Une longue marche [PV]

L'hiver battait son plein, le vieux fou avait eu une sacrée aventure dans le grand nord et il en avait eu assez. Oui bien assez pour repartir tranquillement dans le sud. Chez lui, à l'abris des fous furieux qui peuplaient ce monde non moins cinglé. Il avait prit son temps pour redescendre de Kirgan et ses ruines, il avait bifurqué en direction d'Alëandir où il avait rencontre une elfe protectrice sympathique. Puis avant que le milieu de l'hiver ne soit dépassé, il avait prit ses bagages de nouveaux, à savoir son chapeau, sa robe, sa barbe et son bâton et avait continué sa route en direction de sa vieille maison. Au beau milieu des ruines paisibles d'une civilisation morte définitivement. Nakor parfois se souvenait de sa lointaine enfance, de l'événement majeur qui déclencha son début de route sur les chemins de la magie, sa rencontre avec Encarra la sorcière, ses années de folies et d'errance dans les sous sols perdus de la cité en fin de vie et son retour au monde réel. Comment il avait quitté sa cité et qu'il avait par là même, échappé à la furie vengeresse des drows lorsqu'ils rasèrent la cité une bonne fois pour toute, voilà un peu plus de quatre cents ans plus tôt. Alors qu'il était perdu dans des souvenirs si anciens que finalement il ne savait plus très bien faire la différence entre ce qui était la réalité du passé et son imagination, il balaya l'air devant lui et continua sa route en chantonnant un air païen qui aurait fait rougir de honte un pirate en goguette. Le temps et les journées passèrent. Le bâton de Nakor frappait le sol régulièrement ainsi que ses vieilles jambes.

Le magicien arriva enfin en vu des ruines de Nisetis. Il fit une petite pause de quelques secondes afin de profiter du spectacle. Bien sur, à première vu, on ne voyait que la désolation, la ruine et la mort d'une cité antique, mais la longue barbe, grâce à ses souvenirs, voyait aussi la vie d'autrefois, les bâtiments en bon état, la cité grouillante d'activité par jour de marché et les magnifiques couleurs des structures en verre qui parsemaient autrefois tout Nisetis. Nakor souffla longuement et reprit sa marche, il devait traverser toute la cité en ruine, puis longer vers le sud ouest pendant encore quelques kilomètres avant d'arriver dans sa vieille bâtisse protégée des intrusions par des sortilèges qu'il posait lui même depuis des siècles. Et là, enfin il se sentirait chez lui et pourrait réellement se reposer, consulter ses vieux livres, jouer avec sa boule de cristal d'observation et laisser le temps passer, loin de la folie du monde. Il faisait presque nuit, ce qui signifiait que Nakor arriverait chez lui dans l'obscurité. Alors il décida que, aussi proche du Puys d'Elda qu'il était, il activa autour de lui un bouclier de protection et déploya son aura aux alentours, afin de détecter la moindre présence dans les environs. Le vieux fou avait beau être un puissant magicien, il ne pouvait tenir tête à une légion drow et des tas de magiciens maudits en même temps. Mieux valait faire profil bas. Mais comme à leur bonne vieille habitude, les ruines semblaient être vides. Nakor afficha un grand sourire sur ses lèvres et marcha sans plus faire frapper son bâton au sol. Il avançait tranquillement quand il s'arrêta tout net. Une présence magique, non loin d'ici. Mince! Il était seul, il ou elle d'ailleurs. Un drow? Faudrait-il qu'il se batte! Bon sang, il aurait mieux fait d'activer le sortilège de son bâton magique afin de ne pouvoir être entendu. Si c'était un elfe, ses bruits de pas avaient dû parvenir à ses oreilles. Bien, l'affrontement était inévitable. Nakor perdit son sourire et avança droit sur la présence en question. Une fois arrivé à quelques pas, le vieux magicien savait qu'il n'aurait qu'à franchir ce mur et son adversaire le verrait. D'ailleurs ce dernier semblait ne plus se mouvoir. Il fit les derniers pas et se tenait prêt, magie à l'appuie, un bouclier autour de lui et des flammes dans une main, son bâton dans l'autre. Il toisa ce nouveau venu et commença par dire

"Qui que vous soy ... "

Puis il ouvrit grand les yeux. Comment était-ce possible? Il ne l'avait pas reconnu avec son aura, parce que cela faisait bien trop longtemps qu'il ne l'avait plus croisé et puis il fallait dire qu'ils n'avaient jamais été ami tous les deux. Les flammes disparurent de la main droite de Nakor et le bouclier fut levé. Il avança même un peu la tête comme pour s'assurer que ses vieux yeux n'étaient pas ensorcelés.

"Mais ... ça alors ... vous ici! Comment était-ce déjà ... Wyndu ... Wynny ... non ce n'est pas ça non ... Eowyndil! Mais oui c'est ça Eowyndil ... bon sang la dernière fois que nous nous sommes vu c'était ... !"

Puis le magicien se tut, se rendant compte d'une qu'il mettait peut-être mal à l'aise celui qu'il connaissait finalement et de deux, il n'aurait pas dû tenter de rappeler que la dernière fois qu'ils se sont vu, Eowyndil était coincé sous un tronc d'arbre et le vieux fou lui avait sauvé la vie en le délivrant. Et c'est donc comme un vieil abrutit qu'il resta là, sans plus rien dire. Comment le drow allait réagir?

Pierre dans une main et dague dans une autre ... quel accueil le drow faisait! Nakor prit la parole, se souvenant difficilement de son nom et c'est ensuite que ce dernier se calma, rangea son attirail de guerre de gang et prit la parole. Comme un bon drow le ferait : désagréable à souhait et piquant comme une épine de rose mortifère. En entendant les premiers propos d'Eowyndil, Nakor mit les mains sur ses hanches et paru totalement offusqué. Il prit une grande bouffé d'air et s'apprêtait à répondre quand le drow reprit la parole! Non mais il ne respectait rien celui là, ni les personnes âgés, ni les tours de paroles ni ... par les dieux! Il disait que les humains étaient cependant déterminés. Y aurait-il là un compliment. Nakor se mit à sourire et à pouffer avant de se précipiter au côté du drow qui faisait comme si de rien n'était et qui avait reprit sa marche. Il espérait peut-être pouvoir semer le vieux fou, c'était peine perdue! Nakor commença à parler alors qu'il rattrapait son ami du moment

"Non mais excusez moi si je dérange! Je vous signale que j'habite ici depuis très longtemps. Et pour votre gouverne, je n'ai pas quatre vingt ou quatre vingt dix ans mais six cent vingt six ans et je vais sur mes six cent vingt sept. Je suis sûr d'être plus vieux que vous alors un peu de respect jeune drow! Pourquoi croyez vous que le maître de la lignée de l'arbre blanc soit venu me trouver il y a quelques années? J'avais rencontré son ancêtre, qui m'avait demandé de garder un oeil éloigné sur ses enfants et sa lignée. De toutes les façons je n'ai rien à vous prouver mais vous demanderez à des gens qui sont un peu ouvert sur le monde dans votre immonde Puys, beaucoup savent que le magicien du roi possède un drôle d'accord avec la déesse de la vie et de la mort!"

Puis Nakor se mit à rire en insultant ouvertement la mort et ses messagers. Le vieux fou se mit alors à penser à quelque chose et marchant maintenant à côté de l'elfe noir, il reprit la parole

"Mais dites moi, et vous? Que faite vous ici, seul et espérant le rester? Si vous n'êtes pas contre un peu de compagnie, même aussi pitoyable que celle d'un humain, j'aurai sans doute besoin d'aide et vous êtes celui qui peut me l'apporter! Qu'en dites vous? Je n'habite pas loin et j'ai quelques ouvrages trouvé ici dans les ruines, en langue drow ... la seule langue que je ne connais pas! Vous pourriez peut-être m'en apprendre quelques rudiment?"

Nakor se disait maintenant qu'il demanderait sans doute quelque chose en échange et il ne savait pas quoi lui offrir ... mince alors! Soit il l'enverrait balader soit il poserait des conditions. Le vieux magicien verrait bien ce qu'il en dirait.