Des nouvelles pour une dame [Maelyne]

Lorsqu'on entendit sonner dans le campement les premiers cors annonçant qu'un départ était imminent, Walther se souvint d'une promesse qu'il avait faite quelques ennéades auparavant. Maelyne de Lourmel l'avait accueillie et lui avait confié des hommes pour partir soutenir l'effort de guerre. Ne sachant toujours pas s'il avait été digne de toute cette confiance, Walther savait à quel point il pouvait lui être redevable et que s'il perdait la vie, rien ne saurait jamais payer sa dette. Conscient de cela, il récupéra un morceau de parchemin récupéré à la hâte et se saisit de la plume d'un clerc qu'un de ses hommes avait trouvé quelque jours plus tôt.

La main transie par la fraîcheur printanière qui s'abattait sur le camp, il finit par trouver un moment de relative quiètude sous tente pour écrire une lettre à la châtelaine de Lourmel.

Chère Maélyne,

L'heure du départ est arrivée et nous nous apprêtons déjà à prendre la route. Je ne saurai hélas vous en dire d'avantage sur le lieu de notre destination finale, mais je profite de mes derniers instants de paix pour vous écrire cette lettre qui sera, je l'espère, un témoignage de ma plus grande gratitude envers la confiance que vous avez mis en ma personne. A force de discipline et de rigueur, les hommes qui étaient autrefois des voleurs où des petits malfrats sont devenus des hommes prêts à se battre pour une noble cause. Votre cousin, le seigneur d'Outremont, a accepté de nous prendre parmi ses hommes et de nous accorder sa confiance. De ce fait, j'ose pouvoir vous affirmer que nous nous retrouverons dans les premières lignes lorsque la bataille éclatera et que nulle armée ne sera capable de nous arrêter et de mettre à mal notre détermination. Car même si le froid, le vent et la pluie nous figent, c'est le cœur léger que nous partons pour combattre celui qui ronge et saccage nos terres. Il m'est néanmoins impossible de vous affirmer que nos chemins se recroiseront un jour, même si mes pensées me ramènent toujours sur vos terres. Je ne peux pas non plus vous affirmer que je pars sans crainte et sans peur, car la peur est dans les esprits de tous les hommes qui partiront en ce jour. Mais si nous y laissons nos vies et que la victoire est notre, alors nous pourrons être fiers d'avoir participé à cette grande épopée qui restera dans les mémoires pendant les siècles à venir.

Je prie Néera de toutes mes forces pour qu'elle m'aide à surmonter cette épreuve et qu'elle me guide à travers ce brouillard qui se dressera sur mon chemin. Je prie pour qu'elle me permette de revenir sain et sauf, mais promettez-moi une dernière faveur si jamais je ne reviens pas. Prévenez les miens et transmettez leur mes armes et mes dernières économies que je leur ai promises, je vous en serai éternellement reconnaissant.

Nous nous reverrons dans cette vie ou dans une autre ma dame. Que Néera vous protège, vous, vos gens et le royaume des Hommes tout entier.

Walther Hohenburg, votre dévoué serviteur

Une fois terminé, Walther plia délicatement la lettre avant d'y laisser les initiales de Maélyne. Au même moment, l'un de ses hommes vint le trouver dans sa tente.

-M'sire, c'est l'heure d'partir, les zommes sont prêts.

Walther acquiesça et s'en alla trouver les messagers du général d'Outremont qui s'apprêtaient à partir avant eux. Il donna la lettre à l'un d'eux et donna le nom du destinataire. Ni une, ni deux, le messager mit le courrier dans sa besace où se trouvait déjà des centaines d'autres lettres et tendit sa main pour qu'on le paye. Se saisissant fébrilement d'une des dernières pièces qui lui restait, il la donna avec l'espoir que cette lettre parvienne bien à sa destinatrice.

-c'est tout ce qu'il me reste.

Le gars mis la pièce entre ses dents et hocha de la tête pour dire que c'était bon. Ainsi, il vit le messager prendre la direction inverse de celle que tous ici s'apprêtaient à prendre. L'heure du départ était arrivée.