Lorsque vient aux femmes de décider. [Aline et Aymeric]

Les hommes étaient partis à la guerre. Aymeric de Brochant, marquis de Serramire avait levé le ban pour marcher contre Jérôme de Clairssac. Il ne prit cependant pas la milice avec lui, laissant un marquisat intacte économiquement parlant. Un marquisat se relevant doucement mais sûrement.

Privé de ses dirigeants mâles, les différents territoires ne pouvaient plus, désormais, que compter sur leurs femmes. Tantôt mères au foyer, tantôt régente de leurs terres.

Il était néanmoins nécessaire de s’entretenir pour régler les différents problèmes existants. Un conseil de femmes régentes fut organisé à Serramire-la-Ville. Comme son nom l’indique, on y verra ces femmes -délaissées- par leurs maris, partit à la guerre.

La Dame de Lourmel reçut également une invitation. Même si celle-ci n’était pas mariée, et n’avait donc pas le titre de Régente, elle était néanmoins un vassal important du Marquis de Serramire, ou plutôt de la Marquise.

La date étant fixée. La Dame se rendit à son lieu de Rendez-vous. Cela sera la première fois qu’elle retournera à Serramire depuis la guerre qui opposa Brochant et de Clairssac. L’enferment dans une maison de ville tandis que la ville était assiégé par le Baron d’Etherna lui laissa de mauvaises souvenirs.

La route se passa sans encombre et c’est une Dame un peu fatiguée néanmoins du voyage qui arriva au château de la Marquise. Château qu’elle connaissait bien pour avoir vécu quelques années.

Comme à chaque déplacement Maélyne de Lourmel était accompagné de Céodred, son intendant et conseillé ainsi que le Seigneur de Forgestrange.

« Qu’on annonce à sa Grâce, la Dame de Brochant, Marquise de Serramire, épouse du seigneur Aymeric de Brochant, Marquis de Serramire et Seigneur de Brochant, que la Dame, Maélyne de Lourmel, Dame de Lourmel, est arrivée ! »

Il ne fallut pas longtemps pour que la Dame puisse bénéficier de l’hospitalité de la marquise.

La jeune femme fut accueillie au sein du château de Serramire. Ce lieu lui remémora de nombreux souvenirs mais l’heure n’était pas venue de ressentir une quelconque nostalgie, non. Il était l’heure d’être reçue par la Marquise, épouse d’Aymeric de Brochant partit à la guerre en Oësgard.

Bon nombres de choses devaient être abordées quant à la régence du Marquisat pendant l’absence des hommes et Maélyne n’hésitera pas à faire entendre sa voix même si elle connaissait l’accueil qui lui sera réservé, notamment suite à son abdication ainsi qu’au décès de Lyanna, de son soutien envers Jérôme lors de la guerre en Serramire et de la haine qui pouvait encore exister entre les Brochant et les Lourmel.

Bref, vous l’aurez compris, cette réunion ne sera pas un rassemblement de jeunes femmes prêtes à se pomponner ensemble et partageant les recettes de familles en sirotant un bon thé. Non, cette réunion parlera de politique, de conflits, de problèmes à devoir régler et bien évidemment de guerre.

Alors que les conviés arrivèrent petit à petit il fallut tout de même une bonne heure pour que les femmes s’installent autour de la table. C’est ainsi que l’on remarque les différences avec leurs époux qui aiment aller directement au but sans passer par les nombreuses fioritures qu’on laissait d’ordinaire aux dames. La table était garnie de différents mets pour que les dames puissent se sustenter tout en discutant.

Le premier sujet qui vient sur la table était celui de la guerre. La marquise avait reçu des nouvelles de son époux et elle voulait nous en faire part. Alors que la discussion allait en bon train, Maélyne était restée fort silencieuse. Ecoutant chaque mot sortant de chaque bouche. La guerre ne l’intéressait pas plus que cela. Il est vrai qu’Oesgard avait échappé au contrôle du Marquisat alors que L’Alonna le suivrait juste derrière. Avant cela Odélian prit son indépendance de Serramire emportant avec lui l’Etherna. Certes Serramire s’était retrouvé seul mais quel en était la raison ?

La Marquisat dépérissait à vue d’œil. Quel vassal serait prêt à rester auprès de son suzerain qui semblait mourir en essayant d’emportant le plus de monde avec lui ? Personne.

« Nous devons guérir l’arbre en commençant par les racines avant de vouloir posséder plus de branches. » Dit-elle, comme pour conclure la discussion.

Les têtes se tournèrent vers elle, toutes se demandaient donc ce que cette Lourmelloise voulait bien dire alors qu’elle n’avait point dit de mot pendant de longues minutes.

« Serramire a perdu tous ses grands territoires vassaux à cause de sa situation interne. Maintenant que nos hommes sont partis reconquérir ces dits territoires ne devions nous pas nous pencher sur les problèmes que nous rencontrons à l’intérieur de nos frontières ? » Dit-elle avant de faire une pause.

« Criminalité, baisse de la production de nos champs. Commerce médiocre voire inexistant alors que cela fait un an que le Marquisat a à nouveau une bonne stabilité politique. » conclu-t-elle.

Serramire avait en effet stagné durant cette année car, à peine sur le trône, Aymeric tomba malade. Ce que Maélyne trouvait dommage car elle estimait que les vassaux se devaient de faire prospérer le marquisat et les terres de leurs suzerain si celui n’en était pas capable. Pourtant il semblerait que chacun voulait rester dans son coin et ne bouger que lorsque le marquis le demandait.

Des échanges eurent lieux mais rien de concret ne s’en échappa, en réalité la discussion repassa sur l’Oësgard assez vite. Elles semblaient vouloir la victoire, ce qui était logique mais Maélyne avait tendance à regarder le pire dans chaque situation surtout depuis la mort de Lyanna.

« Je pense qu’il serait nécessaire de parler de toutes les possibilités. Notamment celle de ne pas voir revenir nos hommes. » Lança-t-elle.

Une pause fut demandée, comme si son commentaire avait choquée toute l’assemblée. Pourtant il fallait bien y penser. Aymeric et l’ost tout entier n’étaient  pas des dieux, et une guerre cause des morts.
Au plus la journée passait au plus la Dame se demandait ce qu’elle faisait là. Elle s’attendait à une réunion d’importance pourtant aucun point qui lui semblait important ne fut abordée et aucune solution ne fut trouvée, ou décidée. Alors la Dame prit congé lorsque la réunion sembla dorénavant tourner vers une discussion banale entre Dame.

Sortant du château pour reprendre la route la Dame se tourna un instant avant de continuer sa route.

*Faisons donc de Lourmel un exemple.*