Une fascinante rencontre... [ Danaé]

Manel arriva au Duché d'Erac, suite à l'entretien avec sa suzeraine, il cherchait à retrouver ses esprits, son calme aussi.
Et puis, il y avait la récente création de sa troupe. Une charge ardue, qu'il n'assumait pas encore totalement. Son manque d'expérience l'effrayait, néanmoins il voulait se convaincre de sa réussite. De toute façon, il ne pouvait en être autrement, il ne pouvait plus échouer devant la Dame du Val. Il en faisait même une question d'honneur !
Vagabondant dans les ruelles, le regard fixant le ciel fit que parfois il bouscula des gens qui marchaient dans le sens contraire.
Il n'avait plus en tête la dernière fois où il sentit son esprit si léger. Comme si son passage devant la statue de la DameDieu avait ôté ce nuage sombre au dessus de sa tête.

Son pas dansant mena le jeune barde dans un vaste jardin, non loin apparemment du palais ducal. Sa condition, certainement, lui permettrait d'aller y faire un tour, mais son humeur était las des protocoles de ce genre de lieu.
Il respirait la fragrance des roses, il suivit un chemin fait de gravas. Et il s'installa sur un banc situé devant un immense saule bien vert.
Le trouvère s'allongea et fit une sieste et songea à la suite. Au dessein à venir, au jeu à mettre en place, mais aussi il pensait au chagrin de sa maîtresse et de ses révélations.
Pensif, il se posait des questions sur l'amour et les sentiments... Tournant en rond dans ses réflexions, le jeune homme se redressa, ôta la toque de sur sa tête, et de sa poche il attrapa un parchemin, pour y écrire des fleurettes.

Il murmurait ce qu'il écrivait, souvent en s'exaltant avec des gestes souples... Le saltimbanque s'imagina, devant lui, ce qu'il contait sur le papier.
Là, il se divertissait en comptant l'histoire de deux jumelles en tout point identique, tant physiquement que mentalement. Elles s'entendaient bien, travaillant toutes deux dans une boutique de tissu. Un jour un vieil homme qui les visitait chaque jour, leur annonça l'arrivée prochaine de son fils et si elles pouvaient l'aider à visiter la ville. Avec joie, elles acceptèrent. Le lendemain, le jeune fils arriva. La visite se passa en silence, le garçon regarda une des soeurs, puis l'autre, et elles, elles le regardaient avec des yeux enjoleurs.
Une semaine passait, et les soeurs bien que vivant en harmonie avaient perdu leur gaieté... La vie est l'apprentissage de la douleur. Peut-on apprendre à résister à l'amour ?

Le barde, en pleine imagination pour la suite observant les passants, le regard vif. C'était là, l'un de ses passes-temps favori le jour. Cette contemplation de l'existence humaine le fascinait autant qu'elle l'effrayait. Puis, il se saisit de sa viole, et se mit à jouer un air charmant entre mélancolie et bonheur...