisane tout acceptable, rehaussée de l’exotique cachet de ces quelques larbins au faciès brouillé, qui fendait paisiblement les flots, du haut d’une voilette mauve.
La splendeur du Troubletrompeur se jaugeait à ce que, même jeté dans la porcherie péninsulaire, il étirait de prodigieuses pénombres sur les fards de son esclave ; et cette gorge éployée, cette nacre souriante recouvrant le regard, s’ils n’avaient certes pas la magnificence des modes sybrondiliennes, regorgeaient de cette vulgarité nécessaire pour agenouiller tous les Barons et les Vicomtes aux œillades tapageuses. Du masque et de l’opulence des formes, tout était là.


Le port de Sharas, longue bourgade oblongue qui étendait ses docks gris sur de petits pontons, se dressa à quelques encablures, libéré de la brume ; l’Automne mourant avait clarifié les eaux pâles, et c’était en toute quiétude que la cargue d’Ithri’Vaan formait son sillage dans les flots blancs.
La voile fut ramenée, les ordres beuglés d’un entrepont à la passerelle. Quelques gardes sourcilleux pouvaient bien étirer un œil surpris, mais il n’y avait là que le blason des marchands du Sud et de l’Est, qui rentraient les flancs alourdis de précieuses denrées. Au reste, les cales recelaient d’assez de préciosités, pour s’assurer un doux silence sur la provenance douteuse de ce navire soudain émergé du lointain.
Mais l’Améthyste n’eut guère de considération pour les ennuis matériels de l’importune soldatesque portuaire, et elle jaillit prestement du navire, ses petons rehaussés de riches souliers, pour s’avancer dans la crasse moiteur des ports du Nord.

Les gardes, les nervis de la cargue, avaient été laissés dans les entrefaites consulaires ; et, seule, solitaire, la belle Courtisane s’en fut vers les ruelles plus claires, les quartiers plus précieusement famés. Elle avait la douceur des demoiselles de compagnie, et quelque noblesse de regard qui laissait présumer qu’elle était bien plus que duègne ; mais enfin, une pureté, une luminosité de teint et de sang, qui faisait présager d’une égale splendeur de l’âme.

Ce à quoi l’esclave de Tesso riait férocement, mais sous couvert d’une cape.
Les longs soupirs du Merveilleux Menteur saisissaient la matinée olysséenne, et étiraient sur Sharas et ses bicoques une longue traînée de poudre illusoire ; que l’on eût percé les masques roses de la Drow, et ses longs cheveux aux boucles claires, et l’on eût aperçu l’éclat sanglant de longs crocs. Ses yeux adoucis par les sorts, et son profil rasséréné par les mensonges, laissaient flotter sur les alentours un doux regard presque soumis, mais pourtant traqueur ; et en quête de sa proie, de son gibier.
Là passaient des dames en longue chaise à porteurs, et quelques litières fleuries de fausses plantes bêtes comme la terre ; et quelques stupidités, quelques inepties aux contours béants, allaient surcharger d’ornements les grosses demoiselles du lieu. Tout à côté, en pourpoint cuisant et justaucorps adoubé, des marquisats entiers déversaient leurs garçonnières de précieux, et de pleines estafettes de mignons. Assurément, pour s’exercer à la vie dissolue de ces rupestres humains, il y aurait eu là une pleine faune prête à instruire l’Améthyste – ou avide de bénéficier des propres sciences et savoirs de celle-ci, formée dans les plus nobles institutions des bordels volcaniques.

Pourtant nul, dans ces repaires de jouvencelles défraichies et de mignons baveux, ne saurait servir les projets de la douce et belle chasseresse ; mais un regard fatigué, un pas lourd sur le pavé, et l’ombre d’une capeline ronde comme une hotte de bûcheron, et l’Améthyste sut sur quelle bestiole nobiliaire ses duperies allaient fondre.
Là venait un gros, gras et grossier rebut des décadences de la Péninsule, et ses longues bottines tintinnabulantes suffisaient à faire accroire qu’il compensait dans l’obèse ridicule ce que les âges, et le déclin des vertes années, avaient ôté à la clarté de son esprit. C’était une véritable rotondité déambulante, une énormité corporelle juchée sur des épaules sans cou, pour porter une tête défaillante et sénile.
Il allait, et venait, auréolé de quelques portefaix ne portant rien – sûrement affectés à maintenir la grasseté en orbite, de peur qu’il ne chancelât – et son pas débonnaire et vicieux rappellerait au connaisseur un éléphanteau à l’âme noircie.

Nul doute, nulle hésitation ; de trois enjambées, l’Améthyste fut à l’encontre du cortège du gros nobliaux.
Et, d’un inattentif coup de bedaine, celui-ci l’envoya voler dans la boue et les pavés.

S’apprêtant au moment où le gras visage se tournerait sur elle, l’Améthyste affuta son plus adorable sourire, mi-honteux mi-conquis ; il fallait dire que, pachydermique comme une barrique orgiaque, c’était un bel homme.
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Clélia d'Olyssea
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MessageSujet: Re: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeJeu 28 Avr 2011 - 12:38

Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] Vx1z5f
Seigneur Waroleskav Di Parlopoïartiov(PNJ)

    « Allons mes braves, allons, pressons, le temps c’est de l’argent ! »

    La voix du vieillard résonna comme un chouinement capricieux à l’oreille du nuage de porteurs essoufflés qui gravitait autour du bedonnant homme. Le Seigneur de Parlopoïartiov s’affairait de tant de lenteur de la part d’hommes censés prouver leur vigueur d’âme et de corps. Ah bon sang, que leur métier était simple pourtant par rapport au faste de sa propre vie si longue et monotone …

    Mâchouillant l’intérieur de sa grasse joue, le nobliaud allait en trottinant, ventripotent à souhait, sa coiffe glissant à maintes reprises sur son crâne luisant sous la chaleur pourtant plus que supportable du climat sharasien. La journée était idéale pour ses affaires, et ce petit voyage côtier lui permettrait de découvrir les délices que le port pouvait lui offrir. Les bourses tintinnabulantes du vieillard lui assuraient la satisfaction et la confiance de services parfaitement remplis ; il en avait les moyens, et même si le lopin de terre dont il était le possesseur avait la taille et l’importance d’une tête d’épingle pour Olyssea, c’était suffisant pour lui et ses économies fructueuses.

    L’homme accompagné de ses sous-fifres rajusta son pourpoint, accélérant le pas – son souffle ne supporterait peut-être pas aussi facilement la prise de vitesse au vu du sur-poids charmant qui encombrait sa noble circonférence – vers la direction d’une de ces échoppes déguisées en troquet de fortune où les femmes se vendaient sous le bras aussi facilement qu’une chopine de Teigne Rouge. Le rougeaud personnage était si empressé qu’il ne vit pas venir la bousculade, sentant tout juste comme la caresse d’une plume d’oie lui chatouiller son troisième bourrelet supérieur. Baissant le nez retroussé vers le sol, quelle ne fut pas l’agréable surprise que ses yeux plissés d’une riante hautainerie croisèrent là, allongée sur le sol de tout son long !

    Une jeune demoiselle aux boucles d’ange et au regard teinté d’une ingénue gêne qui charmait le portrait gracile. La corpulence fine de la pauvrette que Waroleskav avait impudemment envoyé valser, c’était le cas de le dire, avait du souffrir du choc, aussi l’homme s’alerta en pressant ses mignons d’aider la dame à se relever, chose aussi inhabituelle que déroutante – mais après tout, on disait que Parlopoïartiov était parfois si sénile qu’il aurait pu pousser ses soldats à s’entretuer en guerre contre l’ennemi … -.

    « Eh bien, eh bien, je suis confus ! Comment ai-je pu oser envoyer paître une si jolie nymphe avec des yeux aussi étincelants ? Vous m’avez ébloui, j’en suis sûr ! Vous êtes une petite sorcière, mademoiselle. »

    La flatterie souffrait d’une exagération patente et de chaque mot exsudait en réalité un intérêt croissant et charnel – ne nous voilons pas la face, après tout les objectifs du noble en ces docks n’étaient pas ceux d’un enfant de chœur -, mais après tout, peu importait le flacon pourvut qu’on disposât de l’ivresse. Son rire d’excuse sonna comme un gargouillis tandis que l’étincelle de son regard sonnait moins comme de la malice déguisée qu’autre chose. Lubricité masquée et masculine ; difficile de ne pas céder à des pensées aussi aisément guidées par le physique opulent de ce qui avait tout l’air d’être une fille de joie déboussolée. Une intéressante opportunité qui éclaira vivement l’esprit tout ragaillardi de notre noble potelé, qui tendit une main aux doigts boudinés gantée de velours dans la direction de la jeune femme.

    « Je vous en prie, ce serait avec plaisir que je vous offrirais quelque pitance pour me pardonner de ma grossièreté. »

    L’appel des alléchantes courbes était si fort qu’il envoya même pester dans un geste aussi grandiloquent que ridicule sa nuée de petits employés tout chamboulés et terrifiés par l’éventualité de protester. Cette gourgandine lui suffirait largement, et si son faciès était à l’image de sa spiritualité, ce serait là une aubaine pour lui de l’embobiner et d’en profiter tout à son aise. Pauvre vieillard qu’il était en mal d’affection !

    « Allez, allez, attendez-moi ici, vous ! »

    Prenant le bras de la douce sans vraiment attendre son accord ou son déni, le vieillard reprit sa démarche chaloupée et débonnaire en direction de l’établissement le plus « coquet » qui soit, l’enseigne étincelant au soleil portuaire comme un oriflamme écarlate. Ainsi poussa t-il la porte de bois dur d’une main épaisse et empressée, laissant la dame passer comme la coutume le voulait, ses yeux sombres en profitant pour se régaler d’une vue corporelle plus approfondie. Suivant sa délicate victime de près, le couple détonnant déboucha dans une spacieuse salle à l’éclairage diffus et tamisé, quasiment glauque, où trônaient sofas et fauteuils défoncés où avaient échoué quelques belles de jour à peine voilées de suffisance et de tissu. Drôle de taverne, me direz-vous ! D’un pas allègre, Waroleskav ne perdit pas de temps en besogne inutile et enserra d’un bras faussement paternel les épaules de la jeune étrangère, s’adressant au « tenancier » d’une voix bienveillante.

    « Conduisez-moi à mon salon habituel je vous prie, cette dame et moi comptons y savourer quelque rafraîchissement. Et voici votre monnaie, mon brave. »

    Avec condescendance il laissa tomber une petite bourse de cuir sur le comptoir sous les yeux de l’homme, un bonhomme plus jeune de moitié que son interlocuteur qui ne mit pas bien longtemps à reconnaître l’un de ses habitués et à accepter la monnaie. D’un geste de la main il lui indiqua les escaliers d’ébène à gravir.

    « Après vous Messire. »

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L'Améthyste
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MessageSujet: Re: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeJeu 28 Avr 2011 - 17:01

Il était tout bonnement stupéfiant, si pas abracadabrantesque, de voir avec quel empressement, avec quelle énergie cette rotondité toute onctueuse à souhait, savait se mouvoir pour satisfaire un rut sénile. A le voir gambader, baguenauder, bondissant au rythme du trémoussement de ses nobles bourrelets, l’on eût juré voir quelque étoile, quelqu’astre tutélaire à graviter autour de sa planète. Et, si en ce jour le beau Waroleskav Di Parlopoïartiov jouait à la comète, et que l’Améthyste tenait le rang de météore, tout cela semblait voué à finir dans une collision stellaire des plus charnelles.
Le souffle déjà, braiseux, court, de la bête humaine, venait délicatement ravager la nuque de la Courtisane, et faisait voltiger quelques relents mielleux sur un fond de parfum tout à fait décati.

C’était merveilleux.
Jamais l’améthyste, dans les plus fous phantasmes du Trombletrompeur, n’aurait pu songer un seul instant de trouver gibier aussi stupide, aussi bêtement consentant – et la quantité, avec cela !
Tant elle était heureuse, et ravie, d’avoir trouvé pour ainsi dire chaussure à son peton – et ce n’était pas un menu godillot, mais une authentique bottine des Ogres Cordonniers – l’Améthyste décocha donc son plus splendide, son plus soumis sourire, de ces estocades de quenottes vous assurant l’ingénu plaisir de draps couleur de parme.
Oh, que la stupidité des femmes était délicieuse pour les mâles ! Et le bon Seigneur Di Parlopoïartiov, entre ses bajoues tambourinantes, devait déjà faire fonctionner son fécond esprit pour deviner si la nuitée à venir serait tout aussi féconde. Son petit palpitant esquissait déjà une gigue endiablée, une véritable chamade, qui rendait compte de l’état d’excitation dans lequel se trouvait notre bonhomme, à l’idée de converser avec l’intelligence supérieure et la noble âme qu’il avait eu la joie de pressentir dans le prude corps de l’Améthyste ; et s’il laissait son regard s’égarer dans la collerette de la Courtisane dépoitraillée, c’était – croyez-le bien – pour s’assurer que celle-ci n’attrapât point de mauvais rhume.

Alors, le charmant et délicat Waroleskav amena sa douce captive dans l’un des antres dont il devait avoir la coutume – il y reçut un acquiescement discret du préposé habitué, à peine rehaussé d’un fin sourire entendu pour féliciter le Seigneur d’avoir rameuté un si plaisant gibier cette fois – et il monta, gaillardement, les escaliers d’ébène ; les marches étaient noires, profondément sombres, de la teinte même de la robe de l’Améthyste – voilà donc pourquoi, bataillant à monter les marches noires, le fat seigneur se raccrochait des deux mains à toutes les courbes échappées de la noire robe.
Il fut un peu éprouvant, pour la douce Courtisane, d’avoir à supporter le poids du pachyderme qui derrière elle, soufflant comme buffle à la saison des amours, faisait craquer jusqu’à la poussière sous son ample démarche de baleine terrestre. Mais enfin, il fallait souffrir pour la grandeur de Tesso – et décidément, reclus en ses volutes de tromperies comme l’Améthyste sous son masque, le Merveilleux Menteur devait joyeusement rire devant la proie débusquée par son esclave.

Il y avait là un long couloir, tout enténébré et bruissant de robes – des silhouettes, des audaces – qui s’ouvrait çà et là, parsemé, sur des chambrettes douillettes. Au loin, derrière un doux rideau, l’Améthyste put entrapercevoir les mœurs plutôt dissolues d’un prince marchand et de ses douze zélatrices ; on pouvait dire qu’il était un homme à femmes.
Mais déjà, la pince avide de Waroleskav avait enserré l’épaule de sa douce – faisant malencontreusement choir un pan de sa robe, qui découvrit une pâle épaule dans la pénombre – et la projetait dans une alcôve proche ; oui, par habitude, l’on avait dû saisir que le Noble Éléphanteau Di Parlopoïartiov, terrassé par l’escalade des escaliers, avait besoin d’un preste repos une fois l’étage atteint.

Les charmes de l’Améthyste s’étaient à peine étendus, ils n’allaient certainement pas céder dès maintenant ; et, laissant lascivement traîner un peton sous la lourde bottine à grelots du bon prince, quelle ne fut pas sa douleur qu’il lui broyât les orteils !
Enfin, blessée, pendue à la robuste charpente de son seigneur, l’Améthyste se laissa aller sur le long édredon langoureux qui couvrait le pieux ; et, endolorie, il lui fallut supplier son beau Seigneur pour qu’il lui enlevât son soulier brisé.
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Clélia d'Olyssea
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MessageSujet: Re: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeMer 4 Mai 2011 - 22:09

    Comme il l’avait prédit en son for intérieur, la peau de la catin était d’une alléchante douceur. L’étau de sa main fermement pressé sur l’épaule fraîche, il allait bon train, d’un pas aussi enjoué que le gamin ravi d’aller se jeter à la mer et se délecter des roulis langoureux. Si pourtant les songes qui entêtaient le malicieux vieillard n’avaient plus rien d’innocent que la pensée enfantine, il n’empêchait que tout dans l’apparence laissait croire à une bonhomie un peu attardée, mais pas bien féroce. Pourtant, comme le dicton aussi célèbre qu’usité et stéréotypé le disait, l’apparence n’était pas l’honnête reflet de la réalité.

    Arrivés à l’étage tant convoité, les pieds trottinèrent avec une nonchalante impatience dans la direction d’une alcôve masquée par une lourde porte de bois patinée et enluminée qui avait quelque peu perdu de sa grâce d’antan, et la main libre ouvrit avec une délicatesse feinte l’entrée de leur petit nid soigneusement confectionné pour un entretien d’ordre tout particulier. Décidément, ce seigneur de Parlopoïartiov ne faisait pas les choses à moitié, pouvait-on penser avec une naïveté digne des Langecines !

    Pourtant, la vérité était toute autre en effet. L’on racontait les pires horreurs sur ce seigneur ; que derrière cette vieillesse sage se cachait l’esprit d’un homme hanté par des frustrations si profondes qu’il ne pouvait s’empêcher de laisser son esprit vagabonder à des idées aussi folles que dignes d’un sénile. On le prétendait parfois si fou qu’il en perdait tout sens de la morale et était capable de bien des sévices envers la petite cour qui s’était établie autour de lui. L’explication la plus fantaisiste relevait d’une histoire de sombre généalogie, le fameux Waroleskav étant, disait-on, issu du fruit inimaginable de l’union de sorciers si obscurs que leurs propres sortilèges avaient transformé l’enfant en un monstre de grossièreté et de perversité. Cependant, le plus plausible demeurait que cet homme au physique peu gâté par la nature – et du notamment à une mère ayant exagéré sur la pâtisserie et un père un peu trop empâté – ne tolérait guère de se voir refuser une quelconque marque d’affection, se réfugiant ainsi dans l’amour fictif de prostituées ou de femmes suffisamment bien payées pour qu’elles puissent feindre pendant quelques heures l’amour étouffant d’une femme-objet.

    Ainsi pouvait-on décrire les activités du seigneur ; lorsqu’il n’était pas penché sur un de ses repas copieux ou qu’il n’inspectait pas ses vignes d’un œil d’expert avide en assénant moult ordres à sa horde de mignons, Waroleskav se payait un bon temps inestimable en dépit de sa laideur. Mais aujourd’hui était un jour merveilleux, car l’embellie s’était montrée de la manière la plus hasardeuse qui soit et elle semblait déjà encline à laisser l’olysséen faire plus ample connaissance avec sa charmante personne !

    L’endroit respirait d’une vulgarité déguisée en luxure mal dépeinte ; la débauche qui suintait derrière les tentures de velours bon marché allait jusqu’à dégouliner des tapisseries rongées par le temps, et le mobilier n’étincelait plus comme autrefois. Il semblait même que quelques chaises avaient subi les affres de violences ou de combats ; seul le lit qui gisait non loin des sièges de boudoir dépareillés témoignait d’une propreté plus ou moins visible et remarquable par rapport au reste de la pièce où une clarté diffuse se propageait par la lueur troublée des bougies des candélabres de fortune.

    D’une mine réjouie, il referma soigneusement la porte – inutile de mentionner qu’un tour de clé silencieux fut fait en toute discrétion – et montra d’un petit geste suggestif de la main à la créature de prendre ses aises ... Mais quel ne fut pas son étonnement trompeur de constater que la belle souffrait d’une douleur nouvelle qui lui profitait ainsi d’une occasion d’entamer les réelles négociations de leur rencontre ? Dégainant la fine cheville sculptée dans la tendre et palpable chair de sa jambe gracile, l’impudente ne disait mot, et ce fut tout compatissant que Waroleskav s’avança jusqu’au siège long du boudoir aux tentures lourdes et s’y installa, apposant son large postérieur sur le molleton qui couina sans bruit. Ses mains se chargèrent de défaire avec une tentative vaine de finesse la prison de tissu du pied avant d’en masser la peau avec des gestes aussi peu précautionneux qu’excessifs, ses doigts n’ayant en effet peut-être pas besoin de caresser avec autant de ferveur la naissance du mollet dénudé.

    « Mademoiselle, ce serait pour moi un premier pardon de pouvoir connaître le patronyme qu’on vous a si joliment attribué, je n’en doute pas. »

    Après tout il fallait bien qu’il sache comment appeler la jeune femme pour plus tard. Avec l’ombre d’un sourire qui eut l’étrange lueur fugace qu’on pourrait prendre pour un abus de l’imaginaire, ledit seigneur palpa la cheville tendrement, c’est-à-dire comme il savait le faire avec les femmes qu’il avait côtoyées et avec le respect qu’il était capable de leur témoigner.

    « Désirez-vous quelque chose à boire ? »

    La soûler n’était évidemment pas sa principale ruse ; il savait pertinemment qu’avec ou sans son accord tacite – qu’il lui semblait pourtant aisé d’obtenir -, le seigneur Di Parlopoïartiov avait toujours ce qu’il souhaitait, et ce depuis sa plus tendre enfance.
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MessageSujet: Re: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeVen 6 Mai 2011 - 18:05

Fichtre !... songea l’Améthyste.

Par les Mille Miroirs, la Prêtresse avait sous-estimé le Casanova défraîchi qui lui broyait présentement la cheville ; lui qui prélassait sa large bedaine à tous les vents de cet hôtel capitonné et capiteux, lui qui faisait étinceler ses vastes quenottes de porcelaine passée, lui qui embaumait la poussière et l’eau de violette un peu fanée, l’Améthyste aurait juré qu’il portait la délicatesse du buffle mugissant. Et pourtant, Tesso avait jusqu’à Sharas étiré ses duperies : l’Ogre parlait. Et même, il attendait une réponse.
Une alcôve saumâtre aux murs fangeux, des ottomanes et des coussinets tout moelleux, et voilà que le Noble Seigneur menait parmi cette atmosphère de lucre, l’intrusion d’un échange de mots. Un dialogue.
Bigre.

Presque désarçonnée par le ton suave et chantonnant de l’Adonis d’antan, et obsédée par les petites dentelles élimées qui ornaient son grand jabot et sa collerette, l’Améthyste ne sut trop que répondre. Elle qui avait déjà étendu ses courtes mains aux gantelets dispendieux, pour laisser malencontreusement choir d’un revers les pans de sa robe sur ses longilignes cuisses d’albâtre, le sursaut du langage la ramena brutalement à résipiscence.
Peut-être que dans sa folle jeunesse, l’ogre Di Parlopoïartiov avait été de ces mythiques vagabonds platoniques, qui payaient les plus nobles catins, ou même les filles de trois sous, pour la seule joie de les entretenir de parlote philosophique jusqu’à l’aube revenue.
Et tout en même temps, le sourire défraichi du bonhomme, avait quelque reflet inquiétant. A croire qu’il avait été intrigant et retors depuis le berceau – ce qui n’était peut-être pas fort éloigné de la vérité, songea l’Améthyste dans un souffle.

Mais enfin, reprenant contenance, la belle Prêtresse sentit les mailles de son grand filet de trompeuse pêche – et pour quelle belle prise !... – se raffermir en un instant, et elle fit couler quelques mots dans son sourire :

« L’on me nomme Symbelmune, d’Etherna aux Longs-Coteaux. Mais… »

Ramenant d’une main prude ses jupes sur ses genoux, elle effleura le gras poignet du Noble Masseur de chevilles ; caresse aérienne, et minois contrit.

« … A qui ai-je l’honneur, à quel beau Prince ? »

La pogne d’ogre lui broyait les os avec une ferveur toute fébrile, et si le bonhomme l’avait autant dévorée de la main que du regard, l’Améthyste eût été à cet instant attifée d’un moignon en guise de mollet. Elle n’était pas une femelle d’Isten la Rouge, et encore moins une hase blanchâtre de Natha la Toujours-Pleine ; mais enfin, Tesso le Trouble avait arraché pour elle le corps d’une esclave, et sentir la chair rose de l’Humaine crisser sous les ongles finement manucurés du dévoreur de petons, c’était cruellement agréable.
Toutefois, la belle retira sa jambe dans un sourire tout aussi empressé qu’innocent ; et, se ressouvenant que l’Humain fait partie de ces étranges créatures qui aiment à voir le monde tourner pour leur plaisir, elle fit sienne la proposition de boisson qu’avait lancée Waroleskav à la triple-gorge, et alla quêter quelques rafraîchissements auprès des meubles proches. Il y avait là toutes sortes et saveurs d’alcool, depuis les douceurs de l’Ouest jusqu’aux brutalités du Nord – mais rien encore n’égalait les breuvages intoxiqués de Thaar ou du Volcan, et il n’était pas né l’ivrogne qui saoulerait une Drow extirpée des plus crasses et alcooliques des masures de l’Elda.
S’emparant de deux coupes à la propreté plutôt douteuse – mais cela rehaussait le goût – la Symbelmune revint vers son prince charmant, ou du moins charmé, et lui offrit un splendide vin des provinces d’Hautval. C’était le breuvage le plus exorbitant, et le plus frelaté, au marché noir de l’Est – il y avait donc de bonnes chances pour que ce fût le plus noble, et le plus estimé, des grands crus péninsulaires.

Et le Seigneur n’avait pas même encore décliné son identité, que la Courtisane lui demanda doucement, et d’un filet de voix tout transi et révérentiellement craintif :
« Sharas la portuaire est une bien belle cité, que je ne connaissais pas. En êtes-vous, Monseigneur, le Prince ? »

Mais déjà sa main s’égarait, quoique respectueuse, à effleurer une belle plume d’oie qui ornait, sur le très ample torse du Bovin, le pourpoint criard qui seyait à ses goûts.
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Clélia d'Olyssea
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MessageSujet: Re: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 21:52

    Elle parlait, parlait, parlait ... Mais au fond, ce n’était pas vraiment ça le plus important pour ce pauvre Waroleskav qui aurait espéré de la part d’une si jeune et jolie gamine un peu plus d’ouverture et d’initiative. Elle attendait, lascive, mimant l’innocence de la fleur qui ne veut se laisser cueillir qu’à certaines conditions. Qu’à cela ne tienne, ce brave Parlopoïartiov ne se priverait pas d’agir selon ses méthodes habituelles.

    Elle ignora poliment toute proposition de boisson, se concentrant plutôt sur leurs paroles échangées sourdement à l’abri des tentures poussiéreuses, peut-être même un peu poisseuses. Après tout, qui était passé ici auparavant ? Quelle proie avait été le sujet des attentions pernicieuses de Waroleskav avant cet alléchant présent du hasard ? Une autre pauvrette qui se satisfaisait aisément de quelque piécette sans avoir plus de dignité que le mendiant olysséen moyen. Une fille somme toute correcte avec un peu trop de principes qu’il fallait corriger. A moins que ce ne fut-ce plutôt une troublante intrigante à l’ambition aussi débridée que sa raison. Bizarrement, le seigneur en avait vu défiler et avait eu peut-être le triple des conquêtes d’autres bellâtres de la région ; car à leur différence, lui ne se souciait guère d’autre chose que de ses propres volontés, et non pas des motivations qui poussaient toutes ces créatures du sexe faible à plier sans trop de difficulté devant une telle laideur.

    Faisant mine d’être toute ouïe, le grassouillet homme fit au moins mine de s’extasier devant la sonorité inhabituelle d’un tel patronyme, qui au moins serait si marquant que son esprit le retiendrait autant que le physique qu’il lui rappellerait à ses souvenirs embrumés. De sa voix

    « Symbelmune, un nom si chantant, si doux ... A l’image de celle qui le porte. »

    Et sa question vint, aussi surprenante que la réaction. Un rire de gorge déployée résonna, brisant l’étouffante atmosphère sans la rendre pour autant plus rassurante. Prince de Sharas, comme elle était naïve ! Aussi drôle que cela pouvait paraître, Waroleskav n’ignorait pas au fond de lui-même à quel point cette petite catin n’attendait qu’une chose, c’était le retour juste en bonne et dûe forme de tous ces compliments qu’elle lui assénait avec la rigueur et l’ingénuité d’une parfaite petite belle de jour. La vérité était ailleurs, sous des voiles plus sombres et moins avouables, mais après tout le mensonge convenait parfaitement au Seigneur Di Parlopoïartiov. Il savait se contenter de ce que la vie lui offrait dans sa forme la plus spontanée de générosité, et aujourd’hui était un jour démontrant l’altruisme profond dont pouvait lui faire preuve la si douce existence qu’il menait, en ayant ainsi posé sur sa route, littéralement, cette créature d’albâtre ! Un vrai péché mignon auquel il ne se sentait pas de joie de résister.

    « Ma chère, vous êtes là bien audacieuse ... Et un sot quidam aurait bien pu croire que vous vous moqueriez ! Mais il est vrai que mon charisme aurait pu me valoir une terre si chatoyante que Sharas ... Pour autant, je ne suis que l’humble seigneur Waroleskav di Parlopoïartiov, contrée ma foi charmante, mais nettement moins que vous ... »

    La pression de sa main sur son mollet revint au galop, se faisant cette fois-ci nettement plus insistante, mais aussi exigeante. Un refus ne serait guère essuyé, car Waroleskav n’avait pas pour grande habitude de discutailler jusqu’au dernier soupir de la douce pour l’observer dormir, la bouche en cœur. Les activités qui découlaient généralement d’aussi longs échanges ne présageaient rien d’aussi pur et idéaliste. Après tout, ils n’étaient pas dans un bordel pour rien.

    « Il me surprend d’ailleurs ... De ne vous avoir jamais vu avant ... »

    Son regard se plissa, une étincelle malsaine brillant pour la première fois depuis qu’ils étaient alors malencontreusement entrechoqués – avec plus ou moins de violence et de dommages collatéraux pour certains -. Sa main, elle, intruse face à ces tissus qui ne pouvaient rien faire d’autre qu’observer en toute impuissance, escaladait le genou précipitamment pour venir se promener sur les cuisses encore inconnues de la donzelle. Au geste s’alliait la respiration quelque peu troublée par l’envie difficilement dissimulée du seigneur porcin.
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MessageSujet: Re: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeVen 27 Mai 2011 - 9:01

Le vague soupçon angoissé qui avait saisi Symbelmune – tel serait son nom pour quelques temps, semblait-il – se dissipa joyeusement, lorsque le porcin Ogrinou revint à la charge, et cette fois-ci il tremblait de toutes ses babines et bajoues à la fois ; un exploit, assurément.
L’Améthyste avait craint une seconde qu’il ne fût pas tout à fait Hominidé, que le Mesquin Tesso eût tendu à sa zélatrice un piège aux filins cruels, la précipitant dans les griffes rouges de quelque démon improbable, d’un menteur plus trompeur encore qu’elle-même en son âme éparpillée ; mais non, nul doute n’était plus possible, le Pesant Parlopoïartiov était on ne pouvait plus Humain – un sac de vices tendu d’une peau putride et flasque – et ce fut avec une certaine joie, un peu verdâtre toutefois, que l’esclave vit s’avancer la cohorte des doigts boudinés vers ses Monts-de-Vénus.
La grosse prétention, l’orgueil grossier que le beau Paon de Parlopoïartiov avait déployés l’instant d’avant, étendant largement ses mimines joufflues sur Sharas, avaient de toute façon indiqué à l’Améthyste la voie – ô combien glauque – à suivre.
Les flatter de la Main et du Verbe, voilà ce qui émeut les charmants pourceaux péninsulaires.

Bon, pour le Verbe, voilà, cela avait eu son heure ; le grassouillet-graveleux avait consenti à la peine de soulever de nombreuses fois son menton gros comme le crâne entier de sa douce catin, et la langue chargée d’effluves des orgies de l’avant-veille s’était échinée à brasser l’air extirpé de ses poumons embrumés – aussi, exténué, harassé, le plantureux provincial réclamait son dû, sa dragée, son petit biscuit.
Mais voilà, lui qui réclamait la Main, avait la bêtise de placer encore des entraves et des épaves sur la longue route jusqu’à son crasseux contentement ; et, à peine avait-il étendu sa lourde carcasse, et mu sa rotonde bedaine pour s’apprêter à mimer l’éléphanteau buvant à la source, l’Ogre, de sa parole pâteuse et malheureuse, avait encore trouvé à retarder l’instant de son bon plaisir – il persifflait en effet, entre deux grognements fatigués, que Symbelmune n’était qu’une catin aux grands airs, une flétrie des bas-ports qui aurait arraché ses fripes à quelque damoiselle de passage.

« Même un Gobelin eût été moins abruti… » songea hargneusement l’Améthyste, forcée qu’elle fut de se relever dans l’instant pour échapper aux assauts du prédateur croulant – en effet, n’eût-elle été estimée qu’en tant que fille des bordels, Parlopoïartiov l’eût saccagée de plaisir avant que de la rejeter exsangue au petit matin, sans un regard.
Mais ce n’était guère ce qui seyait aux vues serpentines du Val’Ulroa et, au-delà, et niché en ses brumes, de Tesso aux noires foudres de silence.

Aussi Symbelmune alla rechercher les coupes et le carafon qu’elle avait proposés au gros Orgre l'instant d'avant, et elle lui versa une noble rasade pour lui ouvrir l’appétit – et ce avec un si doux sourire, qu’il en eût fondu s’il n’avait été si gras – puis elle alla s’asseoir tout à côté de l’Apollon aux amples courbes ; et, quelle malchance ! Elle ne trouva de place où venir se blottir, que sur les larges genoux éployés du beau sanglier.
Alors, lui dévidant la coupette à petites gorgées dans le gosier, elle eut tout le temps de lui murmurer entre les coulées de breuvage aux étranges reflets :

« Ne jamais m’avoir vue, Seigneur ?... C’eût été un honneur… »

Le porcelet eut l’amabilité de roter pour parsemer le verbiage de sa putain.

« … mais comment eussiez-vous voulu nous apercevoir ? »

Les manchettes, les bagues et anneaux des Filles de Tesso, recelaient de temps immémoriaux d’étranges poudres, de formidables filtres aux contours trompeurs ; et c’était sans hésiter que la douce esclave, jaugeant de l’œil la carrure de la bête, avait jeté pincées et gouttelettes de tout dans la coupe offerte au gosier de Waroleskav.

Tesso était Taquin ; ce devaient être trois ou six jouvencelles, poitrail ouvert, qui parsemaient les brumes du délire du bon Parlopoïartiov – et quelle couleur à leurs cheveux, et quelle splendeur à leurs yeux ? Du fond de son filtre, l’Ogre n’aurait su distinguer la forme de ses plaisirs.

Et, lové dans les étreintes de la Main, le Seigneur fut – enfin ! – rassasié de son dû.
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MessageSujet: Re: Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV]   Pour pourfendre une veille bedaine, et lui vider ses pleines gibernes. [PV] I_icon_minitimeLun 13 Juin 2011 - 13:34

    La vilaine et désobéissante proie lui filait entre les doigts, ce qui pouvait l’amuser au début, mais commencerait à le lasser tôt ou tard. Jouer l’intouchable pouvait s’avérer plus que stimulant, mais pour l’heure, le seigneur Di Parlopoïartiov n’avait pas vraiment envie de jouer au gros matou et à la fragile souris éternellement. Elle devait pourtant bien le comprendre, non ? Ne s’était-il pas fait assez explicite ? Modèle de subtilité et d’élégance, il lui avait fait la cour dans les vieilles règles de l’art olysséen. Et puis c’était une putain, bon sang, elle n’avait pas à faire sa loi et à vouloir le faire languir ! Irriter notre bedonnant Waroleskav aurait été une erreur que la douce enfant n’aurait sûrement jamais voulu commettre, oh ça non.

    Pourtant, toute forme de protestation fut bien rapidement étouffée : la silhouette gracile et évanescente s’empara d’une coupe qu’elle prit soin d’emplir d’un grand cru de pacotille avant de l’enfourner dans le bec du nobliau, qui n’eut d’autre choix que de déglutir avec sagesse, soumis aux gestes précautionneux de l’aimable demoiselle.

    Le murmure qu’elle lui souffla à l’oreille lui échappa pendant un instant. Qu’est-ce qu’elle allait raconter là ? « Nous » ? Ils n’étaient pourtant que deux dans cette pièce. Se pouvait-il que cette traînée, aussi attrayante que délicieuse, soit atteinte d’une folie quelconque ? Ces maladies là pouvaient se transmettre. Il fallait peut-être reconsidérer l’éventualité d’atteindre ses objectifs primaires … Quoique …

    L’éclat de lucidité entacha son regard brusquement hébété, alors qu’il tiquait de l’œil gauche devant la vision surréaliste qui l’enveloppait comme une tiède couverture.

    « Qu’est-ce que … Par les Dieux, je … »

    Il ne se sentait plus si enthousiasmé tout à coup, hésitant à la fois entre une espèce d’euphorie inaltérable et une angoisse à lui donner des suées vertigineuses – et il n’était sûrement pas désirable pour la jolie Symbelmune d’avoir à éponger pareilles humidités, croyez-moi ! -. Aussi le Seigneur écarta brusquement sa main de la cuisse, comme piqué au vif, avant de babiller quelques mots incompréhensibles et de s’affaler sur le matelas dans un râle dont la profondeur et la virilité n’avaient d’égal que la flexion dangereuse du matelas sous le poids pachydermique.

    « Je crois que je suis… un peu barbouillé … Le vin, je n’ai plus l’habitude ! » Rire de fausset. Il en buvait des pleines coupelles, atteignant des litres aussi incalculables qu’inavouables. « Permettez que je m’allonge … Un instant … »

    Son pouls battait la chamade, mais il n’y avait point de sotte raison romanesque à cela ; devant ses yeux dansaient les silhouettes confuses mais pourtant bien présentes à ses yeux plissés de naïades divines, rivalisant toute d’une sensualité indécente, offrant leurs gorges et leurs éclats de rire au vil bon vouloir de Waroleskav. Ce n’était pas … normal, et pourtant, la vision lui semblait alors tantôt si nébuleuse, et tantôt si stimulante … Qu’il en tremblait, seigneur, ce que ses mains potelées frémissaient d’envie, d’effleurer cette mèche brune là, d’empoigner cette ferme rondeur ci ! Et pourtant il en était totalement incapable, paralysé dans son delirium.
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