On se débarasse d'un herpès, pas de sa famille [pv Iseult]

Guilhem observa la route qui menait jusqu'au vieux moulin et piqua des deux pour rejoindre la tête de leur petit groupe. Ils étaient une bonne dizaine en route vers le domaine d'Arvelaig. Aucune nostalgie n'était visible dans le comportement du jeune seigneur à l'idée de retrouver ce lieu qui l'avait vu grandir. Son visage restait aussi fermé et froid qu'à l'habitude. Plus même sans doute. En réalité, il n'aimait pas du tout cet endroit et n'y venait en fin de compte que parce qu'il se trouvait bien obligé de faire ce voyage. Peut-être qu'il aurait put demander à son père de venir lui même à Karras. Il l'aurait sans doute fait si celui-ci n'avait pas été beaucoup trop vieux pour faire un tel voyage. Il aurait envoyé Goustan, son héritier pour traité avec Guilhem. Et cela, même s'il était de notoriété publique que les deux frères ne s'étaient jamais entendu. Comme une passion à rebours, il suffisait que l'un des deux se range dans un camp pour que le second aussitôt prenne le partit de ses opposants.

Et l'affaire était trop importante pour être traitée avec un pareil imbécile.

Le château d'Arvelaig était assez différent de la forteresse de Karras. Cette dernière avait été conçue pour repousser un siège et fermer une vallée avec l'efficacité d'une ceinture de chasteté. C'était quelque chose que le bastion faisait à merveille. Arvelaig se trouvait géographiquement plus à l'intérieur des terres, et, même si le but était toujours de servir de position défensive, Arvelaig tenait plus de la grosse battisse que de la citadelle.

D'une taille raisonnable, la demeure des Arvelaig était constituée de quatre tours rondes assez serrées reliées par de courts murs de pierres qui délimitaient une petite cour intérieur où il ne faisait jamais vraiment clair et qui n'avait guère d'autre fonction que de pouvoir passer d'une tour à une autre et d’abriter un puis au centre. Au delà de ce maigre rempart, il y avait quelques maisons et échoppes ceintes d'une palissade de bois.

Ils ne tardèrent pas à passer la porte de cette dernière et laissèrent leurs chevaux dans les écuries qui n'avaient de toute façon pas la place d'être abritée à l'intérieur du bastion.

Attrapant Agniès par la taille, Guilhem l'aida à descendre de sa monture.

La jeune femme le suivit docilement lorsqu'il la prit par la main et l'amena avec lui comme il l'aurait fait pour une épouse ou une compagne officielle.

Il trouvait la jeune femme éteinte depuis quelques temps. Certes, il n'était pas le plus attentionné des amants. Mais c'était dans sa nature. Il ne se voyait pas lui faire la cour pendant des heures et des heures en lui déclamant de longs vers. Non. Définitivement, Guilhem n'était pas ce genre d'hommes. Ses attentions étaient distribuées avec parcimonie et discrétion. Une petite caresse sur la joue, un moment à lire un livre ensemble. Parfois, une parole gentille ou un petit sourire. Mais elle n'aurait pas plus. Il ne pouvait ni ne voulait faire plus.

Et bien sur, à côté de cela, il y avait sa condition.

Ni le plus délicat, ni le plus fin, Guilhem avait fait part à la jeune demoiselle de son agacement de ne pas pouvoir profiter des débuts de mâtinés en sa compagnie. Elle n'avait pas tenu compte de cette remarque et avait continué à filer en douce. Alors le seigneur de Karras avait agis à sa manière. Il avait simplement prit l'habitude de passer une chaîne cadenassée au lit dans l'anneau de ce collier qu'elle portait toujours au cou.

Si leur relation lui paraissait devenir fade, il savait que ce n'était pas uniquement du fait de la demoiselle. Il avait sa propre part de responsabilité. Il n'avait pas envie de se lasser d'elle, mais force était d'admettre que cela était en train d'arriver. Il s'était même surpris dans une heure de profond marasme à se demander combien Urs lui offrirait pour la demoiselle.

On les fit entrer dans la grande salle. Malgré ses dimensions respectables, elle paraissait très petite du fait de tout le monde qui pouvait bien s'y trouver. Hommes et femmes de tout âges saluèrent le seigneur de Karras et sa maîtresse avec plus ou moins de non-chalence. Pour qui n'était pas initié (et même pour les initié, c'était un truc à vous rendre chauve), il était impossible de connaître les liens de parentés entre toutes ces personnes. Certains hommes ici présents étaient des neveux de Guilhem mais lui rendaient presque dix années. Certains des petits-neveux et nièces avaient l'âge de celui-ci.

Certains regards se portaient sur Agniès. Chargé de désirs, de mépris ou d’indifférence. Mais en arrivant devant son père et son frère, Guilhem sut qu'il tenait près de lui un chose qui ferait rager ce dernier. Il avait quelque chose que son aîné désirait et lui enviait, même s'il n'était sans doute pas le seul.

Le seigneur d'Arvelaig était un vieil homme qui allait à pas ferme et décidé sur ses cent ans. Homme sec au nez aquilin, rabougris pas l'âge, il avait l'apparence d'une vieille pomme ridée mais conservait encore quelques maigres restes du puissant guerrier qu'il avait été par le passé.

Sa ressemblance avec son dernier fils était frappante.

Ils restèrent un moment à se jauger, comme deux loups qui cherchent une faille chez leur adverssaire avant de se jeter à l'attaque.

La belle mère de Guilhem, une demoiselle de tout juste seize ans, tenta bien de dire quelque chose pour détendre l'atmosphère mais se heurta à un mur de silence de la part du père comme du fils. Elle jeta un petit regard à Agniès, quémandant son aide sans savoir qu'elle ne recevrait pas le moindre mot de la maîtresse de son beau fils.

« Tu nous ramène ta putain ? »

La voix enraillée du vieil homme avait quelque chose d'ironique.

« Vous exhibez la votre. »

« Au moins tu as bon goût. »

« J'aimerais pouvoir en dire autant. »

Un rire sec et le vieil homme se dressa sur ses pieds. On aurait put croire qu'un homme de cet âge en serait incapable. À plus forte raison sans la moindre canne. Mais non. Il était bel et bien sur ses deux pieds. Plié et tordu, mais debout.

« Du bon sang qu'on gaspille, commenta le patriarche avec un regard à Guilhem. »

La suite fut assez confuse, mais au final, tout le monde réussi à trouver une place autour de la grande table alors que, par tradition ou par envie de pimenter le repas, on avait fait en sorte de placer Agniès entre Guilhem et Goustan, ce dernier louchant avec envie sur le décolté de la captive, ne paraissant pas le moins du monde gêné par la présence de sa femme à côté de lui qui se retenait sûrement de faire un scandale.

Quelques jours s'étaient écoulés. Iseult dormait à présent toutes les nuits au près du seigneur de Karras dont elle était devenue la maitresse. D'ailleurs ce dernier avait trouvé une solution quelque peu expéditive pour la garder près de lui toute la nuit afin qu'elle ne file pas en douce au petit matin comme elle avait l'habitude de le faire. Guilhem lui avait rien dit du voyage qui se préparait. D'ailleurs la brunette le découvrit le jour même.
Habillée avec les vêtements de la défunte épouse de son amant, Iseult prit place avec l'aide de l'écuyer sur le cheval où se trouvait Guilhem. Si au début, elle avait pensé à une simple balade ce ne fut plus le cas quand elle découvrit les quelques chevaliers qui les accompagnèrent sans compter les quelques malles transportées également. Où allaient ils? Elle l'ignorait. Durant tout le voyage aucun mot ne fut dit laissant planer le mystère.

Finalement après de longues heures de chevauchée, une citadelle au loin se dessinait. Ils prenaient la direction de se lieu. Ils finirent par arriver dans la cour de ce chateau et Guilhem descendit de son cheval avant de la faire descendre à son tour en la prenant par la taille. Si au début Iseult le suivit docilement deux pas derrière lui, ce dernier lui attrapa la main et la garda dans la sienne. La jeune femme fut surprise de ce geste et cela se lut dans son regard qu'elle lui adressa.
C'est donc main dans la main comme si elle fut son épouse, son égale qu'elle entra avec lui dans la grande salle de la citadelle. Guilhem semblait bien connaitre les lieux. Au loin, dans la pièce, elle distingua un homme relativement agé assis dans un fauteuil. D'ailleurs quand on annonça le retour de Guilhem en ces lieux, tous les regards se tournèrent vers eux. Mais bien vite, ce ne fut plus sur le retour du fils prodigue mais sur la belle qui l'accompagnait.

Iseult était de plus en plus mal à l'aise au milieu de cette foule. Les regards étaient oppressants, lubriques, dédaigneux, moqueurs. Ils finirent par remonter l'allée centrale et se présenter devant ce vieil homme qui bizarement avait des airs de famille avec son bourreau. Une jeune fille tenta de détendre l'atmosphère qui était pesante mais elle ne réussit pas. Iseult eut de la peine pour elle. Etait ce la soeur de Guilhem?
Le silence se rompit quand le patriarche fit la remarque que son fils ramenait sa putain. Il parlait de la muette, d'Iseult qui baissa le regard. Elle avait déjà été traitée de la sorte par le passé. Elle n'avait à cet instant qu'une seule envie, prendre ses jambes à son cou et fuire comme cela avait été le cas la première fois. Mais Guilhem lui tenait toujours la main. Le seigneur de Karras répliqua immédiatement en faisant mention de la jeune fille.

Iseult comprit donc qu'il ne s'agissait pas de la jeune soeur de son amant mais de la maitresse ou épouse de son père. Il y avait une si grande différence d'age. Iseult la plaignait vraiment. Quand les amabilités eurent cessé, on passa à table plus tard dans la soirée. Iseult était assise à côté de Guilhem qu'elle n'avait pas laché d'une semelle. De l'autre côté, se tenait le frère de se dernier qui durant une bonne partie du repas lorgna sur le décolté de la belle.
Le repas se finit enfin. Iseult avait peu mangé car elle avait l'appétit coupé. Elle avait été mal à l'aise durant tout le repas et avait gardé le nez sur son assiette de peur que quelqu'un dans l'assistance ne connaisse son visage, en somme elle faisait l'autruche. Alors que tout le monde quittait la table, Iseult en profita pour se sauver et prendre la direction de ce qui était sans doute une petite cours intérieur.

Goustan avait remarqué la fuite de la demoiselle et lui emboita le pas. Pour le moment Guilhem ne s'était pas encore rendu compte de la disparition de sa captive alors que les nobliaux du diner l'assiégeaient de questions diverses et variées. Se pensant seule, Iseult s'assit sur un banc de pierre et poussa un profond soupire avant d'entendre les gravillons grisser sous les pas d'un intrus. La muette fut apeurée jusqu'à ce qu'elle voit Goustan.
Ce dernier s'assit près d'elle mais à distance raisonnable et la fixa du regard. Il posa en particulier son regard sur ce collier qu'elle portait. Il se mit alors à rire en comprennant que la jeune femme était esclave.

Décidément mon frère à toujours su bien choisir ses jouets...

Iseult se leva et voulut regagner les intérieurs mais Goustan la retint par le poignet. La jeune femme se débattit mais il n'entendit pas le son de sa voix.

Serais tu muette ma belle? Quelle chance pour moi! Tu ne pourras rien dévoiler à mon frère...

Sur ces mots, il attira Iseult dans sa direction et l'embrassa de force. Il est vrai qu'elle ne pourrait rien lui dire de vive voix mais elle pourrait tout lui raconter par écrit. Cela il l'ignorait. Comment pouvait il penser un seul instant que cette esclave savait lire et écrire?

Goustan avait oublié de surveiller ses arrières lorsqu'il avait décidé d'un commun accord avec lui même de tester les jolies cuisses d'Agniès. Certes on ne faisait que rarement attention au petit personnel, mais de là tout de même à faire une tel négligence. Déjà, on ne pouvait pas dire que le lieu soit particulièrement approprié pour ce genre d'activité. À moins bien entendu qu'on soit largement porté sur l'exhibition. C'était peut-être le cas de Goustan. Ou alors, il avait tout simplement trop bu pour s'en rendre compte.

Sans faire attention au fait que la demoiselle était en train de se débattre, se qu'elle faisait avec l'efficacité d'un chaton, il la retourna et la plaqua contre le banc. Ne restait plus maintenant qu'à profiter de cette belle paire de fesses tendues dans sa direction. Le première étape du plan fut exécutée à merveille et consistait à remonter la robe de la jeune femme sur ses hanches. Goustan marqua un temps d'arrêt en découvrant l'abscence de dessous, mais ne put s'empêcher de sourire. Les choses n'en seraient que facilitées.

La seconde partit du plan en revanche posa un léger problème.

Tout en maintenant la demoiselle le visage collé contre le banc, le guerrier défaisait son haut de chausse, se félicitant de son mutisme. Une demoiselle comme cela qu'on s'apprète à forcer reste rarement silencieuse. Du haut de ses cinquante trois ans et au moins le double de viols, il le savait parfaitement. Mais avec celle là au moins, il était tranquille. Pas le moindre cris d'allarme.

Soudain, il y eu un ''BONG'' sonore et l'étreinte de Goustan sur la demoiselle s'évapora alors qu'il s'effondrait sur elle.

On aida vite Agniès à se défaire de ce poids mort, laissant l'héritier du domaine d'Arvelaig dans une posture des moins glorieuses, le haut de chausse à moitié descendu.

En guise de preux chevalier, Agniès devrait se contenter d'un jeune homme de guère plus de quatorze ans portant une simple cote en guise d'armure et avec pour épée d'or une poelle à frire. Sans doute arraché dans la précipitation à la petite servante rondelette qui regardait la scène avec des yeux comme des assiettes.

Ne perdant pas de temps, Rolon aida Agniès à rassembler deux ou trois morceaux épars de sa dignité pour l'aider à se relever et la mener à la petite chambre de Guilhem.

Goustan se montra rustre et barbare avec elle. Iseult avait beau se débattre mais rien n'y faisait. Il était bien trop fort pour elle aussi se fut avec une extrême facilité qu'il réussit à la retourner et la mettre sur le ventre contre le banc. Elle se débattait toujours, les larmes coulaient sur ses joues quand soudain il retroussa la robe de cette dernière. Le fessier de la demoiselle fut alors offert impudiquement.
Une main plaquée dans son dos empêchant le jouet de son frère de fuire, Goustan défit son pantalon. Il était prêt à prendre la pauvre malheureuse quand un bruit sourd se fit entendre. L'étreinte forcée se relacha et elle sentit le poids mort de son agresseur sur elle. Une ombre au dessus tenta de dégager le corps inerte de la muette victime. Réussisant à extirper la demoiselle de sous le fils du seigneur des lieux, on la redressa rapidement. Cela eut pour effet de faire retomber sa robe sur ses jambes.

Iseult était en pleurs, comme perdu, totalement terrorrisée. Un jeune garçon avec une poelle à la main était à côté d'elle qui l'aida comme il put. La demoiselle était sous le choc et totalement désorientée au point de tenir à peine sur ses jambes. Le jeune garçon l'aida à rentrer et à la conduire à la chambre de Guilhem. Celle ci n'était pas très grande et vide car il n'était pas encore là, la lumière était absente.
Une fois qu'Iseult fut entrée dans la chambre, elle se dirigea vers le lit. Elle n'avait pas refermé la porte de la chambre. La muette s'était recroquevillée sur le lit. Le jeune garçon demanda s'il devait rester mais devant le mutisme de la demoiselle, il préféra la laisser seule. Il s'avança alors vers le lit et déposa la poelle près d'elle avant de sortir. Il resta alors devant la porte en attendant le retour de Guilhem.

Peut être trente minutes plus tard, le seigneur de Karras arriva. Il trouva le jeune garçon qui campait devant la porte qui l'informa de la situation en restant assez vague. Quand Guilhem entra finalement dans la chambre, il put découvrir sa jolie captive sur le lit, recroquevillée et serrant la poelle dans sa main endormie. S'approchant d'elle, il lui caressa les cheveux. Ce geste la réveilla en sursaut et elle le frappa avec la poelle sans prendre garde de qui c'était.

Y avait-il déshonneur à se retrouver assommé par une poelle à frire maniée par une demoiselle qui n'était pas capable de se servir un morceau de patté de lapin sans s'entailler la main sur une douzaine de centimètre?Pour ne pas heurter l’orgueil de Guilhe, on se contentera de dire que non, il était tout à fait honorable de se faire assommer de la sorte si on était surprit. Mais pour le reste, soyons clair. Guilhem venait de se couvrir de ridicule en ce moment précis. Heureusement, personne n'avait été là pour voir la scène à l'exception bien entendu d'Agniès qui n'allait le répéter à personne de toute façon. La jeune femme devait déjà suffisamment se mordre les doigts de se qu'elle venait de faire alors que son amant était dans un de ses rares moments de délicatesse. Ça allait lui donner envie de recommencer de se faire assommer de la sorte lorsqu'il lui caressait gentiment les cheveux pour la réconforter.

Lorsque Guilhem se réveilla, Agniès avait tenté de faire quelque chose pour rattraper son attaque de la poell à frire en plein crâne. À défaut de pouvoir porter Guilhem pour l mettre sur le lit, elle l'avait installé aussi confortablement que possible par terre avec un oreiller pour caler sa tête et la couverture sur lui pour éviter qu'il n'attrape froid.. c'était déjà ça. Mais il avait en revanche une jolie bosse bien violacée sur la tempe et avait un terrible mal de crâne qu'il n savait pas s'il devait imputer à tout l'alcool qu'il avait avalé pendant le repas ou si c'était à cause du grand coup qu'il avait prit sur la tête. La réponse était certainement quelque part entre les deux. Agniès était allongée à côté de lui, la poelle entre les deux. Ayant retenu la leçon de se qui venait de se passer, Guilhem commença par prendre la poelle et de l'envoyer aussi loin que possible de la jeune femme.

Au moins maintenant, elle n'aurait plus que ses petits points si l'envie lui prenait à nouveau d’assommer le seigneur de Karas. Cela se révélerait à tout les coups bien moins efficace qu'avec son arme improvisée.

Il se mit ensuite debout et souleva la jeune femme dans ses bras pour la déposer sur le lit. Il était encore tôt et tout les deux avaient largement le temps de dormir un peu. Une fois qu'il se fut installé contre son amante, Guilhem commença à réfléchir à la façon dont il allait la punir. À moins qu'elle soit déjà en train de s'auto-flageller bien entendu.

Mais le fait de s'être fait agressé par cette poelle alors qu'il était plutôt gentil avec elle avait quelque chose de particulièrement énervant. Qui lui restait en travers de la gorge.

Iseult découvrant son assaillant à terre. Il s'agissait de Guilhem. La jeune femme par reflexe porta sa main à sa bouche comme pour étouffer son étonnement. COmment rattraper son erreur? Elle ne savait pas quoi faire. Comme elle était dans l'incapacité physique de déplacer le seigneur assomé, elle fit ensorte de lui apporter un peu de confort. Iseult glissa alors un oreiller sous la tête de son amant et une couverture sur lui. Puis posant la poelle à terre, elle s'allongea à côté de lui et finit par s'endormir.
La nuit suivit son cours jusqu'à ce que Guilhem se réveille. Après quelques précautions, il emmena sa belle sur le lit en la soulevant de terre. Iseult ne se réveilla pas pour autant et les deux amants finirent la nuit plus confortablement qu'elle n'avait commencé. Le jour ne tarda pas d'ailleurs à pointer le bout de son nez à travers la fenêtre de la chambre. Tous les deux dormaient paisiblement.

Iseult finit par se réveiller. Elle qui s'était endormie sur le sol fut surprise de se voir dans le lit. Une nouvelle crise de somnambulisme? Non. Elle sentit alors les bras de Guilhem autour de sa taille. Avait elle révé de la scène d'hier? Etait ce un simple cauchemard ou la réalité? Quoiqu'il en soit quand elle bougea pour se retirer de son étreinte, c'est Guilhem qui se réveilla et la maintint avec une certaine fermeté contre lui.
La jeune femme se retourna alors et se blottit contre lui cherchant du réconfort. Sa jolie tête brune reposait à présent contre le torse de son amant. Elle leva doucement la tête et le regarda. Elle pouvait sentir son souffle et lui le sien. Guilhem y déposa alors un petit baiser. Un simple baiser sans doute pour dire "bonjour". Elle lui sourit alors timidement. On frappa alors à la porte. Le seigneur grogna un peu d'être dérangé mais envoya son amante voir.

Iseult se leva et se dirigea vers la porte. Posant la main sur la clenche, elle ouvrit la porte. C'était Goustan. La demoiselle resta figée sur place alors que le frère de son amant fit irruption dans la chambre. Celui ci lança un regard à la belle qui laissait présager qu'il reviendrait tôt ou tard à la charge.

Au lieu de prendre du bon temps avec ta maitresse, si tu venais plutôt chasser avec ton frère! Allez debout feignant!

Niveau louche, on ne pouvait pas dire qu'il y ait quelque chose de mieux que la scène qui était en train de se dérouler Voilà que Goustan lui proposait de faire une partie de chasse en l'appelant son frère et en se montrant presque aimable. Il n'avait pas traité Agniès de catin ou d'un autre mot fleurs de ce genre, mais c'était tout juste.Tout cela était véritablement des plus intriguant. Si on exceptait le fait que Goustan savait très bien que la chasse n'était pas au nombre des loisirs de son frère, c'était plutôt une preuve de bonne volonté pour pratiquer une activité familiale. Courir tous après une bestiole à travers la forêt jusqu'à arriver à la piéger et à la mettre en pièce pour en rapporter une tête sanglante et quelques morceaux de viande dans le même état... quel pied.

Enfin, de son côté, Goustan adorait cela et y avait toujours prit un grand plaisir.

Allez savoir pourquoi il lui faisait une telle proposition maintenant. Goustan avait cela en commun avec Guilhem qu'il faisait rarement, voir jamais, les choses pour rien. Alors cela signifiait qu'il avait quelque chose à lui demander ou bien que Guilhem avait quelque chose que Goustan voulait savoir ou bien obtenir.

Une fois que Goustan fut partit, Guilhem alla commencer à s'habiller pour la chasse. Quel que soit se que voulait Goustan, cela ne servait à rien de rester sur sa position et d'attendre simplement. Et puis, il était curieux de savoir se qui faisait si envie à son aîné.au point qu'il doive son montrer sympathique. Sans compter que voir le visage contrit de Goustan lorsqu'il lui demandait quelque chose l'avait toujours particulièrement amusé.

Jetant un coup d’œil à Agniès, il se demanda se que la demoiselle allait bien pouvoir faire pendant que lui serait en train de courir après les Cinq seuls savait quel bestiole.

Sans doute qu'elle allait se faire une petite place parmi les autre femmes qui se trouvaient dans le château. Entre les sœurs, nièces, tantes, filles, épouses et maîtresses que pouvaient aligner les onze enfants du seigneur d'Arvelaig, elle allait sans le moindre doute pouvoir se trouver une ou deux amies, même si à tout les coups, un certain nombre n'allait pas l'apprécier. Mais c'était le lot de tout le monde.

Donc, pendant que lui courrait la forêt, elle allait broder et babiller avec qu'autres femmes. Quoi que pour le babillages, cela risquait d'être un petit peu limité pour la demoiselle.

« Le boudoir de ma belle mère est juste un peu plus loin dans le couloir en prenant sur la droite, dit tranquillement le jeune homme. »

Ramassant la poelle à frire, il la tendit à son amante.

« Au cas où. Mais j'aimerais autant que tu évite de m’assommer à nouveau. »

Goustan venait d'inviter son jeune frère Guilhem à une partie de chasse. Si le seigneur de Karras fut surpris, il accepta l'invitation et se prépara en circonstance. Iseult l'aida comme elle put puis le laissa s'absenter. Mais avant de quitter la pièce, Guilhem lui avait indiqué où trouver le boudoir de sa belle mère. De plus il lui avait rendu la poelle en lui disant qu'il aimerait ne plus être assomé avec à l'avenir.
Quand il eut quitté la pièce, Iseult chercha dans une des malles qui avait été montées de quoi se changer. Défaisant sa robe qu'elle laissa glisser à terre, la muette fit un brin de toilette avant de se vêtir d'une autre robe de la défunte épouse de Guihlem. Une fois apprétée, elle laissa la poelle sur le lit et suivit les indications de son amant pour se rendre au boudoir de la jeune épouse du père.

Arrivée devant la porte, elle frappa et attendit qu'on l'invite à y entrer. La jeune fille était en compagnie d'autres jeunes femmes. Des cousines de Guilhem pour la plus part. Si la jeune épouse accueillit avec bienveillance la venue de l'amante de son beau fils, ce ne fut pas le cas de ses cousines qui montrèrent un certain dédain envers la jeune femme. Sans doute la pensait elle roturière? Iseult était pourtant de bien plus noble naissance que tous les gens de cette citadelle.
Après quelques minutes à questionner la brunette qui demeurait silencieuse, Aalicia, la jeune épouse comprit enfin qu'elle n'aurait aucune réponse quand Iseult mima le fait d'écrire. Une partie de l'assemblée féminine fut surprise de savoir qu'elle savait écrire donc lire. Une fois qu'on lui donna de quoi écrire, Iseult répondit à toutes les questions de la jeune fille.

Enchanté Dame Aalicia, je me prénomme ...

Elle s'arrêta le temps d'un instant car elle allait machinalement écrire son véritable prénom.

Agniès.

Finit elle par écrire avant de continuer à répondre au reste des questions, plus aux nouvelles qui se posaient.

Il s'agit d'une blessure profonde qui m'a oté la voix. Je ne pourrai plus jamais parler...

Elle poussa alors un soupire et poursuivit.

Je suis au service de Guihlem, votre beau fils. Veuillez l'excuser pour les propos qu'il a tenu hier à votre encontre, je suis certaine qu'il ne voulait pas se montrer aussi déplaisant. Il peut être affable et courtois par moment.

Devant ces propos, presque toutes les cousines de Guilhem éclatèrent de rire. Elles ne l'avaient jamais connu aimable donc cela était assez surprenant pour elles. La dernière question qu'on lui posa fit rougir Iseult qui ne répondit pas. Mais toutes les dames comprirent sans qu'il n'y ait de réponse de donner. Cette question avait été posée par Aalicia.

L'aimez vous?

Iseult finit par coucher un simple mot sur le vélin.

Oui!

Les cousines de Guilhem voyaient Agniès d'un assez mauvais œil. Mais il faut dire qu'elles avaient toujours été très amies avec l'ancienne épouse du seigneur de Karras. Alors elles trouvaient un rien insultant de voir cette muette au joli minois d'une, parader à la place de leur grande amie. Mais également de la voir arborer des toilettes qui aient celles de l'ancienne dame. Surtout qu'elle les combinait avec cet étrange collier qu'elle portait autour du cou. Celui ci n'avait, pour la majorité de ces dames pas la moindre signification. Mais d'autres avaient déjà vu ou entendu parler des pratiques des Wandriens avec certaines de leurs prisonnières et dans un royaume qui ne connaissait plus l'esclavage depuis longtemps, on oubliait vite quels étaient les marques de l'esclavage.

Se qu'Aalicia lut sur le parchemin où la demoiselle griffonnait était des plus étonnant. Imaginer Guilhem courtois était des plus... comment dire... non, Guilhem ne pouvait pas être quelqu'un de courtois, c'était tout à fait impossible que quelqu'un d'aussi froid et déplaisant que Guilhem puisse montrer une quelconque forme de courtoisie.il en était incapable et, quoi que puisse dire Agniès, ce n'était que pure naïveté. Les mots qu'il avait adressé à la jeune femme qui lui tenait lieu de belle mère n'était pas les premier qu'il lui adressait et certainement pas les derniers.

C'était le lot des belles mères et de leurs beaux fils.

Au moins, si cette demoiselle n'avait pas assez de cervelle pour se rendre compte de celui qu'était réellement son amant, elle était assez jolie pour espérer lui donner de beaux enfants. Elle se demanda un petit peu où Guilhem avait bien put la ramasser. Elle ne sortait pas d'un petit village perdu au fin fond de Serramire ou au milieu des Wandres. Cela se voyait à sa façon de se tenir. Il y avait quelque chose de noble en elle. Mais Guilhem n'aurait jamais osé prendre une fille de la noblesse pour la traiter comme cela. Il était ambitieux et traiter une fille de seigneur de la sorte aurait à coup sur attiré un grand nombre d’inimitiés.

Et puis, ce visage lui disait quelque chose.

« Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ? »

Même si elles ne le montraient pas, les autres femmes prêtaient une certaine attention à cet échange. Après tout, à part broder et raconter des ragots, elles n'avaient en réalité pas grand chose à faire.

Plus la conversation avançait et plus les questions se faisaient centrées sur la relation qu'elle entretenait avec Guilhem. La question fatidique de leur rencontre finit par tomber. Iseult ne voyant pas le mal qui pouvait y avoir répondit alors à la question en la couchant sur le papier.

Notre rencontre s'est faite un peu par hasard dans les ruines d'un ancien chateau. Il m'a proposé de me mettre à son service. En réalité je n'avais pas vraiment le choix. Mais petit à petit, il s'est montré plus aimable et s'est finalement posé comme un protecteur pour moi. Je lui suis reconnaissante pour tout...

Bien sur la demoiselle ne parla pas du chateau des Séraphins, ni du fait qu'elle se faisait passer pour une batarde de cette lignée maudite. Elle resta assez vague sur le fait que la proposition qu'il lui avait fait s'approchait plus de l'esclavage que d'autre chose. En réalité, elle était l'esclave de Guilhem mais cela, elle ne pouvait pas l'avouer.

On voudrait plus de détails, ne soyez pas timide.

Iseult regarda alors le vélin et hésita à répondre. Elle ne pouvait pas donner de détails sans se compromettre elle. Aussi elle essaya de détourner la conversation en demandant un peu de thé qui était en train d'être servi par une camériste. C'est alors qu'Aalicia parla de cette impression de déjà vu.

J'ai l'impression de déjà connaitre votre visage. Comme si je vous avez déjà croisée par le passé... Est ce le cas?

Iseult lacha maladroitement la tasse de thé qu'elle tenait en main qui se renversa sur le tapis. Cette question l'avait surprise et cela se voyait sur son visage. La muette avait à présent peur que la jeune fille ne se rappelle quoique ce soit car si elle venait à percer son secret, cela en serait fini d'elle.

Le moins que l'on puisse dire, c'était que la réaction de la brunette était surprenante. Qui pouvait réagir de la sorte lorsqu'on lui disait simplement qu'on l'avait déjà vu quelque part ? Enfin, cela n'avait au fond pas tant d'importance. Elle avait peut-être juste quelque chose à cacher, mais au fond la dame d'Arvelaig n'en avait pas grand chose à faire. Ça ne lui changerait pas on quotidien d'apprendre le noir secret d'Agniès et cela ne rajeunirais pas non plus son vieil époux. Alors elle se contenterait simplement de mettre cette maladroite de belle fille un petit peu mal à l'aise. Puisqu'elle était servante, alors elle allait jouer les servantes. Cela lui allait tellement bien d'ailleurs.

« Oh, mais ne restez pas plantée là, il va y en avoir partout sur le tapis. »

sadique la belle mère ? Un peu oui. Mais il fallait dire à sa décharge qu'Agniès avait une si parfaite tête de victime qu'il était trop tentant d'en profiter. Râlant, elle se mit à genoux pour ramasser la tasse qui venait de tomber.

« Il ne reste plus qu'à espérer que vous soyez plus douée avec une aiguille que pour tenir une tasse. »

Elle avait dit cela avec un ton assez moqueur qui déclencha quelques pouffements de rire. Mais dans l'enssemble, on se remit rapidement à papoter. Certaines regardaient Agniès un petit peu à la dérobé, cherchant à comprendre la signification de cet étrange collier ou se demandant s'il y avait vraiment une cicatrice en dessous ou si ce n'était pas le cas.

La belle mère de Guilhem se rendit bien compte que la maitresse de son beau fils lui dissimulait quelque chose mais décida de ne pas relever pour s'attaquer à une chose bien plus blessante, la condition de la demoiselle. Devant la tasse renversée, la jeune fille sembla perdre son sang froid et houspilla contre la muette avant de se baisser pour rammasser la tasse qui était à présent ébréchée. Une fois cette mesquinerie faite, elle enchaina sur une autre qui fut accueillie par des rires par l'assistance féminine.
Iseult était à présent très mal à l'aise et se mit à faire quelques points de croix sur l'ouvrage qu'on lui tendit alors que les jeunes femmes regardaient avec curiosité le collier qu'elle portait. Le reste de la matinée fut assez calme, hormis quelques piques en direction de la muette. Dans la cours on sonna le cors. Les chasseurs étaient de retour. Se levant de sa chaise en déposant l'ouvrage sur le coin d'une table, Iseult esquisça une révérence et s'éclipsa.

Elle se dirigea dans la cours intérieur alors que les deux frères et leurs cousins s'en revenaient avec leurs gibiers. Iseult était la seule à attendre leur retour sur le perron. D'ailleurs une bonne partie des chasseurs en fut surpris. Ils se mirent alors à envier Guilhem d'avoir si avenante maitresse. Quand le seigneur de Karras descendit de sa monture, Iseult le rejoint alors. Elle l'accompagna aux écuries, suivit de près par Goustan. D'ailleurs ce dernier en passant devant la jeune femme lui pelota les fesses avant de lancer à son jeune frère ce pourquoi il s'était montré aimable ce matin.

Je t'aide au près de notre père pour le convaincre de te fournir des hommes et en échange tu me laisses culbuter ta putain. Après tout, une botte de foin fera l'affaire pour qu'elle écarte les cuisses.

Puis se montrant comme le dernier des rustres, il attrapa Iseult par la la taille comme la veille avant de la pousser dans la paille derrière eux. Il était convaincu que son frère accepterait cette proposition aussi il devança sa réponse et commença à retrouser la robe de la jeune femme.

Le moins que l'on puisse dire, c'était que Goustan ne perdait pas son temps. À peine avait-il fait cette proposition à propos d'une partie de jambe en l'air dans la paille qu'il y avait déjà jeté Agniès dans la paille et commençait à la trousser. Malheureusement pour lui, son frère était tout aussi vif à réagir et en in instant, il posa sa main sur son épaule et le força à se tourner, abandonnant, les jupons de la demoiselle pour accueillir un crochet en pleine mâchoire, l'envoyait droit sur les fesses. On pouvait dire que le choc avait été aussi rude qu’inattendu. Il s'attendait tellement à se que Guilhem accepte et qu'il lui laisse prendre tranquillement son plaisir avec son amante qu'il se retrouva sur les fesses avec le goût du sang dans la bouche et un éclat de dent qui avait décidé de faire une petite balade.

« J'ose espérer que père aura l'intelligence de le faire lui même, grinça Guilhem. »

Ils n'allaient pas en rester là. Ce n'était jamais aussi simple que cela avec une tête de mule comme Goustan. Il voulait Agniès et ferait sans doute tout se qu'il pouvait pour l'avoir dans son lit. Sauf si bien entendu une autre femme finissait par attirer son attention en le détournant de la demoiselle muette.enfin, quoi qu'il en soit, il n'aurait pas Agniès. Si on considérait les choses d'un point de vu purement pratique et politique, il n'avait ni la richesse ni le pouvoir de s'opposer à son frère cadet. C'est cela de faire des alliance avantageuses. Si Guilhem n'avait jamais réussi à véritablement supporté son ancienne épouse, ce mariage avait eu son lot d'utilité.

Comme quoi, supporter le babillage des femmes, ça peu se révéler un peu utile de temps à autre.

Maintenant, Goustan s'était tout juste redresser et les deux frères se déifiaient du regard devant une Agniès toujours allongée dans la paille, les jupons redressé jusqu'au genoux.

Il était relativement étonnant de retrouver chez eux exactement le même air froid et fermé. On aurait vraiment dit qu'ils s’apprêtaient à s’entre-tuer.

Alors que Goustan allait trousser la maitresse de son frère avant même que ce dernier ait donné une réponse favorable sur le sujet, Iseult s'était retrouvée sur la paille le jupon relevée jusqu'au dessus des genoux. Guilhem visiblement ne l'entendait pas de la sorte car il empêcha que son frère n'abuse de sa maitresse. Un violent coup de poing lui fut asségné en pleine figure l'envoyant au carreau.
Iseult regarda la scène. C'était la première fois qu'elle voyait son amant faire preuve de violence. Repoussant sa robe sur ses jambes, la jeune femme tenta d'arranger sa tenue. Les deux frères commencèrent leur combat de coq dans les écuries. Les chevaux se mirent à hénirent. Les coussins de Guilhem ne tardèrent pas à arriver et découvrirent les deux en train de se battre et la muette en train de se redresser avec quelques brins de paille dans sa chevelure sombre.

Iseult tenta de s'interposer entre les deux mais fut violement repoussée dans leur bargarre pour finir à nouveau par terre. Un des cousins vint aider la jeune femme à se relever avant de s'interposer avec l'aide des autres. Très vite Goustan et Guilhem furent séparés. Mais les deux étaient relativement bien amochés. Iseult s'approcha doucement de son amant dans le but de s'occuper de lui et surtout de ses blessures.
La jeune femme s'en retourna avec le seigneur de Karras dans la chambre de ce dernier. Guilhem était de mauvaise humeur à présent. Iseult s'avança alors vers lui avec un chiffon humide pour nettoyer le sang de son visage mais il la repoussa. Si en temps normal, elle n'aurait pas insisté, cette fois, il était venu à son secours et elle lui était une fois de plus redevable. Aussi, elle le saisit par l'avant bras et le conduisit vers le lit et l'obligea avec ses maigres moyens à s'assoire. Là, elle ne lui laissa pas le choix et pansa ses blessures.

Guilhem ne faisait pas partit de ces hommes qui s'énervent rapidement. Il était plutôt du genre à toujours intérioriser les choses et à garder sa colère pour lui. Mais il y avait des fois ou c'était trop et où il explosait littéralement. Et on était dans un de ces cas de figures. Il ne savait pas se qu'il l'énervait le plus. Que son frère ait voulut se taper son amante dans un coin d'écurie ou qu'il ne l'ait pas laissé faire.

Qu'y avait-il de mal au fond à se qu'il veuille prendre du bon temps avec elle ? Ce n'était pas comme s'ils étaient fiancé tout les deux ou même marié. Il n'allait pas épouser Agniès et ne l'épouserait sans le moindre doute jamais. Alors que valait la vertue envolée depuis longtemps d'une vulgaire batarde désargentée réduite à l'état de jouet de plaisir ? Et encore, si elle avait été une parfaite amante, il aurait peut-être trouvé quelque chose à redire. Mais la passivité de la jeune femme était en train de le lasser. Et de jouet pour son lit, elle risquait un jour ou l'autre d'être rétrogradée à ''bibelot décoratif''. Pourquoi avait-il réagit de façon aussi idiote ?

Elle n'avait pour elle qu'un joli corps et un très beau visage. Mais l'un comme l'autre auraient été dans le même état s'il l'avait laissé à son frère.

Et maintenant, il était assis sur ce lit à se faire temponner doucement ses coupures et autres marques de poing que son frère lui avait infligé par un chiffon humide avec pour seule satisfaction d'avoir laissé son frère a peu prêt dans le même état. Parce que pour se qui était du reste, il venait de se faire un enquiquineur de première comme ennemis et de se compliquer la tâche de façon assez conséquente.

Agniès eu le malheur d'appuyer un peu trop sur un point un peu plus sensible de la joue de son amant se qui déclencha immédiatement une réaction. L'empoignant, Guilhem la projeta plus loin sur le lit.

« Arrête ça, rugit-il !!! »

Il n'avait pas bougé, restait le regard fixement devant lui, fulminant et avec l'envie très nette de casser quelque chose pour se passer les nerfs.

Iseult pensait bien faire en s'occupant des coupures de Guilhem. Même si ce dernier grognait à chaque fois qu'elle tapotait une de ses plaies avec un linge humide, il s'était semble t-il résigné à la laisser faire voyant sa détermination à vouloir le panser. Mais quand le tissu humide s'appuya un peu trop fort sur une zone douloureuse de la joue du seigneur de Karras, ce dernier dans un élan de colère, empoigna la muette par le poignet pour la balancer sur le lit comme un vulgaire objet.
Guilhem vociféra quelques mots à son encontre, lui sommant d'arrêter cela immédiatement. Il était de bien méchante humeurà cet instant et Iseult redoutait qu'il ne la frappe après cette démonstration de brutalité qu'il venait d'avoir avec elle alors qu'elle pensait bien faire. La muette resta donc un instant allongée sur le lit le temps de réfléchir à quoi faire. Après sans doute cinq minutes où elle resta dans cette position laissant à Guilhem le loisir de reprendre emprise sur lui, elle se redressa et se leva du lit.

Guilhem était toujours vêtu pour la chasse et maintenant que cela était fini, il changerait sans doute de tenue après un bain. Iseult s'était dirigée vers le bac de bois servant de baignoire dans la chambre de celui ci. Là, elle lui fit signe en espérant qu'il la regarde et comprenne qu'elle lui proposait de se laver en désignant le bac. Aucune réponse. Tant pis, elle remplirait quand même le bac d'eau par simple mesure de précaution.
Sortant de la chambre, en laissant son amant seul, Iseult alla chercher de l'eau chaude pour remplir le bac. Elle fit plusieurs aller et retour avant de tomber au détour d'un couloir sur la belle mère de Guilhem et Goustan en train de s'embrasser. La présence de l'intruse fut très vite repérée et Iseult s'éclipsa. Goustan rigola de voir la muette détaller comme un lapin et lança à sa maitresse qui était inquiéte.

Ne vous inquiétez pas, dame Aalicia, elle ne dira rien. Le jouet de Guilhem est muet comme une carpe.

L'épouse infidèle répondit alors d'un ton sec.

Muette peut être mais elle sait écrire donc je doute qu'elle ne lui dévoila pas ce qu'elle vint de voir.

Devant les paroles de sa jeune amante, Goustan palit et l'abandonna dans le couloir se lançant au trousse d'Iseult. La muette ne connaissait pas les lieux aussi elle se retrouva bien vite prise au piège en tentant de rejoindre la chambre de son seigneur. Le frère de Guilhem venait de la rattraper et d'un geste, il l'empoigna et la poussa la pièce voisine qui était son bureau. Pendant ce temps Guilhem devait certainement patienter que sa servante revienne pour finir de compléter l'eau de son bain mais elle ne revint pas...

Guilhem était loin de se calmer. Mijoter dans son jus n'était pas la meilleure façon de le calmer. Il ne savait pas se qu'il fallait qu'il fasse et était de plus en plus énervé faute d'avoir un défouloir sur lequel pouvoir se lâcher. Il se retrouva à rester mariner dans son jus pour le moment. Pour le moment seulement parce qu'il était certain qu'il allait bientôt finir par pouvoir trouver quelque chose pour se défouler.ce n'était qu'une question de temps. Et il fallait espérer pour le pauvre défouloir qu'il allait bientôt faire une bonne grosse bourde parce que plus Guilhem attendrait, plus il aurait mariné dans son jus avant de pouvoir enfin se calmer.

Malheureusement, Agniès n'avait pas fait quoi que se soit pour énervé Guilhem. Elle se contentait tout simplement de faire se qu'il fallait pour lui préparer un bain.

Elle tarda un peu à revenir d'ailleurs se qui n’inquiéta pas outre mesure Guilhem qui en réalité n'en avait pas grand chose à faire et se demandait toujours un peu se qu'il allait bien pouvoir faire d'elle. Pas facile de se décider.

Une servante à moitié paniquée vint frapper à la porte. Il lui ouvrit ne la porte, mais ne crut pas tout de suite se qu'elle venait tout juste de lui dire. Si on la croyait, Agniès était en train de se balader sur la très étroite corniche à côté de la fenêtre de Goustan. Cela ressemblait vraiment à une bonne blague. Même s'il n'était pas vraiment d'humeur à en rire, loin de là.

Qu'est-ce qu'elle avait encore inventé ?

Ne perdant pas de temps, Guilhem fila jusqu'à la chambre de Goustan où son frère était penché par la fenêtre, essayant d'attraper quelque chose.

S'approchant, Guilhem écarta son frère pour prendre sa place. La moitié du château était dans la cour en train de regarder dans leur direction. Et sur la corniche, il y avait Agniès en équilibre précaire. Le petit diable sur l'épaule de Guilhem lui tapota la tête avant de lui adresser un sourire et une petite remarque : ''on dirait que tu as trouvé ta victime.''

« Agniès, viens ici. »

Le ton était sec et ne souffrait d'aucune discution. La demoiselle regarda brièvement dans la direction de son bourreau et, hésitante, elle revint en direction du bureau et rentra finalement. Sans lui laisser le temps de souffler et sa main formant un véritable étau autour de celle de la demoiselle, Guilhem la ramena dans leurs chambre dont il claqua la porte une seconde avant de la gifler.

La main sur la joue et les yeux pleins de larmes, Agniès le regardait avec un air perdu.

« Tu pense vraiment que tu avais besoin de te donner en spectacle maintenant ?!? »

Guilhem était furieux. La raison n'était pas claire même pour lui, mais il était véritablement furieux.

« Est-ce qu'il faut que je te garde enchaînée ou que je t'enferme quelque part pour que tu arrête de me causer des problèmes ?!? »

Il avait encore envie de la frapper, mais pour le moment, il se contentait de lui hurler dessus alors que le son des sanglots de la demoiselle l'inssuportait au plus haut point.

« ET ARRÊTE DE COUINER !!! »

Seule en tête à tête avec Goustan, Iseult tentait de se défaire de son emprise. Le frère de Guilhem était dans de beaux draps si par malheur la muette venait à divulguer la tentative de viole de la veille et sa relation avec l'épouse de son père. Elle était une menace pour lui aussi sans pour autant la faire disparaitre définitivement Goustan avait dans l'idée de la malmener un peu et de l'enfermer jusqu'au départ de Guilhem dans le but de faire croire qu'elle s'était enfuie.
Iseult se débattait et finalement quand elle fut à la renverse sur le bureau de frère ainé, elle attrappa un objet contondant de la main et le frappa avec. Cela suffit pour qu'il la lache immédiatement car la blessure qu'elle lui infligea à la tempe le fit saigner. La muette en profita pour se sauver par la fenêtre. Malheureusement pour elle, la porte était fermée et la seule issue était la fenêtre du bureau qui surplombait la cour intérieur d'au moins cinq ou six bons mètres.

La corniche n'était pas très épaise aussi si Iseult pouvait prendre la fuite par là, Goustan, lui ne pouvait pas tenter de la rattraper. Malheureusement au bout d'un moment la corniche s'arrêtait. Le pied de la muette fit tomber quelques pierres et les regards se levèrent vers la direction de la pluie de petits cailloux. Des cris de stupeur se firent entendre en voyant la maitresse de Guihlem prête à se jeter dans le vide.
Alors qu'on était parti prévenir le seigneur de Karras, Goustan lui avait rouvert la porte et tenter de soigner rapidement la blessure qu'elle lui avait infligée afin qu'on ne porte pas de soupçons sur lui. Rapidement Guilhem fut dans le bureau. Passant la tête par la fenêtre comme pour s'assurer qu'on ne lui avait pas menti, il put découvrir son amante dos contre le mur regardant vers le ciel sans doute par peur du vide. EN même temps à cette hauteur qui n'aurait pas peur?

La voix de Guilhem résonna alors lui intimant l'ordre de revenir. Elle était bloquée donc dans tous les cas, elle serait obligée de faire marche arrière. Si au début, elle sembla hésiter, elle finit par revenir. Le jeune seigneur lui empoigna la même et avant même que ni elle ni Goustan ne puissent faire quoique soit, il la traina vers sa chambre. Un premier claquement se fit entendre. Celui de la porte de la chambre. Ceux qui écoutaient aux portes purent entendre un second claquement. Celui de la giffle monumentale que Guilhem lui asséna.
Iseult porta alors sa main sur sa joue, à l'endroit exacte où il venait de la frapper. Les yeux pleins de larmes et le regard baissé, tétanisée par ce qu'il venait de faire, elle l'écouta hurler contre elle. Il était en colère sans doute encore plus que toute à l'heure. Il émit l'hypothès de la garder enchainée et enfermée si elle devait encore lui causer du soucis. Les sanglots de la demoiselle irritaient encore plus le seigneur qui lui hurla encore dessus lui demandant d'arrêter.

Iseult tenta de se calmer et d'arrêter ce hoquement spécifique aux sanglots. Elle était toujours debout face à lui à regarder le sol. Petit à petit, les sanglots cessèrent pour laisser place au silence. Elle n'avait pas bougé et demeurait toujours debout au milieu de la pièce. Les minutes passèrent et sans doute une ou deux heures également jusqu'à ce qu'on vienne frapper à la porte pour signifier au jeune seigneur que le repas était servi.
Guilhem partit manger seule, laissant son esclave dans la chambre qu'il ferma à clef de l'extérieur. Iseult était à présent seule dans la pièce. Elle réfléchit un moment et finalement, elle alla s'assoire derrière le petit bureau et commença à inscrire quelques phrases sur la tablette. Elle voulait lui expliquer ce qui s'était passé.

Je ne voulais pas vous donner du soucis. Je m'excuse. Mais sachez que si cela avait pu être autrement cela l'aurait été. Je cherchais à fuire votre frère pour plusieurs raisons. Ce dernier a tenté de me violer la veille. Il aurait sans doute réussi si on n'était pas venu me porter secours. Aujourd'hui encore, il a tenté d'abuser de moi devant vous. Je vous remercie sincèrement d'être intervenu sans quoi il aurait réussi sa sinitre entreprise.
Mais la raison pour laquelle j'étais au dessus du vide n'est pas étrangère à la tentative de la veille et à la scène dont j'ai été témoin tantôt. Votre frère a voulu me faire taire sans doute de peur que je vous dévoile ce qui va suivre. Sachez que je l'ai surpris en plein échange amoureux. Il embrassait votre....

La nuit était tombé, Iseult s'était endormie sur le bureau. Son message était entièrement rédigé. Quand Guilhem revint dans la chambre, il put découvrir la muette endormie. Sous sa main, la plaquette de cire avec de nombreuses lignes inscrites. Le seigneur n'avait aucune peine à lire ce qui était inscrit dessus ormis la fin de la dernière phrase qui était dissimulée par la main d'Iseult. Sous celle ci on pouvait y lire le nom de la personne.

votre belle mère.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Angiès semblait frappée du seau de la malchance ce jour là.avec tout les pépins qui lui étaient arrivé et qui n'étaient sans doute pas terminés, on aurait sans doute put croire que l'univers, dans sa grande comiquitude allait lui permettre de reprendre un petit avantage en dénonçant les méfaits de Goustan et de l'impitoyable et dévergondée belle mère. Mais si pour se qui était de la tentative de viol, Guilhem trouvait cela un petit peu gros, mais envisageable, ce n'était en revanche pas du tout e cas pour le reste. Cela lui paraissait une pure affabulation et avait plus tendance à l'énerve qu'autre chose.

Quant au reste du message... des excuses, encore des excuses et toujours des excuses. On aurait crut qu'elle ne savait plus rien faire d'autre que de demander pardon.

Dans l'après midi, il aurait aimé qu'elle fasse quelque chose. Il ne savait même pas se qu'il aurait aimé de sa part, mais sans le moindre doute, autre chose que le fait qu'elle reste plantée indéfiniment au milieu de la pièce à se retenir de pleurer.

Avec un certain mépris, Guilhem remis la tablette en place. Et alla se coucher sans prendre la peine d'amener Agniès dans le lit. Elle allait passer la nuit sur cette table, cela lui donnerait peut-être matière à réfléchir un petit peu lorsqu'elle se réveillerait.

Il avait envie de savoir se qu'elle allait faire lorsque, se réveillant, elle se rendrait compte que pour la première fois depuis qu'ils étaient devenus amant, il n'avait pas voulut partager son lit avec elle.

Curiosité malsaine? Sadisme? Oui, il y avait sans le moindre doute un peu de cela.

Guilhem avait lu les mots de la muette mais pour lui c'était sans doute trop gros à avaler. Des fois la vérité était peut être trop invraisemblabe pour que l'on puisse y croire et pourtant... Sans compter que cela le mettait de mauvais poils aussi il préféra laisser son amante là à dormir comme cela était le cas avant qu'elle ne devienne sa maitresse. La nuit passa et les deux jeunes gens dormirent chacun de leur côté.
Iseult se réveilla relativement tôt dans la matinée. Elle pensait que Guilhem n'était pas rentré mais le ronflement qu'elle entendit lui fit tourner la tête. Il était là à dormir tranquillement dans son lit. Elle comprit alors qu'il n'avait pas voulu d'elle cette nuit ce qui signifiait qu'il était en rogne contre elle. S'étirant un peu à cause des courbatures dues à la position dans laquelle elle avait passé la nuit, Iseult se leva dans le plus grand des silences.

Voulant se faire pardonner pour la veille, la muette s'éclipsa discrètement de la chambre en prenant bien soin de ne pas l'éveiller. Elle partit alors à la recherche des cuisines. Après quelques minutes à déambuler dans les couloirs, elle finit par tomber sur ce qu'elle recherchait. Quand elle poussa la porte, les regards des domestiques se tournèrent. Tous se demandèrent ce qu'elle venait faire là mais ils comprirent bien vite en la voyant faire qu'elle voulait préparer un petit déjeuner. Aussi, ils l'aidèrent, ce serait ça en moins à faire.
Une fois le plateau constitué, Iseult regagna la chambre de Guilhem. Il était toujours en train de dormir. Elle doutait que le seul fait d'apporter le petit déjeuné puisse faire passer la pillule de la veille aussi elle décida d'y apporter une petite touche qui elle espérait plairait à Guilhem. Posant le plateau sur le lit, la muette se déshabilla et laissa choir sa robe sur le sol. Grimpant alors sur le lit, elle effleura de la main le visage de son amant pour le réveiller en douceur.

Quand le seigneur de Karras commença à bouger, Iseult l'embrassa. Ce dernier finit par complètement se réveiller. Il put alors découvrir son amante nue, penchée sur lui, sans compter le plateau de petit déjeuné.

Si la journée de la veille avait quelque peu à désirer, il fallait être honnête, le room service en revanche était assez efficace. Surtout le service de réveil. Il était difficile d'imaginer quelque chose de plus doux que les lèvres de son amante pour vous inviter au réveil, puis, alors que vous vous apprêtez à grogner contre le fait qu'on vienne vous déranger alors que vous êtes dans un beau rêve, un corps aussi doux que chaud viens doucement se glisser contre vous.

Plus instinctivement que volontairement, les mains de Guilhem se posèrent sur les hanches de son amante. Il les connaissaient par cœur et les caressaient toujours avec plaisir.

Se fut avec un sourire aux lèvres que le seigneur de Karras ouvrit les yeux sur le visage toujours aussi agréable de son amante.

« Si c'est un rêve, pitié ne me réveillez pas, murmura le jeune homme avant de s'emparer des lèvres d'Agniès. »

Il ne s'excuserait jamais pour ses paroles et ses gestes de la veille. Cela c'était certain. Mais Guilhem pouvait passer l'éponge sur quelque chose qui s'était passé. Agniès voulait se faire pardonner se qui était arrivé hier et qui avait fortement contrarié Guilhem. Même si au fond, elle n'en était pas responsable, c'était ainsi que les choses fonctionnaient entre eux. Elle veillait toujours à canaliser ses colères, surtout si, même involontairement, elle en était la cause.

Et à ce moment précis, Guilhem souriait comme un bienheureux, ravis de la tournure que prenaient le choses. Agniès faisait enfin preuve d'initiative. C'était elle qui était venue le chercher ce matin, elle qui avait retiré sa robe. Pour une vois, il n'était acteur d'aucun de ces deux événements. Il espérait secrètement qu'elle allait continuer à prendre ce genre d'initiative alors que, ses mains sur les fesses de la demoiselle, il se délectait de ses lèvres.

Visiblement Guilhem apprécia de sentir les lèvres de la muette sur les siennes et son corps chaud au réveil. Il n'avait pas vraiment fait attention au petit déjeuné qui était déposé sur le lit. L'idée de la jeune femme avait fonctionné, aujourd'hui le seigneur de Karras serait de meilleur humeur que la veille. Les caresses et baisers continuèrent tendrement. C'était un bon début mais Iseult sentait que Guilhem en voulait plus.
Afin de ne pas renverser le contenu du plateau sur les draps du lit, Iseult le souleva et le posa par terre avant de se glisser sous les couvertures. Leur douce étreinte recommença. Iseult se plaça à califourchon sur son amant et se pencha une nouvelle fois pour l'embrasser. Par moment, elle s'amusait à éloigner sa bouche pour le voir lever la tête à la recherche des lèvres de sa belle. La muette souriait.

Une heure passa. Iseult avait pour la première fois pris les devant et s'était positionnée sur son amant pendant l'acte. Ce dernier avait donc le loisir de rester assez passif et de profiter de la vue. Il en avait même pleinement profiter, laissant à la muette le soin de faire tout le travail. A présent, leur ébat amoureux était fini. Cependant la demoiselle était toujours au dessus de lui, une jambe de part et d'autre de son bassin, à demi allongée sur lui, profitant de la chaleur de son corps.
Iseult reprennait paisiblement son souffle après cette longue chevauchée qui n'avait pas été de tout repos. Une demi heure passa durant laquelle, elle resta ainsi à profiter de ce moment de tendresse avant de se laisser rouler sur le coté jusqu'au rebord du lit et remonter le plateau qu'elle plaça entre eux deux. Bon le thé était froid à présent mais le reste était encore bon. Le plateau était garni de fruits, de pains, de confitures, de jus d'orange. Il y avait de quoi faire.

Trempant son index dans de la confiture de fraise, Iseult l'approcha ensuite de la bouche de son amant. Ils pouvaient toujours prendre ce petit déjeuné de façon ludique avant de recommencer. Après tout, il allait leur falloir des forces s'ils voulaient passer la matinée dans la chambre, en compagnie l'un de l'autre.

Guilhem caressait doucement les hanches et le dos de son amante. Il aurait été incapable de dire quel heure il était tout comme il n'était pas capable de dire si cela faisait longtemps qu'ils étaient dans cette position. Pour lui, la seule chose qui importait, c'était se qu'avait fait Agniès. Elle avait quitté sa passivité habituelle pour prendre les devant et les choses en mains. Il voyait difficilement se qu'elle aurait put faire de plus ou de mieux. C'était se qu'il attendait et avait espéré d'elle au fond. Bien sur, elle ne dirigerais pas toujours leurs ébats et restait une prisonnière qu'il enchaînait à leur lit tout les soirs. Mais elle faisait preuve d'initiative et c'était cela qui lui plaisait.

D'autant qu'il fallait être honnête. Si la demoiselle n'était pas mauvaise cavalière au dehors, elle était une exceptionnelle cavalière pour les jeux en chambre.

Et elle était toujours installée les jambes repliées de part et d'autre du bassin de son amant, reprenant son souffle la tête posée sur la poitrine de Guilhem à l'intérieur de laquelle le cœur de celui-ci battait fort.

Finalement, elle roula sur le côté pour aller chercher un plateau qu'elle avait posé à côté du lit lorsque leurs ébats avaient commencé. Pour être honnête, Guilhem n'y avait pas prêter la moindre attention, plus concentré sur un autre genre de fruit et de trésor dont il avait bien eu l'intention de se faire un festin.

Maintenant que cela était terminé, il devait bien avouer qu'il en avait l'appétit aiguisé et qu'il se sentait d'humeur à manger un cheval au complet. Il s'était d'ailleurs emparé d'un morceau de pain et d'un pichet de lait lorsqu'il remarqua l'étrange manège de son amante. Elle venait de plonger un indexe dans la confiture de fraise avant d'approcher celui-ci de lui. Tiens donc, elle avait encore envie de jouer ? Visiblement, c'était le cas. Restait à savoir où cela pouvait les mener.

Le seigneur prit doucement la main de son amante et, accueillant son doigt dans sa bouche, il y récupéra la confiture de fraise avec application avant de lui adresser un sourire sans pour autant rendre sa liberté à cette main.

« Tu es bien joueuse aujourd'hui. »

Il avait déjà remarqué cela, mais jamais de façon aussi poussée. Agniès n'était jamais aussi câline que lorsqu'elle avait quelque chose à se faire pardonner. Mais comme les autres fois, il entendait bien en profiter.

Il lâcha sa main et remonta en légères caresses le long de son bras pour effleurer sa joue avant que sa main ne redescende au creux de ses hanches.

Ignorant tout du contraceptif qu'elle prenait, il se demanda combien de temps encore se passerait ainsi avant que son ventre ne commence à s'arrondir et comment il réagirait alors. Il y eu un moment de réflexion dans l'esprit du seigneur qui ne dura que quelques instants avant d'aboutir à une conclusion claire. Il ne voulait pas la voir enceinte. Pas avant un moment en tout cas car cela aurait voulut dire qu'il devrait se priver d'elle et il n'en avait pas l'intention.

Il nota également qu'elle ne prenait plus la peine de cacher son corps lorsqu'il l'observait. Ce n'était pas quelque chose qui était particulièrement important au fond. Mais c'était un petit plus qui n'était pas pour lui déplaire.

Finalement, elle paraissait avoir de bonnes idées et faire des choses qui n'étaient pas pour lui déplaire. Guilhem, une main caressant toujours le creux de ses hanches, attendit de voir se qu'elle allait faire ensuite.

» Enfin au sec [Iseult]
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