Le procès d'une vie. [Arichis]

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Solaara de Chastelo
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MessageSujet: Le procès d'une vie. [Arichis]   Le procès d'une vie. [Arichis] I_icon_minitimeJeu 14 Mai 2015 - 19:19

Sur le pont du bateau, mon regard se perdait dans l’horizon. Notre destination était plutôt facile à deviner. Nous rentrions chez nous. Thaar était sûrement une très belle cité mais rien ne valait mieux que mon foyer à mes yeux. J’étais partie seule mais je revins en bonne compagnie vu que mon fils ainé, celui qui sera bientôt marié à une Anoszia, m’accompagnait. Tout comme mon époux mais aucun échange n’eut lieu entre nous depuis notre dispute dans nos appartements concernant l’achat d’esclaves auprès de la riche marchande Shallat. Il a rompu un traité que nous avions avec les Anoszia, ce qui l’incombait énormément.

Nous arrivions enfin à Ydril, là où père  nous attendait. Il semblerait que nous allions ne pas rentrer tout de suite, et profiter de la présence de notre suzerain pour rompre ce mariage. Mon époux semblait avoir compris et ce depuis mon arrivée à Thaar. Père avait envoyé un représentant auprès du Régent pour lui signaler la présence des deux époux et la convocation des éventuels témoins.

Plusieurs jours passèrent, ma fille m’en voulait d’en arriver à divorcer, elle savait pertinemment que si j’obtenais gain de cause, son père en serait la risée du vicomté. Mais je n’avais pas le choix, je ne pouvais supporter telle situation et telle honte plus longtemps.

Nous nous dirigions enfin vers le Palais. Dans la salle du trône, un héraut annonça d’abord notre suzerain avant de nous inviter à nous présenter. Il semblait avoir meilleure mine que lors de notre rencontre à Langehack ce qui me réjouit assez.


« Votre Grandeur. » dis-je alors en lui offrant une révérence.
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MessageSujet: Re: Le procès d'une vie. [Arichis]   Le procès d'une vie. [Arichis] I_icon_minitimeMar 19 Mai 2015 - 0:40

Albérick était en ville depuis quelques jours déjà. L’Anoszia avait eu le temps de discuter avec lui, visiblement l’humiliation que subissait sa famille par son époux lui pesait énormément. Le régent avait rencontré la dame à Langehack où ils se sont mis d’accord, plus au moins, sur le déroulement du procès. Le vicomte allait être accusé d’adultère, ce qui n’était pas un crime impardonnable en Ydril, mais lorsqu’on venait d’une famille moins puissante et qu’on humiliait une autre qui l’était d’avantage, on arrivait parfois à trouver justice auprès du suzerain. Aléandra était bien sûr cette suzeraine, mais Arichis son régent pour encore quelques années, et il était appelé à rendre justice en son nom.

La salle du trône avait été aménagée pour servir de tribunal. Sur l’estrade, flottaient à droite et à gauche du trône les bannières du dragon d’or et du dragon de sinople. Deux cathèdres en bois étaient posées également au milieu où siégeaient les vicomtes du Trezatio et de la Barriana qui assisteront le Comte-Régent durant le procès. Au milieu de la salle, des tribunes remplissent de clercs, de nobliaux, et de prêtres.


« Votre Honneur, Mon Seigneur. J’espère que votre traversée fut agréable. »

Arichis accueillit avec un sourire de bienséance la vicomtesse, puis son père. Il les invita à s’assoir au premier rang, sur la première tribune. La garde pourpre, arborant des heaumes d’apparats aux dragons dorés et des capes rouges, se tenait fièrement droite devant chaque colonne encerclant la pièce. C’était le deuxième procès public d’envergure que le régent présidait, des rumeurs avaient circulé sur le pourquoi de celui-ci et l’entrée des Chastelo fit amplifier le bruit de fonds des murmures.

« Nous sommes réuni ici aujourd’hui pour juger devant les hommes et les dieux le vicomte du Curzio, Frédérick de Berozia. Faîtes s’il vous plait, entrer l’accusé. »

Les portes s’ouvrirent sur deux gardes encadrant le vicomte, livide. Les Berozia n’avaient pas hésité à se ranger derrière Alastein lors du conflit, ou se terrer dans leurs manoirs lors du coup d’état contre Altiom. Arichis n’avait aucune sympathie pour eux, et les humilier aujourd’hui, pour avoir la gratitude des Chastelo, ne le gênait nullement. Il montra d’une main la chaise où devait s’installer le présumé coupable. C’était une chaise simple en bois, qui donnait dos à la tribune et faisait face aux juges. Les gardes « l’aidèrent » à s’installer et le beau-frère d’Arichis, Odoric, réclama le silence qui se fit.

« Nous sommes céans afin de rendre justice au nom de notre comtesse et suzeraine, Aléandra di Systolie, Iere du nom, baronnasse d'Aphel et Gardienne du Cap du Dragon, fille de Kalgar. Et de notre roy, Bohémond Ier. Nous nous apprêtons à juger Frédérick de Berozia, Vicomte du Curzio, fils de Naerlo. »

Arichis se tenait debout, devant son siège et regardait sévèrement l’accusé. Il leva les yeux vers Solaara, puis reprit.

« Vous êtes accusé vicomte d’adultère par la famille Chastelo, ce qui est un crime grave aux yeux de Néera la Bienheureuse. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? » L’adultère était le crime le plus commun en Ydril, et pas une grande humiliation que d’être jugé pour.
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MessageSujet: Re: Le procès d'une vie. [Arichis]   Le procès d'une vie. [Arichis] I_icon_minitimeMer 27 Mai 2015 - 19:00


Entrant dans la salle, mon époux semblait livide. Il fut installé sur une chaise en bois et faisait face aux juges. Je me trouvais non loin, après tout, l’accusation venait de ma part. Dans les tribunes, en plus des curieux qui sont venus se distraire, on pouvait y distinguer mon père, ma mère, mes enfants et quelques nobles qui nous soutenaient. La famille de mon époux était également présente. Leurs attitudes laissaient présager qu’ils ne soutiendraient pas leur fils.

Mon regard se posa sur cet homme qu’on m’avait forcée d’épouser il y a de cela plusieurs décennies et un sentiment de pitié s’empara de mon cœur. Après tout, c’était l’homme qui me donna trois beaux enfants. Mais son attitude, son manque de respect envers moi, je ne le supportais plus. Je repris alors mes esprits, me redressant, la tête haute, j’écoutai les paroles que notre régent se mit à exprimer. Très vite il questionna mon époux, qui n’avait pas bougé d’un doigt.


Un silence s’installa avant que Frédérick décida de prendre la parole. « Je suis coupable. Je reconnais les faits qu’on me reproche. » Commença-t-il.

Des voix se mirent à résonner dans la salle, personne ne se doutait de ce qui venait de se passer. Tout le monde et même moi-même, pensait qu’il allait tout nier, qu’il allait se défendre mais il en fut rien. Il se déclara coupable, tout bonnement, mais qu’est-ce qu’il lui passa par la tête ?

Mon regard se porta vers sa famille, qui sembla encore plus indigné de la réaction de leurs fils. Au fond, n’espéraient ils pas que les accusations étaient fausses ? Alors que les voix des personnes présentent semblaient s’atténuer, Frédérick continua. « Mais je me permets de me défendre ! » dit-il alors en captivant l’attention de tout le monde. « Si je me suis permis d’enfreindre la fidélité que nous impose la Damedieu, c’est pour l’UNIQUE raison que ma chère épouse ne daigna plus accomplir son devoir. Me refusant sa couche, me repoussant et m’humiliant de ses nombreux refus ! » Il marqua une légère pause alors que ma respiration s’accélérait sous l’énervement. Je serais les poings, ce qu’il me faisait là était odieux et ma seule envie dorénavant était de le rabaisser plus bas que terre. « J’ai essayé à maintes reprises d’aborder le sujet mais elle l’évitait à chaque fois, ne me donnant aucune explication. Que voulez-vous que je fasse ? J’aurais pu la battre…  la forcer…  Mes nombreux déplacements économiques me menèrent à Thaar où la tentation était grande. Oui, j’ai succombé, mais qui aurait pu résister ? » Il refit une pause, portant son regard sur les juges ensuite sur l’assemblée. « Qui aurait pu tenir dix-sept années ? » Termina-t-il.

Ma colère était montée d’un cran. Comment osait-il me bafouer de la sorte ? Elle n’attendait plus qu’un seul moment, celui où elle serait appelée à témoigner.
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MessageSujet: Re: Le procès d'une vie. [Arichis]   Le procès d'une vie. [Arichis] I_icon_minitimeDim 31 Mai 2015 - 23:36


L’Anoszia souriait intérieurement. Il avait correctement préparé le procès pour qu’il suivre la voix qu’il avait décidé pour, il ne comptait pas sur le vicomte pour lui faciliter la tâche d’où ce sourcil qui s’arqua lorsqu’il confessa sa faute. Mais ce signe extérieur était là pour lui montrer, pour leur montrer à tous qu’il n’était pas là en maitre du destin mais en tant que juge qui peut-être surpris. Le patriarche écouta donc, il le laissa terminer, se permettant de jeter un coup d’œil vers Solaara. Il remarqua les poings serrés sur ses genoux. Odoric de Mirabelo, le deuxième juge, prit la parole.

« Vos déplacements économiques à Thaar qui vous ont amené à rompre l’accord commercial donnant le monopole de la traite des esclaves aux Anoszia. Mais cela peut attendre un autre procès. Si je suis bien votre raisonnement, vous vous êtes parjuré auprès de la DameDieu par l’adultère parce ce que votre épouse se refuser à vous et n’honorer pas votre couche, et ce depuis dix-sept ans soit remontant à la naissance de votre dernière fille ? Sire permettez-moi de vous rappeler que vous êtes ici devant les hommes mais que vous êtes également jugé devant les dieux, un mensonge devant nous est un mensonge devant eux. »

Arichis prit la parole à son tour pour s’adresser à la plaignante.

« Avant que nous écoutions votre témoignage ma dame, j’aimerais que nous écoutions un témoin. »

Un témoin parmi tant d’autres que l’entourage du régent avait préparé en vue de ce procès. Un entourage limité à quelques exécutants afin que des rumeurs ne circulent pas autour. Les portes s’ouvrirent, et les regards de l’assistance se tournèrent vers un jeune homme, maigrichon mais dont les fossettes et les yeux rappelaient l’accusé. Arichis avait mit du temps à le trouver celui là. L’inconnu marcha, intimidé, jusqu’à l’estrade où Ircénius d’Yspania l’invita à s’assoir sur une chaise face à l’assistance et aux juges.

« Quel est ton nom garçon ? »
« Jé m’appelle Tibalgo mi seignor. »
« Et quelle est ton histoire Tibalgo ? »
« Jé suy lé fils bastardo di seignor Fédérico di Berozia. »

Le silence s’installa dans la salle, tous les regards se tournèrent vers la famille de Chastelo. Vrai ou faux, la révélation avait son poids.

« Quel âge as-tu Tibalgo ? »
« Jé suy dicciotto anios mi seignor. »
« Racontes-nous. »
« Mi mama este muerte mi seignor. Mi mama este una patricienne del Ydril, una seignorita. El Seignor Fédérico a ricontré mi mama à una fiesta della capitàl, après una noche en el castel di seignor Marfoy, jé suy concu. Après cila, mi mama estoy rèpudia par su papa por un bastardo. »

L’accent du garçon laisser penser aux oreilles expérimentés qu’il avait grandit dans les quartiers pauvres de la capitale. Arichis se leva de sa chaise, et congédia Tibalgo qui fut conduit par deux gardes jusqu’à l’extérieur.

« Ainsi vous avez menti mon seigneur, si ce garçon est votre bâtard alors vous avez trahi votre mariage avant la naissance de votre fille. Avant d’écouter votre défense, nous écouterons le témoignage de votre épouse. Venez ici ma dame, et racontez nous votre version. »    
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MessageSujet: Re: Le procès d'une vie. [Arichis]   Le procès d'une vie. [Arichis] I_icon_minitimeVen 18 Sep 2015 - 11:40


Je vis un jeune homme entrer. Il était à peine plus âgé que mon cadet. Lorsque je croisai son regard, mon cœur s’arrêta. Il avait les yeux et le même regard que Frédérick. Pourtant j’étais persuadée que c’était à cause de mon refus qu’il commença l’adultère. Mais il semblerait que non… Cet homme n’avait-il donc aucun honneur ?

Mes poings étaient toujours serrés au pont qu’une douleur commença à apparaître. J’entendis le témoignage de ce jeune homme qui se prononçait dans un dialecte qu’on reconnaissait bien. Mon regard vint alors se poser sur mon époux qui afficha une sombre mine ce qui me poussa à croire que cet enfant était bien à lui.

Je baissai alors la tête, essayant de contenir les émotions qui s’emparèrent de moi. Le régent me demanda alors à la barre, souhaitant entendre mon témoignage. Moi qui avais déjà tout un discours en tête, cet enfant est venu tout chambouler. Des questions me virent à l’esprit et ceux-ci bloquèrent tous mes moyens.  J’entendis alors Frédérick s’exprimer.


« Mensonge ! Il est facile de payer un gamin des bas-fonds pour un faux témoignage ! »

N’avait-il pas entendu ce que son suzerain venait de dire ? Pourquoi s’acharnait-il à s’enfoncer autant ?
J’approchai enfin et je m’installai derrière la barre, tous les yeux de la salle était rivés sur moi, même ceux de mon époux qui essaya de contenir sa colère. Je me sentais tout d’un coup coupable, tout autant que lui. Je posai mon regard sur Arichis, qui semblait attendre le témoignage qui ne venait pas. Je me rendis compte que je lui envoyais un message de détresse qu’il pouvait interpréter dans mon regard. Je me repris alors, me rendant compte que je dépassais certaines limites.  Je regardais alors mon père, qui hocha de la tête en signe d’encouragements. Si seulement il savait que je mentais mal… Hésitante, elle se lança.


« Je suis au courant de son infidélité depuis le début, mais cela serait vous mentir si je vous avouais que j’ai eu vent de cet enfant caché que vous venez de faire témoigner. Néanmoins, le vicomte dit vrai. Je me refusais à lui. »

Des voix montèrent dans la salle et le regard que me lança père en disait long alors que mon époux esquissa un sourire de satisfaction, croyant qu’il venait de gagner des points.

« LA –elle éleva un peu la voix pour captiver à nouveau la salle- cause de mon refus envers lui s’explique de façon médicale. Lors de la naissance de Bertrando, mon cadet, il y eu des complications qui me mettent dans l’incapacité de pratiquer mes devoirs d’épouse. »

Je ne voulais pas entrer dans les détails, estimant que mes problèmes se devaient de rester personnels.

« Nos échanges devinrent de plus en plus houleux, il ne voulait pas comprendre mes refus, pas comprendre que la guérison serait longue. Il n’a pas eu la patience nécessaire. Plusieurs années passèrent et la guérison totale approcha, mais une rancœur n’acquit en moi envers mon époux. Je me suis sentie trahie par cet l’homme qui au moindre obstacle se donne le droit de rompre ses vœux. »

Je m’arrêtais là, ne voyant pas ce que je pouvais rajouter de plus.

« Avez-vous quelconque autre question ? » Demandais-je alors à celui qui présidait le conseil.
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