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 Un mage aux abois

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Annibas Melpomène
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MessageSujet: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeMar 15 Aoû 2017 - 22:01

Le timide soleil d’hiver venait à peine de dépasser son zénith en cette ville bouillonnante d’activité qu’était Soltariel. Un vent froid se levait déjà alors que, dépité, Annibas rejoignait l’auberge où il avait pris quartier. Dans ses souvenirs d’enfance, les hivers du sud étaient beaucoup plus doux que cela, mais peut-être était-ce dû au confort dont il avait joui toute son enfance, protégé par un grand manoir bien entretenu et bien chauffé grâce aux importants revenus de son père. Cela faisait deux jours que le mage n’arrivait pas à obtenir ce qu’il souhaitait. C’était pourtant, lui semblait-l quelque chose d’aisé, simplement trouver quelques tâches discrètes et correctement rémunérées à faire pour les nantis de la capitale du duché de Soltariel mais il n’avait reçu que refus de la part de ceux qui avaient un profil intéressant. Voilà une chose dont il n’était pas coutumier dans le nord des terres royales, là où il avait vécu pendant les trente dernières années. Avec un soupir, le quadragénaire songea alors que cela faisait bien plus que deux jours que les choses n’allaient pas. Tout en traversant les quartiers animés d’une ville dont la forte activité tranchait avec la vie paisible qu’il avait toujours vécue, Annibas songea à tout ce qui l’avait amené ici.

C’était sur les derniers jours de l’automne que son vieux maitre, Hélios, avait dépéri, lui laissant l’information que sa fille était peut-être en vie, tout comme sa femme qui avait, semble-t-il, disparu sans laisser de trace. Cette nouvelle avait ravivé la flamme de l’espoir dans le cœur meurtri d’Annibas, un espoir qui s’était envolé dix ans auparavant, lorsqu’il avait cru sa famille morte dans les flammes qui avaient détruit son habitat. Avec enthousiasme et sans prendre le temps d’une trop intense réflexion, le quadragénaire avait donc enterré respectueusement son ancien mentor et préparé des affaires qu’il jugeait suffisantes pour partir en direction du sud, là où le présumé prêtre d’un dieu inconnu avait emporté sa jeune fille d’à peine huit ans à l’époque. Il n’avait pris que peu de chose, évitant de s’encombrer au maximum afin de se déplacer le plus rapidement possible et il avait alors abandonné l’imposante collection d’ouvrages que possédait Hélios dans la maison qu’il abandonnait. Une immense somme de connaissances reposait là et elle y resterait jusqu’à ce qu’un voyageur tombe sur la bâtisse sans maître perdue dans un bois et en apprenne l’existence. Alors, si un tel évènement arrivait, ce serait à lui de décider du sort de ces livres, mais Annibas ne pouvait s’en encombrer et c’était avec une pointe de tristesse qui ne pouvait entacher l’enthousiasme du voyage qu’il abandonnait la grande bibliothèque où il avait travaillé des années avec son professeur.

Annibas traversa le pays pendant des semaines sans réelle encombre. Si quelques brigands sévissaient sur la route, l’homme mûr ne devait pas paraître assez intéressant pour risquer de se frotter à son épée –qui servait plus de leurre et de dissuasion qu’autre chose d’ailleurs-. Le mage avait pris quelques réserves de nourriture et tout l’or qu’il pouvait emporter pour le voyage, s’assurant suffisamment de réserve pour tenir un certain temps et il essayait le plus possible de se nourrir des baies qu’il savait comestibles qu’il pouvait trouver sur la route. Mais le rude hiver qui prenait lentement possession du pays ne manquait pas d’affecter le pauvre homme, ralentissant déjà sa progression et offrant un premier obstacle à sa détermination farouche pour retrouver sa fille disparue.

Lentement, même si l’abandon de sa quête n’était même pas envisageable pour Annibas, l’enthousiasme et l’espoir se muèrent en peur et en tristesse. Non pas que la résignation semblait s’abattre sur lui, mais plutôt qu’il prenait conscience de l’immense difficulté de la tâche qu’il s’imposait. Que savait ce père meurtri sur son enfant finalement ? Il ne l’avait plus vue depuis dix ans ! Sa petite fille était devenue une femme faite, ses formes d’enfant avaient dû se muer en de délicates formes féminines telles celles qu’avait sa mère et sa manière de se vêtir avait dû drastiquement changer. Serait-il capable de la reconnaitre s’il la croisait ? Et elle, en serait-elle capable ? Était-elle restée dans le sud de la Péninsule ? Se rappellerait-elle de ses parents ? Et où, dans le territoire qui semblait soudain immense du duché de Soltariel pouvait bien se cacher la jeune Sélène si elle y était vraiment ? Tellement de questions sans réponse, tellement d’inconnu dans cette quête désespérée… Mais jamais, oh non grand jamais, Annibas ne l’abandonnerait. Il se raccrochait à une minuscule lueur d’espoir de réussite, c’était, lui semblait-il, la seule chose qui le maintenait en vie.

Alors, après un épuisant voyage dans des conditions plus rudes que prévues, rendue plus dures encore par des privations que s’imposait le mage afin d’économiser son petit pécule, il arriva aux abords de Soltariel, la capitale du duché. C’était à Sybrondil qu’était né Annibas et, tout naturellement, c’était là qu’il avait décidé de se rendre pour débuter ses affaires, mais Soltariel semblait une meilleure étape. Le mage se répétait que c’était l’hiver épuisant qui le poussait à cette halte, mais, en vérité, son cœur savait que c’était plutôt peur et répulsion qui le poussait à s’arrêter à la capitale. Sybrondil l’avait vu naitre, mais c’était aussi la ville où sa mère était morte, la ville où son père était le plus connu, lui qui était un marchand réputé et fortuné. Et, quoi qu’il en dise, la peur encrée depuis son enfance qu’on ne le retrouve et qu’on lui fasse payer sa défection enserrait son cœur.

Ainsi, Annibas débuta ses recherches par cette grande ville du sud. Il s’installa à une auberge propre et semblant plutôt honnête bien que ne proposant que très peu de lux, mais cela lui suffisait et le prix lui permettrait de tenir un certain temps dedans. Pendant un bien trop long mois, le mage s’échina à trouver son enfant, coûte que coûte. Il commença par s’adresser inlassablement aux temples de la ville, venant tous les jours les questionner sur la venue d’une enfant de sept ans aux cheveux châtains et aux yeux turquoise il y avait dix ans. Il ne récolta rien d’autre que de l’agacement et de l’exaspération de la part de ceux qui acceptaient encore de l’écouter et même les allusions à un prêtre itinérant ne menèrent à rien. Le quadragénaire avait misé sur le fait que celui qui ait emporté sa fille ait bel et bien été prêtre mais, a final, il aurait tout aussi bien se faire passer comme tel, ce qui rendrait encore bien difficile sa mission… Mais, ne désespérant pas, le mage changea de tactique et commença à s’adresser aux marchés et aux tavernes, graissant certaines pattes qui n’étaient rien d’autre que des fausses pistes et demandant encore et toujours une jeune femme de dix-sept ans maintenant aux cheveux châtain et aux yeux turquoise. Le soir, il attendait, attablé à une taverne, que quelqu’un d’intéressé par les ce que l’on aurait pu dire de ses recherches ne le contacte, mais rien ne se passa. La mélancolie écrasa bientôt le pauvre homme, mais il n’abandonnait toujours pas. Seuls les moments qu’il s’accordait pour pratiquer son art dans la solitude l’empêchaient de craquer et de se laisser aller au désespoir.

Bientôt, une nouvelle embuche s’interposa devant le pauvre Annibas. L’argent venait peu à peu à manquer. Il avait dépensé une belle somme auprès de divers personnages pour obtenir des informations qui ne menaient, finalement, à rien et force lui était de constater que s’il continuait ainsi, il n’aurait bientôt plus rien pour se nourrir. Mais, bien entendu, il ne savait rien faire d’autre que son art mystique au final et le quadragénaire en conclut qu’il devrait reprendre le même genre d’activité qu’il avait entreprit plus au nord, même si celles-ci pouvaient être très chronophages et retarder encore plus la quête impossible qu’il menait. Usant de ses dernières pièces, il fit en sorte que l’on chuchote dans quelques endroits particuliers qu’un certain Annibas Melpomène était prêt à vendre ses services pour toutes sortes de tâches, discrètes ou non. Il avait utilisé son nom de famille malgré la première appréhension qu’il en avait car, il ne l’oubliait pas, sa famille était originaire de la région et son père avait été particulièrement renommé pour ses cartes d’une précision légendaire. Cependant, peut-être que la distance entre Sybrondil et Soltariel suffisait à ne donner aucune notoriété à ce nom dans la ville ou bien les trente années depuis lesquelles le mage avait quitté le duché avaient suffi à faire oublier les Melpomène étant donné qu’il ne vit aucune réaction particulière à son évocation.

Malheureusement, cette tactique fut totalement inefficace et Annibas se résigna à essayer de rencontrer quelques riches personnages en usant d’offres alléchantes, et c’est ce qu’il faisait depuis deux jours déjà sans le moindre succès. Ce fut donc perdu dans ses pensées que l’arcaniste arriva enfin devant l’auberge où il avait pris quartier. Il ne s’attarda pas dans la salle commune, trop épuisé et trop déprimé pour y rester comme il le faisait souvent, en attente qu’un miraculeux voyageur vienne lui parler. Mais la journée qui s’annonçait déjà bien mauvaise ne fit qu’empirer alors.

Une fois entré dans sa petite chambre, Annibas ne put que constater la violation qu’il s’y était déroulé. La plume et les quelques fioles d’encre qu’il avait laissé-là étaient brisés sur le sol et le sable qu’il utilisait pour sécher l’encre se retrouvait rependu partout sur sa literie. Mais, ce qui toucha plus encore Annibas fut le broc d’eau renversé sur le sol et les petites fleurs rosées piétinées sur le sol. A quelques kilomètres à peine de la ville, il avait trouvé une petite chaumière abandonnée et depuis longtemps en ruine. Elle n’avait rien d’intéressant hormis les restes d’un petit muret qui devait délimiter un jardin fleuri car les plantes étaient nombreuses autour de cette ruine. Mais ce qui avait le plus attiré l’œil d’Annibas était le buisson en fleur qui se trouvait juste derrière un morceau de muret bien conservé. C’était une viorne, une viorne d’hiver plus précisément. Cette solide plante avait dû survivre après la disparition de ceux qui s’en occupaient grâce à l’ombre que lui procurait le muret qui protégeait le buisson du soleil brulant du sud et grâce au petit ruisseau qui coulait non loin et qui devait maintenir la terre humide. Lysandre, la femme disparue d’Annibas, avait une passion pour la délicate beauté des fleurs et elle aimait avoir un jardin perpétuellement fleuri lorsqu’elle vivait avec lui, elle avait donc elle aussi cultivé quelques plants de cette jolie plante qui avait la particularité de fleurir pendant l’hiver en donnant de jolie fleures teintées de rose. L’arcaniste avait alors décidé de prendre quelques-unes de ces fleurs et de les garder avec lui étant donné les bons souvenirs qu’elles lui inspiraient. Il avait pris l’habitude de s’attacher l’une de ces petites fleurs sur la ceinture depuis quelques jours dans le vain espoir de susciter des souvenirs à sa fille si, par miracle, il la croisait.

Mais ceux qui en voulaient au mage devaient avoir remarqué ce détaille et l’utilisaient aujourd’hui comme avertissement. Rapidement, Annibas s’aperçut du petit papier retenu par un couteau planté au petit bureau qu’il disposait. Quelques mots étaient griffonnés dessus et seul un rapide dessin d’un dauphin le signait. « Conseil d’ami : terminez vos affaires et quittez rapidement la ville sans vous approcher de celles des autres ». La menace était claire mais le mage n’avait pas la moindre idée de ceux qu’il avait froissés, n’ayant pas la moindre idée de la manière de faire les choses ici. Une forte inquiétude s’empara de lui mais son naturel tempéré lui permit de garder ses moyens. Annibas resta plusieurs minutes debout, se sentant incapable de bouger, avant de décider de ne pas s’attarder ici et de marcher en dehors de la ville, en direction de la viorne d’hiver, afin de récupérer quelques fleurs tout en lui donnant le temps de se calmer et de réfléchir sur la marche à suivre. Décidément, les choses allaient de mal en pis ici…
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeMer 23 Aoû 2017 - 16:50


Tibéria, dans sa quête de soutient chez les mages, avait envoyé partout à travers le duché des agents chargés de les identifier et de les recruter dans la mesure du possible. Étonnement, plusieurs ne se cachaient même pas, assumant au grand jour leur identité de mage. Les trouver n’était donc pas difficile, mais ça ne les rendait pas plus facile d’approche. Il y avait ceux qui refusait tout simplement de leur parler, car il ne voulait pas se retrouver mêler aux affaires de l’état. Un petit nombre se disait déjà associé à des capitaines de bateau de la flotte Soltariel et que cette situation leur allait très bien et qu’il ne voyait l’intérêt de la changer. Quand on leur demanda qui était leur capitaine, plusieurs refusèrent de répondre, laissant ainsi planer le doute sur la véracité de leurs propos. L’information fut tout de même transmise à Tibéria qui décida qu’une petite conversation avec ses capitaines s’imposait. Finalement, parmi les plus récalcitrants, certains mages devinrent agressifs lorsqu’on tenta de les approcher et trois agents furent ainsi blessés dans le processus. Tibéria prenait peu à peu conscience de l’ampleur de la tâche qu’elle s’était donné, elle refusait d’abandonner, mais reconnaissait qu’il fallait agir avec la plus grande prudence.

Le hasard voulu qu’Annibas, dans ses recherches, se présenta dans la demeure des Giovaneli afin d’offrir ses services. Évidemment, l’ainé de la famille refusa en prétextant qu’il avait déjà un mage à sa disposition. Évidemment, il n’en n’était rien, car son frère refusait de travailler pour lui, mais il ne voyait pas l’intérêt d’engager cet homme. Christian fut plus ou moins témoins de la scène. C’est en se rendant au salon qu’il surprit la fin de la conversation entre son frère et Annibas et cela attira immédiatement son attention. Quand ce dernier fut parti, le plus jeune de la famille alla rejoindre son frère et demanda simplement.

— Qui est-ce?

— Annibas… Annibas quelque chose… Ah, Annibas Melpomène. Il cherchait à se faire engager.

— Ah?

Cecilio ne cacha même pas son agacement devant les multiples questions de son jeune frère.

— Un mage qui m'offrait ses services. Je lui ai dit que j’en avais assez d’un sous mon toit. Maintenant, si tu veux bien, j’ai des choses bien plus importantes à faire.

— Ne t’arrête pas pour moi, mon cher frère, je m’en voudrais de te retarder dans tes tâches si importantes.

Cecilio lâcha un grognement agacé et quitta le salon d’un pas inquisiteur. La curiosité de Christian était définitivement piquée.

Retrouver Annibas ne fut pas une mince tâche. Déjà, il fut surprit par le nombre de tavernes à Soltariel. Il n’imaginait pas qu’une ville puisse en avoir autant et qu’elles soient miraculeusement toutes bondées, mais comme Soltariel est la capitale du duché, ceci expliquait sans doute cela. Seul, son entreprise aurait été vouée à l’échec, mais Tibéria lui avait dit qu’il pouvait transmettre toutes informations intéressantes à ses agents. Ainsi, une dizaine d’hommes de Soltariel furent bientôt sur les traces du mage solitaire. À force de chercher et d’interroger d’éventuels témoins, ils finirent par identifier le lieu où logeait Annibas. Une petite taverne sans prétention en apparence plutôt sympathique.

— Ah, ce n’est pas bon ça… Marmonna l’un des agents qui accompagnaient Christian ce jour-là, un dénommé Filipe.

— Ça m’a plutôt l’air un bel endroit. J’ai vu des tavernes plus crasseuses que ça.

— Non, ce n’est pas le problème. Le propriétaire est réputé pour ne pas trop apprécier les mages. Il vient du nord. Je suppose qu’il en a gardé la mentalité.

— Charmant. Vous croyez qu’il aurait pu nuire au mage?

— Il a déjà causé des problèmes.

Le trio franchit la porte de l’auberge et tous les regards se tournèrent vers eux. Christian n’y prêta pas attention et marcha directement vers le comptoir derrière lequel se tenait l’aubergiste plongé dans une conversation animée avec une femme, probablement son épouse.

— Tu es aussi bouché qu’une chouette! En v’la une façon de traiter nos clients! Cracha la femme, visiblement furieuse.

Devant les assauts de sa femme, le visage de l’aubergiste avait pris une inquiétante teinte pourpre.

— Je ne veux pas de ce genre de personne sous mon toit. Ils sont dangereux, tout le monde le sait.

— Dangereux? C’est toi qui est dangereux oui! Le pauvre homme était ici pour chercher sa fille et tu l’as fait fuir! Tu n’as pas d’cœur… tu…

— Pardonnez-moi d’interrompre cette scène de ménage, mais je suis à la recherche d’un certain Annibas Melpomène qui, selon nos informations, logerait chez vous.

— Il est parti! Mon idiot d’mari l’a fait fuir. Il a profité de son absence pour saccager sa chambre et ses affaires!

— Ce sont de sérieuses accusations que vous faites-là. Répondit Christian dans un froncement de sourcils. Derrière lui, les agents de la duchesse s’étaient rapprochés de la scène. Il est parti depuis longtemps?

— Oh non… ça fait moins d’une heure je crois. Il est à pied. Si vous êtes à cheval, vous devriez le rattraper facilement. Vous allez l’arrêter?

— Nous voulons actuellement lui offrir notre aide.

— Je parlais de mon mari.

Christian regarda du coin de l’œil Filipe qui répondit simplement.

— Tout dépendra de ce que dira monsieur Melpomène. Tenez-vous tranquille jusque-là.

Le trio quitta la taverne afin de se lancer sur les traces du mage. Christian, profondément énervé, avait du mal à se contenir.

— Je pourrais réduire sa taverne en cendre. Gronda le mage en agitant les doigts.

— Oui, avec lui et les autres clients à l’intérieur. C’est peut-être pour cela qu’il n’aime pas les mages.

— Tout cela est purement rhétorique, bien entendu.

Heureusement, retrouver un homme à pied lorsque l’on est à cheval est bien plus facile. À force de demander des indications à divers passants, Christian aperçu le mage qui marchait le long du chemin quelques mètres plus loin devant lui. Il talonna sa monture et l’arrêta devant lui pour lui barrer la route.

—Annibas Melpomène, vous voilà enfin!

Il sauta de son cheval et lui tendit la main, tout sourire.

—Vous ne m’avez probablement pas remarqué, mais moi je vous ai vu dans la demeure de mon frère il y a quelques jours, Cecilio Giovaneli. Je suis Christian, ravis de faire votre connaissance.

Sur ces mots, les agents de Tibéria avaient rejoint les deux mages.

— C’est bien lui? Demanda Filipe.

— Tout à fait, nous pouvons l’amener à la duchesse. Répondit-il avec un large sourire à l'intention d'Annibas
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Annibas Melpomène
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeJeu 24 Aoû 2017 - 20:07

L’air restait frai mais le vent s’était calmé depuis quelques minutes. L’esprit tourmenté d’Annibas s’était lentement calmé avec cette simple marche loin de l’agitation de la ville. Lorsqu’il était sorti d’un pas précipité de l’auberge, il ne pouvait empêcher son esprit inquiet et fatiguer de courir entre des dizaines d’hypothèses incongrues et des possibles solutions qui l’étaient tout autant, mais maintenant qu’il s’était éloigné des axes les plus empruntés de Soltariel, une certaine paix se faisait en lui. Il était évident que le mage devait agir rapidement et, au moins, fortement s’excentrer de la ville, ce qui compliquerait encore plus sa quête déjà bien suffisamment difficile. Diverses solutions pouvaient apparaitre, le quadragénaire pouvait se loger dans un village non loin d’ici, essayer de se faire un abri de fortune proche de la ville ou simplement changer de taverne en espérant ne pas être retrouvé. Mais dans ce cas, comment sa fille le retrouverait dans le très improbable cas où elle serait attirée par ses recherches ?

Annibas choisit de ne plus penser à tout ceci au moins le temps qu’il atteigne la viorne où il pourrait récupérer de nouvelles fleures. Réfléchir à chaud n’apportait jamais rien de bon, et son esprit serait très certainement plus apaisé une fois ceci fait. Ainsi, l’arcaniste laissa son regard vagabonder dans le paysage d’hiver qui l’entourait. La brume, qui n’était rien d’autre que ce qu’il percevait des énergies magiques, avançait langoureusement d’est en ouest aujourd’hui et prenait des couleurs argentées se muant, parfois, en un blanc laiteux. Une impression de calme se dégageait de ce spectacle, et ce calme apparent poussa Annibas à s’enfoncer profondément dans ses pensées. Il se rappelait si bien de ces longs hivers, bien plus rudes qu’ici, passés dans sa demeure d’autre fois avec sa femme et sa file, à la chaleur d’un bon feu… Aujourd’hui, il savait qu’il aurait dû savourer ces jours doux bien plus qu’il ne l’avait fait en ce temps où il avait vraiment connu le bonheur, et il se promit de ne plus faire la même erreur lorsqu’il aurait enfin retrouvé celles qui lui étaient chères.

Si seulement il réussissait un jour à mener sa quête à bien…

Des bruits de sabots tirèrent le mage de ses pensées. Ils étaient plusieurs et les cavaliers les faisaient maintenir une bonne allure. Mais, avant qu’Annibas eu le temps de se retourner, un homme se plaça devant lui, plus richement vêtu que les autres. Le plus riche des deux avait un air de déjà vu, mais l’arcaniste ne pouvait réussir à mettre le doigt sur le souvenir de sa rencontre. De toute manière, il était bien trop inquiet pour chercher à se rappeler car il pouvait s’agir là de gens voulant se débarrasser de lui en mettant à exécution les menaces qu’il avait déjà reçu.

Mais la vérité était tout autre car, contre toute attente, l’homme riche descendit de sa monture et tendit sa main vers le mage en se présentant aimablement. Il évoqua le nom Giovaneli qui n’était pas complètement inconnu à Annibas, étant donné qu’il avait déjà essayé de demander du travail chez ce noble. Peut-être l’avait-il croisé ou peut-être n’était-ce que sa ressemblance avec son frère que l’arcaniste avait reconnu… Il n’empêchait que ce nouveau venu lui inspirait la méfiance. Pourquoi chercher à le contacter alors qu’il avait déjà été refusé par le chef de famille ? Etais-ce un stratagème pour lui faire baisser la garde ?

Pourtant, le regard méfiant d’Annibas se mua en une forte curiosité lorsque les autres hommes arrivèrent et lorsque le plus riche eut évoqué la duchesse. Voilà qui semblait à la fois étrange et prometteur car jamais Annibas n’avait travaillé pour quelqu’un d’aussi important et personne n’aurait pu lui apporter plus de moyen pour la tâche qu’il essayait d’accomplir.

Détendant au maximum ses traits, Annibas serra la main tendue et planta son regard dans celui de Christian.
-Ravi de vous rencontrer de nouveau, sir Giovaneli. Je suis bien Annibas Melpomène, continua le susnommé en lançant un regard aux agents de la reine. Un simple homme tel que moi ne pourrait refuser l’honneur d’une convocation de la duchesse de Soltariel, pardonnez donc le retard que j’ai dû vous faire prendre par cette petite escapade !
Mais, si je us me permettre, que pourrait donc apporter un homme aussi simple que moi à la duchesse ?


S’il était curieux, Annibas n’en était pas moins prudent, comme à son habitude. Il voulait tirer le plus d’informations possible à ce noble en prenant le chemin du château ducal en espérant pouvoir reconnaitre un traquenard le cas échéant. L’arcaniste était bien moins tendu qu’au début de la rencontre mais n’importe quel homme bien attentif pourrait comprendre constater qu’il gardait un œil autour de lui et qu’il était prêt à agir au moindre danger qu’il apercevait.
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeMer 30 Aoû 2017 - 15:49

— Rien ne vous oblige à nous suivre, mais je ne crois pas que ce soit dans votre intérêt de refuser, car la duchesse pourrait peut-être vous aider dans vos recherches.

Christian observait l’homme avec une franche curiosité. Il réalisait maintenant qu’il avait dépensé beaucoup de temps et d’énergie à trouver un homme dont il ne connaissait rien. À vrai dire, il espérait que ça en vaille la peine et qu’il ne ramènerait pas à Tibéria un homme ne sachant que faire jaillir quelques étincelles au bout de ses doigts. Il avait promis à la belle de l’aider dans son entreprise un peu folle et même s’il n’était pas reconnu pour être l’homme le plus fiable du duché, cette fois, il avait l’intention de tenir parole.

— C’est votre qualité de mage qui intéresse la duchesse. Voyez-vous, elle s’est lancée dans une vaste entreprise. Elle souhaite réunir mages et intellectuels du duché au sein d’une Académie. Elle espère ainsi faire de Soltariel un haut lieu de culture et de développement qui servira à la grandeur future du duché. Elle pourra vous en dire plus lorsque vous la rencontrerez. Évidemment, vous serez toujours libre de refuser son offre, mais accepter au moins de l’entendre. En attendant…

Il marqua une pause. Il voyait à nouveau le visage de la jeune duchesse le jour de leur première rencontre, déçue de ne voir personne autour de cette grande table installée expressément pour recevoir les mages. Puis voir son regard s’illuminer lorsqu’elle réalisa qu’il y en avait au moins un qui a répondu à son appel et son enthousiasme lorsqu’elle lui expliqua ses plans. Il en avait retenu de cette journée deux choses : la beauté de la duchesse et la possibilité d’être nommé conseiller à ses côtés. Le reste n’était que des détails avec lesquelles il devrait composer.

— Vous êtes un mage, mais un mage de quoi, au juste?

La question paraissait presque stupide. Filipe lui jeta un regard de biais qui n’échappa pas à Christian.

— Ne me regardez pas comme ça! Cecilio a dit qu’un mage s’était présenté à lui pour se faire engager. Quand j’ai tenté d’avoir plus de détails, il a habilement éludé la question pour me laisser me démerder tout seul. Voilà l’occasion de faire une petite démonstration. Pour votre information, je suis un mage du feu. Un peu de concentration et je fais tout flamber.

Il rapporta son attention à Annibas, agacé d’être ainsi pris pour un idiot. Il avait fait avec l’information qu’on lui avait donnée. Au final, il avait quand même retrouvé l’homme qui l’intéressait. Il ne restait plus qu’à le ramener à la duchesse.

— Alors?
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeJeu 31 Aoû 2017 - 18:27

Annibas porta sa main à son menton pensivement. Il ne s'attendait certainement pas à un tel projet, coûteux et certainement peu appréciée par la noblesse qu'il connaissait -qui verrait, selon lui, une perte d'argent et de temps dans ce projet-. Pourtant, ce que la duchesse désirait était parfaitement en accord avec le travail qui passionnait l'arcaniste depuis trente ans. Il avait toujours poussé ses recherches vers la création d’œuvre d'une beauté et d'un réalisme toujours plus grands, mais ce genre de chose paraissait, pour la plupart de ses contemporains, sans intérêt. Ainsi, Annibas dû apprendre à utiliser autrement sa magie pour obtenir l'argent indispensable à la vie confortable à laquelle il aspirait. Mais les choses changeraient du tout au tout, et pour le mieux, si le mage pouvait utiliser son art comme il l'avait toujours souhaité tout en n'ayant pas à s'inquiéter de questions monétaires.

Mais Annibas n'était plus un jeune homme et il comprenait ce que pouvait cacher l'offre de cette duchesse. Sous couvert de se faire protectrice des arts, elle pouvait simplement chercher à rassembler des cerveaux capable de lui donner un ascendant technologique sur ses paires et à s'octroyer la puissance des mages du royaume pour obtenir l'une des plus grande puissance de la Péninsule. Autrefois, peut-être, ces considérations auraient pu refréner Annibas. Mais tout ceci n'était plus que secondaire aujourd'hui, car qui d'autre qu'une duchesse pouvait plus aider ce père brisé à retrouver son enfant disparu ? Qu'importe le travail ou le risque, l'arcaniste était prêt à tout, même si cela le rabaissait à un état de simple outil aux mains de la noblesse.

Lorsque Christian avoua qu'il ne savait pas grand chose finalement, un sourire amusé s'installa sur le visage d'Annibas. Tant d’effort pour courir après une personne qui pouvait n'être qu'un prestidigitateur sans le moindre talent magique ! Le projet de la duchesse devait lui tenir à cœur pour réagir ainsi, ou bien était-ce simplement sa manière de faire. Avec plus d'amusement, Annibas songea que le caractère de Christian n'était pas si loin du feu qu'il maîtrisait... Mais étais-ce parce qu'il avait un tel caractère qu'il s'était tourné vers la magie du feu ou étais-ce parce qu'il maîtrisait cette dernière que son caractère avait pris de ces caractéristiques ? Voilà une question qui méritait d'être approfondi un jour...

-J'accepterais avec joie de rencontrer madame la duchesse de Soltariel, dit alors Annibas, si vous m'en jugez digne bien sûr... Laissez-moi une petite minute que je puisse vous montrer un maigre aperçu de mon art !

Annibas prit alors une large inspiration et ferma les yeux. Il coupa ses sens du monde qui l'entourait, mettant toute sa concentration à la tache qu'il voulait accomplir. Il était vulnérable ainsi concentré, mais au vu de ce qu'il s'était dit, il paraissait hautement improbable que le mage soit en danger de toute manière ! Le mage leva alors ses deux mains, la paume ouverte, et commença son incantation. Le quadragénaire visionnait, dans son esprit, les runes qu'il traçait dans le ciel à des positions bien définies. Petit à petit, ces runes exprimèrent ce que visionnait le mage, donnant un cadre à l'énergie magique qui s'accumulait peu à peu dans sa bague ornée d'un saphir étoilé. Pendant une minute, le mage continua son incantation, sans accorder la moindre importance à ce qui l'entourait et aux expressions que pouvaient avoir les agents de la duchesse
.
Enfin, Annibas traça sa dernière rune et l'énergie prit forme. Il ouvrit alors les yeux et son œuvre apparut. Sans le moindre bruit, des arbres aux feuilles verdoyantes sortirent de terre tout autour du petit groupe qui avait rejoint Chritian et Annibas. De la mousse se forma sur le sol et parut s'éclairer de la lumière orangée d'un soleil couchant filtrant à travers les feuilles des arbres qui bougeaient au rythme d'un vent inexistant. Les images n'étaient pas parfaites, elles manquaient de consistance, apparaissant un peu plus opaque qu'un rayon de soleil traversant une pièce non éclairée, et le bord des images était comme flouté, donnant un coté féerique et irréel à la scène qui se déroulait.

Rapidement, un cerf apparut au détour d'un arbre et tourna sa tête surplombée d'une imposante ramure vers Christian. Il marcha lentement, toujours sans le moindre bruit, vers lui. Sous ses sabots, la mousse s'aplatissait et ses poils semblaient bouger en harmonie avec les mouvements des arbres. Arrivé proche du mage de feu, il s'arrêta, plantant ses yeux noirs dans les siens. Il avança sa tête et ses narines bougèrent comme s'il le reniflait. Alors, il baissa le regard et approcha sa tête comme pour se faire caresser. Lorsque l'image effleura le corps du noble, elle explosa en une myriade de papillons bleu, rouge et or voletant dans toutes les directions. Ainsi s’effaça la scène qui s'était formée dans l'esprit d'Annibas, les arbres disparurent et la lumière du soleil d'hiver reprit ses droits.

-Peut-être cet aperçu vous aura convaincu de mes capacités monsieur. Comme vous l'aurez deviné, je maîtrise la magie de la lumière que j'aime à utiliser pour créer une forme de beauté peu connue. Mais je sais que ce n'est pas le genre de chose que recherche la noblesse... Dans le nord, en tout cas. Si je suis capable de créer de telles images, je puis aussi utiliser ma magie pour aveugler, tromper la vue de plusieurs personnes, paraître invisible ou faire paraître autrui invisible ou simplement envoyer des messages qui ne peuvent être utilisés plus tard comme preuve. Ce genre de chose a plus tendance à intéresser les plus hauts placés...

Annibas termina sa phrase en essuyant les quelques gouttes de sueur qui s'étaient formées sur son front suite à son effort. Il aimait à prendre beaucoup plus son temps pour ce genre d'incantation et obtenir ce genre de résultat, avec peu de consistance et plutôt flou, laissait le mage frustré et avec une impression d’incomplétude qu'il n'aimait pas du tout.
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeSam 9 Sep 2017 - 17:37

Un mage de lumière? Ça, c’est peu courant. Ceux qui se tournaient vers la magie préféraient manipuler les éléments. Boules de feu incendiaires, tremblement de terre, mer décharnée, vents destructeurs, ça en mettait plein la vue. Mais voilà que devant Christian, la nature prenait vie sous la forme d’un paysage bucolique nimbé d’une lumière surnaturelle rappelant un coucher de soleil. L’illusion n’était pas parfaite, mais certainement ravissante. Le mage se surprit à sourire quand le cerf s’avança vers lui. Ses ramures feraient pâlir d’envie tout amateur de chasse. Il tendit la main pour le toucher en se demandant à quel point l’illusion serait réelle, mais dès qu’il l’effleura, l’animal explosa en une myriade de papillons bleus.

— Voilà quelque chose qui ravira certainement la duchesse.

De son côté, Felipe semblait bien moins convaincu.

— Je ne vois pas en quoi ce genre de magie nous sera utile. Coucou, c’est nous! Attaque de papillons bleus! Prenez ça dans les dents!


Christian gloussa malgré lui.

— Il y a, malgré tout, quelque chose de très suderons dans cette remarque. Pourquoi tout détruire quand l’on peut ravir les sens avec quelque chose d’aussi ravissant? Tu manques désespérément d’imagination, mon pauvre Felipe. C’est de la très jolie magie, subtile et délicate. Il est facile de tout détruire. Il est nettement plus difficile de tromper les sens en jouant sur la lumière. Ce n’était pas parfait, mais avec les bons outils à disposition… Vous imaginez des colonnes entières de soldats, épée brillante à la main, descendant sur un ennemi prêt à les recevoir. Puis, au dernier instant, ils se rendent compte qu’ils ont été trompés et que nos hommes viennent les prendre à revers. Un combat rapidement remporté avec un minimum sinon aucune perte… Cet homme pourrait te sauver la vie.


L’intérêt de Christian ne pouvait être plus manifeste. Son regard brillait d’une victoire déjà remportée. Tibéria serait certainement ravie d’accueillir cet homme dans ses rangs.

— Ne traînons pas plus longtemps. La duchesse sera certainement très heureuse de vous rencontrer. Vous nous suivez?

**

À l’aube du printemps, Soltariel reprenait peu à peu vie. L’hiver avait été difficile pour tout le monde et Tibéria devait s’affairer à aider les plus impactés. Outre les dégâts matériels, certains éleveurs avaient vu leurs troupeaux disparaître et Tibéria avait décidé de leur donner une aide financière afin d’acquérir de nouvelles bêtes. Ça représentait une bonne dépense, mais elle savait que l’investissement lui reviendrait éventuellement quand ces hommes et ces femmes auront de la laine à vendre. Parfois, il faut dépenser de l’argent pour en faire. Le plus difficile fut de trouver des bêtes et pour certaines, elle avait été obligée de les faire venir de loin…

Tibéria n’en pouvait plus des chiffes quand on vint lui annoncer que Christian souhaitait la rencontrer et qu’il avait amené avec lui un invité qui intéresserait certainement la duchesse.

— S’agit-il du mage qu’il recherchait avec tant d’ardeur?

— Je crois que oui. Il saura certainement vous en dire plus.

— Très bien, faites-les entrer et aller chercher quelque chose à boire, merci.


Un garde escorta les deux mages jusqu’au bureau de la duchesse, une pièce circulaire dans laquelle trônait un meuble imposant qui faisait paraître la femme assise derrière bien petite. Pourtant, par la nature de ses vêtements et la façon dont elle se tenait bien droite même assise, il n’y avait aucun doute possible sur l’identité de cette jeune femme.

— Alors, Christian, dois-je en conclure que vos démarches ont été fructueuses?

— Je suis certes fort content du résultat. Altesse, laissez-moi vous présenter Annibas Melpomène.

La duchesse offrit un sourire poli à l’homme et les invita d’un signe de la main à s’assoir.

— Je suis enchantée de faire votre connaissance. Puis-je connaître les raisons qui vous ont amené à Soltariel?
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeDim 10 Sep 2017 - 10:00

Annibas n’avait pas pensé que Christian puisse sembler si intéressé. Quelque chose lui disait que sa magie ne semblerait pas si utile aux yeux d’un noble qui observait le monde dans un voile teinté de guerre de pouvoir et de rapport de force. Mais, contrairement à celui qui le suivait, il semblait avoir saisi l’utilité que l’on pouvait faire d’une magie qui semblait pourtant bien moins spectaculaire que l’élémentalisme. Le discoure que le noble tint fit apparaitre un petit sourire en coin sur le visage fatigué d’Annibas, à la fois amusé et agréablement surpris.

-Vous avez bien compris l’usage que l’on peut faire de ma magie dans la lutte constante du pouvoir. Au contraire des magies élémentaires, celle de la lumière n’est pas bornée par des lois matérielles, les possibilités qui l’entourent sont infinies ! C’est une magie dont les créations ne peuvent être limitées que par l’imagination de celui qui l’utilise… Imaginez un bataillon complet d’archer qui ne pourrait tirer, car aveuglé par une puissante lumière venant des positions de leur ennemie, ou bien une formation de soldat rendu incapable de soutenir une charge ou de se battre convenablement car incapable de regarder dans la direction de ceux qui veulent les tailler en pièces… Beaucoup de choses sont possibles !

Mais je conviens que ma précédente démonstration n’était rien de plus qu’un brouillon… Je préfère utiliser ma magie en prenant plus de temps afin de mettre en forme le moindre détail. Ajouter de la consistance et de la précision à la lumière, de nature immatérielle, est certainement la chose la plus difficile à faire dans mon art, et la chose qui demande le plus d’énergie. Mais laissez-moi le temps et je vous promets que je suis capable de rendre mes images bien plus réalistes ! Mais je pense que ces considérations intéresseront plus madame la duchesse, alors je vous suis !


Le mage quadragénaire avait parlé avec enthousiasme, montrant toute la passion qu’il vouait à sa magie. Depuis une trentaine d’années, il la perfectionnait et essayait de mieux la comprendre. Annibas était capable de parler pendant des heures de ce sujet, mais ce n’était certainement pas les bonnes circonstances pour le faire, aussi ne s’appesantit-il pas plus sur son art en prenant la direction du palais de la duchesse de Soltariel.

***

Le voyage jusqu'à la ville parue long, même pour une personne au naturel patient comme Annibas. Jamais il n’avait rencontré de personne aussi importante et jamais il n’avait eu de meilleures opportunités pour ses recherches. Lorsqu’ils arrivèrent dans le palais, aucun garde ne s’interposa, certainement habitués à la présence de Christian et ne se posant pas trop de questions sur ce qu’il pouvait bien tramer. À l'intérieur, toutefois, un homme armé escorta jusqu’au bureau où travaillait la première dame de Soltariel.

L’endroit était bien plus luxueux que ce dont Annibas avait l’habitude, mais il ne se laissa pas pour autant impressionner. De toute manière, ce qui attira le plus son regard intrigué fut la duchesse en elle-même. Elle paraissait bien petite derrière cet immense bureau, mais son port altier, son regard perçant et intelligent et ses habits de qualité, le tout saupoudré d’une beauté qui n’était pas que dû à sa jeunesse, donnaient à la duchesse une aura de supériorité vis-à-vis des gens du commun tel qu’était, finalement, Annibas. Sans détourner les yeux du regard de la noble dame, le mage s’assit après avoir fait une précise révérence qui n’avait ni grâce, ni souplesse, apparaissant comme un simple geste appris par cœur.

-Je suis honoré que madame la duchesse de Soltariel s’intéresse à un simple vagabond tel que moi.

Le ton du mage était bien loin de celui des flatteries, il récitait plus des formules apprises par cœur qu’il n’essayait pas de se mettre en bonne position. Annibas essayait de suivre le protocole qu’il avait appris dans sa jeunesse, mais jamais il n’avait dû mettre en pratique les règles qui s’appliquaient lorsque l’on rencontre une duchesse et il espérait que sa mémoire à ce sujet ne lui faisait pas défaut. Après une ou deux secondes, le quadragénaire joignit ses mains sur le bureau et fronça les sourcils, réfléchissant visiblement sur ce qu’il devait dire ou ne pas dire.

-Si je suis revenu dans les terres de Soltariel, ce n’est que dans un seul but : ma fille. Les épaules d’Annibas semblèrent alors s’effondrer, comme s’il devait tout à coup porter tout le poids du monde dessus, son regard parut plus lointain et les cernes, déjà bien marquées, qu’il avait sous les yeux semblèrent s’approfondir. Il y a déjà dix ans, pendant le Voile, des fous, idiots et cruels, bercés par les sermons et les promesses d’un prêtre inconnu, ont décidé de m’éliminer, arguant que j’étais le responsable de ce qu’il se passait. Mais je n’étais pas dans ma demeure, et je ne pus que constater la fumée qui s’élevait de là où se trouvait ma maison lorsque je rentrais enfin. Ces assassins avaient brulé tout ce que je possédais, en plus de ma femme et de ma fille… Le pouce droit d’Annibas vint caresser son alliance sur la même main alors que ses yeux brillèrent. Elles n’avaient jamais rien fait, jamais touchées à la magie… Leur seul crime était qu’elles m’étaient plus chères que tout ce qu’il peut exister…

Je les ai pleurés, j’ai créé des tombes vides à leur nom, incapable que j’étais de retrouver leur corps. Mais, mon vieux mentor, dans ses derniers instants, m’avoua qu’il savait que ma fille n’était pas morte là-bas et qu’elle avait été emmenée vers le sud. Je suis donc venu pour la retrouver et je ferai ce qu’il faut pour y arriver, même si cela fait déjà dix ans que je ne l’ai plus vue…


Le mage sembla se ressaisir un peu, focalisant de nouveau son regard sur la duchesse et relevant ses épaules. Il n’avait pas été discret dans ses recherches jusque-là, il ne doutait pas qu’une duchesse ait le pouvoir de trouver toutes les informations qu’elle voulait sur une personne aussi simple que lui, c’était pourquoi il ne lui avait pas caché les motifs de sa présence ici.

-Je sais que vous avez bien plus important à faire que rechercher une personne inconnue, et que je n’ai pas été emmené ici pour ces raisons, alors laissez-moi vous faire une proposition.

Cela fit près de trente années que j’étudie la magie de la lumière. J’ai atteint une maitrise que je juge plutôt bonne de cette magie immatérielle et je pense pouvoir vous être utile sur plusieurs de vos projets. L’on m’a dit que vous vouliez faire de votre duché un centre des arts et de la culture, et, grâce à moi, vous auriez un art presque inédit que vous pourriez utiliser à votre guise. Je perfectionne ma magie depuis si longtemps dans le but de créer des œuvres de beauté et de lumière, plus vivantes que n’importe quelle peinture ou n’importe quelle tapisserie. Intégrer cet art à votre projet et vous aurez de quoi justifier la supériorité de Soltariel en ce domaine sur le reste de la Péninsule.

Mais, en plus de ceci, je peux aussi vous donner les services d’un mage compétent. Mon art peut tromper de mille et une façons les yeux de qui vous voulez. Je peux rendre une armée entière aveugle en trompant ses éclaireurs, je peux aider à espionner en détournant la lumière de vos espions, je peux cacher vos mouvements de troupes en créant des leurres ou bien faire croire que vous êtes bien plus nombreux que ce que vous êtes. Ma lumière peut aussi empêcher des combattants de se battre correctement en les aveuglant tandis que vos troupes s’en débarrassent, il existe des dizaines et des dizaines d’utilisation possible de cette magie pour une personne imaginative.

Et je suis prêt à me mettre à votre service sans demander aucun avantage, pas même un paiement ou un statut social à une seule condition : je vous demande de me laisser l’accès aux ressources nécessaires à la recherche de ma fille et, peut-être, de ma femme s’il s’avère qu’elle aussi n’est pas morte.
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeVen 15 Sep 2017 - 10:17

D’un seul regard, Tibéria su que ce n’était pas un homme habitué aux manières de la cour. Il s’inclina dans une référence sans grâce, mais convenable vu la situation. Certains auraient grimacé, mais la duchesse comprenait très bien que tous n’avaient pas reçu la même éducation et que le commun des mortels n’aurait probablement jamais directement à traiter directement avec un noble de haut rang. L’effort était louable et pour Tibéria s’était largement suffisant. À côté de l’inconnu, Christian s’inclina dans une révérence fleurie qui accentua le contraste sur les origines des deux hommes. Il s’installa ensuite dans un fauteuil comme s’il était un habitué des lieux. Il n’écouta que d’une oreille distraite les propos d’Annibas alors que Tibéria était attentive à la moindre de ses paroles. Il avait fait un long voyage dans le but de retrouver quelqu’un qu’il croyait perdu depuis longtemps. Elle le laissa parler, touchée par son dévouement. La jeune femme ne put s’empêcher de penser à son propre père mort depuis plusieurs années déjà. Elle n’avait que 8 ans lorsqu’il a quitté ce monde, mais il lui manquait encore à ce jour. Il lui semblait donc inconcevable que la fille d’Annibas n’ait aucune pensée pour son père.

— Je suis profondément désolée pour votre perte. Je ne peux qu’imaginer la souffrance que vous avez éprouvée suite à ce drame. Personnellement, je n’étais qu’une jeune fille lorsque j’ai perdu mon père et je pense encore à lui aujourd’hui.

Son regard devint songeur. Souvent, elle s’imaginait ce que serait sa vie si Tibérius était encore de ce monde. Déjà, elle ne serait jamais devenue duchesse, mais à part ça? On pouvait supposer plusieurs choses, mais ça serait une perte de temps, car rien de tout cela n’arrivera jamais de toute façon.

Naturellement, Annibas avait besoin d’aide. Une telle quête lui prendrait toute une vie sans quelqu’un pour l’épauler. Il espérait que Tibéria puisse être cette personne et en échange, il lui offrait ses services. Les mages de lumière sont peu communs. Elle-même n’en a jamais rencontré. Était-ce par difficulté d’apprentissage ou simplement par manque d’intérêt? En tout cas, les propos d’Annibas étaient presque trop beaux pour être vrai. Le doute dut se lire sur son visage, car Christian décida d’intervenir.

— Il nous a fait une belle démonstration avant de venir ici. Je peux agir comme témoin tout comme Felipe et l’autre dont j’oublie toujours le nom. Il a fait apparaître devant mes yeux une magnifique forêt enchantée. L’illusion n’était pas parfaite, mais suffisamment convaincante pour qu’on y prête attention. Je ne vous l’aurais jamais amené si je ne croyais pas aux avantages de sa présence ici à Soltariel.

Tibéria fronça les sourcils, mais semblait relativement convaincue par l’intervention de Christian. Évidemment, elle avait besoin de voir par elle-même avant de faire un choix.

— Je n’ai jamais rencontré de mage de lumière dans ma vie. Les gens ont tendance à se tourner vers les éléments ou encore la magie de la vie. Moi-même je suis aquamancienne bien que je sois d’un niveau très inférieur. Mes activités m’empêchent de pratiquer sérieusement… Quoi qu’il en soit, vous serait-il possible de me faire une petite démonstration? Vous avancez de bien grandes choses, mais je dois voir par moi-même avant de prendre une décision. Si vous me convainquez, alors je vous aiderais dans vos démarches.
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeVen 22 Sep 2017 - 15:21

Annibas fut intrigué par la réaction inattendue de la duchesse. Il ne pensait pas pouvoir toucher sa fibre sensible avec son histoire, les membres de la noblesse qu’il avait déjà rencontré se montrant en général, impitoyables. Il pensait que quiconque n’avait pas ce trait ne pouvait perdurer dans un milieu aussi violent et dangereux, plein d’intrigue et de responsabilité, mais les circonstances lui donnèrent tort en ce jour. Que Tibéria pense encore à son père disparu fit apparaitre un sourire sur le visage triste du mage, mais celui-ci gardait de l’appréhension vis-à-vis de sa fille. Dix ans s’étaient écoulés, et elle était si jeune lorsque l’évènement dramatique s’était produit… Comment avait-elle pu interpréter ceci ? Qu’avait-on pu lui dire ? Pouvait-on l’avoir retourner contre sa propre famille ? Tant et tant de question qui restaient sans réponse et qui étaient comme des clous enfoncés dans le cœur d’Annibas.

La raison de la première femme de Soltariel ne tarda tout de même pas à reprendre le dessus sur son émotion fugitive, car celle-ci demanda la preuve de ce qu’avançait le quadragénaire bien que Christian ait soutenu qu’il apportait une personne talentueuse. On ne pouvait pas lui en vouloir, la magie de la lumière n’était pas vraiment populaire et il fallait bien souvent montrer ce que l’on pouvait accomplir avec avant de persuader le monde de son utilité. Cette magie n’avait pas le côté spectaculaire que pouvaient montrer les magies plus matérielles qu’étaient l’élémentarisme et la magie de la vie, mais elle n’en restait pas moins d’une grande puissance pour qui savait l’utiliser.

Annibas laissa passer quelques secondes, l’air ailleurs, réfléchissant à ce qu’il pouvait faire pour montrer son pouvoir. Sa première incantation, faite bien plus rapidement et grossièrement que ce dont il était accoutumé, l’avait déjà fatigué et celle qu’il allait devoir faire devrait être encore plus spectaculaire pour persuader la duchesse. C’était là une opportunité inespérée pour l’aider dans ses recherches, alors le mage décida de faire fi de l’état dans lequel il ressortirait de son sort, le plus important était de faire ce qu’il fallait pour la chair de sa chair.

-Ce n’est guère étonnant que vous n’ayez jamais vu de mage de la lumière… L’immatériel est une force bien plus difficile à appréhender que le matériel, il faut une affinité particulière avec la magie et une façon de penser qui l’est tout autant pour se tourner vers cet art. Le travail acharné peut suffire à apprendre la magie élémentaire ou la magie de la vie, mais pour l’immatériel, les choses sont différentes… Il faut être ouvert à l’intangible, naitre avec une capacité à voir ce qui n’appartient pas à la matière, même sans en être conscient, pour comprendre au mieux cet art. Si vous pouviez voir le monde comme je le vois depuis toujours… Mais je ne suis pas là pour faire un cours sur mes théories de la magie !

Je vous demanderais de me laisser quelques minutes pour donner forme à ma magie, madame la duchesse. Je vais vous montrer ce dont je suis capable, bien qu’il ne me soit plus coutume de travailler en prenant plus de temps pour parfaire mes incantations.


Sur ces mots, Annibas se leva et prit un peu de distance avec la table. Comme la fois précédente, il ferma les yeux et leva les mains pour dessiner les runes qu’il avait inventées. Cette fois, l’incantation dura plus longtemps et les dessins imaginaires du mage parurent encore plus complexes. Pendant près de cinq minutes, Annibas continua encore et encore, son front perlant de sueur. Il sentait sa bague sertie d’un saphir étoilé chauffer légèrement sur son doigt mais ne prit pas garde à savoir si cela était visible ou non pour les gens présents dans cette salle.

Lorsque enfin l’incantation fut terminée, l’arcaniste prit appui sur le bureau, essoufflé et la magie opéra. De fines gouttes semblèrent commencer à tomber du plafond, donnant l’impression qu’elle mouillait ce qu’elles touchaient bien que tout ne restât sec au toucher. Puis, rapidement, d’immenses torrents d’eau semblèrent jaillir du haut des murs, s’écrasant pourtant sans un bruit dans toute la pièce. En quelques secondes, l’endroit paru se remplir entièrement d’eau et le sol se mua en un fond marin. La pierre prit l’apparence de sable dans lequel pointaient quelques rochers pleins d’algues, le grand bureau et les chaises se transformèrent en formations rocheuses étranges illuminées par quelques rayons qui semblaient venir d’un soleil loin au-dessus de la surface de l’océan immatériel qui semblait avoir remplacé la salle. Rien n’était mouillé, rien n’affectait les deux nobles pourtant, et aucun son ne se faisait entendre, mais le mouvement des algues suivant un courant imaginaire et les rayons de soleil bougeant comme si de lointain nuage passait au-dessus de la surface de l’eau donnaient envie de croire à cette scène.

Bientôt, des petits poissons brillant d’une myriade de couleurs sortirent des algues. Des dizaines et des dizaines d’entre eux envahirent l’espace, tournoyant autour de la duchesse et de Christian. Bien que leurs contours fussent aussi flous que la première fois, ils semblaient être plus opaques cette fois, mêmes s’il restait toujours légèrement translucide. Les petits poissons s’écartèrent vivement lorsque quatre dauphins s’avancèrent et se mirent à tourner autour de Tibéria dans un mouvement comparable à une danse gracieuse. En continuant de tournoyer, les quatre mammifères marins se déplacèrent vers le haut et disparurent de l’illusion.

Une ombre longue rodait au loin, elle s’avançait, menaçante et intrigante. Lorsque enfin elle sembla perceptible, une sorte de serpent de mer géant à l’immense tête reptilienne se dirigea rapidement vers Tibéria. La créature s’enroula avec vivacité autour d’elle avant de planter son regard noir devant celui de la duchesse. Lentement, elle ouvrit la bouche, dévoilant des crocs longs comme une main et une langue fourchue, mais fut projeter en arrière, toujours sans un bruit. Les quatre dauphins étaient revenus et avaient chargé la créature, la mettant à terre et se lancèrent dans un combat acharné contre elle. Devant Tibéria, une sorte de silhouette sembla alors prendre forme. Elle était dessinée par la lumière du soleil qui filtrait dans l’eau, donnant les formes d’une femme qui caressa la joue de la duchesse d’un mouvement qui ne pouvait être ressenti. Brutalement, cette silhouette tourna la tête, en regardant une autre, fugitive, dont seule la petite taille, les cheveux châtains et les yeux turquoise étaient distinguables.

La scène s’effaça alors progressivement, redonnant à tout le mobilier sa forme première. Annibas s’était écroulé sur une chaise, le souffle encore court. Ses cernes semblaient avoir doublé en taille, de la sueur coulait sur ses tempes et ses membres tremblaient, comme après un intense effort physique. Il se massait le front pour essayer de faire passer le mal de crâne qui lui donnait l’impression que sa tête allait exploser et c’est en haletant qu’il reprit la parole.

-Acceptez mes excuses… Mais je ne suis plus un jeune homme maintenant… Ce genre d’exercice en aussi peu de temps est particulièrement éprouvant…
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeJeu 5 Oct 2017 - 21:23

Tibéria écoutait non sans fascination les propos du mage. Même si elle était versée dans la magie, mais qu’elle n’avait guère de temps à y consacrer, elle n’en restait pas moins avide de connaissances. La moindre nouveauté attirait son attention et engendrait généralement tout un flot de questions. Si cette magie était aussi complexe que le prétendait Annibas, Tibéria ne pouvait attendre plus longtemps d’en avoir la démonstration.

— Prenez tout votre temps. La magie ne peut être forcée. Je le sais par expérience.

Elle appuya les coudes sur les bras de son fauteuil, jetant un regard curieux sur les préparatifs du mage. Si Christian disait vrai, avoir ce mage à la cour serait un avantage indéniable pour Soltariel. Peut-être que Franco verrait d’un meilleur œil tous les efforts de son épouse.

Les préparatifs semblèrent laborieux et complexes, laissant le mage visiblement épuisé. Tibéria ne voulait pas le faire mourir d’épuisement. Une petite illusion toute simple aurait suffi à lui montrer le potentiel de cette magie. Toutefois, sous son regard incrédule, il commença à pleuvoir dans son bureau. La duchesse eut le réflexe de prendre un parchemin devant elle pour se rendre compte qu’il était parfaitement sec. Puis l’eau jaillit à torrents des murs et la pièce entière se métamorphosa. La surprise se mua en ravissement. Tibéria éclata de rire alors qu’un monde sous-marin prenait vie autour d’elle. Christian était aussi amusé. L’illusion plus tôt l’avait impressionné et, encore une fois, Annibas trompait merveilleusement bien ses sens. Évidemment, une telle magie venait avec un prix. Pâle et tremblant, Annibas tenait à peine sur ses jambes. Tibéria l’invita aussitôt d’un geste de la main à s’assoir. Elle fit ensuite appeler un jeune page.

— Faites monter quelque chose à manger et à boire, immédiatement.

Elle rapporta ensuite son attention au mage qu’elle regardait avec une intense curiosité.

— N’est-ce pas une merveilleuse magie ?
S’exclama Christian.

— Très belle, en effet. Monsieur, j’aurais été convaincu avec bien moins. Pendant un instant, j’ai cru que vous alliez ruiner la lettre que je m’évertue à écrire depuis près d’une heure. Il ne me fait plus aucun doute que vous avez votre place parmi nous. Vous aurez une chambre dans une auberge tout près du palais en attendant que nous aménagions ce qui sera l’Académie de Soltariel. Les débuts seront certainement très modestes, mais je suis certaine qu’avec le temps, nous rivaliserons avec les grandes écoles du reste de la Péninsule. Christian, il faudra trouver du temps pour aller visiter les demeures abandonnées que j’ai identifiées. Certaines sont vides depuis un certain temps déjà et nécessiteront certainement quelques réparations, mais rien de majeur.

— Je crois pouvoir me libérer au courant de la prochaine ennéade
.


— Très bien, je vous ferais demander le moment venu. Ensuite, monsieur, j’ai une dernière condition afin de conclure notre accord. J’aimerais vous voir prendre un apprenti. Vos connaissances et habiletés sont extraordinaires et ce serait dommage qu’elles disparaissent avec vous. Après tout, c’est l’essence même de ce que je rêve d’accomplir, fonder un lieu de transmission du savoir. Je comprends qu’il faudra trouver un jeune avec des affinités particulières, mais il doit bien y avoir un garçon ou une fille dans tout le duché qui remplira les critères. Acceptez et je mettrais à votre disposition les ressources nécessaires pour vous aider dans vos recherches.

Christian, intrigué par la condition qu’imposait la duchesse, demanda sans cacher une note d’appréhension dans sa voix.

— Est-ce que ça vaut pour tous les mages qui seront à votre service? Parce que moi, enseigner… Je doute fortement d’avoir la patience pour ça.

La remarque fit sourire la duchesse. En effet, il imaginait mal Christian enseigner à un jeune apprenti. Le pauvre risquerait de se retrouver dans des endroits peu convenables à un jeune esprit. Elle appréciait Christian, mais elle connaissait aussi un style de vie plutôt décadent.

— Soyez sans crainte, je ne manque pas de mages élémentaires, mais il y aura certainement des mages qui auront cette fonction éventuellement. Cette fois, il s’agit surtout du fait que le don de cet homme est très rare. Je cherche à encourager sa pratique. Donc, monsieur Melpomène, cela vous convient-il?
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Annibas Melpomène
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeDim 15 Oct 2017 - 8:53

Annibas entendit la duchesse commander de la nourriture et de la boisson pour lui, faisant apparaitre un sourire attendri sur son visage. Peu de gens de haut rang se souciaient de ce que ressentaient ceux du commun, contrairement à cette duchesse jugeait l’arcaniste. Mais ce qui fit le plus chaud au cœur du quadragénaire fut la réaction qu’avaient les nobles à son incantation. Certain l’aurait jugée inutile, mais eux avaient vu la beauté qu’il essayait de construire depuis des années et des années.

Ainsi, Tibéria accepta l’arcaniste dans les rangs de son académie avec entrain tandis que de la nourriture, constituée de biscuit et d’eau, arriva devant le mage encore haletant. Celui-ci se força alors à boire par petite gorgée avant de croquer de petits morceaux dans les biscuits. Rien que de penser à se sustenter provoquait des hauts le cœur à Annibas, mais il savait pertinemment qu’il devait se forcer étant donné son état. Ainsi, une moue écœurée accompagnait chacune des bouchées qu’il prenait, mais il continuait avec un rythme lent.

Ce qui inquiétait plus l’arcaniste était tout autre chose… La duchesse avait seulement rajouté une condition à son association avec lui, une clause pragmatique à laquelle il ne s’était pas attendu. L’âge d’Annibas le rattrapait et la jeune duchesse le voyait bien. C’est pourquoi elle lui demandait de prendre un apprenti, faisant, par là même, apparaitre une moue dubitative sur le visage de l’arcaniste. A vrai dire, il n’avait plus songé à enseigner depuis qu’il avait cru perdre sa fille, qui elle-même était dotée d’une bonne sensibilité à la magie, même si elle restait moins bonne que celle de son père. Pourtant, Tibéria avait raison… Hélios, son vieux maitre, était mort et Annibas était donc le dernier mage de lumière à pratiquer sa magie ainsi.

De toute manière, il ne pouvait pas refuser, sa meilleure chance de mener sa quête à terme se trouvait dans cette duchesse, aussi se devait-il d’obtempérer. Mais trouver un apprenti serait une chose compliquée… Dans la meilleure condition, celui-ci devait être un enfant d’une dizaine d’années avec une bonne sensibilité à la magie, suffisamment intéressé par l’art pour le travailler sans relâche et voulant l’utiliser non pas pour détruire, mais pour construire, comme Annibas et Hélios avant lui. Trouver une telle personne relevait aussi bien de la chance que d’une recherche acharnée, mais si telle était la condition…


-J’accepte cette condition, madame. Je ne doute pas qu’il existe un certain nombre d’enfants avec une bonne sensibilité à la magie dans ce duché, moi-même, je suis né dans ce duché… Cependant, les trouver ne sera pas une chose aisée, et il faudra certainement un peu de temps avant que je réussisse à trouver un -ou une- candidat intéressant. La magie ne s’intéresse pas aux rangs sociaux, il va me falloir chercher parmi les fermes comme dans les maisons nobles et les dynasties marchandes, et espérer trouver un enfant qui se montre assez talentueux, patient et passionné pour le former. Et tout ceci en sachant que les enfants en question n’ont même pas la moindre idée que ce qu’ils voient ou ressentent est dû à la magie car il est impossible de le deviner sans qu’on ne nous le prouve…

Mais, dès demain, je suis prêt à me lancer dans des recherches ! Je commencerais par cette ville, mais j’aimerais rester discret afin d’éviter que l’on m’envoie tous les enfants dont on veut se débarrasser ou que certaines familles nobles essaient de placer un dernier né dans le seul but de se rapprocher de la duchesse…

Cependant, si je prends un apprenti, vous devez être prête à accepter aussi bien un mendiant qu’un fermier ou qu’un artisan dans les alentours du palais. Voir, même, peut-être un enfant noble qui, le cas échéant, devrait abandonner tout héritage. Je ne souhaite pas que mon futur apprenti soit distrait dans son art par des guerres de pouvoir incessantes, ni ne soit plongé dans un flot d’intrigue qui le coupe de la recherche de la beauté.
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MessageSujet: Re: Un mage aux abois    Un mage aux abois  I_icon_minitimeLun 23 Oct 2017 - 21:12


Tibéria était plus que satisfaite de l’issue de ces discussions. Non seulement sa condition était acceptée, mais tous les deux retiraient un énorme avantage de l’accord. La duchesse gagnait un mage au pouvoir peu commun qui acceptait de former un apprenti à son art. Du côté Annibas aurait un toit sur sa tête et une solde. Il pourrait également bénéficier des ressources du duché pour retrouver sa fille et comme la condition que lui imposait Tibéria impliquait de devoir se déplacer, ça ne pouvait que lui faciliter la tâche. Si toutes les négociations pouvaient être aussi faciles…

— Le sang de cet apprenti ne m’intéresse pas. Qu’il soit noble ou non, qu’il ait vécu dans la rue ou dans les plus belles demeures du duché, ça n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est son talent et ses motivations. Il devra œuvrer à la protection du duché et à sa pérennité. Naturellement, si une famille refuse de laisser partir son enfant, vous n’allez pas les obliger, mais pour les familles les plus pauvres, savoir que leur fils ou leur fille jouira d’une place à la cour de Soltariel pourrait être un argument de poids. Bon, je ne vais pas pour retenir plus longtemps. Vous avez visiblement besoin d’un peu de repos. Quelqu’un vous escortera jusqu’à vos nouveaux quartiers. J’espère que vous trouverez la chambre confortable, mais gardez à l’esprit que ce n’est que temporaire. Éventuellement. N’hésitez pas à demander si vous avez besoin de quoi que ce soit. Cassio est l’éminence grise de ce château et il travaille en étroite collaboration avec moi. Demandez et il vous aidera. Si jamais il a un doute ou un problème, il saura me trouver. Si vous n’avez rien à ajouter…

Christian devança la duchesse en quittant la pièce et en revenant avec un tout jeune homme.

— Merci. Ce jeune homme vous escortera à votre chambre. Je suis heureuse de vous avoir rencontré, monsieur Melpomène et j’espère que le plaisir est partagé.

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