Réunion de famille [Guillaume, Mathilde, Lyse]

Jérôme était de retour à Etherna, il était d'abord passé à Hiviène afin de prier sur la tombe de sa mère. Il en avait profité pour "donner" Hiviène à sa soeur avec certaines conditions sur la succession. Après trois jours, il avait prit le chemin de la capitale en compagnie de sa soeur et sa nièce. Jérôme était tout sourire sur le chemin, heureux de savoir que bientôt il aurait toute sa famille autour de lui. En tant que patriarche, il se devait de les guider comme il le fallait. Les pardons de ses suzerains et la montée en puissance de la famille grâce au marquis de Serramire n'était pas pour lui déplaire non plus et il avait une idée en tête pour son frère.

Jérôme et lui ne s'étaient pas très bien compris à la fin car Guillaume n'avait pas tous les éléments en main. Ils s'étaient affrontés (gentiment) lorsque l'ainé avait demandé à batailler en première ligne à Amblère. Le pauvre, ne sachant pas pour Aline et ce qui lui était arrivée, ne pouvait pas comprendre les motivations du baron. Sans doute qu'il lui expliquerait à leur arrivée, ils s'étaient quittés avec une légère amertume et que Jérôme n'aimait pas être en froid avec sa famille.

Le trajet fut un peu lent car il y avait un carrosse pour Mathilde et Lyse, même si elles aimaient aussi monter à cheval, les apparences étaient importantes lorsqu'ils entreraient dans la capitale. Les hommes qui avaient suivit Jérôme pour sa protection servaient de garde d'honneur. C'était le retour du baron et même si contrairement à certaines idées, il n'avait pas prit la grosse tête, il avait apprit certaines choses durant les derniers mois. L'apparat avait son importance et il devait en imposer encore plus pour conserver le charisme qu'il dégageait et la foi que son peuple, et surtout ses vassaux, lui accordaient. Ils s'étaient donc arrêté dans une taverne avant de faire leur entrée dans Etherna et c'était en grande pompe, si l'on peut dire, qu'ils se dirigèrent vers le château située en haut de la colline. Jérôme en tête, sur son destrier noir, une armure scintillante, suivit d'une petite escorte, le carrosse de Mathilde et Lyse puis la fin de la garde.

Arrivé au château, Jérôme se débarrassa rapidement de cet attirail qui ne lui plaisait pas plus que cela et il demanda à voir son frère, dans un salon et non dans la grande salle, en intimité avec sa soeur et Lyse. Il voulait parler à bâton rompu, et réunir sa fratrie autour de lui.

Le trajet d’Hiviène à Etherna avait été plus long que d’habitude. Le carrosse n’avançait pas bien vite, du moins pas aussi vite que si Mathilde s’était trouvée en selle sur Tempête. Par respect pour son frère, la jeune femme n’avait pas bronché lorsqu’on lui avait signifié que sa place était à l’intérieur du véhicule avec Lyse mais elle avait eu du mal à dissimuler son impatience. Malgré le relatif confort du carrosse, la toute nouvelle Dame d’Hiviène supportait mal d’être enfermée ainsi et secouée dans tous les sens.
Quand ils firent une pause dans une auberge proche de la cité, Mathilde s’occupa de la tenue de Lyse tandis qu’Anaïs finissait tant bien que mal de coiffer les longs cheveux de la jeune femme. Pour l’occasion, elle portait une robe taillée dans une magnifique étoffe pourpre brodée d’or. Ses cheveux d’or étaient à présent relevés au-dessus de sa nuque, mêlés de tresses et d’ornements scintillants. Plus jeune, elle se serait pavanée dans pareille tenue, à présent, même si elle appréciait les compliments qu’elle recevait, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir mal à l’aise face à cet étalage de luxe.

Ils reprirent bientôt la route et le chemin jusqu’à Etherna fut rapide. Passées les premières minutes protocolaires, Mathilde fut autorisée à s’éclipser avec Lyse le temps que son frère finisse de saluer tout le monde. Elle regagna alors les appartements qu’elle avait habités presque deux ans plus tôt alors qu’elle était enceinte de Kiel. Se retrouver dans cette chambre lui rappelait de nombreux souvenirs, bons et mauvais, elle n’avait fait que quelques pas à l’intérieur et elle n’avait plus bougé jusqu’à ce qu’Anaïs se présente. Elle lui annonça que le Baron l’attendait dans le petit salon près de son bureau et qu’elle pouvait l’aider à se changer.
Refusant d’un signe de la tête, Mathilde demanda à sa servante de s’occuper de Lyse et de l’envoyer dès qu’elle serait prête. La jeune femme ne voulait pas rester plus longtemps dans cette pièce, c’était presque une fuite de sa part, elle en avait bien conscience, mais elle tourna les talons sans un regard derrière elle et se rendit dans le petit salon où l’attendait Jérôme.

Son frère avait eu le temps de se changer, Guillaume n’était pas encore arrivé, peut-être aurait-elle du prendre le temps de retirer cette robe pour en passer une plus simple, mais à présent qu’elle était là, elle s’approcha de son frère et lui adressa un fin sourire.

« - La dernière fois que nous avons été réunis tous les trois dans ce salon, je me rappelle avoir reçu la plus magistrale gifle de toute ma vie. Tant de choses ont changé depuis ce jour-là… »

Le ton de sa voix n’était pas des plus joyeux mais le sourire qu’elle continuait d’afficher était là pour rassurer Jérôme. Elle ne voulait plus pleurer, leurs vies avaient été agitées ces deux dernières années, ils avaient perdus des êtres chers, mais malgré toutes ses épreuves, ils étaient toujours là, tous les trois, plus unis que jamais.

Guillaume avait passé la matinée a RONFLER. Il avait apprécier cela, oh... Quel bonheur. Se reposer, pour de bon ! Dans un lit ! Un vrai lit ! Pas un lit de campagne fait de paille, pouilleux et crasseux, non, un lit, fourré de plumes d'oies, un oreille au duvet d'poulardes, un long traversin moelleux. Une couverture surplombée de velours... Le pied. Littéralement.

Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour une femme en plus dans sa couche, malheureusement, cela n'était pas à l'ordre du jour, au réveil, l'un des valets avait accourus l'informer de l'arrivée de son frère, et de sa soeur ainsi que de sa nièce Lyse. La nouvelle l'avait enchanté, autant que tendu. Il était pas près. Réveillé a peu près après dix heure, ayant profité de ce retour réparateur, le frère cadet s'élança pour se préparer, hurlant à un bain d'urgence et à ce que l'on le prépare !

-Ne pouviez-vous pas me réveiller plus tôt ?! grommelait-il vers le valets et les quelques servantes préparant déjà la baignoire et les vêtements du noble avec un empressement non feint.

-Mon seigneur, vous sembliez si fatigué lors de votre retour, nous ne tenions pas à vous réveiller... Et nous venons tout juste d'être informé de la chose...

-Oui, oui bien bien, dépéchons, ma famille m'attends ! Ma soeur risque encore de dire que je suis "coquet".. Soupirant il s'extirpa de ce pyjama de laine, plongeant son corps dans la baignoire sans réellement s'inquiéter du regard des servantes sur son corps, il n'avait pas l'temps de s'en inquiéter !

Il se frotta comme il ne l'avait jamais fais, décapant chaque centimètre de sa peau, ce bain n'était pas de trop après tout, et puis, il fallait faire preuve d'un tantinet de tenue devant sa famille, se montrer sous son bon jour, car il ne se dérangerait pas à lui faire des remarques ! Ha ça !

Lorsqu'il se sentit suffisamment propre, l'homme sortit de la baignoire en toute vitesse, manquant de glisser sur le parquet ciré, s'enveloppant dans la serviette que l'on lui tendait, Guillaume se frotta avec vigueur pour s'éloigner de toute humidité, s'emparant vite fait de ses bas qu'il enfila presque en même temps, dans une gestion parfaite du peu de temps qu'il avait devant lui.

En une petite demi-heure, il fut préparé, cheveux coiffés rapidement, il se mit à filer dans les couloirs, dans la hâte de revoir sa famille enfin complète, il déboula dans la salle en ouvrant la porte dans la volée, la faisant claquer contre le mur la soutenant, sursautant lui même, il regarda celle-ci revenir avec autant de violence vers-lui, il l'esquiva avec grâce et élégance, avant de se tourner vers son frère et sa soeur.

-Mathilde ! Jérôme ! Par les dieux, ce que c'est bon de vous revoir ! Il s'avança d'un pas plus calme mais pour autant toujours pressé, venant enlacer sa soeur avec amour, déposant un baiser sur son front. Où est Lyse ? Demanda-t'il en remarquant que le p'tit ange manquait à l'appel.

Joyeux ? Non... A peine, quittant par la suite les bras de sa soeur pour venir donner l'accolade à son frère, au diable les manières, ils étaient seuls.

-Tu en auras mis un temps pour revenir ! Tu te pavanais encore devant les hommes, c'est cela ? Ha, tes chevilles vont éclater si tu continues ainsi, Jérôme !Il se voulait taquin, mais pour autant affectueux.

Spoiler:

Jérôme était maintenant simplement vêtu, d'une chemise en lin de couleur bleue et de chausses communes. Il attendait dans le salon lorsque Mathilde le rejoignit. Celle-ci ne s'était pas changée et elle portait toujours la magnifique robe pourpre qui la mettait tant en valeur, avec la broderie or qui rehaussait la couleur de ses cheveux. Immédiatement, elle fit allusion à la dernière foi où la fratrie avait été réunit à cet endroit, et aux évènements qui y avaient eu lieu. Jérôme se doutant que cela lui rappellerait les douloureuses expériences de sa grossesse, du rejet de sa mère et du décès de son fils, il s'approcha et la prit tendrement dans ses bras

"Beaucoup de temps à coulé depuis et comme tu le dis, autant de choses ont changé mais nous trois sommes toujours la. Nous devons rester uni et je ferais tout pour que nous restions très proche"

Il l'écarta de lui, lui rendant son sourire. C'était lui le patriarche et il avait besoin de sa famille à ses côtés. Même s'ils étaient séparés, savoir que quelqu'un pensait à vous ou vous soutenez était rassurant. Il lâcha sa soeur et fit deux pas en arrière lorsque Guillaume fit son entrée, projetant littéralement la porte contre le mur et esquivant très adroitement le retour qui menaçait de lui enfoncer le nez, faisant sourire son ainé. Jérôme ne répondit pas pour Lyse, la question étant pour Mathilde et il lui rendit son accolade sans sourciller, heureux de retrouver son frère après l'avoir quitté à Amblère. Son cadet ne manqua pas de lui lancer une pique amicale. C'est toujours souriant que Jérôme s'inclina hypocritement et de manière bien marquée afin de le souligner, dans la continuité de l'air taquin de Guillaume

"J'ai mis le temps qu'il fallait sans que cela ne passe pour un affront"

Il s'en était passé des choses et même s'il avait envoyé un pigeon informer Etherna de ce qui lui arrivait, il ne l'avait pas encore fait de vive voix. Il devait être frustrant de voir l'ainé passer de l'ironie à une discussion tout à fait sérieuse

"Je suis très content de vous voir tous les deux, vous ne pouvez pas savoir comme il m'est cher de vous avoir à mes côtés. Nous en avons traversé des épreuves mais nous sommes toujours la et j'espère que cela nous a rapproché encore plus."

Jérôme embrassait du regard sa soeur et son frère, fier de les voir aussi soudé

"J'espère que je pourrais toujours compter sur vous deux et vous savez que je serais toujours présent si vous avez besoin de moi. Nous avons passé pas mal d'obstacles et je tenais à m'excuser pour les erreurs que j'ai commise ces derniers temps, et les dangers que j'ai amené sur notre famille. Heureusement, nous en sortons grandit et je prie pour que père nous voit du royaume de Tyra, et j'espère qu'il est fier de nous."

Jérôme baissa la tête un instant, comme s'il priait silencieusement avant de relever la tête et de fixer l'un puis l'autre, de ses yeux bleus.

"Je sais que tu es au courant Guillaume mais je le répète maintenant que nous sommes face à face. Tu sais que le marquis de Serramire, Aymeric de Brochant, l'a nommé régent d'Oësgard et sénéchal des armées. Cela va changer pas mal de choses et je souhaite bien entendu que tu me soutienne et m'aide"