Sous la pluie battante de cette fin de soirée, la ville de Sol'Dorn commençait lentement et sûrement a s'endormir. Tout ses habitants réfugiés dans leurs maisons afin de se couvrir de ce mauvais temps. Tout ses habitants certes, mais pas tout les gens qui étaient actuellement dans la zone.
Un peu a l'extérieur de la ville, en dehors des murailles mais guère loin de l'entrée de la cité reposait la roulotte de Caïrn, fermée a triple tour. Pour lui, le travail était encore loin de s'arrêter. Il devait tout d'abord faire fondre la ferraille qu'il avait put récupéré en cette journée. Il s'était ainsi pavané dans la cité pour racheter tout ce qui ne servait plus aux habitants. Des objets métalliques cassés, des chandeliers tordus, des lustres en pièces ou encore des écuelles percées. Caïrn devait les manipuler lui même et user de ses talents afin de refondre ces détritus pour leur donner une apparence plus « noble » et apte pour la fabrication de ses objets. Une fois ceci fait, il devait d'abord remplacer les pièces d'une de ses horloges qui était récemment tombée en panne qu'on lui avait apporté ce matin même, profitant de sa venue passagère ici. Ça et plusieurs jouets mécaniques. Un oiseau, une grenouille et un chien. Mais ces pannes n'étonnait guère l'horloger.
C'était lui même qui avait viellé à ce que ces petites choses pourtant coûteuses se brise.
Caïrn n'était pas fou. Et quand bien même il n'était pas quelqu'un de dominé par le besoin de gagner toujours plus d'argent, il désirait avant tout garder son statut d'artisan unique et exotique, garder la rareté de ses produits. La démarche était tout le temps la même, un bougre qu'il soit riche ou pauvre venait le voir, lui commandait un jouet mécanique pour l'un de ses enfants et il le recevait ensuite a sa prochaine visite. Le prix n'était pas négociable et était onéreux. Volontairement encore une fois. Les plus sérieux ou les organisations réclamaient parfois une horloge, qui était au moins aussi coûteuses que le reste. Mais que pouvons t-on dire de cela ? C'était du luxe. Et le luxe pouvait être gage d'affectivité ou de respect. Caïrn travaillait pour faire plaisir aux gens et cette perspective le réjouissait, bien qu'il était narcissique de sa part de conserver jalousement son savoir et sa réputation. Il n'était pas quelqu'un de très célèbre en soi, et Caïrn ne s'en plaignait pas. Néanmoins, rares étaient ceux qui n'avaient pas déjà une fois entendu vaguement parler de ce commerçant nomade qui apparaissait parfois dans un coin du monde et y vendait des objets tous plus bizarres les uns que les autres mais uniques par leur fonctionnement. Tous ne voyaient pas sa mécanique d'un bon œil, certains pensaient même qu'il était une sorte d'horloger sorcier qui fabriquait des reliques démoniaques. Billevesées. Encore une chose pour laquelle Caïrn travaillait : Plus que de faire plaisir, il souhaitait également faire reconnaître son travail comme un savoir-faire unique et complexe qui mérite d'être considéré. Mais le pas à faire pour les plus conservateurs était difficile.
En attendant, il avait du travail. Son carnet de commande était déjà plein et il devait se concentrer sur sa tâche, occupé qu'il était a rendre liquide la ferraille usagée pour la faire renaître sous la forme lisse et propre d'antan qui lui permettrait de façonner les pièces parfaites pour ses produits. La pluie tambourinait et il aurait put être inquiétant d'être seul, dehors, par ces conditions et la nuit approchante. L'horloger n'était guère impressionné. La plupart des gens avaient déjà relativement peur de lui à cause de sa renommée d'artisan curieux et mystique, mais surtout, parce qu'il était devenu, depuis le jour de son accident, ni plus ni moins qu'un tas de ferraille beaucoup trop en avance sur son temps. L'assemblage mécanique qui constituait son bras droit lui était pourtant d'un grand secours, mais il semblait que les gens n'étaient pas encore prêts à accepter ce genre de choses.
" Idiotie ! " se disait l'horloger. " Un jour, je démontrerais que ce que je fais et suis est loin d'être démoniaque. "
Autrement dit, la dernière chose à laquelle Caïrn se serrait attendu, par ce temps et absorbé par son travail, c'est bien qu'on vienne toquer a sa roulotte !
Il était pourtant encore loin d'imaginer ce qui devait se produire ce soir là.
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Ven 24 Oct 2014 - 0:11
