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 Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]

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Dun Eyr
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MessageSujet: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeVen 8 Mar 2013 - 21:35

Spoiler:

      Le jour mourait sur l’Epine Dorée, et le soleil affaissé faisait rougir la crête du Brissalion depuis laquelle les Nains guettaient à lisière des terres elfiques. Sur la plaine, les chevaux volés paissaient paisiblement l’herbe roussie par l’Automne ; ils avaient encore le souffle court et le ventre vide, et Dun Eyr savait qu’ils ne pourraient reprendre leur course avant que la nuit ne soit tombée. D’un œil sombre, le Haut-Prêtre veillait sur l’Intendant capturé dans la nuit, et qui grignotait ses salaisons du bout des lèvres, encadré par deux solides Nains à la mine revêche. Toute cette aventure n’était qu’une folle course en avant, et Dun Eyr, s’il ne le montrait pas, ignorait encore quel serait l’avenir de Neglendir dans les montagnes du Nord ; ce n’étaient pas là les us habituels du fier peuple des Nains, de fondre à dix sur des Elfes désarmés pour ensuite les monnayer depuis les cimes.
      Sans parvenir à chasser ces pensées, le Haut-Prêtre fit volte-face et revint vers la crête depuis laquelle veillaient les frères Korri, leurs frondes à la main ; accroupi sur le rebord du col de Yaiwecilya, que les Nains avaient gravi à peine une heure auparavant, Dun Eyr scruta la ligne des arbres de l’Epine Dorée. Un silence intrigant enveloppait cette longue veille, et le Lirganique pouvait deviner les colonnes elfiques qui déjà devaient mener leur traque à travers la forêt ; presqu’un jour avait passé depuis l’enlèvement, et il semblait improbable que les Nains éviteraient plus longtemps encore l’affrontement.

      « Rien ne bouge encore, les Korri ? lança Dun Eyr aux trois guetteurs.
      — Pas une oreille-pointue, Dun Eyr,
répondit l’un des frères, mais la forêt est agitée ce soir. »

      Le Haut-Prêtre fixa plus attentivement la lisière de l’Epine Dorée, que les derniers feux du soleil venaient lécher de leurs langues rouges. Dun Eyr était un Nain, et il peinait à comprendre la vie de la forêt : il savait ressentir le bouillonnement qui agitait une montagne, mais rien de ce qui animait un bosquet ou bien une clairière. Pourtant, ce soir-là, des piaillements redoublés parcouraient la cime des arbres, et de nombreux oiseaux traversaient les collines boisées en pépiant à toute gorge ; un vent farouche s’était levé depuis le sud, et balayait la crête sur laquelle Dun Eyr et ses Nains s’étaient embusqués.

      « Je n’aime pas cela, grogna le Haut-Prêtre dans sa barbe, la forêt ne nous a pas pardonnés d’avoir pénétré aussi loin sous ses frondaisons. »

      Après des siècles d’affrontements menés contre les Elfes, les Nains avaient appris à ne plus craindre le Beau Peuple lorsque venait le temps de la bataille ; et ces dix Almiens-là, idéalement retranchés sur un surplomb de montagne, domineraient avantageusement la moindre cohorte elfique qui tenterait de leur reprendre Neglendir. Mais s’il y avait une ombre que le peuple des montagnes redoutait malgré tout, c’était bien la forêt d’Anaëh : ses branches grinçaient étrangement lorsque les Nains en approchaient la lisière, et c’était comme si les arbres ajoutaient leur colère aux assauts des Elfes.

      « Nous tenons la crête, ordonna Dun Eyr à mi-voix, comme s’il se sentait épié, et quoiqu’il sorte de cette maudite forêt, l’Intendant et les chevaux restent dans la plaine. »
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeSam 9 Mar 2013 - 14:53

Sans réellement s'être assoupie, la Forêt s'était réveillée. Vivante et présente, elle avait sentie l'arrivée d'opportuns, subit les martellements des bottes naines sans opposer de résistance, et assistée à la séquestration dont était victime un Elfe d'une certaine prestance. Elle avait, sans déployer le moindre effort, suivie par les moyens qui lui sont propres, la colonne de Nains qui s'était dirigée vers l’Épine Dorée, pour pouvoir atteindre le but qui était le sien : les étendues rocheuses naines, et la lisière de Lante. Le pouvoir et la véritable nature de l'Anaëh n'étaient pas inconnus au Petit Peuple, et si un sursaut d'intelligence voyait le jour au sein des guerriers qui avaient osés y pénétrer, ils savaient désormais qu'ils étaient traqués par une menace dont ils n'avaient pas la moindre idée. C'était l'Anaëh qui avait manifestée à sa Gardienne l'intrusion dont elle était victime. C'était elle qui l'avait guidée jusqu'aux ravisseurs. Et c'était à présent elle qui allait être témoin d'un acte unique et irréversible, mais que jamais elle ne dévoilerait, à quiconque, sous aucun prétexte. Car tel n'était pas la volonté de la Gardienne...ni celle de la Mère.

Cela ne serait ni long, ni fatiguant. Elle n'en avait ni le temps, l'envie, et encore moins le besoin de s'attarder plus que nécessaire à cette tâche. Un échange rapide, concis et concret suffirait à la Gardienne pour persuader les ravisseurs. Pourquoi ne pas les tuer ? Il est vrai que cela serait plus facile. Mais cela ne jouerait pas en sa faveur. Taurë n'aimait ni être contredite, et encore moins que sa patience ne soit mise à l'épreuve impunément, et ce qui se passait actuellement était en train de le faire. Par ce qui l'entourait, elle savait où se trouvaient ses futurs interlocuteurs, et leurs poursuivants. Si la discussion ne tardait pas, alors il serait trop tard pour les Elfes de remettre la main sur l'intendant. Et c'était absolument ce que la Gardienne désirait.

Les Nains le savaient: la Forêt s'agitait. Tel l'Entité vivante qu'elle était, elle manifestait sa colère. Elle en devenait oppressante, allant jusqu'à mettre mal à l'aise. Mais Taurë ne ressentait aucun malêtre. C'était dans la colère de l'Anaëh qu'elle tirait sa force. C'était dans son soutien qu'elle tirait son plaisir. C'est sur un menhir, aplatit à même le sol, que la Gardienne, assise en tailleur, ressentait cela. A trois ou quatre centaines de mètres d'elle, au Nord, au sommet d'une crête ascendante, se tenait la dizaine de soldats. Non invisible, sinon hors de vue des Petits Gens, elle pouvait néanmoins deviner leur présence. Le sol et ses entrailles s'animaient. Vicieuses et sournoises, elles se déplaçaient, partant, à l'insu de tous, à l'assaut de la crête. Mais nul ne pouvait les voir, car nul ne regardait le sol. Si tel avait été le cas, on aurait discerné dans les brins d'herbes une forme semblable à des serpents se mouver. Mais il n'en était rien : ce n'était que des racines.

Elles jaillirent à l'instant où elles le jugèrent opportun. Elles percèrent la terre et s’élancèrent aux chevilles d'un des Nains, projetant dans leur geste quelques petites miettes de terre. Les végétaux s'y accrochèrent fermement, puis de toute la force dont ils pouvaient être détenteurs, ils tirèrent leur proie en direction de l'Anaëh. Ils ne firent preuve ni de tendresse, ni de ménagement : après une traction de plusieurs centaines de mètres, les racines moururent dans le sol. Les arbres qui entouraient l'individu capturé semblaient presque se pencher sur lui comme pour l'écraser, l'oppresser et lui ôter sa raison, mais la voie de la Gardienne les apaisa, du moins les retint, sans néanmoins qu'ils garantissent leur inactivité. Installée sur son rocher, la robe légèrement retroussée, dévoilant le bas de ses fines jambes, Taurë posa ses émeraudes vides vers d'où venait les sursauts de respiration.

« Je te salue, Petit Être. »



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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeDim 10 Mar 2013 - 2:03

      Le Nain avait été ravi par des lianes comme des mâchoires, jaillies du sol à racines déployées, et elles l'avaient arraché aux contreforts par le bas : un instant Dun Eyr dominait Yaiwecilya et l'Anaëh depuis la crête du Brissalion, et l'instant suivant il était happé par les sarments de la terre. Une course folle débuta, qui le tracta d'un terrier de renard à une veine d'argile boueuse, entraînant le Nain au travers des entrailles de l'Epine Dorée; mais ce n'était pas là la bonne pierre de la montagne, la roche dans laquelle le Lirganique s'était parfois lové parmi les cimes du Nord. Cette terre-là était transpercée par les racines des saules, hantée ça et là par des lombrics des forêts, et l'humus et le lichen s'infiltraient avec la pluie jusqu'au cœur du sol ; c'était pour le Nain une boue maussade, et qui l'enserrait d'un cocon comme pour le broyer. Le Lirganique aurait eu peine à le croire quelques minutes auparavant, mais lorsque les racines l'extirpèrent de la terre pour le ramener à la surface, et même parmi des arbres écrasants, Dun Eyr ressentit un soulagement courir dans sa poitrine : cette terre-là était son ennemi.
      Mais lorsque ses yeux se furent accoutumés, à nouveau, à l'ombre rampante qui règne entre les griffes des forêts touffues, le Nain comprit tout le danger de sa situation : l'Anaëh l'avait rappelé à lui, et elle allait lui demander raison de leur intrusion jusque dans son sein nourricier. Déjà se massaient les branches autour du Haut-Prêtre, et c'était comme une vague boisée et sauvage qui l'entourait dessous sa muraille ronde et impénétrable.

      « Les Nains sont coriaces, l'Anaëh, grogna Dun Eyr à la forêt comme si elle avait pu l'entendre; et confusément, il sentait justement que ses menaces ne restaient pas sans écho parmi les arbres, elles accroissaient encore leur colère. »

      De sa main droite, couverte de boue, le Haut-Prêtre fouilla dans ses fontes et en fit jaillir un collier de Runes : c'étaient les caractères de Lirgan, trois fois gravés, qui se balançaient à un lacet de cuir. Le Nain les brandissait comme il avait souvent tenu des torches enflammées face à la marée des Gobelins, dans son Almia natale rongée par l'engeance verte.

      « Je peux être loin de ma montagne, et perdu parmi tes arbres, la Forêt, claironna le Haut-Prêtre à la masse des branches et des racines, mais l'oeil du Moqueur transperce ton écorce et me trouve jusqu'ici. »

      Pourtant il y avait quelque chose de changé, le nom de Lirgan ne portait pas les mêmes accents lorsqu'il était invoqué entre les crocs de l'Anaëh en colère; Dun Eyr agitait son colifichet devant les arbres, qui toujours semblaient s'approcher et se courber davantage vers le Nain, mais rien ne devait se passer. C'était comme si Lirgan avait fui l'appel de son héraut, et qu'il demeurait caché et hors d'atteinte de la tempête qui grondait sous les frondaisons.

      « Qu'est-ce que ... souffla le Nain en se tournant et se retournant, soudain saisi d'angoisse. »

      Il ne fut pas long à trouver qui faisait fuir le dieu Moqueur : là, parmi les arbres, Elle se tenait. L'éclat verdi de ses yeux, et leur placidité comme d'un océan de rancoeur, coupa le souffle de Dun Eyr : cette silhouette-là était pire que toutes les bêtes que la Forêt aurait pu déchaîner contre lui ; plus funeste même, que si de la forêt avaient surgi les grands cerfs d'Anaëh dont parlait la légende, et que toutes cornes déployées, ils avaient mené la charge contre le Nain.
      Le collier s'affaissa mollement au bout du bras du Haut-Prêtre, et les Runes cessèrent de tenter de faire rempart contre la colère des Bois.

      « Briessa, murmura le Nain en saluant la silhouette tapie entre les arbres protecteurs; et il l'appelait du nom que les Nains donnaient à la Grande Engenderesse, car c'était le seul qui lui était connu. »

      Peu de Nains pouvaient se vanter, dans toute la chronique des montagnes, d'avoir jamais posé les yeux sur l'image de la Déesse Nature ; mais rares aussi étaient ceux qui avaient violé la quiétude d'Anaëh comme Dun Eyr l'avait osé, et peut-être l'amer privilège de ce soir était-il réservé aux seuls Nains qui offensaient jusqu'aux racines de la Forêt.
      Le Haut-Prêtre sentait battre l'épée du Kastelord en travers de son dos, celle-là même avec laquelle il avait assommé un Elfe le jour d'avant ; mais la lourde lame d'Humain ne lui apparaissait d'aucun secours pour l'heure. Dun Eyr ne pouvait que toiser la Gardienne d'un regard digne, et tenter d'oublier les longs flots de sueur qui commençaient à rouler dans son dos et sur ses cuisses.

      Lorsque le Nain put parler à nouveau, son timbre était fébrile, mais fier :

      « Tu peux me châtier, Briessa, mais ce sont tes propres fils Elfes qui t'ont trahie. »
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeDim 10 Mar 2013 - 8:01

L'Anäeh est une femme à part entière.
Elle est l'image même de la Nature, et la création la plus représentative de l'Aînée. Elle sait se montrer accueillante et hospitalière, dévoiler ses secrets, en faire profiter qui désire plus amplement la connaître. A la fois douce et sensuelle, ses racines renferment nombre de merveilles pour quiconque en quête de diverses substances. Ses monts dénués d'arbres, ses cimes donnant l'impression de toucher le ciel, la douce brume à la tombée de la nuit sont ses traits de caractères. Mais elle sait se montrer violente et haine, rancunière et terrifiante. Les arbres ont leurs gardiens, leurs protecteurs à l'affût du moindre péril. Taurë n'était que le plus redoutable de ceux-là. Ultime maillon d'une chaîne protectrice, la Gardienne représentait ce que l'Anaëh avait de plus pur, de plus beau, mais également de plus violent. Et à l'instant, l'Anaëh comme Taurë pouvaient sentir la peur. Le petit Être avait marmonné des paroles, des sonnets se désirant rassurants, mais rien de ce qu'il aurait pu dire, ou faire, ne changerait les choses. Il n'était malheureusement pas maître de la volonté de l'Anaëh, et Taurë non plus d'ailleurs. Mais le don qu'avait le premier pour l'énerver équivalait à celui qu'avait la deuxième pour l'apaiser. Lorsque enfin le Nain vit qui l'avait convié ici, il n'y qu'un murmure inaudible. « Briessa ». C'est ainsi que le Petit Peuple des montagnes nommaient la Prime Déesse, la Génitrice, et non Kÿria comme l'était sa véritable appellation...

« Laisse les Elfes là où ils sont, Petit Être. »

L'espace d'un instant, la Gardienne se mit à rire. Elle promena son regard aveugle sur les arbres autour d'eux, les sourcils légèrement levés, accompagnés d'un sourire conciliant. L'Elfe se recoiffa un instant, faisant jouer ses doigts dans sa chevelure brune pour la maintenir en place, puis après mis à l'épreuve sa création, elle se leva, laissant ses pieds fouler l'herbe. Taurë se mit à marcher lentement, à pas ondulés, empreints d'une féminité et d'une sensualité propre aux femmes de son espèce. Son ton était lent, doux et mielleux, à la fois agréable à entendre, mais rapidement gênant pour qui n'était pas à l'aise en sa présence.

« Il n'y en a qu'un seul qui m'intéresse à l'heure où nous parlons, Petit Être, et j'ai des desseins pour lui. Il n'est plus maître de son destin, alors libre à nous de lui façonner le sien...et à cela, tu vas m'aider. »

Puis la Gardienne s'arrêta, relevant le regard, son visage demeurant parfaitement stoïque, maintenu par un cou droit, par lequel nul air ne semblait passer à présent. Elle se tenait immobile, et la Forêt la contemplait, témoin de cette dualité qui se tenait face à elle et en son sein. Taurë s'anima de nouveau, puis vint à proximité du Petit Être, et pliant les genoux, elle se baissa à sa hauteur, plongeant ses émeraudes en lui.

« Tu vas vendre l'intendant aux Drows, Petit Être. »
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeLun 11 Mar 2013 - 0:17

      Que Dun Eyr soit encore en vie, et intact, après les premières paroles de l’échange ; qu’aucune branche haineuse n’ait délivré la rétribution de la forêt en l’assommant net ; que Briessa ait finalement retenu la bride d’Anaëh, et épargné le fils des montagnes englué entre ses mâchoires branchues, était un grand prodige. Le Haut-Prêtre ne put que songer que, même embusqué loin de l’empoigne de Mère Nature, le dieu Moqueur avait dû souffler sur les dés qui avaient décidé du sort du Nain. Les serres des arbres se courbaient encore vers lui, mais elles semblaient avoir renoncé à vouloir le transpercer ... pour le moment.

      « Briessa, murmura Dun Eyr avec respect, tu demandes l’aide d’un Nain ? »

      Avant le Voile, la Génitrice avait été vénérée sur les contreforts de la Nanie : nombre de clans du Septentrion imploraient la Mère des Bêtes de leur accorder la fortune dans la chasse, et Dun Eyr avait combattu aux côté des Ours de Kraka Ravnskave, lesquels consacraient leurs morts à Briessa. Mais la destruction de Kirgan avait évincé le culte de la Nature hors des Montagnes, car le premier Hiver après le chaos avait vu les loups resurgir et s’abattre sur les convois apeurés. De trop nombreux réfugiés Nains avaient péri, la gorge percée d’une paire de crocs, et les clans des montagnes avaient brûlé leurs totems avant de retourner combattre dans le Nord.
      Aujourd’hui les Nains savaient que Briessa était tapie dans la Forêt, et qu’elle vaillait jalousement sur ses fils et ses filles les Elfes. Alors, qu’un rejeton de Mogar ne paye pas de sa vie la mise à sac de l’Anaëh ; que même, la Déesse des Bois guide un Nain lorsqu’il s’agissait de négocier la tête d’un Elfe, voilà qui stupéfiait Dun Eyr. De sombres brises devaient s’être levées sur l’Anaëh ; les temps changeaient, et ils changeaient vite.

      Le Nain parla à nouveau, et sa voix était lourde d’hésitations :

      « Pourquoi les Drows, Briessa ? C’est l’envoyer à une mort certaine, et effroyable, abattu quelque part sur leurs autels élevés à la cruauté. »

      Le Haut-Prêtre tentait de sonder les yeux aveugles de la Gardienne, mais rien ne pouvait transparaître à travers ces prunelles d’émeraude. Le Nain se trouvait face à Briessa comme devant un mur infranchissable.

      « Briessa, reprit Dun Eyr, je peux offrir au Seigneur de Malereg de reprendre son Intendant, et lui extorquer pour cela les meilleures récoltes de ses terres ; je peux aller trouver Valek, le Roi de Lante, et rançonner la moitié des greniers de la Cité du Sud, contre une promesse de ne pas déchaîner les horions de la guerre aux abords de sa cité. »

      Les paroles qui s’échappaient de la bouche de Dun Eyr le surprenaient lui-même : un jour plus tôt, il avait pesté contre ce captif dont il ne savait quoi faire ; mais là, au soir d’une journée de fuite, le Nain avait reposé le pied sur les collines du Brissalion, et devant lui s’offraient les butins qu’il pouvait arracher contre cet otage de prix.
      Mais tourner son regard vers l’Est, et les Sombres, le Haut-Prêtre ne l’avait pas un instant envisagé ; ces terres-là étaient lointaines, et terribles.

      « Briessa, Briessa, lança Dun Eyr sans rien y comprendre, si je navigue jusqu’aux terres des Sombres, l’Elfe mourra — et lorsque je remonterai au Nord, je ramènerai la guerre avec moi. Pourquoi veux-tu cela ? »
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeLun 11 Mar 2013 - 10:34

Le raisonnement du Nain était, à l'exception de quelques points, juste. L'intendant qu'il avait enlevé, bien qu'à une échelle majeure il ne soit que peu important, était devenu l'objectif d'une course effrénée. En réalité, pour Taurë, cet Elfe n'était rien. Il n'était qu'un simple suivant d'un Protecteur comme un autre, qui s'était malencontreusement retrouvé cible d'un enlèvement. Pour si peu, la Gardienne n'aurait pas agi. Elle n'avait pas à pallier les défauts de la sécurité des frontières des Elfes. Mais il se trouvait qu'elle avait aperçue, à travers l'éventualité d'un incident pouvant faire éclater les tensions, la chance de pouvoir retourner la situation à son avantage. Et c'est bien ce qu'elle comptait faire à présent que l'opportunité était à porter de main.

« Tu crains d'amener la guerre ? Tu l'as déjà avec toi, Petit Être. Comment crois-tu que les Elfes réagiront lorsqu'ils apprendront que tu as vendu un des leurs à l'un de tes seigneurs ? Dans moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tu devras lutter contre les guerriers envoyés pour reprendre ton fardeau. Et tu mourras. »

La Gardienne avait énoncée sa dernière phrase comme une fatalité, mais il était clair qu'à l'instant où ils parlaient, elle excluait le fait d'avoir recours à la violence. L'Elfe se redressa, animant se fines jambes et ses pieds nus, se laissant guider par ces derniers le long de la clairière. Un instant, la Gardienne fut surpris de la clairvoyance du Nain. Eux, réputés pour être fiers guerriers, gens de la montagne et peu diplomates, celui-ci se révélait être réfléchi, lucide à travers la peur.

« Si tu revends l'intendant aux Elfes, tu n'auras rien gagné. Ne sois pas naïf au point de croire que l'Anaëh te laisserait partir avec les fruits de sa terre, travaillés et cultivés par les bras de ses habitants...En l'amenant aux Nains, tu déclencherais une guerre, et ton peuple n'est en rien dans la mesure de la mener, et encore moins de la gagner. En le rendant aux Elfes, tu te condamnerais...»

La Gardienne revint se placer face au Nain.

« Mais en donnant l'intendant aux Drows...Tu ne passerais que pour un intermédiaire et non un commanditaire, et ainsi tu laverais l'implication directe des Nains dans cette affaire. Les Elfes n'y verront qu'une nouvelle attaque des Drows, cette fois en leur cœur, menée par des Nains afin de maquiller une éventuelle implication...je ne me servirais que de ce principe pour muer leur indignation et leur colère en une arme que je pointeras sur les forteresses du Sud de la Forêt...En remontant vers les montagnes après avoir vendu l'intendant aux Drows, oui, tu amèneras la guerre...mais elle te quittera une fois l'Anaëh passée. Tandis que si tu décides de le garder, la guerre te suivra jusque dans les fondations de ta ville. Si tu acceptes cela, je saurais dissoudre les traces de ton passage dans la région, et lorsque j'irais à la rencontre de tes poursuivants, je leur dirais que je vous ai trouvé, vous, mais pas l'intendant, et que l'un des tiens m'a révélé vos desseins. Tu laveras ton peuple du risque de la guerre...et tu survivras à cet entretien, tout comme tes soldats. »

Et la dernière phrase était dite avec un sourire.
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeMar 12 Mar 2013 - 0:30

      Dun Eyr était frappé par la froide raison des paroles que Briessa faisait couler depuis les lèvres de sa Gardienne. Comment se pouvait-il que, déjà, Anaëh et sa Mère aient tracé des plans aussi précis et minutieux ? Lorsque le Nain menait ses compagnons au travers de la Forêt, vers la lumière des plaines du Nord, il avait jubilé et cru que leur équipée demeurerait insoupçonnée ; fol espoir ! Dès que les sabots des chevaux avaient claqué sous les frondaisons, les arbres avaient commencé à bruire autour des brigands : ce murmure devenu bruissement, voilà qu’il aboutissait au filet de la Gardienne jeté sur les dix Nains en cavale. De la forêt à la montagne, Dun Eyr se sentait comme lié par les lianes d’Anaëh.

      « Tu es rude, Briessa, sourit le Nain à la déesse incarnée. Mes frères ont raison de ne pas te vénérer dans les fleurs, mais dans les mâchoires des ours et les crocs des makragnos. Tu brûles la Forêt d’une main, et la façonnes à nouveau de l’autre. »

      Dans l’esprit du Haut-Prêtre s’agitaient des pensées confuses, tout occupées aux cartes qui parsemaient sa mémoire de voyageur : il connaissait les terres des Sombres pour les avoir vu hanter le Sud et l’Est des parchemins. Il pouvait deviner les sentiers qui menaient aux Marais et au Volcan, sa main s’était plusieurs fois étendue jusqu’à ces contrées lointaines ; Urgre, et le démon Xanthe, avaient parfois traversé ces plaines de souffre pour le compte de Dun Eyr — mais jamais le Nain lui-même n’avait posé le pied sur ces roches sombres, que l’on disait de mauvaise compagnie.
      Alors qu’il réfléchissait, une douce brise souffla sur les branches des arbres alentour, et leur craquement courut dans l’air du soir tombant. Biessa ne laisserait pas au Lirganique le loisir d’y méditer : pour la vie sauve de ses Nains, c’était un pacte honnête qu’offrait la déesse. Pensant à la fortune d’Almia, Dun Eyr se souvint que deux douzaines des meilleurs chevaux elfiques, à peine fatigués par leur échappée, resteraient aux Nains lorsque tout serait achevé ; l’or et la vie, le Lirganique pouvait s’emparer des deux avec un seul mot.

      « L’Intendant ira aux sombres, Briessa, finit-il par acquiescer, tu as la parole de Dun Eyr. »

      Quant aux rumeurs de la guerre, celles-là demeuraient obscures à l’esprit du Nain : qui lèverait les armes, et contre qui ? Le Lirganique se garda bien d’engager son honneur sur ces énigmes houleuses. Mais cela serait à Ellyrion, ou dans les terres lointaines, et l’on mesurait là bien toute la fierté du Nain : vingt-quatre chevaux pour Almia, au prix de nouveaux massacres aux Portes d’Anaëh, cela s’accordait parfaitement à l’honneur de Dun Eyr.

      Alors la Forêt semblait relâcher son étreinte sur le Nain, et laisser retomber ses branches guerrières, maintenant que Dun Eyr avait fait vœu de servir Briessa ; mais à l’esprit du Haut-Prêtre affleuraient de nouveaux soucis, et il s’en ouvrit à la Gardienne qui lui avait souri.

      « D’Almia aux terres des Sombres, Briessa, il n’y a que la Forêt ; ou bien la Mer, mais les Nains ne naviguent pas aussi loin. Comment pourrais-je traverser l’Anaëh et atteindre les Drows, sans Ta bénédiction ? »
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeMar 12 Mar 2013 - 10:13

Ce fut un sourire satisfait qui accueillit les paroles témoins de la décision du Nain. Mais l'Être des montagnes marquait un point, et non l'un des moindres. Comment faire demi tour ? Comment traverser l'Anaëh, en lui promettant la sécurité, sans que Taurë ne soit impliquée ? Puis la Gardienne eut alors une nouvelle idée, et elle posa ses yeux sur le guerrier Nain. Était-il un homme d'honneur ? Elle l'espérait. Car si elle venait à apprendre qu'elle avait été trompée, Kÿria elle même savait que sa Gardienne était capable de quitter l'Anaëh et de s'aventurer dans les Terres Inconnues pour retrouver Dun Eyr. A présent elle avait un nom. Taurë se passa délicatement la main sur le menton, puis répondit avec un sourire et un air des plus naturels.

« Tu n'iras pas jusqu'aux Terres des Sombres. C'est bien trop loin, et peu sauraient le sort de l'intendant. Va a Yutar. Vend le aux Drows qui l'habitent. Que son cadavre finisse cloué sur la porte...et elles ne tarderont pas à subir le courroux de mes frères. Pour cela, passe par l'Aduram, là où aucun Elfe n'osera t'atteindre. Son chant est strident, et ses arbres meurtris. Et le protecteur n'osera jamais faire pénétrer des troupes sur les landes Humaines. »

La Gardienne posa une main sur l'épaule du guerrier. Elle devina une carrure robuste, taillée dans les entrailles des montagnes et les rages du combat. Un guerrier, d'honneur, d'après ce qui se voyait, porté sur les valeurs de la survie, vénal au plus haut point, mais pas assez pour être fou. Elle le regarda, puis avec un sourire franc, conclut l'entretien par ces paroles :

« Pars le plus vite, et ne t'arrête pas. Et une dernière chose...ne t'avises plus jamais de lever tes armes sur l'un de mes semblables. »
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Dun Eyr
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MessageSujet: Re: Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë]   Du sel sur les cicatrices : Bruissements de colère [PV Taurë] I_icon_minitimeMar 12 Mar 2013 - 16:40

      Le Nain plissait les yeux en réfléchissant à toutes ces paroles, et la main de Briessa passant sur son épaule lui arraché un frisson : les mortels ne devraient pas toucher les immortels, et la déesse demeurait la terrible Mère des Ours. Voilà que Dun Eyr s’était lié à l’Anaëh et à sa Défenderesse, en faisant vœu de porter ses mots jusqu’aux tristes contreforts de Yutar ; cela n’était pas le Volcan, mais le Lirganique avait eu vent des sanglantes rumeurs sur le bloc de pierre qui coiffait le fort des Sombres...
      Passer par Aduram ? C’était une longue course, qui lui ferait suivre les fleuves courant vers l’Olienne, et louvoyer entre la Forêt et les Plaines. Mais à tout prendre, la Gardienne ne lui intimait pas de traverser une nouvelle fois l’Anaëh, ni s’affronter sa fureur vengeresse ; alors Dun Eyr accepterait cette échappée de longue-haleine.

      « J’irai jusqu’à Yutar, consentit le Lirganique, et je suivrai l’eau au travers d’Aduram pour atteindre ces provinces noires ; et l’Anaëh ne me poursuivra pas dans ma course, car la parole de l’Engenderesse sera sur moi. »

      Au sourire qui illuminait le visage de Briessa, à savoir que le Nain exécuterait ses basses œuvres, Dun Eyr répondit à son tour par une figure réjouie. Conclure des pactes avec les dieux était un marché risqué, auquel les mortels consentaient de livrer jusqu’à leur peau et leurs os ; mais les termes de leur promesse étaient ici marqués par la puissance de la Grande Génitrice, et nul n’irait mésinterpréter les accords passés sous le regard de la Forêt.
      Le Nain avait consenti à frapper aux portes de Yutar, pour leur céder la vie de Neglendir. Tout le reste demeurerait soumis au jugement de Dun Eyr, et celui-ci ne bondirait pas sans avoir mis en sécurité la vie de ses Nains — ni avoir pesé, une nouvelle fois, les intérêts d’Almia dans la guerre qui déjà approchait.

      « Laisse-moi rejoindre mes compagnons, Briessa, reprit le Lirganique, et les abriter dans la cité proche de Lante. Aussitôt qu’ils seront préservés derrière un rempart des Nains, je partirai pour le Sud et l’Est. »

      Quant à promettre de ne plus jamais porter la main sur un Elfe, Dun Eyr se garda bien d’en prendre le serment. Les Nains demeuraient des Nains.

      « Tu défends la Forêt avec courage, Briessa, reconnut doucement le Haut-Prêtre face à la Gardienne. Quelle pitié que mes frères des montagnes aient abjuré le culte de l’Ours. Peut-être un jour, les sommets retrouveront-ils tes totems. »

      Cela concluait l’entretien. Alors le Nain salua la déesse et se courba devant elle, car il était désormais son obligé ; et, à pas rapides, il disparut entre les branches apaisées des arbres, vers les contreforts sur lesquels devait à présent s’éteindre le soleil.
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