Inquiétudes et demandes. [Mahaut]

8ème jour de la 5ème ennéade de Barkios, an 8 du 11ème cycle.

Elle venait à peine de rencontrer le comte d’Arétria qui traversait Serramire avec son armée que sa nouvelle destination était Serramire-la-ville. La Dame envoya un messager pour demander une audience. La Lourmelloise arriva alors à la capitale qui n’avait pas changé depuis sa dernière visite lors d’une réunion regroupant les intendants du marquisat.

Depuis de nombreux évènements se sont déroulés et il était temps de faire un point. Devant les portes du château, Maélyne fut annoncée, elle descendit de son cheval et entra alors dans la demeure du Marquis. Mahaut l’attendait déjà dans la salle d’audience, salle dans laquelle son époux annonça le départ pour la guerre contre Jérôme.

« Votre excellence. » Dit-elle durant sa révérence.

Mahaut l’accueilli également et lui demanda la raison de sa visite.

« Je me permet de venir vous faire part de mes inquiétudes, ma Dame. Nos hommes sont actuellement en Sgarde où la majorité de la population a été emportée par la peste. Le marquisat se redresse doucement depuis la fin de la guerre civile mais je ne crois pas que nous sommes préparés si une épidémie devait avoir lieu. » Elle fit une pause. « Bien évidemment, rien ne nous dit que la peste franchira notre frontière. Plusieurs milliers d’hommes en sont revenu sans le moindre symptôme mais quelque chose me dit que nous devrions être vigilants et éventuellement se préparer au pire. Notre blé est beaucoup consommé en dehors de nos frontières et s’il advenait que notre pays soit touché par la maladie, le commence en pâtirait fortement et des centaines de gens ne pourront pas bénéficier de notre nourriture. »

Elle refit une pause en pensant à l’armée Arétane sous les ordres de l’ancien comte qui était revenu de la Sgarde sans contaminer le pays Arétan mais peut-être que les Serraminois n’auront pas autant de chance.

« Personnellement j’ai fait appel à quelques soigneurs qui pour certains ont déjà côtoyé cette maladie. Ils ont été de bons conseils que j’ai appliqués dans les contrées Lourmelloises. Je pense que l’essentiel serait de prévenir la population d’un éventuel risque, les permettant ainsi de se renseigner sur les symptômes ce qui aiderait à mettre rapidement les malades en quarantaine surtout que la majorité de la population Serraminoise vit dans nos campagnes. Nous ne pourrons donc pas assurer les soins à tout le monde. » Elle refit une pause. « Je peux éventuellement me porter volontaire pour véhiculer les différents consignes à devoir suivre. »

Maélyne avait pas mal de choses à dire à la Marquise.

« Je reviens d’ailleurs des contrées Versmilliennes où j’ai rencontré le comte Alwin de Karlsburg. Il traverse actuellement Serramire avec son armée pour offrir une aide non négligeable face aux noirelfes. Lourmel s’occupe de leurs apporter une aide logistique quant à leurs voyage vers le nord. Leurs progression sera lente mais espérons qu’ils arriveront à temps. » conclu-t-elle enfin pour donner la parole à sa souveraine.

Assise sur son trône, à côté du siège vide de son époux, Mahaut écouta sa vassale jusqu'au bout avant de répondre.

« Je crains que la seul solution à la peste soit la purification par le feu, et s'il advenait que la population tombe dans cette paranoïa nous risquons d'avoir tous les enrhumés et fiévreux du pays tué par le feu par des paysans ignares. Quant aux troupes d'Arétria, vous faites bien. »

La réponse fut courte mais elle n’avait pas complètement tort. Il y avait un risque que la peur s’abatte sur le peuple.

« Vous n’avez pas tort Ma Dame. » répondit-elle premièrement. « Nous nous contenteront de surveiller d’avantage qu’à l’accoutumée. » continua-t-elle avant de prendre une petite pause. « Je souhaiterais également vous faire part d’une autre demande. » reprit-elle. « Ou plutôt vous faire part d’une proposition. Vous savez tout comme moi que durant les dernières années de guerre civile, les territoires de Lourmel ont été les moins ravagés. Ce qui nous a permis de nous redresser plus vite que je n’avais pensé. Bien évidemment nous n’avons pas atteint une production maximale de blé mais nous en sommes pas moins lotis. » Continua-t-elle avant de prendre une pause observant la réaction de sa suzeraine. « Mais sachez que je ne me soucie pas que des terres sous ma responsabilité. J’ai été durant plusieurs années à votre place. A cette époque déjà, je me souciais de tout le marquisat. » Elle s’arrêta. Pourquoi avoir abdiqué si elle se souciait alors du marquisat ? « J’ai essayé de réunir la noblesse Serramiroise et de mettre fin au conflit des seigneur de l’intérieur et des seigneur frontaliers mais je n’y suis pas arrivée. Votre époux y est arrivé et je lui dois le plus grand des respects pour ces actes. » Elle fit une pause arrivant bientôt à sa fameuse proposition. « Néanmoins je pense que mon aide ne peut être qu’un bonus à vos côtés. Laissez-moi vous prouver que, même si j’ai échoué il y a de cela quelques années, qu’aujourd’hui, je suis capable de vous épauler. »

Mahaut acquiesça, puis fit un signe de la main pour l'autoriser à exposer sa demande.

« Aymeric, votre marquis, a un talent certain pour saisir les opportunités et rassembler les hommes autour de lui. J'apprécie votre demande et je l'accepte si vous saurez vous rappeler votre place Maélyne d'Outremont. Bien que l'intendance de Serramire ne soit pas aujourd'hui une affaire épuisante. »

Maélyne baissa la tête en signe de remerciement puis reprit la parole.

« N’ayez crainte Ma Dame, je connais la place qui est la mienne et en aucun cas je ne bafouerais votre autorité. » termina-t-elle.

« Dans l’immédiat, puis-je vous proposer de continuer d’acheminer une certaine aide logistique à l’ost Arétan jusqu’au mont d’or, tout cela restera bien évidemment dérisoire car nous devons également ravitailler nos propres troupes. » Dit-elle avant de prendre une petite pause. « Avez-vous une quelconque autre tâche à me confier Ma Dame ? »

Mahaut sourit « Faîtes ceci. Oui j'ai une demande. Sainte-Berthilde, en la personne de son représentant Godefroy de Saint-Aimé a invité Aymeric pour parlementer. Aymeric étant occupé avec des affaires plus urgente m'a demandé de le représenter, mais une fatigue m'empêche de voyager en ce moment. »

La jeune femme fut assez surprise, elle ne s’attendait pas à une telle responsabilité, du moins pas au début. Mais c’était un honneur qu’elle ne pouvait refuser.

« Ce sera donc un honneur pour moi de vous représenter Ma Dame. Quand souhaitez-vous que je parte ? »

Sa suzeraine lui répondit

« Le plus tôt possible, prenez des pigeons avec vous pour m'informer de vos discussions. »

« Très bien, je vous remercie du temps que vous venez de m’accorder. » Dit-elle alors avant de s’incliner