8eme année du 11eme cycle, Bàrkios, quatrième ennéade Environ d'Eraison
Au bout de plusieurs jours de vol, Ëninríl aperçut au loin, la Annon, la porte d'Anaëh. Symbolisée par Ellyrion et Yutar, elle gardait symboliquement l'entre de la Grande Œuvre. Depuis la prise des deux cités et d'Eraison par les drows, un symbole cher aux elfes était tombé. Le druide, lui, était invité par Halyalindë au conseil des officiers de l'armée royale pour la reprise d'Eraison. Il y rapportait des bonnes nouvelles... ou non.
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8eme année du 11eme cycle, Bàrkios, troisième ennéade Ouest d'Eteniril
Dans une clairière bordée de charmes et de hêtres centenaires, le jeune des Wen'Döril réfléchissait, assis sur une pierre d'ardoise plate suspendue à deux coudées du sol. Son arc et son carquois étaient posés près de lui, tandis qu'Elieth Faerion se tenait debout. Ëninríl avait développé une profonde affection pour cet ambassadeur, à l'apparence maladroite mais qui ne manquait pas d'esprit. Une preuve de cet état de fait était que le druide n'avait pas remarqué les capacités magiques de son compagnon de route. Les deux elfes, plongés dans leur réflexion, ne dirent mots. Le sylve s’interrogeait sur le message que lui avait adressé Kÿria à travers la Symphonie. Il avait beau tourner et retourner la phrase dans son esprit, le sens lui échappait totalement. Finalement, il se résigna et se dit que l'avenir se réservait de lui apporter la réponse.
Ici, le druide et le Citadin attendaient les représentants d'une douzaine de Noss différentes. Ils espéraient convaincre la majorité d'entre eux à rejoindre le combat commun des elfes de bois et de pierre contre les drows. Normalement, son statut de druide lui garantissait d'être entendu mais ces elfes allaient-il risquer la vie de leurs guerriers si ils ne pensaient pas cette cause juste ? Rien n'était moins sûr !
Len premier "invité arriva dans la clairière par la brousse. Assez petit, vêtu simplement, le sylve portait sur ses épaules le poids de l'âge, et son visage soulignait les épreuves vécues. Ëninríl le connaissait pour être le chef des guerriers d'une Noss très nomades qui voyageait généralement à plusieurs jours de marches au Sud. Il savait que cet elfe avait participé à la bataille de Malereg : ce sera difficile de le convaincre. Toutefois, l'interressé s'inclina devant le druide, lequel sauta lestement à bas de son promontoire et répèta les mêmes gestes. D'autres Ornedhels arrivèrent et s'entassèrent dans la clairière. Si la plupart d'entre eux faisait preuve de respect pour le héraut d'Anaëh, celui-ci surprit des regards haineux en direction de l'ambassadeur. Alors sa confiance en lui fléchit : amener Elieth Faerion pour ce conseil était est-ce une bonne idée ? Aurait-il fait une erreur en l'amenant dans cette partie d'Anaëh ? "Assurément lui assura une voix intérieure. Il donnera de l'impact à tes paroles et de la légitimité"
En son for intérieur, Ëninríl prononça une prière pour Kÿria et demanda à Maurquimellë que son plan fonctionna. A ce moment il se leva, et s'adressa à cette petite assemblée. Ils étaient à présent une quinzaine _ plus que ce que le druide avait pu imaginer _ et comptaient parmi leurs rangs le père d'Ëninríl lui même.
"_ Bonjour, chers frères. Puisse la grâce de Kÿria aller sur vous et votre famille. Je vous remercie profondément d'avoir répondu à mon appel. Je suis ici pour vous raconter ce que, de mes propres yeux, j'ai vu de la Annon. Les sombres avancent et sont maintenant arrivé dans Anaëh, à Eraison. Si nous ne les controns pas immédiatement, ils y pénétreront et les Cinq seuls savent ce qu'il se passera alors. Au nom du peuple Elfe en entier, nous nous devons de les arrêter. Les Citadins peinent, avec leur armée seule de les repousser. Alors amenez vos guerriers, frères. Oublions nos différences avec nos frères des Cités et combattons ensemble pour un bien commun immensément plus important que de querelles entre peuples : la Grande Œuvre, la Prime Forêt, Anaëh. Et, en effet, la place d'un druide n'est pas devant vous à vous enjoindre à rejoindre le combat. Mais il est de son devoir de protéger sa raison de vivre, son berceau. Elieth Faerion, ici présent, pourra conter la même chose que moi à propos du Front. Il est venu représenter le peuple Citadin auprès de vous. _ Devrions-nous risquer notre vie et celle de nos guerriers pour une cause dont nous avons juste pour preuves des paroles rapportées d'officiers elfes, fils ?"
Ëninríl écarquilla ses yeux. Déjà surpris de trouver ici son géniteur, il l'était encore plus de le voir vouloir contrecarrer ses projets de défenses. C'est alors qu'il comprit la signification de la phrase : "Il est temps. Sépare-toi des tiens et libère-toi de tes entraves. L’œuvre sera ton refuge ; l'Art, ton arme ; la Forêt, ta raison d'être." Anaëh voulait que lui, à l'instar de beaucoup de ses pairs druides, quitte sa Noss pour se consacrer entièrement à Elle. Aussi, même si cela lui brisait le cœur, le jeune Ornedhel répondit :
"_ Père. Anaëh m'a demandé de vous rapporter la vérité des champs de batailles qui La menace. Même si c'est regrettable, si vous ne suivez pas Son Appel, je choisirai sans une hésitation entre Kÿria et Wen'Döril."
L'annonce jeta un froid, mais tout le monde comprenait : la place d'un druide n'était pas dans une Noss. Arafinwë, ne pouvant plus en supporter, quitta la clairière sur le champ. Les deux avaient choisi leur destin. Ce fut Elieth qui brisa le silence. Il parla lui aussi avec sincérité et les regard qui pesaient sur lui furent plus doux. Alors s'engagea dans l'assemblée de virulents débats qui durèrent plus d'une heure. Quand le silence se fit, une femme s'avança et dit avec déférence :
"_ Au nom de la Noss Mören Linwë, nous nous réunirons sous une même bannière que les elfes des Cités. Toutefois, en aucune façon nous leur serons assujettis. _ Évidemment" répondirent Ëninríl et Elieth d'une même voix.
Elle avait lancé le mouvement. Quatre autres membres se joignirent à elle, ce qui représentait près de sept cent cinquante elfes et un tiers des Noss représentée ici.
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Elieth et les différents chefs de Noss ouvraient la marche de plus de sept cent elfes des Bois à travers Anaëh. Les paroles qu'on s'échangeait entre les rangs désorganisés étaient mitigés pour ou contre cette alliance, mais chacun suivait son chef, peut importe où il irait. Cette petite armée s'inscrivait dans la dynamique que l'alliance qu'avait contractée Ril-Vywen quelques mois plus tôt. Elle rejoindrait le front une ennéade plus tard, lorsqu'elle arriverait à Eraison.
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