Baby or not baby? [Gui]

Guilhem était alors tranquillement en tain de dormir.

Rien n'avait vraiment changé à Karras. Agniès continuait à fréquenter les prisonnière Wandrienne avec qui elle passait ses journées et elle continuait à passer des nuits plus ou moins chastes dans le lit du seigneur du lieu. Foncièrement, la principale chose qui avait changé, c'était qu'elle ne portait plus son collier d'esclave. Ce qui, si cela avait parut une bonne idée et un symbole fort n'était plus si appréciable aux yeux du jeune seigneur. Au final, il aimait bien le collier qu'elle portait. Non seulement parce que c'était une marque assez claire du fait qu'elle lui appartenait, mais aussi parce qu'il avait prit l'habitude de s'amuser avec l'anneau de son collier. Et ce simple ruban de tissus noir qu'elle portait n'avait pas vraiment cet intérêt.

Sans compter qu'elle faisait un peu tâche à présent parmi ses amies Wandriennes.

Il faudrait qu'il lui en trouve un nouveau.

Après quoi, il faudrait qu'il parle à la jeune femme de son état. Bien sur, il lui avait dit qu'il voulait qu'elle l'accompagne dans la campagne qui se préparait. Mais le fait qu'elle soit enceinte changeait tout. Il n'était déjà pas évident qu'elle le suive en temps normal, mais il était absolument hors de question qu'elle vienne avec lui si elle attendait un enfant.

Guilhem était en train de dormir lorsque d'un coup, la jeune femme le mordit, le réveillant brusquement.

Qu'est-ce qui était en train de se passer ?

Guilhem regarda la jeune femme qui se tordait de douleur et fila à la porte appeler un médecin. Il ne savait pas vraiment se qui était en train de se passer, mais le fait qu'elle se tordait de douleur n'augurait rien de bon.

Guilhem était inquiet pour la jeune femme.

Cela ne l'avait pas empêché de réagir très rapidement lorsque le médecin lui avait demandé de maintenir la jeune femme, il était assez habitué à des situations difficile pour ne pas perdre de temps et agir de façon quasi réflexe. Mais une fois le contrecoup de cette surprise arrivée, lorsque Agniès fut dans les vapes, l'inquiétude monta. Il ne savait pas quoi faire, se sentant inutile. Le jeune seigneur repoussa le médecin lorsque celui-ci s'approcha il n'avait pas besoin d'aide le sang n'était pas le sien par contre, c'était celui de la jeune femme. Alors qu'il s'occupe plutôt d'elle. Le fait qu'elle soit endormie n'empêchait pas le fait qu'elle souffrait, pas plus que cela ne remettait tout le sang qui maculait le lit dans ses veines.

Il y avait tellement de sang...

Pour ce qu'il pouvait en dire, cela ressemblait à une fausse couche. L'enfant n'avait pas tenu longtemps. Elle venait tout juste de lui annoncer qu'elle était enceinte et voilà déjà qu'elle perdait l'enfant. Qu'est-ce qui avait bien put se passer ? Elle n'avait rien fait d'inconsidéré, elle s'était contenté de dormir et d'un coup cela arrivait. Guilhem était inquiet et il voulait des explications.

Mais il accepta de sortir pour laisser l'homme de science faire son travail, restant devant la porte, attendant des nouvelles.

Il était bien entendu inquiet pour l'enfant qu'elle lui avait dit porter, mais plus encore pour son amante. Il n'était pas rare que des femmes meurent durant ce genre d'évènements.

Lorsque le médecin fini par sortir et lui avait annoncé que Favrielle avait quelque chose à lui avouer, Guilhem s'était bien demandé de quoi il voulait parler. Favrielle était l'esclave de la jeune femme depuis déjà quelques temps et pour être honnête, il ne se souvenait pas d'avoir échangé plus qu'une dizaine de mots avec elle. Elle n'était pour lui guère plus qu'une silhouette. Elle n'était là que pour préparer les tenues de la belle brunette, les réparer si leurs ébats avaient été un petit peu trop violent, mais rien de plus. En tout cas pour Guilhem. Elle passait beaucoup plus de temps avec Agniès qu'avec qui que se soit d'autre. Déjà que la brunette n'était pas bavarde, Favrielle quant à elle ne semblait guère plus l'être.

Alors qu'est-ce qu'elle avait à lui dire. Et surtout, est-ce que cela ne pouvait pas attendre ? Son amante était dans le lit, couverte de sang, et ce qui venait de se passer était vraiment grave. Est-ce qu'elle n'avait pas autre chose à faire que venir l'ennuyer à propos de mouchoirs, de torchons ou alors de fils et d'aiguilles ? Il ne put s'empêcher de ne pas être ravis lorsqu'il la vit en train de se tordre les doigts à ne pas savoir ce qu'elle devait dire ou faire.

Lorsqu'elle se décida enfin à lâcher le morceau, Guilhem resta un moment sans rien dire. Il n'avait pas compris. Ou alors il n'avait pas envie de le comprendre. C'était comme si il avait bien entendu ce qu'elle disait, mais que son cerveau refusait catégoriquement d'enregistrer l'information. Il avait planté en quelque sorte. Et c'est ainsi qu'il resta un long moment en face d'elle totalement immobile. Ce genre de moments qui semble durer un éternité, que vous croyez un moment qu'il ne s'est écoulé qu'une fraction de secondes avant de vous apercevoir qu'il s'est en fait écoulé de très longues minutes.

Un éclat meurtrier s'alluma dans le regard de Guilhem. Son premier réflexe fut de l'attraper pour la balancer par la fenêtre. Mais cela lui sembla trop rapide et pas assez cruel. Elle venait tout simplement de les priver d'un enfant. Il fallait quelque chose de plus important comme punition. De beaucoup plus important.

« Surveille la, ordonna-t-il d'une voix sinistre. Si jamais elle venait à mourir, tu la suivrais. Et en souffrant. »

Guilhem n'avait pas put rester auprès de son amante, quant bien même il en avait l'envie. Il y avait trop à faire en intendance, sans compter les Wandriens qui, tout efficaces au combat qu'ils pouvaient être, n'était qu'assez difficilement contrôlables. Allez savoir s'il n'avait pas décidé de s’entre-tuer ou de faire brûler une ferme pendant la nuit. Et même s'ils n'avait rien fait, mieux valait ne pas tarder à s'en assurer. Par contre, Favrielle n'avait rien d'autre à faire que de rester là et de veiller sur la belle muette. Alors elle avait sérieusement intérêt à être toujours présente lorsqu'il reviendrait la voir. Déjà que sa vie ne valait pas grand chose, elle avait encore sérieusement perdu de sa valeur avec ce qu'elle venait tout juste de faire. Mais laisser Agniès seule risquait très fortement de lui porter le coup de grâce.

Il fallut plusieurs heures à Guilhem avant de trouver un moment pour retourner dans la chambre.

La jeune femme s'était réveillée et était tranquillement assise sur le lit. C'était assez étrange comme contraste. Agniès était éveillée, installée dans des draps propres et avec une jolie robe d chambre, veuille tant un livre. Elle était posée et tranquille, comme si rien ne s'était passé. Le décalage avec la quasi scène de cauchemars dans laquelle il l'avait laissée le matin même était tell que Guilhem crut bien qu'il l'avait complètement rêvé.

Il n'arrivait pas à comprendre comment tout dans cette chambre pouvait être aussi calme et serein alors que le matin même, tout semblait avoir basculé dans l'horreur.

Peut-être avait-il vraiment rêvé les évènements qui s'étaient déroulés.

Cette incompréhension ne l'empêcha pas pour autant de noter l'absence de Favrielle. Où qu'elle soit, elle allait en prendre pour son gade. À moins qu'elle ait tout avoué à Agniès et qu celle-ci l'ait purement et simplement chassée. C'était sans doute ce qui pouvait lui arriver de mieux car les châtiments que lui aurait infligé Guilhem voyaient l'utilisation d'outils désagréablement pointus et tranchants ainsi que la nécessité de placer quelques organes à l'extérieur du corps de leur légitime propriétaire.

Quel homme charmant, vraiment.

Lorsqu'elle se rendit compte de son arrivée, elle tenta de se lever. Guilhem l'en empêcha et vint se mettre assis à côté d'elle il n'était même pas certain que si elle l'avait put, elle aurait vraiment été capable de se mettre debout.

Il resta là un long moment sans rien dire après tout, il n'avait pas la moindre idée de quoi lui dire. Il paraissait vraiment peu probable qu'elle ait réussi à garder l'enfant qu'elle lui avait annoncé porter. Et lui n'avait pas la moindre idée de la façon dont il devait aborder le sujet.

Pour un peu, Guilhem aurait égorgé sur place cette maudite servante. Juste là, au milieu de la pièce. Il l'aurait attrapé par le col et simplement balancée par la fenêtre. Ou alors il lui aurait simplement brisé la nuque comme si elle avait été un simple poulet. Non seulement elle leur avait fait perdre leur bébé, non seulement elle n'avait pas été foutue de dire ce qui s'était passé, mais en plus, elle venait de lui dire clairement à lui pour qu'il arrange les choses maintenant et devant sa maîtresse histoire qu'être sure qu'en plus du choc qu'elle avait déjà subit et de celui qui lui pendait au nez, elle puisse angoisser et se demander ce dont ils étaient en train de parler.

Franchement, on pouvait vraiment se demander pourquoi est-ce qu'elle était encore en capacité de respirer.

Le jeune homme ne dit rien pendant un certain temps, laissant la demoiselle se reposer, manger, reprendre des forces. Pas question de balancer cela n'importe comment. Elle avait déjà été particulièrement éprouvée par ce qu'il venait de lui arriver. S'il lui annonçait de but en blanc qu'elle avait perdu son bébé... on avait déjà vu des femmes devenir complètement folles pour moins que cela.

Comment lui dire.

Guilhem tenta d'ouvrir la bouche, mais il n'arrivait qu'à quelques son sans réel cohérence.

« Le... le bébé, finit-il par articuler. »

Comment pouvait-elle être aussi calme ?

Guilhem avait dans les mains l'ardoise que la jeune femme venait tout juste de lui passer et il la regardait sans vraiment comprendre. Comment est-ce qu'elle pouvait être aussi détachée avec cela ? Il n'arrivait pas un seul instant à le comprendre. Elle venait de perdre son enfant. Que pouvait-il se passer de pire dans la vie d'une femme ? Elle venait de perdre son enfant et pourtant, cela ne semblait en rien l'affecter. Pire, elle traitait cela avec une telle distance qu'on aurait crut qu'elle venait simplement de laisser tomber une tartine sur le sol. Comment pouvait-elle être aussi froide.

À lire le message et à voir les yeux secs de la jeune femme, rien de tout cela n'était bien grave. Ce n'était tout au plus qu'un contretemps. Guère plus qu'un simple rhume.

Il ne lui en voulait pas d'avoir perdu l'enfant. Toute la colère qu'il ressentait contre cela était exclusivement tourné vers Favrielle. En revanche, alors qu'il regardait l'ardoise et la jeune femme, une autre colère commençait à monter en lui.comment est-ce qu'elle pouvait être aussi froide ? Aussi détachée ? Elle venait de perdre son enfant. Est-ce que cela ne mériterait même pas une petite larme ou simplement une petite tristesse ?

À ce moment précis, il la détestait.

L'ardoise fit un vol planer pour aller violement se fracasser contre le mur de la chambre.

« ET C'EST TOUT ?!? »

Oui, après tout, ils n'avaient pas vraiment le choix. Ils ne pouvaient qu'attendre qu'elle puisse porter un nouvel enfant. Le comportement de la jeune femme était purement pragmatique. Mais Guilhem n'arrivait pas à accepter ce pragmatisme. Il était dans l'émotion et il voulait en vouloir à quelqu'un. Malheureusement pour elle, son amante était ce qu'il avait sous la main plus qu'elle ne lui aurait donné de vrai raison de lui en vouloir ou de vrai raison de se mettre en colère. Elle était simplement là. Déçue et triste, mais pas assez aux yeux du seigneur de Karras.

Et pour cela, il lui en voulait.

« Je veux qu'on jette Favrielle dehors, grinça-t-il. Et je t'interdit de lui donner la moindre piécette. »