Lignes maladroites [Mac / Nera]

 

Neraën,

Nous sommes à Ardamir. Elle y a tenu, je ne comprends toujours pas pourquoi.
Elle m'a montré la maison. Je ne me souviens pas. Elle m'a présenté des gens que je devrais connaître, je ne sais pas qui ils sont.
Elle m'a raconté beaucoup de choses de Ciryië. Je comprends que c'est moi mais je ne sais pas qui est cette fille... Ce n'est pas moi. Et pourtant c'est moi. Mon histoire et la sienne se suivent dans le temps. J'ai le bon âge. Et il y a ma pierre de lune. Mais je ne me reconnais pas dans ce qu'elle dit de Ciryië.

Il y a autre chose.
Avant, je cherchais à savoir qui j'étais. Je voulais savoir. Je ne cherchais plus. Je ne voulais plus savoir. Je voulais seulement que tu reviennes et je ne m'occupais de rien d'autre. Si, j'étudiais la magie mais ce n'était que pour m'occuper.
Maintenant que je sais, je devrais me sentir mieux. Me sentir appartenir. Ne plus me croire étrangère. Mais je suis toujours étrangère.

Je ne comprends pas.

Dis-moi que tu vas bien.

Chère Mac,

Je vais bien. Je suis bien arrivé à Eteniril où j'ai repris mes fonctions. La cité se porte mieux que lors de mon départ et les nouveaux conseillers sont prêts à discuter avec les noss. Les choses vont en s'améliorant, ce qui est une très bonne chose.

Je pense comprendre quel est le ressenti que tu as vis-à-vis de Ciriyë : tu étais cette elfe mais depuis tu as changé et tu ne te reconnais plus en elle. Je pense que c'est pour cela que ta mère a souhaité te ramener à Ardamir pour revoir la maison dans laquelle tu as vécu et les personnes que tu avais rencontrées à l'époque. Cela ne m'étonne pas que tu ne te sentes pas "elle", que tu aies l'impression d'être une étrangère. Cela finira par partir, une fois que tu prendras ta vie en main et que tu chercheras juste à être toi, pas une personne dont on te parle. Il faudra du temps et de nombreuses questions pour cela, je le crains. J'espère que ce voyage en Ardamir t'apportera des réponses et te permettra d'avancer. Si tu as des questions n'hésite pas à me les écrire, ou tout simplement si tu veux me raconter quelque chose.

Que la Mère veille sur toi,
Neraën.

 

Neraën,

Je suis contente que tu ailles bien. Je fais encore des cauchemar parfois. Je me réveille. Je relis tes lettres. Je me répète que tu vas bien. Je regarde la nuit défiler dehors. Et je me recouche.

Maliss ne me comprend pas. Une drow m'a approchée dans les ombres. Elle est bloquée dans un plan parallèle. Son cas m'intéresse mais elle ne veut pas que l'étudie. Elle ne m'écoute pas et je ne sais pas comment expliquer autrement. Je me débrouille toute seule. J'ai écris à celui qui m'enseignait à la capitale. Il étudie, comme moi. J'espère qu'il comprendra et qu'il m'aidera. Il n'y a pas de réponse ici.

Plusieurs débuts de phrase sont rayés. On sent que la ligne suivante a été difficile à formuler.
Est-ce que tu sais quand nous pourrons nous revoir ?

Fais attention à toi, s'il te plaît.

Très chère Mac,

Je m'excuse pour cette courte réponse mais je suis sur le départ. Pour tout te dire, je prends la route ce matin-même pour Alëandir. J'espère que nous pourrons nous y revoir, même si je ne resterai certainement que très peu de temps, une ou deux ennéades tout au plus. Je pense que nous arriverons à la première ennéade du mois prochain.

Fais attention à toi concernant l'eldéenne. Si les études magiques peuvent être captivantes, elles peuvent également se trouver dangereuses. Tu connais mieux les Eldéens que moi... fais attention, je tiens à toi.

Que la Mère veille sur toi,
Neraën.

 

Neraën,

Dommage que tu restes si peu. J'attends qu'Anorn vienne me soigner et j'irais aussi.
La drow est sortie, on me l'a demandé. Ils veulent que je les accompagne à l'académie pour tout écrire.

J'étais une ombre, Neraën. Une ombre parmi les ombres. Rien ne disait que c'était possible. Je le pensais juste.
L'ombre est un élément, mais différent. On peut le déformer, le créer, comme les autres.
Les élémentalistes peuvent devenir leur propre élément, fusionner avec. J'ai pensé que ce serait possible avec les ombres alors je l'ai fait.
Je vais travailler ce sort. Il peut être utile.

Avec un peu de chance, nous nous verrons à la capitale...
Sinon, je serais plus près pour recevoir tes lettres.