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 Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]

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Timérion Adantar
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MessageSujet: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeJeu 28 Fév 2013 - 21:59

Spoiler:

Si il avait vu la lune se lever, cela faisait déjà une bonne heure que les nuages l'avaient bien vite cachée à sa vue perçante. Le vent soufflait en rafale ce soir, au point que le seul bruit perceptible à ses oreilles était le son des branche craquant, du bruissement des feuilles et du hurlement des bourrasques. L'air avait une odeur d'humidité, de celle qui précède les pluies torrentielles.

Comme prévu, il était descendu alors que les dernière lueur du soleil s'estompait. Dans l'ombre du crépuscule, il avait usé de tout ses talents pour passer inaperçu. L'affaire qui l'attirait au dehors des rues de Malereg n'était pas pour toutes les oreilles. Mais cet Adantar avait été trop loin et il apprendrait bien vite qu'on ne tournait pas le conseil en ridicule sans en subir les conséquences.

Il se souvenait de ce jour comme si il venait de quitter la salle du trône. Une fois l'élection achevée, tous avaient commencé à rassembler leurs affaires, un sourire avait même flotté sur ses lèvres à la pensé de cette être qu'il lui serait si facile à manipuler. Il s'était levé pour partir, la séance était normalement levée. Mais le nouveau Seigneur Protecteur n'avait pas esquissé un geste depuis qu'il avait pris place sur le trône taillé dans une souche de Laurenorn et sculpté d’entrelacs végétaux. Il avait hésité mais avant qu'il ne puisse se diriger vers la sortie comme plusieurs de ses comparses, Adantar s'était raclé la gorge bruyamment avant de reprendre la parole.

Il leur avait poliment mais sèchement rappelé que la séance ne serait levée que lorsqu'il le déciderait et qu'il avait encore une chose à ajouter. Et quelle chose! Ils s'étaient tous rassis et il avait commencé son discours, ou plutôt son sermon. De toute sa vie, Neglendir ne s'était jamais senti aussi mal à l'aise. Il avait même reconnu la sensation que l'on éprouve lorsqu'on rougit. Au délà du fait qu'il leur avait fait la leçon comme à de jeunes enfants ignorants, il les avait également convenablement trompés et dans les règles de l'art en plus. Il n'en revenait pas lui-même de sa naïveté, croire qu'un si éminent seigneur Elfe, qui avait passé près de mille ans au poste que Neglendir occupait désormais, serait aussi facile à berner.

C'était donc l'orgueil blessé et le sentiment d'être dans une très mauvaise posture qu'ils avaient quitté la salle du conseil ce jour-là. C'était un coup de maître pour Adantar, à n'en pas douter. D'un coté, il s'était attiré la sympathie des bois et, de l'autre, il s'était servi de leur décision comme d'un levier pour accroître son pouvoir et son influence. Celui qui n'était qu'un triste sire sortant du bois était vite devenu un Seigneur Protecteur à part entière... Trop vite à son goût.

Et c'est pour cela qu'il était là aujourd'hui, entrain de longer la rive ouest du lac Tindanen pour se rendre à un rendez-vous qui déciderait de beaucoup. Ce n'était pas dans ces habitudes d'aller à l'encontre d'un Protecteur, en soi, il en était même un peu honteux. C'est vrai qu'il s'agissait d'une forme de trahison. Mais parallèlement à cela, c'était une nécessité. Le vieux fou n'avait plus les épaules pour faire face à un tel fardeau, son chagrin était trop présent et ses lacunes concernant les deux derniers siècles n'en faisaient pas un guide digne de confiance.

Ils l'avaient élu en pensant gagner du pouvoir et c'est là où ils avaient trahi les leurs. Parce que leur pantin s'était révélé marionnettiste et qu'il était donc fort probable qu'ils aient placé un incompétent sur le trône de la cité. Et à cause de leurs dissensions et de la délicatesse de leur posture suite à l'élection, ils ne pouvaient espérer le démettre de ses fonctions par la voie classique. Il fallait donc essayé autre chose...

Après quelques minutes de marche, il fini par arriver dans la clairière mentionné par son homologue. Les feuilles mortes commençaient doucement à couvrir le sol et le vent ne semblait pas vouloir faiblir dans son vacarme. Il resserra les pans de son manteau gris qui cachait ses robes pourpre et ses cheveux flamboyant. Il était arrivé le premier, il ne lui restait plus qu'à attendre.

Il maudit intérieurement le retard de cet Elfe et espéra qu'il ne tarderait pas trop. Une première goute s'écrasa sur sa joue, lui donnant raison quant à son pressentiment: il rentrerait trempé dans ses appartement.


Dernière édition par Timérion Adantar le Mar 5 Mar 2013 - 13:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeVen 1 Mar 2013 - 20:42

      Les Nains avaient maintenant tous passé le mur de Termalion par une de ses brèches, sauf Karnor Long-Œil qui était chargé du guet ; ils étaient onze au total, et Dun Eyr ouvrait la marche. Les yeux du Haut-Prêtre dardaient un regard méfiant sur les larges arbres qui environnaient sa troupe par tous les côtés ; avec l’automne arrivant, les feuilles vertes et jaunes étaient tombées, et ne restaient plus que des feuilles de sang accrochées à leurs branches crochues comme des serres. Arrivé à cette profondeur dans la forêt, le Nain avait une certitude : jamais il n’aurait su mener ses guerriers jusqu’ici, si le chemin n’avait été déchiffré pour lui par l’Indicateur. Un sourire carnassier courut sur la face réjouie de Dun Eyr : le chaos menaçait dans l’Epine Dorée, et les montagnes allaient prendre leur revanche sur la forêt.

      A trente pas devant lui, il aperçut trois pierres du mur disposées pour imiter un grossier triangle ; le signe que les Nains cherchaient. Dun Eyr se retourna sur la dizaine de ses complices, masse informe dans la nuit, hérissée ça et là de quelques barbes, et il murmura ses ordres :

      « Darn, Kain, Borun et les trois frères Korri, suivez-mes pas ; Rind, Argor et Tolk, vers les chevaux ; Karnor, tu siffles à la moindre oreille-pointue. »

      Dun Eyr regarda l’équipée de ses Nains, et il eut confiance : c’étaient tous de bons combattants, et des Mogaristes dévoués ; Kain avait même reçu l’initiation de Lirgan. Pour faire effraction dans la Forêt Maudite d’Anaëh, le Haut-Prêtre n’aurait échangé aucun de ses compagnons contre un autre, quel qu’il soit.
      Alors que la troupe se séparait, le Haut-Prêtre fit passer une nouvelle fois, d’une oreille à l’autre, ses commandements pour la nuit :

      « La négociation d’abord ; sinon, les bêtes. »

      Suivi par sa colonne de six Nains, Dun Eyr marcha jusqu’aux pierres triangulaires. La lune peinait à passer le feuillage touffu de la forêt, mais à y jeter un regard, le Lirganique n’eut pas de doute que l’heure était la bonne ; jusqu’à ce point, les directives de l’Indicateur s’étaient révélées remarquablement exactes. Alors que le Nain s’apprêtait à rouvrir des rancœurs enterrées depuis longtemps, un air de contentement passa sur son visage tendu : peut-être qu’après tout, quand la guerre reviendrait entre les montagnes et les forêts, quelques Elfes sauraient se montrer de dignes ennemis.

      Le Nain n’avait pas posé son pied sur les trois pierres, qu’une grande silhouette filiforme émergeait de la pénombre : l’Indicateur avait tenu ses promesses, il s’était montré au rendez-vous. A voir émerger ainsi la forme d’un Elfe, quelques mains se crispèrent sur des manches de haches, parmi les six Nains ; mais Dun Eyr apaisa sa petite cohorte d’un geste de la main : cette oreille-pointue là avait rejoint leur bord ... du moins pour la nuit.
      Et d’autres Elfes le suivraient peut-être.

      « Voilà nos petits hommes, et à l’heure prévue, encore, soupira à mi-voix l’Indicateur en jetant une œillade à la lune..
— Les Nains n’ont qu’une parole,
rétorqua Dun Eyr en passant sur la surprise maligne dans la voix de l’Elfe ; et si les oreilles-pointues tiennent eux aussi leurs promesses, alors cette nuit pourrait être riche pour nous tous. »

      L’Indicateur avait un timbre sombre et marqué, très différent des voix claires de la plupart d’entre les siens. De cet Elfe qui s’apprêtait à poignarder la moitié de ses propres frères, Dun Eyr ne savait que l’indispensable : c’était un tempérament honnête — du moins aussi honnête que pouvait l’être un conspirateur et un traître — et qui n’avait pas hésité à plonger sa main dans le feu, à encourir le Jugement de Mogar pour prouver sa fierté ; et cela avait plus à Dun Eyr. Quant aux obscures raisons, qui poussaient un Elfe des cités à infiltrer des porteurs de hache jusque dans les frondaisons d’Anaëh, le Haut-Prêtre laissait cela aux rhéteurs des oreilles-pointues ; le Nain avait patiemment écouté le laïus de l’Indicateur sur la recrudescence des Elfes sauvageons, ceux qui quittaient la pierre pour le bois. Mais à son esprit de Nain, seul importait le résultat de ces haines alambiquées : certaines oreilles-pointues songeaient à demander l’appui des montagnes. Ca, et le coût en or et en topazes réclamé par le traître, étaient les seules questions dignes d’intérêt ; c’était une entente qui coûterait cher aux excavateurs d’Almia, certes — mais elle augurait pour Dun Eyr des bouleversements considérables dans l’écheveau des possibles.

      « Certains Elfes de la pierre pourraient bien rejoindre les montagnes cette nuit, petit homme, annonça l’Indicateur d’une voix doucereuse, ... à condition que les Nains puissent y mettre le prix que méritent nos intérêts.
— Les Nains n’ont qu’une parole,
se contenta de répondre sourdement Dun Eyr. »

      Cet Indicateur s’était révélé crucial jusqu’à présent, mais il lui prenait la manie de réclamer beaucoup d’or ; trop, à l’avis d’un Nain. Si les négociations nocturnes échouaient cette fois, Dun Eyr se promit de reprendre jusqu’à la dernière poussière de diamant qu’il aurait concédée à l’Elfe intrigant.

      « J’attends ton négociateur, l’oreille-pointue, murmura le Nain d’une voix égale.
— Il sera là dans un instant
, répondit l’Elfe sur le même ton tandis qu’il s’éloignait dans la forêt, disparaissant aux yeux des Nains restés embusqués aux environs du mur. »

      Dun Eyr profita du retrait de l’Indicateur, pour examiner les six Nains qui l’encadraient, lequel tapi sous un buisson, lequel évanoui dans un recoin d’ombre sans lune. Ni le Haut-Prêtre, ni aucun des fils de la montagne ici à l’affût, n’aurait un jour imaginé se faufiler dans les fourrés d’Anaëh pour négocier au cœur des intrigues des Elfes, avec certains et contre d’autres. Mais l’Indicateur avait parlé de temps qui changeaient, et d’oreilles-pointues résolues à tout pour défaire d’autres oreilles-pointues ; si Dun Eyr parvenait ce soir à s’insérer dans ces jeux de détestation, les Nains pourraient vite retrouver leur gloire guerrière. Pourtant, si tout n’était que vent et duperie ... le regard du Haut-Prêtre passa sur ses compagnons, et la salive manqua à sa gorge. Assaillis traîtreusement et de nuit, acculés de toutes parts par les griffes de la forêt, les Nains ne pourraient même pas répliquer à un coup avant de tous s’effondrer ; si une bataille éclatait, il faudrait prendre les chevaux et fuir vers la lisière. Et espérer retrouver la piste des cols du Nord.
      Un craquement feutré interrompit ses pensées virevoltantes. Voilà que l’Indicateur revenait d’entre les arbres, détendu comme s’il prenait une promenade nocturne ; mais cette fois, à ses côtés, s’allongeait une autre forme d’Elfe, la dégaine fière et le pas souple. Ce dernier jetait des regards aiguisés tout autour de lui, sur les recoins de la forêt et l’angle revêche des racines ; toute cette escapade nocturne exhalait vraisemblablement un parfum de souffre et de complot.
      Les deux oreilles-pointues passaient maintenant sous une grande flaque de clarté lunaire ; c’était le moment d’agir. Dun Eyr hésita l’ombre d’une seconde, scrutant avidement le visage austère du prétendu négociateur : ces traits fiers et durs, ce masque de déchéance encore vive, c’était donc là-dessus que se jouerait l’avenir des Nains ? Une bouffée d’air nocturne avalée en toute hâte, et Dun Eyr sortit de son recoin, seul et désarmé.

      Le face à face fut glacial ; là où Dun Eyr s’attendait à déceler de l’arrogance, de la moquerie, ou peut-être de l’appréhension, il ne trouva que le plus pure surprise sur le visage de l’Elfe. La barbe du Nain battit l’air comme sur un ressort : quelque chose n’allait pas, le beau mécanisme de ses plans s’était enrayé au premier tour de roue. Dans les buissons alentour, les autres Nains l’avaient eux aussi perçu : un doux frottement avertit Dun Eyr que les frères Korri apprêtaient leurs frondes.
      Enfin, le Haut-Prêtre voulait en avoir le cœur net : dévorant l’Elfe du regard, comme pour tenter de lire sur les rides de son front, le Nain murmura distinctement :

      « On m’a rapporté que les Elfes des cités accueilleraient chaleureusement les Nains des montagnes, si ceux-ci venaient leur prêter main-forte contre les sauvageons de la forêt. Dun Eyr est ici, et il t’écoute, Elfe, Intendant de l’Epine Dorée. »


Dernière édition par Dun Eyr le Sam 2 Mar 2013 - 0:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeVen 1 Mar 2013 - 23:18


Un frisson lui parcouru l'échine tant ces subterfuges et ces complots le glaçaient d'effroi. Mais il avait créé une situation délicate pour les siens, et il fallait qu'il les en sorte, c'était sa responsabilité en tant qu'Intendant. Et puis, il fallait bien avouer qu'il avait une forte envie de venger son amour propre si sournoisement blessé. Par chance, il semblait avoir trouvé des alliés dans cette tâche. Il espéra secrètement qu'ils auraient plus d'idée que lui sur la manière de mener ce projet.

Neglendir attendit patiemment, il devait être en avance. Finalement, un Elfe dans un manteau de velours noir à la capuche relevée qui masquait entièrement son visage sortit des fourrés. Il se déplaçait avec grâce et insouciance, comme si il avait été là pour discuter d'herboristerie. Intérieurement, Neglendir pensa qu'il devait se souvenir de ne jamais lui faire confiance, celui-ci aimait trop les ténèbres que pour être digne de confiance. Mais pour l'heure, il n'avait pas d'autre choix que de l'écouter et de le suivre. Il ôta son capuchon pour exposer sa chevelure rousse ornée de quelques perles, il montrait ainsi à l'autre sa bonne foi.

Son interlocuteur ne fit pas mine de vouloir rendre cette démonstration. Ce qui ne fit qu'accroître le doute de l'Intendant. Il commença à réfléchir pour savoir qui dans le conseil pouvait être cet Elfe. Le détaillant veinement à la recherche d'un indice quelconque, il remarque que sa main droite était entouré d'un bandage de coton qui n'avait pas été pleinement serré. De sa formation d'herboriste, Neglendir savait que ce genre de bandage convenait aux brûlures. Et à voir la raideur des doigts, il devait s'agir d'une belle blessure. Mais il fut bien vite arraché à ses pensées par la voix de l'inconnu qui s'éleva dans un murmure à peine audible.

"Une étoile brille sur notre rencontre, Intendant. Enfin, même si il semblerait que les astres nocturnes ne nous ait pas gratifié de leur lumière ce soir... Vous êtes à l'heure, je n'en espérais pas tant..."

Le timbre de sa voix était étonnamment lugubre. Pas tant triste ou inquiétant, c'était juste un timbre qui faisait froid dans le dos. Il soupçonna une illusion, et se maudit aussitôt de ne pas y avoir pensé. Après tout, on n'était jamais trop prudent, mais lui avait manqué à ce précepte. dégageait une forme de jubilation dans le complot qui renforça le sentiment premier de Neglendir. Mais il ne s'arrêta pas à cela et répondit à son interlocuteur, après tout, la politesse était là malgré tout. Il dut cependant s'y reprendre à deux fois et remettre son capuchon, à cause de l'averse torrentielle qui venait soudainement d'éclater.

"Êl síla erin lû e-govaned vîn. Pour qui me prenez-vous? Je suis toujours ponctuel."

"Oui, je me le suis laissé dire... Venez, allons rejoindre les autres, il ne faudrait pas les laisser attendre. Et la route est encore longue..."

Il s'avança vers le Nord, Neglendir le suivit en laissant cependant une distance de sécurité au cas où. il vérifia au passage que sa dague coulissait bien dans son fourreau, plus pour se rassurer qu'autre chose. L'inconnu le mena à deux chevaux, certes pas les meilleurs, mais de bonnes montures tout de même, qui paissait tranquillement un peu plus loin.

Sans dire un mot, l'autre lui tendit les rennes d'une jugement au poil brun uniforme qui passerait probablement inaperçue à qui ne la cherchait pas. L'Intendant l'enfourcha et suivit son compagnon d'infortune plus avant vers le Nord. Au bout de quelques heures, il s'arrêtèrent enfin. L'elfe vêtu de noir lui fit signe d'attendre et s'avança vers l'Est. Il devait se trouver près du mur de Termalion à en juger par l'allure et le temps de chevauchée. Pour la première fois, l'Intendant se demanda pourquoi prendre tant de précautions. Il y avait anguille sous roche et il n'aimait pas ça...

Il perçut des chuchotement derrière les fourrés, trop ténus cependant pour qu'il puisse en distinguer le sens. Au bout de quelques minutes qui lui semblèrent interminable, l'Elfe sombre finit par revenir et acquiesça, signe que Neglendir pouvait avancer. Un hennissement lui apprit au passage qu'ils n'étaient pas loin d'une clairière à chevaux, comme il en existait de nombreuse dans l'Ouest du Protectorat.

Une fois passé les buissons, il avisa les trois pierres placées un triangle grossier. Comme il l'avait pensé, il ne devait pas être loin du mur de Termalion. Il se tint bien droit dans la lumière de lune qui était réapparue depuis une petite demi-heure, mais qui ne tarderai pas à disparaître de nouveau. Il était trempé jusqu'aux os, mais il devait ne rien montrer de son mécontentement ou de son malaise. Une silhouette avança également dans la lumière du clair de lune... un nain...

Un nain?! Neglendir avait beau s'étre préparé pour ce conseil particulier, il sentit malgré lui son étonnement se peindre sur ses traits. Il jeta un coup d'oeil à l'Elfe en noir, toujours parfaitement détendu, avant de reporter son attention sur le nain. A voir le scepticisme que montrait le nain quant à sa réaction, il comprit que ce n'était pas nécessairement prévu pour lui non plus.

« On m’a rapporté que les Elfes des cités accueilleraient chaleureusement les Nains des montagnes, si ceux—ci venaient leur prêter main-forte contre les sauvageons de la forêt. Dun Eyr est ici, et il t’écoute, Elfe, Intendant de l’Epine Dorée. »

Neglendir se ressaisi, il fallait qu'il se ressaisisse. Il était sans doute à une lieu du prochain groupe d'Elfe. Il y avait peut-être des éleveurs avec les chevaux, mais rien n'était moins sûr. Quant aux Elfes de Bois... La peste les emporte avec leurs maudites cérémonies et leur nomadisme! Il n'était jamais là quand il fallait, et étaient surtout présents lorsqu'il ne fallait pas d'ailleurs. Il devait gagner du temps histoire de trouver un moyen de se sortir de là. Ce n'était certainement pas cet Elfe félon qui allait l'aider, il en aurait mis sa main à couper.

"Oui, bien sûr, c'est juste que je n'ai pas vraiment été prévenu de votre venue. Disons que je m'attendais bien à rencontrer quelqu'un... Mais je pensais à quelqu'un d'autre. Cependant, j'ai cru comprendre que nous étions ici pour des desseins communs. Vous pouvez peut-être m'éclairer sur les vôtres?"

C'était le politicien qui reprenait le dessus. Il savait toujours retrouver son sang-froid quand on lui laissait l'occasion de jouer sur son terrain favoris: l'éloquence. Mais à coté de ces platitudes, Neglendir tentait désespérément de trouver une solution à ce pétrin. Le nain était désarmé, mais au faible bruit qu'il avait cru entendre, il était presque sûr qu'il y en avait d'autres caché alentour. L'autre, lui, semblait tout à fait à l'aise. Et là, la vérité apparu à l'Intendant. Qui qu'il fut, cet Elfe était la plus grande menace qu'il y avait dans cette clairière, plus grande qu'aucune arme naine ne pouvait l'être. Il se demanda si le Nain qui lui faisait face en était conscient...
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeSam 2 Mar 2013 - 15:00

      Ce nouvel oreilles-pointues parlait décidément bien et beaucoup ; trop et trop vite, auraient dit les Nains. Insensiblement huché sur un petit rocher moussu qui lui donnait plus d’aplomb, Dun Eyr tentait de toiser les deux Elfes plus ou moins encapuchonnés qui lui faisaient désormais face. Le premier, l’Indicateur, arborait un impassible masque de quiétude pour tout visage ; et le second, l’Intendant Neglendir, ne présentait pas la figure qu’il aurait dû afficher à cette étape des dialogues. Retranché derrière sa barbe d’argent, Dun Eyr affectait de dominer la situation ; mais pour combien de temps encore ?

      Alors que les apparences affectaient de rester les mêmes, la position des Nains s’était insensiblement dégradée depuis quelques instants : les lourds nuages nocturnes avaient craqué au-dessus de leurs têtes, et une pluie battante avait roulé à feu nourri sur la forêt ; embusqués dans des fourrés désormais inondés, les Nains aux surcots détrempés devaient se retenir d’éternuer — mais Dun Eyr percevait des reniflements coupables de ci de là, et la pluie allait finir par triompher de leur traquenard silencieux. Dans le ciel d’encre, la lune était mangée par les embruns ; et les frères Korri, tapis sous les buissons, ne pouvaient plus même distinguer suffisamment les silhouettes des négociateurs pour armer leurs frondes. Enfin, trônant au milieu de la clairière, il y avait cet Intendant novice du complot, et qui ne découvrait qu’à cet instant que c’était avec des Nains qu’il était entré en affaires.

      « Tu pensais à quelqu’un d’autre, Elfe ? lança Dun Eyr d’une voix qu’il voulait détachée

      Les arbres lui en renvoyèrent un étrange écho.
      Dun Eyr tentait de jauger Neglendir du regard ; mais le Nain avait perdu l’habitude de ces tours de l’esprit. Des dernières saisons qui s’étaient écoulées, le Haut-Prêtre n’avait mené la traque qu’à la vermine Gobeline, contre laquelle seul l’anéantissement prévalait. A peine une fois, un chef Gobelin avait-il voulu articuler quelques mots de langue commune ; mais la poix brûlante déversée par les Nains lui avait rongé la langue avait qu’on en ait eu saisi le sens. Aussi, pour qui purifiait indistinctement les galeries par le feu et l’acier, les palabres et les alambics n’étaient plus une pratique fréquente de Dun Eyr ; les Gobelins ne maniaient pas le byzantinisme.
      Les yeux en alerte, le Haut-Prêtre faisait valser son attention de l’un à l’autre des deux Elfes, tentant de humer des soupçons de peur ; mais la pluie avait noyé sa barbe, et ce précieux outil de Nain ne lui était plus d’aucun secours. La main de Dun Eyr se crispa alors sur le baudrier vide passé en travers de son dos ; fou qui croyait paraître désarmé devant les Elfes pour apaiser la rencontre. Dans un fossé sur la droite, le Haut-Prêtre entraperçut un éclat d’argent au milieu des racines ; Kain avait tiré sa dague du fourreau. L’idée d’un piège autour de leur piège frappa l’esprit du Lirganique ; si d’autres Elfes s’étaient embusqués dans l’ombre des Nains, les fils de la montagne seraient décimés avant même d’avoir pu discerner si la mort leur était dispensée par des elfes des cités ou des forêts.

      « Et qui pensais-tu trouver dans cette clairière, Intendant de l’Epine Dorée, hormis moi ? reprit Dun Eyr ; son timbre était devenu rocailleux. »

      Le Nain commençait à redouter l’issue de toute cette aventure : d’une façon ou d’une autre, ces deux Elfes avançaient à demi-mots. Le Haut-Prêtre avait-il réellement cru pouvoir s’entendre avec les oreilles-pointues ? Cela apparaissait aujourd’hui comme une folie — et une folie qui avait jeté onze Nains dans les griffes décharnées d’Anaëh. Le Haut-Prêtre devait tirer ses compagnons de ce piège ; une batterie d’échappatoires traversa son esprit en alerte, et Dun Eyr choisit finalement de s’en remettre au jugement des dieux.

      « Nous sommes les Nains d’Almia, la cité rouge, sous la bénédiction de Mogar, le dieu brûleur. Étends ton bras, l’Elfe. »

      Dans la paume gauche du Nain avait surgi une flamme d’un bleu intense, si pâle qu’elle ne projetait qu’un maigre halo de lumière sur les arbres alentour ; la présence du feu au milieu de toute cette forêt rebelle provoquait comme une vague de soulagement parmi les Nains, voilà qu’ils retrouvaient un élément familier dans ces contrées sauvages.

      « Mogar va bénir tes paroles par le feu, lança Dun Eyr à demi-voix ; alors nous pourrons parler de ceux qui se terrent dans les bois. »

      Depuis les fourrés, quelques froissements avertirent le Haut-Prêtre que les trois Korri avaient de nouveau saisi leurs frondes ; filtrant depuis le poing de Dun Eyr, les lueur d’un bleu acier leur donnait assez de clarté pour distinguer le visage de Neglendir.
      Le souffle du Haut-Prêtre se fit moins court dans sa poitrine ; il lui semblait que Lirgan inclinait à présent la balance des possibles en faveur des Nains.
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Timérion Adantar
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeSam 2 Mar 2013 - 18:46


Les nuages recouvrir à nouveau le ciel et le déluge recommença. Mais cette fois, les embruns et la bruine avait remplacé les projectiles liquide. Une buée tombait sans discontinuer, mouillant toute surface en un rien de temps, s'infiltrant dans les tissus et dégoulinant sur le visage des êtres ici rassemblés. Il avait repéré sept nain, mais il ne doutait pas qu'il y en ai plus. Et ce temps qui était entrain de brouiller le peu de piste qu'il avait laissé. Il maudit cette volonté de rester indétectable qui avait été sa lubie depuis qu'il avait quitté Malereg. Désormais il pouvait mesurer son erreur, mais il ne doutait pas qu'il aurait encore plus d'une raison de le penser.

La pensée que tout compte fait, il n'était peut-être pas apte à juger la capacité du Seigneur Protecteur à régner, à voir comment il avait réussi à se jeter tête baissée dans ce piège. Et pourtant, il se voyait comme un chêne millénaire dans une clairière!

« Tu pensais à quelqu’un d’autre, Elfe ? »

Une question rhétorique, naturellement, il n'attendait pas de réponse... Ou en tout cas, Neglendir l'espérait, parce qu'il ne savait absolument pas quoi y répondre. Il voyait mal dire au Nain qu'il pensait assister à une réunion entre "oreilles pointues" comme il les appelait. Et ce foutu contact qui ne daignait pas le sortir de ce pétrin. Au passage, il compta un huitième nain quand il décela un éclat argenté à la limite de son champ de vision. Par chance, il ne dut pas donner de réponse parce que le Nain embraya de suite.

« Et qui pensais-tu trouver dans cette clairière, Intendant de l’Epine Dorée, hormis moi ? »

"Je ne sais, noble nain. On m'a introduit ici en me disant que j'y rencontrerai des gens qui pourraient m'aider dans mon projet. A priori, je m'attendais plutôt à des Elfes..."

Si le Nain entendit, il ne sembla pas en tenir compte. A voir son air, l'Intendant savait qu'il ne lui faisait pas confiance. Ca sentait le roussi pour Neglendir. Et ça n'allait pas s'arranger si le Nain lui demandait de...

« Nous sommes les Nains d’Almia, la cité rouge, sous la bénédiction de Mogar, le dieu brûleur. Étends ton bras, l’Elfe. »

... le soumettre à une épreuve du feu. Neglendir déglutit, ce n'était peut-être pas l'intention du Nain, mais il y avait peu de chance que ce soit autre chose. Il maudit intérieurement les Mogarites et leur coutume barbare, et découvrit son avant-bras. Ce n'était pas le moment de mettre le Nain en colère, il pourrait toujours réagir par la suite si il s'agissait de ce qu'il pensait.

Lorsque le Nain fit danser une flamme bleue d'une pureté douloureuse dans sa paume, Neglendir ne put retenir son réflexe. Il se tourna d'un air consterné vers l'autre Elfe, regarda son bras puis la flamme avant de revenir à son visage sur lequel flotta léger sourire un instant. La flamme grésilla au contact de la bruine qui s'évaporait déjà à un demi pied de des langues bleue qui dansaient paresseusement au dessus de la main du Mogarite.

Il savait maintenant clairement comment les Nains étaient arrivés jusqu'ici. Pourquoi ils avaient fait confiance à leur Indicateur. Et surtout, pourquoi la main de l'Elfe en noir était si raide. Le feu avait sans doute du brûler une partie non négligeable de la peau au troisième degré. Peut-être avait-il même commencé à ronger les chaires. Neglendir refusait de se voir mêlé à cela. Il décida que cette réunion avait dépassé le cadre de l'acceptable. Désormais, il s'agissait de trahir le Protectorat et plus cet Adantar. il le maudit au passage, sans lui, rien de tout cela ne serait arrivé.

Avant d'en venir à une dernière solution extrême, il s'adressa à son contact Elfe pour demander des explications. Avec un peu de chance, cela lui donnerait le temps de trouver une solution. Avec un miracle, il pouvait peut-être retourner la suspicion des Nains sur lui. Mais il avait passé l'épreuve du feu, c'était carrément impossible que les nains en viennent à le soupçonner... Ou en tout cas, pas par les paroles que l'Intendant pouvait invoquer.

"Dites moi, frère Elfe. Avant d'aller plus avant dans cet échange... Pourquoi cette rencontre avec nos voisins du Nord? Que viennent-ils faire dans l'affaire qui nous occupe? Et pourquoi diable nous avez vous fait courir le risque à tous d'une rencontre aussi en avant dans le territoire?"

Son ton avait été prudent au départ, gardant à l'esprit le possible pouvoir de son interlocuteur. Mais bien vite, il avait laissé sa frustration et sa colère prendre légèrement le dessus. La note et le changement était subtile mais il savait bien que l'autre n'avait pu manquer le ton un peu plus dur qui accompagnait la dernière question. Il était temps que ce faux-frère soit un peu mêlé à cette situation délicate.

A cette tirade, il le vit juste sourire... d'un sourire qui faisait plus penser à celui du loup découvrant un agneau égaré que celui, bienveillant, d'un allié venant au secours d'un frère. Neglendir frissonna, il n'avait peut-être pas jouer sa meilleure carte tout compte fait... Le feu aurait peut-être été préférable. Mais sa fierté l'empêcha de reculer et sa loyauté lui interdisait de s'abaisser à pactiser avec un ennemi potentiel.
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeDim 3 Mar 2013 - 4:22

      La joie passagère du Nain était à présent retombée, et un nouvel air sombre obscurcissait son visage : Mogar n’avait pas pu prononcer son jugement, Neglendir s’était dérobé avant l’ordalie. Si le Nain avait compté sur le dieu brûleur pour purifier cette rencontre de tous ses faux-semblants, il devait se rendre maintenant à l’évidence : pour ce soir, il lui faudrait trouver seul le chemin tortueux pour s’extirper hors de ce mauvais pas. Entre les doigts de Dun Eyr, la flamme bleutée pâlit, puis s’évanouit tout à fait ; les ténèbres de la nuit sans lune retombèrent sur leur étrange scène, et le Nain s’absorba dans des pensées inquiètes et rapides.

      Pendant que le Nain réfléchissait, les Elfes parlaient ; ou plutôt, l’un parlait et l’autre écoutait sans mot dire. Neglendir était assurément un excellent rhéteur, mais l’inquiétude commençait à faire flancher son éloquence ; sa voix chevrotait légèrement au détour des phrases. Dun Eyr ne pouvait le blâmer : son angoisse à lui était telle que de lourdes gouttes de sueur perlaient depuis son front, ou dans sa gorge, et venaient rouler jusque sous sa bure déjà détrempée par la pluie. Alentour, dans les fourrés, les autres Nains eux aussi laissaient échapper qui un chuintement, qui un grognement : le Haut-Prêtre pouvait presque sentir les doigts moites des trois frères Korri serrés fiévreusement autour de leurs frondes. Il y avait d’ailleurs tout à parier que l’Intendant, lui aussi, avait déjà débusqué du regard la plupart des compagnons de Dun Eyr ; même un Humain des plaines aurait repéré, au vacarme qu’ils faisaient, ces infortunés piégeurs devenus piégés.

      L’embuscade éventée, plus rien ne retenait le Haut-Prêtre de révéler ses Nains ; Dun Eyr lança un long sifflement dans l’air, semblable à celui d’un oiseau de nuit, et qui roula loin sous les frondaisons.

      « Darn, Borun ! Kazhunki, got ! (*)... ordonna le Nain dans la langue de son peuple. »

      Deux Nains bondirent hors des fourrés, et s’en furent vers la brèche dans le mur de Termalion, par où ils avaient pénétré plus avant dans l'Épine Dorée quelques heures plus tôt ; de l’autre côté de ces pierres, par une autre fissure, les trois Nains missionnés par Dun Eyr devaient avoir eu le temps de repérer un enclos de chevaux. Il ne leur restait plus qu’à faire main-basse sur ces montures de prix, et cinq Nains sauraient venir à bout de quelques oreilles-pointues en faction dans une clairière. Le Haut-Prêtre espérait simplement que les montures seraient vite apportées et apprêtées pour la fuite ; car le Lirganique pressentait qu’ils ne quitteraient pas ces palabres d’un pas lent, mais à bride abattue — et les mains probablement tentées de rouge.

      « L’Indicateur, lança soudain le Nain en langue commune cette fois, les yeux à présent levés vers l’étrange silhouette encapuchonnée, qu’est-ce que cet oreilles-pointues que tu m’as apporté ? »

      Le mystérieux intermédiaire de leur rencontre demeurait excessivement muet : c’étaient pourtant ses propres intérêts qui périclitaient si l’Elfe et le Nain ne trouvaient pas d’attente. Ou au moins, en endurci des complots envenimés, aurait-il dû s’alarmer et chercher une échappatoire sûre pour sauver sa peau. Mais rien de tout cela n’agitait son visage que le Nain devinait calme comme l’océan ; sous les ténèbres de son capuchon, le souffle de l’intrigant ne s’était même pas accéléré.

      « Tu sais que la forêt n’est pas l’amie des Nains, l’Indicateur, reprit Dun Eyr, et que nous ne bravons pas l’Anaëh en vain. L’alliance entre les Elfes et la montagne a vécu, mais je ne repartirai pas sans arracher à cette rencontre ce qu'elle a de plus précieux. »

      Dun Eyr brandit à nouveau le poing, et la lumière bleue reparut entre ses doigts ; mais c’était maintenant vers l’Elfe encapuchonné que le Haut-Prêtre déployait sa menace, et des étincelles hargneuses venaient danser tout autour de son bras court. Ce serait un nouveau jugement, mais aux balances grossièrement faussées dès le premier instant.

      « Explique-moi comment tu as dupé l’ordalie de Mogar, l’Indicateur, menaça le Nain ; explique-moi comment tu as menti aux dieux. »


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeLun 4 Mar 2013 - 10:40


« Explique-moi comment tu as dupé l’ordalie de Mogar, l’Indicateur. Explique-moi comment tu as menti aux dieux. »

Neglendir était assez satisfait de ce retournement de situation. Ce n'était plus lui qui se voyait mis sur la sellette mais ce mystérieux Elfe qui ne semblait avoir à coeur que ces intérêts personnels, quels qu'ils fussent. Finalement, cette rencontre avec les nains pourrait peut-être donner quelque chose de bon, même si tout à fait imprévisible. Mais en attendant, il reporta son attention sur celui qui était désormais un ennemi. A tout moment, il pouvait utiliser l'arme qui le rendait si confiant et serein. L'Intendant se prépara à dégainer sa dague. Une arme tournée en dérision par bien des combattant, mais au bout de plusieurs siècle d'entrainement, elle faisait autant de dégât entre ses mains qu'une épée.

"Mais, Prêtre, vous avez déjà devant vous ce que cette rencontre a de plus précieux. Puisqu'aucun accord ne semble vouloir être conclu, il semblerait que ce soit l'Intendant qui constitue ma part du marché. Le deuxième Elfe le plus influent de la cité de Malereg. Je pense que vous saurez en retirer plus que ce que vous avez investit..."

Le coeur de l'Intendant rata un battement. Pendant un instant, il se demanda si il avait bien entendu. Puis il alla jusqu'à douter de la réalité de tout cela. Mais il devait se rendre à l'évidence, il avait été piégé. Les Nains allaient le capturer, c'était certain. Ils ne repartiraient pas bredouille et il était la seule chose qui pouvait contenter leur cupidité. Même si l'affirmation de l'Elfe était inexacte, ça n'avait aucune importance, les Nains ne pouvaient pas en savoir long à ce sujet et il ne servait à rien qu'il se défende. L'Elfe continua cependant sa tirade pendant que l'intendant profitait de ce moment de répit pour préparer son plan d'assaut. Il y avait sept Nains, deux frondes apparemment, deux nains venaient de partir vers une clairière, apparemment non gardée au vu de l'absence de bruit...

"Je n'ai nullement trahi Calimenthar en jurant que vous en retireriez de plus grands avantages si vous me faisiez confiance et me laissiez organiser cette rencontre. Il est déplorable que cela doive se terminer ainsi j'en suis conscient, mais je ne vois pas d'autre solution..."

Il dégaina sa dague vif comme l'éclair et plongea vers l'Elfe encapuchoné. Ce traître ne nuirait plus à Malereg, ce serait la seule certitude qu'il emporterait dans la mort. Il évita une première pierre, puis une seconde. Ces Nains étaient décidément habile, même par temps de pluie, mais il avait anticiper le coup. Il vit la bouche de son adversaire se tordre dans un rictus malveillant. Pendant un instant il cru apercevoir une lueur verte fantomatique luire dans l'ombre de son capuchon, là où devait se trouver ses yeux.

Et puis, ce fut le choc. Une troisième pierre l'atteignit à la tempe et il s'effondra, assommé sur le sol. Il y avait donc trois frondes. Il venait de commettre sa dernière erreur. Il partirait donc seul. Sa dernière pensée avant de sombrer dans l'inconscience fut pour le Seigneur Protecteur qui allait devoir gérer un crise avec la Nanie en voyant son pouvoir affaibli. Sa dernière pensée fut celle de son erreur et de son échec... Ensuite vint la nuit...

Loin de sa conscience, la discussion continua.

"Il semblerait que vous n'ayez plus d'autre choix Dun Eyr. Si vous le laissez là, les miens le trouveront et ils vous accuseront sans douter un instant. Pire, il pourrait même le soigner et il parlera. Il vous reste deux choix. L'achever ou l'emmener... Naturellement la deuxième proposition représenterait un retour sur investissement des plus avantageux..."
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu]   Du sel sur les cicatrices: échappée nocturne [Résolu] I_icon_minitimeMar 5 Mar 2013 - 2:56

      Un instant plus tôt, le Moqueur jouait encore à faire osciller la balance des animosités au bout de ses doigts d’arlequin ; et la seconde suivante, le couperet de Mogar s’était abattu sur l’étrange rencontre, et avait balayé les possibles d’un seul mot : combat. Se sentant soudain impuissant, le Lirganique aperçut la dague de l’Intendant élevée à bout de bras, puis les Korri firent siffler leurs pierres ; lorsque trois des meilleurs frondeurs d’Almia libéraient leurs projectiles en un instant, même le plus contorsionniste des elfes ne pouvait échapper à toutes les trois. Dun Eyr n’avait pas encore réalisé l’échec des tractations, que l’Indicateur pointait devant lui le corps évanoui de Neglendir. Dans le poing du Nain, la flamme bleutée mourut une nouvelle fois ; depuis sa tempe, là où la pierre avait heurté l’Intendant, un filet de sang clair coulait jusqu’à son cou.

      Alors seulement, le Nain s’aperçut que l’Indicateur lui parlait :

      « Il vous reste deux choix, énonçait l’Elfe de son timbre funeste. L’achever ou l’emmener... »

      De longs instants s’écoulèrent encore avant que le Haut-Prêtre, enfin, n’eut une réaction : il fronça ses sourcils d’argent. En lui, tout à la fois le Nain, le chef de guerre, et l’apôtre de Lirgan, se rebellaient contre la voie sauvage qu’empruntait l’Indicateur pour imposer ses vœux au peuple des montagnes. Dans les yeux de Dun Eyr, sombres comme le basalte, passa une ombre de détestation ; de ses manières à sa mise, et jusqu’à l’arrogance de son ton, le Nain n’aimait pas cet Elfe encapuchonné et comme ruisselant d’énigmes douteuses.

      « Vos querelles sont complexes, Elfes, décalara soudain Dun Eyr après un long silence réfléchi ; voilà qu’un longues-oreilles veut vendre un autre longues-oreilles, et à des Nains encore ! »

      Pour qui connaissait Dun Eyr, il n’était pas amusé ; cet Indicateur — Lirgan le maudisse ! — avait propulsé les Nains d’Almia dans une position critique, et cette nuit serait longue encore pour eux. Certains fils des montages pourraient même perdre la vie dans toute cette échappée déraisonnable, qui n’aurait dû comporter pour tout risque que d’être bousculé par les destriers qu’on enlevait ; et la reconquête de la cité ne pouvait pas se permettre d’y laisser des vies qui lui étaient précieuses. Pour cela, l’Indicateur paierait.

      « Laissons cette querelle des forêts, reprit Dun Eyr, être tranchée par l’impartial jugement des Hommes. »

      Comme s’il avait attendu ces quelques mots, Kain l’Initié, à deux pas à peine derrière Dun Eyr, s’avança et lui présenta une très longue épée. A n’en pas douter, c’était là une lame humaine, car aucun Nain n’aurait su manier normalement une telle flamberge ; mais c’était pourtant l’arme du Haut-Prêtre, et le baudrier d’Homme passé en travers de son dos le confirmait.

      « L’Indicateur, voici la lame de Kastelord, lança Dun Eyr en faisant jouer l’équilibre de l’épée sur le bout d’un seul doigt, une arme qui m’a été confiée par le Baron Hanegard d’Alonna, et dont j’ai promis de ne faire usage que pour le salut des Nains d’Almia. »

      Sans autre forme d’introduction, le Nain retourna soudain ll'arme et, l’empoignant à pleines mains par la lame, il en abattit la garde ouvragée en travers du capuchon impénétrable ; l’Indicateur s’en alla rejoindre l’Intendant aux pieds de Dun Eyr, tombant sur le sol dans un bruit mou. Sur n’importe quel Elfe, une telle frappe aurait fait voler en éclats la mâchoire sans laisser de place au hasard ; mais qui pouvait dire quelle étrange complexion était dissimulée sous la capeline gorgée d’ombres ?
      A présent, les mains de Dun Eyr saignaient elles aussi ; la lame lui avait largement entaillé les deux paumes, mais rien de suffisamment profond pour inquiéter celui qui avait déjà survécu à l’assaut d’un Holwerm au plus profond des Montagnes. Le Nain rengaina l’arme en travers de son dos, et cracha dans ses paumes pour en laver le sang et la sueur.
      Un coup d’œil à la scène, et le Haut-Prêtre comprit qu’il fallait agir vite. Aux trois Korri, il ordonna :

      « Nous emportons l’Intendant Neglendir, et vite ! »

      Une dernière œillade jetée à l’Indicateur, ramassé en boule sur un lit d’humus, et Dun Eyr détourna vite le regard ; l’heure n’était pas à combattre d’étranges sorciers, ou des bêtes plus noires encore... car le Nain n’avait pas su arracher de cet encapuchonné-là comment il faussait des épreuves divines. Se mordant les joues à la limite du sang, et se maudissant d’avance pour un geste qu’Almia aurait peut-être à regretter dans quelques saisons, Dun Eyr décida de laisser vivant cet être à l’âme sombre.

      « Aux chevaux, maintenant ! »

      Les cinq Nains se mirent à courir vers le Nord, du moins aussi vite que le long corps de l’Intendant le permettait aux trois Korri ; et la petite troupe fut bientôt en vue, à nouveau, du mur de Termalion. Là les attendait l’autre moitié des Nains d’Almia, montés chacun sur une monture d’Elfe, et entourés d’une vingtaine encore de ces destriers de l’Epine Dorée.

      « Rind ! Argor, et toi, Tolk ! lança Dun Eyr quand il fut à proximité de ses frères, Lirgan a-t-il été plus favorable pour vous ? »

      Aucun des Nains ne répondit ; d’un simple regard jeté à leurs haches et lames, Dun Eyr comprit l’essentiel : les tranchants étaient tous rougis d’un clair sang d’Elfe. Alors, les chevaux étaient finalement gardés cette nuit aussi...

      « Peu importe, pour maintenant, grogna Dun Eyr. En route, les Elfes seront sur nous avant l’aube ! »

      Le Haut-Prêtre bondit sur un étalon, fit ligoter le corps de Neglendir sur l’encolure d’une autre bête ; puis il talonna sa monture, et la harde s’ébranla vers le Nord. La piste vers les cols était très incertaine pour les Nains, ils auraient dû avoir l’Indicateur pour les guider ; mais les chevaux avaient, eux, l’habitude des bois, et ils savaient tenir une bonne allure au travers des fourrés hérissés d’épines.

      La mine sombre, Dun Eyr ruminait les nombreuses leçons de cette nuit ; entre ses pensées tourbillonnantes, il jetait souvent un regard derrière lui, à l’Intendant inanimé et balloté par la course. Sa blessure au front avait taché de quelques gouttes la robe claire de la monture qui le portait.

      Le Nain n’avait pour l’heure qu’une certitude : l’aventure de l’Elfe rapté par les Nains n’en était qu’à ses balbutiements...
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